Koweït : des dizaines de milliers de manifestants, heurts avec la police


Les manifestants fuient les gaz lacrymogènes à Koweït, le 21 octobre 2012 (Photo Yasser al-Zayyat. AFP)

Plus de 100 manifestants et onze policiers ont été blessés dimanche au Koweït dans des heurts entre des dizaines de milliers de manifestants, opposés à un amendement de la loi électorale, et la police, selon une association de défense des droits de l’homme et les autorités.

« Le nombre des manifestants blessés (qui ont été admis) à l’hôpital après avoir été attaqués par la police anti-émeutes a dépassé le chiffre de 100″, a déclaré Mohammad al-Humaidi, directeur de la Société koweïtienne pour les droits de l’homme, sur son compte Twitter. Le ministère de l’Intérieur a indiqué dans un communiqué que 11 policiers avaient été blessés par des pierres lancées par des manifestants.
Les policiers ont fait usage de gaz lacrymogène, de bombes assourdissantes et de balles en caoutchouc, faisant au moins dix blessés et procédant à des arrestations parmi la foule, ont ajouté les témoins.
Un ancien député, Abdallah al-Barghash, a indiqué à l’AFP avoir vu des blessés évacués par des ambulances.
Le nombre des manifestants serait de quelque 100.000 selon cet ex-député, et de 30.000 selon des observateurs indépendants. La police n’a pas fait d’estimation.
« La façon dont les manifestants ont été traités est sans précédent au Koweït », a déclaré M. Barghash.
L’opposition, redoutant une manipulation du prochain scrutin, avait appelé à manifester pour protester contre la décision de l’émir, cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, d’amender la loi électorale avant les élections législatives anticipées convoquées pour le 1er décembre.
« Les gens veulent faire abroger le décret » qui modifie la loi, ont scandé les manifestants.
Au moment où se déroulait la manifestation, l’émir a reçu un grand nombre de membres de la famille régnante des Al-Sabah, qui lui ont réaffirmé leur loyauté et leur soutien total, a rapporté l’agence de presse officielle KUNA. Il a rencontré dimanche des chefs de tribus qui, cités par l’agence Kuna, ont exprimé dans des déclarations après l’audience leur soutien à l’émir, alors que les zones tribales constituent un fief de l’opposition.
En début de soirée, la police anti-émeutes a empêché le rassemblement des protestataires sur les sites choisis par l’opposition pour la manifestation. Des heurts ont alors éclaté.
La police a arrêté plusieurs personnes dont l’ancien député islamiste Walid al-Tabtabaï, ont indiqué les organisateurs sur Twitter.
Les organisateurs ont ensuite demandé aux protestataires de se rassembler sur un autre site de la capitale où ils ont manifesté pendant plusieurs heures.
Fortement armés et portant des masques, les policiers anti-émeutes ont tiré à plusieurs reprises du gaz lacrymogène et des bombes assourdissantes avant de recourir à des balles en caoutchouc pour tenter de disperser la manifestation, animée par d’anciens députés de l’opposition.
« C’est comme un champ de bataille », a déclaré à l’AFP Mohammad Rashed, un employé du secteur privé, en quittant, en compagnie de sa femme et d’autres membres de sa famille, le lieu du rassemblement en raison d’un usage excessif des bombes assourdissantes.
Les manifestants devaient se regrouper en trois points de la capitale et converger vers le palais Seif qui abrite les bureaux de l’émir, du prince héritier et du Premier ministre.
Mais le ministère de l’Intérieur avait prévenu qu’il n’autoriserait aucun « sit-in, rassemblement, marche, regroupement ou campement » dans « aucun lieu autre que la place en face du Parlement ».
Les mesures de sécurité avaient été renforcées dans la journée : des centaines de policiers non armés et des dizaines de véhicules de police avaient été déployés dans la capitale.
Les autorités ont poursuivi dimanche leur campagne d’arrestations avec l’interpellation pour interrogatoire d’un député islamiste du Parlement dissous, Ossama al-Munawer.
Il rejoint trois autres ex-députés, arrêtés jeudi et dont la détention a été prolongée dimanche de dix jours, selon l’un de leurs avocats, Al-Humaidi al-Subaie.
Quatre activistes de l’opposition interpellés lundi après des heurts avec la police anti-émeutes sont toujours en prison.
La tension politique a affecté la Bourse de Koweït, dont l’indice a fermé sur un recul de 3,05% dimanche, premier jour ouvrable de la semaine, marquant la perte la plus lourde en un seul jour depuis trois ans.
Membre de l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole), le Koweït, première monarchie du Golfe à s’être dotée d’un Parlement élu en 1962, connaît des crises politiques à répétition depuis 2006. La dynastie des Al-Sabah règne sur cet émirat depuis plus de 250 ans.

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« Attention, changement en cours ! »


mercredi 19 septembre 2012, par Al Faraby

« Que penses-tu des caricatures publiées par Charlie Hebdo ? »
« je pense que si c’est une provocation, alors il ne faut pas céder à celle-ci »
« le directeur de l’hebdomadaire a affirmé à l’Afp que c’en n’est pas une »
« c’est donc quoi ? »
« Charlie Hebdo est un support satirique »
« une satire est une œuvre dont l’objectif est une critique moqueuse de son sujet, souvent dans l’intention de provoquer ou prévenir un changement »
« et alors ? »
« si l’intention de Charlie Hebdo n’est pas de provoquer, comme l’affirme son directeur, alors il faut qu’il nous explique de quel changement il veut nous prévenir ? »
« eeuuhh… eeuuhh… »
« moi, je vois un grand changement en cours »
« ah oui… lequel ? »
« celui des mouvements populaires qui mettent bas les dictatures arabes soutenues depuis toujours par l’impérialisme et qui sont en train de réussir »
« réussir quoi ? »
« à prendre leur destin en main et à occuper la juste place qui est la leur dans l’histoire de l’Humanité »
« je vois »
« tu vois quoi ? »
« partout, ils organisent la provocation contre le changement en cours »
« … !? »

Al Faraby
Mercredi, 19 septembre 2012

Samar Yazbek : la Syrie au défi de la peur


samedi 7 janvier 2012, par La Rédaction

Le 26 décembre 2011, la Syrie a connu sa journée la plus meurtrière depuis la mi-mars. Cent morts civils, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. Le 29, malgré la présence dans le pays d’observateurs de la Ligue arabe, les forces de sécurité ont lancé des bombes à clous sur la foule rassemblée place de la Grande-Mosquée, à Douma. Le 31 décembre, plusieurs centaines de milliers de personnes ont pris à nouveau la rue dans tout le pays. Il y a eu plusieurs dizaines de morts. Il faut voir, sur les films amateurs d’Internet, les manifestants crier et bondir ensemble face aux soldats. Il faut lire les témoignages de leur bravoure sur les blogs. A quel moment le courage l’emporte-t-il sur la peur ?L’écrivaine syrienne Samar Yazbek est réfugiée en France. Auteure de quatre romans, scénariste primée par l’Unicef, elle appartient à la communauté alaouite, celle du président Bachar Al-Assad (une branche dissidente de l’islam chiite qui réunit 12 % de la population syrienne). En février 2011, elle rejoint les manifestations de Damas, alors que les snipers tirent pour tuer. Elle publie alors un court texte qui fait le tour des blogs : « En attendant ma mort ». Elle décrit ce moment où le risque de mourir devient une habitude : « La mort est partout ! Au village ! A la ville ! Au bord de la mer ! Les assassins s’emparent des humains et des lieux (…). Je n’ai plus peur, non parce que je suis téméraire – étant de nature très fragile -, mais par habitude. Je n’ai plus peur de la mort, je l’attends sereinement avec ma cigarette et mon café. Je crois que je peux regarder dans les yeux un franc-tireur sur la terrasse voisine. Je le regarde fixement. Je sors dans la rue et je scrute les terrasses des immeubles. J’avance posément. »

En mars, Samar Yazbek est arrêtée et interrogée cinq fois de suite par les moukhabarat, les services secrets. Ils veulent qu’elle se désolidarise des opposants. Pour la briser, ils l’emmènent dans une prison où ils torturent les manifestants. Elle en fera le récit sur les blogs syriens, le texte sera publié dans plusieurs journaux européens : « J’ai vu des jeunes hommes, qui avaient à peine la vingtaine, leurs corps dénudés, reconnaissables sous leur sang, suspendus par leurs mains à des menottes en acier, leurs orteils touchant difficilement le sol (…). A ce moment, un des jeunes releva péniblement la tête. Il n’avait plus de visage ; ses yeux étaient scellés, je n’ai pas vu l’éclat de son regard. Le nez n’existait plus, ni les lèvres. Son visage était une miniature rouge, sans lignes, un rouge imbriqué dans le noir d’un rouge vieilli. Je suis alors tombée à terre. Pour quelques instants, j’ai chaviré dans quelque chose d’opaque, de flottant, avant de reprendre pied sur la terre ferme (…). C’est la notion de Dieu qui disparaît, car si Dieu existait, il n’aurait pas permis que sa créature soit ainsi refaite, distordue, défigurée. »

Samar Yazbek est relâchée « après quelques baffes ». Elle n’a pas cédé. Le régime hésite à torturer ou à tuer une intellectuelle alaouite connue, il veut laisser croire que la communauté est soudée derrière Bachar Al-Assad. Dans les semaines qui suivent, les moukhabarat la menacent de mort. La calomnient. Des tracts distribués dans son village natal l’accusent d’être une « traîtresse ». Profitant d’un répit dans la surveillance, elle s’enfuit à Paris avec sa fille. Depuis, elle n’a cessé de dénoncer le pouvoir syrien.

Nous avons retrouvé Samar Yazbek dans un café parisien. C’est une belle femme de 40 ans, le regard clair, le visage creusé, la voix basse et grave. Craint-elle pour sa famille restée à Damas ? Pas de commentaire. Elle entend se présenter comme une Syrienne qui a pris le risque de s’engager, comme tant d’autres. Elle préfère parler de la peur et du courage des opposants. « Tout Syrien a grandi dans la peur. Elle pèse sans cesse sur nous, nous la connaissons bien. Pourtant, malgré la peur, les manifestations ont démarré. Quand la répression est devenue beaucoup plus violente et sauvage, cela a changé notre rapport à la peur. Cela l’a précisé. » Que veut-elle dire ? « Avant les manifestations, j’avais si peur que je ne me reconnaissais plus. Je tremblais. Pourtant, ma volonté de rejoindre les autres était inébranlable. J’étais déchirée. Tous les manifestants éprouvent ce déchirement où la peur le dispute au courage. Et puis le courage l’emporte, même si la peur est toujours là, si humaine… » Même quand on sait qu’on risque d’être mutilé, torturé ? « Il existe comme un plafond de la peur. D’abord, il nous écrase. Quand on apprend l’horreur de la répression, la peur décuple. Ensuite, les manifestants ont compris que, s’ils s’arrêtaient maintenant, le pire les attendait. Le régime se vengerait d’eux. Ils ne pouvaient plus revenir en arrière, comme en Tunisie, en Egypte. Alors le plafond de la peur s’est relevé. »

Le 10 octobre 2011, plusieurs organisations de dissidents et d’étudiants syriens se retrouvent à une soirée de solidarité, « La Syrie… vers la liberté », au Théâtre de l’Odéon. Ce soir-là, pour la première fois, le ministre des affaires étrangères, Alain Juppé, serre la main de Burhan Ghalioun, le porte-parole du Comité national syrien, le principal regroupement de l’opposition. Les socialistes Lionel Jospin, Catherine Tasca, Bertrand Delanoë, et le communiste Jack Ralite se sont déplacés. Dans les coursives, les Syriens ne lâchent pas leur téléphone. Un étudiant apprend qu’un ami palestinien a été arrêté à Damas ; une cinéaste, que les services secrets ont assassiné un opposant à Beyrouth. Elle dit : « La Syrie n’a pas beaucoup de pétrole. Alors le prix des morts a moins de valeur pour l’Occident. Ils laissent faire… » Selon les Nations unies, la répression a fait 5 000 morts, dont 300 enfants, entre mi-mars et mi-décembre 2011. S’y ajoutent plus de 14 000 arrestations et 12 400 réfugiés, des exécutions sommaires, des disparitions forcées, des tortures, parfois avec des violences sexuelles.

Samar Yazbek est à l’Odéon avec sa fille de 16 ans. Certains trouvent qu’elle a eu beaucoup de chance d’échapper aux services secrets. Elle le sait. Sur scène, elle fait lire des témoignages de Syriens arrêtés qu’elle a recueillis. Un fils emprisonné écrit à son père : « Badigeonne notre porte avec mon sang. Crie : Je ne transigerai pas ! Mon sang n’est pas gratuit, mon père. Ne cède pas. » Ensuite, elle montre la grande photo d’un jeune homme, pour dire en arabe : «  »N’entamez aucun dialogue avec votre bourreau. Ne désespérez pas, même si le monde entier vous tourne le dos. » Voilà ce qu’écrivait Ghiat Matar, dont le cadavre mutilé fut rendu à sa mère le 10 septembre. Il avait 26 ans. J’ai souhaité sa présence ce soir pour que vous puissiez le regarder (…). Ghiat et son histoire résument l’histoire des jeunes dans la révolution syrienne. Il a été un des premiers à lancer l’appel pour offrir une rose et de l’eau aux soldats. Il n’appartenait à aucun parti, il était pacifiste. Les services secrets ont rendu son corps avec une grande blessure à travers le ventre. » Puis elle appelle à une minute de silence pour les jeunes martyrs de la révolution syrienne.

En Syrie, Samar Yazbek a publié un roman, La Boue (2005, non traduit), où elle dresse le portrait de deux officiers proches d’Hafez Al-Assad, qui instaura la dictature du parti Baas. L’un approuve le coup d’Etat de 1970, le second non. Les deux hommes sont alaouites, partagent des valeurs religieuses, pourtant ils s’affrontent. « J’ai essayé de décrire comment le régime a détruit toute relation humaine, toute valeur, explique-t-elle, et comment l’arrivisme, l’opportunisme l’emporte chez les uns, pas chez tous. » Dans un autre roman, Le Parfum de la cannelle (2008, non traduit), elle raconte l’histoire de deux femmes. L’une vit dans le luxe à Damas, exploitant l’autre, sa domestique, très pauvre. « Je décris le monde secret des femmes syriennes. Je montre comment les riches maltraitent les pauvres, les dominent. Sexuellement aussi. »

Dans un texte récent sur la révolution, Samar Yazbek écrit : « On dit qu’écrire un roman nécessite beaucoup d’imagination, et moi je dis qu’il a d’abord besoin de réel, ensuite de réel, et enfin de réel. » L’expérience de la peur a-t-elle changé son écriture ? « Ce que j’ai vécu en Syrie dépasse l’imagination. C’est mille fois plus terrible que l’imagination. Cela me confirme que, pour écrire, la réalité est plus forte. » Justement, elle écrit avant les manifestations que l’amour et la mort lui semblent les deux faces d’une même pièce. Qu’en pense-t-elle maintenant ? « La mort pour moi était abstraite. Une idée. Pendant ces mois, j’ai approché la mort, j’ai senti son odeur, je l’ai vue. Aujourd’hui, pour moi, l’amour et la mort constituent deux mondes à part. La mort n’a rapport avec rien, et surtout pas avec l’amour. » Dans son témoignage sur la torture, elle dit qu’il n’y a pas de mots pour exprimer ce qu’elle a vu. Pas de mots ? « Quand tu te sens impuissant devant la mort, tu te sens responsable, comme si tu avais participé à cette mort. D’où vient ce sentiment d’impuissance ? Les mots n’arrivent pas à exprimer ce qu’on est en train de vivre… »

Samar Yazbek n’a pourtant pas renoncé à écrire sur ces moments. Elle a tenu un journal, à sortir en mars. Elle en a lu des extraits à l’Odéon : « L’écriture m’a toujours aidée dans les moments difficiles de ma vie. Parce que je suis écrivaine, je pouvais me sentir plus libre avec moi-même et avec les fils enchevêtrés de ma vie. Je les nouais et dénouais comme les ficelles des marionnettes, à la seule différence que, cette fois-ci, je suis le jeu, les ficelles et la grande main mystérieuse qui les manipule. Je suis devenue le roman le plus authentique que je pourrais écrire. »

(Frédéric Joignot – Le Monde du 7 janvier 2012)

repris d’ici

Les activistes syriens se lancent dans la presse clandestine


1/11/2011 / SYRIE

Le visage masqué, ils sonnent à la porte des habitations avant de détaler : il ne s’agit pas de plaisantins, mais d’activistes syriens qui vont de porte en porte pour distribuer leur journal anti-gouvernement.
Le 14e numéro du Syrian Hurriyat – “hurriyat” signifiant “liberté” en arabe – vient tout juste de sortir. Ce journal de 12 pages, publié depuis la fin du mois d’août, a été fondé par de jeunes activistes syriens en exil en Europe. Il contient également les articles de dizaines de militants vivant encore en Syrie. Actualités, éditos, dessins de presse, le Syrian Hurriyat a tout d’un journal classique. Une édition en ligne a même été lancée récemment, avec certains articles traduits en anglais. Pour autant, la priorité reste l’édition papier, affirment ses rédacteurs, car de nombreux Syriens n’ont pas de connexion Internet.

Les activistes se filment en train de distribuer les journaux. Selon le rédacteur en chef du journal, cette scène a eu lieu à Damas. Vidéo postée sur YouTube par Syrian Hurriyat.

Contributeurs

« Nous voulons motiver les manifestants sur le terrain, qu’ils restent réactifs… mais aussi proposer une alternative aux medias d’État »

Kareem Lailah est le redacteur en chef du Syrian Hurriyat. Il vit en exil en Europe.

Les activistes en Syrie distribuent notre journal au hasard. Ils frappent à toutes les portes, dans toutes sortes de quartiers, pas seulement ceux qui sont connus pour être majoritairement anti-régime. Au contraire, ils tentent davantage de cibler les zones réputées pour leur soutien au pouvoir.
Nous voulons motiver les manifestants sur le terrain, mais nous nous adressons aussi aux Syriens qui ne savent pas quoi penser de cette révolution. On leur propose une alternative aux medias locaux qui sont contrôlés par l’État.
On espère que ceux qui trouveront le journal sur le pas de leur porte, même s’ils ne veulent pas le lire, apercevront une bonne caricature qui exprime notre message.
Ces distributions sont très risquées, mais les manifestants eux aussi risquent leur vie tous les jours et continuent de se mobiliser. Personnellement, j’ai reçu plusieurs messages de menace. Nos activistes ont peur d’être surveillés mais, jusqu’à présent, personne n’a été arrêté.
Nous voulons continuer à nous développer et à toucher un public plus large, mais il est hors de questions de perdre un activiste pour ça. Si l’un d’entre eux se fait attraper, il sera tué car le régime craint plus encore les pensées que les actes. Les manifestants sont perçus comme des individus dangereux, mais moins que ceux qui pensent, organisent et diffusent la vérité.
“L’impression du journal se fait essentiellement en Syrie, chez les activistes »
L’impression du journal est difficile. Elle se fait surtout en Syrie, chez les activistes. Il arrive aussi que nous réussissions à faire passer illégalement des exemplaires imprimés à l’étranger.
Nous les distribuons essentiellement à Damas et à Homs – même si dans cette ville la vague de répression récente nous a obligé à ralentir la distribution. Bientôt, nous diffuserons aussi à Alep. Toutes les semaines, plusieurs milliers d’exemplaires sortent – on fait notre maximum en fonction des possibilités des personnes sur place.
« Nous avons tous entre 20 et 35 ans, tout ce que nous voulons c’est la liberté et un nouveau départ pour la Syrie »
Nous n’avons aucun sponsor et payons les impressions de notre poche. Afin de préserver notre indépendance éditoriale, nous n’avons demandé l’aide d’aucun groupe en exil. Nous avons tous entre 20 et 35 ans, tout ce que nous voulons c’est la liberté et un nouveau départ pour la Syrie et nous ne sommes pas certains que les autres générations et les autres groupes veulent la même chose.
Notre message est simple : la liberté a un coût, mais le jeu en vaut la chandelle.
Nous avons reçu des réactions très positives. J’ai lu le tweet d’un habitant de Damas qui disait : « C’est magnifique de se réveiller et de trouver Hurriyat sur sa porte… Je sens déjà souffler le vent de la liberté. » C’est ça qui nous pousse à continuer.
Notre journal sera publié aussi longtemps que nécessaire et j’espère qu’un jour, après la chute du régime, il sera autorisé. Il y aura alors des tas d’autres choses à écrire, car construire une société meilleure est bien plus compliqué que de faire tomber un dictateur. »

Le journal imprimé et prêt à la distribution. Vidéo postée sur YouTube par Syrian Hurriyat.

Le journal est aussi distribué en dehors de la Syrie. Des copies sont ici distribuées lors d’une conférence sur la Syrie à Beyrouth, au Liban. Photo postée sur Twittter par @abirsasso.

SYRIE : SAMAR YAZBEK RACONTE SON «VOYAGE AU BOUT DE L’ENFER»


Monde 10/08/2011 à 00h00

Opposée à Bachar Al Assad, l’écrivain syrienne Samar Yazbek a été la cible de menaces de mort et d’intimidations, venant de sa propre communauté, celle des Alaouites, qui contrôle l’appareil sécuritaire et militaire en Syrie.

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«Je n’ai jamais entendu de semblables cris de douleur»

Le passage était long, c’est à peine si je voyais les cachots de part et d’autre, et je peinais à palper la réalité du lieu. Non, ce n’était pas un espace né de mon cerveau obsédé par l’écriture. C’était bien réel, ce passage qui laisse à peine passer deux corps soudés. Baigné d’obscurité, il est hors de l’existence. Je regarde derrière moi et je ne vois rien. Devant moi, c’est le noir absolu. Je suis au milieu de ce couloir sans début ni fin, suspendu au néant, et je suis entourée de portes fermées. L’homme qui se tient devant moi est en train d’ouvrir une des portes.

Son grincement aigu cède rapidement la place à un rythme plus lent, un son triste que j’avais entendu un jour dans une taverne grecque. L’homme m’a tenue par le coude et m’a poussée insensiblement à l’intérieur. La porte est restée ouverte, il me tenait toujours le bras : et là… je les ai vus… La cellule aurait à peine suffi à faire tenir deux ou trois hommes debout. Je ne peux pas être précise, mais j’ai cru voir trois corps pendus à un endroit vague. J’étais en état de choc, j’ai senti que je me mordais la joue et mon ventre s’est mis à trembler. Les corps étaient presque nus, une faible lumière filtrait d’un endroit indistinct. Je ne sais pas s’il y avait une ouverture au plafond, mais la lumière s’est transformée en rayons fragiles, suffisants pour les voir. Et j’ai vu des jeunes hommes, qui avaient à peine la vingtaine, leur corps dénudé, reconnaissables sous leur sang, suspendus par leurs mains à des menottes en acier, leurs orteils touchants difficilement le sol… Le sang coulait de leurs corps : du sang neuf mêlé au sang séché. Des blessures profondes tracent sur leurs corps le dessin d’un pinceau absurde. Le visage affaissé, ils étaient évanouis, semblables à des bêtes immolées.

Odeur. J’ai reculé, sans mot dire, un des hommes m’a saisie et m’a réintroduite une deuxième fois. A ce moment, un des jeunes releva péniblement la tête… A peine put-il la relever. Les quelques lueurs m’ont permis de voir son «visage». Il n’avait plus de visage ; ses yeux étaient scellés, je n’ai pas vu l’éclat de son regard. Le nez n’existait plus, ni les lèvres. Son visage était une miniature rouge, sans lignes, un rouge imbriqué dans le noir d’un rouge vieilli. Je suis alors tombée à terre, et les deux hommes se mirent à me relever.

Pour quelques instants, j’ai chaviré dans quelque chose d’opaque, de flottant, avant de reprendre pied sur la terre ferme. J’ai entendu l’un dire à l’autre : «Eh, mec, elle n’a pas l’air de supporter une seule gifle. Si de voir [les prisonniers torturés, ndlr] elle est dans cet état, alors elle mourra dans le supplice du « doulab » [la victime est placée à l’intérieur d’un pneu que l’on tourne].»

Et l’odeur a commencé à diffuser, l’odeur du sang, de l’urine et des fèces. L’odeur de fer rouillé. Une odeur de décomposition, de chair morte ; oui, c’était cela l’odeur. D’un coup, il me sortit de la cellule et en ouvrit une autre. Le bruit des hurlements et de la torture s’échappèrent d’un endroit proche et lointain, j’en tremblais. Je n’ai jamais entendu de semblables cris de douleur, ils montaient du plus profond de la terre pour se vriller dans mon cœur. Les bruits se sont arrêtés quand nous sommes sortis du couloir. Le deuxième cachot s’est ouvert sur un jeune à terre, enroulé sur lui-même. Je l’ai vu de dos. Ses vertèbres ressemblent à celles d’une figure pour dissection. Il semblait aussi dans un état d’évanouissement. Son dos est tailladé comme si un couteau y avait gravé une mappemonde. Ils ont refermé le cachot et ouvert un autre. Et de cachot en cellule, me tenant le coude, ils me poussaient dedans, puis m’en retiraient. Des corps, encore des corps, des amas de corps, des corps jetés à terre derrière des corps recroquevillés : c’est l’enfer. Comme si les humains n’étaient plus que des monceaux de viande exposés au marché démesuré des arts de la torture.

Dans ces étroits cachots humides, des jeunes gens sont transformés en morceaux de viande froide. Ces visages qui n’en sont plus un, ces corps à l’anatomie inédite… C’est la notion de Dieu qui disparaît, car si Dieu existait, il n’aurait pas permis que sa créature soit ainsi refaite, distordue, défigurée. J’ai dit à un des hommes qui bandait mon second œil : «Est-ce les jeunes des manifestations ?» Il me répondit en ricanant : «Ce sont les traîtres des manifestations.» Enervé par ma question, il a écrasé violemment mon coude, j’ai senti qu’il allait le broyer. Je ne savais pas ce qu’ils concoctaient, mais j’ai senti de nouveau mon ventre trembler.

L’homme me traîne, je titube et je tombe. Il n’attend pas que je me relève et continue à me traîner. Il continue à me traîner encore plus brutalement sur l’escalier comme un sac de pommes de terre, mon genou s’est blessé sur une marche. En pensant aux jeunes qui manifestaient, la douleur me brûle jusqu’aux os. Je tremble encore et le tremblement s’installe profondément dans mon ventre. Toutes les odeurs se sont logées dans ma bouche, et l’image des geôles occupe ma vue entravée.

«Traîtres». Nous nous sommes arrêtés, ils ont ôté le bandeau de mes yeux… En le voyant assis derrière un bureau soigné, j’ai su que je n’étais pas dans un cauchemar. Il m’a regardée ironiquement et m’a dit : «Alors, tu as vu tes traîtres de camarades ? Qu’en penses-tu ?» Quelque chose a commencé à sortir de mes intestins furieusement, comme si je voulais quitter ma peau. Dans la vie normale, je disais à mes amies : «Si le toucher d’un homme ne nous pousse pas à muer comme le serpent, ce n’est donc pas la caresse de l’amour.» Mais aujourd’hui, je peux affirmer que nos peaux muent aussi par le déchirement de la mort et l’envol vers l’abîme. A cet instant, au lieu de voler vers l’abîme, j’ai commencé à vomir. J’étais debout, je suis tombée sur mes genoux. Ils se sont fâchés, il s’est levé de sa place, a regardé, consterné, ses luxueux meubles souillés, j’ai continué de vomir. De mes yeux aussi l’eau coulait, ce n’était pas des larmes, je le savais, les larmes s’égouttent, ce qui sortait de mes yeux était différent. L’idée m’a ressaisie : ici, celui qui sort manifester dans la rue sera tué par balles, ou il devra fuir et vivre caché, ou il sera arrêté et torturé. Et tout ce courage qui a germé de dessous cette chape de plomb !

Ma voix est sortie faiblement, mais j’ai pu l’entendre lui dire : «C’est toi le traître.» J’ai su qu’il m’a entendue car il s’est penché et m’a frappée violemment. Je suis tombée définitivement à terre, les choses ont commencé à vaciller, et avant de perdre complètement connaissance, j’ai pu ressentir de ma bouche ouverte le sang qui commençait à se déverser. Et j’ai compris ce parler populaire : «Je vais te faire cracher le sang…» J’étais en train d’apprendre, et je continue à le faire.

Traduit par Mayla Bakhache

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Les dictateurs du monde arabe s’accrochent, mais pour combien de temps ?


mercredi 3 août 2011 – 07h:43

Robert Fisk


Jamais en mal de pirouette, Walid Joumblatt a commencé à faire quelques commentaires très pessimistes quant à la Syrie.
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Immense manifestation contre la dictature en Syrie – Ville de Hama, 29 juillet 2011 – Photo : Reuters

C’est le dirigeant druze, chef du Parti socialiste progressiste libanais et « chef de guerre », qui a suggéré que le tribunal international de l’ONU sur l’assassinat en 2005 de l’ex-Premier ministre Rafic Hariri puisse être mis de côté dans l’intérêt de la « stabilité avant celui de la justice ». Il y a eu des hurlements de rage venant de Saad Hariri, le fils de l’ex-Premier ministre et actuellement en vadrouille dans le monde pour rester en dehors du Liban – et c’est compréhensible, en raison de ses propres craintes d’être assassiné – tandis que la Syrie-sœur se tient silencieuse à l’Est. Et maintenant Jumblatt déclare que certains en Syrie entravent les réformes.

Il semble que « certains » dans le régime du parti Baas ne veulent pas traduire dans les faits les promesses de réforme du président Bachar al-Assad. Les soldats ne devraient pas tirer sur les civils. Joumblatt dit que la leçon de la Norvège est aussi une leçon pour le régime syrien, et il n’a pas échappé au monde arabe que dans ses divagations sur Internet, Anders Breivik a également revendiqué que tous les Arabes quittent la Cisjordanie et Gaza.

Sans rien vous promettre, mais cela pourrait bien arriver – et combien je déteste ce cliché – le « point de basculement » en Syrie pourrait bien être atteint. Cent mille personnes (minimum) dans les rues de Homs, des soldats de l’académie militaire syrienne dans la ville ayant fait défection… Un train complet de passagers qui déraille – à cause des « saboteurs », selon les autorités syriennes, par le gouvernement lui-même, selon les manifestants qui réclament la fin de règne du parti Baas – et encore des tirs dans la nuit à Damas.

Assad espère-t-il toujours que les peurs du sectarisme maintiendront les Alaouites minoritaires, les chrétiens et les druzes derrière lui ? Les manifestants disent que leurs dirigeants sont assassinés par des hommes armés du gouvernement, que des centaines, voire des milliers de personnes ont été arrêtés. Vrai ?

Le long bras de la Syrie, bien sûr, peut encore aller loin. Dans Saïda, cinq soldats italiens de l’ONU ont été blessés après que Berlusconi se soit joint à l’UE en condamnant la Syrie. Puis Sarkozy s’est joint à la condamnation et – bang – cinq soldats français ont été blessés dans la même ville cette semaine. Une bombe sophistiquée.

Tout le monde soupçonne la Syrie. Personne ne sait. La Syrie a des partisans parmi les Palestiniens du camp de Ein el-Helweh à Saïda. Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, annonce ensuite que son mouvement va protéger face aux Israéliens les réserves pétrolières maritimes inexplorées du Liban – il y a un litige sur 550 miles carrés de Méditerranée au large de Tyr, qui peuvent ou pas appartenir au Liban – donc il y a là une autre cause de guerre.

Et puis, si nous retournons en Egypte, l’ancien président va être soumis à un procès avec ses fils Gamal et Alaa, ce mercredi, avec d’autres anciens favoris de Hosni Moubarak. Les ministres de la justice et des services de renseignement, d’anciens assistants de Moubarak, cependant, restent au gouvernement. Qu’est-ce que cela signifie ? Les anciens Mubarakites s’accrochent-ils encore ?

Les Saoudiens ont proposé des millions à l’armée égyptienne en échange que Moubarak ne passe pas en procès – nombreux sont ceux qui veulent pour lui la peine de mort, et l’armée aimerait le voir mort dès aujourd’hui – tout comme les Saoudiens sont prêts à tout donner pour le Bahreïn et tous les autres potentats du Moyen-Orient. Ils sont même prêts à accepter que Kadhafi soit jeté dehors – celui-ci a tenté d’assassiner leur roi de trop nombreuses fois.

Mais les Saoudiens n’ont pas encore compris de quelle manière Obama se comporte concernant la Syrie – pas plus, je le soupçonne, que Obama lui-même – mais le président américain doit être immensément heureux de ne pas avoir de troupes américaines au Liban. Nous savons tous ce qui est arrivé au dernier lot : 1983, la base des marines américains, 241 morts, un attentat suicide, la plus grand d’explosion depuis Nagasaki.

« Ils font passer Moubarak en procès », m’a dit un journaliste égyptien la semaine dernière. « Les rues seraient chauffées à blanc par la colère si cela ne se faisait pas. » Il promet que ce sera le procès du siècle en Egypte (The Independent sera présent). Ce qui m’amène à notre vieil ami Kadhafi, le dictateur arabe qui n’est pas tombé avec les autres despotes de sa région. En ce moment, le monde politique libyen semble être grouillant de Kérensky [prêt à prendre la place du Tsar déchu en 1917 – N.d.T] – en effet, l’échec des occidentaux à remporter la guerre pour le compte des Russes blancs contre les bolcheviks après le conflit de 1914-1918 pourraient également ramener quelques tristes fantômes pour les également malheureux mais multi-médaillés commandants de l’Otan. (La participation de Churchill pourrait être requise dans les bibliothèques de l’OTAN.)

En fait, l’échec des rebelles en Libye est probablement plus proche de la situation d’épuisement de Sharif Hussein après sa conquête de la Mecque en 1916. Celui-ci avait alors pris les armes de Lawrence et celles des britanniques (et de l’argent et des bottes sur le terrain) pour être remis sur ses pieds et à nouveau combattre les Turcs [pour être ensuite lâché par les Britanniques – N.d.T]. Hélas, il n’y a pas de Hussain Sharif en Libye.

Alors pourquoi nous impliquons-nous dans cette absurdité ? (Je ne tient pas compte des manigances meurtrières à Benghazi au cours des dernières 48 heures.) Pour les civils de Benghazi ? Peut-être. Mais pourquoi Sarkozy a-t-il lancé la première attaque ? Le professeur Peter Dale Scott de l’Université de Californie à Berkeley a ses propres idées. Kadhafi a essayé de créer une « Union africaine » soutenue par la monnaie de la Banque centrale et les réserves d’or de la Libye, et la France perdrait alors son extraordinaire influence financière dans ses anciennes colonies d’Afrique centrale. Le paquet de sanctions d’Obama, très médiatisé, contre la Libye – « le colonel Kadhafi, ses enfants et sa famille, et les membres supérieurs du gouvernement libyen… » – a contribué à obscurcir ce que sont « tous les biens et les intérêts … du gouvernement de la Libye … et de la Banque centrale de Libye ». Dans le sous-sol de la banque centrale, à Tripoli, en or et en devises, se trouvent l’équivalent de 20 milliards de livres sterling qui devaient être utilisés pour mettre en place trois projets de la fédération pour l’Afrique centrale.

Et pendant que nous sommes sur le sujet, passons en examen la guerre en Afghanistan. Voici les paroles d’un comité qui s’interroge sur notre guerre (et notre quasi-défaite) là-bas. « L’objet … est d’aider nos compatriotes à comprendre à travers quelles étapes ils ont été impliqués dans une guerre avec la nation afghane, et quels motifs sont associés à cette guerre par leurs auteurs. Nous avons été soudainement précipités dans cette guerre. Non seulement il n’y a eu aucune consultation du Parlement par notre gouvernement, aucune communication en direction de cette institution ni aucun changement de politique qui poussait à nous impliquer dans un conflit, mais, lorsque des questions ont été posées à ce sujet, les réponses données ont été calculées de façon à induire en erreur, à tromper la plupart des responsables et experts qui étaient sceptiques et à travers eux toute la nation. »

La citation provient de l’enquête parlementaire sur la seconde guerre afghane. Date : 1879.

(JPG)

Du même auteur :

-  Place Tahrir, la colère monte à nouveau : où est passée la révolution pour laquelle la foule s’est battue ? – 22 juillet 2011
-  Hama 1982 – 8 juillet 2011
-  Le dépotoir à despotes fait bon accueil au suivant sur la liste – 18 juin 2011
-  « J’ai vu ces courageux médecins tenter de sauver des vies » – 14 juin 2011
-  Le peuple contre le président – 9 juin 2011
-  L’avenir de la révolution se jouera-t-il au royaume du pétrole ? – 1° mars 2011
-  Egypte : 50 000 enfants des rues maltraités par le régime de Moubarak – 17 février 2011
-  L’armée resserre-t-elle sa griffe sur l’Egypte ? – 14 février 2011
-  Un tyran s’en va et toute une nation exulte – 12 février 2011
-  La révolution égyptienne met à nu le racisme occidental – 11 février 2011
-  Egypte : 3e semaine, 16e jour, et le régime s’enlise de plus en plus – 9 février 2011
-  Moubarak est sur le point de s’en aller – 6 février 2011

30 juillet 2011 – The Independent – Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.independent.co.uk/opinio…
Traduction : Claude Zurbach

Soirée samedi 11 juin : Le Printemps Arabe


Du Maroc au Bahreïn

من المغرب إلى المشرق

soutenons la révolution des peuples

مساندة ثورة الشعوب

Soyons solidaires pour soutenir

la quête de liberté de nos peuples respectifs

لكي نتحد لمساندة  شعوبنا في بحثهم للحرية

Marocains, Algériens, Tunisiens, Libyens, Egyptiens, Jordaniens,

Palestiniens, Syriens, Irakiens, Yéménites, Bahreïnites

المغرب-الجزائر-تونس-ليبيا-مصر-الأردن
فلسطين – سوريا -العراق-اليمن-البحرين

Soirée de rencontre

سهرة لقاء

des différentes communautés

  لمختلف الطوائف
Bilan , Réflexion   et Débat
موازنة, تأمّل وجدل

comment sauvegarder ensemble nos révolutions et atteindre

nos revendications

مل الحلّ للمحافضة معًا لثوراتنا والحصول على مطالبنا

Samedi 11 Juin 2011 19h –

38 Rue Melsens 1.000 B (Pl. Ste Catherine)

Samedi 11 Juin 2011                                                     Modérateur: Raouf Ben Ammar
18h –                                                                                        ORATEURS
38 Rue Melsens 1000 Bruxelles                                     Maroc : Fadi Benaddi
(Place Sainte Catherine)                                                  Tunisie: Hajer Triki
Lybie   : Abdelbaset Mohamed
PROGRAMME: 18 H ACCEUIL                              Egypte : Md Sayed al Ghryany
1ere PARTIE                                                                Bahreïn: Hani Alrayes

19 h Bilan de la situation des différentes révolutions       Palestine: Fatima Ghorra

20 h La parole à la salle                                                   Syrie :  Hassan Addaher
20h 45: PAUSE
2eme PARTIE
21 h: Comment sauvegarder ensemble
nos révolutions et atteindre nos revendications
مل الحلّ للمحافضة معًا لثوراتنا والحصول على مطالبنا

Possibilité sandwiches, desserts, confiseries, boissons, jeux, ambiance, etc
PAF:3,50 €

Possibilité stand pour Associations, Organisations, Collectifs, … : 10€

Journée mondiale de soutien aux soulèvements populaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient


Suite à l’appel lancé par le Forum social mondial de faire du 20 mars, une journée mondiale de soutien aux soulèvements populaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, Vrede VZW et la CNAPD appellent à la journée mondiale de soutien aux soulèvements populaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, , Vrede VZW et la CNAPD appellent à la

MANIFESTATION NATIONALE CE DIMANCHE 20 MARS

A 14H

Départ : Gare du Nord

Cette manifestation sera l’occasion pour nous de:

1. Marquer notre solidarité avec les soulèvements pour la liberté, les droits démocratiques et le progrès social en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ;

2. Condamner le soutien politique, économique et militaire de l’Occident aux régimes dictatoriaux ;

3. Appeler l’Union européenne et ses États-Membres à soutenir un développement économique et social juste ;

4. Réclamer le respect de la souveraineté des pays et des peuples en question.

Plusieurs organisations ont déjà marqué leur soutien à cette manifestation et nous espérons que la liste prendra de l’ampleur en fil des jours!

Au nom de la plateforme,
Isabelle Grippa, CNAPD
Ludo De Brabander, Vrede VZW

Liste des signataires:

11.11.11 – Koepel van de Vlaamse Noord Zuid-Beweging, Aardewerk, ABP, ACW, Artsen voor Vrede, AWSA, BOEH!, Broederlijk Delen, BRussells tribunal, CETRI – Centre Tricontinental, CNCD – 11.11.11, CNAPD, Comité de Vigilance pour la Démocratie en Tunisie, Culturencentrum Pianofabriek, EcoloJ, Egalité, fos- Socialistische Solidariteit, Greenpeace, intal, Jeunes anticapitalistes – Jongeren antikapitalisten, Käthe Kollwitz Vredesloop, Kif Kif, Links Ecologisch Forum, Linkse Socialistische Partij / Parti Socialiste de Lutte (LSP-PSL), MCP, Mensen zonder Papieren, MIR-IRG, Mouvement Ouvrier Chrétien (MOC), PVDA/PTB, RCN Justice et démocratie, SAP-LCR, SCI-Projets internationaux, Solidariteitsgroep met de Egyptische, Tourisme autrement, Tunesische en Libische revoluties en de volkeren in beweging, Vaka/Hand in Hand vzw, Vonk/Unité Socialiste, Vrede vzw, Vredeshuis Aalst, Vrouwen Overleg Komitee, Wereldsolidariteit/Solidarité Mondiale

Volgens de oproep van het wereld sociaal forum om op de 20 maart wereldwijd steunbetogingen te organiseren, roepen Vrede VZW en CNAPD een

NATIONALE BETOGING ZONDAG 20 MAART 14U

In solidariteit met het volk van Noord-Afrika en het Midden-Oosten

Vertrek: Brussel-Noord

Door deze betoging:

1. Zijn wesolidair met de volksopstanden voor vrijheid, democratische
rechten en sociale vooruitgang in Noord-Afrika en het Midden-Oosten

2. Veroordelen we de politieke, economische en militaire steun van het
Westen aan de dictatoriale regimes.

3. Roepen we de Europese Unie en haar lidstaten op om een rechtvaardige
economische en sociale ontwikkeling te steunen.
4. Eisen we respect voor de soevereiniteit van de betrokken landen en
volkeren.

Een aantal verenigingen hebben deze oproep reeds ondertekend. Wij hopen deze lijst steeds meer groter te zien!

Namens het samenwerkingsverband,

Ludo De Brabander, Vrede vzw
Isabelle Grippa, CNAPD

Handtekeningen lijst:

11.11.11 – Koepel van de Vlaamse Noord Zuid-Beweging, Aardewerk, ABP,ACW, Artsen voor Vrede, AWSA, BOEH!, Broederlijk Delen, BRussells tribunal, CETRI – Centre Tricontinental, CNCD – 11.11.11, CNAPD, Comité de Vigilance pour la Démocratie en Tunisie, Culturencentrum Pianofabriek, EcoloJ, Egalité, fos- Socialistische Solidariteit, Greenpeace, intal, Jeunes anticapitalistes – Jongeren antikapitalisten, Käthe Kollwitz Vredesloop, Kif Kif, Links Ecologisch Forum, Linkse Socialistische Partij / Parti Socialiste de Lutte (LSP-PSL), MCP, Mensen zonder Papieren, MIR-IRG, Mouvement Ouvrier Chrétien (MOC), PVDA/PTB, RCN Justice et démocratie, SAP-LCR, SCI-Projets internationaux, Solidariteitsgroep met de Egyptische, Tourisme autrement, Tunesische en Libische revoluties en de volkeren in beweging, Vaka/Hand in Hand vzw, Vonk/Unité Socialiste, Vrede vzw, Vredeshuis Aalst, Vrouwen Overleg Komitee, Wereldsolidariteit/Solidarité Mondiale

Abraham Serfaty, mort d’une figure hors du commun de l’opposition marocaine


Samedi 5 mars 2011 à 19H 

Salle de la Centrale Générale FGTB
Rue Watteeuw, 2 – 6
1000 Bruxelles

Abraham Serfaty, mort d’une figure hors du commun de l’opposition marocaine
Abraham Serfaty, militant anticolonialiste marocain, est mort le 18 novembre 2010, à l’âge de 84 ans. Figure hors du commun de l’opposition marocaine, opposant farouche à Hassan II, son itinéraire est emblématique de toute une génération, celle de la gauche radicale marxiste-léniniste. Cet homme était une montagne de détermination et de conviction, que ni la torture, ni la prison, ni l’exile n’ont réussi à ébranler. Il était le témoin engagé d’une époque noire, celle des « années de plomb » qui ont marqué le règne de Hassan II, et dont les séquelles se font encore sentir aujourd’hui au royaume de Mohamed VI.
Né en 1926 à Casablanca dans une famille juive, il adhère au PCF entre 1945 et 1949 (il est alors élève ingénieur aux Mines de Paris) et s’engage dans le combat pour l’indépendance de son pays. Il participe ensuite à la mise en place des nouvelles institutions. Il milite au sein du mouvement communiste marocain, mais rompt avec lui en 1970 et crée, avec d’autres militants de la gauche radicale, le mouvement Ilal Amam (En avant).
Arrêté une première fois en 1972, il entre dans la clandestinité avant d’être à nouveau incarcéré en 1974. Il croupira pendant plus de dix-sept ans en prison, notamment à Kénitra, où il sera torturé. Devenu un des plus célèbres prisonniers marocains, il sera libéré en septembre 1991 suite à une campagne internationale de solidarité, mais déchu de sa nationalité et expulsé du Maroc. Il ne sera autorisé à récupérer sa nationalité et à rentrer dans son pays qu’en août 1999, après l’avènement sur le trône de Mohamed VI.
Juif antisioniste, militant anticolonialiste, il a soutenu toutes les luttes pour l’autodétermination: celles des Palestiniens comme celle des Sahraouis. Tous ceux qui l’ont bien connu, rencontré, lu ses écrits ou simplement entendu parler de lui, garderont de cet homme le souvenir d’un exemple à suivre dans la lutte, la détermination et la fidélité jusqu’au bout aux nobles principes et convictions.
Programme de la cérémonie d’hommage à Abraham Serfaty
19H00: accueil
19H30: mot de bienvenue du comité organisateur
19H40: présentation des invités d’honneur
19H45: Prises de parole:
Pierre Galand: Président du CAL
Stefaan Declercq: Secrétaire Général de OXFAM Solidarité
Philippe Mahoux: Sénateur PS
Vincent Lurquin: Député Ecolo au Parlement bruxellois
Benjamin Pestiau: Président du PTB-Bruxelles
Jacques Debatty: Président du MOC – Bruxelles
FGTB Inter-Régionale de Bruxelles: orateur non précisé
Phlippe Hensmans: Directeur de Amnesty International Belgique Francophone
Abderrahim Berrada: Avocat et ami de Abraham Serfaty
Abdellah El Harrif: Secrétaire National de Annahj Addimocrati (La Voix Démocratique) et compagnon politique et de détention de Abraham Serfaty
Abdeslam Sbaiti: compagnon politique et ami de Abraham Serfaty
21H45: prises de parole dans la salle
22H15: Lecture d’extraits de textes écrits par Abraham Serfaty
22H30: Fin de la soirée d’hommage à Abraham Serfaty
Date: Samedi 5 mars 2011 à 19H
Lieu: Salle de la Centrale Générale FGTB
Rue Watteeuw, 2 – 6 à 1000 Bruxelles
(entre Sablon et Palais de Justice)
Transports: Trams 92 ét 94 (arrêt Sablon) – Bus: 95 (arrêt Sablon)
Comité organisateur: A. M. B. D. H. – Annahj Addimocrati (Belgique) – USFP (Belgique) – PSU (Belgique) PADS (Fédération Europe) – Comité de Soutien à l’AMDH en Belgique

Avec le soutien de: Centre d’Action Laique – CAL – OXFAM Solidarité – Amnesty International Belgique Francophone Mouvement Ouvrier Chrétien (MOC – Bruxelles) – FGTB – Inter Régionale Bruxelles PS – Ecolo – PTB – LCR – CIC – Comité de Soutien à l’AMDH

Des milliers de Jordaniens manifestent contre la vie chère et pour des réformes politiques


vendredi 28 janvier 2011, par La Rédaction

La vague de protestations se poursuit au Proche-Orient. Plus de 3 000 personnes, selon la police, sont descendues dans la rue après la prière, vendredi 28 janvier à Amman, la capitale de la Jordanie, pour protester contre la vie chère et la politique économique du gouvernement, avec l’Egypte et la Tunisie en toile de fond.
’O Egypte, déploie tes hommes et débarrasse-nous d’Hosni Moubarak’, ’Hosni Moubarak, l’avion t’attend’, ’Salutations au peuple égyptien, toute la nation s’inspire de vous’, ’Ben Ali, attention, Hosni Moubarak va te rejoindre’, ’Salutations chaleureuses à la puissante Tunisie’, scandaient les manifestants en brandissant des drapeaux jordaniens et ceux de leurs partis.
Ils répondaient à l’appel de la confrérie des Frères musulmans et de sa branche politique, le Front de l’action islamique, à manifester ’contre la vie chère et pour des réformes politiques’. Sur les banderoles, on pouvait ainsi lire : ’A bas le gouvernement Rifaï’ (en référence au premier ministre jordanien, Samir Rifaï), ’Nous voulons un gouvernement de salut national’, ’Pas d’alternative aux réformes politiques’, ’Ensemble pour des réformes politiques et économiques’.
Des partis politiques de gauche et des syndicats professionnels participaient au défilé, lequel était encadré par un important dispositif policier. A la mi-journée, aucun incident n’avait été enregistré. Des manifestations avaient lieu également à Irbid, ville située au nord de la capitale jordanienne, Al-Karak, Maan et Diban, dans le sud du pays, avec une première estimation totale de ’près 2 000 personnes’, selon le porte-parole de la police, Mohamad Khatib.
Ces manifestations contre la vie chère sont les troisièmes dans le royaume depuis la chute de l’ex-président tunisien Ben Ali. Le gouvernement a annoncé le déblocage de près 500 millions de dollars (365 millions d’euros) pour augmenter les salaires des fonctionnaires et des retraités civils et militaires, favoriser la création d’emplois et faire baisser les prix.

(Vendredi, 28 janvier 2011 – Avec les agences de presse)