Syrie: le loup islamiste sort du bois


25 janvier 2013 Par Vincent Verschoore

On ne parle plus trop de la Syrie depuis que le Mali lui a momentanément volé la vedette dans la catégorie hypocrisie et enfumage. Ça tombe bien car l’image que veulent nous laisser nos chers dirigeants de la Syrie, un combat entre de courageux rebelles aidés de quelques gentils barbus et du support politique de pays affamés de liberté et de démocratie (hé hé, voir cet article)  contre l’atroce Assad,  a du plomb dans l’aile.

Non pas que Assad se soit soudainement révélé comme un bon démocrate, non c’est un dictateur typique du coin, mais son refus de partir encore réitéré tout récemment s’assied notamment sur le fait que “la rébellion” est constituée de deux groupes que tout sépare mais qui se sont alliés temporairement pour abattre un ennemi commun – Assad. D’un côté les “rebelles légitimes” si on peut dire, qui veulent un changement de régime en Syrie, quelque chose de beaucoup plus “démocratique” et se rendent compte qu’ils ne peuvent l’obtenir que par la force. De l’autre, les jihadistes, islamofascistes, mercenaires et pirates en tous genres plus ou moins regroupés sous la bannière Al-Quaeda, qui veulent créer une nation islamiste pure et dure.

Jusque là rien de nouveau  et on était supposé croire que les chefs de ces deux groupes allaient pouvoir trouver un consensus sur l’après-Assad. Mais l’enfumage prend l’eau, car même si on ne peut guère douter de la bonne foi des “rebelles légitimes” il est par contre devenu évident que les islamistes n’ont rien à faire de l’avenir de la Syrie et sont là pour massacrer et piller. Ce qui est normal pour des pirates, quelle que soit leur religion d’ailleurs. A tel point que, dans le Guardian du 17 janvier traitant du champ de bataille d’Aleppo conquis collectivement par les islamiste de Jabhat al-Nusra et les rebelles syriens,  un chef de guerre rebelle avouait que “nous les (Al-Nusra, ndt) combattrons le jour qui suivra la chute d’Assad, et d’ici là nous ne collaborerons plus avec eux“. En effet, la milice de Al-Nusra passe son temps à piller les infrastructures publiques de Aleppo, sous le regard horrifié, et pour l’instant impuissant, des rebelles syriens.

Sachant cela, Assad parie sans doute que les deux groupes en viendront à s’entre-tuer bien avant de l’avoir mis à terre, s’il arrive à bien jouer ses dernières cartes – à commencer par le refus définitif de toute idée de capitulation. Cette situation ne semble pas avoir été prévue par les imbéciles du Quai d’Orsay qui vont se trouver mal quand leur rebelle de poulain va leur exploser à la figure… à moins que, comme dans le cas de l’Irak, de la Libye ou encore du Mali, il ne s’agisse là que d’un jeu à tiroirs, d’un jeu de dominos opportuniste où rien n’est ce qu’il semble être?

En effet l’Irak fut attaqué après un montage de fausses “preuves” par l’administration Bush (et, surtout, la CIA) de l’existence d’armes de destruction massive et d’un accord entre Saddam Hussein et Al-Quaeda. Tout ça dans le but d’éliminer SH qui devenait encombrant (toutes ces photos du méchant dictateur serrant les pinces des bons américains et européens…)  et récupérer le pétrole irakien. La Libye fut attaquée par Sarko pour se venger de l’humiliation subie lors de la visite de Kadhafi à Paris (grand moment!), enterrer ses histoires de financement de campagne et, tant qu’à faire, récupérer tout ce qui pourrait traîner dans le sous-sol Libyen pour payer les faux frais de ce genre d’opération. Opération qui eut pour effet secondaire de renvoyer vers le Mali, fortement armées, des bandes Touaregs (notamment) ayant auparavant fuit le Mali vers la Libye de Kadhafi et l’Algérie, et nourrissant désormais la force islamiste séparatiste du Nord-Mali que la France combat actuellement. Rebelote. Avec toujours le même résultat: la déstabilisation et le chaos, le spectre de la Charia, et l’omniprésence de représentants des industries du pétrole et de l’armement qui, graissant les bonnes pattes, s’approprient à bon compte les ressources locales pendant que les gens achèvent de crever.

Pour faire court, le système prédateur occidental crée constamment les conditions nécessaires à sa survie. Pour ce faire il a besoin de dictateurs qui pourront, selon les besoins du moment, servir d’alliés ou de boucs émissaires. Il a besoin d’idiots utiles sous la forme de mercenaires islamistes (les terroristes) faciles à acheter et à pointer vers tel ou tel théâtre, dont les actions justifieront ensuite une intervention des pays “démocratiques”. Il a besoin de politiciens corrompus, de médias aux ordres, et de la présence continuelle d’un certain niveau d’anxiété dans sa propre population (terrorisme, chômage, crise financière, grippe, tout est bon) afin d’affaiblir toute pensée critique de masse.

source

Syrie: manifestations des opposants au régime, prière de ses partisans


25 janvier 2013 à 15:11
Des muslmans en Syrie prient dans la mosquée Umayyad de Damas, le 25 janvier 2013

Des muslmans en Syrie prient dans la mosquée Umayyad de Damas, le 25 janvier 2013 (Photo AFP)

Les autorités syriennes se félicitaient vendredi de l’afflux « massif » dans les mosquées après avoir appelé à une prière « d’un million de fidèles » pour le retour de la sécurité dans le pays en guerre, au moment où les opposants manifestaient pour réclamer la chute du régime.

Alors que les deux camps tentaient de mobiliser leurs partisans, les troupes du président Bachar al-Assad pilonnaient Homs, la « capitale de la révolution » dans le centre du pays, pour le 6e jour consécutif, cherchant à écraser les derniers bastions rebelles de cette ville stratégique.

Les médias officiels ont fait état d’une « participation populaire massive » à la prière « réclamant la sécurité pour la patrie », la télévision d’Etat montrant des images de fidèles effectuant la prière hebdomadaire musulmane dans plusieurs mosquées de Damas.

Dans un prêche retransmis à la télévision d’Etat, le cheikh a appelé à prier pour le retour de la sécurité et à implorer Dieu d’éloigner les ennemis de la Syrie, devant des centaines de fidèles.

Et comme chaque vendredi depuis le début de la contestation en mars 2011, des opposants au régime ont entamé des manifestations à travers le pays.

« En Syrie, il y a deux parties en conflit: ceux qui essayent de survivre et un régime qui essaye de les écraser », proclamait une pancarte à Kafr Nabal dans la province d’Idleb (nord-ouest).

De fait, l’aviation a poursuivi ses bombardements sur la périphérie de Damas, visant notamment la banlieue où les rebelles ont installé leurs bases-arrière, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) qui s’appuie sur un réseau de militants et de médecins à travers la Syrie.

Homs, à la pointe de la contestation dès le début du soulèvement en mars 2011 et point névralgique sur la ligne de démarcation entre régime et rebelles, qui tiennent désormais de larges zones dans l’est et le nord du pays, était également sous les bombes, selon l’ONG.

A Saasaa, à une quarantaine de kilomètres au sud de Damas, un kamikaze du Front jihadiste Al-Nosra a fait exploser son véhicule durant la nuit, tuant au moins huit membres des renseignements militaires selon l’OSDH.

Dans le même temps, un second kamikaze a lancé sa voiture contre un barrage de l’armée à proximité, tuant et blessant plusieurs soldats, ajoute l’ONG.

Important problème d’accès aux soins

Et alors que les violences se poursuivent dans le pays, où selon l’ONU 60.000 personnes ont péri en plus de 22 mois, quelque 6.400 nouveaux réfugiés sont arrivés ces dernières 24 heures en Jordanie, selon une porte-parole du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

Melissa Fleming a qualifié de « record » le nombre de réfugiés arrivés en Jordanie, « 30.000 depuis le début du mois ».

L’Union des organisations syriennes de secours médicaux, une organisation de médecins travaillant clandestinement en Syrie, a dénoncé à Paris « l’inaction » de la communauté internationale face aux exactions du régime, soulignant la gravité de la situation médicale dans le pays.

« Des maladies comme la leishmaniose, la tuberculose, sont réapparues. Des enfants ne sont plus vaccinés depuis un, voire deux ans, et c’est une catastrophe nationale », a affirmé le secrétaire général de l’UOSSM, Anas Chaker, assurant que « 90% de l’aide donnée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ou la Croix Rouge internationale n’arrive pas aux régions qui en ont besoin ».

Le docteur Chaker a également mentionné les problèmes d’accès aux médicaments, indiquant que « 35 à 40 des 57 usines de médicaments en Syrie se trouvent à Alep » (nord) dévastée par plus de six mois de guérilla urbaine.

« Nous sommes en train de faire le tour des capitales étrangères pour demander un soutien matériel et logistique », a expliqué le Dr Oubaida Al-Moufti, porte-parole de l’UOSSM, dont l’organisation n’a reçu d’aides que de la part de « la France, la Suisse et le Danemark », a-t-il souligné.

« Nous n’avons reçu aucune aide logistique ou financière d’un gouvernement arabe, uniquement des aides individuelles », a-t-il déploré.

source

voir aussi : réfugiés par milliers

Le phénomène Lapid Victoire de l’escapisme


L’avis de Michel Michael Warschawski sur les élections de mardi
mw

Ce matin, je prends mon café en lisant les résultats des élections a la Knesset : rien d’inattendu dans ces résultats si ce n’est les 19 sièges gagne par le parti Il y’a un futur du très populaire présentateur de télévision Yair Lapid. 19 députes, c’est presque 16% du nouveau parlement.

Les 18 autres députes de sa liste n’ont pas plus d’expérience ou d’idées politiques que Lapid – c’est-à-dire aucune – et pendant une campagne électorale considérée comme la plus morne et la plus vide d’enjeux politiques des quinze dernières années, ils se sont limites a une seule revendication : « égalité dans le fardeau », c’est-à-dire service militaire obligatoire pour les ultrareligieux, jusqu’ici dispenses de perdre trois ans sous les drapeaux. Pas un mot sur le conflit israélo arabe ni sur le risque de guerre avec l’Iran, pas un mot non plus sur le pouvoir des oligarches de la finance qui dominent le pays et sur les inégalités sociales dont Israël a, selon le PNUD, la médaille d’argent des pays industrialises.
Ni, ni. Ni droite ni gauche, ni pour la paix ni pour la guerre, ni pour l’occupation coloniale ni contre : Il y a un futur s’est contenté de surfer sur la haine des religieux et le mépris des pauvres qui caractérisent les classes moyennes de Tel Aviv.

Les jeunes ont massivement voté pour Yair Lapid avant tout parce qu’il symbolisait, a leurs yeux, le rejet de la vieille politique, des combats idéologiques, des valeurs bien définies. Yair Lapid, c’est eux, et c’est bien triste.
Lors des gigantesques manifestations des Indignes, pendant l’été 2011, les porte paroles du mouvement insistaient sur la dimension sociale et non politique du mouvement, non politique signifiant le refus de se positionner sur les enjeux du conflit israélo-arabe. Yair Lapid a réussi le pari de capitaliser sur la volonté de changement et de rupture avec la vieille politique, tout en allant un pas plus loin : ni politique ni social, tout au plus retirer aux pauvres les quelques bénéfices sociaux que la restauration néolibérale de Benjamin Netanyahou n’a pas encore confisque et aux ultrareligieux le droit de ne pas faire leur service militaire. Il n’aura donc aucun problème a rejoindre la coalition de droite que Benjamin Netanyahou va reconduire.
Ce qui me rend triste ce matin, c’est que 16% des électeurs, dont la majorité des jeunes (juifs), ont fait le choix du vide, du rien. De voter Lapid, parce qu’ « il est sympa », et ne les oblige pas a faire des choix : gauche ou droite, colonisation ou négociation, guerre ou intégration régionale, néo-libéralisme sauvage ou, comme l’exigeait le mouvement des indignes, retour a l’Etat social. Ils ont vote Lapid parce que Lapid, dans son vide abyssal, c’est eux, dénués d’idéologie, rejetant toute notion de valeurs, aveugles aux aspirations nationales de l’autre et a la lutte des classes qui bel et bien continue.
Ce qui me rend triste ce matin c’est d’avoir eu raison quand nous, militants anticolonialistes, affirmions que si le mouvement des indignes persiste dans son refus de se positionner sur les enjeux politiques, il perdra aussi la bataille du social : la victoire du très néolibéral Yair Lapid est la concrétisation de cette défaite.
Dans un an, il ne restera rien du groupe parlementaire de Yair Lapid, fait de bric et de broc… y compris de quelques gens bien. Certains auront été achetés par le pouvoir, d’autres auront rejoint des partis politiques plus expérimentés, d’autres encore dégoutés par la politique.
Mais la politique va rapidement nous rejoindre : les révolutions arabes, le déclin de l’hégémonie américaine, l’émergence de nouvelles puissance régionales, la montée en puissance de l’Iran vont exiger d’Israël a faire un choix : soit la fuite en avant guerrière et, a terme, suicidaire, soit un tournant politique radical qui passe d’abord par la fin de l’occupation coloniale. Il a fallu la guerre de 1973 pour réveiller la société israélienne de ses illusions sur l’omnipotence éternelle de sa force militaire.

Espérons qu’il ne faudra pas une guerre nucléaire pour lui faire comprendre que « le service militaire pour tous » est loin d’être une réponse aux problèmes existentiels auxquels l’Etat Juif est confronté.

Israël vote ce mardi : à droite toute !


I

Baudouin Loos
Mardi 22 janvier 2013, 08h07 | mis à jour Mardi 22 janvier 2013, 20h14

Si le duo Netanyahou – Lieberman a perdu un peu de son avance dans les sondages, c’est au profit d’un parti d’extrême droite qui veut annexer une majeure partie de la Cisjordanie. La nouvelle Knesset pourrait être la plus nationaliste de l’histoire, à en croire les sondages. La paix n’a quasi pas été évoquée durant la campagne. Analyse

  • Instantané à Jérusalem : cette religieuse orthodoxe marche devant les murailles de la vieille ville utilisées par le Likoud du Premier ministre Binyamin Netanyahou pour faire sa propagande. Sacré le « roi Bibi » par le magazine « Time », M. Netanyahou, champion de la droite, brigue ce 22 janvier un troisième mandat sur le trône d’Israël sans véritable rival. © Ronen Zvulun/Reuters.

Quelque 6,65 millions d’Israéliens sont conviés à voter aujourd’hui pour renouveler leur Parlement (la Knesset) lors d’un vote à la proportionnelle qui leur proposera un choix entre 32 formations politiques. Aucun observateur ne s’attend à de gros bouleversements : la liste du Likoud (nationaliste) du Premier ministre Binyamin Netanyahou qui se présente en alliance avec la formation Israël notre Maison (très à droite également) d’Avidgor Lieberman arrivera largement en tête, et « Bibi » pourra composer son nouveau gouvernement en choisissant les partis nécessaires – qu’ils soient religieux, d’extrême droite ou du centre droit – pour former une majorité confortable. Principal absent du scrutin : le conflit israélo-palestinien. Passons en revue quelques données qui seront la marque de ces élections.

Pourquoi ce scrutin ? Binyamin Netanyahou et Avidgor Lieberman ont avancé la date de ces législatives qui devaient se tenir à l’automne. Cette décision leur était inspirée par des sondages alors très favorables. Toutefois, depuis lors, les instituts de sondage ont quelque peu refroidi les responsables de la liste, qui devrait faire moins de sièges (autour de 33 élus) qu’en 2009 (42 élus si on additionne les deux partis qui se présentaient séparément). Mais Netanyahou n’a rien à craindre : même si ce chiffre décevant était entériné par les urnes, il se succédera à lui-même, le second parti n’arrivant pas à la moitié d’élus, selon toutes les prévisions.

Qu’annoncent les sondages ? Derrière la liste Netanyahou-Lieberman, le parti travailliste devrait refaire surface et prendre la seconde place (une quinzaine de sièges lui sont promis). Revigoré par sa nouvelle patronne, l’ex-journaliste Shelly Yachimovich qui a consacré l’essentiel de son énergie à se donner l’image de défenseur des démunis, de la justice sociale, cela au détriment du dossier palestinien, dont elle fait très peu de cas, montrant même beaucoup de compréhension pour les colons.

En troisième position, on devrait trouver le parti d’un nouveau venu dans la politique, Naftali Bennett (40 ans), un ex-entrepreneur très riche qui a redonné des ailes au vieux Parti national religieux (Mafdal) sous le nom de Foyer juif. On lui prédit entre 12 et 15 élus au lieu des 3 actuels. Ce sont des durs. Le parti des colons juifs. Il préconise l’annexion par Israël des 60 % de la Cisjordanie occupée sur lesquels l’Autorité palestinienne (AP) n’a aucun contrôle en vertu des accords dits d’Oslo. Selon « le plan Bennett », l’AP et ses confettis de territoires seraient dotés d’une plus large autonomie, sans plus.

Derrière ces formations, on devrait trouver un tout nouveau parti, Yesh Atid, lancé par un ex-journaliste charismatique Yaïr Lapid, puis une autre formation tout récemment créée, HaTnouha, dirigée par l’ex-ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni. Celle-ci se démarque des autres en promouvant la reprise du processus de paix avec les Palestiniens. Fermeront la marche, deux (ou trois) partis ultra-orthodoxes, un parti sioniste de gauche (Meretz), le parti mixte juif-arabe Hadash (ex-communiste) et deux autres partis arabes.

La droite laïque et religieuse conservera donc sans problème une très grosse majorité dans cette 19e Knesset, même si les instituts de sondage israéliens n’ont pas toujours été des plus fiables.

Et les Arabes israéliens ? Ceux qu’on devrait plutôt appeler les Palestiniens israéliens – près de 20 % de la population – sont, comme à chaque élection israélienne, partagés entre deux attitudes : participer au scrutin ou le boycotter. Les partisans du boycott gagneraient du terrain. Au motif que, de toute façon, les Arabes resteront toujours des citoyens de seconde zone en Israël, discriminés et souvent considérés avec méfiance par la majorité juive du pays. Fait exceptionnel : la Ligue arabe a émis un communiqué ce lundi à l’adresse de cet électorat, l’enjoignant à aller voter. « La Ligue arabe, dit le texte, appelle les citoyens arabes d’Israël à voter massivement aux élections afin d’être représentés et pouvoir s’opposer aux lois racistes »

Que devient la solution des deux Etats dans ce contexte ? Deux Etats, Israël et Palestine, vivant côte à côte pacifiquement : tel est le but affiché par la totalité de la communauté internationale. Binyamin Netanyahou, sous la pression de Barack Obama, a officiellement embrassé cette perspective en juillet 2009, mais les faits et gestes de son gouvernement dénotent en même temps un sabotage à la fois consciencieux et inlassable de la solution des deux Etats par l’extension de la colonisation juive en Cisjordanie et à Jérusalem-Est qui rendent tout à fait impossible la création dans ces territoires d’un Etat palestinien muni de la souveraineté qu’un tel statut devrait impliquer.

Dimanche encore, Netanyahou faisait étape à Ariel, l’une des plus grandes colonies juives qui s’enfonce profondément dans le nord de la Cisjordanie occupée, et ses propos avaient le mérite de la clarté : « Ariel, capitale de la Samarie, est une composante centrale de la ceinture de sécurité d’Israël (…). Si Dieu le veut, de la même manière que Jérusalem sera pour toujours notre capitale éternelle, Ariel a été et sera toujours inséparable d’Israël ».

source

Syrie : le silence des intellectuels français


Print

Jean-Pierre Filiu
Universitaire
Publié le 23/01/2013 à 18h32

Les mouvements révolutionnaires dans le monde arabe n’ont jamais suscité un enthousiasme débordant dans les milieux intellectuels de France. L’ombre de Michel Foucault, succombant en 1979 aux mirages khomeynistes, a pu inhiber bien des élans de solidarité. Mais qu’on était loin du lyrisme suscité par la chute du mur de Berlin.

Une révolution dépréciée

On s’enflammait alors pour nos « frères » européens, tandis que les Arabes étaient irrémédiablement « autres ». Il ne restait qu’à réduire leur combat collectif aux variations saisonnières d’un « printemps » pour déjà anticiper « l’automne » islamiste et « l’hiver » intégriste. Et leur « thawra », leur « révolution » dans tous les sens du terme, était ravalée au rang de « révolte » sans lendemain, de « contestation » condamnée à la récupération.

La manipulation s’aggrava, dans la cas syrien, de la conjonction de courants disparates :

  • les « experts » en (contre) terrorisme, pour qui Al Qaeda représente moins une réalité physique que la garantie d’une rémunération stable de leur « expertise » ;
  • les tenants de la « protection » des chrétiens d’Orient (mission censée être historiquement assignée à notre pays), aveugles au point de lier le sort de ces minorités au destin des despotes ;
  • les « anti-impérialistes », égarés dans un Orient trop complexe pour leur bipolarisme ravageur.

Si on ajoute à cela le très tricolore « on nous cache tout, on nous dit rien », les ingrédients étaient réunis pour une querelle bien française, où la Syrie n’était que prétexte à vider nos rancœurs nationales.

Le fait que la dictature syrienne traque avec constance toute forme d’information indépendante aboutissait à jeter le doute sur les sources alternatives et engagées. Cette censure, passive ou active, permet de renvoyer dos à dos les protagonistes d’une « guerre civile » culturalisée, voire folklorisée.

Silence médiatique

Durant un dimanche d’août 2012, le silence médiatique sur le massacre de Daraya m’amena à lancer un cri d’alarme sur le carnage en cours depuis plusieurs jours. Je me gardais bien de diffuser les images (atroces) des charniers découverts et je précisais que les chiffres avancés par l’opposition (de 320 à 633 victimes) étaient « absolument invérifiables ». Mais ces précautions de forme comme de fond ne m’épargnèrent pas une rafale de réactions d’une agressivité inouïe.

Je passe sur les amabilités du genre « BHL au petit pied », « porte-parole de l’Otan » et « agent du Qatar ». Le commentaire au fond le plus révélateur m’accusait de mettre en scène « les cow-boys et les Indiens ». Alors que je n’ai cessé de rapporter et de dénoncer les exactions perpétrées par la guérilla syrienne, j’étais suspecté de travestir les faits, pourtant aussi têtus en Syrie qu’ailleurs. Comme si la dégradation de la réflexion critique conduisait fatalement à idéaliser des « gentils » révolutionnaires contre des « méchants » agents de la dictature.

De tels procès d’intention sont une insulte à la pensée libre. En ce sens, la tragédie syrienne révèle le degré de provincialisation d’une partie de notre classe intellectuelle, accaparée par ses polémiques hexagonales. Le peuple syrien saura se libérer par ses propres forces et c’est bien là toute sa grandeur. La révolution vaincra, à Damas et à Alep, non pas contre ses détracteurs français, mais sans eux. Espérons qu’ils émergeront de leur impasse narcissique avant la prochaine révolution arabe.

Initialement publié sur LesGrandsDebats.fr.

Armes chimiques en Syrie : l’Occident pris à son propre piège


Le Point.fr – Publié le 22/01/2013 à 13:45 – Modifié le 22/01/2013 à 19:39

La communauté internationale avait fixé à Bachar el-Assad une ligne rouge à ne pas franchir en cas d’utilisation de gaz toxiques. Or, elle ne bouge pas.

Photo d'illustration. Les États-Unis et la France ont tous deux démenti les rapports faisant état de l'utilisation d'armes chimiques en Syrie.
Photo d’illustration. Les États-Unis et la France ont tous deux démenti les rapports faisant état de l’utilisation d’armes chimiques en Syrie. © DE LA PAZ / Sipa

Des victimes qui suffoquent et vomissent. Les vidéos diffusées par les militants syriens parlent d’elles-mêmes. Autant que les diagnostics des médecins syriens présents sur place. De tels symptômes n’avaient jusqu’ici jamais été observés en Syrie. « Ces gens ne présentaient aucune blessure externe, mais étaient victimes d’hémorragies internes », affirme au Point.fr Ignace Leverrier (1), ancien diplomate en poste en Syrie. « Il s’est indéniablement passé quelque chose d’anormal le 23 décembre dernier à Al-Bayyada. »

D’après le magazine américain Foreign Policy, les forces syriennes ont bel et bien utilisé une forme mortelle de gaz empoisonné le 23 décembre dernier à Homs contre les opposants à Bachar el-Assad. Le site du bimestriel affirme se baser sur un câble diplomatique, signé par le consul général américain à Istanbul, Scott Frederic Kilner, et envoyé début janvier au département d’État à Washington. Le diplomate américain tire ses conclusions d’une série d’entrevues réalisées avec des militants, médecins et dissidents de l’armée syrienne, dont le général Mustafa al-Sheikh, ex-chef de l’Armée syrienne libre, et ancien homme-clé du programme syrien d’armes de destruction massive. Classé « top secret », le document est jugé « convaincant » par un responsable de l’administration Obama, bien qu’il « ne puisse le confirmer à 100 % ».

« Agent innervant »

Ces allégations ont été confirmées samedi par Le Monde. Dans un article intitulé « Alerte à l’arme chimique en Syrie », le quotidien du soir évoque l’utilisation d’une « arme chimique non létale à effet incapacitant » employée par le régime syrien contre des opposants, dans les quartiers d’Al-Bayyada, où s’affrontaient forces gouvernementales et rebelles anti-Assad. « Il s’agirait d’un agent incapacitant de type BZ, code OTAN de l’agent 15, envoyé à l’aide de grenades dans un espace clos », confirme au Point.fr David Rigoulet-Roze (2), chercheur à l’Institut français d’analyse stratégique (Ifas). « Ce gaz affecte les sens des combattants, leur orientation et donc leurs facultés d’évaluation », ajoute le spécialiste. « Il a des effets sur la respiration et le coeur. »

S’il juge « plus que vraisemblable » que les victimes d’Al-Bayyada aient été victimes d’une intoxication chimique, le chercheur Joseph Henrotin (3) estime en revanche qu’il ne s’agit pas de gaz BZ. « Cet agent innervant a pour effet de dilater totalement les pupilles. Or, celles des opposants étaient au contraire contractées », affirme ce chargé de recherche du Centre d’analyse et de prévision des risques internationaux (Capri). « Les médecins syriens évoquent des paralysies, ce qui ne correspond pas à du gaz BZ, assure-t-il. Or il est étonnant qu’aucun d’entre eux n’ait pris le soin d’effectuer des prélèvements sanguins de victimes pour en avoir le coeur net. »

Ligne rouge

Ces détails ont leur importance. Jusqu’ici, la principale menace liée à l’utilisation d’armes chimiques par Damas concernait l’utilisation du gaz sarin, substance incolore et quasi inodore qui, même à des doses infimes, bloque la transmission de l’influx nerveux, entraînant la mort par arrêt de la respiration et du coeur. L’alerte a été lancée début décembre par un responsable américain selon qui le régime de Bachar el-Assad était en train d’assembler les précurseurs chimiques nécessaires à la militarisation d’armes chimiques.

Comme un seul homme, les chancelleries occidentales ont alors averti Bachar el-Assad que toute utilisation de l’arme chimique constituerait le franchissement d’une ligne rouge qui entraînerait sur-le-champ une intervention militaire étrangère. Or, si les dernières révélations de Foreign Policy et du Monde ont de nouveau provoqué une réaction occidentale coordonnée, celle-ci fut cette fois inattendue. Le département d’État a ainsi expliqué qu’il n’avait pas trouvé de preuves crédibles pour corroborer ou confirmer que des armes chimiques avaient bien été utilisées en Syrie.

Un des plus gros arsenaux au monde

Même son de cloche à Paris, où Laurent Fabius a assuré qu’après vérification aucune arme chimique n’avait été utilisée à Homs. « Si on retient le degré de dangerosité, le gaz utilisé à Homs n’est pas une arme de guerre, car il ne cause pas directement la mort », explique David Rigoulet-Roze. « Par contre, si on en retient la nature, cela s’apparente bien à une arme chimique. » La Syrie posséderait aujourd’hui l’un des plus gros arsenaux chimiques au monde.

Mais Damas ne l’a jamais utilisé, en tout cas lors de conflits. Toutefois, l’ex-diplomate Ignace Leverrier assure que le régime syrien a expérimenté dans les années 2000 des substances biologiques sur des prisonniers politiques du camp de Khan Abou Shamat, qui en sont décédés. Il n’empêche. L’emballement médiatique soudain autour d’une possible utilisation d’une « arme de destruction massive » n’est pas sans rappeler celui qui a précédé la guerre de 2003 en Irak. Or, à la chute de Saddam Hussein, aucune trace de telles armes n’avait été retrouvée.

Test

Un argument que rejette catégoriquement Thomas Pierret (4), maître de conférences de l’islam contemporain à l’université d’Édimbourg. « Si des opposants syriens cherchaient à provoquer une intervention occidentale en inventant une histoire d’utilisation d’armes chimiques, pourquoi en inventeraient-ils une qui implique un gaz de combat assez peu létal, surtout quand on le compare aux neurotoxiques beaucoup plus dangereux que posséderait le régime syrien, comme le gaz sarin ? » D’après ce spécialiste de la Syrie, « le régime pourrait avoir agi pour tester les réactions occidentales, peut-être dans la perspective d’un usage d’armes chimiques plus dangereuses ».

« La question est de savoir si les forces syriennes ont délibérément visé les opposants ou si des frappes ont touché un entrepôt contenant des produits chimiques, comme cela a pu se produire en Tchétchénie », estime pour sa part le chercheur Joseph Henrotin.

Embarras occidental

Outre l’action plus que probable d’agents chimiques à Homs, le 23 décembre dernier, c’est surtout la gêne de la communauté internationale qui marque aujourd’hui les esprits. « Toutes les réactions témoignent d’un embarras manifeste », juge le chercheur David Rigoulet-Roze. « Personne ne veut mettre le doigt dans un engrenage qui serait incontrôlable. »

La fameuse ligne rouge brandie par l’Occident à Bachar el-Assad pourrait être qu’un écran de fumée. Le 11 janvier dernier, le général Martin Dempsey, chef d’état-major américain, a d’ailleurs admis que ni le gouvernement américain ni la communauté internationale n’avaient la capacité d’empêcher Bachar el-Assad d’utiliser ses armes chimiques.

Click here to find out more!

(1) Ignace Leverrier, auteur du blog Un oeil sur la Syrie du Monde.fr.

(2) David Rigoulet-Roze, auteur de L’Iran pluriel (éditions L’Harmattan) et de Géopolitique de l’Arabie saoudite (éditions Armand Colin).

(3) Joseph Henrotin, publie en février 2013 Julian Corbett, l’empire de la mer (éditions Argos).

(4) Thomas Pierret, auteur de Baas et islam en Syrie. La dynastie Assad face aux oulémas (PUF, 2011).

source

SYRIE. Pourquoi Poutine rapatrie-t-il ses ressortissants ?


Créé le 22-01-2013 à 17h24 – Mis à jour à 18h50

Moscou douterait-il de la solidité de son allié ? Ou Assad se prépare-t-il à une guerre totale et a prévenu son allié?

 

Bachar al-Assad s'apprêtrait à briguer un nouveau mandat en 2014. (HOPD/AP/SIPA)

Bachar al-Assad s’apprêtrait à briguer un nouveau mandat en 2014. (HOPD/AP/SIPA)

Le régime syrien et son allié russe craindraient-ils pour le maintien du clan Assad au pouvoir en Syrie, alors que la répression se poursuit toujours dans le pays ? En deux jours, des signes de crise de confiance sont apparus. A moins que Damas ne se prépare à une offensive encore plus meurtrière dans le pays…

Premier signe récent de doutes au sein même du cercle au pouvoir, la mère de Bachar al-Assad, Anissa Makhlouf, aurait quitté Damas pour Dubaï ont annoncé à l’AFP des résidents syriens ainsi qu’un opposant. Selon ces derniers, elle se trouverait à Dubaï depuis une dizaine de jours auprès de sa fille, Bouchra, l’unique sœur du chef de l’Etat syrien. Bouchra est la veuve de l’un des principaux responsables de l’appareil sécuritaire en Syrie, le général Assef Chawkat, tué en juillet dans un attentat qui avait également coûté la vie à trois autres hauts responsables syriens.

Pour l’opposant Ayman Abdel Nour, président du groupe « Chrétiens syriens pour la démocratie » et rédacteur en chef du site all4syria.com, « son départ de Syrie est une nouvelle indication qu’Assad perd ses appuis même au sein de la famille ». Le pouvoir en Syrie est concentré depuis des dizaines d’années entre les mains de la famille Assad et de certains membres de la famille Makhlouf. Et selon certains analystes ce clan se serrait encore resserré ces derniers mois pour ne concerner qu’un noyau restreint de personnes. Le départ d’Anissa Makhlouf n’est donc pas un signe très positif pour le régime.

Moscou rapatrie des ressortissants

Par ailleurs, une responsable du ministère russe des Situations d’urgence, citée par l’agence Interfax, a annoncé que « sur la demande des dirigeants russes, le ministère a envoyé (…) à Beyrouth deux avions pour que tous les Russes qui le souhaitent puissent quitter la Syrie », évoquant le nombre de 100 personnes sur le point de fuir le pays. Crise de confiance de Moscou vis-à-vis de Damas ? Doutes sur les capacités d’Assad à rétablir le calme dans le pays? Prise de conscience au Kremlin de la déliquescence de la situation sur place ? Rien de tout ça, assure un diplomate russe. « Il y a des milliers de ressortissants russes en Syrie. Le problème est que les liaisons aériennes russes ne fonctionnent plus depuis Damas, donc nous aidons quelque 100, maximum 150 personnes, à quitter la Syrie via Beyrouth, qui est tout proche », a affirmé sous le couvert de l’anonymat à l’AFP le diplomate, niant qu’une opération d’évacuation était en cours. « Dès que suffisamment de personnes auront demandé une assistance au consulat à Damas, nous organiserons de nouveaux vols », a-t-il précisé.

Nouvelles forces paramilitaires

Il n’en demeure pas moins que le régime syrien, pour faire face aux nombreuses pertes dans les rangs de son armée régulière, a annoncé la création d’une force paramilitaire pour aider l’armée dans sa lutte contre les insurgés dont les victoires militaires se succèdent dans ce conflit qui a fait plus de 60.000 morts en 22 mois. Cette « Armée de défense nationale » doit regrouper les Comités populaires, des civils favorables au régime qui ont pris les armes dans leurs quartiers pour empêcher les rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL) d’y pénétrer. Depuis le début du conflit, le régime s’appuie sur de redoutables miliciens, les chabbihas, accusés des massacres les plus barbares. Quelle soit due à une crise de confiance ou non, la création de cette nouvelle armée non professionnelle, qui risque d’engendrer de nouvelles exactions dans le pays, est un nouveau signe de fuite en avant.

source

Grèce : De l’aube dorée au crépuscule


Retour de Grèce: la terreur dans des quartiers immigrés d’Athènes est un phénomène inquiétant. L’Union européenne ne mesure pas à quel point il faut aussi se préoccuper de l’évolution démocratique de la Grèce. On doit en faire une vraie question politique…

 Isabelle Durant

 

De l’aube dorée au crépuscule 

 

Je ne prétends pas être devenue une experte de la Grèce après quelques visites à Athènes et des contacts suivis avec mes collègues grecs au Parlement européen. Peut-être d’ailleurs vaut-il mieux ne pas laisser la parole  aux seuls experts de la troïka ou aux contre-experts qui, à juste titre, mettent en question sa stratégie suicidaire pour les Grecs.

En revenant a Athènes, j’ai donc voulu non seulement comprendre un peu mieux la détresse et la dépression dans laquelle est plongée la société grecque mais aussi aller un peu plus loin dans la vérification de l’hypothèse suivante : la crise grecque autant que la gestion politique et économique qui lui est appliquée agit en quelque sorte comme une loupe, un miroir grossissant de la dynamique européenne. Chaque information sur l’un ou l’autre aspect de cette crise conforte les uns et les autres dans leur credo que ce sont non seulement les choix politiques mais aussi l’existence même du projet européen qu’il faut interroger. Les euro sceptiques  y trouvent ce qu’ils cherchaient, à savoir des raisons supplémentaires pour dénouer les liens de solidarité et de mutualisation. Les autres, européens plus ou  moins convaincus, qui avant même la crise des dettes souveraines se rebellaient à raison contre les orientations ultra libérales portées par les élus nationaux et européens, voient naitre dans leurs rangs une grande désillusion voire un populisme anti-européen qu’à gauche on n’attribuait jusqu’alors qu’a une frange extrême.

Retour sur le terrain du crime. Des crimes pourrait-on dire car crimes il y a eu et il y aura peut-être encore à Athènes.  Après pas mal de faits de violences racistes, plusieurs ratonnades ont coûté la vie à des migrants sans que pour autant on ait pu à chaque fois établir un lien de causalité entre ces crimes et les militants pour ne pas dire milices d’Aube dorée. Il y a quelques jours, un jeune Pakistanais qui pour seul délit roulait à vélo sur l’espace public, a été roué de coups à mort, en pleine rue, en plein jour.  Chaque jour, dans les quartiers où vivent à la fois les migrants et les grecs les  plus frappés par la crise, les néo-nazis opèrent, jouent les Rambo protecteurs des pauvres grecs, amènent de l’aide et de l’attention aux seuls ressortissants nationaux, se substituent à la police. Il est piquant de constater que comme le démontrent les sondages sortie d’urnes, la toute grande majorité des policiers a voté pour ce parti. Il y a donc une sorte de complicité, accentuée par le fait que pour récupérer les électeurs d’Aube dorée, le gouvernement  encourage la police dans des opérations coups de poings, un peu sur le mode de Sarkozy pour combattre le FN.

C’est en réaction à cette montée du racisme et du fascisme que la société civile grecque, d’Amnesty au monde académique en passant par toutes les associations anti-racistes et les représentants des communautés de migrants, s’est mobilisé dans une grande manifestation que j’ai rejointe ce samedi 19 janvier.

L’occasion de prendre la température,  de discuter, d’essayer de comprendre comment et pourquoi dans un pays qui, à l’exception notoire de la période de dictature des colonels, a dans son passe lointain et récent cultivé l’anti-fascisme  et stabilisé son régime démocratique, se développe aussi brutalement et rapidement un parti d’extrême droite. Car si la crise n’avait pas explosé de façon aussi violente avec son lot d’injustices, il n’existerait sans doute en Grèce que ce conglomérat d’activistes néo-nazis. Il ne serait jamais devenus le 3ème parti politique grec disposant d’un groupe d’élus au parlement et d’un financement public. Une extrême droite qui contrairement aux partis et mouvements de même nature en Europe ne polit pas son discours, ne cherche pas à séduire, mais affiche avec arrogance et violence sa xénophobie et ses options ultra-sécuritaires, jusque et y compris par le style de ses activistes et élus : crâne rasé et physique de para commando.

Cette extrême droite se nourrit du sentiment d’injustice ressenti si largement par la population grecque.  Dans  la vie quotidienne les effets secondaires des remèdes de cheval administrés sur prescription de la troïka  donnent lieu à un véritable désastre social, non seulement chez les plus pauvres mais aussi dans la classe moyenne : des coupes allant jusqu’à la moitié du revenu, plus d’accès au crédit bancaire, des charges immobilières, d’assurance ou d’énergie impayables, etc…La dernière tranche de taxation en ce début d’année, vu son effet cumulatif avec les précédentes,  est  vécue de façon plus injuste encore. Elle apparaît et  constitue de fait une sorte de cotisation  de solidarité qui fait payer l’évasion fiscale des uns par les captifs, ceux qui sont taxés a la source. Ces fonctionnaires qui ont géré en bon père de famille, prudemment, voient aujourd’hui fondre leur épargne ou leur assurance vie constituée parfois depuis plus de 20 ans. Et il faudrait qu’ils soient collaborant avec la task force européenne qui leur propose de supprimer des services inutiles ou inefficaces et des postes dans l’administration…leurs postes ! Evidemment que même s’ils peuvent convenir de la rationalité de la proposition, ils font obstruction ! Comment pourrait-il en être autrement ?  Pour tous, la solidarité familiale qui dans la société grecque revêt une importance capitale constitue un très appréciable rempart. Un rempart qui pour les plus touchés ne parvient toutefois  pas à endiguer ce qui s’apparente à un désastre  humanitaire.

Certes aujourd’hui, on s’est un peu éloigné du pic de la crise politique. La menace de sortie de la Grèce de l’euro a reculé offrant un répit précieux dans la course engagée et un coup de frein net à la menace systémique. Objectivement, c’est un succès pour l’Europe. Mais il n’a été  possible qu’aux dépens de la société grecque qui en paye le prix fort, et du contribuable européen, y compris  allemand, qui ne le mesure pas encore. Une pause qui par ailleurs  ne constitue pas une certitude suffisante pour faire  (re) venir les investisseurs au pays d’Alexandre le Grand.

Cette menace de sortie de l’Euro brandie par le vice-chancelier allemand avait un caractère punitif d’un point de vue moral (tout pour plaire à une bonne partie de l’opinion publique allemande) mais était d’une totale inefficacité d’un point de vue économique. Elle a surtout eu pour conséquence d’augmenter solidement l’effet récessioniste  des mesures appliquées  par la troïka a la Grèce.  Une récession qui est passée de 15 à 25 % et qui, en faisant craquer autant les gens que certaines digues démocratiques, a donné des ailes à Aube dorée.

Comment un pays riche peut il devenir  pauvre en aussi peu de temps  ? Quels sont les paramètres de ce déclin si brutal ? Il manque de chiffres et d’éléments pour le mesurer mais mes nombreuses rencontres avec la task force européenne, avec des acteurs politiques et de la société civile,  les observations que je veux approfondir, me persuadent que le danger démocratique et social est aussi préoccupant que l’insuffisance de gouvernance économique, l’indispensable rééchelonnement voir annulation de la dette grecque et la nécessité de construire une mutualisation des dettes des états membres de la zone euro. Une autre évidence s’impose : on ne peut pas faire une politique de dépenses publiques sans mener simultanément une politique équitable de recettes.

Pour le reste, un peu de modestie en raison des responsabilités qui sont celles de l’UE serait bienvenue. Autant que de nouvelles stratégies de fond, une réorientation urgente des fonds structurels vers des projets plus micro, d’économie sociale à multiples dividendes, aux effets plus immédiats en termes de reprise de confiance, de créations d’activités, d’encouragement au tissu des PME et TPME familiales pour se professionnaliser et étendre leurs activités et leurs produits, un soutien à l’agriculture paysanne, au tourisme rural durable, sont autant de choses qu’il faut promouvoir très vite. Mais il faudrait pour cela que les autorités grecques aient vraiment un projet,  décliné dans les régions, avec des partenaires associatifs et privés, avec des entités locales qui reçoivent  les moyens liés à la deuxième vague de décentralisation.

Tout cela aussi pour que Aube dorée, une appellation bien trop positive, se transforme au plus vite en crépuscule.

source

Syrie: 30 morts dans un attentat suicide, la Ligue arabe réclame une trêve


Publié le lundi 21 janvier 2013 à 22h54

Syrie: 30 morts dans un attentat suicide, la Ligue arabe réclame une trêve_1
Une ambulance syrienne – Photo de Anwar Amro – AFP/Archives © 2013 AFPafp logo
DAMAS (AFP)Plus de 30 personnes ont été tuées dans un attentat dans la province syrienne de Hama lundi, au moment où le chef de la Ligue arabe appelait l’ONU à proclamer un cessez-le-feu en Syrie, estimant que la mission du médiateur international Lakhdar Brahimi n’avait abouti à « aucune lueur d’espoir ».Plus de 30 personnes, dont des civils et des miliciens pro-régime, ont été tués dans l’explosion d’une voiture piégée dans la ville de Salmiyé, dans la province de Hama (centre), a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Un haut responsable du régime syrien a confirmé à l’AFP la mort de dizaines de personnes dans l’attaque, qui visait, selon l’OSDH, un bâtiment utilisé par des forces paramilitaires fidèles au régime du président Bachar al-Assad.

Une autre explosion a secoué lundi soir le quartier aisé de Doummar, au nord-ouest de Damas, faisant un nombre indéterminé de victimes selon l’OSDH.

Doummar est un des sept quartiers les plus aisés de la capitale. Si le coeur de Damas a plusieurs fois été touché par des attentats spectaculaires, ces quartiers sont épargnés par les combats, l’Armée syrienne libre n’y étant pas présente.

Dans la journée, des avions militaires syriens avaient mené des raids à la périphérie de Damas, selon l’OSDH, alors que l’électricité revenait progressivement dans la capitale après une coupure généralisée de plus de 12 heures.

Le chef de la Ligue arabe Nabil Al-Arabi a appelé « le Conseil de sécurité de l’ONU à se réunir immédiatement pour adopter une résolution contraignante sur un cessez-le-feu afin d’arrêter le bain de sang ».

« Tous les contacts menés par l’envoyé spécial (de l’ONU et de la Ligue arabe NDLR) Lakhdar Brahimi n’ont abouti jusqu’à présent à aucune lueur d’espoir pour mettre la crise sur la voie d’un règlement », a déclaré M. Arabi à Ryad.

Le secrétaire général de l’organisation pan-arabe a également réclamé « le déploiement d’une force d’observateurs internationaux » en Syrie où selon l’ONU, le nombre de morts depuis le déclenchement mi-mars 2011 du soulèvement contre le régime du président Bachar Al-Assad a atteint les 60.000.

De hauts dirigeants de l’ONU, qui ont bravé les combats pour se rendre dans plusieurs villes syriennes, ont promis une opération humanitaire de grande ampleur en Syrie, brisée par près de deux ans d’un conflit sanglant et destructeur.

« En Syrie, cela doit être une grande opération humanitaire, c’est ce que la population attend de notre mission », a affirmé à l’AFP John Ging, le directeur des opérations du Bureau de coordination des Affaires humanitaires (OCHA), avant d’être reçu par un responsable local du régime à Homs, dans un bureau secoué par le bruit des bombardements contre des positions rebelles.

Le régime Assad a décidé de créer une force paramilitaire pour aider l’armée selon l’OSDH et des militants. Baptisée Armée de défense nationale, elle regroupe les Comités populaires, des civils favorables au régime qui ont pris les armes dans leurs quartiers pour empêcher les rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL) d’y pénétrer.

Face aux éventuelles attaques syriennes, quatre batteries de missiles sol-air Patriot allemands et néerlandais ont commencé à être déployées en Turquie, sous couvert de l’Otan, a-t-on appris auprès de l’Alliance atlantique.

Conformément à une décision de l’Otan, l’Allemagne, les Pays-Bas et les Etats-Unis ont prévu d’installer en Turquie deux unités de Patriot et jusqu’à 350 soldats chacun.

Ces armes sont arrivées par bateau lundi en Turquie, a indiqué l’Otan, dont la mission est programmée pour durer un an.

Créez un site Web ou un blog gratuitement sur WordPress.com.

Retour en haut ↑