Tunisie : Le blog Boukornine


Il faut avoir vécu ce soir au Bardo pour comprendre que le peuple ne lâchera jamais prise.Il faut avoir senti le sol trembler. Il faut avoir vu les gens pleurer en entonnant l’hymne national. Il faut avoir vu la place bondée comme jamais pour mesurer la révolte qui anime le peuple contre ceux qui ont confisqué sa révolution.

Des cheikhs de la Zitouna ont récité des versets coraniques. Les manifestants ont fait la prière dans la rue.
Pourtant, Noureddine Khadmi, le terroriste qui appelle expédie nos jeunes s’embourber dans l’enfer syrien, a sorti un communiqué ce matin, déformant un slogan et accusant la foule de « mécréants » et « ennemis de l’islam » pour semer la discorde et entraîner les gens à s’entretuer.
Tu en as vu beaucoup des « ennemis de l’islam » qui font la prière, espèce de terroriste ?

Ce sont les derniers soubresauts d’un islamisme en faillite. À bout d’arguments, ils jouent la carte de la victimisation et de faux-débats identitaires, ils prétendent que ces foules qui grondent et exigent leur départ sont « manipulées », font partie d’un « complot israélien » ou encore, sont des « mécréants qui veulent détruire l’islam ».

Vous n’avez plus aucune crédibilité. Plus aucune capacité de mobiliser des gens. Le peuple vous vomit.

Ce soir, ils ont envoyé des dizaines de milliers de SMS, chargé leurs imams vendus d’inciter les fidèles à se rendre au Bardo, payé des gens pour qu’ils viennent les soutenir et pourtant rien n’y fit.

Ils étaient malgré tout, moins nombreux que nous.
Bientôt, ils seront à court de Chocotom et plus personne n’en voudra.

Ce parti fasciste aura quand-même réussi l’exploit de rassembler les frères ennemis de l’UGTT et de l’UTICA ou encore de réconcilier, du moins momentanément, Jabha et Nidaa.

Encore un nouveau discours de Laârayedh et de Marzouki, le même autisme, le même déni, même si la voix est plus tremblotante et que la fin semble plus proche que jamais.

Les revendications sont claires: la dissolution de l’ANC, la chute du gouvernement, la formation d’un gouvernement de salut national pour sauver ce qui peut encore l’être et la finalisation de la constitution par une commission d’experts ainsi que la réalisation au plus tôt, d’élections.

Même si la l’alternative de l’UGTT concernant la continuante est aussi à étudier, celle de ne pas dissoudre l’ANC mais de la déchoir de quasiment toutes ses prérogatives sauf celle de voter pour la version finale de la constitution.

« Station d’attente », de Amir HASSAN


Une bonne nouvelle au milieu du désastre que constitue le resserrement du blocus de Gaza : notre ami Amir HASSAN, diplômé de l’université d’Al-Aqsa à Gaza, vient de se voir attribuer une « Mention spéciale du jury » du Consulat Général de France à Jérusalem, au Concours d’écriture Planète-femmes 2013, pour ce magnifique et terrible poème :

« Station d’attente »,

de Amir HASSAN

Assise, depuis plus de trente ans, depuis que le chant de la guerre a fait le tour du village, depuis que les hommes sont partis à la recherche de la paix perdue, depuis ce mensonge antique, depuis que la rose n’est plus la rose, depuis que l’hiver égorge la beauté des saisons, depuis que les retrouvailles ne sont plus possibles et depuis que la mort a tenu ses promesses.

Assise comme un vieux papier qui résiste face à la poussière, la mémoire est faible, cependant l’oubli n’y a pas trouvé sa place.

Le corps est fragile mais le cœur bat encore, indifférent, juste pour l’harmonie et la symphonie du geste.

Je n’ai pas vu les années passer, elles étaient toutes complices. Je n’ai pas senti les cheveux blancs pousser dans le champ sur ma tête. Des cheveux comme une couronne de sagesse dans ce vieux royaume qui n’a plus envie de repeindre le ciel avec trois couleurs, n’a plus envie de confisquer les nuages, la pluie et n’a plus envie de faire du temps des leçons d’histoire pour une génération naïve. Une génération qui croit à tout quand ce vieux royaume prend du recul.

Ô fils de ma patrie, je ne vous regarde plus depuis que j’ai appris que le dernier regard n’adoucit pas l’adieu, ne fait pas revenir les martyrs, ne rassure pas les futures victimes de la machine aveugle de la guerre .

Ô soldats de mon pays, qu’elle est noire ma nation sans vous, qu’il est hypocrite ce Noël sans vous, qu’elle est cruelle la vie sans vous et qu’elle est profonde la poésie après vous.

Voyez en moi l’invisible, comprenez en moi l’incompréhensible, regardez bien comment la guerre transforme les dames en stations d’attente.

Regardez bien comment la guerre a fait de la terre un énorme cimetière gris, où les morts ont du mal à mourir correctement, dignement. Un cimetière où les orphelins semblent être des courriers sans adresse et où les graines germent sur les cadavres des innocents.

Ô soldats, je n’ai plus le privilège de parler comme avant, le silence a fait de moi son fief, et le temps m’a fait oublier les mots, à part vos prénoms car ce ne sont pas des mots, mais des rimes.

J’aurais aimé vous dire combien de jeunes rêveurs sont passés par là, devant mes yeux, à cette époque où mes yeux avaient encore le droit de bouger de droite à gauche. A cette époque, où ils avaient encore le droit de croire au retour des arbres combattants, j’aurais peut-être crié pour briser cette atmosphère maudite qui vous dicte des mensonges horribles, qui vous dit que la guerre fait des héros.

On n’a pas besoin d’un héros immobile jeté par terre avec deux balles qui lui décorent sa dernière apparence.

Regardez la neige triste autour de moi, elle a mes larmes, mes pleurs. Sans parler que ce soleil ancien n’ose même pas apparaître face à la grandeur de cette montagne de douleur et de chagrin. Pourtant, avant, je ne savais pas que le chagrin pouvait être un pays, je ne savais pas que les femmes pouvaient être des demeures de deuil à jamais.

Le rythme des canons n’est pas plus fort que le rythme du silence que nous portons au creux de nos cœurs. Nous, femmes de la planète masculine guerrière ; nous, les derniers refuges pour les instants qui assassinent ; nous, les figures qui feront de beaux tableaux à la mairie ; nous, les soldats inconnus sur la place de la république ; nous, les oubliées sur un banc dans les jardins publics ; nous, les enterrées vivantes dans ce monde sophistiqué ; nous, la longue queue aux portes des cliniques et des boulangeries ; nous, les statues nues que les regards des passagers violent sans merci ; nous, le message de paix qui parle sans voix, les cris sans bruit, les caresses et les câlins parfumés d’amour, les prières tardives qui font veiller Marie, les chants rebelles qui luttent contre l’injustice, et le regard profond qui dit tout ou qui ne dit rien du tout…

Ô soldats, je ne suis pas toute nue et je ne suis pas Jésus, mais un seul regard vous aurait peut-être sauvé la vie. »

Amir Hassan

E-mail : ameer_h_2004@hotmail.com

En post-scriptum, Amir nous dit :

« A Gaza la situation est vraiment catastrophique. Il y a une vraie crise alimentaire, de carburant, de transport et d’électricité.

Le passage de Rafah est fermé, personne ne peut voyager. 50 personnes seulement ( Malades, Etrangers) par jour. Des milliers de Gazaouis sont bloqués.

On ne reçoit que les menaces d’Israel.

On attend le pire.

Mais on garde l’espoir, car c’est gratuit de le garder.

Pensée de Gaza, Gaza la chaleur humaine. »

CAPJPO-EuroPalestine

Pape François: les Syriens ont besoin de votre soutien


Pape François: les Syriens ont besoin de votre soutien
  • A Pape François
    1. Paolo Dall'Oglio
    2. Lanciata daPaolo Dall’Oglio

      Sulaymaniyah, Italy


Mon nom est Paolo Dall’Oglio, je suis jésuite et pendant plus de trente ans, j’ai promu en Syrie l’harmonie islamo-chrétienne.

J’ai pris position en faveur des Syriens démocrates écrasés par une répression inhumaine et aveugle que j’espérais ne pas voir au vingt et unième siècle. J’ai été expulsé en juin 2012, et depuis j’ai travaillé à plein temps pour la défense des droits des Syriens et la légitimité de leur révolution.

Aujourd’hui, nous le savons, la Syrie sert d’arène pour une lutte à mort géopolitique régionale. Dans tout cela, les Églises n’ont pas su réagir à temps, et les chrétiens sont maintenant pris au piège dans la zone de guerre et ont simplement tendance à quitter le pays.

Malheureusement, le régime syrien a été très habile à utiliser un certain nombre de membres du clergé, hommes et femmes, pour diffuser sa propagande et se présenter en Occident comme l’unique et dernier rempart dans la défense des chrétiens persécutés par le terrorisme islamique.

Cette opération de manipulation de l’opinion a réussi en grande partie à discréditer l’effort révolutionnaire syrien, sur le terrain et à l’étranger, aux yeux des citoyens du monde entier, et a ainsi pu obtenir une paralysie de la diplomatie et de la politique européennes qui en fin de compte ne fait que renforcer les groupes extrémistes et affaiblir la société civile.

La forte implication instrumentalisée des Eglises dans la manipulation mensongère systématique du régime ne peut qu’exiger une réaction consciente et responsable de la part de l’Église catholique et, par conséquent, du Pape de Rome.

La pétition que je présente à votre attention montrera le visage le plus cohérent et mature de la société française et internationale, et permettra au Pape François de vaincre la résistance de son contexte à tendance islamophobe – bien souvent de manière typiquement subtile et indirecte –, et de lancer sa propre initiative diplomatique, demandant l’intervention de nouveaux acteurs tels que l’Amérique latine.

Cette pétition qui est mienne et désormais vôtre, présente au Pape la nécessité de contrer l’actuelle utilisation systématique par le régime d’acteurs parmi les ecclésiastiques les plus importants au Proche-Orient, afin de regarder au-delà, de répondre aux attentes de tous les Syriens qui souffrent pour la liberté, et de préparer un avenir positif pour les chrétiens qui choisiront de rester au pays ou d’y retourner.

Voici ma lettre au Pape François:

Cher et très estimé Pape François, vous sachant amoureux de la paix dans la justice, nous vous demandons de promouvoir personnellement une initiative diplomatique urgente et inclusive pour la Syrie, qui garantirait la fin du régime tortionnaire et meurtrier, sauvegarderait l’unité dans la diversité du pays, et permettrait par les moyens de l’autodétermination démocratique avec l’assistance de la communauté internationale, la sortie de la guerre entre extrémismes armés.

Demandons avec confiance au Pape François de s’informer personnellement sur la manipulation systématique de l’opinion catholique dans le monde par les complices du régime syrien, en particulier par certains membres du clergé, avec l’intention de nier l’essence même de la révolution démocratique et de justifier, avec l’excuse du terrorisme, la répression qui prend de plus en plus le caractère de génocide.

A:
Cher et très estimé Pape François, vous sachant amoureux de la paix dans la justice, nous vous demandons de promouvoir personnellement une initiative diplomatique urgente et inclusive pour la Syrie, qui garantirait la fin du régime tortionnaire et meurtrier, sauvegarderait l’unité dans la diversité du pays, et permettrait par les moyens de l’autodétermination démocratique avec l’assistance de la communauté internationale, la sortie de la guerre entre extrémismes armés.Demandons avec confiance au Pape François de s’informer personnellement sur la manipulation systématique de l’opinion catholique dans le monde par les complices du régime syrien, en particulier par certains membres du clergé, avec l’intention de nier l’essence même de la révolution démocratique et de justifier, avec l’excuse du terrorisme, la répression qui prend de plus en plus le caractère de génocide.

Cordiali saluti,
[Il tuo nome]