Court-métrage : « Birdboy » hors compétition…


Entre onirisme et violence, rêverie et cauchemar, réflexion et contemplation, « Birdboy » nous rappelle que l’Espagne peut briller autrement que par les talents -aussi géniaux soient-ils- qui en foulent les gazons chaque week-end (cf le Ballon d’Or et autres récompenses à base de cuir et de crampons). Des nominations et des récompenses à n’en plus finir pour ce court-métrage à l’intensité et à l’atmosphère exceptionnels.
Pourtant, malgré ce succès auprès de la critique, « Birdboy » -réalisé par Pedro Rivero- n’a pas été assez remonté. Pourtant, ce court d’animation est un petit bijou qui a su donner une dimension supplémentaire (tout en respectant son esprit) à la mouture originale d’Alberto Vazquez, dessinateur génial et auteur de la bande-dessinée « Psiconautas » dont « Birdboy » est la fidèle adaptation.

Dans de tels cas, mieux vaut ne pas trop en dire et laisser parler les images -d’un esthétisme remarquable- par elles-mêmes.

Synopsis :

« Un terrible accident va changer la vie de la petite Dinki pour toujours. Désormais le destin de Dinki pourrait bien dépendre des ailes de son excentrique ami Birdboy, un garçon-oiseau déraciné qui se cache dans la forêt, abandonné à son imagination… »

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L’Armée syrienne libre dépassée par les jihadistes


LOOS,BAUDOUIN

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Jeudi 17 janvier 2013

SYRIE Les dérives de certaines factions de l’ASL sont en cause

Plus que jamais, la violence entre l’armée syrienne et les groupes rebelles donne le ton en Syrie. Ce mercredi encore, deux attentats suicides à la voiture piégée ont causé mercredi la mort de 22 personnes à Idlib, une ville du nord-ouest de la Syrie tenue par les forces gouvernementales, a indiqué l’agence officielle Sana, qui a accusé des« terroristes ». Quoi qu’il en soit, depuis des mois, une évolution se confirme en Syrie : l’Armée syrienne libre (ASL), composée de citoyens et de déserteurs, s’efface peu à peu devant les groupes jihadistes.

De récents reportages dans le nord du pays attestent du caractère tangible de ce phénomène qui pourrait changer la face du conflit. Barak Barfi, un chercheur arabe publié sur le site theatlantic.com à Alep, rapportait ainsi le 14 janvier sous le titre « La face sombre de l’opposition syrienne » la mauvaise réputation que l’ASL s’est taillée ces derniers mois. Et de prendre un exemple local connu, celui d’un certain Ahmad Afash, chef de la brigade de l’ASL du village d’Anadan, au nord d’Alep, dont le nom est devenu le symbole même des dérives de l’armée rebelle.

« Afash vole tout, depuis les graines jusqu’aux voitures, témoigne un combattant de l’ASL. Il justifie cela en disant que personne ne lui donne d’argent pour sa brigade. » Un chef de l’ASL, Abou Aharr, reconnaît dans l’article que « trop de gens sont venus nous rejoindre pour de mauvaises raisons ».

Résultat ? « Ces problèmes expliquent pourquoi les Syriens se dirigent de plus en plus vers les brigades islamistes, comme Jabhat al-Nosra », écrit Barak Barfi. Les Etats-Unis ont placé ce groupe dans la liste des organisations terroristes en raison de ses liens avec l’organisation Al-Qaïda, mais les Syriens n’en ont cure ou, pire, s’en offusquent.

Dans le quotidien arabe à capitaux saoudiens diffusé à Londres Al-Hayat, un reportage publié le 14 janvier, cite des commerçants d’Alep qui ont été pillés par des bandes de l’ASL se féliciter de la présence de Jabhat al-Nosra « parce qu’eux ne volent pas ».

Mais le succès des jihadistes ne se limite pas à leur réputation de probité. Leur apport militaire ne fait pas de doute. Un des principaux chefs de l’ASL, le colonel Abdouljabbar Okaïdi, l’a admis récemment à l’agence Reuters :« Nous ne partageons peut-être pas leur philosophie, mais ce sont des combattants acharnés et loyaux (…) et au bout du compte, ils combattent le régime à nos côtés. Et nous n’avons pas vu leur extrémisme. »

Enfin, le meilleur armement des jihadistes explique également leur succès, comme nous le confie l’historien belge Pierre Piccinin de retour de la région d’Idlib : « Les brigades de l’Armée syrienne libre (ASL) ont fondu comme neige au soleil pour une raison claire : les brigades islamistes disposent d’armes flambant neuves, des armes légères certes, surtout, alors que l’ASL semble condamnée à tirer les dernières cartouches de ses vieilles armes. Les jeunes qui veulent rejoindre la rébellion armée se dirigent maintenant vers les groupes islamistes, où ils trouvent armes et entraînement. » (1)

Dans Al-Hayat, un chef de Jabhat al-Nosra se réjouit sans détour de cette asymétrie dans l’armement : « Cela poussera la Syrie dans les mains de Dieu. Tout cela s’accomplira quand les rebelles découvriront que l’Occident les a trompés. » Une « découverte » déjà largement effective, si l’on en croit divers témoignages dont celui de Pierre Piccinin.

Le risque existe-t-il donc de voir l’ASL et les jihadistes comme Jabhat al-Nosra finir par se combattre ? Impossible de l’exclure. Sakr Idlib, un combattant rebelle cité par Reuters dans le reportage repris plus haut, le dit clairement :« Nous craignons qu’après la chute du régime, ils essaient d’imposer leurs vues au peuple syrien. Leur objectif est que la Syrie devienne un Etat islamique et l’Armée syrienne libre est à l’opposé de cela. »

Le chercheur belge Thomas Pierret entend cependant nuancer : « Si on désigne par jihadiste tout islamiste qui porte une arme, alors il faut y inclure une bonne portion de l’ASL. Le commandement unifié de cette dernière, créé en décembre, inclut des représentants de groupes islamistes – et pour certains salafistes – comme Suqur al-Sham, Liwa al-Islam et Liwa al-Tawhid. »

(1) L’interview de Pierre Piccinin sur http://blog.lesoir.be/baudouinloos/

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