Archives du 4 avril 2014
Moncef Marzouki : «On aurait souhaité plus d’appui de l’Europe!»
Le président de la république tunisienne tire le bilan de l’expérience post-dictature pour Le Soir. Il regrette qu’on n’ait pas pris la question de la corruption à bras-le-corps en Tunisie, demande plus aux Européens et… répond “oui et non!” à la question de savoir s’il veut rempiler.
Moncef Marzouki, l’un des plus célèbres opposants au régime de Ben Ali, dort au palais de Carthage depuis le 13 décembre 2011, onze mois exactement après la fuite du dictateur. De passage à Bruxelles pour le sommet UE-Afrique, il s’est confié au Soir.
Pouvez-vous tirer un bilan provisoire de votre présidence?
Je préfère parler de la Tunisie en général. Qui a eu trois crises à affronter en même temps: politique, sécuritaire et économique. On peut dire que nous avons surmonté le volet politique, avec l’adoption d’une constitution et la tenue d’élections avant la fin de cette année. Pour la sécurité, nous sommes tombés au mauvais moment, entre la révolte libyenne, égyptienne, syrienne, etc. Nous avons dû faire face à des actes terroristes, mais nous avons éradiqué le phénomène et la Tunisie est sûre maintenant. Quant à l’économie, elle a pris un sérieux coup avec la révolution qui a affecté les revenus du tourisme, mobilisé les revendications salariales, suscité des grèves et fait refluer les investissements étrangers. Avec ces trois crises concomitantes, le pays a pu parfois donner l’impression de chavirer, de sombrer dans le chaos.
L’expérience politique unique de la «troïka» (la coalition gouvernementale entre décembre 2011 et janvier 2014 emmenée par les islamistes d’Ennahda avec deux partis laïcs, dont le CPR fondé par Moncef Marzouki, NDLR) a constitué une approche pragmatique qui a consisté pour nous, paradoxe apparent, à travailler à une construction démocratique avec Ennahda pour dépasser la bipolarisation islamistes-laïques. Elle a permis la rédaction et l’adoption non sans difficultés d’une constitution consensuelle votée en janvier par 200 députés sur 217. Tout cela me porte à l’optimisme. Notre pays a souvent été près du gouffre mais il a tenu bon. Notamment grâce à notre très forte société civile et au fait que nous sommes un peuple homogène.
Avez-vous de regrets, pensez-vous à des erreurs commises?
Bien sûr. La plus grande erreur, stratégique, a été le fait du premier gouvernement de la troïka, sous Hamadi Jebali. Elle a consisté à chercher un modus vivendi avec ceux de l’ancien régime, à ne pas mettre en œuvre une lutte efficace contre la corruption et à faire attendre le lancement de la nécessaire justice transitionnelle. Cela a indigné les Tunisiens qui ont continué à voir les mêmes corrompus parader. Je le dis: il ne peut y avoir d’impunité et l’argent volé doit être rendu aux Tunisiens.
On voit en effet des anciens caciques du RCD au pouvoir sous la dictature se balader sur les plateaux de télévision, cela vous choque?
Et comment! Leur arrogance, leur mépris, leur faconde! Mais c’est illusoire, je crois: les électeurs sauront s’en souvenir.
A propos d’élections, votre parti qui avait terminé second pour la constituante en 2011 paraît moins fringant, craignez-vous pour lui?
J’en suis le fondateur mais n’en suis plus membre depuis que je suis président de la république. Je reste proche de ses idées et je rappelle qu’on ne donnait pas cher de sa peau à l’élection de 2011. La Tunisie a besoin d’un rassemblement de partis innovants, dans un spectre assez large, allant dans le sens de la révolution pour faire face à la contre-révolution, coupant tous les ponts avec l’ancien régime, comme un front patriotique.
Vous-mêmes avez accepté une présidence de la république amputée d’une bonne partie de ses prérogatives, à part la défense et les affaires étrangères, n’en concevez-vous pas de la frustration?
C’est moi qui ai théorisé le système. Le partage des pouvoirs entre le président et le Premier ministre a pour but d’éviter les tentations dictatoriales grâce à ce régime mixte, bicéphale. Ainsi le président contrôle l’armée, le Premier ministre la police. C’est certes un peu frustrant mais cela reste le meilleur moyen de consolider la démocratie pendant les prochaines années.
Pourtant, un de vos proches, Aziz Krichen, dit qu’Ennahda avait succombé à «la tentation hégémonique» et avait traité ses partenaires comme votre parti comme des «larbins»…
Je ne cautionne pas ce dernier mot mais tentation hégémonique il y a eu. C’est pourquoi j’ai poursuivi la stratégie d’union, pour dépasser le clivage islamistes/laïques.
Avez-vous envie de rempiler?
Oui et non! Oui car il reste beaucoup à faire, et non car c’est le métier le plus difficile au monde. Je me prononcerai un mois avant l’élection, qui doit avoir lieu avant la fin de cette année selon la Constitution. En attendant, je continue à travailler tous les jours pour contribuer à amener le bateau Tunisie à quai.
L’Union européenne était proche du dictateur, comment jugez-vous son action actuellement?
Le passé est le passé. Après le départ de Ben Ali, on aurait souhaité plus d’appui. Certes, nous sommes mal tombés, il y avait la Grèce, maintenant l’Ukraine. L’Europe a toujours plus regardé vers l’est que vers le sud. Elle n’a pas porté assez de considération aux printemps arabes, or ce séisme va se prolonger pendant des décennies, porteur de chances et de dangers. J’ai l’impression que l’Europe n’a pas de vision stratégique vis-à-vis du monde arabe. Exemple simple: il n’y a jamais de sommet UE-monde arabe. Or si nous basculons dans le chaos, comment l’Europe pourrait-elle s’en protéger?
Qu’attendez-vous, de l’argent?
Surtout des investissements. Et cette idée que j’ai lancée de transformer la dette en projets: nous payons notre dette en faisant travailler vos entreprises à des projets de développement chez nous. Tout le monde s’y retrouve. Le service de notre dette nous coûte 4 milliards de dinars par an (1,8 milliard d’euros), avec ma suggestion on pourrait doubler l’investissement régional.
Que vous répond-on en Europe?
Je n’ai qu’un faible écho jusqu’à présent. J’espère pouvoir capitaliser des soutiens venant des sociétés civiles et des partis politiques.
Un mot sur la Syrie, où le carnage continue?
C’est un cauchemar pour moi. Au sommet arabe il y a quelques jours, j’ai fait un appel de médecin à médecin (Moncef Marzouki est médecin et Bachar el-Assad ophtalmologue de formation, NDLR) et j’ai proposé qu’on envoie des médecins arabes au camp palestinien de Yarmouk à Damas. Je n’ai pas eu de réponse. Cet homme et son système sont psychotiques. Il n’y a rien à espérer d’eux. Ils sont insensibles à la cruauté. C’est un univers mental qui me dépasse. Le seul espoir qu’on peut entretenir repose sur un sursaut éventuel d’hommes de raison chez les Iraniens et chez les Russes. Sinon, ils détruiront la région.
Propos recueillis
par BAUDOUIN LOOS
Une version légèrement plus courte a été publiée dans les colonnes du Soir le jeudi 3 avril 2014.
Top 15 des messages loufoques entendus dans les trains belges (prends ça, SNCF !)
Prendre le train, avouons-le, ce n’est pas toujours une partie de franche rigolade : entre les retards, les wagons surchargés et les sandwiches aux gouts indéfinissables (et hors de prix) de la voiture-bar, on se demande s’ils sont sérieux quand ils nous disent qu’ils vont nous faire « préférer le train ». En Belgique, en tout cas, les conducteurs ont de l’imagination, surtout pour justifier les retards. Petit florilège des phrases entendues à la SNCB et recensées par le site Références.be. Des phrases honnêtes et rigolotes qui feraient du bien ici, ça aide à faire passer la pilule.
- « Mesdames, Messieurs, en raison d’une confusion des feux entre Hansbeke et Bellem, nous sommes à l’arrêt pour une durée indéterminée. Mais si vous regardez à gauche, vous pourrez admirer un magnifique arc-en-ciel »
- « Chers voyageurs, ce train a 10 minutes de retard. Je vous garantis que cela ne va pas durer plus d’une demi-heure »
- « Messages à tous les voyageurs. Des pickpockets se trouvent à bord de ce train, faites attention à vos affaires. Message à tous les pickpockets. Vous êtes priés de descendre à la prochaine gare »
- « Mesdames et messieurs, le train omnibus à destination de Namur aura un retard probable de 15 minutes, nous avons momentanément perdu le chauffeur »
(5 minutes plus tard…)
« Mesdames et messieurs, ça y est, nous avons retrouvé notre chauffeur, il va aux toilettes puis il arrive. Bon voyage » - « Mesdames, Messieurs, veuillez nous excuser pour le retard de ce train. Après l’arrêt en gare de Gembloux, le train a redémarré sans moi. J’ai donc dû prendre un taxi afin de rattraper le train qui ne pouvait continuer sa route sans son accompagnateur… »
- « Mesdames et Messieurs, nous allons nous faire dépasser par un train… Ah non, il ralentit ! Nous sommes toujours vainqueurs ! »
- « Mesdames, messieurs, le train P en direction de Namur partira avec un retard indéterminé étant donné que nous attendons le conducteur qui est dans un train qui est en retard »
- « Mesdames et Messieurs vous vous trouvez dans le train en direction de Louvain-la-Neuve, nous vous souhaitons un agréable voyage, pensez à baisser votre musique et ne pas parler trop fort, des étudiants font leurs révisions de dernière minute. A tous les étudiants en examens : merde les gars ! »
- « Chers voyageurs, je suis en possession de tartines qu’une maman m’a laissées sur le quai avant le départ du train, merci à la personne concernée de me les réclamer lors de mon passage »
- « Mesdames et Messieurs, vous vous trouvez dans le train IC à destination de Bruxelles poil aux aisselles. Ce train fera arrêt en gare de Marbehan poil aux dents, Libramont poil au menton et Jemelle poil au … ah ben non aisselles j’ai déjà fait. Je réfléchis et je vous dis le reste après »
- « Mesdames et Messieurs, ce train aura quelques minutes de retard suite à un problème d’accouplement »
- « Chers voyageurs, nous arrivons en gare de Liège-Guillemins, je ne pourrai malheureusement pas aller à la City Parade parce que je suis en service, mais allez tous faire la fête en pensant à moi ! »
- « Mesdames, Messieurs, nous sommes malheureusement dans l’incapacité de continuer notre route, car quelqu’un a oublié sa brouette sur les voies »
- « Chers voyageurs, votre train à destination d’Anvers accuse un retard indéterminé en raison d’une collision avec un poney. »
(Pause)
« C’est un petit cheval » - « Chers voyageurs, le trajet Malines-Gand-St-Pierre est momentanément interrompu, car une vache se trouve sur les voies et qu’on ne va quand même pas en faire des côtelettes »
Ça fait envie quand même ?
Source : References.be