En tant qu’association de défense des droits des Palestiniens, l’ABP conteste votre décision de demander le retrait de son statut de réfugié à Monsieur Mohammed Khatib.
L’article 19 de notre Constitution dit que “la liberté des cultes, celle de leur exercice public, ainsi que la liberté de manifester ses opinions en toute matière, sont garanties” et limite cette liberté en ces termes “sauf la répression des délits commis à l’occasion de l’usage de ces libertés“. Monsieur Mohammed Khatib a donc le droit, comme tout un chacun, d’exprimer son opinion. Avec son organisation, Samidoun, il défend notamment le droit à la résistance armée des Palestiniens contre l’occupation israélienne mais cela n’en fait pas un danger pour la Belgique. Il n’a d’ailleurs commis aucun délit et aucune des manifestations publiques de Samidoun n’a donné lieu à des désordres ou des actions violentes.
Sur quoi repose donc la décision de l’OCAM de qualifier Monsieur Mohammed Khatib de « prédicateur de haine » ? Demander la libération de la Palestine, dénoncer l’occupation israélienne et le sionisme, défendre la résistance, croire en la nécessité d’une révolution mondiale, cela relève-t-il de la haine ? Certainement pas, à moins que vous ne portiez à notre connaissance des propos incitant à la haine ou des activités délictueuses que nous n’aurions ni entendus ni vus.
Quelles que soient nos divergences avec Samidoun, nous refusons que la solidarité avec le peuple palestinien soit criminalisée et nous vous demandons donc, Madame la Secrétaire d’Etat, d’annuler la décision de retrait du statut de réfugié de M. Mohammed Khatib.
Le soldat américain de l’U.S. Air Force Aaaron Bushnell, qui s’est sacrifié par le feu dimanche devant l’ambassade d’Israël à Washington pour protester contre le génocide du peuple palestinien, avait enregistré une courte vidéo avant son geste fatal.https://www.dailymail.co.uk/embed/video/3133011.html
« Je ne me rendrai pas complice plus longtemps de ce génocide », y déclare ce jeune homme de 25 ans. « Je suis sur le point de faire quelque chose d’extrême en signe de protestation, mais comparé à ce que les gens subissent en Palestine aux mains des colonisateurs, ce n’est pas du tout extrémiste. Ce qui se passe, c’est ce que notre classe dirigeante considère comme normal », commente le martyr, bouteilles inflammables déjà en mains.
Transporté dans un état critique dimanche à la mi-journée, le jeune Bushnell est décédé peu après son arrivée à l’hôpital. A noter que son geste héroïque a rapidement fait la « une » de nombreux médias dans le monde, y compris en Israël, alors que dans l’Hexagone, on glosait toujours sur le cirque des politiciens au Salon de l’Agriculture.
Une photo récente du martyrAaron Bushnell au moment où il s’immole, dimanche midi devant l’ambassade d’IsraëlEt le garde de l’ambassade d’Israel pointe son flingue, plutôt que de chercher un extincteur. Normal !
À travers un vrai-faux manuel d’occupation, le documentariste israélien Avi Mograbi dissèque les rouages de la mainmise de l’État hébreu sur les territoires palestiniens occupés, et recueille la précieuse parole de soldats qui y ont participé. Juin 1967.
Au terme de la guerre des Six Jours, la Cisjordanie, le Sinaï, Gaza et le Golan passent sous contrôle israélien. Débute alors l’occupation des territoires palestiniens, l’une des plus longues de l’histoire moderne.
Le réalisateur israélien Avi Mograbi, antisioniste déclaré, en expose, face caméra, les principes fondamentaux, tirés d’un vrai-faux manuel abrégé d’occupation militaire. Chacun d’entre eux est illustré par les témoignages de soldats qui ont douloureusement vécu leur participation au maintien de la domination israélienne et se sont confiés à l’ONG « Breaking the Silence » (« Briser le silence »).
Car si l’occupation implique d’abord de confisquer des terres pour y implanter des colonies juives, elle oblige Tsahal, l’armée de défense de l’État hébreu, à sécuriser les opérations tout en réprimant les tentatives de résistance, dont la première Intifada, qui éclate en 1987…
Les dessous d’une occupation Dans cet exposé implacable, Avi Mograbi (Comment j’ai appris à surmonter ma peur et à aimer Ariel Sharon, Pour un seul de mes deux yeux) endosse lui-même le rôle d’un docte expert en stratégie militaire, aveugle aux souffrances engendrées par l’application d’un manuel sans concessions.
Adoptant une narration chronologique, son film fait intervenir d’anciens soldats de différentes générations, qui racontent les exactions qu’ils ont commises sous l’uniforme de Tsahal ou auxquelles ils ont assisté, encouragés par leurs supérieurs : arrestations, tortures, perquisitions, punitions collectives, expropriations, destructions de maisons…
Des images d’archives étaient et recoupent ces témoignages et dévoilent les dessous d’une occupation des territoires palestiniens qui perdure depuis cinquante-quatre ans, condamnant tout espoir de paix.
Seconde partie
Second volet de ce vrai-faux manuel d’occupation dans lequel le documentariste israélien Avi Mograbi dissèque les rouages de la mainmise de l’État hébreu sur les territoires palestiniens occupés.
Dans les années 1990, l’État hébreu continue d’asseoir sa domination sur la Palestine avec l’aide de son service de sécurité intérieure, le Shabak. De son côté, l’armée ferme les yeux sur les actes de violence commis par les colons envers les Palestiniens.
En 1993, les accords d’Oslo offrent des zones de souveraineté distinctes aux Israéliens et aux Palestiniens, mais entravent les déplacements de ces derniers à travers la mise en place de points de contrôle. Après le massacre d’Hébron par un colon juif en 1994, des attentats-suicides visent les centres urbains israéliens.
En 2000, la seconde Intifada, violemment réprimée, entraîne une escalade sécuritaire et la construction d’un mur de séparation en Cisjordanie pour protéger la population israélienne de possibles attaques.
Après le retrait d’Israël de la bande de Gaza en 2005, le conflit avec le Hamas (Mouvement de la résistance islamique) débouche sur des opérations militaires israéliennes dans la zone en 2008, puis en 2014. Les dessous d’une occupation
Longtemps considéré comme le successeur du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, Marwan Barghouti purge cinq peines de prison à vie en Israël pour meurtre. Le Hamas a expressément demandé sa libération dans le cadre d’un éventuel échange d’otages et de prisonniers. Barghouti est-il un pragmatique unificateur ou un cerveau terroriste ?
Ismail Haniyeh, le principal dirigeant politique du Hamas, a annoncé la semaine dernière que le groupe souhaitait que Marwan Barghouti figure parmi les Palestiniens devant être libérés dans le cadre de tout accord de cessez-le-feu avec Israël. Il s’agit de l’une des demandes les plus précises du Hamas depuis le début des négociations sur la libération des prisonniers en échange des otages israéliens.
Qui est Barghouti, pourquoi se trouve-t-il dans une prison israélienne et pourquoi les commentateurs parlent-ils d’un meurtrier emprisonné comme d’un possible prochain dirigeant du peuple palestinien ?
Jeunesse
Marwan Barghouti est né près de la ville de Ramallah, en Cisjordanie, en juin 1959, dans une famille palestinienne éminente qui compte plusieurs personnalités politiques importantes, dont son cousin éloigné Mustafa Barghouti, chef du parti politique Initiative nationale palestinienne.
À l’âge de 15 ans, il a rejoint le mouvement Fatah dirigé par Yasser Arafat, où il a cofondé le Mouvement de jeunesse du Fatah en Cisjordanie.
Il a été emprisonné pour la première fois à l’âge de 19 ans, en 1978, lorsqu’il a été reconnu coupable de faire partie d’un groupe palestinien armé. Il a purgé une peine de cinq ans de prison, au cours de laquelle il a terminé ses études secondaires et appris l’hébreu en autodidacte.
Marwan Barghouti, leader du Fatah emprisonné, lors d’une audience au tribunal de Jérusalem en 2012. Photo: Ammar Awad/Reuters
Barghouti a commencé son ascension politique en Cisjordanie pendant la première Intifada à la fin des années 1980, lorsqu’il a dirigé les affrontements palestiniens contre les forces israéliennes. Il a finalement été arrêté pour incitation à la haine et expulsé vers la Jordanie, où il est resté pendant sept ans, jusqu’à ce qu’il soit autorisé à rentrer au pays en vertu des accords d’Oslo en 1994.
Pourquoi le plan américain de mise à l’écart du Hamas dans la bande de Gaza d’après-guerre est voué à l’échec
Les Palestiniens ont besoin d’un dirigeant populaire capable de faire avancer les choses. Être originaire de Gaza est un atout
L’idée fausse est que les Palestiniens ne sont pas un peuple.
S’agit-il du Mandela palestinien ?
En 1996, il a été élu au nouveau parlement de l’Autorité palestinienne, le Conseil législatif palestinien. Il a rapidement lancé une campagne contre les violations des droits de l’homme commises par l’Autorité palestinienne.
Au départ, Barghouti était un fervent partisan du processus de paix après son retour en Cisjordanie dans les années 90. À cette époque, il a noué des contacts étroits avec plusieurs hommes politiques israéliens et des membres du mouvement pacifiste israélien.
Mais avec l’échec du sommet de Camp David en juillet 2000, Barghouti a perdu ses illusions et, lorsque la seconde intifada a éclaté en septembre, il dirigeait des marches vers les points de contrôle israéliens et incitait à des émeutes contre les soldats israéliens.
Il devient le leader du Fatah en Cisjordanie et le chef de sa branche armée, le Tanzim. Ses discours charismatiques visaient à encourager les Palestiniens à recourir à la force pour expulser Israël de la Cisjordanie et de la bande de Gaza.
Des femmes palestiniennes brandissent des drapeaux et une photo de Marwan Barghouti lors d’une manifestation à Beyrouth en 2017. Photo : Hussein Malla/AP
Condamnations à perpétuité
En avril 2002, après avoir survécu à une tentative d’assassinat israélienne, Barghouti a été arrêté à Ramallah et accusé d’avoir tué 26 personnes et d’appartenir à une organisation terroriste.
Il a été reconnu coupable de cinq chefs d’accusation pour la mort de quatre Israéliens et d’un moine grec, ainsi que de tentative de meurtre et d’association de malfaiteurs. En juin 2004, il a été condamné à la peine maximale possible pour ses condamnations : cinq peines de prison à vie cumulées pour les meurtres, et 40 ans supplémentaires pour la tentative de meurtre et l’association de malfaiteurs.
Au cours des deux dernières décennies, bien qu’il opère depuis une cellule de prison, Barghouti a réussi à conserver une grande partie de son pouvoir politique, notamment en jouant un rôle majeur dans la médiation entre le Hamas et le Fatah en février 2007 (avant l’expulsion sanglante de ce dernier de la bande de Gaza), et en étant élu à la direction du parti Fatah par contumace en 2009.
Dès son arrestation, des voix se sont élevées en Israël pour avertir que l’emprisonnement renforcerait la crédibilité et le prestige de Barghouti parmi les Palestiniens.
Peu après la capture de Barghouti, Ehud Barak, premier ministre au moment de l’éclatement de la seconde intifada, mais alors simple citoyen, a fustigé l’opération, déclarant qu’elle était « insignifiante » en termes de lutte contre le terrorisme, mais qu’il s’agissait d’un « plan brillant » visant à faire de Barghouti un futur dirigeant national palestinien. Barak a poursuivi : « Il se battra pour le leadership depuis la prison, sans avoir à prouver quoi que ce soit. Le mythe grandira constamment de lui-même. »
En 2017, il a organisé une grève de la faim de prisonniers palestiniens dans plusieurs prisons israéliennes, et en 2021, il a annoncé qu’il se présenterait aux élections législatives sur une liste commune avec Nasser Al-Qudwa, neveu d’Arafat et ancien ministre palestinien des Affaires étrangères, dans un parti appelé « Liberté ».
« Le Hamas veut montrer au peuple palestinien qu’il n’est pas un mouvement fermé. Qu’il représente une partie de la communauté », a déclaré la semaine dernière à l’Associated Press Qadoura Fares, qui dirige le ministère palestinien des affaires des prisonniers en Cisjordanie. « Ils essaient de paraître responsables« .
Cet événement a été largement perçu comme un prélude à un défi lancé par Barghouti à Mahmoud Abbas pour la présidence de l’Autorité palestinienne. Toutefois, M. Abbas a reporté sine die les élections de mai 2021, invoquant le refus d’Israël d’autoriser l’inclusion de Jérusalem-Est dans le processus électoral.
En mars dernier, Fadwa Barghouti a commencé à faire campagne au nom de son mari dans l’espoir qu’il puisse remplacer Abbas, âgé de 88 ans, au poste de président. Elle a organisé de nombreuses réunions avec des hauts fonctionnaires des pays arabes et des diplomates des États-Unis, de Russie et d’Europe, leur demandant d’œuvrer pour la libération de son mari.
Fadwa Barghouti, l’épouse de Marwan Barghouti, leader du Fatah emprisonné, à Ramallah en 2004. Photo : Loay Abu Haykel/Reuters
Souvent considéré par ses partisans comme le Nelson Mandela palestinien, Barghouti, 64 ans, est considéré par beaucoup en Cisjordanie comme le successeur naturel d’Abbas.
Le Fatah a été chassé de Gaza après une brève mais sanglante bataille avec le Hamas en juin 2007, et Abbas espère apparemment reprendre le contrôle de l’enclave côtière après la fin de la guerre entre Israël et le Hamas. Cependant, Abbas est profondément impopulaire auprès des Palestiniens, en raison de la corruption qui règne au sein de l’AP et de sa coordination permanente avec l’armée israélienne en matière de sécurité.
En exigeant la libération de Barghouti, le Hamas cherche apparemment à rallier le soutien de l’opinion publique pour le « jour d’après » tant discuté, le remplacement d’Abbas en tant que président palestinien et la poursuite de son implication dans la politique palestinienne.
Barghouti a souvent reçu le plus grand soutien en tant que leader potentiel dans les sondages réalisés auprès des Palestiniens au cours de la dernière décennie, et aujourd’hui, pendant la guerre à Gaza, il reste la figure politique palestinienne la plus populaire.
Dans un sondage de décembre 2023 publié par le Palestinian Center for Policy and Survey Research, 55 % des Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza ont déclaré qu’ils voteraient pour Barghouti, avant Ismail Haniyeh du Hamas et Abbas.
Dans une interview accordée à l’Associated Press la semaine dernière, Qadoura Fares, qui dirige le ministère palestinien des affaires des prisonniers en Cisjordanie, a tenté d’expliquer pourquoi le Hamas a tout intérêt à libérer Barghouti : « Le Hamas veut montrer au peuple palestinien qu’il n’est pas un mouvement fermé. Il veut montrer au peuple palestinien qu’il n’est pas un mouvement fermé et qu’il représente une partie de la communauté sociale palestinienne. Il essaie de paraître responsable », a-t-il déclaré.
Le président palestinien Mahmoud Abbas rencontre le secrétaire d’État américain Antony Blinken à Ramallah le mois dernier.
Paix ou guerre ?
Alors qu’Israël attend la réponse du Hamas à la dernière proposition d’accord sur les otages, il n’est pas certain que Jérusalem accepte de libérer Barghouti dans le cadre de l’accord.
Le Hamas avait déjà tenté d’obtenir la libération de M. Barghouti lors des négociations sur la libération du soldat israélien Gilad Shalit. Ce dernier a finalement été libéré en octobre 2011 en échange de 1 027 prisonniers palestiniens, mais Barghouti n’en faisait pas partie.
Pourtant, Barghouti a parfois obtenu le soutien de certains secteurs de la société israélienne, qui le considéraient comme un modéré et un contrepoids potentiel à l’extrémisme islamiste du Hamas. Par le passé, il a reçu la visite d’activistes et de politiciens israéliens de gauche qui plaidaient en faveur de sa libération. En 2007, le vice-premier ministre Shimon Peres a déclaré que s’il était élu président, il gracierait Barghouti – une promesse qui ne s’est jamais concrétisée au cours de ses sept années de présidence.
L’ancien chef du Shin Bet, Ami Ayalon, a récemment déclaré à Haaretz : « Dans le cadre d’un accord global comprenant le retour de tous les otages, nous devons libérer Marwan Barghouti. Il est le seul à pouvoir conduire une direction palestinienne unie et légitime sur la voie d’une séparation mutuellement acceptée d’avec Israël ».
Le mois dernier, l’ancien chef du service de sécurité du Shin Bet, Ami Ayalon, a déclaré à Haaretz que « dans le cadre d’un accord global comprenant le retour de tous les otages, nous devons libérer Marwan Barghouti ». »C’est le cas pour deux raisons », a déclaré M. Ayalon : D’une part, parce que la restitution des otages israéliens est ce qui se rapproche le plus d’un « tableau de victoire » [pour Israël] dans l’actuelle campagne de Gaza. Et parce que Marwan est le seul dirigeant palestinien qui puisse être élu et soutenu par la communauté internationale.
Des soldats israéliens en patrouille au poste de contrôle de Qalandiyah, devant une fresque de Marwan Barghouti peinte sur la barrière de séparation en Cisjordanie.
Malgré ces voix de soutien, Barghouti a passé la majeure partie de sa carrière politique – y compris son séjour en prison – à osciller entre une vision modérée de la coexistence et des positions plus incendiaires. Dans une déclaration publiée depuis sa prison en décembre dernier, à l’occasion de l’anniversaire de la première intifada, il a appelé chaque Palestinien à prendre part à la « campagne de libération » en cours.
« Nous devons faire de chaque foyer palestinien un bastion de la révolution et de chaque homme un soldat de cette campagne. Nous devons nous unir et prouver au monde que nous sommes une force inébranlable dans notre longue campagne héroïque, créée par la résistance, qui marque le début d’une nouvelle étape dans l’histoire de notre nation », a-t-il déclaré.
Bien que la libération de Barghouti soit peu probable compte tenu du climat politique actuel, de nombreux Palestiniens continuent à placer leurs espoirs dans sa candidature à la présidence. Fares, un partisan de Barghouti, a déclaré que s’il était libéré, il pourrait devenir un candidat galvanisant pour le Hamas, le Fatah et d’autres factions palestiniennes qui se rallieraient à lui.
Le Hamas est « plus fort et plus intelligent que jamais », a-t-il affirmé. « Il comprend à quel point il est nécessaire que le peuple palestinien parvienne à un consensus.
Traduit de Haaretz avec Deepl, relu par AnnieBannie
Ils viennent de passer 15 jours à soigner les malades de Gaza, à encourir les même risques que leurs collègues médecins palestiniens, encore vivants et épuisés, dans les rares hôpitaux qui fonctionnent encore dans la bande de Gaza.
Ils reviennent tandis qu’une autre équipe médicale organisée par PALMED part les remplacer !
Dans la vallée du Jourdain, en Cisjordanie occupée, la violence des colons est telle que des bergers palestiniens appellent à l’aide des militants israéliens anti-occupation pour les protéger, ainsi que leurs troupeaux. Comme Sigal Harari, que Mediapart a suivie
Vallée du Jourdain (Cisjordanie occupée).– « Vol de moutons par des colons en présence de l’armée, confiscation d’un bassin et de barils d’eau, présence de militants souhaitée d’urgence »… : depuis le 7 octobre 2023, les boucles WhatsApp de Sigal Harari et de ses camarades anti-occupation se multiplient.
« La guerre à Gaza donne des ailes aux colons. Ils sont encore plus agressifs et violents », constate la quinquagénaire, membre du mouvement israélien Regarder l’occupation dans les yeux.
Cet après-midi de décembre, elle arpente, en tenue ample et chaussures de randonnée, un village bédouin palestinien aux allures de bidonville, au cœur de la vallée du Jourdain, en Cisjordanie occupée. Sous haute surveillance israélienne depuis 1967, la vallée porte le nom du fleuve qui la traverse, principale ressource en eau de la région.
Le regard en alerte, tourné au loin vers les avant-postes et autres implantations illégales où se sont stratégiquement établis des colons pour accaparer de vastes étendues de terre, Sigal Harari vérifie que « tout va bien ».
Elle tente aussi de rassurer, malgré la barrière de la langue, l’hébreu pour elle, l’arabe pour lui, l’homme qui marche à ses côtés, un keffieh enroulé autour de la tête : Jamal Amlihat, un berger plusieurs fois attaqué ces derniers mois par des partisans d’Eretz Israel, le Grand Israël, qui entendent bien coloniser ses collines arides.
Depuis l’aube, Sigal Harari, employée dans une crèche pour enfants près de Tel-Aviv, le « sécurise » avec sa collègue Hava, actrice, ce qui leur a valu une descente de l’armée et de la police israéliennes, qui sillonnent la région en véhicule blindé.
« Comme ils n’avaient rien à nous reprocher, ils ont fouillé notre voiture et ils nous ont infligé une amende de 300 euros pour des broutilles. Ils ne comprennent pas notre engagement, surtout en cette période de guerre. Pour eux, comme pour les colons, nous sommes des traîtres à la nation israélienne, des alliées des terroristes du Hamas. »
Plusieurs membres de leur mouvement ainsi que d’autres pacifistes ont été agressé·es physiquement ces derniers mois par les colons, comme en attestent des vidéos virales sur les réseaux sociaux ou les cicatrices sur les jambes de Hava.
« Ils n’hésitent pas à nous frapper, souvent avec des pierres et des bâtons, raconte Sigal Harari. Notre présence les dérange. Ils ne peuvent plus agir impunément lorsque nous sommes là. On filme leur violence. En retour, eux aussi nous filment pour nous faire peur. »
Jamal Amlihat, visage émacié, ne cesse de la remercier pour sa présence. Il ne dort plus depuis plusieurs semaines. « Tout va mal ici. On doit rester en veille en permanence. Nous dépendons des activistes. Sans eux, nous serions morts. Vous vous rendez compte que je ne peux pas sortir mes bêtes dans les pâturages alentour sans eux car j’ai peur des colons ? »
Jamal a 38 ans, cinq enfants qui vont à l’école, située à quelques minutes à pied quand les colons ne les tétanisent pas sur le chemin, au volant d’un SUV blanc, d’un tracteur ou à cheval, en hurlant des insultes, une arme en bandoulière.
« Même un chien est mieux traité que nous ! Les enfants pleurent la nuit au moindre bruit, ils ont besoin de soutien psychologique. Ils ont cassé le bras de mon aîné », témoigne le père de famille en faisant défiler des vidéos sur son téléphone portable, dans lesquelles on le voit sortir de l’hôpital de Jéricho avec son fils qui a le bras plâtré. Ce dernier lui colle aux basques, un pistolet à eau en plastique bleu dans les mains : « C’est notre seule arme », dit-il en riant pour détendre l’atmosphère.
L’attaque la plus violente a eu lieu le 28 novembre, en soirée. « Ils sont arrivés à plusieurs, armés, et ils ont commencé à détruire nos hangars, nos panneaux solaires qui servent à produire de l’électricité. Ils ont volé plusieurs moutons, à moi, mon frère, mon cousin, 35 au total, puis ils sont entrés dans ma maison, ils ont frappé ma femme, mon fils. J’avais notre bébé d’à peine un mois dans les bras. »
Jamal Amlihat se remémore la scène en tremblant. Il a porté plainte, donné les noms de leurs agresseurs, « des jeunes des collines », assure-t-il, ces colons radicaux de moins de 30 ans qui sèment la terreur à travers la vallée et comptent « dégager les Arabes » de la Cisjordanie, qu’ils considèrent comme la terre sacrée d’Israël.
« La police m’a répondu qu’elle ne pouvait rien faire, que ces jeunes des collines ont des problèmes psychologiques, que leur place est à l’asile. » Il a peur que ses enfants deviennent comme eux, « des sauvages », et qu’ils pensent que « tous les juifs sont ainsi ».Cette nuit d’effroi,les activistes de Regarder l’occupation dans les yeux étaient absents. Ils s’affairaient à quelques kilomètres de là, dans un autre campement bédouin.
« Malheureusement, nous ne pouvons pas être partout, tout le temps, nous ne sommes pas assez nombreux au regard du nombre exponentiel d’agressions », regrette Sigal Harari. Elle tient à relativiser leur rôle de bouclier : « Notre présence rassure les villageois mais face à la violence des colons, nous ne faisons pas le poids. S’ils décident de les frapper, ils frapperont, peu importe notre présence. Nous restons minoritaires, encore plus depuis le 7 octobre. »
Elle a « ouvert les yeux » sur « l’extrême violence de l’occupation » israélienne lorsque le gouvernement le plus dur de l’histoire d’Israël, qui fait la part belle aux suprémacistes et aux ultraorthodoxes, a pris ses fonctions à l’automne 2022.
Un film, réalisé par des militants, qu’elle a visionné à cette époque a joué un rôle déclencheur : il décrit en quelques minutes la privation d’eau imposée aux Palestinien·nes par les colons dans la vallée du Jourdain. « J’en avais entendu parler mais je n’avais encore jamais rien vu de mes propres yeux depuis toutes ces décennies. J’ai été si choquée que le lendemain je m’engageais dans le mouvement anti-occupation. »
Conduits et réserves d’eau sabotés, béton coulé dans les puits, eaux usées versées dans les citernes, accès à l’eau sévèrement restreint… Les colons, « mais aussi l’armée », insiste Sigal Harari, se comportent « comme des criminels avec les Palestiniens ».
« Ils ne cherchent pas à les priver d’eau pour les tuer mais pour les forcer à se déplacer, à abandonner leurs terres, afin de pouvoir les leur confisquer,explique la militante. L’eau coûte une fortune aux Bédouins. Ils doivent acheter plusieurs mètres cubes, faire de longs trajets pour cela à cause des barrages militaires. Plusieurs ont été fermés, au nord, depuis le 7 octobre, rallongeant les détours et l’attente de plusieurs heures pour que l’armée leur ouvre les barrières à l’arrivée puis à nouveau au départ. Tout est fait pour leur rendre la vie impossible. »
Parfois, l’armée confisque aux Palestiniens un tracteur servant à remplir leurs citernes, « dans le seul but de pourrir encore plus leur quotidien ». « Lorsque cela arrive, on essaie de le récupérer. On fixe aussi dans les villages des pompes à eau, car ils n’ont pas le droit de le faire. On fait pression sur l’armée également pour l’ouverture des check-points »,détaille Sigal Harari.
Elle pointe du doigt, près de l’école, le château d’eau aux couleurs de Mekorot, la compagnie israélienne qui exploite les eaux en Cisjordanie occupée, et s’indigne : « J’ai honte de mon pays ! Mekorot vole l’eau des Palestiniens pour la leur revendre ensuite ! »
L’État d’Israël n’accapare pas seulement la terre de Palestine. Il accapare aussi son eau naturelle pour approvisionner les Israélien·nes, y compris celles et ceux qui vivent dans les colonies illégales, à des fins domestiques, agricoles et industrielles.
L’eau représente plus de la moitié des dépenses mensuelles de Jamal Amlihat, qui tire de maigres revenus de la vente de fromage, de lait de brebis et de viande de mouton. Elle sert à subvenir aux besoins essentiels de sa famille mais aussi à ceux de son troupeau qu’il peine à nourrir.
« Les colons nous empêchent d’accéder à nos pâturages. Je préfère ne pas prendre le risque d’être frappé ou tué mais cela nécessite que j’achète de la nourriture pour mes bêtes. La vie est très dure mais grâce à Dieu, nous sommes vivants »,confie-t-il en s’arrêtant devant la bergerie, escorté par ses deux chiens de berger, pour donner du foin au bétail.
Sa famille, autrefois nomade du désert, s’est sédentarisée il y a plusieurs décennies, sans qu’il ait le souvenir précis de la genèse, sinon que l’exode était dû aux guerres successives. Depuis les années 1980, elle vivote dans les replis de cette plaine désertique, aujourd’hui ciblée par les colons, aux côtés de quelque soixante-dix autres familles. Elles s’entassent dans la misère et la poussière sous des amas de tôles et derrière des bâches en plastique en guise de maisons.
Ces derniers temps, Sigal Harari séjourne à leurs côtés en moyenne trois fois par semaine, rapporte quelques fruits, des pommes et des kakis, quelques crayons aux enfants pour qu’ils dessinent, évacuent par l’art la violence subie. Elle ne pensait pas son pays capable de tels « crimes ».Elle vit avec son mari et leurs quatre enfants dans un kibboutz près de Tel-Aviv, « une bulle » qui lui a permis pendant longtemps de fermer les yeux et de se boucher les oreilles.
« Comme beaucoup d’Israéliens, nous vivons dans un narratif où les Palestiniens sont tous des terroristes,déplore Sigal Harari. Nous sommes les bons, ils sont les méchants. On a grandi avec cela. Pour ouvrir les yeux, il faut le vouloir. Même moi, je ne l’ai pas voulu pendant des décennies alors que je suis de gauche, progressiste. La réalité n’est pas celle que l’on nous vend. »
Autour d’elle, tout le monde n’a pas compris son engagement, à commencer par son mari. « Il a mis du temps à l’accepter mais contrairement à d’autres autour de nous, qui ont abandonné la lutte anti-occupation après les massacres du Hamas le 7 octobre, il n’a pas remis en cause mon combat. » Quant à leurs enfants, « ils ne veulent pas savoir. Ils [lui] disent que tout cela est bien trop violent ».
Ann Arbor (Informed Comment) – Israël est en train de perdre sa campagne contre Gaza, non pas tant sur le champ de bataille – bien qu’il ne soit pas certain qu’un grand nombre de ses objectifs militaires aient été atteints – mais devant le tribunal de l’opinion publique. L’extrême droite israélienne a longtemps ignoré ces revers en matière de relations publiques, convaincue que tant que le gouvernement américain la protège aux Nations unies, elle conserve son impunité.
L’administration Biden ne peut cependant pas s’opposer à l’opinion publique. Un nouveau sondage You.gov révèle que 34 % des Américains pensent qu’Israël commet un génocide contre les Palestiniens de Gaza. Je ne peux pas vous dire à quel point cette statistique est incroyable. Au cours des décennies précédentes, les sondages montraient généralement que la plupart des Américains n’éprouvaient aucune sympathie pour les Palestiniens, qui auraient tout aussi bien pu être du chewing-gum collé à la semelle des bottes des troupes israéliennes.
Ces Américains ne se contentent pas de dire que les Israéliens oppriment les Palestiniens (ce que la plupart d’entre eux n’auraient même pas admis il y a 20 ans). Ils disent qu’ils pensent que les Israéliens essaient d’éliminer les Palestiniens de Gaza.
En outre, ce n’est pas seulement qu’un tiers des Américains pensent qu’il y a un génocide israélien en cours à Gaza. Une majorité absolue – 55 % – des Américains âgés de 18 à 30 ans considèrent qu’il s’agit d’un génocide. Ce n’est pas un bon signe pour l’avenir d’Israël.
En outre, une majorité simple de démocrates estime que la campagne israélienne à Gaza est un génocide, soit 51 %. Là encore, l’impunité d’Israël a résulté d’un soutien bipartisan aux États-Unis, qui est en train de changer.
Il est également vrai que 39 % des Américains pensent que le Hamas a tenté de commettre un génocide contre les Israéliens le 7 octobre. Le gouvernement israélien ne devrait toutefois pas considérer comme un compliment le fait que tant d’Américains considèrent ses tactiques et ses objectifs comme identiques à ceux du Hamas.
Il est également significatif que 20 % des républicains pensent qu’Israël commet un génocide. Le ton au sein du parti républicain est donné par les chrétiens évangéliques sionistes qui pensent généralement qu’Israël ne peut pas faire de mal et que sa brutalité contre les Palestiniens est nécessaire pour ouvrir la voie au second avènement du Christ. (Accuser Tel-Aviv de génocide n’est pas seulement une critique, c’est une condamnation sévère.
Ces chiffres annoncent au moins quelques problèmes pour le très impopulaire Joe Biden, dont l’adhésion enthousiaste à la campagne israélienne et le déni des morts palestiniens sont profondément aliénants pour les jeunes et les progressistes. S’il est vrai qu’ils ne voteront pas pour Trump, ils pourraient tout simplement rester chez eux en novembre prochain par apathie, ce qui ne serait pas une bonne nouvelle pour la campagne de Joe Biden.
Le roi Pyrrhus d’Épire (nord de la Grèce et de l’Albanie) a donné son nom à une campagne militaire où l’on gagne à un coût si dévastateur que le triomphe se transforme en poussière dans la bouche et devient une sorte de défaite. Pyrrhus, qui combattait sur la côte italienne, a remporté deux batailles initiales contre les Romains, mais a tellement épuisé son armée de 25 000 hommes qu’il a perdu le troisième affrontement, décisif.
Le gouvernement extrémiste du Premier ministre israélien Binyamin Netanyahou, rempli de fascistes et de racistes invétérés, a mené une guerre contre l’organisation terroriste Hamas en ciblant ses cadres moyens et inférieurs connus dans leurs immeubles d’habitation, en faisant exploser les complexes entiers et en tuant tous ceux qui y vivaient – femmes, enfants, hommes non-combattants. Ils n’ont pas pu faire la même chose avec les hauts dirigeants à cause des otages ou parce que ces derniers étaient mieux cachés. Le gouvernement israélien a également désigné les institutions de la société civile telles que les écoles, les universités, les hôpitaux, les cliniques, les centres administratifs municipaux et les organisations non gouvernementales comme étant ce qu’il appelle des « centres de pouvoir » et les a soumis à des bombardements aériens et à des tirs d’artillerie intensifs, sans se soucier du bien-être des civils innocents. Apparemment, la théorie veut que les présidents d’université, les doyens, les professeurs, le personnel et les étudiants soient tous des agents du Hamas ayant du sang sur les mains et que toutes les universités doivent donc être détruites. Cette théorie, bien sûr, est monstrueuse et ne diffère pas de la déclaration d’Oussama Ben Laden selon laquelle aucun Américain n’est un civil. Le magazine israélien +972 Mag a qualifié cette tactique d' »usine d’assassinats de masse ». Ces actes de sauvagerie ont jusqu’à présent fait plus de 25 000 morts et plus de 60 000 blessés parmi les Palestiniens, dont environ 70 % de femmes et d’enfants et la plupart des autres hommes non combattants. Sur les 25 000 combattants du Hamas, il n’est pas certain qu’un nombre significatif ait été tué.
En plus de raser des quartiers résidentiels entiers avec des bombes de 2 000 livres, les règles d’engagement fixées pour les troupes israéliennes au sol leur ordonnaient apparemment de tirer pour tuer toute personne se déplaçant dans les rues, qu’elle agite ou non un drapeau blanc.
Une vidéo de ce crime de guerre a été rediffusée sur la chaîne britannique ITV mercredi, provoquant l’indignation générale du public et des condamnations au Parlement.
C’est un crime de guerre : la vidéo d’ITV News sur Gaza suscite l’indignation des organisations caritatives, des Etats-Unis et de Westminster | ITV News Video
Les atrocités commises par Israël à l’encontre des Palestiniens ces dernières années ont de plus en plus souvent été enregistrées sur des vidéos de smartphones et n’ont été dissimulées que par la négligence des principaux organismes d’information européens et américains, qui ont largement refusé de les diffuser. Le Meta (Facebook et Instagram) de Mark Zuckerberg a intentionnellement utilisé des algorithmes pour occulter les nouvelles concernant les Palestiniens (et, de plus en plus, les nouvelles en général).
Cependant, la situation est tellement horrible aujourd’hui que même les médias grand public, comme la chaîne britannique Sky TV, commencent à signaler qu’Israël tire des obus de chars sur un centre de formation de l’ONU utilisé comme abri pour les réfugiés, tuant 9 personnes et en blessant 75 autres.
Vidéo de Sky News : « UNRWA : Au moins neuf personnes ont été tuées dans l’attaque d’un centre de l’agence de l’ONU.
Des moutons ont été libérés cette semaine après que leurs propriétaires, des bergers de la vallée du Jourdain, ont été contraints de payer une somme exorbitante. C’est la dernière méthode utilisée par les colons pour gâcher la vie des Palestiniens.
Sept cents moutons s’élancent vers la liberté. Quelques-uns s’arrêtent pour grignoter des herbes, d’autres boitent. Cette course vers la liberté évoque le galop des antilopes en Afrique lorsqu’elles traversent les rivières à gué. Il y a autant de joie illimitée que d’agitation. Les moutons viennent d’être libérés de l’enclos construit spécialement pour les accueillir après avoir été saisis par les forces de sécurité israéliennes. Les animaux sont tombés dans une embuscade alors qu’ils traversaient une zone déclarée interdite. Leurs propriétaires, des bergers palestiniens résidant de l’autre côté de l’autoroute, ont dû payer la somme inconcevable et draconienne de 150 000 shekels (près de 40 000 dollars) en espèces au Conseil régional de la vallée du Jourdain, dirigé par les colons, afin de récupérer les animaux.
Pendant des heures, les troupes de la police des frontières ont surveillé les moutons et les bergers, jusqu’à ce que les représentants de ces derniers soient en mesure de réunir la rançon. Ce n’est pas la première fois que des amendes aussi gargantuesques sont infligées à des bergers palestiniens. On peut supposer qu’aucune amende de ce type n’a jamais été imposée aux colons propriétaires de troupeaux.
Cette nouvelle mesure – une punition disproportionnée visant à ruiner les bergers – s’inscrit parfaitement dans le cadre des autres méthodes utilisées récemment contre les communautés pastorales du nord de la vallée du Jourdain, dans le but de rendre leur vie misérable et, à terme, de nettoyer la région de leur présence. La violence des colons, les arrestations, les clôtures, les expropriations de terres, les démolitions de maisons, l’interdiction de faire paître les animaux et tous les autres moyens ont été complétés par cette nouvelle méthode. Nous les laisserons sans le sou et peut-être qu’alors ils quitteront leurs terres. Il va sans dire que l’argent va directement dans les caisses des colons, avec l’appui de la police.
Tôt dans la matinée du lundi de cette semaine, Aiman Ada’is et quelques-uns de ses frères sont partis au pâturage avec les moutons de la famille. C’est la coutume en cette saison, lorsque la vallée du Jourdain est spectaculairement recouverte d’un vert vif. La maison de la famille élargie – un ensemble de huttes, de cabanes en tôle, de tentes et d’enclos pour animaux, sans électricité ni eau courante – se trouve en face du village de Masua, dans la partie nord de la vallée. Le mouvement Ha’oved Hatzioni (Travailleur sioniste) a établi cette colonie en 1974, après qu’elle ait été un avant-poste de la brigade Nahal des Forces de défense israéliennes, et l’a nommée ainsi en référence à l’ancienne coutume juive d’allumer des torches (masu’ot) sur le mont Sartava, situé à proximité.
Bergers et police des frontières près de la colonie de Masua. L’argent va directement dans les coffres des colons, avec le soutien de la police.
Vers 8h30, les bergers ont traversé les terres rocheuses au sud de Masua pour se rendre dans les pâturages des montagnes, à l’ouest de l’autoroute de la vallée du Jourdain. Une force de la police des frontières, qui les attendait déjà, leur a ordonné de s’arrêter et a escorté le grand troupeau de quelque 700 moutons jusqu’à un enclos érigé par le conseil régional le matin même. Les animaux ont été rassemblés dans l’enclos bondé, les bergers ont reçu l’ordre de se retirer vers l’est sur quelques centaines de mètres jusqu’au bord de l’autoroute, et les festivités ont commencé. Les familles des bergers sont arrivées, ainsi qu’une équipe de télévision palestinienne. Ces derniers n’ont pas été autorisés à s’approcher des moutons – ils ont dû se tenir sur un monticule éloigné pour les filmer. Nous n’avons pas non plus été autorisés à nous approcher des moutons. L’enclos des animaux était désormais une zone militaire fermée.
Israël fait un petit pas pour sauver la Cisjordanie L’armée israélienne a enrôlé des milliers de colons. Les témoignages de leur violence s’accumulent Personne ne suscite la peur comme lui : Comment les tactiques de peur de Netanyahou manipulent les Israéliens La sanction était claire et douloureuse : paiement immédiat de 150 000 shekels au conseil régional, faute de quoi les moutons seraient emmenés vers une destination inconnue dans les deux gros camions qui avaient été amenés sur le site plus tôt. Les bergers craignaient pour le sort de leurs moutons. Certains d’entre eux avaient laissé des agneaux à la maison, attendant leurs mères, et en l’état actuel des choses, les moutons sont restés des heures sans eau ni nourriture, serrés les uns contre les autres et probablement effrayés. Les bergers n’étaient pas moins effrayés. La police des frontières était arrivée à bord d’au moins cinq gros véhicules, accompagnée d’un certain nombre de colons locaux en uniforme qui se pavanaient avec l’élégance habituelle. Guerre ou pas guerre à Gaza, ici les moutons ne passeront pas sans une réponse sioniste appropriée.
Les assignations ont été délivrées rapidement : deux demandes de paiement au conseil de la vallée du Jourdain, d’un montant de 75 000 shekels chacune, à payer par Ada’is Shehadeh et Ada’is A’id, les frères bergers. « Détails de l’accusation : capture et transport d’animaux. Capture de 150 moutons [bien que les bergers en revendiquent 700]. Après le 22 janvier 2024, une somme supplémentaire sera ajoutée pour le déplacement, la garde, la nourriture. Exécuté par Roman Pasternak. À payer avant le 22 janvier 2024. »
Vaches dans la ferme des frères Darajma à Ein Hilwa.Au cours de l’année écoulée, ils ont perdu 200 têtes de bétail, racontent-ils. Pas un mot sur la raison de la saisie des moutons, si tant est qu’il y en ait eu une, ni sur la légalité douteuse de cette action. Les membres de la communauté savaient que s’ils ne payaient pas l’amende immédiatement, l’avenir de leurs moutons serait en jeu et le montant de l’amende ne ferait qu’augmenter. Une opération de crowdfunding a immédiatement été lancée parmi les communautés pastorales de la région et, en l’espace de quelques heures, une grande enveloppe noire contenant 150 000 shekels en espèces a été apportée sur le site. Mais le Conseil régional de la vallée du Jourdain, dirigé par David Alhayani, a refusé d’accepter un tel paiement en espèces.
Le temps commence à manquer. Certains bergers étendent des tapis de prière sur le sol et commencent à réciter des prières. Le désespoir se lit sur tous les visages. Des volontaires de l’organisation israélienne Looking the Occupation in the Eye se trouvaient sur le site, parmi lesquels Rachel Abramovich, épouse du commentateur de télévision Amnon Abramovich, qui, avec les autres femmes du groupe, accomplit un travail édifiant en faveur des bergers. Le rabbin Arik Ascherman, de l’organisation Torah of Justice, qui œuvre ici avec un dévouement infini en faveur des droits des bergers, est également arrivé et a proposé une solution. L’ONG paierait l’amende par chèque et les bergers la rembourseraient en espèces.
Après un certain temps, au cours duquel des appels téléphoniques ont été passés et des virements bancaires effectués, l’affaire a été réglée. Lorsque 150 000 shekels sont entrés sur le compte du conseil régional, la police des frontières a autorisé les bergers à récupérer les moutons. L’enclos a été ouvert, les moutons se sont précipités vers la liberté. « Nous sommes ici pour séparer les camps », dit l’un des policiers, sans préciser de quels camps il s’agit. « Nous sommes la police des frontières.
La police israélienne n’a pas répondu à une demande de commentaire de Haaretz.
À quelques dizaines de kilomètres au nord, près de la ligne verte et de Beit She’an, se trouve la communauté pastorale d’Ein Hilwa. À côté de chacune des dalles de béton que les FDI ont installées il y a quelques années à l’entrée de cette communauté et de toutes les autres communautés de bergers dans toute la vallée du Jourdain, portant le message « Zone de tir, entrée interdite », quelqu’un a également planté récemment des drapeaux israéliens dans le sol. Les terres de ces communautés ont été annexées depuis longtemps à Israël aux yeux de ces colons, qui n’aiment pas être appelés colons – certains d’entre eux sont, après tout, de bons kibboutzniks et moshavniks, des gens du mouvement travailliste.
Bergers palestiniens près de Masua. Les frères Adel et Kadri Darajma, âgés respectivement de 61 et 57 ans, vivent à Ein Hilwa avec leurs familles et leurs animaux. Au cours de l’année écoulée, ils ont perdu 200 têtes de bétail, racontent-ils. Certaines ont été saisies, d’autres ont été volées, d’autres encore ont été tuées par des colons. À l’extérieur de leurs tentes, quelques vaches broutent – les vaches les plus osseuses et les plus maigres que j’aie jamais vues, si ce n’est dans des films sur la sécheresse en Afrique. Comme les vaches sont mises en fourrière chaque fois qu’elles sortent pour brouter, les propriétaires ont peur de quitter leur enceinte et le bétail meurt de faim. Dans un cas, racontent les frères, et le rabbin Ascherman se joint à eux, des vaches ont été enlevées par une main mystérieuse en pleine nuit des zones de pâturage et transportées loin sur les terres de la colonie de Hemdat, où elles ont été mises en fourrière par les inspecteurs du conseil régional en tant qu’animaux errants.
Là aussi, les éleveurs ont été contraints de verser des sommes considérables au conseil régional pour racheter leur bétail. Le 1er janvier, ils ont payé 49 000 shekels, et le 15 janvier, 143 910 shekels supplémentaires en guise de paiement pour la « capture et le transport de bétail ». L’avocat Michael Sfard, qui représente Hilwa, a envoyé la semaine dernière une lettre au chef du conseil Alhayani, affirmant que les actes de saisie du bétail par le conseil étaient illégaux, qu’ils avaient été exécutés sans la moindre explication, qu’ils découlaient d’une politique de discrimination grave à l’égard des éleveurs palestiniens qui vivent dans la région depuis des générations, qu’ils s’accompagnaient de considérations étrangères visant à déplacer les communautés de la région et qu’ils faisaient partie d’un harcèlement systématique et délibéré de la part du conseil local et d’autres autorités gouvernementales.
Si l’argent et les animaux ne sont pas restitués immédiatement, menace Sfard, il engagera une procédure judiciaire contre le conseil régional. Sfard raconte également que dans au moins le cas mentionné ci-dessus, les vaches ont été volées par des colons et emmenées dans d’autres régions, où elles ont été saisies par des inspecteurs du conseil régional en tant qu’animaux errants. Dans un autre cas, un piège a été tendu aux éleveurs palestiniens. Un colon les a appelés la veille au soir et leur a dit que leurs animaux pourraient pâturer dans une certaine zone le lendemain. Lorsque les éleveurs sont arrivés le lendemain, des inspecteurs les attendaient sur place et ont saisi le bétail.
Le chef du Conseil, M. Alhayani, s’est contenté cette semaine d’une réponse sèche à la question posée par Haaretz : « Les inspecteurs ont agi conformément au règlement intérieur du conseil ». À la question de savoir ce qui justifiait cette punition draconienne, Alhayani n’a pas pris la peine de répondre.
La Cour Internationale de Justice tarde à ordonner la cessation immédiate du massacre du peuple de Palestine, à Gaza, comme le lui a demandé l’Afrique du Sud, rejointe maintenant par d’autres États.
Netanyahou et sa bande de tueurs aux commandes d’Israël n’ont atteint aucun de leurs objectifs proclamés, à savoir l’écrasement de la résistance et la récupération des prisonniers retenus à Gaza. Mais ils poursuivent leur besogne génocidaire, au prix de centaines d’hommes, de femmes et d’enfants tués ou blessés chaque jour.
La catastrophe est là.
Le monde entier assiste, en temps réel, à la destruction du peuple de Palestine : aux morts, aux disparus et aux blessés – déjà plus de 100.000 – s’ajoutent l’installation de la famine et des épidémies qui pourraient tuer plus d’un demi-million d’habitants de Gaza au cours des prochains mois, selon les funèbres prédictions d’experts des Nations-Unies.
Biden et Macron, pour ne citer qu’eux, assurent Israël de son impunité. Tandis que le ministre de la Défense Sébastien Lecornu se rend deux fois de suite en Israël, à l’Assemblée Nationale le nouveau ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné voudrait interdire l’emploi du terme « génocide » pour qualifier les crimes du régime d’apartheid.
LE SILENCE TUE
Faisons entendre notre voix !
Tous les jours de la semaine, partout en France, ont lieu de nombreuses initiatives de solidarité, que ce soient des rassemblements et des meetings, des collages massifs d’affiches, ou des actions de boycott, notamment le boycott citoyen du groupe Carrefour, qui offre des milliers de colis alimentaires à l’armée d’invasion de Gaza pendant que la population du territoire martyr crève de faim et de soif.
À PARIS, MANIFESTONS MASSIVEMENT
DIMANCHE 28 JANVIER
DÉPART 14H30 PLACE DE LA RÉPUBLIQUE
STOP AU GÉNOCIDE ! FREE PALESTINE
(Note : la manifestation parisienne a fait l’objet d’une déclaration en préfecture de la part de CAPJPO-EuroPalestine et du NPA/NPA Jeunes, avec le soutien de l’Inter-Orgas Palestine, ISM France, Collectif Nord Essonne… D’autres soutiens s’y ajouteront prochainement, de même que nous vous indiquerons prochainement le parcours de la marche)