L’Amérique moins amie d’Israël


Soutenu par le Congrès, Obama réclame le gel des colonies et un Etat palestinien.

C’est une bonne nouvelle pour Barack Obama : plus de 400 élus de la Chambre des représentants et du Sénat américain viennent de signer une lettre pour l’appeler à intensifier ses efforts en faveur de la paix au Proche-Orient. Jusqu’alors, le Congrès avait plutôt l’image d’une chambre d’enregistrement des quatre volontés de l’Etat hébreu. Or, au-delà des précautions diplomatiques à l’égard d’Israël, ce message apparaît comme un soutien clair au président américain à l’heure où il multiplie les pressions sur le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.

«Alors que chaque obstacle est immense, nous sommes d’accord avec vous pour dire que tous les efforts doivent être faits pour essayer de parvenir à la paix le plus vite possible», peut-on lire dans la lettre de la Chambre, qui évoque notamment la construction d’un «Etat palestinien viable» – ce à quoi Nétanyahou s’oppose résolument, contrairement à son prédécesseur Ehud Olmert.

Intransigeant. Obama aura bien besoin de ce soutien parlementaire. Rompant avec la politique de George W. Bush, qui fut sans doute le plus pro-israélien des locataires de la Maison Blanche, le président américain a en effet en face de lui celui qui apparaît comme le plus intransigeant des chefs de gouvernement israéliens. Est-ce pour cette raison que l’Aipac, le très puissant groupe de pression pro-israélien aux Etats-Unis, a «applaudi» l’initiative des 400 parlementaires, apportant dès lors un soutien inattendu aux efforts américains pour promouvoir la paix ?

Dernièrement, la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, a pourtant formulé à nouveau et de la manière la plus ferme la position américaine. Obama «veut la fin de la colonisation : pas de colonies, pas de postes avancés, pas d’exceptions liées à la croissance naturelle».

Ce qui change avec la précédente administration, c’est que celle-ci semble avoir pris conscience qu’elle avait des intérêts divergents avec ceux de l’Etat hébreu au Moyen-Orient. La nouvelle dégradation de la situation sécuritaire en Irak, la progression des talibans en Afghanistan, la dramatique situation du Pakistan – trois pays où l’armée américaine est engagée -, la question de l’Iran, enfin, rendent nécessaire et même urgente une approche globale des problèmes. Et, dès lors, un rapprochement entre Washington et ses alliés arabes.

C’est dans ce but que le président américain se rendra le 4 juin au Caire, en Egypte, pour prononcer un discours que l’on qualifie déjà d’«historique», destiné à «réparer» les relations entre l’Amérique et le monde musulman. Auparavant, il effectuera une visite en Arabie saoudite, autre pilier de la stratégie américaine dans la région. Or, comme prix de leur soutien, ces Etats lui demandent d’avancer sur la question palestinienne, qui demeure pour ces régimes autocratiques un facteur de déstabilisation.

Pressions. Les déclarations du président américain ont certes été très appréciées. Mais elles sont loin d’être suffisantes. Pour Riyad, c’est l’échec du processus de paix au Proche-Orient qui a permis à l’Iran, la puissance rivale que le régime saoudien craint particulièrement, de développer son influence dans la région, via le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais. Aussi, le roi Abdallah attend-il de Barack Obama une attitude des plus fermes à l’égard d’Israël. De son côté, le président américain a besoin du régime saoudien à la fois sur les dossiers irakien, afghan – Riyad maintient certains liens avec les talibans – et pakistanais. Sans compter la question du pétrole : Washington veut éviter toute hausse qui risquerait de mettre en cause une reprise économique.

Obama ira-t-il au-delà des pressions verbales ? Le président Bush père l’avait fait avec succès en refusant, en 1991, de garantir un prêt de 10 milliards de dollars demandé par Israël à la communauté financière internationale pour forcer l’Etat hébreu à se rendre à la conférence de Madrid. Le Premier ministre de l’époque Yitzhak Shamir était à peine moins intransigeant.
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Israël : jusqu’au bout de la confrontation


JUREK KUCZKIEWICZ

Le Kroll disparu du site internet du Soir
Le Kroll disparu du site internet du Soir

Cette caricature illustrait l’article ci-dessous dans la version papier du journal. Introuvable aussi dans la collection Kroll du journal. Il faut sans doute attendre un peu.
mardi 02 juin 2009, 07:02

Ce qui est en train de se jouer sur la ligne Washington-Jérusalem est l’un des tournants majeurs de la politique étrangère américaine. En ayant poussé le gouvernement Netanyahou à indiquer publiquement qu’Israël n’interrompra pas la colonisation de la Cisjordanie, la diplomatie américaine a réussi à clarifier les choses comme elles ne l’ont plus été depuis longtemps : à l’allié américain qui exige une mesure indispensable à une négociation de paix, le Premier ministre israélien Netanyahou a clairement donné sa réponse négative. (On regrettera au passage que l’Union européenne n’a jamais été capable du courage et de la rigueur dialectique dont fait preuve la nouvelle administration américaine sur ce dossier.)

Benjamin Netanyahou ouvre donc la crise la plus importante que son pays ait connue depuis 20 ans avec son premier allié et unique protecteur – la précédente remontait à la présidence de Bush père. M. Netanyahou, qui semble agir comme si Israël n’avait besoin de personne – et surtout pas de voisins avec lesquels il vivrait en harmonie – est peut-être en train de rendre le plus grand service à la cause de la paix. Et le plus paradoxal.

Car en poussant son pays dans le radicalisme, le refus de la moindre avancée vers une négociation de paix sérieuse, et dans l’opposition à son parrain américain, le Premier ministre israélien est en train de réussir ce que personne n’avait si bien réussi avant lui : pousser son pays dans l’isolement international le plus total.

Depuis longtemps, tout pousse à penser qu’Israël doit aller jusqu’au bout de sa logique de confrontation tous azimuts, contre les alliés compris, et de négation du peuple palestinien, avant de pouvoir faire le constat que c’est là une voie sans issue. Si les mises en garde d’amis les plus sincères d’Israël – et Barack Obama s’en est entouré à la Maison-Blanche – n’ont pu produire d’effet, c’est qu’aucun discours ne peut plus en produire…

En priant les cieux que d’autres drames sanglants ne viennent alourdir encore le coût de ce conflit, il ne reste hélas qu’à attendre l’aller-retour absurde d’Israël dans ce cul-de-sac. Un détour terrible sur la voie de la paix.

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