Shimon Peres : une lettre de protestation



Monsieur Vivier,  Recteur de l’ULB,
Monsieur Hasquin,  Secrétaire Perpétuel de l’Académie Royale,
Monsieur Pieter De Crem, Ministre de la Défense,

Séance académique du 5 mars 2013 en présence de Monsieur Shimon Peres
Nous apprenons que le CCOJB, sous le haut patronage de l’Ambassade d’Israël, organise avec la participation de l’ULB une séance académique le 5 mars prochain.

A la lecture des conditions imposées par le CCOJB (invitation nominative et prix de 100 €),nous en concluons que cette séance sera fort confidentielle et réservée à un public “choisi et acquis”.
Des questions du public sont néanmoins prévues.

Nous ne serons pas présents mais j’aurais cependant souhaité demander à Monsieur Peres:

1, ce qu’il pense des arrestations “administratives” de milliers de Palestiniens (hommes, femmes et enfants), sans les inculper ni leur permettre de passer en jugement; certains ont recours à la grève de la faim pour s’y opposer; trois d’entre eux sont aujourd’hui dans un état désespéré;

2, ce qu’il pense des arrestations “musclées” d’enfants parfois en pleine nuit – chez eux et des interrogatoires qui suivent encore plus “musclés” avec les conséquences physiques et psychologiques désastreuses qu’elles entraînent;

3, ce qu’il pense des tortures infligées à certains prisonniers. L’un d’entre eux, Arafat Jaradat, 30 ans, en est mort le 23 février dernier;

4, ce qu’il pense des jeunes palestiniens tués en pleine rue,  certains une balle dans le dos ou dans la tête et dont “s’inquiète” même l’UE;

5, ce qu’il pense de la colonisation illégale galopante avec destructions de maisons, après avoir jeté ses habitants à la rue;

6, ce qu’il pense du déplacement forcé des Bédouins, notamment en détruisant leurs puits;

7, ce qu’il pense du comportement de voyous et des humiliations incessantes des colons, lesquels colons n’hésitent pas à incendier des champs de Palestiniens, déraciner des oliviers, tuer leur bétail;

8, ce qu’il pense de la restriction d’eau aux Palestiniens;

9, ce qu’il pense bien sûr du blocus imposé à Gaza, sans compter bien entendu des bombardements, notamment au phosphore;

10, ce qu’il pense de la “stérilisation” (blocage de la fécondation) de femmes “juives mais éthiopiennes” pendant les années 1980-1990, reconnue par Israël; Monsieur Peres n’était-il pas Premier Ministre à l’époque?

11, ce qu’il pense des infrastructures payées par l’UE ou des organisations non gouvernementales et détruites systématiquement par son Etat;

….

Ce qu’il pense enfin de l’enquête menée par des juristes en Droit international sur place et des conclusions d’Alexis Deswaef, Avocat et Président de la Ligue des Droits de l’Homme et consignées dans un ouvrage: “L’odyssée d’un avocat dans un Etat de non-droit”.

… Les enfants sont détenus dans les prisons israéliennes et font l’objet de détentions administratives. N’importe quel juriste constatant les conditions de la détention administrative ne peut que s’indigner. C’est une détention arbitraire. Ils sont jugés devant des tribunaux militaires, des sortes de tribunaux d’exception. Les droits des enfants conformément à la Convention internationale des droits de l’enfant ne sont pas du tout respectés……

… Le conflit israélo-palestinien n’est peut-être pas le conflit le plus meurtrier au monde. L’horrible exemple de la Syrie est là pour le prouver. Cependant, c’est probablement une des pires situations au monde au niveau des injustices quotidiennes et de l’application du droit. Le quotidien des Palestiniens tant en Cisjordanie, qu’en Israël est absolument inacceptable sur le plan du respect des droits fondamentaux…..”

Tous ces faits du reste ont été largement abordés par d’éminents spécialistes lors des quatre sessions du Tribunal Russel pour la Palestine, organisées notamment par l’ABP. La session de clôture aura lieu les 16 et 17 mars 2013 à l’Auditorium Passage 44 à Bruxelles.
Ces sessions sont ouvertes à toutes et à tous, elles.

Ce qui est ahurissant c’est que des hommes et des femmes continuent à soutenir et défendre bec et ongles un pays qui pratique l’apartheid et qui viole toutes les règles du Droit International et du code éthique.

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Les coups de crayon d’Ali Ferzat contre le régime syrien


Le Monde.fr | 25.02.2013 à 15h29 • Mis à jour le 25.02.2013 à 20h46 Par Hélène Sallon

Ali Ferzat, le plus célèbre caricaturiste syrien, a été enlevé et passé à tabac le 25 août 2011. Ses doigts ont été brisés. Ce portrait s'est propagé sur le Net dans les jours suivants. Signé par Ali Ferzat, il est en réalité dû à un dessinateur anonyme.

Le temps d’une pose, faisant mentir la réserve qu’il inspire sous ses allures dandy, Ali Ferzat révèle toute son espièglerie. Avec un large sourire, le caricaturiste syrien de 63 ans agite, menaçants face à l’objectif, ses longs doigts effilés. Ces mains devenues, pour le régime syrien, des armes à faire taire. Pendant de nombreuses années, l’homme s’est employé à dénoncer, par le filtre de représentations symboliques, la dictature du parti Baas et du régime de Bachar Al-Assad. Dès mars 2011, ses coups de crayon ont accompagné le soulèvement syrien, se débridant au fur et à mesure que sautait le verrou de la peur. Jusqu’à représenter et dénoncer sans détours les crimes du régime.

Une nouvelle audace que le caricaturiste, célébré dans tout le monde arabe, a payé au prix fort. Enlevé au volant de sa voiture la nuit du 25 août 2011 à Damas, Ali Ferzat a été molesté pendant des heures par des chabiha, les sbires du régime. Dans un geste symbolique, ils lui ont brisé les deux mains avant de le laisser pour mort à quelques dizaines de kilomètres de Damas.

UN COMBAT SANS FRONTIÈRES

Sauvé « par miracle », l’homme n’a pas cédé aux menaces. « Quand je suis sorti de chez moi pour la première fois, un mois et demi après, je voulais marcher dans la rue, revendiquer mes droits de citoyen », assène-t-il. Sa seule peur a été que ses mains ne guérissent pas. Pour cela, il a dû trouver un refuge « temporaire » au Koweït, où ses caricatures sont depuis de nombreuses années publiées dans le quotidien El-Watan. « Mes dessins avaient déjà voyagé, je n’ai fait que les suivre », accompagnant ses mots d’un regard bleu perçant.

Un entretien avec Ali Ferzat réalisé par Samar Media TV

Le caricaturiste n’a cessé depuis d’aligner les coups de crayon, dans la presse et sur son site Internet, avec la même verve et les mêmes thèmes de prédilection. Ce combat, il le mène désormais de l’extérieur, roulant sa bosse aux quatre coins du monde. Dimanche 24 février, c’est aux côtés de son confrère et ami de longue date Plantu qu’il a dialogué, par les mots tout autant que par le dessin, avec le public venu nombreux pour le rencontrer lors de la journée de solidarité avec la Syrie organisée à l’Institut du monde arabe à Paris.

« Toutes les révolutions du monde ont besoin de plusieurs axes. La révolution de l’intérieur a besoin d’être représentée à l’extérieur, d’avoir des figures politiques. Ce qui se passe à l’extérieur, que ce soit une réussite ou non, ne freinera pas ce qui se passe à l’intérieur », défend-il, notant au passage l’embarras dans lequel est plongée la communauté internationale face à la situation en Syrie.

Quand on lui demande pourquoi il ne croque pas l’éclatement de la rébellion en différents groupes, il balaie l’allusion d’un revers. « Le régime a échoué dans sa volonté de diviser la rébellion. Il y a une volonté de défigurer cette révolution en parlant de djihadistes, de leur donner plus de poids qu’ils n’en ont. Les djihadistes n’ont pas de vrai enracinement en Syrie. Cette révolution de masse poursuit son objectif de construire un Etat civil, pluraliste et démocratique« , minimise-t-il. Le caricaturiste ne s’est jamais privé de s’attaquer, dans ses dessins de presse, au fondamentalisme religieux au point de susciter parfois des mouvements de contestation.

LA LIBERTÉ POUR SEUL MOT D’ORDRE

Ali Ferzat refuse de se voir en homme politique. « Mon engagement pour la patrie est mû par la morale. Je suis né pour critiquer ce qui a été, ce qui est aujourd’hui et ce qui sera demain », a-t-il conclu dans son échange avec le public parisien. S’empressant de revenir à sa table s’atteler à ce qu’il aime le plus faire : croquer. Dans ce processus, le geste, le message, l’échange d’idées sont plus importants à ses yeux que l’objet, le dessin.

Dans son exil, Ali Ferzat a pu emporter, en version imprimée ou électronique, toutes les œuvres qu’il a réalisées ces quinze dernières années. « Le moment venu, je ferais de ma galerie à Damas un musée pour exposer mes œuvres », a-t-il déjà prévu. Les quelque 15 000 à 17 000 caricatures réalisées avant ont été disséminées à droite et à gauche. Ce dont l’homme ne semble pas se formaliser. « Ce que la Syrie nous a appris est que ça ne vaut rien car, du jour au lendemain, on peut tout perdre. Le peuple syrien n’a pas une conception matérialiste du monde. Son seul mot d’ordre est la liberté. A aucun moment, il ne s’est plaint dans ses slogans de faim, de soif, de ne pas avoir d’argent. Le jour où cela arrivera, on pourra dire que la révolution est terminée », prédit-il.

Le combat d’Ali Ferzat, lui, ne sera jamais terminé. Récompensé du prix Sakharov pour la liberté de pensée le 27 octobre 2011, il prépare déjà de nouveaux projets : de petits films d’animation tirés de ses dessins et une nouvelle version de la revue critique Al-Doumari qu’il animait en Syrie entre 2001 et 2003.

Sur le coin d’une table, autour d’un repas, il se laisse aller à des dessins un peu plus cocasses. Comme cette saynète caustique où se dévoilent les fantasmes d’un « barbu ». Un dessin qu’il avoue « être impubliable aujourd’hui » dans le monde arabe. Le mot « aujourd’hui » étant pour lui le mot-clé. « Notre rôle est d’être à l’avant-garde de la lutte pour la liberté. On doit en payer le prix pour que les générations futures puissent publier, en toute liberté, ces dessins-là. »