Archives du 8 février 2013
Chawki Armali, l’ancien représentant de l’OLP à Bruxelles, est mort
Colette Braeckman, Baudouin Loos
Jeudi 7 Février 2013, 12h34
Nous avons appris la mort, dans la nuit de mercredi à jeudi, de Chawki Armali à l’âge de 76 ans. Il aura été le représentant de l’OLP entre 1984 et 2005, se distinguant par son zèle pour la « cause » nationale palestinienne.
Jusqu’au bout, Chawki Armali, représentant de la Palestine après avoir dirigé de bureau de l’OLP à Bruxelles aura dignement représenté un pays où il aura très peu vécu. L’histoire de cet homme qui était devenu un Belge d’adoption se confond avec celle de tant de Palestiniens : une histoire d’exode, d’exil, de résistance et de courage…
C’est en 1948 que sa famille chrétienne malékite fuit Haïfa, chassée par la Haganah, l’armée juive de Palestine. En voulant défendre sa fille, le père est abattu sous les yeux de son fils, qui se retrouve au Liban avec les autres membres de sa famille. A Beyrouth puis en France, celui qui devient alors un apatride poursuit des études de droit. Tout naturellement, avant un éphémère mariage d’où naîtra Alia, sa fille unique en 1981, c’est la Palestine qu’il épouse, c’est à la « cause nationale » qu’il voue sa vie et son combat.
Durant toute son existence, Chawki Armali a cultivé son image de père tranquille. Petit homme rond et affable, tenant des propos mesurés, il savait cependant que la diplomatie était un combat de première ligne : à Athènes, entre 1980 et 1984. Puis Bruxelles où il se retrouve trois ans après l’assassinat de son prédécesseur Naïm Khader.
Des risques, Chawki Armali aussi en a pris : après les négociations d’Oslo en 1993, il accepte de s’exprimer devant le cercle Ben Gourion, où il surprend par sa modération et son bon sens. Face à la presse, il est toujours disponible, dans toutes les réunions de solidarité, les meetings, partout où il est question de la Palestine, on le retrouve au premier rang, mais sans oublier les autres luttes, auxquelles il apporte son soutien et son témoignage.
Les apparences de Chawki étaient celles d’un homme doux et tranquille, mais on aurait eu tort de prendre son urbanité pour de la faiblesse : c’est avec force que partout il défendait les droits de son peuple et lorsqu’il laissait libre cours à sa sensibilité, il pouvait émouvoir jusqu’aux larmes ses interlocuteurs les plus coriaces. Même un ambassadeur israélien reconnaîtra son caractère « chaleureux » en 2002, aux pires heures de la seconde intifada
Le combat de Chawki avait une autre facette aussi, moins reluisante pour la Belgique qui l’accueillait : il devait travailler et voyager avec un passeport mauritanien, car, contrairement à Paris et à Londres, Bruxelles lui refusa toujours le statut de diplomate palestinien, et ses moyens d’existence.
Une fois seulement, depuis l’exil de son enfance, il eut l’occasion de retrouver sa terre palestinienn e natale : en 1995, il fut autorisé à passer deux semaines en Israël. Il fut accueilli comme un fils dans le village de Chefaram, en Israël, où naquit son père. Masquant son émotion sous le sourire tendre qui le faisait aimer de tous, il trouva alors la force de plaisanter, de suggérer, l’air de ne pas y toucher « qu’on me donne un passeport israélien, cela s’appellerait le droit au retour… »
Des milliers de personnes aux funérailles de Chokri Belaïd
vendredi 8 février 2013, par La Rédaction
vendredi 8 février 2013, par La Rédaction
Quelque 3.000 personnes étaient rassemblées vendredi matin à Djebel Jelloud, un quartier de la banlieue sud de Tunis, pour participer aux funérailles prévues en début d’après-midi de l’opposant assassiné, Chokri Belaïd, selon des journalistes de l’AFP.
La foule, qui continue de grossir, est réunie devant la maison de la culture du quartier où le cercueil est exposé, couvert de fleurs. Une procession doit traverser le quartier pour rejoindre le cimetière voisin d’El-Jellaz où l’opposant sera mis en terre en début d’après-midi.
Chokri Belaïd, né le 26 novembre 1964 à Djebel Jelloud et mort le 6 février 2013 à El Menzah, est un homme politique et avocat tunisien. Il est ancien membre de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique et le Secrétaire général du Mouvement des patriotes démocrates.
Il est assassiné par balles le 6 février 2013 alors qu’il sort de son domicile du quartier d’El Menzah. Ce meurtre déclenche alors de nombreuses manifestations, son frère accusant le parti au pouvoir Ennahda d’avoir fomenté cet assassinat.
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La Tunisie en grève enterre Chokri Belaïd
vendredi 8 février 2013, par La Rédaction
La Tunisie tourne au ralenti vendredi à cause d’une grève générale décrétée pour les funérailles de l’opposant Chokri Belaïd, dont l’assassinat a aggravé la crise politique et provoqué des violences.
Le débrayage national était organisé à l’appel de partis politiques et de la centrale syndicale historique, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), pour marquer les obsèques de cette figure politique anti-islamiste très médiatisée depuis la révolution de 2011, tuée mercredi par balles. Le dernier appel à une grève effective de cette ampleur remonte au 14 janvier 2011, participant à la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali, qui avait pris la fuite ce jour-là vers l’Arabie saoudite.
L’aéroport de Tunis-Carthage, le principal du pays, restait ouvert le matin mais le trafic y était très perturbé avec un grand nombre de vols annulés, ont indiqué un représentant de la compagnie nationale Tunisair joint par téléphone et des journalistes de l’AFP.
En ville, les rues étaient largement vides, et seuls de rares bus étaient visibles. Le tramway de Tunis semblait fonctionner mais les rames, d’ordinaire bondées vers 07H30 GMT étaient désertées.
L’UGTT, forte de 500.000 membres, a appelé les Tunisiens au calme et au recueillement. « C’est une grève pacifique contre la violences », selon elle. Un appel relayé par le ministère de l’Intérieur et la présidence.
Dans un communiqué, le ministère a appelé « tous les citoyens, hommes et femmes, au regard des circonstances exceptionnelles, à respecter le droit de travailler, le droit de grève et à éviter tout ce qui porterait atteinte à la sécurité publique ».
L’assassinat de Chokri Belaïd, sans précédent dans les annales contemporaines, a déclenché deux jours de violences opposant policiers et manifestants à travers le pays. Un policier y a été tué.
L’opposant doit être inhumé en début d’après-midi à Djebel Jelloud, banlieue du sud de Tunis, après une procession. La famille a demandé à l’armée de protéger le cortège.
« Mon fils est un homme qui a vécu avec courage et dans la dignité. Il n’a jamais eu peur, il est parti en martyr pour son pays », répète Salah Belaïd aux visiteurs venus s’incliner devant la dépouille couverte de fleurs dans le domicile familial orné du drapeau national.
Dès 08H30 GMT, des dizaines de personnes, dont des personnalités politiques d’opposition, y défilaient pour présenter leurs condoléances et réciter des versets du Coran.
Depuis mercredi, les chaînes de télévision multiplient les chansons engagées et talk-show enflammés donnant la parole à des politiques et de simples citoyens qui laissent libre court à leur tristesse, leur colère et leur peur que le pays ne bascule dans l’instabilité.
« Adieu Chokri, martyr de la liberté ! » scandait-on, entre fleurs et chandelles, à l’endroit où il a été abattu de sang froid de trois balles tirées à bout portant devant son domicile tunisois.
Terrassée par la douleur, sa veuve Besma, observait le silence après avoir répété ces trois derniers jours que la mort de son mari avait été commanditée par les islamistes au pouvoir du parti Ennahda.
Ce meurtre a d’ailleurs aggravé la crise politique. Le Premier ministre islamiste Hamadi Jebali a appelé mercredi soir à la création d’un gouvernement restreint de technocrates ce que son propre parti, Ennahda, a rejeté fermement.
La présidence a indiqué jeudi ne pas avoir « reçu de démission du Premier ministre, ni les détails d’un cabinet restreint de technocrates » et M. Jebali n’est pas apparu en public depuis 36 heures.
L’ambassade de France a appelé ses quelque 25.000 ressortissants à la prudence et annoncé la fermeture des écoles françaises (plus de 7.000 élèves) vendredi et samedi.
Le ministère de l’Enseignement supérieur a annoncé la fermeture des universités jusqu’à lundi.
Les violences politiques et sociales se sont multipliées ces derniers mois face aux espoirs déçus de la révolte et de l’émergence de milices pro-islamistes régulièrement accusées d’attaquer les opposants.
(08-02-2013 – Avec les agences de presse)