Monsieur le Ministre, il faut rompre le silence !


Lettre adressée au Ministère de l’Intérieur :Monsieur le Ministre, il faut rompre le silence !

A Argenteuil 3 agressions ont eu lieu contre des femmes musulmanes voilées. Lors de la dernière agression la jeune femme enceinte de quatre mois a été traînée sur cinquante mètres. Elle a perdu son bébé.

Ces faits sont terribles, terribles. Et ils se doublent de circonstances aggravantes : une suspicion de mauvais comportement de la Police, le silence avéré dans les médias, et à ce jour votre absence de réaction.

Monsieur le Ministre, lorsque en octobre 2012 des coups de feu ont été tirés contre la synagogue, vous vous êtes déplacé, vous avez fait des déclarations. Ce geste vous honorait : il portait l’idéal que nous voulons pour notre République, engagée pour la fraternité, solidaire contre la sauvagerie raciste.

Si aujourd’hui vous ne vous prononciez pas face à ce nouveau drame, ce qui ne manquerait pas d’être considéré comme une politique du « deux poids, deux mesures », qu’en serait-il de notre idéal républicain, de cet idéal dont vous vous réclamez ?

Monsieur le Ministre, nous vous interpellons avec d’autant plus d’insistance que nous sommes nous même juifs. C’es parce que nous sommes juifs que lorsque nous assistons à la montée dramatique et souvent orchestrée d’un climat raciste et d’actes racistes visant les musulmans de France que nous sommes confrontés à notre propre histoire. Nous pensons à une époque bien récente lorsque s’affichait complaisamment en France un antisémitisme qui allait devenir meurtrier.

Monsieur le Ministre, surtout, nous vous interpellons face à votre absence de réaction qui peut s’interpréter comme un choix déséquilibré. Ce serait désastreux pour notre République qui n’aurait plus le souci d’être juste, d’être respectueuse de notre belle diversité nationale. Ces valeurs si essentielles, celles qui ont si fortement attiré les parents de certains d’entre nous et qui les ont amenés à affronter les dures épreuves de l’émigration pour devenir français.

Monsieur le Ministre, il n’y aurait pire acte que le silence pour nourrir la défiance et la division dans notre pays. Quelle menace ce serait pour notre avenir, pour notre pays ! Les auteurs des actes ignobles contre les jeunes femmes musulmanes sont peut être les mêmes que ceux qui ont tiré contre la synagogue. Ces actes appellent une réaction aussi solidaire qu’égale. Ils appellent aussi de votre part une condamnation publique et sans équivoque.

Serge Grossvak Maurice Levy Evelyne Reberg Jean Brafman
Jacques Lewkowicz Monica Bernatets Jacques Schweizer Yves Lubranieki Edith Levy Michel Bilis Daniel Ullmann Michel Schlenker Jean-François Marx Martine Spensky Shaul ginzburg

Rozana, histoire d’une radio syrienne libre à Paris


 

Le Monde.fr | 27.06.2013 à 14h43 • Mis à jour le 27.06.2013 à 14h55 | Par Daniel Psenny

Installée dans un appartement parisien, Radio Rozana, qui commence à émettre ce jeudi 27 juin, est « le premier média libre et indépendant » destiné à faireentendre la voix des Syriens de l’intérieur. « L’idée de créer une radio était dans l’air depuis un moment et devant l’aggravation du conflit, nous avons décidé de franchir le pas pour aider ceux qui souffrent au quotidien de la guerre et contribuer à l’avènement d’une société libre et démocratique en Syrie« , explique Lina Chaouaf, rédactrice en chef de la radio.

Radio Rozana (« la fenêtre qui laisse entrer la lumière ») émettra deux heures par jour en arabe (de 16 heures à 18 heures, heure française) et sera accessible en ligne sur le site www.rozana.fm. La radio espère bientôt diffuser via le satellite Arabsat, ce qui permettra de couvrir tous les pays arabes. « Nous ne travaillons pour aucun parti ni aucune faction de l’opposition syrienne », insiste Mme Chaouaf.« Notre politique éditoriale s’appuie sur des valeurs d’indépendance et de liberté tout en apportant à la population syrienne un soutien humanitaire, poursuit-elle. Après quarante ans de dictature, notre principale difficulté est de se débarrasser de l’autocensure… »

La rédaction est composée de cinq journalistes syriens en exil qui, chaque jour, vont mettre en forme les reportages réalisés par une trentaine de correspondants répartis à travers la Syrie. « Durant ces deux heures, nous diffuserons des reportages, des débats, des analyses et des informations utiles pour les Syriens restés au pays mais aussi pour tous ceux, à l’extérieur, qui souhaitent être informés de ce qui se passe réellement sur place », précise Mme Chaouaf.

DES JOURNALISTES FORMÉS EN TURQUIE PAR UN ORGANISME FRANÇAIS

Tous ces journalistes syriens travaillant pour la radio ont été formés, ces derniers mois, lors de deux stages organisés en Turquie par Canal Franceinternational (CFI), l’organisme français de coopération audiovisuelle dépendant directement du Quai d’Orsay. « Nous n’avons rien demandé en contrepartie et nous n’interférons évidemment pas dans le travail des journalistes », assure Etienne Fiatte, directeur général de CFI.

Soutenue par le Danemark, le ministère français des affaires étrangères et plusieurs ONG (dont Reporters sans Frontières), Radio Rozana bénéficie d’un petit budget versé par plusieurs organismes européens et différents médias. « Cela devrait nous permettre de tenir au moins un an », avance Mme Chaouaf en rappelant qu’au cours de ces vingt-huit derniers mois, la guerre civile en Syrie a déjà fait près de 100 000 victimes, dont plus de 80 journalistes.

Daniel Psenny