Netanyahu: « allez vous faire voir… mais n’oubliez pas le cheque a la sortie… »


Michael Warschawski

Le culot israelien est une image de marque de notre societe, et il a rarement de limites. Apres avoir affublé l’administration américaine de tous les noms d’oiseaux possibles et imaginables, apres avoir quasiment traite le Président Obama d’idiot du village, travaille activement a sa non-réélection et tente de saboter le traite avec l’Iran, le gouvernement israélien négocie aujourd’hui avec cette même administration le montant de l’aide militaire pour la décennie a venir.

Jusqu’à present, a hauteur de 3.5 milliards de dollars par an, les Israeliens voudraient augmenter l’aide a 4 milliards. Les relations tendues entre Tel Aviv et Washington se reflettent dans ces negociations, a la fois en ce qui concerne le montant de l’aide militaire et les modalites de paiement. En effet, Israel est censé depenser les milliards de dollars que lui octroient les Etats-Unis dans l’achat d’equipements americains, ce qui fait de l’aide a Israel egalement une aide indirecte a l’industrie militaire etats-unienne. Netanyahu dont, comme dit, le culot n’a pas de limite, voudrait aujourd’hui changer les regles du jeu et investir l’aide americaine dans la production d’armes et d’equipements « made in Israel ».

Les commentateurs israeliens accusent Netanyahu d’avoir obtenu moins que ce qui semblait etre possible a cause de son attitude arrogante et denuee de toute civilite vis-à-vis d’Obama et de son administration. Ceci dit, le soutien americain et l’alliance strategique entre les deux pays ne sont pas remis en question, ni par Israel pour qui c’est une question existentielle, ni par les Etats-Unis… pour qui cette alliance est en fait une bonne affaire. En effet, avec l’Etat d’Israel Washington dispose de ce qu’on peut appeler un porte-avion operationnel qui lui revient beaucoup moins cher qu’une 8eme flotte, et dans la mesure ou des soldats doivent y laisser leurs vies, ils ne seront pas americains. Somme toute, meme quatre milliards restent une bonne affaire pour les Etats-Unis.

Ce n’est donc pas l’efficacite des lobbyes – evangeliste ou juif – qui se trouvent a la base du soutien americain a Israel, mais de interets strategiques americains bien compris. A court et moyen terme en tout cas. Car a plus long terme, Israël et sa politique jusqu’au boutiste peut devenir un boulet pour les américains: deux chercheurs israéliens, Elie Podeh et Nimrod Goren ont récemment publie un article (Haaretz, 22.6.2016) ou ils énoncent les cinq « non » du gouvernement israelien actuel aux diverses initiatives visant a mettre fin au conflit en Palestine, du Plan de Paix de la Ligue Arabe a l’initiative francaise (reprise par l’Union europeenne) d’une conference de paix internationale, initiatives soutenues plus ou moins ouvertement par les Etats-Unis.

Ce que les deux chercheurs mettent en evidence, ce n’est pas simplement le rejet israelien de toutes ces initiatives, mais l’arrogance et le mepris qu’expriment les dirigeants israeliens dans leur refus. Ils écrivent: « les réactions négatives israéliennes aux initiatives internationales sont préoccupantes nont seulement dans leur contenu, mais aussi dans leur style. D’une facon generale elles sont redigees dans un langage sans finesse, et dans de nombreux cas elles sont vexantes et arrogantes. Et ce, malgre le fait que ces intiatives proviennent souvent d’Etats qui sont des amis d’Israel. »

Combien de temps encore la dite communaute internationale continuera a supporter l’arrogance et la grossierte des dirigeants israeliens? La question merite d’etre posee, mais il y’a peu de chances que le trio Netanyahu-Lieberman-Benett se la posera.

« Gaza est le symbole de ce qu’un pouvoir militariste et colonial peut faire de pire »


ENTRETIEN RÉALISÉ PAR ROSA MOUSSAOUI
Yonathan Shapira

Yonathan Shapira
dr
Ancien pilote d’hélicoptère, Yonathan Shapira a été mis au ban de l’armée israélienne en 2003 pour avoir dénoncé ses méthodes. Il soutient aujourd’hui les appelés et les réservistes qui refusent de servir à Gaza.
Tel Aviv, envoyée spéciale 
Quel est le sens du combat des refuzniks israéliens ?
Yonathan Shapira. Ces jeunes gens et ces jeunes filles qui rendent public leur refus de servir sont pour nous source d’espoir. Aucun changement ne viendra de ceux qui sont intégrés au système. Ancien pilote d’hélicoptère, Yonatan Shapira  a quitté l’armée israélienne en 2003 après avoir dénoncé ses méthodes. Il soutient aujourd’hui les appelés et les réservistes qui refusent de servir à Gaza.
Quel est le sens du combat des refuzniks israéliens ?
Yonatan Shapira. A Gaza, Israël sème la mort et la destruction. Ceux qui refusent de prendre part à cette folie en rendant public leur refus de servir sont une lueur d’espoir. Aucun changement ne viendra de ceux qui sont intégrés au système, qui larguent en ce moment même des bombes sur des enfants palestiniens. Les enfants, les adolescents subissent en Israël un lavage de cerveau orchestré par le système éducatif, par les médias. Mais certains échappent à ce formatage. lls sont comme des nénuphars flottant sur les eaux sales d’un marais d’obéissance et d’ignorance.
Ce phénomène prend-il de l’ampleur?
Yonatan Shapira. Des jeunes de plus en plus nombreux évitent le service militaire par différentes techniques. La plupart invoquent des problèmes personnels ou psychologiques. Mais ceux qui déclarent publiquement qu’ils refusent d’aller à l’armée pour des raisons politiques, à cause des crimes de guerre, de l’apartheid, de l’occupation restent encore très  peu nombreux. Il faut dire que ceux qui refusent de servir en dénonçant les massacres sont jetés en prison.
Quelles sont les conséquences pour ces objecteurs de conscience?
Yonatan Shapira. Il sont incarcérés sur décision du commandant du centre de recrutement, sans passer devant un tribunal, pour les priver de toute tribune leur permettant d’exposer publiquement les raisons de leur refus. Ils restent deux semaines à un mois en prison et lorsqu’ils en ressortent, ils sont de nouveau incarcérés. L’un d’entre eux est en prison depuis le mois d’avril, avec ce système d’aller retour. Quant aux conséquences à long terme, dans une société militarisée comme la nôtre, certains objecteurs de conscience peinent à trouver du travail.
Pour vous, quel fut le point de basculement?
Yonatan Shapira. Je n’ai pas autant de mérite que ces jeunes objecteurs de conscience. Je me suis engagé dans l’armée, j’ai servi durant de longues années comme pilote d’hélicoptère. Longtemps témoins des méthodes de cette armée, j’ai finalement ouvert les yeux et pris conscience que je me battais du mauvais côté. Je ne voulais plus être l’un des rouages de ce système de violence, qui sème la mort et la destruction. Je n’ai pas, moi même, appuyé sur les déclencheurs qui larguent les bombes. Mais peu importe. J’étais responsable de servir un tel système.
Comment jugez-vous la  guerre en cours à Gaza?
Yonatan Shapira. Ce massacre d’innocents est un crime contre l’humanité. C’est pour Israël une façon brutale de tenter de détruire l’unité entre le Hamas et le Fatah, en prenant pour cible 1, 8 millions de personnes. Nous ne devrions pas oublier que cette guerre a été précédée d’une opération folle en Cisjordanie. Des Palestiniens ont été tués, près de 500 d’entre eux ont été kidnappés et jetés en prison, en guise de réaction au meurtre des trois adolescents israéliens. Gaza est le symbole de ce qu’un pouvoir militariste et colonial peut faire de pire.
Dans une situation si grave, comment imaginer encore un chemin de paix? 
Yonatan Shapira.  À  mes yeux, entre le Jourdain et la mer, chacun, qu’il soit juif, chrétien ou musulman, athée,  devrait être libre d’aller et venir, de vivre où il veut, de quitter le pays et d’y revenir. Ce qui fait aujourd’hui obstacle à la paix, c’est cette classe d’Israéliens qui se croit supérieure aux gens qui vivent sur cette terre. Ils appellent cela « démocratie » mais en pratique, Israël contrôle la vie de près de 4 millions de personnes dont les droits sont confisqués. Peu importe la forme, l’essentiel  est que tous puissent vivre sur cette terre en citoyens égaux, qu’il y ait ou non des frontières.

20 novembre : Israël en proie au démon de la chasse aux sorcières


Samedi 20 novembre 2010 — de 14:00 à 18 heures
En la salle Dom Helder Camara, 19 rue Pletinckx – 1000 Bruxelles
L’Union des Progressistes Juifs de Belgique
Vous invite à une
DEMI-JOURNÉE DE RÉFLEXION
Su le thème
Israël en proie au démon de la chasse aux sorcières
Il y a quelques mois, l’Union des progressistes juifs de Belgique organisait, en  collaboration avec Dor Hashalom et le Cercle des étudiants arabo­européens de l’ULB, une soirée d’information consacrée aux discriminations dont est victime la population palestino-israélienne, ainsi qu’à sa place et à son avenir dans la société israélienne. Une des conclusions de cette soirée était que si Israël était une démocratie pour sa population juive, il était loin de l’être pour sa population palestinienne.

Ce constat doit, aujourd’hui, être fortement remis en question. Non pas qu’Israël soit soudain devenu une démocratie pour sa population palestinienne, mais il ne l’est plus non plus pour une partie de sa population juive.

On assiste en effet depuis plusieurs mois à ce qu’il n’est pas excessif de qualifier de chasse aux sorcières contre les organisations de défense des droits de l’Homme engagées contre l’occupation et la colonisation des territoires palestiniens.

La campagne a été initiée par le mouvement Im Tirtzu (Si vous le voulez)  – un groupuscule d’étudiants d’extrême droite, dont le nom fait référence à la phrase de Théodore Herzl : « Si vous le voulez, ce ne sera pas une légende » –, qui accuse des ONG israéliennes d’avoir collaboré avec le juge Goldstone en fournissant à celui-ci « 92% des références négatives » contenues dans son rapport concernant l’agression contre la bande de G aza perprétée par l’armée israélienne en décembre 2008 et janvier 2009. On ne les accuse pas d’avoir fourni de fausses informations, mais « tout simplement » de mettre en cause l’existence d’Israël et de représenter un « danger pour la nation » en délégitimant Israël à l’étranger.
Parmi les ONG visées : B’Tselem, Breaking the Silence, l’Association pour les droits civiques en Israël, le Comité public contre la torture, Médecins pour les droits de l’Homme, Yesh Din, Hamoked… soit les principales organisations qui défendent les droits des Palestiniens, donnent la parole aux soldats israéliens muselés par la censure militaire et, d’une manière générale, mènent le combat pour la liberté d’expression.

C’est pour faire le point sur ce que des éditorialistes israéliens réputés n’hésitent pas à qualifier de « flambée maccarthyste » que nous vous invitons à cette demi-journée d’information et de débat en présence de représentants d’associations visées par cette campagne de dénigrement et de stigmatisation particulièrement violente.

Nos invités :

Talila Koch : membre du mouvement New Profile, Mouvement pour la civilisation de la société israélienne et de soutien aux Refuzniks.


Ishai Menuchin : directeur exécutif du Comité public contre la torture en Israël, conférencier au département social et politique de l’université Ben Gourion du Neguev. Il fut l’un des premiers refuzniks lors de la première guerre du Liban en 1982.


Miri Weingarten : membre de l’organisation Médecins pour les droits humains


Yuval Yoaz : journaliste spécialisé dans les questions judiciaires et les droits de l’homme (Ha’aretz et Globes)


Modérateur : Pascal Fenaux, journaliste

PAF : 2 euros

Traduction simultanée assurée.

Cette activité bénéficie du soutien de la Fondation Heinrich Böll et du Mouvement ouvrier chrétien.

Le convoi terrestre humanitaire pour Gaza arrive à la frontière gréco-turque


mercredi 29 septembre 2010, par La Rédaction

Une dizaine de véhicules, avec à bord 40 militants de l’organisation Viva Palestine en route pour Gaza, se dirigeait lundi 27 septembre vers Istanbul après avoir quitté Alexandroupolis (Grèce) près de la frontière avec la Turquie, a-t-on appris de source policière locale. Comprenant des vans, des voitures, des ambulances, ce convoi est passé samedi par Salonique, deuxième ville grecque, dans le nord du pays, a indiqué la même source. Arborant des drapeaux palestiniens, le convoi prévoyait d’arriver lundi à Istanbul et de se rendre ensuite en Égypte, selon la source policière.
Selon le site de l’organisation, le convoi terrestre a quitté Londres le 12 septembre, s’est arrêté à Lyon (France) et à Milan (Italie) avant d’arriver en Grèce, d’où il prévoit de continuer dans l’objectif de finalement parvenir à Gaza.
Viva Palestine est une organisation fondée par l’ancien député britannique George Galloway, opposé à la guerre en Irak, qui a déjà organisé trois autres convois du même type pour Gaza au cours des 18 derniers mois, pour amener des véhicules et de l’aide matérielle à Gaza. Une flottille humanitaire qui tentait de briser le blocus à Gaza, comprenant sept bateaux, avait été prise d’assaut par la marine israélienne le 31 mai. Le bateau turc, Mavi-Marmara, avait été le plus visé par l’assaut israélien, qui avait coûté la vie à neuf passagers turcs.

(Mercredi, 29 septembre 2010 – Avec les agences de presse)

Photo : L’ancien député britannique Gorge Galloway, troisième à partir de la gauche, qui dirige l’association « Viva Palestine », en recueillement au cimetière Musulman d’Istanbul, en compagnie des représentants de l’organisation turque IHH. Mardi, 28 septembre 2010.

Z32


Le jeudi 17 décembre à 21 heures 30

au cinéma Arenberg

ATTAC-Bruxelles présente

un formidable acte politique, une comédie burlesque,

une splendide expérimentation plastique, et un film d’amour très fort

Z32

du réalisateur israélien Avi MOGRABI

Z32 est le nom de code d’un ancien soldat de Tsahal.

Coupable de crime de guerre pour avoir participé

à une opération de représailles dans les territoires occupés.

A partir de son témoignage, Avi Mograbi réalise ici un film explosif.

Un film renversant, d’autant plus qu’il est sorti juste après l’offensive sur Gaza.

Courageux et tenace, Mograbi ne cède pas un pouce de terrain politique ou artistique

face à la machine de mort israélienne.

Une démarche hors normes, car elle interroge le cinéma à l’endroit où ça fait mal.

DÈS 20 HEURES 30, LE GRAND DÉBAT :

«GAZA, de l’enfer à l’enfermement… :

un an plus tard, c’est toujours la guerre»

avec les témoignages de militants des droits de l’Homme

qui viennent de visiter récemment les territoires occupés et la bande de Gaza…

dont

Marc ABRAMOWICZ

membre de l’association Pour une paix juste au Moyen-Orient

et Marianne BLUME

ex-professeur de français à l’université Al Azhar de Gaza

ARENBERG

26 Galerie de la Reine

Z32

Israël 2009 ê Durée : 81 minutes ê Prix d’entrée unique : 6,2 euros (sauf pour les Article 27)

Attac-Bruxelles 1, 16 avenue Nouvelle à 1040 Bruxelles

Téléphone : 0494 / 808 854 ê mail : bxl1@attac.be ê site : http://www.bxl.attac.be/spip/

« Comme la lumière parmi les nations »


Gilad Atzmon

« Israël est comme la lumière brillant parmi les nations », affirme la Torah. C’est vrai, et pas seulement parce que c’est la Torah qui le dit… : Israël est en avance sur tout le monde, sur bien des fronts. Tenez, par exemple : dans sa manière de terroriser des populations civiles et de pratiquer les tactiques les plus dévastatrices qui furent jamais inventées contre des vieillards, des femmes et des enfants.

suite

Israël, au risque de l’isolement


Gideon Levy

Ha’aretz

levy_gideon-2

Israël frappe et frappe encore. Il frappe ses ennemis, et désormais il s’en prend aussi à ses amis qui osent ne pas partager complètement ses choix politiques.

Récemment, Israël s’en est pris au reste du monde, lui portant coup après coup. Alors que la Chine ne s’est toujours pas remise de l’absence du ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman à la réception à l’ambassade de Tel-Aviv – lourde punition pour le soutien de la Chine au rapport Goldstone – la France panse ses plaies après que le Premier ministre Benjamin Netanyahu ait mis son « veto » à une visite de son ministre des Affaires Etrangères à Gaza. Et Israël vient à nouveau de porter un coup sévère : son ambassadeur à Washington, Michael Oren, va boycotter la semaine prochaine la conférence organisée par J Street, la nouvelle organisation de lobby pro-israélien (1) .

suite

Eyal Sivan


Le réalisateur israélien Eyal Sivan a décidé de ne pas accepter l’invitation du Forum des images, à Paris, qui prévoit de projeter son dernier film Jaffa, La mécanique de l’orange. Dans une lettre adressée aux organisateurs de la rétrospective sur le centenaire de la capitale israélienne Tel-Aviv, le cinéaste explique les raisons de sa décision. Une lettre sans concession pour le régime « d’apartheid » israélien.

Eyal Sivan

Je vous écris suite à la demande que vous avez adressée à mes producteurs, Mme Trabelsi et M. Eskenazi, de programmer mon dernier film « Jaffa, La mécanique de l’orange » dans la rétrospective ’Tel-Aviv, le Paradoxe’ que vous organisez le mois prochain au Forum des Images, dans le cadre de la célébration du centenaire de la ville de Tel-Aviv.

Je tiens d’abord à vous remercier pour votre offre de participer à cet événement et je vous demande d’excuser mon retard à répondre à vos chaleureuses sollicitations. Je suis sincèrement honoré que vous ayez envisagé de programmer mon film « Jaffa, La mécanique de l’orange » pour clôturer votre rétrospective. Toutefois, après mûre réflexion, j’ai décidé de décliner votre invitation. Les raisons de cette décision sont complexes et de nature politique, c’est pourquoi je voudrais, si vous le voulez bien, vous les expliquer dans le détail.

Comme vous le savez probablement, l’ensemble de mon travail cinématographique, qui compte plus de quinze films, a principalement pour objets la société israélienne et le conflit israélo-palestinien. En m’opposant à la politique israélienne à l’égard du peuple palestinien, je me suis toujours efforcé d’agir indépendamment pour qu’il n’y ait aucune ambiguïté sur le fait que je ne représente pas la « démocratie (juive) israélienne « . C’est pourquoi, depuis le tout début de ma carrière cinématographique, il y a plus de 20 ans, je n’ai jamais bénéficié d’aucune aide ou d’aucun support d’une quelconque institution officielle israélienne.

J’ai toujours agi de manière à éviter que mon travail puisse être instrumentalisé et revendiqué comme une preuve de l’attitude libérale d’Israël ; une liberté d’expression et une tolérance qui ne sont accordées par l’autorité israélienne qu’à l’égard, bien sûr, des critiques juives israéliennes.

La politique raciste et fasciste du gouvernement israélien et le silence complice de la plupart de ses milieux culturels pendant le récent carnage opéré à Gaza comme face à l’occupation continue et aux violations des droits humains et aux multiples discriminations à l’égard des Palestiniens sous occupation, ou ceux, citoyens palestiniens de l’Etat israélien – toutes ces raisons justifient que je maintienne une distance vis-à-vis de tout événement qui pourrait être interprété comme une célébration de la réussite culturelle en Israël ou un cautionnement de la normalité du mode de vie israélien. Puisque votre rétrospective fait partie de la campagne internationale de célébration du centenaire de Tel-Aviv et qu’elle bénéficie, à ce titre, du soutien du gouvernement israélien, je ne peux que décliner votre invitation.

Par ailleurs, considérant les attaques blessantes, humiliantes et continues dont mon travail fait l’objet, tant en France qu’en Israël, et les très rares confrères israéliens qui se sont exprimés pour me défendre et manifester leur solidarité sincère (je ne tiens pas compte des déclarations de principe en faveur du privilège hégémonique de la « liberté d’expression »), il ne m’est pas possible de me sentir solidaire d’un tel groupe.

Je ne peux être associé à une rétrospective qui célèbre des artistes et cinéastes jouissant d’une position de privilège absolu et d’une totale immunité, mais qui ont choisi de se taire quand des crimes de guerre étaient commis au Liban ou à Gaza et qui continuent d’éviter de s’exprimer clairement au sujet de la brutale répression des populations palestiniennes, du blocus de trois ans et de l’enfermement de plus d’un million de personnes dans la Bande de Gaza.

Je tiens à me démarquer de ceux de mes collègues qui utilisent de façon opportuniste, voire cynique, le conflit et l’occupation comme décor de leurs travaux cinématographiques, et comme représentation néo-exotique de notre pays – pratiques qui peuvent expliquer leur succès en Occident, et particulièrement en France – et je refuse d’être associé à eux dans le cadre de votre manifestation.

Même si votre invitation avait suscité chez moi une seconde d’hésitation, celle-ci aurait été balayée à la lecture, il y a une quinzaine de jours, d’un article signé d’Ariel Schweitzer, l’organisateur de votre rétrospective, et publié dans Le Monde. Dans cet article qui s’opposait au boycott culturel de l’establishment israélien, il déclare : “Des mauvaises langues diront que cette politique cultuelle sert d’alibi, visant à donner du pays l’image d’une démocratie éclairée, une posture qui masque sa véritable attitude répressive à l’égard des Palestiniens. Admettons. Mais je préfère franchement cette politique culturelle à la situation existante dans bien des pays de la région où l’on ne peut point faire des films politiques et sûrement pas avec l’aide de l’Etat.”

Sur ce point, il me faut remercier votre organisateur M. Schweitzer pour sa naïve sincérité et pour ses arguments sectaires qui m’ont permis d’articuler les raisons pour lesquelles je préfère garder mes distances vis-à-vis de votre rétrospective et d’autres événements semblables. Car comme le confirme M. Schweitzer ils sont, en effet, une célébration de la politique culturelle israélienne et une défense de l’idéologie du ‘moindre mal’.

Tant mon histoire et ma tradition juives que mes convictions et mon éthique personnelles m’obligent, dans les circonstances politiques actuelles – alors que les autorités des démocraties occidentales et leurs intelligentsias ont fait le choix de rester aux côtés de la politique criminelle israélienne – à m’opposer publiquement par cet acte ferme et non-violent à l’actuel régime d’apartheid qui existe aujourd’hui, en Israël.

Je terminerai en reprenant les termes de mon collègue et ami le célèbre réalisateur palestinien Michel Khleifi qui ne cesse de nous rappeler que le défi auquel nous devons faire face, en tant qu’artistes et intellectuels, est de poursuivre nos travaux non pas GRACE A la démocratie israélienne, mais MALGRE elle.

C’est pourquoi, toujours de manière non-violente, je continuerai à m’opposer, et à inciter mes pairs à faire de même, contre le régime israélien d’apartheid et contre le « traitement spécial » réservé dans les démocraties occidentales à la culture israélienne officielle d’opposition.

Souhaitant que vous accepterez et comprendrez ma position, et espérant avoir l’opportunité de montrer mon travail dans d’autres circonstances.

Croyez en ma gratitude et mon respect,

Eyal Sivan, Filmmaker Research Professor in Media Production School of Humanities and Social Sciences University of East London (UEL) United-Kingdom

Boycott, Désinvestissement, Sanctions contre Israël : réponse à Uri Avnery


Michel Warschawski

Uri Avnery à Bil'in lors d'une manifestation conjointe entre Palestiniens et Israéliens

Uri Avnery à Bil'in lors d'une manifestation conjointe entre Palestiniens et Israéliens

L’appel pour le « BDS » – Boycott, Désinvestissement, Sanctions – a finalement atteint l’opinion publique israélienne. La décision de la Norvège de retirer ses fonds des sociétés israéliennes impliquées dans la construction des colonies a fait la différence, et a représenté le premier grand succès de cette campagne importante.

Après avoir ignoré la campagne pour le BDS pendant plusieurs années, Uri Avnery s’est finalement senti obligé de réagir, à deux reprises, dans son blog. Comme Uri, je réagis rarement aux opinions des autres dans mon propre blog, comme il le dit avec délicatesse : « je ne veux pas imposer mes vues, je veux juste apporter des éléments pour la réflexion, et je laisse le lecteur se former sa propre opinion ». Certains arguments mis en avant par Avnery, cependant, requièrent une réponse, car ils peuvent égarer ses lecteurs.

En dépit du fait que j’ai parfois des désaccords avec Avnery – quoique beaucoup moins que dans le passé – j’ai un grand respect pour l’homme, pour le journaliste, pour le militant, pour le commentateur politique, et depuis la banqueroute de « la Paix Maintenant » au cours du «processus d’Oslo, nous avons souvent milité ensemble côte à côte, et j’oserais dire que nous sommes devenus amis. C’est pourquoi je me sens obligé de réagir à sa critique de la campagne BDS.

suite