Les coups de crayon d’Ali Ferzat contre le régime syrien


Le Monde.fr | 25.02.2013 à 15h29 • Mis à jour le 25.02.2013 à 20h46 Par Hélène Sallon

Ali Ferzat, le plus célèbre caricaturiste syrien, a été enlevé et passé à tabac le 25 août 2011. Ses doigts ont été brisés. Ce portrait s'est propagé sur le Net dans les jours suivants. Signé par Ali Ferzat, il est en réalité dû à un dessinateur anonyme.

Le temps d’une pose, faisant mentir la réserve qu’il inspire sous ses allures dandy, Ali Ferzat révèle toute son espièglerie. Avec un large sourire, le caricaturiste syrien de 63 ans agite, menaçants face à l’objectif, ses longs doigts effilés. Ces mains devenues, pour le régime syrien, des armes à faire taire. Pendant de nombreuses années, l’homme s’est employé à dénoncer, par le filtre de représentations symboliques, la dictature du parti Baas et du régime de Bachar Al-Assad. Dès mars 2011, ses coups de crayon ont accompagné le soulèvement syrien, se débridant au fur et à mesure que sautait le verrou de la peur. Jusqu’à représenter et dénoncer sans détours les crimes du régime.

Une nouvelle audace que le caricaturiste, célébré dans tout le monde arabe, a payé au prix fort. Enlevé au volant de sa voiture la nuit du 25 août 2011 à Damas, Ali Ferzat a été molesté pendant des heures par des chabiha, les sbires du régime. Dans un geste symbolique, ils lui ont brisé les deux mains avant de le laisser pour mort à quelques dizaines de kilomètres de Damas.

UN COMBAT SANS FRONTIÈRES

Sauvé « par miracle », l’homme n’a pas cédé aux menaces. « Quand je suis sorti de chez moi pour la première fois, un mois et demi après, je voulais marcher dans la rue, revendiquer mes droits de citoyen », assène-t-il. Sa seule peur a été que ses mains ne guérissent pas. Pour cela, il a dû trouver un refuge « temporaire » au Koweït, où ses caricatures sont depuis de nombreuses années publiées dans le quotidien El-Watan. « Mes dessins avaient déjà voyagé, je n’ai fait que les suivre », accompagnant ses mots d’un regard bleu perçant.

Un entretien avec Ali Ferzat réalisé par Samar Media TV

Le caricaturiste n’a cessé depuis d’aligner les coups de crayon, dans la presse et sur son site Internet, avec la même verve et les mêmes thèmes de prédilection. Ce combat, il le mène désormais de l’extérieur, roulant sa bosse aux quatre coins du monde. Dimanche 24 février, c’est aux côtés de son confrère et ami de longue date Plantu qu’il a dialogué, par les mots tout autant que par le dessin, avec le public venu nombreux pour le rencontrer lors de la journée de solidarité avec la Syrie organisée à l’Institut du monde arabe à Paris.

« Toutes les révolutions du monde ont besoin de plusieurs axes. La révolution de l’intérieur a besoin d’être représentée à l’extérieur, d’avoir des figures politiques. Ce qui se passe à l’extérieur, que ce soit une réussite ou non, ne freinera pas ce qui se passe à l’intérieur », défend-il, notant au passage l’embarras dans lequel est plongée la communauté internationale face à la situation en Syrie.

Quand on lui demande pourquoi il ne croque pas l’éclatement de la rébellion en différents groupes, il balaie l’allusion d’un revers. « Le régime a échoué dans sa volonté de diviser la rébellion. Il y a une volonté de défigurer cette révolution en parlant de djihadistes, de leur donner plus de poids qu’ils n’en ont. Les djihadistes n’ont pas de vrai enracinement en Syrie. Cette révolution de masse poursuit son objectif de construire un Etat civil, pluraliste et démocratique« , minimise-t-il. Le caricaturiste ne s’est jamais privé de s’attaquer, dans ses dessins de presse, au fondamentalisme religieux au point de susciter parfois des mouvements de contestation.

LA LIBERTÉ POUR SEUL MOT D’ORDRE

Ali Ferzat refuse de se voir en homme politique. « Mon engagement pour la patrie est mû par la morale. Je suis né pour critiquer ce qui a été, ce qui est aujourd’hui et ce qui sera demain », a-t-il conclu dans son échange avec le public parisien. S’empressant de revenir à sa table s’atteler à ce qu’il aime le plus faire : croquer. Dans ce processus, le geste, le message, l’échange d’idées sont plus importants à ses yeux que l’objet, le dessin.

Dans son exil, Ali Ferzat a pu emporter, en version imprimée ou électronique, toutes les œuvres qu’il a réalisées ces quinze dernières années. « Le moment venu, je ferais de ma galerie à Damas un musée pour exposer mes œuvres », a-t-il déjà prévu. Les quelque 15 000 à 17 000 caricatures réalisées avant ont été disséminées à droite et à gauche. Ce dont l’homme ne semble pas se formaliser. « Ce que la Syrie nous a appris est que ça ne vaut rien car, du jour au lendemain, on peut tout perdre. Le peuple syrien n’a pas une conception matérialiste du monde. Son seul mot d’ordre est la liberté. A aucun moment, il ne s’est plaint dans ses slogans de faim, de soif, de ne pas avoir d’argent. Le jour où cela arrivera, on pourra dire que la révolution est terminée », prédit-il.

Le combat d’Ali Ferzat, lui, ne sera jamais terminé. Récompensé du prix Sakharov pour la liberté de pensée le 27 octobre 2011, il prépare déjà de nouveaux projets : de petits films d’animation tirés de ses dessins et une nouvelle version de la revue critique Al-Doumari qu’il animait en Syrie entre 2001 et 2003.

Sur le coin d’une table, autour d’un repas, il se laisse aller à des dessins un peu plus cocasses. Comme cette saynète caustique où se dévoilent les fantasmes d’un « barbu ». Un dessin qu’il avoue « être impubliable aujourd’hui » dans le monde arabe. Le mot « aujourd’hui » étant pour lui le mot-clé. « Notre rôle est d’être à l’avant-garde de la lutte pour la liberté. On doit en payer le prix pour que les générations futures puissent publier, en toute liberté, ces dessins-là. »

Hommage au courage des Syriens à travers Omar Aziz


L’Institut du Monde Arabe pour Omar Aziz.

Je veux rendre hommage au courage des Syriens à travers un homme.

Omar Aziz

Omar Aziz était tout à la fois un mystique, un homme de culture et une tête scientifique magnifiquement organisée. Francophone impeccable – il avait fait son doctorat d’économie à Grenoble – il incarnait cette force tranquille de la révolution syrienne, celle que l’on ressent lorsqu’on parle avec les jeunes manifestants de la première heure mais qui ne savent pas toujours l’exprimer.
Il est le père des conseils locaux qui sont devenus le centre d’intérêt de tous les partenaires extérieurs et malheureusement des cibles pour les jeux d’influence. Lui les avait conçus dès l’automne 2011 comme les supports de la société civile ; il prévoyait une lutte longue qui aurait besoin de s’appuyer sur des structures alternatives à celles de l’Etat pour organiser la vie de la population dans les zones qui étaient déjà libérées et qui n’étaient encore que des poches.

Il avait présenté un projet complet sur les différentes fonctions et activités de conseils locaux, leur attribuant un rôle essentiel dans la préservation de la dimension civile de la révolution et de la paix intercommunautaire. Cela faisait partie de sa remarquable clarté de vue. Il savait précisément où nous allions et le temps que cela prendrait. Il avait une confiance immense dans les jeunes et dans les capacités de résistance du peuple. Il m’avait dit un jour « jamais les Syriens se sont tant aimés les uns les autres ». Loin d’être un romantique, il était parfaitement lucide sur les acteurs, les risques, la nature du régime mais il savait que la jeunesse syrienne irait jusqu’au bout et que les déceptions qu’il avait vécues lui-même tout au long de sa vie, ne devaient en aucun cas se répéter. C’était la force de caractère habillée d’une voix et d’un style de la plus grande douceur.
Il est rentré en Syrie dans les premières semaines de la révolution et avait décidé de ne plus en sortir. Arrêté le 20 novembre, ses amis ont cherché à avoir des nouvelles. Mais ceux que l’on pensait avaient des relations avec tel ou tel responsable des services de renseignements ou pouvaient servir d’intermédiaire pour négocier une rançon que la famille et les amis auraient volontiers payée, manifestaient une réserve décevante et incompréhensible. Il fallait savoir que lorsqu’un activiste passait « de l’autre côté du soleil » (expression que les opposants égyptiens utilisent pour informer de l’arrestation d’un des leurs) ceux qui cherchent à s’informer sur son sort s’exposent eux- mêmes à de grands risques.
Omar Aziz est mort sous la torture la semaine dernière, mort parce qu’il a refusé de parler et a voulu protéger ses amis.

Pourquoi il faut armer les rebelles syriens


LE MONDE | 23.02.2013 à 14h38 Par Editorial du Monde

Un combattant de l'Armée syrienne libre à Alep, le 19 février.

Près de 100 morts à Damas dans les attentats perpétrés jeudi 21 février, les plus sanglants dans la capitale syrienne depuis le début du soulèvement, il y aura bientôt deux ans. Qui s’en soucie encore ? Qui prête encore attention à cette guerre civile qui ne cesse pourtant de gagner en férocité ? Qui n’est pas atteint par le sentiment d’impuissance face à deux meules – le régime et l’opposition – qui s’usent inexorablement sans pour autant se briser ?

Il faut pourtant s’arracher à ce fatalisme pour écouter Lakhdar Brahimi, médiateur trop isolé et trop impuissant des Nations unies. Pour ce dernier, qui s’exprimait, jeudi 21 février, sur une chaîne de télévision arabe, « le régime en Syrie est convaincu que la solution militaire est possible et qu’elle pourrait être proche ».

Autrement dit, selon M. Brahimi, Bachar Al-Assad estime que ce que la force n’a pas permis d’obtenir jusqu’à présent – à savoir l’écrasement de la rébellion -, une force plus importante pourrait permettre d’y parvenir, en dépit de ses pertes continues enregistrées ici et là sur le terrain. Cette conviction suicidaire n’étonnera personne. Pas ceux, en tout cas, qui se souviennent que le président syrien s’était publiquement félicité, en août 2012, des défections, qui laisseraient le pays « nettoyé ».

Depuis que l’impasse diplomatique créée à l’ONU par l’alignement russe sur les positions du régime syrien a été constatée, les Etats-Unis et les Européens ont baissé les bras. Même s’ils peuvent s’en défendre, ils ont abandonné les révolutionnaires syriens à une guerre asymétrique – face à une armée qui continue de recevoir un soutien logistique et matériel iranien et russe.

Leur principal argument est connu : approvisionner une Armée syrienne libre en armes susceptibles de soutenir la comparaison avec la puissance de feu du régime, c’est prendre le risque de voir ces armes retournées contre eux, le jour venu, par les groupes djihadistes qu’aimante la nouvelle zone grise du Proche- Orient. Cet argument serait convaincant si la paralysie actuelle ne produisait pas ce qu’ils veulent éviter : le développement continu de groupes armés fondamentalistes financés par certains pays du Golfe.

Les experts qui suivent de près la situation syrienne doutent aujourd’hui de la capacité d’un camp à prendre l’ascendant sur l’autre. Mais chacun ne peut que constater que sa supériorité militaire maintenue malgré tout entretient le régime de Bachar Al-Assad dans cette posture jusqu’au-boutiste.

C’est pour cette raison que la question d’un soutien militaire aux groupes armés les plus représentatifs de la Syrie, qui est descendue dans la rue à partir du 17 mars 2011 pour demander des réformes, puis obtenir la chute du régime de Bachar Al-Assad, doit être à nouveau soulevée par les pays occidentaux. Seul un nouveau rapport de forces pourra fissurer les liens d’allégeance au sein du régime.

L’armement de l’opposition n’est donc pas incompatible avec une solution négociée pour parvenir à l’éviction du clan dirigé par Bachar Al-Assad et éviter un chaos destructeur pour toute la région. C’est au contraire un outil au service de la diplomatie. S’en priver est un choix. C’est la politique par défaut adoptée jusqu’à présent à Washington comme en Europe. Mais il faut en assumer le prix et les conséquences : la destruction d’un pays et d’un peuple.

Editorial du Monde

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Syrie, les apprentis chirurgiens de la rébellion


Sous le feu de l’armée de Bachar El-Assad, des médecins français et syriens apprennent clandestinement à des confrères l’art de sauver des vies.

Il n’aurait pas dû mourir. Il y a une semaine, l’homme, victime d’un bombardement, était allongé dans la salle de réanimation d’un hôpital d’Alep, dans un quartier tenu par les rebelles. Intubé, amputé d’une jambe, le corps dur, gonflé comme un ballon. Un chirurgien aux yeux d’une infinie douceur explique l’impensable, en s’excusant presque : « Le chirurgien vasculaire n’était pas libre, celui qui l’a opéré n’a pas su réparer les vaisseaux de sa jambe. » Elle s’est infectée. La Turquie n’a pas voulu laisser entrer l’ambulance qui transportait le blessé. Il est revenu sur Alep. Amputation, insuffisance rénale sans appareil de dialyse pour la traiter. Arrêt cardiaque, coma. Il est mort le lendemain.

En fait, il aurait fallu amputer dès le début. En temps de guerre, mieux vaut perdre un membre que la vie. Mais comment imaginer, comment savoir? Dans la ville martyre, médecins et infirmiers ont les mains dans le sang, comme les garagistes dans le cambouis. Ils savent très bien opérer, mais jamais ils n’auraient imaginé ce qu’ils voient aujourd’hui. Des blessés par vagues avec des trous jusqu’aux poumons, le visage arraché d’un homme encore conscient, des pieds coupés apportés dans leur botte avec les blessés, des bébés visés par des snipers…

Une poignée de médecins ont décidé d’armer ces docteurs en leur prodiguant trois jours de formation pratique aux soins des blessures et traumatismes de guerre. C’est une première. Membres de l’UOSSM, ils sont quatre Syriens de France et un Français. Amir, le conteur philosophe, et Ziad, rigoureux comme un anesthésiste, qui veulent rester anonymes pour protéger leur famille ; Hassan El-Abdullah, le raisonneur tranquille, et Ahmed Bananeh, au sourire parfois émerveillé comme celui d’un gamin. Lui dirige le comité médical de l’UOSSM. Et bien sûr, Raphaël Pitti, à l’origine de ce projet de formation. Ancien médecin militaire, professeur agrégé de médecine d’urgence et de catastrophe, il dirige le service de réanimation de la polyclinique de Gentilly à Nancy.

Dans le plus grand secret, ils sont arrivés samedi. Les hôpitaux et les médecins sont une cible du régime. « Viser les hôpitaux a un impact psychologique, explique Ahmed Bananeh. Les combattants blessés risquent de ne pas être soignés. C’est pire que d’être tué. »

20 minutes pour agir

Il est 22h30 samedi, une vingtaine de médecins sont réunis dans un immeuble glacial et humide aux vitres bouchées pour se protéger des snipers. Des chirurgiens, des secouristes, des étudiants en médecine, un orthopédiste. Raphaël Pitti présente la formation : « Je sais que vous vous débrouillez seuls depuis deux ans. Nous allons partager nos expériences. Nous allons travailler sur le temps de l’urgence et sur le schéma opératoire. Le but est d’acquérir des automatismes pour sauver le malade dans n’importe quelle situation. »

Les hommes écoutent, visage tiré. L’électricité est coupée. La séance se poursuit à la lumière de lampes frontales. Ils sont trop nombreux. Pour mieux les former, il n’en faut que seize, deux groupes de huit. Certains vont devoir partir… As’ad est un chanceux, il reste. Comme beaucoup dans les quartiers libérés d’Alep, le chirurgien de 34 ans a mis sa famille à l’abri en Turquie pour lui éviter d’être arrêtée. Malgré des faux noms, difficile de travailler dans la clandestinité totale quand une dizaine d’hôpitaux fonctionnent dans ces quartiers. Depuis le funeste destin de Dar Al- Shifra, bombardé fin novembre, les hôpitaux portent le nom de M1, M2, M3 pour ne pas être localisés par le régime… M pour moustachfa, hôpital en arabe.

À l’étage, où se tient la formation, des feuilles ont été scotchées sur les portes : atelier ventilatoire, atelier circulatoire, atelier douleur et atelier conditionnement des blessés. « On a un problème de transport, explique justement As’ad. Les blessés arrivent dans nos hôpitaux dans un sale état. Il est souvent trop tard pour faire quelque chose. » Le 31 janvier, deux immeubles ont été détruits dans le quartier de Boustan Al-Qasr : 14 morts, 80 blessés. « Tout le monde courait partout, raconte As’ad. Les gens étaient terrifiés, criaient, ils attrapaient les blessés n’importe comment. Parfois, ils tiraient une main qui dépassait des gravats sans se rendre compte qu’ils pouvaient tuer le blessé. »

Hassan El-Abdullah, formateur de l’UOSSM, enseigne les réflexes de la médecine de guerre en quelques heures et parfois sans électricité. (Edouard Elias pour le JDD)

C’est ce qu’on appelle le « crush syndrome ». Les muscles d’un homme enseveli, privés d’oxygène, accumulent des toxines. Une fois le corps libéré, elles filent dans le sang et empoisonnent. Pour l’empêcher, il faut poser des garrots. Ou injecter du bicarbonate dans le corps pour temporiser le potassium qui afflue.

Lundi, dernier jour de formation, les médecins s’entraînent dans des mises en situation. Un mannequin sert de blessé par terre, deux hommes jouent le médecin et l’infirmier qui arrivent sur le terrain. Il faut trouver comment traiter la victime. Avec toujours ce fichu temps de l’urgence, vingt minutes pour le sauver et le transporter. Un des cas porte sur une victime ensevelie, avec seulement la tête et les épaules visibles. Celui qui fait le médecin tente de lui mettre un collier cervical puis lâche : « Ah, tu voulais la liberté? Eh bien, là voilà, ta liberté! » Le groupe éclate de rire. « Le rire permet d’évacuer le stress », commente Raphaël Pitti, qui a l’expérience de la première guerre du Golfe, de l’ex-Yougoslavie et du Tchad…

Un dentiste sur le front

« Avec les snipers et les missiles, les blessures sont de plus en plus compliquées à soigner », avoue Hazem, chirurgien de 21 ans. Le dernier atelier aborde le triage justement, notion fondamentale en médecine de guerre : trier et séparer physiquement les cas d’urgence absolue et ceux d’urgence relative pour être plus performant.

À peine la formation terminée, un missile sol-sol tombe sur des immeubles du quartier de Jabal Badro, tuant 31 personnes. Les médecins filent dans la nuit. Hazem est envoyé à l’hôpital M2. En dix minutes, il a organisé, pour la première fois de sa vie, une salle de triage et attend les victimes.

Les formateurs, eux, doivent déjà repartir. Alep n’était que leur première étape. Direction Bab El- Hawa, au poste frontière avec la Turquie. L’UOSSM y a ouvert un hôpital d’urgence début janvier. Des blessés arrivent des provinces d’Idlib, Hama ou Alep. Comme Hussein Hamid, combattant victime de tirs de PKC, des mitrailleuses de fabrication russe. Amputé à Alep, il reçoit ici des soins postopératoires importants.

Jeudi, donc, une trentaine de médecins s’installent dans le centre de formation qui jouxte l’hôpital. Cette fois, ils viennent de partout, même de Deraa et Damas, des zones tenues par le régime. Deux jeunes de la capitale ont voyagé deux jours pour arriver. Deux gueules d’ange d’une vingtaine d’années qui se ressemblent comme des jumeaux. Ils viennent apprendre comment mieux se débrouiller. En un mois, sept médecins qui travaillaient avec eux ont été arrêtés. Ils repartent aujourd’hui pour aller donner des conseils à celui qui opère maintenant. L’homme fait tout ce qu’il peut. Mais il n’est que dentiste.

Garance Le Caisne, envoyée spéciale à Alep et Bab el-Hawa (Syrie) – Le Journal du Dimanche

dimanche 24 février 2013

Syrie médecine Paru dans leJDD Des formateurs apprennent à la médecine à des Syriens. (Edouard Elias pour le JDD)

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A voir : La loi des plus forts


mardi 26 février à 23h15, 86 min

Lorsqu’en 1967 Israël occupe la bande de Gaza et la Cisjordanie, il y instaure une administration et une législation spécifiques, sous contrôle de l’armée. Plutôt que d’appliquer le droit israélien à ces zones nouvellement conquises, hommes politiques et militaires bâtissent progressivement un système complexe de lois et d’ordonnances, guidés par une préoccupation principale : maintenir l’ordre. Plus de quarante ans après, cette législation est toujours en vigueur. Exemplaire dans sa forme et maintes fois primé, le documentaire interroge ses architectes – de vieux messieurs qui étaient autrefois procureurs ou présidents de cours martiales ou membres de la Haute Cour de justice israélienne. Comment juger les Palestiniens, eux qui sont à la fois des « ennemis » et des résidents de territoires officiellement israéliens ? Quels argumentaires juridiques ont jeté les bases de la colonisation ? Sans jamais occulter la dimension subjective et interprétative de leur travail de documentaristes, Ra’anan Alexandrowicz et Liran Atzmor démontrent avec gravité que le droit n’est pas neutre. Les entretiens, menés dans un décor minimaliste, dévoilent les arcanes d’une législation sur laquelle les citoyens israéliens ne sont que peu consultés et que les Palestiniens ressentent comme arbitraire et opaque. Avec en fil rouge une question cruciale et dérangeante : une occupation militaire est-elle compatible avec l’État de droit ?
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Syrie : les journalistes-citoyens s’interrogent


Syrie : les journalistes-citoyens s'interrogent
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Saad porte un appareil photo et un fusil, à Deir Ezzor le 19 février 2013

[Zac Baillie / AFP]

Les journalistes-citoyens en Syrie travaillent sans relâche pour médiatiser le conflit, mais certains, lassés par la mort et les destructions, se demandent si les armes ne sont pas plus efficaces que leurs caméras.

« Plusieurs fois, je me suis demandé s’il ne valait pas mieux arrêter de filmer, pour combattre avec les rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL) », affirme Saad, découragé par un conflit qui dure depuis près de deux ans.

Il fait partie d’une équipe de dix journalistes-citoyens syriens travaillant en continu dans un centre des médias de la province pétrolière de Deir Ezzor, dans l’est du pays, théâtre depuis des mois d’affrontements entre rebelles et forces du régime du président Bachar al-Assad.

Saad dit avoir participé aux manifestations pacifiques au début du soulèvement, lancé en mars 2011. Mais il a « décidé de prendre les armes » après avoir été témoin de la répression meurtrière menée par le régime. A chaque visite au front avec sa caméra, il emporte désormais un fusil.

« J’enregistre les combats avec ma caméra, mais s’ils me tirent dessus, je riposte, car ma vie est beaucoup plus importante que n’importe quelle image que je pourrais filmer », indique-t-il.

A l’inverse, Akram a troqué son arme contre une caméra. « Je me suis battu durant sept mois, avant de réaliser qu’il y avait suffisamment d’hommes au front et qu’ils avaient besoin de quelqu’un pour filmer » les combats, dit-il.

Abou Hussein interroge un petit Syrien, à Deir Ezzor le 19 février 2013 [Zac Baillie / AFP]
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Abou Hussein interroge un petit Syrien, à Deir Ezzor le 19 février 2013

[Zac Baillie / AFP]

« Je vais là où on a besoin de moi. Aujourd’hui, je suis militant, mais il se peut que demain je retourne au front pour combattre », précise cet homme qui enseigne aux apprentis journalistes-citoyens comment se protéger lorsqu’ils couvrent le conflit.

Le régime imposant des restrictions draconniennes aux médias internationaux en Syrie, ces militants sont dans bien des zones la seule source d’information sur le conflit.

Pour beaucoup, transmettre au monde ce qui se passe en Syrie est un combat sans concession.

Malgré les horreurs dont il est témoin, Abou Hussein affirme avoir « la force de continuer à travailler chaque jour (….) jusqu’à la libération de la Syrie, ou jusqu’à ma mort ».

« Nos armes sont nos caméras, et ces armes sont plus puissantes que n’importe quel AK-47 (fusil d’assaut) d’un rebelle. Nos armes sensibilisent, elles ne tuent pas », estime Abou Hussein.

« Les yeux du monde »

Son « collègue », Abou Omar, n’a pas survécu. Son casque et son gilet pare-balle sont toujours sur la chaise qu’il occupait au centre des médias de Deir Ezzor.

Abou Hussein en plein reportage, à Deir Ezzor le 19 février 2013 [Zac Baillie / AFP]
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Abou Hussein en plein reportage, à Deir Ezzor le 19 février 2013

[Zac Baillie / AFP]

Selon Abou Hussein, il est mort dans un bombardement, « payant de sa vie pour rapporter les atrocités perpétrées chaque jour par le régime contre des civils. »

« Ses affaires nous rappellent pourquoi nous faisons ce que nous faisons », ajoute-t-il, affirmant que son équipe envoie chaque jour des vidéos à une chaîne militante satellitaire basée au Caire, « Channel Deir Ezzor ».

Ces vidéos « peuvent ainsi être vues en Syrie et partout dans le monde », indique Akram.

Selon lui, des « malentendus » ont surgi récemment entre journalistes-citoyens et rebelles. « Certains combattants nous obligent à effacer nos vidéos. Ils affirment que c’est à cause de nous que le régime bombarde leurs positions », explique-t-il. »Le problème, c’est qu’ils se font bombarder, que l’on filme ou pas ».

En revanche, certaines factions rebelles tournent leurs propres vidéos « et nous les envoient pour qu’on les édite et les mette en ligne. C’est positif, parce que nous ne pouvons pas être partout, et ils se rendent dans des endroits auxquels nous ne pouvons pas accéder », précise Abou Hussein.

« Nous sommes les yeux du monde », assure Kinda, seule femme de l’équipe. « Sans nous, le monde ne saurait pas ce qui se passe ».

Auteur AFP

2 ans de soulèvement populaire en Syrie (Jeunes anticapitalistes)


Le 19 février 2013, les JAC organisaient à l’ULB sangsurlesmainsBachar2013une soirée de soutien à la révolution du peuple syrien contre la dictature de Bachar El-Assad. Cette conférence a été organisée par les JAC en collaboration avec Action Syrie et avec le soutien des Etudiants FGTB-ULB et d’Amnesty ULB. Une soixantaine de personnes ont participé à l’évènement.

Les intervenants étaient Yahia et Fadi, réfugiés syriens originaires de Damas, qui nous ont fait part de leur expérience personnelle au sein du mouvement, de l’actualité et de l’avenir de la révolution syrienne. Avec l’aide de Rend pour la traduction. Ils étaient accompagnés de Pascal Fenaux, journaliste au courrier international, qui nous a parlé de la perception de la révolution syrienne, de sa couverture médiatique et des enjeux internationaux de ce mouvement.

Aurélie des JAC s’est chargée de présenter notre position face à ce processus révolutionnaire. Voici le contenu de son intervention au nom des JAC.
“La situation syrienne pose de nombreuses questions aux militant-e-s de la gauche anticapitaliste :

En quoi la situation en Syrie se rapproche et se distingue des autres processus révolutionnaires arabes ? Pourquoi après bientôt deux ans, le soulèvement syrien ne débouche pas sur un changement de régime ? Pourquoi la gauche est-elle divisée ou n’ose pas se positionner ? Que penser de la possibilité d’une intervention militaire étrangère ?

Le soulèvement populaire en Syrie s’inscrit dans le contexte du dénommé « printemps arabe » (commencé en hiver 10-11 en Tunisie). Comme dans les autres pays de la région, le mouvement populaire demande plus de démocratie, la liberté, la dignité, la fin d’un régime dictatorial et réagit à la crise sociale et économique en demandant la possibilité de travailler et la redistribution des richesses.

Bientôt deux ans après son commencement, le 15 mars 2011 dans la ville de Deraa, le soulèvement en Syrie est longtemps resté pacifique mais s’est petit à petit militarisé face à la répression du régime. Aujourd’hui encore de nombreuses manifestations pacifiques ont lieu, notamment les vendredis, mais la violence de la répression entraîne l’escalade de la militarisation.

La Syrie est au cœur du Moyen-Orient et est au centre d’un jeu de puissances régionales et internationales. Située entre la Turquie, le Liban, Israël, la Jordanie et l’Irak, elle rassemble différents peuples de différentes confessions (importante minorité kurde – majorité sunnite, chiite, alaouites, druzes, chrétiens). On peut distinguer différentes influences ou « ingérences étrangères » : la première et la plus importante depuis le début du soulèvement est le soutien politique, militaire et financier de l’Iran et de la Russie au régime, à laquelle ont répondu ensuite la présence d’islamistes radicaux soutenus par les pétromonarchies du Golfe, alliés opportunistes qui espèrent se faire une place dans le régime post el assad et bloquer la dynamique émancipatrice et démocratique de la révolution,…

Comme dans le cas de la Lybie, la gauche est divisée. Le discours de propagande pseudo anti-impérialiste du régime et son alliance avec l’Iran et le Hezbollah libanais contre Israël et les États-Unis encouragent certains à soutenir le régime et fermer les yeux sur ses atrocités. Pour autant, le régime syrien a écrasé les palestiniens pendant les années 1970 et 80 et n’a pas bougé le moindre petit doigt depuis des décennies contre Israël, qui occupe le plateau du Golan syrien. Raison pour laquelle Israël est loin de se réjouir de la révolution syrienne, craignant les conséquences de la chute du régime : soit un régime plus démocratique et donc plus dur vis-à-vis d’Israël, soit un nouveau terrain de jeu pour le djihadisme…

En tant que Jeunes anticapitalistes, on essaie d’avoir des contacts en Syrie via nos camarades du Courant de la gauche révolutionnaire syrienne (Ghayath Naisse sera présent à l’école anticapitaliste de printemps du 15-16 et 17 mars) et d’éviter de tomber dans ce raisonnement-piège, ce vieux mal d’une certaine gauche : « les ennemis de nos ennemis sont nos amis ».

On soutient la révolution syrienne basée sur le refus de la dictature, du néolibéralisme et du chômage. Comme dans les autres pays du printemps arabe, c’est une révolution populaire, soutenue par la majorité de la population et où les jeunes ont une place déterminante. La présence islamiste est réelle mais n’est pas une exception syrienne et ils sont bien loin de constituer la majorité de la rébellion.

La particularité du soulèvement syrien est l’atroce répression de la part du régime, qui torture et assassine les enfants, les femmes, les médecins et vise les pharmacies comme les files devant les boulangeries. On estime aujourd’hui le nombre des victimes à environ 70 000 morts, sans compter les centaines de milliers de prisonniers, blessés et réfugiés, là où on parlait de quelques centaines de personnes en Égypte ou en Tunisie.

Malgré l’horreur de la répression et l’exacerbation de conflits confessionnels ou ethniques que le régime attise en permanence via des attaques ciblées et une propagande intense, la résistance au régime constitue un front large, constitué des couches sociales de différentes communautés et confessions. On trouve des exemples d’auto-organisation de la population qui gère par quartiers les besoins essentiels tels que la nourriture, la santé, la communication et l’auto-défense, comme dans la ville de Douma, près de Damas.

Nous espérons la chute rapide du régime de Bachar el Assad et la continuité du processus révolutionnaire, sachant que plus le temps passe plus les risques d’une guerre confessionnelle augmentent.

La question d’une intervention militaire étrangère s’est parfois posée mais se heurte aux différentes positions internationales et à la peur d’une plus grande instabilité de la région ensuite. Les raisons pour lesquelles nous nous opposons à une intervention impérialiste sont différentes : la première c’est que l’intervention n’est pas demandée par la grande majorité du peuple syrien. Elle ne garantirait pas l’aboutissement du processus révolutionnaire, elle donnerait toutes les clés de l’après-régime aux impérialistes. Elle provoquerait de nouvelles destructions et morts parmi les civils et renforcerait le discours anti-impérialiste du régime utilisé pour légitimer sa dictature. Il s’agit par contre d’entendre les revendications des syriens qui face à la violence du régime manquent d’armes et plus que tout d’aide humanitaire.

Nous organisons cette soirée et sommes en contact avec le comité Action Syrie car nous trouvons important de faire entendre la voix des Syriens, souvent mal représentée dans les médias qui se contentent de parler de la résistance armée ou du Conseil National Syrien, qui ne représente pas encore toute la diversité de la résistance syrienne.

Par cette soirée, nous voulons insister sur l’importance de communiquer sur la situation mais aussi d’encourager le soutien et l’aide humanitaire au peuple syrien, tout en nous opposant clairement à une intervention impérialiste dans la région.”

Syrie : encore une victime parmi les journalistes


Olivier Voisin, un photographe français d’origine coréenne est mort ce dimanche des suites de ses blessures en Syrie. Voici sa dernière lettre, publiée sur le site huffington.fr. C’est long, mais surtout poignant.

Syrie, 20 février 2013

Enfin j’ai réussi par passer! Après m’être fait refusé le passage à la frontière par les autorités turques, il a fallu passer la frontière illégalement de nouveau. Un passage pas très loin mais à travers le no man’s land avec quelques mines à gauche et droite et le paiement de 3 soldats. Me voilà tout seul à passer par le lit d’une rivière avec à peu prêt deux kilomètres à faire tout en se cachant pour ne pas se faire remarquer par les miradores. Putain, j’ai eu la trouille de me faire pincer et de faire le mauvais pas. Et puis d’un coup le copain syrien qui m’attend et que je retrouve comme une libération. Le sac et surtout les appareils photos faisaient à la fin 10000kg sur les épaules.

La Voiture est là avec les mecs de la section de combat que je rejoins au nord de la ville de Hamah, deux heures de route nous attendent et on arrive tous feux éteints pour ne pas se faire voir. Les mecs m’accueillent formidablement bien ! et sont impressionnés par le passage tout seul de la frontière plus tôt.

Les premiers tirs d’artillerie se font entendre au loin. J’apprends que les forces loyalistes tiennent plus de 25 km au nord de Hamah et que la ligne de front est représentée plutôt par les démarcations entre alawites et sunnites. Alors les forces d’Assad bombardent à l’aveugle et ils restent très puissants. Par chance les avions n’attaquent plus tant le temps est pourri!

Les conditions de vie ici sont plus que précaires. C’est un peu dure. La bonne nouvelle, je pense que je vais perdre un peu de ventre mais au retour je vais avoir besoin de 10 douches pour redevenir un peu présentable!

Aujourd’hui je suis tombé sur des familles qui viennent de Hamah et qui ont perdues leur maison. Ils vivent sous terre ou dans des grottes. Ils ont tout perdu. Du coup ça relativise de suite les conditions de vie que j’ai au sein de cette compagnie.

Je fais les photos et je suis même pas sûr que l’afp les prennent.

Il fait très froid la nuit. Heureusement que je me suis acheté un collant de femme en Turquie du coup c’est pour moi un peu plus supportable.
L’artillerie tire toutes les 20 minutes à peu prêt et le sol tremble souvent.
Le problème j’ai la sensation qu’ils tirent à l’aveugle et ont quand même des canons assez puissants pour couvrir une vingtaine de kilomètres.
Il y a peu de combats directs. Les mecs ont besoin d’à peu prêt 20000 us $ pour tenir en munitions entre 2 à 4 heures de baston. Du coup ils se battent peu. Ils font rien du coup la journée. Je me demande comment ils peuvent gagner cette guerre. Ca confirme ce que je sentais. La guerre va durer très longtemps. Alors le chef du chef vient parfois en rajouter une couche, apporte un mouton pour manger, les mecs vont alors couper du bois dans la forêt aux alentours. Il apporte aussi des cartouches entières de cigarettes et le soir fait prier tout son monde ! Certains sont très jeunes. Ils ont perdu déjà une vingtaines de leurs camarades, d’autres sont blessés mais sont quand même présents et je pense surtout à Abou Ziad, qui a perdu un oeil et c’est lui qui confectionne les roquettes maison pour les balancer durant les combats. Il est brave et courageux. Toujours devant, toujours le premier à tout, pour aider, pour couper le bois, donner des cigarettes, se lever. Avec quelques mots d’arabes on essaie de se parler. Evidemment les discussions tournent souvent sur la religion mais eux ne se considèrent pas salafistes. Entre nous si c’était le cas je serais plus vivant. J’aime être avec lui. Quand les autres me demandent des trucs -évidemment avec le matériel apporté- c’est toujours lui qui les « disputent » et de me foutre la paix!

Par rapport à Alep j’ai la sensation sensible que c’est moins lourd que pendant l’été. Cet été c’était du très lourd même si les vieux collègues disent que c’est rien en comparaison de la Tchétchinie. Certainement parce que j’étais plus proche des combats et que la mêlée était journalière. Ici encore un fois ça coûte tellement cher pour eux qu’ils ne se battent que de temps en temps. On est loin aussi de la Libye où ils avaient des munitions en vois tu en voilà. Et là on beaucoup plus sur de combats de campagne, rien à voir avec du combats de ville.
Alep vient d’être déclarée la semaine dernière la ville la plus détruite depuis la seconde guerre mondiale depuis Stalingrad.

Le commandant me demande quand la France va leur fournir une aide militaire? J’en sais rien! J’ai honte car ça fait depuis deux ans qu’on ne sait pas. On me dit que personne les aide et de quoi l’occident a peur. J’ai pas envie de lui répondre. On a peur de l’extrémisme qui se nourrit sans cesse du manque d’éducation intellectuelle de ces personnes qui considèrent que le coran sera le seul livre à lire… quoi faire? et puis merde je ne suis pas un homme de pouvoir ou politique. Je ne suis que le petit Olivier, qui crève la dalle avec eux et qui les emmerde car les combats directs se font attendre. Le problème, c’est ce que demande l’afp. Moins j’en fais, moins je gagne aussi et ce que je gagne c’est déjà pas fabuleux et plus les jours passent c’est autant de photos qu’on me demande de faire que je ne fais pas.
Et puis c’est vrai suis accro à cette cam’ de merde. Aucune autre drogue sera aussi puissante que l’adrénaline qui d’un coup fait jaillir en nous des sensations incroyables, notamment celle de vouloir vivre.

Ce soir ça fera 3 jours que suis arrivé. Et comme à chaque fois j’oublie comme un idiot d’emporter un livre avec moi du coup, j’ai pas grand chose à faire le soir. Développer les photos prenant à peu prêt 2 h en moyenne et comme il n’y pas internet et que la conversion reste limitée je me retrouve comme un couillon.

La plupart des gars sont gentils avec moi et essaient de rendre mon séjour parmi eux le plus agréable possible. Ils posent 1000 questions sur Paris et la France et ne comprennent toujours pas comment je peux être français. Je dis alors que mon Père est français et ma Mère coréenne. Cela dit c’est pas la première fois que ça m’arrive! Dans tous les pays du sud on me prend pour un « chinois » même si dire que l’on est coréen est toujours mieux perçu! Comme à chaque fois imaginent ils comment vivons nous chez nous? et ce même avant la guerre? J’ai toujours du mal quand on me demande des photos de moi à Paris car le décalage est tellement fort. C’est comme ce que disait un vieil ami sur l’un de ses voyages dans les pays de l’est dès le début de l’après mur, les gens en Lituanie avaient du mal à comprendre que l’on puisse avoir des pauvres chez nous qui meurent de froid l’hivers.
Ne pas montrer ces photos (faudrait il aussi en avoir dans le laptop !) me permet de vivre le moment présent et non celui d’avant ou celui d’après.
Ce qui manque c’est un peu d’alcool! Si Dieu est sympa, ce serait bien que la prochaine guerre soit ailleurs qu’un pays arabe ou musulman! 🙂 que l’on puisse parler aux femmes aussi. Les mecs me demandent si j’ai pas des photos pornos aussi. Ca c’est rigolo… et triste en même temps car ce sera certainement pas après la guerre qu’ils en auront plus, avec ces crétins de moralistes religieux.

La violence est forte. La haine est très forte. Comment peut on entretenir une telle haine ? une telle envie d’aller tuer? J’ai vu des vidéos des habitants de Homs tabassés par les soldats loyalistes, j’ai jamais vu une telle violence et du sang de partout avec des hommes qui pleurent comme des enfants… et les coups qui continuent de tomber que ce soit les pieds, les mains, ou que ce soient les coups de canne qui fait jaillir le sang. Pourtant j’en ai déjà vu pas mal de ce monde de merde. Ces vidéos par leur violence si elles sont confirmées un jour par des témoignages, vu que l’on voit les visages des soldats, c’est le tribunal international. Nous occidentaux croyons ou bien sommes nous éduqués dans cette idée du droit, qu’il est possible de juger des hommes par des hommes. Mais comment le faire avec des gens qui ne croient qu’en la justice divine. L’après sera sanglant aussi, si toutefois cet après arrive. La question de la réconciliation est importante aussi pour nous par notre culture chrétienne. Je me répète mais en Pologne ou en Tchécoslovaquie après la chute du mur, j’y découvre très jeune cette idée de réconciliation dans des pays chrétiens qui souffraient également de persécutions dans des pays communistes. Mais la comparaison s’arrète là. « Cette confiance du coeur » dont nous parlait le Frère Roger de Taizé qui aura tant marqué mes amis et moi, encore aujourd’hui.

Plus que jamais c’est bien la prière des paras qui me vient à l’esprit à chaque moment de doute : »Mon Dieu, donne moi ce que les autres ne veulent pas, donne moi la bagarre et la tourmente, je Te le demande ce soir car demain je n’en aurais plus le courage ».

Olivier

ps : désolé pour fautes d’orthographes et de grammaire mais pas le temps de relire !

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L’histoire d’un journal qui déplaisait au roi du Maroc


Le Journal hebdomadaire, vous connaissez? Mais oui, cette publication marocaine qui eut ses heures de gloire, entre sa naissance en 1997 et son décès en 2010… Un journal pas comme les autres, au Maroc. Indépendant et compétent. Gênant, donc. Qui devait mourir, et qui est mort.

Une conférence originale s’est tenue à Bruxelles, à l’Espace Magh, le samedi 16 février dernier. De nombreux acteurs de cette expérience originale se sont en effet retrouvés pour l’évoquer, à l’initiative de Radouane Baroudi (1).

Pourquoi donc des hommes et des femmes ont-ils un jour lancé un organe que Hassan Bousetta, admiratif, a appelé « une voix critique dans un contexte d’unanimisme imposé, un travail de transgression de l’ordre politique balisé par des lignes rouges »? Les anciens du Journal en conviennent: c’est Hassan II qui, dans un souci d’ouverture, a permis en fin de règne que l’expérience prenne son envol. Quitte à le regretter? En tout cas, a avancé Aboubakr Jamaï, directeur du Journal, «c’était une des premières fois qu’une entreprise privée marocaine appuyait un projet éditorial respectant la déontologie d’une presse libre tout en ayant le souci de faire du bénéfice. C’est original car, au Maroc, c’est l’un ou l’autre… ».
De quoi une presse libre devrait-elle donc parler? « Nous avons assumé notre « naïveté », a .expliqué Jamaï. Nous considérions que si la Constitution dit que le pouvoir c’est le roi, notre contrat était de parler de celui ou de ceux qui ont un impact sur la vie des gens, de là où le pouvoir se trouve. On nous a accusés de « vendre » en mettant le roi en scène (il est vrai qu’un quart des couvertures lui était consacrée), mais pourquoi les Marocains achètent-ils un journal qui fait de l’investigation à propos du roi? Les gens s’intéressent à la politique quand on les prend pour des adultes. »

« On a cru que c’était le dernier numéro! »

Ali Lmrabet, rédacteur en chef peu après la période initiale, en 98-99, raconte: « On a essayé de faire “autre chose”, sous Hassan II. En se demandant comment asticoter le régime. On a écrit des dossiers. Sur Ben Barka (assassiné à Paris en 1965), sur Abraham Serfaty (juif marocain d’extrême gauche longtemps exilé). A l’époque, ces choses-là étaient en principe impossibles! On essayait des sujets que les autres n’osaient pas traiter. Comme les droits de l’homme. Lorsque nous avons publié l’interview que j’avais faite à Paris de Malika Oufkir (fille aînée du général qui avait tenté un coup d’Etat contre Hassan II en 1972, le roi se vengeant ensuite sur toute sa famille), on a cru que c’était le dernier numéro! »
Fadel Iraki, assureur de son état et, surtout, principal actionnaire du Journal hebdomadaire, confirme l’anecdote. « Je ne me suis jamais mêlé du contenu éditorial, c’était même une condition que j’avais posée pour mettre de l’argent dans cette expérience. La seule fois que Aboubakr Jamaï m’a appelé, c’était pour la une sur Malika Oufkir. Il m’a dit qu’on risquait de se faire interdire une fois pour toutes. J’ai lui ai dit, vas-y si c’est ce que tu veux. »
Ces péripéties funestes qui datent de Hassan II auraient pu – dû – s’arrêter avec Mohammed VI, qui a succédé à son père en juillet 1999. Mais c’est tout le contraire qui s’est produit! « Nos vrais ennuis ont commencé avec « M6 » en 2000, a souligné Aboubakr Jamaï. Avec notre interview de Mohamed Abdelaziz, chef du Polisario (les indépendantistes du Sahara occidental, pestiférés au Maroc), et un dossier sur la connivence entre une partie de la classe politique et les putschistes des années 70. On a été interdit deux fois, puis on a subi une répression judiciaire basée sur des dossiers fabriqués de diffamation. Mon exil est dû à un Français de Bruxelles qui nous a fait un procès. Je suis parti quand un huissier est venu frapper à ma porte, je devais 250.000 euros… Et je ne parle pas du boycott économique (la pub…) pratiqué par les entreprises publiques mais aussi par la plupart des privées qui craignaient pour leurs contrats. Finalement, notre modèle économique a vécu car le roi l’a souhaité »…

« On m’a dit: ”Aboubakr doit partir” »

Mais le combat a été plutôt long car le Journal a fait de la résistance. Ali Lmrabet quittait certes l’hebdo en 1999 car il estimait, contrairement à Jamaï, que le « makhzen » (le système de pouvoir pyramidal à partir du roi) ne se réformerait pas avec le nouveau roi. L’histoire lui donna raison. « On m’a dit: ”Aboubakr doit partir”, a raconté Fadel Irak; c’était mon seul pouvoir, celui de décider qui était directeur; j’ai refusé. Il y a ensuite eu la censure à propos du Sahraoui Abdelaziz: on a publié des pages blanches et atteint un record de 70.000 exemplaires vendus au lieu de 25.000, on a dû refuser de la pub! Mais cela a vite changé: l’interdiction de décembre 2000 dura cinq à six semaines en raison du papier sur la gauche des années 70 en phase avec les putschistes. En fait, personne ne voulait qu’il soit su que la gauche et les militaires avaient pactisé contre Hassan II ! Il a fallu une brève grève de la faim d’Aboubakr à Paris pour qu’on puisse reparaître mais la pub s’est réduite comme peau de chagrin et on a commencé des procès en cascade. Jusqu’au moment où cela ne fut plus possible, et que survienne une décision de justice de liquidation. »
Omar Brouksy, qui participa à l’aventure entre 2001 et 2010, n’a pas donné une explication très différente, au contraire. «  Aboubakr misait sur le lectorat: on allait parler du vrai pouvoir; ce qui était ressenti comme une menace par le régime car on était vraiment indépendant, ce qui suffisait pour déranger. Notre second point fort: nous n’étions pas un tract antirégime; on partait de l’info, on donnait la parole à toutes les sensibilités, surtout les minorités. Car le Maroc n’est pas une démocratie, l’accès aux infos fiables n’est guère aisé, c’était notre force avec aussi des infos recoupées, démontrées. »
Et d’ailleurs, conclura-t-il, rien n’a vraiment changé. « Actuellement, les thématiques restent les mêmes, malgré la nouvelle constitution, malgré le printemps arabe: l’autoritarisme, la prééminence de la monarchie, la non-indépendance de la justice, les détentions politiques (plus de cent militants du 20 février sont encore en prison), les atteintes à la liberté d’expression, les pressions économiques qui continuent, tout est toujours là. »

« On en a pris plein la gueule »

Que deviennent les journalistes courageux? (2) Ils ont le loisir de méditer: après un séjour en prison, Lmrabet a été condamné en 2005 à une peine inconnue au code pénal, une interdiction d’exercer le métier de journaliste pour dix ans; Aboubakr Jamaï doit toujours payer des centaines de milliers d’euros d’amendes et vit en Espagne; Omar Brouksy, reconverti à l’Agence France Presse, s’est vu retirer son accréditation il y a quelques mois pour avoir écrit dans un reportage que les candidats du PAM (Parti authenticité et modernité) étaient « proches du palais royal », ce qui est pourtant une banalité bien connue au Maroc; quant à l’assureur Fadel Iraki, il a subi un redressement fiscal énorme pour prix de son engagement dans le Journal hebdomadaire.
Il fallait que ces choses soient dites. Comme l’a précisé mi-figue mi-raisin Aboubakr Jamaï, « on a été utilisé comme punching-ball, pour faire un exemple, et on en a pris plein la gueule. La presse marocaine fonctionne avec le bâton et la carotte, on a subi le bâton, d’autres profitent de très grosses carottes, il y a beaucoup de directeurs de publication qui en profitent bien ». Il n’est pas étonnant, dès lors, que le même homme lâche ce jugement amer: « Maintenant, on peut dire que l’état de la presse marocaine est pire que dans les années 90 ». BAUDOUIN LOOS

(1) Il est symptomatique que la rencontre ait eu lieu en Belgique et non au Maroc, mais il est vrai qu’elle n’a pu se tenir qu’en raison de la volonté et de la ténacité du réalisateur Radouane Baroudi, fils de l’exilé politique Mohamed el-Baroudi, qui avait quitté son pays en 1963 et est mort en Belgique en 2007 sans avoir jamais revu son pays. Les efforts de Radouane Baroudi ont été récompensés: le public, plus d’une centaine de personnes, a répondu présent, ainsi que la plupart de ses invités, passionnants. Mais parmi les plus de cent vingt élus belges d’origine marocaine de tous niveaux politiques, seuls trois ont assisté aux travaux: les sénateurs PS Hassan Bousetta (qui a même présidé une partie de la conférence) et Ahmed Laaouej, président de l’Espace Magh, ainsi que le député Ecolo Fouad Lahssaini.
(2) Ali Lmrabet dirige un journal en ligne: www.demainonline.com et Aboubakr Jamaï participe à l’expérience journalistique de fr.lakome.com/

La rencontre du 16 février 2013

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L’Europe face à une vague de pauvreté généralisée


A Berlin, Alexander Platz, le 20 décembre 2012. Tous les pays européens, sauf quelques du Nord, sont affectés par une vague de pauvreté, qui submerge essentiellement les classes moyennes

A Berlin, Alexander Platz, le 20 décembre 2012. Tous les pays européens, sauf quelques du Nord, sont affectés par une vague de pauvreté, qui submerge essentiellement les classes moyennes

REUTERS/Thomas Peter

Un Européen sur quatre est menacé de pauvreté ou d’exclusion sociale. Ce taux est en augmentation depuis l’année dernière. La crise, l’austérité mais aussi la flexibilisation du marché du travail figurent parmi les cause principales de l’aggravation de la situation.

La pauvreté augmente en Europe. Près du quart de la population de l’Union européenne était menacée d’exclusion sociale en 2011. Ce sont les derniers chiffres de l’agence européenne de statistiques, Eurostat, datés de ce mois de décembre. Le taux de pauvreté a augmenté d’un point par rapport à 2010 et 120 millions d’Européens sont menacés aujourd’hui.

Disparité entre les Etats

L’indigence ne touche pas tous les Etats européens de la même manière. Les plus fortes proportions de population menacée se trouvent en Bulgarie avec 49%, puis en Roumanie et Lettonie avec 40%. La Grèce, violemment frappée par la crise arrive ensuite avec 31%. Les plus préservés sont la République tchèque, la Suède et les Pays-Bas. La France reste au milieu du classement avec 19,3% de sa population qui risque l’exclusion. Un chiffre stable par rapport à l’année précédente.

« Pour 8 à 9% de la population, il y a un risque de privation matérielle sévère. Et 10% restent exclus du travail. C’est à dire qu’ils travaillent moins de 20% de leur temps. C’est une situation nouvelle, due à la crise et qui frappe dûrement les populations européennes. La crise crée des situations de pauvreté et notamment de chômage. Pratiquement 25 millions de chômeurs sont dans l’Union européenne. Et dans des pays très frappés par la crise comme la Grèce ou l’Espagne, le chômage atteint parfois les 40% et frappe tout spécialement les jeunes », explique Jean Dominique Giuliani, président de la fondation Robert-Schuman.

Quand austérité ryme avec pauvreté

Et pour ces pays du sud de l’Europe, la situation devient extrêmement difficile. Beaucoup de familles ont du mal à joindre les deux bouts et les populations se plaignent de l’austérité tant prônée par l’Europe et la troïka (FMI, Commission et Banque centrale européennes)

Fortement touché par la crise de la dette, le Portugal, par exemple, a enchaîné les plans d’austérité : réduction des salaires de la fonction publique, des retraites, augmentation des impôts directs et indirects. Et dans le même temps, le gouvernement a réduit ses dépenses sociales avec la diminution des indemnités de chômage, ou du revenu minimum qui tourne aujourd’hui autour des 600 euros.

« La classe moyenne est très touchée et ces réductions de revenus frappent plus particulièrement les populations les plus vulnérables comme les familles monoparentales et les retraités. Mais il y a aussi une augmentation de la pauvreté auprès des travailleurs. On le voit beaucoup à travers les réseaux de solidarité comme les églises qui nous disent qu’il y a un nombre croissant de personnes et de familles qui cherchent des aides alimentaires ou scolaires… », témoigne Paula Bernardo, secrétaire générale adjointe du syndicat Union général pour les travailleurs.

Grâce à sa politique d’austérité, le déficit portugais s’est réduit et atteint aujourd’hui 5,6% du produit intérieur brut (PIB) contre 6,7% l’année dernière. Mais l’objectif fixé par les bailleurs de fonds était de 5% en 2012, puis 4% l’année suivante. L’effort des Portugais semble encore loin d’être terminé.

Les limites de la flexibilité

L’austérité n’est pas le seul facteur de pauvreté. En témoigne la hausse radicale de la paupérisation en Allemagne. Ce pays souffre moins de la crise que l’Espagne, la Grèce ou le Portugal. Son taux de chômage reste nettement inférieur à celui de la France. Et pourtant, le taux de pauvreté allemand est supérieur. En ascension depuis 2005, il culmine aujourd’hui à près de 20%.

Les lois Hartz, mises en place en 2005 pour lutter contre le chômage, ont fortement flexibilisé le marché du travail. Mais elles ont aussi paupérisé les chômeurs et les travailleurs fragiles. « Il n’y a pas de Smic en Allemagne. Le pays a fait de gros efforts de modération salariale. Entre le mileu des années 90 à 2005, la croissance des salaires allemands a été inférieure d’1% par rapport à celle de la France et s’est en plus accompagnée d’une augmentation des inégalités salariales. Depuis 2005, la situation s’est dégradée avec la baisse des indemnités chômage. Donc, même si le chômage a beaucoup baissé en Allemagne, le taux de pauvreté des chômeurs, lui, a beaucoup augmenté », analyse Guillaume Allègre, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques.

67% des chômeurs allemands sont pauvres contre 37% en France. Aujourd’hui, l’Allemagne perçoit les limites de son modèle récent, fondé sur le développement d’une économie à bas salaires et aux emplois à faible coût, appelés là-bas mini-jobs. Plus de 7 millions d’Allemands disposent d’un mini-job, payé 400 euros par mois. Certains en cumulent plusieurs, d’autres les utilisent pour arrondir leurs fins de mois en complément d’un autre emploi principal. Mais jeunes, femmes et retraités restent les principaux bénéficiaires de ces contrats. « Le problème c’est aussi que la population allemande est vieillissante et qu’elle aura de plus en plus besoin d’aides sociales. Si le pays continue sur cette voie, bientôt on ne parlera plus du succès du modèle allemand mais de son échec », ajoute Guillaume Allègre.

Les questions sociales devraient donc rester au coeur des préoccupations de l’Union européenne. Pourtant, les Etats membres divergent toujours sur le maintien de l’enveloppe consacrée à l’aide alimentaire européenne dans le budget 2014-2020.

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