Opinion | La version israélienne de la Nukhba est pire que celle du Hamas


A protest outside Israel's Sde Teiman detention facility, in May.

Manifestation devant le centre de détention israélien de Sde Teiman, en mai. Credit: Eliyahu Hershkovitz Gideon Levy

1er août, 2024 12:11 am IDT

Nous avons aussi notre propre Nukhba. Et elle est pire que celle du Hamas. Après ce qui s’est passé à Sde Teiman, nous ne pourrons pas pousser des cris d’orfraie sur la cruauté et la barbarie de leur Nukhba ; la nôtre n’est pas meilleure. Elle est même pire parce qu’elle a été commise au nom de l’État, ou du moins avec son silence et son aveuglement. Par conséquent, la Nukhba d’Israël est pire que leur Nukhba.

Le tournant a été pris le 7 octobre, lorsque le Hamas a fait la démonstration de sa barbarie. Des femmes, des vieillards et des enfants ont été tués par balles ou pris en otage. Le tournant des horreurs du 7 octobre a été marqué par les rapports sur les agressions sexuelles et les viols.

Après qu’un certain nombre d’histoires d’horreur – pas toutes – ont été réfutées et jugées incorrectes, les rapports sur les crimes sexuels sont restés comme définissant la barbarie de la Nukhba. Aujourd’hui, nous sommes confrontés au viol par notre propre Nukhba. Il ne s’agit pas seulement d’un « soupçon de viol » et il n’est pas nécessaire de réciter le préfixe « allégué ». Quelqu’un a violé le prisonnier palestinien qui a été emmené à l’hôpital avec une rupture de l’intestin et de graves blessures à l’anus, et ce quelqu’un lui a fait tout cela au nom de l’État.

Les violeurs étaient en uniforme. Il s’agissait de soldats des Forces de défense israéliennes. Le prisonnier palestinien ne s’est pas fait ça tout seul, pas plus que ses camarades menottés et les yeux bandés. Ce sont des soldats des FDI qui lui ont enfoncé le tuyau. Ils ont commis cet acte dans un camp d’internement militaire. Ils l’ont fait au nom de l’État. Ils sont plus Nukhba que la Nukhba.

Mais ce n’est pas tout. Du jour au lendemain, notre Nukhba est devenu le héros du jour aux yeux de nombreux Israéliens, et même aux yeux de certains membres de la Knesset et de ministres. Des violeurs en héros. Sodomiser héroïquement des hommes enchaînés et sans défense. Comment pouvons-nous oser nous plaindre de leur Nukhba ?

Je ne me souviens pas d’un seul Palestinien qui ait été fier des actes de viol de la Nukhba. En Israël, une grande partie de l’opinion publique est fière de ces viols barbares. Ils le méritent, ce sont des bêtes humaines. Il faut prêter attention à la tempête publique et médiatique qui a éclaté ici ; elle tourne principalement autour de l’invasion du camp d’internement et de la base militaire. C’est cela la barbarie aux yeux de la plupart des Israéliens, pas le viol collectif. Cet acte est presque oublié. Ce ne sont pas les actes de notre Nukhba qui ont déchaîné les passions, mais ceux de ses partisans.

Mais ce n’est pas tout. Aujourd’hui encore, il est possible d’affirmer avec une certitude absolue que leurs combattants de la Nukhba seront punis beaucoup plus sévèrement que nos soldats de la Nukhba. Il est douteux que l’État punisse les nôtres. Personne n’imaginerait même une demande de condamnation à mort pour un viol à motivation politique. Personne ne va les menotter pendant des mois. Leurs membres ne seront pas amputés à cause de la gangrène, et aucun d’entre eux ne mourra en prison à cause de la torture ou d’un refus de traitement médical. Ils ne porteront pas de couches et personne ne les alimentera pas de force par des tubes, comme à Sde Teiman.

Masked and armed protesters outside the Beit Lid military base, on Monday.

IDes manifestants masqués et armés devant la base militaire de Beit Lid, lundi.

ll est peu probable qu’ils passent plus de quelques jours en détention ; les assignations à résidence sont déjà en cours. Deux d’entre eux ont déjà été libérés. Personne ne songera à raser leurs villes et villages, ni à démolir les maisons de leurs familles. Entre-temps, de plus en plus de voix, y compris parmi les hauts gradés de l’armée, s’élèvent pour protester contre le fait que quelqu’un ait eu l’audace de les arrêter. Comment ont-ils osé faire cela ? Après tout, ce sont nos propres soldats de la Nukhba.

Le prisonnier violé n’est apparemment pas le seul à avoir été traité de la sorte. Même le nombre choquant de prisonniers morts en détention et le nombre d’amputés ne suffisent pas à rendre compte de la méchanceté et du sadisme de Sde Teiman. La brutalité, la torture et les conditions inhumaines étaient, pour autant que l’on sache, accompagnées de diverses formes de violence sexuelle.

Un jour, nous entendrons parler de ces violences en détail. Et alors, nous n’aurons plus honte. Et alors aussi, nous comprendrons et pardonnerons, et peut-être même en tirerons-nous de la fierté. Après tout, en fin de compte, Tsahal est l’armée la plus morale du monde. Tout le monde le sait en Israël. Il n’y a qu’en Israël qu’on le sait.

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traduction deepl

Note anniebannie :

La Nukhba du Hamas, aussi connue sous le nom d’Unité d’élite, est une force spéciale appartenant à la branche armée du Hamas, les Brigades Izz al-Din al-Qassam. Cette unité est considérée comme l’élite des forces du Hamas et joue un rôle crucial dans leurs opérations militaires.

Israël tue au moins 90 Palestiniens dans une « zone sécurisée » de Gaza


PUBLIÉ 14 JUILLET 2024 · MIS À JOUR 14 JUILLET 2024

Source

Samedi, Israël a massacré des dizaines de Palestiniens à al-Mawasi, la zone censée « sécurisée » le long de la côte au sud de Gaza, et dans le camp de réfugiés de Beach Camp (al-Shati), à proximité de la ville de Gaza.

13 juillet 2024. Les corps des Palestiniens tués lors de l'attaque israélienne sur al-Mawasi sont transportés dans un hôpital de Khan Younis, dans le sud de Gaza. (Photo : Omar Ashtawy / APA images)

13 juillet 2024. Les corps des Palestiniens tués lors de l’attaque israélienne sur al-Mawasi sont transportés dans un hôpital de Khan Younis, dans le sud de Gaza. (Photo : Omar Ashtawy / APA images)


Maureen Clare Murphy,
 14 juillet

Au moins 90 Palestiniens ont été tués et 300 autres blessés dans l’attaque contre al-Mawasi, selon le ministère de la santé de Gaza, et au moins 20 Palestiniens ont également été tués après qu’Israël a bombardé des fidèles rassemblés pour la prière de midi à l’extérieur des ruines d’une mosquée du camp de réfugiés Beach Camp

Vendredi, l’armée israélienne a tué quatre travailleurs dans un entrepôt d’aide humanitaire à Gaza, en prétendant qu’elle avait visé Husam Mansour. Israël a prétendant que Mansour était un militant qui travaillait au sein d’une organisation d’aide afin de collecter des fonds pour le Hamas – une allégation sans fondement semblable à toutes celles formulées par Israël contre d’autres travailleurs humanitaires de Gaza travaillant pour des ONG internationales et qui ont été tués ou emprisonnés en toute impunité.

L’Al-Khair Foundation, une ONG dont le siège se trouve au Royaume-Uni, a déclaré que Mansour était une « pierre angulaire » de son équipe à Gaza et que sa mort

« n’est pas qu’une perte pour notre organisation, mais également un coup dévastateur pour les efforts humanitaires dans la région ».

La mort des travailleurs humanitaires a eu lieu un jour après que Samantha Power, la directrice de l’agence du département d’État USAID, avait dit qu’Israël avait promis d’améliorer la sécurité pour les travailleurs humanitaires à Gaza, où la famine s’est installée à la suite du blocus imposé par Israël.

Au moins 38 345 Palestiniens ont été tués à Gaza depuis le 7 octobre, bien que le bilan réel soit sans doute considérablement plus élevé. Des milliers de personnes portées manquantes sous les décombres ou celles dont le décès, dû à une mortalité secondaire comme la faim, la soif et la maladie résultant de la campagne militaire israélienne, ne sont pas reprises dans le décompte des victimes.

Les attaques meurtrières de samedi ont eu lieu au moment où il s’est avéré que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou sabotait ce qui aurait pu être le coup de pouce final pour en arriver à un arrangement avec le Hamas, lequel aurait permis un échange de captifs et ouvert la voie à un cessez-le-feu permanent à Gaza.

Le Hamas a condamné « l’horrible massacre » dans la zone densément peuplée d’al-Mawasi, une zone ouverte où Israël a ordonné aux Palestiniens de s’installer après avoir proclamé zone de combat un tiers de la superficie de Gaza la semaine dernière.

Israël, a-t-il été rapporté, à largué des bombes de 2 000 livres (900 kg) sur al-Mawasi, ce qui constitue l’une des attaques les plus meurtrières – si pas la plus meurtrière – depuis que près de 300 personnes ont été tuées au cours d’un raid dans le camp de Nuseirat, le 8 juin.

Quatre captifs israéliens avaient été libérés par l’armée, lors du raid à Nuseirat, au cours duquel les forces israéliennes s’étaient déguisées en civils et avaient abattu des Palestiniens sur le marché et les rues pleines de monde. Le responsable du bureau des droits humains de l’ONU avait dit qu’il était « profondément choqué » par cette opération durant laquelle les principes de base des lois de la guerre avaient été bafoués de façon flagrante.

Une « fausse victoire »

Israël a tenté de justifier le massacre d’al-Mawasi samedi en prétendant qu’il ciblait Muhammad Deif, le chef insaisissable des Brigades Qassam, le bras armé du Hamas, et le commandant de la Brigade Qassam de Khan Younis.

En tant que l’un des personnages les plus recherchés par Israël, Deif a survécu à nombre d’attentats contre sa vie, dont une attaque, en 2021, qui avait tué l’épouse du chef militaire et leurs deux jeunes enfants.

Samedi soir, lors d’une conférence de presse, Netanyahou a reconnu qu’il n’était pas clair que Deif et le commandant des Brigades Qassam aient été tués, ce que le Hamas a démenti.

Khalil al-Hayya, vice-président du Hamas, a dit en réponse que Netanyahou avait espéré

« annoncer une fausse victoire »

et il a ajouté que le sang de Deif n’était pas plus précieux que celui du plus jeune des enfants palestiniens.

Al-Hayya a suggéré que, si Israël tuait davantage de monde à Gaza, c’était pour faire capoter les négociations avec le Hamas et que Netanyahu avait saisi une illusion de victoire avant son discours devant le Congrès américain un peu plus tard ce mois-ci.

Plus tôt dans la journée, à la suite de l’attaque contre al-Mawasi, le Hamas a déclaré que ce n’était

« pas la première fois que l’occupation prétendait cibler des dirigeants palestiniens det qu’il s’avérait plus tard que c’était un mensonge ».

« Ces fausses allégations sont tout simplement destinées à masquer l’ampleur de l’horrible massacre »,

a ajouté l’organisation de résistance dans une déclaration publiée sur Telegram.

« La justification reste toujours la même »

Francesca Albanese, la rapporteuse spéciale de l’ONU pour la Cisjordanie et la bande de Gaza, a fait remarquer

« la justification reste toujours la même : ‘cibler des militants palestiniens’ ».

Hamdah Salhut, un correspondant d’Al Jazeera, a déclaré que l’armée israélienne recourait régulièrement à de telles allégations,

« disant que des civils étaient utilisés comme ‘boucliers humains’ des personnalités du Hamas et utilisant cela comme justification pour tuer des dizaines de civils ».

Assal Rad, un universitaire qui observe de près le cadrage du génocide de Gaza par les médias occidentaux, a expliqué que la justification israélienne était utilisée par les médias pour traiter le massacre de civils dans une « zone sécurisée » comme « arrière-pensée de leurs gros titres »pour autant qu’elle soit un tant soit peu mentionnée.

Amjad al-Shawa, directeur du Réseau des ONG palestiniennes, a dit à Al Jazeera que le massacre d’al-Mawasi était

« le message adressé par Israël au monde pour lui faire comprendre encore et encore qu’il cible des civils où qu’ils se trouvent ».

« Une attaque massive contre le nord »

Suite au massacre d’al-Mawasi, le bureau des droits humains de l’ONU a condamné le recours par Israël à des

« armes à effets de zone dans les quartiers peuplés de Gaza ».

Une déclaration émanant du bureau a fait remarquer que les frappes meurtrières de samedi

« s’étaient produites juste après une autre attaque massive dans le nord, qui avait duré une semaine et s’était soldée par de nouvelles destructions et pertes en vies humaines ».

Israël a semé la désolation à Shujaiya, dans la périphérie est de Gaza, lors d’un raid de deux semaines au cours duquel il a prétendu avoir tué un chef de bataillon adjoint du Hamas, commandant de la zone et découvert un centre de commandement installé dans un bâtiment appartenant à l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés de Palestine.

Suite au retrait de l’armée, les habitants sont retournés chez eux et ont découvert que les troupes avaient détruit la majorité des bâtiments de la zone, dont des résidences, des écoles et des cliniques médicales.

Un porte-parole de la défense civile à Gaza a déclaré que les corps de plus de 60 personnes avaient été retrouvés à Shujaiya et qu’un nombre plus important de personnes avaient été portés manquantes et se trouvaient sous les décombres des maisons détruites.

Des dizaines de personnes ont également été tuées à Tal al-Hawa, dans le sud de la bande de Gaza, a déclaré jeudi ce même porte-parole de la défense civile.

Mercredi, une fois encore, Israël avait ordonné aux habitants de la ville de Gaza d’évacuer. Bien des Palestiniens s’étaient promis de rester à Gaza quel qu’en soit le prix.

Itay Epshtain, un expert en droit international, a déclaré que

« ce n’est pas une évacuation autorisée mais un acte de transfert forcé » qui « montre la nature ouverte des hostilités à Gaza ».

Epshtain a fait remarquer qu’

« Israël apparaît intéressé comme toujours par un conflit de longue durée ».

L’Euro-Med Human Rights Monitor (Euro-Med) a déclaré que son personnel sur le terrain

« enquête sur des rapports disant que, entre lundi et vendredi, les forces armées israéliennes ont commis des assassinats extrajudiciaires et des exécutions illégales de nombreux habitants, dont la majorité étaient des femmes »

durant leur incursion dans des quartiers de la partie orientale de la ville de Gaza.

Des quadricoptères ont ouvert le feu sur des secouristes

Le bureau de l’ONU a déclaré que les frappes de samedi contre al-Mawasi avaient, présume-t-on, touché des tentes abritant des personnes déplacées, une cuisine collective et un site de désalinisation où des personnes s’étaient rassemblées pour prendre de l’eau.

« Il en était résulté des dizaines de tués. »

Il a été dit que

« des quadricoptères de l’armée israélienne avaient ciblé des secouristes au travail, tuant au moins un travailleur de la défense civile et en en blessant plusieurs autres »,

a ajouté le bureau des droits humains.

Une fois encore, le bureau de l’ONU a pointé du doigt

« un modèle de violation délibérée des principes [du droit international humanitaire] que sont la distinction, la proportionnalité et la précaution »,

ainsi qu’

« un mépris constant pour la sécurité des civils ».

Même si des Palestiniens appartenant à des organisations armées étaient présents parmi des civils,

« cela ne libérerait pas l’armée israélienne de ses obligations »

de respect des principes fondamentaux des lois de la guerre, a déclaré le bureau de l’ONU.

Une vidéo des retombées immédiates de l’attaque israélienne contre al-Mawasi montre des blessés et des morts qui, de toute évidence, sont des civils, parmi lesquels il se trouve une personne portant une veste de la défense civile et gisant dans la rue au moment où un panache de fumée noire s’élève d’une zone située dans le voisinage immédiat d’un campement de tentes.

Une autre vidéo montre des gens qui tentent d’extraire à mains nues des victimes d’un immense cratère. On voit le bras gauche et l’épaule d’un homme qui dépassent du sol sablonneux, au même moment où un enfant :

« C’est mon papa, il a été tué ? »

Un témoin dit dans la même vidéo que « la totalité de Gaza est recherchée » par l’occupation.

L’homme ajoute qu’il y a eu une ceinture de feu – une série de bombes lourdes larguées au même endroit – sans avertissement préalable au campement de tentes. Quand les sauveteurs sont arrivés, les F-16

« ont bombardé les paramédicaux et l’équipe de la défense civile »,

dit-il.

Le responsable de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déclaré que le Complexe médical Nasser à Khan Younis, qui avait admis 134 blessés graves suite à l’attaque contre al-Mawasi,

« est extrêmement débordé par l’afflux de patients ».

Netanyahou bloque les négociations

Après l’attaque meurtrière contre al-Mawasi, le Dr Ghassan Abu Sitta, un chirurgien britannico-palestinien qui a travaillé à Gaza durant les premières semaines du génocide, a déclaré qu’

« Israël avait perpétré ce massacre pour faire capoter les négociations de cessez-le-feu ».

Des responsables égyptiens ont dit à Reuters que les entretiens indirects entre le Hamas et Israël

« ont été bloqués après que trois journées de négociations intenses n’ont pas eu de résultat durable »

et qu’on peut

« blâmer Israël de n’avoir pas eu de véritable intention d’atteindre un accord ».

Plus tôt cette semaine,

« un ancien haut fonctionnaire égyptien » resté anonyme « et bien au fait des négociations »

a expliqué au Washington Post que

« Netanyahou ne veut pas la paix. C’est tout. »

L’homme a ajouté que Netanyahu

« trouvera des excuses (…) pour prolonger cette guerre »

jusqu’aux élections, dans lesquelles le candidat républicain et ancien président Donald Trump, qui a été légèrement blessé samedi après que des coups de feu ont éclaté lors d’un meeting de campagne, pourrait bien être élu pour un second mandat.

Quelle que soit la motivation de Netanyahou, les responsables fonctionnaires israéliens de la défense ont dit dans le journal Haaretz que le Premier ministre

« avait torpillé à de multiples reprises »

la progression vers un arrangement avec le Hamas en vue de libérer les captifs restants toujours détenus à Gaza depuis le 7 octobre.

Ces responsables ont encore dit que

« dans sa tentative en vue de faire capoter les négociations, Netanyahou s’était appuyé sur des renseignements classifiés et qu’il avait manipulé des informations sensibles ».

Ces derniers jours, un haut responsable resté anonyme lui aussi a dit dans des médias en langue hébraïque que la nouvelle exigence de Netanyahou en vue de mettre au point

« un mécanisme destiné à empêcher le mouvement d’agents armés »

à Gaza menaçait de faire capoter un arrangement.

« Nous en sommes à l’heure de vérité pour les otages »,

a dit ce responsable aux infos Channel 12.

« Nous pouvons atteindre un accord d’ici deux semaines et ramener les otages à la maison. »

Mais la nouvelle exigence de Netanyahou

« va bloquer les négociations pendant des semaines et il se pourrait qu’on ne puisse ramener personne à la maison »,

a ajouté le responsable.

Les EU reprennent les expéditions d’armes

Jeudi, au moment où le président américain Joe Biden disait qu’il était

« déterminé à conclure cet accord et à mettre un terme à cette guerre, qui devrait se terminer maintenant »,

son conseiller en sécurité nationale, Jake Sullivan, expliquait aux journalistes qu

‘« il y a encore des milles à parcourir avant de conclure, en admettant que nous soyons en mesure de conclure » sur un accord.

Puisque les EU ne mettent aucune véritable pression sur Israël et qu’ils continuent de lui fournir des armes, de nouveaux massacres de Palestiniens à Gaza sont pratiquement garantis

Les EU ont dit ces derniers jours qu’ils allaient reprendre les expéditions de bombes de 500 livres à Israël après avoir suspendu un certain temps, en mai, le transfert de ces armes et d’autres munitions de 2 000 livres afin de dissuader une offensive majeure à Rafah, dans le sud de Gaza, laquelle s’est poursuivie de toute façon.

L’organisation de contrôle des droits humains, DAWN, qui est installée à Washington, a déclaré que

« la levée partielle d’une seule et unique suspension d’envoi de munitions à l’armée israélienne, face à la preuve on ne peut plus accablante de crimes de guerre, constitue un délit criminel, dans le cadre des lois internationales ».

La directeur des activités juridiques de l’organisation a invité la Cour pénale internationale à enquêter sur les responsables américains quant à leur complicité dans « les atrocités génocidaires à Gaza ».

Karim Khan, le procureur principal de la Cour pénale internationale, a annoncé en mai qu’il demandait des mandats d’arrêt pour Netanyahou et son ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, ainsi que pour les dirigeants du Hamas Muhammad Deif, Yahya Sinwar et Ismail Haniyeh.

Traduction du texte de Maureen Clare Murphy, rédactrice en chef de The Electronic Intifada.

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Publié le 14 juillet 2024 sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine

Traduction du narratif du Hamas


OLIVIER MUKUNA

Diffusé en anglais, le 21 janvier, et charcuté-diabolisé par les médias mainstream francophones, voici, en français, l'intégralité du récit du Hamas concernant son opération militaire du 7 octobre. Vous pouvez également retrouver l'analyse de ce document par Investig'Action en cliquant ici.     


Notre récit…

L’opération déluge d’Al-Aqsa

INTRODUCTION

Notre peuple palestinien inébranlable ;

Les nations arabes et islamiques ;

Les peuples libres du monde entier et ceux qui défendent la liberté, la justice et la dignité humaine.

À la lumière de l’agression israélienne en cours sur la bande de Gaza et la Cisjordanie, et alors que notre peuple continue sa bataille pour l’indépendance, la dignité et la libération de la plus longue occupation au cours de laquelle ils ont fait preuve de la plus grande bravoure et d’héroïsme face à la machine meurtrière et d’agression israéliennes.

Nous aimerions clarifier, pour notre peuple et pour les peuples libres du monde, la réalité de ce qui s’est passé le 7 octobre, les motifs derrière, le contexte général lié à la cause palestinienne ainsi que réfuter les allégations israéliennes et mettre les faits en perspective.


SOMMAIRE

– Premièrement : Pourquoi l’opération déluge d’Al-Aqsa ?

– Deuxièmement : Les événements de l’opération déluge d’Al-Aqsa et réponses aux allégations israéliennes

– Troisièmement : Vers une enquête internationale transparente

– Quatrièmement : Un rappel au monde, qui est le Hamas ?

– Cinquièmement : De quoi a-t-on besoin ?

PREMIEREMENT :

POURQUOI L’OPERATION DELUGE D’Al-AQSA ?

1) La bataille du peuple palestinien contre l’occupation et le colonialisme n’a pas commencé le 7 octobre, mais a commencé il y a 105 ans, dont 30 ans de colonialisme britannique et 75 ans d’occupation sioniste. En 1918, le peuple palestinien possédait 98,5 % de la terre de Palestine et représentait 92 % de la population sur la terre de Palestine.

Alors que les Juifs, qui ont été amenés en Palestine dans le cadre de campagnes d’immigration de masse en coordination entre les autorités coloniales britanniques et le mouvement sioniste, sont parvenus à prendre le contrôle de pas plus de 6 % des terres de Palestine et à représenter 31 % de la population avant 1948, date à laquelle l’entité sioniste a été annoncée sur la terre historique de la Palestine.

À cette époque, le peuple palestinien s’est vu refuser le droit à l’autodétermination et les bandes sionistes se sont engagées dans une une campagne de nettoyage ethnique contre le peuple palestinien visant à l’expulser de ses terres et régions.

En conséquence, les bandes sionistes ont pris le contrôle de la région, les gangs sionistes ont pris le contrôle par la force de 77 % de la de la Palestine, où ils ont expulsé 57 % du peuple palestinien de Palestine, détruit plus de 500 villages et villes palestiniennes, et ont commis des dizaines de massacres contre les Palestiniens, ce qui a abouti à la création de l’entité de l’entité sioniste en 1948.

En outre, dans la continuité de l’agression, les forces israéliennes ont occupé en 1967 le reste de la de la Palestine, y compris la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem, ainsi que les territoires arabes autour de la Palestine.

2) Au cours de ces longues décennies, le peuple palestinien a subi toutes les formes d’oppression, d’injustice, d’expropriation de ses droits fondamentaux et de politiques d’apartheid. La bande de Gaza, par exemple, a souffert en 2007 d’un blocus étouffant pendant 17 ans, qui en a fait la plus grande prison à ciel ouvert du monde.

Le peuple palestinien de Gaza a également souffert de cinq guerres destructrices et des agressions dont « Israël » était la partie offensante. La population de Gaza en 2018 a également initié la Grande Marche du Retour pour protester pacifiquement contre le blocus israélien, leurs conditions humanitaires misérables et pour revendiquer leur droit au retour. Cependant, les forces d’occupation israéliennes ont réagi à ces manifestations par une répression brutale dans laquelle 360 Palestiniens ont été tués et 19 000 autres blessés, dont plus de 5 000 enfants, en l’espace de quelques mois.

3) Selon les chiffres officiels, entre janvier 2000 et septembre 2023, l’occupation israélienne a tué 11 299 Palestiniens et en a blessé 156 768 autres, en grande majorité des civils. Malheureusement, l’administration américaine et ses alliés n’ont pas prêté attention aux souffrances du peuple palestinien au cours des dernières années, mais ont couvert l’agression israélienne. Ils se sont contentés de déplorer les soldats israéliens tués le 7 octobre, sans même chercher à savoir ce qui s’est passé, et ils se sont rangés à tort derrière le discours israélien en condamnant un prétendu ciblage de civils israéliens. L’administration américaine a apporté un soutien financier et militaire aux massacres perpétrés par l’occupation israélienne contre les civils palestiniens et à l’agression brutale de la bande de Gaza, et les responsables américains continuent d’ignorer les massacres commis par les forces d’occupation israéliennes dans la bande de Gaza.

4) Les violations et la brutalité israéliennes ont été documentées par de nombreuses organisations des Nations Unies et des groupes internationaux de défense des droits de l’homme, dont Amnesty International et Human Rights Watch, et même par des groupes israéliens de défense des droits de l’homme. Cependant, ces rapports et témoignages ont été ignorés et l’occupation israélienne n’a toujours pas été tenue pour responsable. Par exemple, le 29 octobre 2021, l’ambassadeur d’Israël auprès des Nations Unies, Gilad Erdan, a insulté le système des Nations Unies en déchirant un rapport destiné à la Commission des droits de l’homme de l’ONU, lors d’un discours à l’Assemblée générale, et l’a jeté dans une poubelle avant de quitter le podium. Malgré cela, il a été nommé l’année suivante – 2022 – au poste de vice-président de l’Assemblée générale des Nations Unies.

5) L’administration américaine et ses alliés occidentaux ont toujours traité Israël comme un État au-dessus de la loi ; ils lui fournissent la couverture nécessaire pour continuer à prolonger l’occupation, à réprimer le peuple palestinien tout en permettant à « Israël » d’exploiter cette situation pour exproprier davantage de terres palestiniennes et judaïser leurs sanctuaires et leurs lieux saints.

Malgré le fait que l’ONU ait émis plus de 900 résolutions au cours des 75 dernières années en faveur du peuple palestinien, «  Israël » a rejeté ces résolutions, a refusé de s’y conformer, et le VETO américain a toujours été présent au Conseil de sécurité de l’ONU pour empêcher toute condamnation de la politique et des violations d’« Israël ». C’est pourquoi les États-Unis et d’autres pays occidentaux sont complices et partenaires de l’occupation israélienne dans ses crimes et dans la souffrance continue du peuple palestinien.

6) Quant au « processus de règlement pacifique ». Bien que les accords d’Oslo, signés en 1993 avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), prévoyaient la création d’un État palestinien indépendant en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, « Israël » a systématiquement détruit toute possibilité d’établir l’État palestinien par une vaste campagne de construction de colonies et de judaïsation des terres palestiniennes en Cisjordanie et à Jérusalem occupées. Après 30 ans, les partisans du processus de paix se sont rendus compte qu’ils étaient dans une impasse et que ce processus a eu des conséquences catastrophiques pour le peuple palestinien.

Les responsables israéliens ont confirmé à plusieurs reprises leur refus absolu de la création d’un État palestinien. Un mois avant l’opération « déluge d’Al-Aqsa », le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a présenté une carte d’un soi-disant « nouveau Moyen-Orient », décrivant « Israël » s’étendant du Jourdain à la mer Méditerranée, y compris la Cisjordanie et la bande de Gaza. Le monde entier, présent à la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies, est resté silencieux face à ce discours plein d’arrogance et d’ignorance à l’égard des droits du peuple palestinien.

7) Après 75 ans d’occupation et de souffrances incessantes, après l’échec de toutes les initiatives de libération et de retour à notre peuple et après les résultats désastreux du soi-disant processus de paix, qu’attendait le monde du peuple palestinien en réponse à ce qui suit :

♦ Les plans israéliens pour judaïser la mosquée bénie d’Al-Aqsa, ses tentatives de division temporelle et spatiale, ainsi que l’intensification des incursions des colons israéliens dans la sainte mosquée.

♦ Les pratiques du gouvernement israélien extrémiste de droite qui prend des mesures pour annexer toute la région de l’Ouest, de la Cisjordanie et de Jérusalem dans la soi-disant « souveraineté d’Israël », alors que les autorités israéliennes envisagent d’expulser les Palestiniens de leurs maisons et de leurs quartiers.

♦ Les milliers de détenus palestiniens dans les prisons israéliennes qui sont privés de leurs droits fondamentaux et subissent des pressions de la part des autorités israéliennes ainsi que des agressions et des humiliations sous la supervision directe du ministre fasciste israélien Itamar Ben-Gvir.

♦ Le blocus aérien, maritime et terrestre injuste imposé à la bande de Gaza depuis 17 ans.

♦ L’expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie à un niveau sans précédent, ainsi que la violence quotidienne perpétrée par les colons à l’encontre des Palestiniens et de leurs biens.

♦ Les sept millions de Palestiniens qui vivent dans des conditions extrêmes dans des camps de réfugiés et dans d’autres régions et qui souhaitent retourner sur leurs terres, et qui ont été expulsés il y a 75 ans.

♦ L’échec de la communauté internationale et la complicité des superpuissances pour empêcher la création d’un État palestinien.


Qu’attendait-on du peuple palestinien après tout cela ?

Qu’il continue d’attendre et de compter sur l’impuissance de l’ONU ! Ou qu’il prenne l’initiative de défendre le peuple palestinien, ses terres, en sachant que l’acte de défense est un droit inscrit dans les lois, les normes et les conventions internationales.

Compte tenu de ce qui précède, l’opération « déluge d’Al-Aqsa » du 7 octobre était une étape nécessaire et une réponse normale pour faire face à toutes les conspirations israéliennes contre le peuple palestinien et sa cause.

Il s’agissait d’un acte défensif dans le cadre de l’élimination de l’occupation israélienne, de la récupération des droits des Palestiniens et sur la voie de la libération et de l’indépendance, comme l’ont fait tous les peuples du monde entier.

DEUXIEMEMENT :

LES EVENEMENTS DE L’OPERATION DELUGE D’Al-AQSA ET REPONSES AUX ALLEGATIONS ISRAELIENNES

À la lumière des accusations et allégations fabriquées par Israël au sujet de l’opération « déluge d’Al-Aqsa » du 7 octobre et de ses répercussions, nous, le Mouvement de résistance islamique – Hamas, clarifions les points suivants :

  1. L’opération déluge d’Al-Aqsa du 7 octobre visait les sites militaires israéliens et cherchait à arrêter les soldats de l’ennemi afin de faire pression sur les autorités israéliennes pour qu’elles libèrent les milliers de Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes dans le cadre d’un accord d’échange de prisonniers. L’opération s’est donc concentrée sur la destruction de la division de Gaza de l’armée israélienne, les sites militaires israéliens stationnés près des colonies israéliennes autour de Gaza.
  2. Éviter de blesser les civils, en particulier les enfants, les femmes et les personnes âgées est un engagement religieux et moral de tous les combattants des Brigades Al-Qassam. Nous rappelons que la résistance palestinienne était parfaitement disciplinée et attachée aux valeurs islamiques au cours de l’opération et que les combattants palestiniens n’ont visé que les soldats de l’occupation et ceux qui portaient des armes contre notre peuple. Dans le même temps, les combattants palestiniens ont tenu à éviter de blesser des civils, même si la
    résistance ne possède pas d’armes de précision. En outre, s’il y a eu des cas de ciblage de civils, cela s’est produit accidentellement et au cours de la confrontation avec les forces d’occupation.

    Depuis sa création en 1987, le mouvement Hamas s’est engagé à éviter de porter atteinte aux civils. Après que le criminel sioniste Baruch Goldstein a perpétré, en 1994, un massacre contre les fidèles palestiniens de la mosquée Al-Ibrahimi dans la ville occupée d’Hébron, le mouvement Hamas a annoncé une initiative visant à éviter que les civils ne fassent les frais des combats menés par toutes les parties, mais l’occupation israélienne l’a rejetée et n’a même pas fait de commentaires à ce sujet. Le mouvement Hamas a également répété ces appels, à plusieurs reprises, mais l’occupation israélienne est restée sourde et a continué à prendre délibérément pour cible les populations civiles et à tuer des civils palestiniens.
  3. Il est possible que des erreurs se soient produites lors de la mise en œuvre de l’opération « déluge d’Al-Aqsa », en raison de l’effondrement rapide du système sécuritaire et militaire israélien et du chaos causé le long des zones frontalières avec Gaza. Comme l’ont attesté de nombreuses personnes, le mouvement Hamas s’est comporté de manière positive et aimable avec tous les civils qui ont été détenus à Gaza, et a cherché, dès les premiers jours de l’agression, à les libérer, et c’est ce qui s’est passé pendant la trêve humanitaire d’une semaine, durant laquelle des civils ont été libérés en échange de la libération de femmes et d’enfants palestiniens détenus dans les prisons israéliennes.
  4. Les allégations de l’occupation israélienne selon lesquelles les Brigades Al-Qassam auraient, le 7 octobre, pris pour cible des civils israéliens ne sont rien d’autre que des mensonges et des fabrications. La source de ces allégations est le récit officiel israélien et aucune source indépendante ne les a prouvées. Il est bien connu que le discours officiel israélien a toujours cherché à diaboliser la résistance palestinienne tout en légalisant son agression brutale sur Gaza.

    Voici quelques détails qui vont à l’encontre des allégations israéliennes :

    ♦ Les clips vidéo pris ce jour-là – le 7 octobre – ainsi que les témoignages des Israéliens eux-mêmes qui ont été publiés plus tard ont montré que les combattants des Brigades Al-Qassam n’ont pas pris de civils pour cible, et que de nombreux Israéliens ont été tués par l’armée et la police israéliennes en raison de leur confusion.

    ♦ Le mensonge des « 40 bébés décapités » par les combattants palestiniens a également été fermement réfuté, et même des sources israéliennes ont démenti ce mensonge. De nombreuses agences de presse occidentales ont malheureusement repris cette allégation et l’ont promue.

    ♦ L’idée selon laquelle les combattants palestiniens auraient commis des viols sur des femmes israéliennes a été totalement démentie, y compris par le mouvement Hamas. Entre autres, un rapport du site d’information Mondoweiss le 1er décembre 2023, a déclaré qu’il n’y avait aucune preuve des « viols massifs » qui auraient été perpétrés par des membres du Hamas, le 7 octobre, et qu’Israël avait utilisé cette allégation « pour alimenter le génocide à Gaza ».

    ♦ Selon deux rapports du journal israélien Yedioth Ahronoth, du 10 octobre, et du journal Haaretz, du 18 novembre, de nombreux civils israéliens ont été tués par un hélicoptère militaire israélien, en particulier ceux qui participaient au festival de musique Nova, près de Gaza, où 364 civils israéliens ont été tués. Les deux rapports indiquent que les combattants du Hamas ont atteint la zone du festival sans en avoir eu connaissance de celui-ci au préalable ; une zone où l’hélicoptère israélien a ouvert le feu à la fois sur les combattants du Hamas et sur les participants au festival. Yedioth Ahronoth a également indiqué que l’armée israélienne a frappé plus de 300 cibles dans les zones entourant la bande de Gaza.

    ♦ D’autres témoignages israéliens ont confirmé que les raids de l’armée israélienne et les opérations des soldats ont tué de nombreux captifs israéliens et leurs ravisseurs. L’armée d’occupation israélienne a bombardé les maisons des colonies israéliennes où se trouvaient des combattants palestiniens et des Israéliens. Une application claire de la fameuse « directive Hannibal » de l’armée israélienne qui dit clairement que « mieux vaut un otage civil ou un soldat mort que pris vivant » afin d’éviter de s’engager dans un échange de prisonniers avec la résistance palestinienne.

    ♦ De plus, les autorités d’occupation ont révisé le nombre de leurs soldats et civils tués de 1 400 à 1 200, après avoir constaté que 200 cadavres brûlés avaient appartenu aux combattants palestiniens qui ont été tués et avaient mélangés aux cadavres israéliens. Cela signifie que celui qui a tué les combattants est celui qui a tué les Israéliens, sachant que seule l’armée israélienne possède des avions militaires qui ont tué, brûlé et détruit des zones israéliennes le 7 octobre.

    ♦ Les raids aériens israéliens à travers Gaza qui ont conduit à la mort de près de 60 captifs israéliens prouvent également que l’occupation israélienne ne se soucie pas de la vie de ses captifs à Gaza.
  5. Il est également avéré qu’un certain nombre de colons israéliens installés dans les colonies autour de Gaza étaient armés et se sont heurtés à des combattants palestiniens le 7 octobre. Ces colons ont été enregistrés comme civils alors qu’il s’agissait en réalité d’hommes armés combattant aux côtés de l’armée israélienne.
  6. Lorsque l’on parle de civils israéliens, il faut savoir que la conscription s’applique à tous les Israéliens âgés de plus de 18 ans – les hommes ayant effectué 32 mois de service militaire et les femmes 24 mois de service militaire – où tous peuvent être enrôlés dans l’armée israélienne et tous peuvent porter et utiliser des armes. Ceci est basé sur la théorie israélienne de la sécurité d’un « peuple armé » qui a transformé l’entité israélienne en « une armée avec un pays attaché ».
  7. .Le meurtre brutal de civils est une approche systématique de l’entité israélienne et l’un des moyens d’humilier le peuple palestinien. Le massacre des Palestiniens à Gaza est une preuve évidente de cette approche.
  8. La chaîne d’informations Al-Jazeera a déclaré dans un documentaire qu’au cours d’un mois d’agression l’agression israélienne sur Gaza, la moyenne quotidienne des enfants palestiniens tués à Gaza était de 136, tandis que la moyenne des enfants tués en Ukraine – au cours de la guerre russo-ukrainienne – était d’un enfant par jour.
  9. Ceux qui défendent l’agression israélienne ne regardent pas les événements de manière objective, mais vont plutôt justifier le massacre israélien de Palestiniens en disant qu’il y aurait des victimes parmi les civils lorsque les forces armées israéliennes attaquent des combattants du Hamas. Cependant, ces personnes n’utiliseraient pas une telle hypothèse lorsqu’il s’agit de l’événement déluge d’Al-Aqsa du 7 octobre.
  10. Nous sommes convaincus que toute enquête équitable et indépendante prouvera la véracité de notre récit et l’ampleur des mensonges et des informations trompeuses du côté israélien. Cela inclut également les allégations israéliennes concernant les hôpitaux de Gaza, selon lesquelles la résistance que la résistance palestinienne les utilisait comme centres de commandement ; une allégation qui n’a pas été prouvée et qui a été réfutée par les rapports de nombreux journaux et agences de presse occidentales.

TROISIEMEMENT :

VERS UNE ENQUETE INTERNATIONALE TRANSPARENTE

  1. La Palestine est un État membre de la Cour Pénale Internationale (CPI) et a adhéré aux statuts de Rome en 2015. Lorsque la Palestine a demandé une enquête sur les crimes de guerre israéliens commis sur son territoire, elle s’est heurtée à l’intransigeance et au rejet israéliens, ainsi qu’aux menaces de punir les Palestiniens pour leur demande à la CPI. Il est aussi regrettable de mentionner que certaines grandes puissances, qui prétendent défendre les valeurs de justice, se sont complètement rangées du côté de l’occupation et se sont opposées aux démarches palestiniennes dans le système judiciaire international. Ces puissances veulent maintenir « Israël » en tant qu’État au-dessus de la loi et s’assurer qu’il échappe à toute responsabilité et à l’obligation de rendre des comptes.
  2. Nous demandons instamment à ces pays, en particulier à l’administration américaine, l’Allemagne, le Canada et le Royaume-Uni, s’ils veulent la justice comme ils le prétendent, d’annoncer leur soutien à l’enquête en cours sur tous les crimes commis en Palestine occupée et soutenir pleinement les tribunaux internationaux pour qu’ils fassent efficacement leur travail.
  3. Malgré les doutes sur ces pays quant à leur volonté de défendre la justice, nous demandons instamment au Procureur de la CPI et à son équipe d’agir, de se rendre, immédiatement et de toute urgence, en Palestine occupée pour enquêter sur les crimes et les violations qui y sont commis, plutôt que de se contenter d’observer la situation à distance ou d’être soumis aux restrictions israéliennes.
  4. En décembre 2022, lorsque l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution demandant l’avis de la Cour Internationale de Justice (CIJ) sur les conséquences juridiques de l’occupation illégale des territoires palestiniens par « Israël », les (rares) pays qui soutiennent « Israël » ont annoncé leur rejet de cette démarche qui avait été approuvée par près de 100 pays. Et lorsque notre peuple et ses groupes juridiques et de défense des droits ont cherché à engager des poursuites contre les criminels de guerre israéliens devant les tribunaux des pays européens – par le biais du système de compétence universelle – les régimes européens ont fait obstruction à ces poursuites en faveur des criminels de guerre israéliens qui restent en liberté.
  5. Les événements du 7 octobre doivent être replacés dans un contexte plus large, et tous les cas de lutte contre le colonialisme et l’occupation dans notre monde contemporain doivent être replacés dans un contexte plus large. Ces expériences de lutte montrent qu’au même niveau d’oppression commis par l’occupant, il y aurait une réponse équivalente de la part du peuple sous occupation.
  6. Le peuple palestinien et les peuples du monde entier se rendent compte de l’ampleur des mensonges et de la tromperie de ces gouvernements qui soutiennent la pratique narrative israélienne dans leurs tentatives de justifier leur parti pris aveugle et de couvrir les crimes israéliens. Ces pays connaissent les causes profondes du conflit qui sont l’occupation et la négation du droit du peuple palestinien à vivre dans la dignité sur leurs terres. Ces pays ne manifestent aucun intérêt pour la poursuite du blocus injuste sur des millions de Palestiniens à Gaza, ni pour les milliers de Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes dans des conditions où leurs droits fondamentaux sont le plus souvent bafoués.
  7. Nous saluons les peuples libres du monde entier, de toutes religions, ethnies et origines, qui se rassemblent dans toutes les capitales et villes du monde pour exprimer leur rejet des crimes et massacres massacres israéliens, et pour montrer leur soutien aux droits du peuple palestinien et à sa juste cause.

QUATRIEMEMENT :

UN RAPPEL AU MONDE, QUI EST LE HAMAS ?

  1. Le Mouvement de résistance islamique « Hamas » est un mouvement de libération nationale et de résistance islamique palestinien. Son objectif est de libérer la Palestine et d’affronter le projet sioniste. Son cadre de référence est l’Islam, qui détermine ses principes, ses objectifs et ses moyens. Le Hamas rejette
    la persécution de tout être humain ou l’atteinte à ses droits pour des raisons nationalistes, religieuses ou sectaires.
  2. Le Hamas affirme que son conflit est avec le projet sioniste et non avec les Juifs en raison de leur religion. Le Hamas ne mène pas pas une lutte contre les Juifs parce qu’ils sont juifs mais lutte contre les sionistes qui occupent la Palestine. Pourtant, ce sont les sionistes qui identifient constamment le judaïsme et les juifs à leur propre projet colonial et à leur entité illégale.
  3. Le peuple palestinien s’est toujours opposé à l’oppression, l’injustice et les massacres de civils, quels qu’en soient les auteurs. Et sur la base de nos valeurs religieuses et morales, nous avons clairement exprimé notre rejet de ce à quoi les Juifs ont été exposés par l’Allemagne nazie. Ici, nous rappelons que le problème juif était par essence un problème européen, tandis que l’environnement arabe et islamique a été – tout au long de l’histoire- , un havre de paix pour le peuple juif et les peuples d’autres croyances et ethnies. L’environnement arabe et islamique était un exemple de coexistence, d’interaction culturelle et de libertés religieuses. Le conflit actuel est causé par le comportement agressif du sionisme et son alliance avec les puissances coloniales occidentales. Nous rejetons l’exploitation des souffrances des juifs en Europe pour justifier l’oppression contre notre peuple en Palestine.
  4. Le mouvement Hamas, conformément aux lois et aux normes internationales, est un mouvement de libération nationale qui a des objectifs et une mission clairs. Il tire sa légitimité à résister à l’occupation du droit palestinien à l’autodéfense, à la libération et à l’autodétermination. Le Hamas a toujours tenu à limiter son combat et sa résistance à l’occupation israélienne sur le territoire palestinien occupé, mais l’occupation israélienne n’a pas respecté cela et a commis des massacres et des meurtres contre les Palestiniens en dehors de la Palestine.
  5. Nous soulignons que la résistance à l’occupation par tous les moyens, y compris la résistance armée est un droit légitimé par toutes les normes, les religions divines, les lois internationales, y compris les Conventions de Genève et son premier protocole additionnel. les Conventions de Genève et leur premier protocole additionnel, ainsi que les résolutions de l’ONU qui s’y rapportent. Par exemple, La résolution 3236 de l’Assemblée générale des Nations Unies, adoptée par la 29ème session de l’Assemblée générale, le 22 novembre 1974, qui affirmait les droits inaliénables du peuple palestinien en Palestine, y compris le droit à l’autodétermination et le droit de retourner dans « leurs foyers et leurs biens d’où ils ont été expulsés, déplacés et déracinés ».
  6. Le peuple palestinien et sa résistance mènent une bataille héroïque pour défendre leur terre et leurs droits nationaux contre l’occupation coloniale la plus longue et la plus brutale. Le peuple palestinien est confronté à une agression israélienne sans précédent qui a commis des massacres odieux contre des civils palestiniens, dont la plupart étaient des enfants et des femmes. Au cours de l’agression contre Gaza, l’occupation israélienne a privé notre peuple de nourriture, d’eau, de médicaments, d’eau potable et de carburant, et les a tout simplement privés de tout moyen de subsistance. Pendant ce temps, les avions de guerre israéliens ont sauvagement frappé toutes les infrastructures et tous les bâtiments publics de Gaza, y compris les écoles, les universités, les mosquées, les églises et les hôpitaux, dans un signe clair de nettoyage ethnique visant à expulser la population de Gaza. Pourtant, les partisans de l’occupation israélienne n’ont rien fait d’autre que de maintenir le génocide en cours contre notre peuple.
  7. L’utilisation par l’occupation israélienne du prétexte de la « légitime défense » pour justifier son oppression contre le peuple palestinien est un processus de mensonge, de tromperie et de détournement des faits. L’entité israélienne n’a pas le droit de défendre ses crimes et son occupation, mais le peuple palestinien a le droit d’obliger l’occupant à mettre fin à l’occupation. En 2004, la Cour Internationale de Justice (CIJ) a rendu un avis consultatif dans l’affaire des « conséquences juridiques de l’édification d’un mur dans les territoires occupés ». La force d’occupation brutale ne peut se prévaloir d’un droit de légitime défense pour construire un tel mur sur le territoire palestinien. En outre, selon le droit international, Gaza est toujours une terre occupée, les justifications de l’agression contre Gaza sont donc sans fondement et manquent de capacité juridique, de même que l’idée d’autodéfense n’est pas fondée en droit.

CINQUIEMEMENT :

DE QUOI A-T-ON BESOIN ?


L’occupation est une occupation, quelle que soit la manière dont elle se décrit ou se nomme, et elle demeure un outil pour briser la volonté des peuples et continuer à les opprimer.

De l’autre côté, les expériences des peuples et des nations à travers l’histoire sur la manière de rompre avec l’occupation et le colonialisme confirment que la résistance est l’approche stratégique et la seule voie vers la libération comme la fin de l’occupation. Une nation a-t-elle été libérée de l’occupation sans lutte, résistance ou sacrifice ?

Les impératifs humanitaires, éthiques et juridiques nécessitent que tous les pays du monde soutiennent la résistance du peuple palestinien et non de se liguer contre elle. Ces pays sont censés faire face aux crimes et à l’agression de l’occupation, et soutenir la lutte du peuple palestinien pour libérer ses terres et exercer son droit à l’autodétermination, à l’instar de tous les peuples du monde. Sur cette base, nous appelons à ce qui suit :

  1. L’arrêt immédiat de l’agression israélienne sur Gaza, des crimes et du nettoyage ethnique commis contre l’ensemble de la population de Gaza, d’ouvrir les points de passage et d’autoriser l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza, y compris pour les outils de reconstruction.
  1. Tenir l’occupation israélienne légalement responsable pour les souffrances humaines qu’elle a causées au peuple palestinien, et l’inculper pour les crimes commis contre les civils, les infrastructures, les hôpitaux, les établissements scolaires, les mosquées et les églises.
  2. Le soutien de la résistance palestinienne face à l’occupation israélienne par tous les moyens possibles en tant que droit légitimé par les lois et les normes internationales.
  3. Nous appelons les peuples libres du monde entier, en particulier les nations qui ont été colonisées et qui se rendent compte de la souffrance du peuple palestinien, à prendre des positions sérieuses et effectives contre les politiques de double standard adoptées par les puissances qui soutiennent l’occupation israélienne. Nous appelons ces nations à lancer un mouvement mondial de solidarité avec le peuple palestinien et à mettre l’accent sur les valeurs de justice et d’égalité et sur le droit des peuples à vivre dans la liberté et la dignité.
  4. Les superpuissances, en particulier les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, entre autres, doivent cesser d’offrir à l’entité sioniste une couverture qui lui permette de se soustraire à ses responsabilités et doivent cesser de traiter avec elle comme avec un pays au-dessus des lois. Ce comportement injuste de la part de ces pays a permis à l’occupation israélienne, pendant 75 ans, de commettre les pires crimes. jamais commis contre le peuple, la terre et les valeurs sacrées des Palestiniens. Nous demandons instamment aux pays du monde entier, aujourd’hui et plus que jamais, d’assumer leurs responsabilités à l’égard du droit international et des résolutions pertinentes de l’ONU qui appellent à mettre fin à l’occupation.
  5. Nous rejetons catégoriquement tout projet international ou israélien visant à décider de l’avenir de la bande de Gaza qui ne servent qu’à prolonger l’occupation. Nous soulignons que le peuple palestinien a la capacité de décider de son avenir et d’organiser ses affaires internes, et qu’aucune partie au monde n’a le droit d’imposer une quelconque forme de tutelle au peuple palestinien ou de décider en son nom.
  6. Nous demandons instamment de s’opposer aux tentatives israéliennes de provoquer une nouvelle vague d’expulsion – ou une nouvelle Nakba – pour le peuple palestinien, en particulier dans les territoires occupés en 1948 et en Cisjordanie. Nous insistons sur le fait qu’il n’y aura pas d’expulsion vers le Sinaï, la Jordanie ou tout autre endroit, et que s’il y a une relocalisation des Palestiniens, ce sera vers leurs maisons et les zones dont ils ont été expulsés en 1948 ; comme l’indique le rapport de la Commission européenne sur la situation des droits de l’homme ; comme l’affirment de nombreuses résolutions de l’ONU.
  7. Nous appelons à maintenir la pression populaire dans le monde entier jusqu’à la fin de l’occupation. Nous appelons à s’opposer aux tentatives de normalisation avec l’entité israélienne et à un boycott global de l’occupation israélienne et de ceux qui la soutiennent.

MOYEN-ORIENT

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Max Blumenthal, sur les guerres de la bande de Gaza dans son passé – et dans son avenir


« Tuer, et tuer, et tuer.
Toute la journée,
tous les jours »
.

*****

 

« La question, c’est juste, quand » :

 

Elias Isquith – 27 juin 2015 – Salon

 

L’auteur de « La guerre de 51 jours : ruines et résistance à Gaza » a raconté à Salon ce qu’il a vu dans les décombres d’un pays en état de siège.

Illustration de la première de couverture du livre « La guerre de 51 jours : ruines et résistance à Gaza » (Photo : Nation Books)
Illustration de la première de couverture du livre « La guerre de 51 jours : ruines et résistance à Gaza » (Photo : Nation Books)

Si pour une raison quelconque, vous êtes l’une de ces très rares personnes sur cette Terre à vouloir y aller, plutôt que d’en partir, de la bande de Gaza, vous pourriez vouloir savoir à quoi vous attendre.

Parce que, bien qu’il se soit passé presque un an depuis que le conflit israélo-Gaza de 2014 – l’ « Opération Bordure protectrice » comme les Forces de défense israéliennes l’ont appelé – s’est interrompu, vous ne devez pas vous attendre à trouver une société reconstruite. Non, selon « La guerre de 51 jours : ruines et résistance à Gaza », le nouveau livre de Max Blumenthal, journaliste, déjà auteur de l’incendiaire « Goliath : vie et haine dans le Grand Israël », ce que vous y verrez, ce sont des montagnes de décombres, à peine moins qu’il n’y en avait à la fin de la guerre.

Sur la base de ses contacts à Gaza aussi bien que de son propre reportage, de première main, le livre de Blumenthal apporte deux choses, aucune n’étant particulièrement bien accueillie dans le monde politique états-unien et les médias du courant dominant. Non seulement Blumenthal fournit une ventilation méthodique de la période précédant le conflit – qui diverge dans ses aspects essentiels des récits les plus courants que l’on trouve dans la presse américaine –, mais encore il propose une comptabilité plus détaillée de ce qu’il s’est passé derrière le brouillard de la guerre. Il essaie aussi de répondre à certaines des questions toujours gênantes concernant la guerre : Pourquoi a-t-elle duré si longtemps ? Pourquoi tant de victimes civiles ? Et qu’est-ce qui a même été accompli ?

Récemment, Salon s’est entretenu au téléphone avec Blumenthal pour discuter de son livre, de l’histoire de Gaza dont beaucoup d’Américains ne savent rien, des raisons qui lui font penser que la guerre a été une conséquence presque délibérée d’une politique israélienne de longue date, et croire qu’elle ne sera pas la dernière. Ci-dessous, vous trouverez notre entretien, revu pour plus de clarté et dans sa longueur.

Vous soutenez que la guerre de l’été dernier ne peut pas être comprise isolément, qu’il faut la voir dans un contexte plus large. Par exemple, pourquoi pensez-vous que la situation aujourd’hui est une conséquence  du « désengagement » de Gaza par l’ancien Premier ministre Ariel Sharon, en 2005 ?

Le retrait des colons nationalistes religieux israéliens (qui étaient environ au nombre de 9000) de la bande de Gaza a été fêté par les libéraux, parce qu’ils y voyaient ces fanatiques forcés par les troupes israéliennes de quitter une région qu’Israël (avait) occupée. Ce retrait unilatéral relevait en réalité d’un scénario auquel quiconque qui se souciait de la population de la bande de Gaza aurait dû s’opposer, parce que l’ordre du jour en était très clair et très visible. Il s’agissait de libérer (Israël) de ses obligations émanant de la Convention de Genève concernant la bande de Gaza, et de prétendre qu’il ne l’occupait plus.

Qu’a permis la nouvelle situation à Israël ?

Il lui a été possible d’établir un système de style panoptique, où il contrôle l’extérieur, le ciel, la mer, et où il peut placer la bande de Gaza sous un siège très sophistiqué, un siège assuré par des robots. Deuxièmement, cela a permis à Israël de restreindre son contrôle des grands blocs de colonies autour de Jérusalem-Est. Ils ont reçu une lettre de George W. Bush (leur demandant) le retrait unilatéral de la bande de Gaza, et leur garantissant que ces colonies gigantesques sur l’aquifère palestinien – colonies qui s’enfoncent profondément au cœur de la Cisjordanie et qui sépareront finalement la Cisjordanie de lui-même – resteront en permanence aux mains d’Israël dans tout accord américain pour une paix négociée. C’est le point numéro deux.

Et le point numéro trois ?

Le point numéro trois, c’est que ce retrait, selon les propos mêmes du chef du Shin Bet de l’époque, Avi Dichter, permet à l’armée plus de « liberté d’actions » dans la bande de Gaza. S’il n’y a plus aucun Israélien juif dans la bande de Gaza, cela vous permet de commencer à utiliser des obus d’artillerie de 150 mm pour les tirs de barrage aux régions frontalières ; cela vous permet d’utiliser des bombes à fragmentation de 2000 livres. Aussitôt que le retrait aura eu lieu, vous verrez l’utilisation d’armes expérimentales, pour un armement à coût réduit. Gaza va devenir un laboratoire pour l’industrie israélienne d’armement, et pour l’ensemble du mécanisme de contrôle qu’Israël essaie de commercialiser et d’exporter vers le monde comme étant déjà testé sur le terrain.

Je veux juste ajouter un point : nous devons comprendre ce qu’est la bande de Gaza, en considérant la situation dans son ensemble – pas seulement depuis 2005, mais depuis 1948.

Que voulez-vous dire ?

Ils sont 72 à 80 % dans la population de la bande de Gaza à être qualifiés de réfugiés. Cela signifie que ceux-ci sont les descendants de la population qui, durant la Nakba, entre 1947 et 1948, a été expulsée par la force hors de ce qui actuellement est Israël. Ces gens ne sont pas autorisés à rentrer dans leurs foyers comme le leur garantit le Droit au retour – en vertu de la Résolution 194 des Nations-Unies – parce qu’ils ne sont pas juifs. S’ils revenaient, la majorité démographique juive d’Israël serait compromise.

Voilà comment les dirigeants d’Israël, qui règnent aussi sur tous les Palestiniens, les voient. Ils voient la population de la bande de Gaza comme une menace démographique. La bande de Gaza est donc un entrepôt humain, pour une population en excédent – c’est anachronique dans un monde moderne. Une population est entreposée parce qu’elle est de la mauvaise ethnie. Voilà pourquoi la bande de Gaza résiste. Pour moi, c’est là, vraiment, l’essence de la crise.

Votre référence à l’angle démographique m’amène à Aron Soffer, que ses collègues ont surnommé « le compteur d’Arabes ». Qui est-il ? Pourquoi est-il important ?

Armon Soffer est un conseiller en chef en ingénierie démographique – c’est-à-dire, comment manigancer une majorité juive dans les régions sous contrôle israélien –, et il le fut dans les gouvernements israéliens successifs. Il a conçu non seulement le désengagement unilatéral de Gaza, mais également le mur de séparation. Dans chaque cas, il a annoncé qu’ils n’apporteraient pas une plus grande sécurité nationale pour Israël, mais qu’ils conduiraient au maintien de la majorité (démographique) juive. Il est obsédé par le maintien d’un seuil à 70 %. Son nom de famille, Soffer, signifie « compteur » en hébreu ; aussi, ses collègues à l’université de Haïfa se réfèrent à lui comme à « Arnon, le compteur d’Arabes ».

Il a anticipé que ses recommandations politiques réduiraient la sécurité nationale d’Israël, tout cela au nom du maintien d’une majorité démographique ?

Écoutez ce qu’il dit. Alors qu’il expliquait la nécessité du désengagement unilatéral de Gaza, il a déclaré : « Quand 2,5 millions de personnes vivront dans une Gaza fermée à l’extérieur, ça deviendra une catastrophe humaine. Ces gens seront plus encore des animaux qu’ils ne le sont aujourd’hui, aidés en cela par un Islam démentiel, fondamentaliste. La pression à la frontière sera horrible ; ce sera une guerre épouvantable. Si nous voulons rester en vie, nous devrons tuer, et tuer, et tuer. Toute la journée, tous les jours ».

Il a déclaré cela au Jerusalem Post – alors il était un proche conseiller de Sharon. Sharon a attribué à Soffer de l’avoir convaincu du désengagement (de la bande de Gaza). Le journal a été imprimé en Israël, mais pas aux États-Unis. Je n’approuve pas le langage ou l’idéologie raciste de Soffer, mais ce qu’il a dit est devenu réalité. Ce que nous avons vu l’été dernier avec l’Opération Bordure protectrice était l’accomplissement de sa prophétie sanglante : « Tuer, et tuer, et tuer tous les jours ». C’est ce que l’armée israélienne a fait pendant 51 jours.

Quelle est la cause du conflit de l’été dernier ? Qu’est-ce qui a allumé l’étincelle et provoqué cette guerre de 51 jours ?

La guerre était un prolongement de la campagne continue visant à anéantir le mouvement national palestinien. C’est ce que le sociologue israélien, Barruch Kimmerling, a appelé un « politicide », c’est-à-dire la destruction d’une identité politique tout entière. Il extrapolait à partir du terme « génocide », qui signifie la destruction d’un peuple entier. Je pense que c’est un condensé vraiment exact de la stratégie à long terme d’Israël.

De quelles façons ?

Je ne pense pas qu’Israël ait la moindre intention d’exterminer physiquement les Palestiniens par centaines de milliers. Il veut simplement les éliminer en tant que mouvement national, et en faire des Arabes errants, qui seront soit confinés dans des bantoustans en Cisjordanie, ou dans un entrepôt dans la bande de Gaza ; soit des citoyens de quatrième classe, fournissant une main-d’œuvre subalterne en Israël même ; soit disposant tout simplement d’un statut de simples réfugiés. Mais sans aucune direction politique, ni aucun objectif nationaliste….

 

 

http://www.salon.com/2015/06/27/the_question_is_just_when_max_blumenthal_on_war_in_the_gaza_strips_past_%E2%80%94_and_its_future/

Traduction : JPP pour l’Agence Média Palestine

Fils de la Mort


Israël a-t-il sciemment brisé le cessez-le-feu? C’est la thèse du pacifiste israélien vétéran Uri Avnery.

 

LA GUERRE était finie. Les familles retournaient à leurs kibboutz près de Gaza. Les jardins d’enfants rouvraient. Un cessez-le-feu était instauré et de nouveau encore prolongé. De toute évidence, les deux parties étaient épuisées.
Et alors, tout d’un coup, la guerre a repris.
Que s’est-il passé ? Eh bien, le Hamas a lancé des roquettes sur Beersheba en plein cessez-le-feu.
Pourquoi ? Sans raison. Vous savez comment sont les terroristes. Avides de sang. Ils ne peuvent s’en empêcher. Tout comme les scorpions.
Mais ce n’est pas si simple.

LES ENTRETIENS DU CAIRE étaient sur le point d’aboutir, du moins le semblait-il. Mais Benjamin Nétanyahou avait des soucis. Il avait caché le projet d’accord égyptien pour un long cessez-le-feu même à ses collègues du gouvernement. Ils ne l’ont appris que par les médias qui l’ont révélé à partir de sources palestiniennes.
Apparemment, le projet disait que le blocus serait considérablement allégé sinon officiellement levé. Des pourparlers au sujet d’un port et d’un aéroport devaient débuter au cours du mois à venir.
Quoi ? Qu’obtenait Israël en contrepartie ? Après tous ces tirs et ces tueries, avec 64 soldats israéliens tués, après tous les discours grandiloquents sur notre victoire retentissante, était-ce là tout le résultat ? Pas étonnant que Nétanyahou ait tenté de cacher le document.
La délégation israélienne reçut l’ordre de rentrer sans signer. Les médiateurs égyptiens exaspérés obtinrent une nouvelle prolongation du cessez-le-feu de 24 heures. Elle devait expirer à minuit mardi, mais tout le monde de part et d’autre s’attendait à le voir être encore prolongé. Et alors c’est arrivé.
Aux alentours de 16 heures, trois roquettes furent tirées sur Beersheba et tombèrent dans des zones inhabitées. Pas de sirènes d’alarme. De façon assez curieuse, le Hamas nia les avoir lancées, et aucune autre organisation palestinienne n’en revendiqua la responsabilité. C’était bizarre. Après chaque lancement précédent depuis Gaza, il se trouvait toujours une organisation palestinienne fière de le revendiquer.
Comme d’habitude, les avions israéliens ripostèrent promptement en bombardant des immeubles dans la bande de Gaza. Comme d’habitude, des roquettes se mirent à pleuvoir sur Israël. (J’ai entendu les interceptions à Tel Aviv).

COMME D’HABITUDE ? Pas tout à fait.
D’abord on a su qu’une heure avant l’arrivée des roquettes, la population israélienne proche de Gaza avait été prévenue par l’armée d’avoir à préparer abris et “espaces de sécurité”.
Ensuite il apparut que le premier immeuble de Gaza frappé appartenait à la famille d’un chef militaire du Hamas. Trois personnes furent tuées dont un bébé et sa mère.
Et puis la nouvelle s’est répandue : il s’agissait de la famille de Mohammed Deif, le chef des Brigades Izz al-Din al-Qassam, la branche militaire du Hamas. (Qassam était un héros palestinien, le premier à s’être rebellé contre le pouvoir britannique en Palestine dans les années 30. Il fut pourchassé et tué par les Britanniques.) Parmi les tués de ce mardi il y avait sa femme et son bébé. Mais il semble que Deif lui-même n’était pas là.
Cela n’est pas en soi une surprise. Deif a survécu à au moins quatre tentatives d’assassinat. Il a perdu un oeil et plusieurs membres mais en est toujours sorti vivant.
Tout autour de lui, ses chefs successifs, des dizaines de ses pairs et subordonnés politiques et militaires ont été assassinés au fil des années. Mais lui a été béni des dieux.
Maintenant, militant palestinien le plus recherché et traqué, il figure en tête de la liste noire israélienne. Il est le “Fils de la Mort” N° 1, une formule quelque peu biblique utilisée en Israël pour qualifier ceux qui doivent être assassinés.
Comme la plupart des habitants de la bande de Gaza, Deif est un enfant de réfugiés d’Israël. Sa famille vient du village de Kawkaba, maintenant en Israël. Je l’ai traversé en 1948, avant qu’il ne soit complètement rasé.
Pour le Service de Sécurité israélien, il représente un enjeu qui vaut bien de rompre le cessez-le-feu et de relancer la guerre.

POUR BEAUCOUP de services de sécurité dans le monde, dont l’américain et le russe, l’assassinat est un sport et un art.
Israël revendique la médaille d’or.
Un assassinat est une opération complexe. Elle exige beaucoup de temps, d’expertise, de patience et de chance. Les exécutants doivent recruter des informateurs proches de la victime, poser des appareils électroniques, obtenir des informations précises sur tous ses mouvements, mettre à exécution leur projet en quelques minutes dès que l’occasion se présente.
C’est la raison pour laquelle on n’a pas le temps d’obtenir une confirmation de l’échelon supérieur. Peut-être le Service de Sécurité (couramment appelé Shin Bet) a-t-il obtenu la permission de Nétanyahou, son unique chef politique, peut-être pas.
Il étaient évidemment informé que Deif rendait visite à sa famille. C’était une occasion en or. Depuis des mois, même des années, Deif menait une vie souterraine, au sens littéral – quelque part dans le labyrinthe de tunnels que ses hommes avaient creusés sous la Bande. On ne l’apercevait jamais.
Depuis le début de cette guerre, tous les autres chefs importants du Hamas vivaient également sous terre. D’Ismaïl Haniyeh aux niveaux en-dessous, aucun n’a été vu. La maîtrise totale de l’air par les avions et les drones israéliens impose ces précautions. Le Hamas ne dispose pas d’armes anti-aériennes.
Il me semble hautement improbable que Deif mettrait sa vie en danger en rendant visite à sa famille. Mais le Shin Bet a de toute évidence obtenu un tuyau et y a cru. Les trois roquettes bizarres tirées sur Beersheba fournissaient le prétexte pour rompre le cessez-le-feu, et c’est ainsi que la guerre a repris.
Les vrais aficionados de l’art de l’assassinat ne se préoccupent pas beaucoup des conséquences politiques ou militaires de leurs actes. C’est “L’art pour l’art”.
À propos, la dernière guerre de Gaza, il y a deux ans, avait débuté de la même façon. L’armée israélienne avait assassiné le chef de-facto d’al-Qassam, Ahmed Jaabari. La guerre qui s’ensuivit avec ses centaines de morts ne fut qu’un dommage collatéral.
Jaabari était à l’époque le suppléant de Deif qui était en convalescence au Caire.

TOUT CELA est, bien sûr, beaucoup trop compliqué pour des diplomates américains ou européens. Ils aiment les histoires simples.
La Maison Blanche a immédiatement réagi à la reprise des hostilités en condamnant le lancement de roquettes par le Hamas et en réaffirmant qu’“Israël a le droit de se défendre”? Les médias occidentaux l’ont répété comme des perroquets.
Pour Nétanyahou, qu’il ait été prévenu de la tentative d’assassinat ou non, c’était une issue à un dilemme. Il se trouvait dans la situation fâcheuse de beaucoup de dirigeants dans l’Histoire qui déclenchent une guerre et ne savent plus comment en sortir.
Dans une guerre, un chef prononce des discours grandiloquents, promet la victoire et des résultats merveilleux. Il est rare que ces promesses se réalisent. (Si elles se réalisent, comme à Versailles en 1919, cela peut être encore pire.)
Nétanyahou est un homme doué en marketing, à défaut d’autre chose. Il a beaucoup promis et les gens l’ont cru et l’ont approuvé à 77%. Le projet de cessez-le-feu permanent proposé par les Égyptiens, bien que manifestement en faveur d’Israël, était loin de représenter une victoire pour Israël. Il confirmait seulement que la guerre se concluait sur un match nul. Le propre gouvernement de Nétanyahou y était opposé, l’opinion publique y répugnait manifestement. La reprise de la guerre le tira d’embarras.
Mais que faire maintenant?

LE BOMBARDEMENT de la population de Gaza suscite de plus en plus de critiques de la part de l’opinion publique mondiale. Il a aussi perdu son attrait en Israël. La maxime “bombardons les jusqu’à ce qu’ils cessent de nous haïr” ne fonctionne visiblement pas.
La solution alternative est d’entrer dans la bande de Gaza et de l’occuper complètement, de sorte que même Deif et ses hommes soient obligés de monter à la surface pour être assassinés. Mais c’est une proposition dangereuse.
Lorsque j’étais soldat au cours de la guerre de 1948, on nous avait appris à ne jamais nous mettre dans une situation qui ne laisse aucune échappatoire à l’ennemi. Dans un tel cas il se battra jusqu’au bout, provoquant de nombreuses pertes.
Il n’est pas possible de sortir de la bande de Gaza. Si l’armée israélienne est envoyée conquérir toute la Bande, les combats seront féroces, causant des morts et des blessés par centaines chez les Israéliens et par milliers chez les Palestiniens, et des destructions incalculables. Le Premier ministre sera l’une des victimes politiques.
Nétanyahou en est pleinement conscient. Il ne le veut pas. Mais que peut-il faire d’autre ? On peut presque plaindre l’homme.
Il peut bien sûr donner l’ordre à l’armée d’occuper seulement des parties de la Bande, un village ici, une ville là. Mais cela aussi répandra mort et destruction, sans gain manifeste. Au bout du compte, le mécontentement du public sera le même.
Le Hamas a menacé cette semaine d’ouvrir “les portes de l’enfer” pour nous. Cela n’affecte guère les habitants de Tel Aviv, mais pour les villages et les villes proches de Gaza c’est réellement l’enfer. Les morts et les blessés sont peu nombreux mais la peur est dévastatrice. Les familles avec enfants s’en vont en masse. Lorsque le calme revient, elles essaient de revenir chez elles mais ensuite les nouvelles roquettes les poussent à repartir.
Leur situation critique suscite une réaction émotionnelle forte dans l’ensemble du pays. Aucun politique ne peut l’ignorer. Le Premier ministre moins que tout autre. Il lui faut mettre fin à la guerre. Il lui faut aussi afficher clairement une image de victoire. Mais comment l’obtenir ?
Le dictateur égyptien tente d’apporter son aide. Barack Obama aussi, bien qu’il soit furieux contre Nétanyahou et qu’il ne puisse pas le blairer. Mahmoud Abbas aussi, lui qui craint une victoire du Hamas.
Mais pour le moment, l’homme de la décision finale est le Fils de la Mort, Mohammed Deif, s’il est bien vivant. Sinon, son successeur.
S’il est en vie, l’assassinat de sa femme et de son fils peut ne pas l’avoir rendu plus doux et plus pacifique.

[Article écrit en hébreu et en anglais, publié sur le site de Gush Shalom le 23 août 2014 – Traduit de l’anglais “Son of Death” : FL/SW]

Gideon Levy, un sioniste détesté en Israël


Publié le  par Baudouin Loos

Contre la vague nationaliste imposante qui soutient avec ferveur l’attaque de l’armée israélienne contre Gaza, les voix israéliennes juives qui réussissent à se faire entendre ne sont pas légion. L’une d’elles bénéficie d’un support médiatique de choix, le très minoritaire mais estimé quotidien de gauche Haaretz. Au sein de sa rédaction, en effet, un homme symbolise «l’autre Israël», celui qui refuse la logique de guerre, et qui dénonce d’ailleurs depuis des décennies l’occupation. Cet homme s’appelle Gideon Levy et les menaces contre lui s’accumulent ces derniers jours.

Le journaliste a tenté la semaine dernière de se rendre dans les villes israéliennes proches de Gaza – l’entrée dans la bande maudite étant interdite aux Israéliens par Israël. Mais son reportage a tourné court devant la tension que sa présence suscitait quand il arrivait quelque part. Il estime même avoir échappé à un lynchage grâce à la présence d’une équipe de la télévision de la seconde chaîne nationale qui devait l’interviewer dans un «mall» d’Ashkelon (l’interview n’a d’ailleurs pas pu avoir lieu en raison de l’hostilité du public présent). Il a raconté cet épisode dans un article publié le 19 juillet.
Que dit donc Gideon Levy pour provoquer une telle ire contre lui?
Dans la rubrique «Opinions», il a par exemple signé le 17 juillet un papier intitulé «Voudriez-vous vivre dans le nouvel Israël qui vous tend la main?».

L’Israël qui se dessine, explique-t-il, sera celui «qui ne tolérera aucune opinion différente, aucune idée alternative. (…) Le peuple parlera à l’unisson, comme un chorus, aussi uniforme qu’un choeur de l’Armée rouge. Les médias aussi parleront d’une seule voix, déclamant les communiqués dictés par le gouvernement et l’armée».

Plus fort encore, car évoquant le climat de ces derniers jours: «En temps de guerre, la situation est différente, bien sûr. (…) On peut critiquer l’armée et la Défense mais dans une seule direction: ”Pourquoi ne laisse-t-on pas l’armée gagner? Laissons-la faire son travail, les battre tous, les bombarder, les écraser plus encore, conquérir plus encore, couper l’électricité, resserrer le siège, accroître autant que possible les tueries, la souffrance et les dévastations (…). Ramener les Arabes à l’âge de la pierre et Gaza au Moyen Age”. C’est autorisé.»

Dans un article plus analytique publié dans la même rubrique ce dimanche 20 juillet, Levy examine les dix conditions posées par le Hamas et le Djihad islamique pour cesser le feu. Et d’estimer qu’il n’y en pas une seule d’infondée parmi elles! Comme la fin du siège imposé à Gaza (que le droit international et la communauté internationale condamnent, d’ailleurs, n’écrit-il pas), la réouverture de l’aéroport de Gaza, celle du passage vers l’Egypte sous supervision internationale, l’ouverture d’un port, etc.) «Ces conditions sont d’ordre civil; les moyens utilisés pour y arriver sont militaires, violents et criminels. Mais l’amère vérité est que quand Gaza ne tire pas de roquettes sur Israël personne ne s’en préoccupe.»

L’animosité rencontrée par Gideon Levy en Israël ne date pas d’hier. Ce journaliste s’est spécialisé dans les affaires palestiniennes durant les années 1980. Ses fréquents reportages très crûs dans les territoires occupés, bien avant qu’il ne commençât à également remplir les colonnes des pages «Opinions», lui ont valu une solide réputation: celle d’un «prophète» pour les uns, comme l’intellectuel juif américain Noam Chomsky, ou celle d’un «traître» pour nombre d’Israéliens.

Nous l’avions rencontré à Bruxelles en 2010. Il assumait son impopularité chez lui en Israël. «Il y a de plus en plus d’Israéliens qui sont furieux contre moi. Eh bien! quelque part, ça me rend fier de moi. Car je lutte contre l’indifférence. Si je les fâche, c’est au moins que je les réveille, je touche leurs nerfs sensibles. Cela dit, la société israélienne devient de plus en plus intolérante. Beaucoup d’Israéliens trouvent que Barack Obama flirte avec l’antisémitisme, les associations qui défendent les droits de l’homme sont traitées de nazies, il y a de moins en moins de contre-pouvoirs, la société civile est dans le coma…»

Depuis lors, le journaliste a aggravé son cas, si l’on ose dire: depuis l’année dernière, lui le sioniste convaincu qui dit se battre «pour un Israël dont je pourrais être fier», s’est résolu à appeler au boycott de son pays«Le changement ne viendra pas de chez nous. C’est clair depuis longtemps. Aussi longtemps que les Israéliens ne paient pas le prix pour l’occupation, ou au moins ne font pas la connexion entre cause et effet, ils n’auront aucune raison d’y mettre fin. Et pourquoi un résident lambda de Tel-Aviv serait-il dérangé par ce qui se passe dans une ville de Cisjordanie comme Jénine ou de la bande de Gaza comme Rafah ? Ces endroits sont loin et pas particulièrement intéressants.»

Avec l’escalade actuelle à Gaza, comme il l’écrivait le 19 juillet, voici pour lui «le temps des menaces, de la haine, des intimidations (mais aussi les encouragements, le réconfort et la solidarité) dans la rue, par courriels, par téléphone, sur Twitter et Facebook. Les ténèbres sont tombés sur nous.»

Et de conclure de manière sombre: «Toutes les semences des incitations à la haine, toutes les lois nationalistes, racistes et la propagande incendiaire, les campagnes de peur et la subversion de la démocratie par le camp de la droite, tout cela a porté ses fruits, et ces fruits sont répugnants et pourris».

BAUDOUIN LOOS

Cette entrée a été publié sur le blog de Baudouin Loos  sur  ce permalien.

LA “CONFÉRENCE DE PAIX“ OCCULTE LA DESTRUCTION DE LA PALESTINE par Jacques Bude


“Mettre fin aux spéculations sur les mirages de la fin de l’occupation et les chimères quant à la création d’un État palestinien au moyen des négociations, alors que ces tentatives ont échoué de manière cinglante. … L’expérience de vingt années de négociations avec l’entité sioniste prouve que celle-ci, par sa composition, sa nature, son comportement raciste de colonisation et de haine et sa politique ne montre aucune disposition pour une paix véritable qui garantisse au minimum les droits nationaux de notre peuple. … La colonisation s’est poursuivie pendant ces vingt ans de négociations et vu sa proportion se multiplier par trois, voire par quatre. Tandis que la judaïsation de Jérusalem se propage inexorablement.“

Marwan Barghouti, mars 2012

À de rares exceptions près, les initiatives internationales visant à mettre fin au conflit entre Israéliens et Palestiniens considèrent que le dialogue de paix – négociations sans intervention extérieure – est le seul moyen d’atteindre cet objectif. Cette vision des choses est également largement répandue au niveau du sens commun.

Pourtant les « conférences de paix » entre Israéliens et Palestiniens – Madrid (1991), Oslo I (1993-1994), Oslo II (1995), Wye River (1998), Charm El-Cheikh (1999), Camp David (2000), Taba (2001), Charm El-Cheikh (2005), Jérusalem (2006), Annapolis (2007) – n’ont ni réalisé ni même contribué à la paix. Ces « dialogues de paix » n’ont ni interrompu, ni même ralenti la colonisation de peuplement et la confiscation des terres dans les territoires occupés en 1967. Ils n’ont pas empêché l’État d’Israël de poursuivre, voire d’accélérer l’installation d’Israéliens juifs dans les territoires occupés – aujourd’hui plus de 500000, soit un Israélien juif sur 10 -, l’implantation de colonies fortifiées, la confiscation et le nettoyage ethnique de terres palestiniennes.

Longtemps les appels à la négociation – au “dialogue de paix“ – entre Israéliens et Palestiniens se sont inscrits dans une rhétorique d’évacuation des territoires occupés en 1967 en échange de la paix. Dans le sillage des Accords d’Oslo, l’Autorité palestinienne s’est totalement engagée dans cette perspective. Il n’en a manifestement pas été de même pour les autorités israéliennes. Avant et après Oslo, tous les gouvernements israéliens ont inscrits leur politique – à l’instar de la politique officiellement prônée par Yitzhak Shamir en 1991[1] – dans la perspective de la paix en échange de la paix, c’est-à-dire, de la fin des agressions israéliennes en échange de la fin de la résistance à l’occupation et à la colonisation.[2] Ce qui d’ailleurs est conforme à l’essence même de l’État d’Israël.

Intentionnellement ou non, toutes les « conférences de paix » ont été des promesses creuses qui ont entravé les Palestiniens, et un moyen d’amener les Israéliens et la communauté internationale à soutenir ou du moins à accepter la colonisation – confiscation des terres et nettoyage ethnique – des territoires occupés en 1967. Par exemple, “l’offre généreuse“ mise au point et utilisée de main de maître par E. Barak à la Conférence de Camp David (2000), a consisté à prétendre qu’afin d’arriver à un accord de paix, les autorités israéliennes avaient fait des offres extrêmement généreuses qui avaient été systématiquement rejetées par les Palestiniens.[3] Ce qui est censé prouver que les Palestiniens ne veulent pas la paix mais la destruction d’Israël et par conséquent que, confronté à l’absence d’un partenaire de paix, l’État d’Israël est obligé d’assurer sa sécurité, notamment par la construction d’un “Mur de sécurité“ et par l’implantation de colonies.[4]

L’effet sur l’opinion israélienne et internationale de ces prétendues “offres généreuses“ israéliennes, qui en fait n’ont jamais existé et qui auraient été confrontées à un rejet systématique de la part des Palestiniens, a été stupéfiant.[5] Pourtant les nombreuses et très graves infractions israéliennes aux Droits humains des Palestiniens – crimes de guerre et crimes contre l’humanité – ont été abondamment documentées par des organisations au-dessus de tout soupçon. Force est de constater que la crédulité devient incommensurable dès que l’on invoque de prétendues menaces à la sécurité d’Israël, pourtant de très loin la puissance militaire dominante de la région.

Depuis quelques années et de plus en plus souvent, les masques tombent du côté israélien. Des hautes autorités israéliennes ne font plus allusion à l’évacuation des territoires occupés, au démantèlement des colonies, ni même à la fin de la colonisation en échange de la paix. Par exemple, en réaction à l’attribution du statut d’État observateur à la Palestine par l’ONU le 29 novembre 2012, le Gouvernement israélien a publié le 2 décembre 2012 un communiqué officiel du Premier Ministre Benjamin Netanyahu où on peut lire: “Aujourd’hui nous construisons et nous continuerons à construire à Jérusalem et dans toutes les zones qui se trouvent sur la carte des intérêts stratégiques de l’État d’Israël“ “Il n’y aura pas d’État palestinien sans un dispositif qui garantisse la sécurité des citoyens israéliens. Il n’y aura pas d’État palestinien tant que l’État d’Israël ne sera pas reconnu comme l’État du Peuple juif. Il n’y aura pas d’État palestinien tant que les Palestiniens n’auront pas proclamé la fin du conflit“.[6] Donc le Gouvernement israélien proclame officiellement que les Palestiniens n’auront la paix qu’à condition de laisser les Israéliens coloniser en toute sécurité.

Bien qu’elle continue à évoquer l’échange de la paix contre l’évacuation des Territoires, il y a longtemps que l’Autorité palestinienne a été amenée à souscrire à la perspective de « la paix en échange la paix ».[7] Du fait de sa totale dépendance à l’égard des États-Unis, de l’Union européenne et de la bonne volonté douanière d’Israël et sans doute surtout afin de préserver les privilèges liés à la gestion de l’occupation, l’Autorité palestinienne réprime ou du moins endigue fermement toute opposition militante à l’occupation, en échange du pouvoir d’administrer sous stricte tutelle israélienne la mosaïque de “réserves“ telle qu’elle existe aujourd’hui. Toutefois, bien que l’État d’Israël – Territoires occupés inclus – soit déjà, à l’image des États-Unis, un État moderne avec ses réserves d’indigènes, les autorités israéliennes ne sont pas encore rassasiées. Il reste des terres à confisquer et à “nettoyer“.

Le fait que l’Autorité palestinienne ne porte pas les graves violations du droit international et humanitaire commises par les autorités israéliennes devant la Cour internationale de Justice de La Haye est à mon sens une manifestation probante de l’acceptation de “la paix en échange de la paix“ par l’Autorités palestinienne.

Au moment de la création de l’État d’Israël, la quasi totalité des Palestiniens vivaient en Palestine mandataire. Ils y étaient propriétaires de 93% du territoire. Aujourd’hui près des 2/3 des Palestiniens vivent à l’extérieur de leur pays d’origine.[8] Ceux qui y vivent – en Israël proprement dit et dans les territoires occupés en juin 1967 – constituent quelque 50% de la population[9], mais ne sont propriétaires que d’environ 11% du sol[10] et d’un pourcentage bien inférieur encore – moins de 5% – des terres cultivables. En Israël proprement dit, la grande majorité des Palestiniens – bien que de nationalité israélienne – vivent dans des lieux restreints, étroitement surveillés et très défavorisés par rapport à ceux où vivent les Israéliens juifs. Dans les Territoires occupés, la situation est bien plus sévère encore. Les Palestiniens y sont progressivement amenés à se cantonner dans des enclaves largement dépouillées de ressources, si ce n’est la charité internationale. Tant en Israël proprement dit que dans les territoires occupés, leurs droits humains sont bafoués, leurs institutions sont soumises à une tutelle draconienne, le harcèlement est omniprésent et la confiscation des terres – notamment dans le Néguev – s’intensifie.

Bref, nous assistons depuis plus de 65 ans à la destruction officielle et délibérée de la société palestinienne par les autorités de l’État d’Israël: colonisation de peuplement, contrôle total des institutions, confiscation des terres et nettoyage ethnique des zones confisquées.

Cette destruction – aujourd’hui largement réalisée – se poursuit et s’accélère derrière l’écran de l’actuelle Conférence de paix entre des autorités israéliennes bénéficiant d’une totale impunité et une Autorité palestinienne sous tutelle.

Hors l’application du droit international, s’en remettre à une négociation de paix entre une puissance militaire occupante et la communauté désarticulée qui est à sa merci, c’est s’en remettre à la raison du plus fort, celle de la puissance occupante; c’est entériner l’occupation, les déplacements de population, les spoliations de terres et de maisons, les punitions collectives, les violences de l’armée, des polices et des milices des colonies, la destruction des infrastructures éducatives, économiques, sanitaires, …; c’est être complice de la pacification de la communauté opprimée et de sa désarticulation; c’est avaliser les violations du droit international et des droits humains des Palestiniens: droits à se défendre, à résister à l’occupation, à la sécurité alimentaire, à l’assistance sanitaire, à l’éducation, à la propriété, à la libre circulation, …; c’est contribuer à assurer l’impunité aux autorités politiques et militaires de l’État d’Israël pour leur politique délibérée de destruction de la société palestinienne; c’est, en quelque sorte par défaut, être complice de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

Il ne s’agit évidemment pas de mettre en question l’existence de l’État d’Israël, d’ailleurs reconnu dans ses frontières de 1949 par la Communauté internationale, l’OLP[11] et, implicitement, le Hamas[12]. Cela s’apparenterait à une incitation au crime contre l’humanité. Il s’agit d’appeler la Communauté internationale: à contraindre un État et ses autorités à respecter le droit international[13]; à se préoccuper non plus de la pacification d’une zone d’occupation militaire mais du respect des droits humains des victimes d’une occupation illégale et meurtrière, ce qui implique la fin de l’occupation.

Tant que l’État d’Israël ne respecte pas les droits humains des Palestiniens, y compris ceux de nationalité israélienne; tant que cet État et ses autorités violent gravement le droit international et humanitaire, toute personne – particulièrement tout responsable politique – doit appeler les instances politiques et judiciaires nationales et internationales à remplir leurs obligations de respecter et de faire respecter le droit. Ces instances doivent signifier aux autorités politiques et militaires israéliennes qu’enfreindre au Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est un crime contre l’humanité et que ceux qui en sont responsables seront inculpés. Ces instances doivent exiger, sous peine de sanctions et d’inculpations: la fin de l’occupation, du nettoyage ethnique et des confiscations – notamment des terres et de l’eau – et le dédommagement des Palestiniens, notamment en vertu de leur “droit au retour“, entériné par l’ONU, y compris par l’État d’Israël.[14]

Ce n’est que dans le respect du droit international et humanitaire que le rétablissement d’une société palestinienne autonome et viable sera possible et que les soi-disant “dialogues de paix“ entre Israéliens et Palestiniens ne serviront plus uniquement à occulter la destruction de la société palestinienne et à assurer l’impunité de ceux qui en sont responsables.


[1] Devenu Premier Ministre, Yitzhak Shamir – ancien chef du Lehi, groupe terroriste, responsable de massacres, entre autres Deir Yassine en avril 1948, perpétrés pour faire fuir les Palestiniens – déclare dans son discours d’ouverture de la Conférence de Paix de Madrid (1991): « La nature du conflit n’est pas territoriale. … Nous prions pour que cette rencontre marque la fin de l’hostilité, de la violence, de la terreur et de la guerre; qu’elle apporte le dialogue, la réconciliation, la coexistence et – par-dessus tout – la paix. ». Voir Le Monde diplomatique, Cahier spécial sur le Proche-Orient, janvier 2006.

[2] On accorde souvent le bénéfice du doute au gouvernement dont I. Rabin était Premier Ministre et Ministre de la Défense. Or, “Quelques mois après la signature de l’Accord d’Oslo, Rabin déclarait «Il n’y a pas de dates sacrées», autrement dit qu’il ne se sentait pas obligé de respecter le calendrier qu’il avait lui-même signé.“ A. Kapeliouk, Le gouvernement israélien prisonnier de ses contradictions, Le Monde Diplomatique, juin 1995. En fait, entre la signature des Accords d’Oslo en Septembre 1993 et l’assassinat de Rabin en février 1995, le nombre de colons a fortement augmenté et les infrastructures de l’occupation se sont considérablement développées. “En 1993, on comptait environ 120000 colons en Cisjordanie; leur nombre augmente de 40000 sous les gouvernements travaillistes (celui de Rabin, puis celui de Pérès, juin 1993-mai 1996); de 30000 sous le gouvernement de droite de Benyamin Netanyahou (mai 1996-mai 1999).“ Alain Gresh, Pourquoi les accords d’Oslo ont-ils échoué? Blogs du Monde Diplomatique, 22 octobre 2007. Après le massacre de 29 Palestiniens en prière dans une mosquée de Hébron en février 1994, I. Rabin a refusé, contre l’avis de ses ministres, de s’en prendre aux colons. Voir Dominique Vidal, I. Rabin. « Faucon », puis « colombe », Manières … , p.50.

[3] Pour une analyse de la mise au point, de l’utilisation et des effets de cette technique de légitimation de la politique israélienne, voir Tanya Reinhart, Détruire … p. 59-64.

[4] Cette technique d’occultation de la destruction de la société palestinienne, a été systématiquement utilisée depuis lors. Ainsi en janvier 2009, B. H. Lévy affirme tenir de la bouche même du Premier Ministre de l’époque Ehoud Olmert, la teneur d’une proposition que celui-ci venait de faire à Mahmoud Abbas, Président de l’Autorité palestinienne. “Je lui ai fait une offre. 94,5% de la Cisjordanie. Plus 4,5% sous forme d’échange de territoires. Plus un tunnel, sous son contrôle, reliant la Cisjordanie à Gaza et équivalant au 1% manquant. Et, quant à Jérusalem, une solution logique et simple: les quartiers arabes pour lui; les quartiers juifs pour nous; et les Lieux Saints sous administration conjointe saoudienne, jordanienne, israélienne, palestinienne, américaine. … L’offre est là. J’attends.“, Extrait de « Carnets de guerre », Le Journal du Dimanche du 18 janvier 2009. On notera que cette offre est censée avoir été formulée alors que la dévastation Plomb durci – quelque 1400 tués, 5000 blessés, 10.000 logements détruits ou sévèrement endommagés – était en cours et que la marionnette médiatique de propagande israélienne B. H. Lévy parcourait Gaza à l’intérieur d’un blindé des forces d’invasion israéliennes. Quand on parle d’occultation par l’appel au dialogue de paix … .

[5] En Israël, « Depuis 1993, les sondages avaient constamment montré une majorité autour de 60% en faveur de ‘la terre pour la paix’. Après Camp David et les ‘négociations’ qui ont suivi, le soutien aux concessions pour la paix est tombé dans les sondages à 30%. » Tanya Reinhart, Détruire … p. 63-64.

[6] “Today we are building and we will continue to build in Jerusalem and in all areas that are on the map of the strategic interests of the State of Israel.“ “There will be no Palestinian state without an arrangement in which the security of Israeli citizens will be ensured. There will be no Palestinian state until the State of Israel is recognized as the state of the Jewish people. There will be no Palestinian state until the Palestinians declare an end to the conflict.“    http://www.mfa.gov.il/MFA/Government/Communiques/2012/Cabinet-communique-2-December+2012.htm

[7] Le principe des Accords d’Oslo qui instaurent l’Autorité palestinienne, était l’évacuation des territoires occupés en juin 1967 en échange de la sécurité de l’État d’Israël. L’Autorité palestinienne s’est résolument engagée dans cette perspective en réprimant toute opposition militante à l’occupation – à l’époque, la première Intifada – afin d’assurer l’évacuation des territoires. Étant donné que les autorités israéliennes n’ont pas respecté leurs engagements, l’Autorité palestinienne s’est trouvée piégée. Paralysée par le mirage des “négociations de paix“, elle a été rapidement réduite à s’en tenir à gérer l’occupation.

[8] Fin 2008 – et la situation s’est encore considérablement dégradée depuis lors – on estimait à 10.600.000 le nombre de Palestiniens dans le monde. Au moins 7.100.000 d’entre eux – soit les 2/3 – étaient des personnes déplacées. 6.600.000 – soit 62% – s’étaient réfugiés à l’étranger et 427.000 étaient des déplacés de l’intérieur. Badil, Survey of Palestinian Refugees and Internally Displaced Persons, 2008-2009, p.56.

[9] Selon le Bureau central israélien de statistiques, il y avait en 2011 5.770.9OO Juifs et 1.559.100 Arabes en Israël. Selon le Recensement de la population 2007 de l’UNRWA, il y avait 3.767.126 Palestiniens dans les territoires occupés. Ce qui donne 52% de Juifs et 48% d’Arabes sur le territoire de l’ancienne Palestine mandataire. Le pourcentage de Juifs est probablement surestimé et celui des Arabes, sous-estimé. Apparemment, les statistiques israéliennes prennent en compte tous les Juifs de nationalité israélienne, y compris de double nationalité. Or, un grand nombre d’entre eux – sans doute des centaines de milliers – ne résident pas en Israël. D’autre part, étant donné que le recensement de l’UNRWA date de 2007, la croissance d’environ 3% par an de la population palestinienne des territoires occupés au cours des 5 dernières années, n’est pas prise en compte.

[10] En 1947, les membres de la Communauté juive étaient propriétaires d’environ 7% du territoire de la Palestine mandataire. Entre 1947 et 2009, les autorités israéliennes ont confisqué 82% de ce territoire. Ainsi, sur 89% du territoire de la Palestine mandataire, seuls des Juifs peuvent devenir propriétaires. Badil, Survey …, p.3.

[11] Implicitement en 1988, lorsque le Conseil national palestinien reconnaît les résolutions de l’ONU et explicitement, en 1996, lorsqu’il élimine de sa Charte tous les articles contestant le droit à l’existence de l’État d’Israël.

[12] En 2006, le Hamas signe le document d' »Entente nationale » qui reconnaît implicitement Israël dans ses frontières de 1967.

[13] Pour une revue rigoureuse des violations du droit international commises par l’État d’Israël et les autorités israéliennes, ainsi que des manquements de l’Union Européenne et de ses États membres à leur obligation de réagir à ces violations, voir Conclusions de la première session internationale du Tribunal Russel sur la Palestine, Barcelone, 1-3 mars 2010. http://www.russelltribunalonpalestine.com

[14] La résolution 194, adoptée le 11 décembre 1948 par l’Assemblée générale des Nations unies, “Décide qu’il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour tout bien perdu ou endommagé lorsque, en vertu des principes du droit international ou en équité, cette perte ou ce dommage doit être réparé par les gouvernements ou autorités responsables“. Cette résolution a été votée par la délégation israélienne.

Jacques Bude

Les mouvements du Hamas et du Jihad islamique se félicitent du vote des Nations Unies


dimanche 2 décembre 2012 – 07h:13

Ma’an News


Les principaux dirigeants du Hamas et du Jihad islamique ont fait bon accueil à la reconnaissance de la Palestine comme pays observateur aux Nations Unies, suite à l’initiative du Fatah, leur rival politique.

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Ramadan Shalah (à gauche sur la photo), dirigeant du Jihad islamique et Khaled Meshaal, dirigeant du Hamas

Depuis que l’agression militaire d’Israël sur Gaza s’est interrompue la semaine dernière, les organisations palestiniennes depuis longtemps antagonistes ont fait un certain nombre de concessions, suscitant des espoirs d’une réconciliation entre la Cisjordanie et Gaza.

Le mouvement Hamas, qui dirige Gaza, avait d’abord rejeté l’initiative à l’ONU, qui est une partie fondamentale de la stratégie diplomatique de l’ex-président Mahmoud Abbas, le chef du Fatah.

Comme le mouvement du Jihad Islamique, le Hamas a révisé sa position après la guerre de Gaza, qui a été considérée comme un succès pour les ailes militaires des deux organisations.

Le Premier Ministre du Hamas à Gaza, Ismaël Haniyeh, a déclaré vendredi que le vote était un point culminant de la victoire et une affirmation de l’immuabilité palestinienne.

S’adressant dans Gaza à un rassemblement de solidarité avec les prisonniers en grève de la faim, Haniyeh a dit qu’il avait suivi le déroulement du vote, et il a remercié les 138 pays qui ont voté en faveur de l’adhésion de la Palestine.

Il a déclaré également que son mouvement faisait bon accueil à l’initiative, tout en continuant sa politique consistant à ne pas reconnaître Israël et « de ne pas abandonner un seul pouce de terre palestinienne. »

Haniyeh a aussi déclaré que ce vote contribuera à faire en sorte que la Palestine retourne à ses véritables propriétaires.

Le secrétaire général de Jihad islamique, Ramadan Shalah, a fait écho aux commentaires de Haniyeh, qualifiant le vote de « moment historique. »

Mais le mouvement a également ajouté son avertissement, Shalah disant que le vote ne devrait pas « priver les Palestiniens d’une partie de leurs droits sous la bannière des négociations et de la légitimité internationale. »

Le Jihad Islamique et le Hamas accusent l’Autorité Palestinienne en Cisjordanie, dirigée par le Fatah, d’abandonner le droit au retour des réfugiés Palestiniens, ceux-ci ayant été expulsés dans les mois qui ont précédé la guerre de 1948.

Les deux parties se rapportent à ’Israël en tant qu’occupant illégal de la Palestine, bien que certains dirigeants du Hamas, dont Khaled Meshaal, le responsable du bureau politique déclarent vouloir un État Palestinien basé sur les frontières d’armistice de 1949, en conformité avec la politique d’Abbas.

Mashaal a dit que le vote de l’ONU « contribuera à unifier les efforts des Palestiniens au niveau national » en tant qu’élément du processus de réconciliation avec le mouvement d’Abbas.

« J’ai dit à Abu Mazen (Abbas) que nous voulions que cette initiative (aux Nations Unies] fasse partie d’une stratégie nationale palestinienne, » a déclaré Mashaal dans une entrevue avec l’agence Reuters.

1e décembre 2012 – Ma’an-News – Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.maannews.net/eng/ViewDet…
Traduction : Info-Palestine.eu

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