
Benjamin Netanyahu préside une réunion du cabinet en décembre. Photo: Ohad Zwigenberg/AP

2 juin 2024
Lorsque Benjamin Netanyahou rejettera la proposition du président américain vendredi soir – en fait, il l’a déjà fait – Israël, et pas seulement la Cour pénale internationale de La Haye, sera contraint de le déclarer criminel de guerre. Une réponse négative à la proposition de Joe Biden, la meilleure offre en ville, la dernière chance de sauver les otages, constituera un crime de guerre.
Dire non à Biden, c’est dire oui à une nouvelle effusion de sang, futile et massive, des soldats israéliens et, plus encore, des habitants de Gaza ; oui à la mort des derniers otages détenus par le Hamas ; oui au génocide ; oui à la guerre dans le nord ; oui à la déclaration d’Israël en tant qu’État paria. Si Netanyahou dit non à Biden – rien n’est moins sûr – il dira oui à tout ce qui précède. Et quelqu’un qui affirme tout cela devrait être condamné comme criminel de guerre par son propre pays, à moins que nous ne soyons tous des criminels de guerre.
Entre vendredi et samedi soir, on pouvait encore se complaire dans l’illusion que Netanyahou dirait oui et que la guerre prendrait fin. L’offre du président américain, en apparence une offre de Netanyahou, était une œuvre d’art dans sa composition, un plan diplomatique judicieux pour sortir de la zone sinistrée des relations israélo-palestiniennes. Il n’y aura jamais de meilleur plan. Il annonce la dernière chance pour Israël d’abandonner cette guerre et de réduire ses pertes.
Mais chaque samedi a une fin, et les bellicistes sortent de leur tanière du Shabbat. En choisissant de présenter son plan à l’heure de grande écoute pour les Israéliens laïques, vendredi soir, Biden nous a offert une lueur d’espoir, qui s’est évanouie aussitôt qu’elle est apparue, avec l’apparition de trois étoiles dans le ciel d’Israël, annonçant la fin du shabbat et la poursuite de la guerre.
M. Biden a de bonnes intentions. Israël a des intentions néfastes. Biden veut la paix, mais Israël veut la guerre. Même le Hamas, à ce stade, souhaite davantage la paix qu’Israël. Tout au long de cette guerre, j’ai refusé de croire que Netanyahou était entièrement guidé par son propre destin politique.
Le Netanyahou que je connaissais, je le croyais, avait d’autres considérations. En disant non à Biden, il efface les derniers vestiges du comportement d’homme d’État qu’il avait assumé, s’il en reste encore, l’aura de modération relative et surtout ce que nous avons cru pendant des années : lorsqu’il déployait l’armée et se lançait dans la guerre, il était le Premier ministre le plus prudent et le plus mesuré qu’Israël n’ait jamais eu.
La guerre du 7 octobre a brisé cette croyance dès le début. Poursuivre la guerre maintenant mettra fin à cette perception pour de bon. La poursuite de la guerre ne renforce pas seulement les soupçons concernant les motivations de Netanyahou, elle renforce également les soupçons concernant ses partenaires et les extorqueurs de la droite : Le génocide est ce qu’ils recherchent. Il n’y a pas d’autre façon de décrire leur soif de vengeance et de sang, toujours insatiable.
Mais il ne faut pas attendre leurs paroles. Les tracts dispersés samedi par Tsahal à Beit Hanoun, appelant les réfugiés qui étaient retournés dans leurs maisons détruites à les évacuer à nouveau, sont la véritable réponse israélienne au plan du président Biden pour mettre fin à la guerre. Elles illustrent également ce à quoi ressemblera la guerre à partir de maintenant : un cycle sans fin de mort et de destruction. Après Rafah, nous revenons au début, au nord de la bande de Gaza, comme dans un jeu de Monopoly, mais avec cruauté, et de là vers le sud jusqu’à Rafah, à travers les ruines de Jabalya, et ainsi de suite, dans une boue gorgée de sang.
Les presses de l’armée n’arrêteront pas d’imprimer des tracts et les réfugiés palestiniens seront déplacés comme du bétail dans un abattoir, jusqu’à ce qu’il ne reste plus une pierre à Gaza, ni « des bouts de bois pour un feu ou du charbon pour un poêle, un endroit sans pain, sans feu, sans eau, seulement avec des poignées de cendres », selon les mots du poète Moshe Tabenkin.
M. Biden voulait mettre un terme à tout cela. Il le veut depuis longtemps. Il le veut, mais ne fait rien. À son plan présenté vendredi, il aurait dû ajouter une phrase résolue : Si Israël rejette ce plan, les Etats-Unis cesseront immédiatement de lui fournir des armes. Tout de suite. Ce n’est qu’ainsi que l’on pourra mettre fin à ce cauchemar, une horreur dont on ne voit pas la fin pour l’instant.ht for now.
Traduction Deepl