Au nom de mon frère Ali Aarrass


« Au nom de mon frère Ali Aarrass », témoignage de Farida Aarrass à la tournée d’Amnesty International en Espagne (12-23 mai 2014)

Farida Amnesty tour 2(partie n°1) Je m’appelle Farida Aarrass et je vais vous raconter ce qui est arrivé à mon frère Ali Aarrass. Ce dont il a été victime. Vous en déduirez vous même, j’en suis sûre, que cela aurait pu très bien arriver à n’importe lequel d’entre vous. Aujourd’hui cela fait 6 ans qu’il est en détention arbitraire.

 

Belgique : Ali Aarrass est un citoyen belgo marocain né dans la petite enclave espagnole, Melilla, le 4 mars 1962. Il y a vécu 15 ans et est ensuite allé rejoindre ma mère qui travaillait en Belgique où il a vécu 28 ans. C’est a partir de 15 ans que Ali a commencé a travailler. Comme ouvrier, comme désosseur de viande dans une entreprise flamande … et plus tard en tant que marchand ambulant pour terminer comme indépendant dans une librairie, papeterie où il vendait aussi des ordinateurs et du matériel informatique . Ali avait sacrifié son droit aux études pour se mettre directement au travail afin de soulager ma mère qui avait à l’époque sous sa responsabilité non seulement nous ses trois enfants, mais également celle de ma grand mère, ma tante (sa jeune sœur) et ses deux enfants. Ils vivaient à Melilla et ma mère leur envoyait un mandat chaque mois. Durant ces 28 ans Ali en tant qu’indépendant a toujours payé ses contributions comme tout citoyen honnête. En 1993 il fait son service militaire à Liège. Il n’a jamais eu aucun antécédent juridique, son casier judiciaire est vierge que ce soit en Belgique, Espagne et quant au Maroc il n’y avait jamais vécu.

 

Melilla : En 2005 Ali et son épouse décident d’aller s’installer à Melilla, ville où nous sommes nés, où mon père y a toujours vécu et avec qui Ali maintient une excellente relation. En plus le climat semble convenir totalement à Ali qui souffre de problèmes d’allergie tels qu’ils lui provoquent de gros soucis au niveau respiratoire. Ali aime beaucoup l’ambiance melillense. Il y ouvre une cafétéria qu’il a géré pendant un an… Le lieu n’était pas vraiment bien choisi stratégiquement parlant et donc le négoce n’avait pas trop marché. Cependant et alors que Ali vient d’avoir une petite fille, Amina, et qu’il vit les plus beaux moments de sa vie, le 3 novembre 2006, la garde civil espagnole se présente à son domicile et procède à sa détention. Ali est envoyé à Madrid où il fut interrogé durant trois jours. À l’issu de cet interrogatoire, il est libéré de manière provisoire sous une caution de 24000 €, mais Ali est à partir de ce moment là sommé et en obligation de résider en Espagne, de prouver sa présence sur le territoire espagnol via un contrôle d’identité hebdomadaire au Tribunal. Ali se soumet sans aucun inconvénient à cette exigence car il n’a rien a se reprocher.

 

Madrid : Il en sera ainsi jusqu’au 1er avril 2008, date à laquelle la garde civil espagnole vient l’appréhender à son lieu de travail, avec l’ordre de l’amener de nouveau à Madrid. Il résulte que le Maroc (pays dans lequel Ali n’a jamais vécu) exige à l’Espagne sa mise en détention afin qu’il soit extradé. Le Maroc le soupçonne de terrorisme et plus précisément de trafic d’armes sans aucune preuve.Farida amnesty tour 4 L’Espagne nous informe que l’arrestation est provisoire, pour une durée de 40 jours en attendant que le Maroc leur soumette les preuves nécessaires pour justifier son arrestation. Cela ne sera jamais le cas. Le Maroc n’enverra jamais aucune preuve à l’Espagne et cette période dite de détention provisoire fut très largement dépassée puisqu’il a été gardé en détention jusqu’au 14 décembre 2010 en Espagne, date à laquelle il fut extradé au Maroc. Aucune explication ne nous est jamais donnée en ce qui concerne cet état de fait, mais nous comprenons assez vite que ces agissements se font avec une facilité déconcertante, sous l’emprise et influence de la soi disant lutte contre le terrorisme. Tous les coups sont permis et même les états dits de droits se permettent et commettent l’inadmissible.

 

En mars 2009 nous apprenions pourtant que le juge Baltasar Garzón Real qui était magistrat instructeur de l’Audiencia Nacional d’Espagne, l’une des plus hautes instances juridictionnelles d’Espagne. Connu à l’étranger pour ses enquêtes sur des affaires de terrorisme, de corruption et sur des crimes commis en Argentine et au Chili par les dictatures, avait prononcé un non lieu après qu’il ait ordonné une enquête qui a duré près de trois ans. Cette enquête fut assidument menée de 2005 à mars 2009. Absolument rien n’a pu être mis a charge d’Ali. Nous pensions que Ali serait alors mis en liberté, mais il en fut autrement. Au mois de novembre 2010, le Haut Commissariat de l’ONU avait demandé aux autorités espagnoles de suspendre l’extradition pour gros risque de torture, mais cet appel ne fut entendu ou totalement ignoré et Ali d’être malheureusement extradé. Les responsables s’étaient contenté d’établir un compromis formé de garanties formulées par le Maroc. Ce compromis garantissait qu’Ali ne serait ni condamné à mort ni condamné à perpétuité, mais absolument rien au sujet de la fort probable torture… L’Espagne qui a pourtant ratifié les conventions des droits de l’homme et entre autre l’article 3, ne s’est jamais préoccupé du sort qui attendait Ali.. cela malgré les multiples appels d’Amnesty International Espagne et autres instances, avocats, comités de soutien et famille.

 

Détention à Madrid, Badajoz et Algeciras : C’est ainsi qu’après deux ans et huit mois de détention complètement arbitraire en Espagne, dans différents Centres Pénitenciers, sous très haute sécurité, en isolation sensorielle, temporelle et interdit de tout contact humain Ali va vivre un terrible et horrible calvaire avant qu’il ne soit envoyé tel une marchandise à ses bourreaux marocains. Pendant tout ce temps il sera transféré de Madrid à Badajoz, puis à Algeciras pour ensuite être ramené à Madrid d’où il fut extradé. J’ouvre une parenthèse car il est très important de connaître ne fut ce qu’une partie de ce qu’Ali à enduré en Espagne. Ali était de manière permanente seul ! La cellule ne laissait passer aucun bruit ni aucune lumière naturelle, de façon à ce qu’il perde toute notion du temps, du jour, de l’heure… Il n’avait pas de montre. Son régime était l’isolement 23h sur 24h, mais il avait du renoncer très vite à l’heure de sortie à la cour car s’il choisissait d’y aller, au retour il devait être fouillé et ces fouilles s’avéraient être des plus humiliantes, accompagnées de propos racistes et d’insultes.

 

Finalement l’isolement était de 24h/24h puisque de toutes manières dans la cour il devait s’y retrouver tout seul. Non seulement il y était seul mais en plus cette petite cour ne permettait même pas d’observer le ciel. La seule visite, seul contact en deux ans et huit mois et demi : Farida Amnesty tour 1Je me rappelle de la seule visite que j’ai pu rendre à mon frère, au Centre pénitencier d’Algeciras, en juillet 2009. C’était vraiment pénible. Cela ne faisait pas longtemps qu’il avait arrêté une deuxième grève de la faim pour dénoncer cette énorme injustice et il avait donc perdu beaucoup de poids. Ali n’était plus du tout le même homme physiquement. Il avait toujours été très grand et costaud…là il était fort maigri et très fragilisé. En deux ans et huit mois je ne l’avais jamais eu au téléphone. Il lui était interdit d’avoir des contacts en dehors de son avocat, qui n’a pas pu non plus aller le voir souvent.

 

Ce fut lors de la toute première visite que l’avocat avait rendu à Ali qu’il réalisa qu’il n’avait plus de voix et cela parce qu’il ne parlait à personne. Sa voix s’était estompée … Il a du par la suite faire preuve de force et développer des capacités afin de ne pas sombrer dans la folie. Ali se parlait à lui même … Il touchait son corps pour réaliser qu’il était bien vivant… Aussi il fit deux grèves de la faim qui durèrent deux mois et la seconde il avait été contraint d’y mettre un terme car il fit une chute et une crise d’épilepsie… Il se fractura un doigt en tombant. Il clamait son innocence depuis le début … En vain. Alors que de notre cotė la famille, les avocats et les personnes qui le soutiennent tentaient aussi toutes les démarches possibles et imaginables pour le faire sortir de la, les autorités espagnoles et plus précisément le Conseil des Ministres espagnol ainsi que l’audience espagnole formée de juges, vont prendre la terrible et injuste décision le 19 novembre 2010, de permettre son extradition. Ali en apprenant la très mauvaise nouvelle entame une troisième grève de la faim pour contester la décision, mais il sera quand même envoyé à la torture malgré son état fragile. Une infirmière de la Croix Rouge espagnole va lui faire une injection pour le calmer et on le pousse à s’asseoir dans un petit avion de transport de caisses de poissons.

 

Maroc – Centre secret Temara : Une fois arrivé à l’aéroport au Maroc, il est jeté dans une voiture où des personnes commencent à le passer à tabac durant le trajet vers le Centre secret de torture de Temara. Il s’agit d’un endroit où les pires atrocités se pratiquent dans les sous sol. Ali y est resté 12 jours et 12 nuits en garde à vue, et a été sauvagement torturé. Pendu avec une grosse corde par les poignets au plafond des longues et interminables heures. 16 gardes le tabassaient avec des bâtons partout sur le corps… Ils le relâchaient et le frappaient ensuite sur les mains où le sang s’y trouvait concentré après tant d’heures … Le même procédé après l’avoir pendu par les pieds… Ils le pendaient aussi par les mains et les pieds au même temps..

 

Pendant toute la durée qu’on le pendait les coups étaient interminables. Le groupe de tortionnaires se relaie régulièrement. Des multiples tentatives de noyade, on le réanimait afin de remettre ça … On l’a soumis à des décharges électriques dans ses parties intimes et dans ses lobes… On applique pour ça des pinces dans les bourses et dans les lobes des oreilles. Brûlures de cigarettes sur les parties intimes également. Menaces de mort une arme à la tempe. Injections de produits étranges dans les veines qui très rapidement provoquaient un effet horrible, comme si la tête et tout le corps allaient exploser. Ali a été également violé à l’aide de bouteilles à plusieurs reprises, si sauvagement que cela provoqua des déchirures à l’anus.

 

On lui a également fracassé des bouteilles de verre contre la bouche, Ali a ainsi perdu 5 dents, les incisives inférieures et une canine qui se sont complètement déchaussées. Les coups portés à la tête furent d’une telle violence qu’on lui avait détruit l’ouïe… Cette ouïe à beaucoup saigné et du pus en sortait. Ali n’a jamais reçu à manger durant ces 12 jours, juste de toutes petites quantités d’eau. La violence dont ils ont fait preuve était accompagnée d’insultes, humiliations, moqueries … Ces crapules n’ont pas eu assez de violenter Ali et alors qu’on lui présentait des photos et des noms et qu’on lui demandait de reconnaître l’une où l’autre personne tout le long, en voyant qu’il refusait de signaler personne on le menaça de ramener sa petite fille et de la violer devant lui… Ali parapha à ce moment la tout ce qu’on lui dit de signer. Ali a enduré l’innommable et il n’est point le seul. Il entendait d’autres personnes se faire torturer, les cris et les pleurs lui parvenaient et Ali raconte en pleurant que c’est horrible, que ces gens la ne sont pas des êtres humains.

 

Procureur et juge d’instruction : Après tous ces traitements il fut amené devant un procureur et le lendemain devant le juge d’instruction… Ce fut très étrange car à aucun moment ils ne lui dirent de qui il s’agissait et Ali avait cru que ces deux magistrats étaient les chefs des tortionnaires. Comme Ali ne tenait pas debout et se trouvait dans un état pitoyable, le juge avait reporté son entrevue du 26 décembre 2010 jour où il le recevait, au 18 janvier 2011. Ali déduira de ces entrevues que même les magistrats sont complices de toutes ces horreurs.

 

Prison de Salé II : Ali est amené à la prison deSalé II dans l’état que vous pouvez deviner… Sur place règne une forme d’entente avec le corps des polices qui torturent. Les chefs de détention, fonctionnaires et gardes, prennent la relève et après avoir enregistré Ali le jètent dans un cachot grillagé où la suite des mauvais traitements se poursuivent. Pas de visite médicale pas de compassion, aucune pitié … Il est méprisé et insulté régulièrement … La nourriture est abjecte mais il la mange pour reprendre des forces. Il sait qu’il ne peut et ne doit compter sur personne. Ali va passer de longues semaines avant de récupérer un peu et aussitôt qu’il le peut il dit à l’avocat marocain lors de l’une de ses rares visites qu’il souhaite déposer plainte pour torture et mauvais traitements. Je suis aujourd’hui convaincue que les avocats au Maroc, pour très sincères et justes qu’ils soient, ils jouissent d’une marge d’action fort limitée. Le danger les guettant également. Stop torture I am Ali AarrassLes plaintes sont totalement ignorées. Elles avaient été envoyées à cinq différentes instances dont le ministère de la justice marocain, sans aucun succès. Aucune enquête ne sera menée pour s’assurer qu’en effet il y eut torture. Ali sera soumis dans cette prison à des conditions inhumaines et cela durant pas mal de temps. Il se rend compte que tout peut s’obtenir avec l’argent mais étant solidement accroché à ses principes il va s’y refuser catégoriquement a toutes sortes de propositions en vue de gagner en privilèges, ou en vue d’améliorer ses conditions de détention. Il est si intègre que cela va jusqu’à provoquer la haine des agents pénitenciers qui comptent sur la corruption pour se faire du fric…  Farida Aarrass SIGNEZ l’appel du 25 mai pour la libération immédiate d’Ali Aarrass :cliquez ICI

 

Le Belge Ali Aarrass en danger de mort dans sa prison marocaine


C’est l’histoire d’un homme qui va peut-être mourir en prison dans quelques jours. Un Belge en grève de la faim et de la soif dans une prison marocaine. Plus exactement, un Belgo-Marocain. A l’exception de ses proches, de ceux touchés par son sort, de quelques parlementaires et d’une agence de l’ONU, personne ne se préoccupe de son cas pathétique. A des degrés divers, trois Etats, le Maroc, l’Espagne et la Belgique, seront responsables s’il lui arrive malheur.
Il s’appelle Ali Aarrass. Il a 51 ans. En degré d’appel, le 2 octobre 2012, il a été condamné à douze ans de prison (après les quinze ans écopés en première instance, le 29 novembre 2011) pour « utilisation illégale d’armes » et « appartenance à un groupe ayant l’intention de commettre des actes terroristes ». Problème : Ali Aarrass a été torturé et ses « aveux » signés figurent sur un document rédigés en arabe, langue qu’il ne maîtrise pas. Personne n’a connaissance d’autres « preuves » contre lui.
Comment cette histoire à peine croyable s’est-elle développée ? Rétroactes.
Ali Aarrass est né le 4 mars 1962 à Melilla, l’enclave espagnole au nord du Maroc. Il arrive à 15 ans en Belgique muni d’un passeport marocain, mais il n’a jamais habité au Maroc où il n’a aucune attache. Le jeune Ali abandonne vite l’école, il veut travailler. Il travaille. Son dernier boulot en Belgique : libraire à Bruxelles. Il se marie en 1989, devient belge, fait son service militaire en Belgique (à l’Otan !) en 1993. En 2005, il retourne vivre à Melilla pour rejoindre son père.

Descente en enfer

Le cauchemar débute en 2006, par une première interpellation de la police espagnole qui le soupçonne de terrorisme. Il est relâché. Mais le 1er avril 2008, il est arrêté et emprisonné. Le célèbre juge Baltazar Garzon enquête pendant un an. Faute de preuves, il prononce un non-lieu le 16 mars 2009. Mais les autorités espagnoles ne le libèrent pas car le Maroc exige son extradition.
Le Haut-commissariat aux droit de l’homme de l’ONU examine son cas et demande le 26 novembre à Madrid de suspendre l’extradition en raison des risques de tortures encourus. Le gouvernement espagnol ignore l’avis et l’extrade le 14 décembre 2010.
L’ONU avait raison, le Maroc reste le Maroc. Pendant douze jours, Ali Aarrass va connaître les tristement célèbres chambres de torture de Temara, près de Rabat. Il connaît l’enfer. A bout de force, il finit par parapher des aveux rédigés dans un arabe classique qu’il ne connaît pas. S’ensuivent les condamnations mentionnées plus haut.
Al Aarrass s’empresse dès le 11 février 2011 de signaler au juge d’instruction marocain les faits de torture dont il a été l’objet. Ses avocats déposent des plaintes, mais la justice marocaine refuse d’ouvrir une enquête, se contentant d’un rapport médical du 8 décembre 2011 qui concluait qu’il ne portait aucune trace de torture. Amnesty International précise que « les experts indépendants commis par la défense d’Ali Aarrass ont jugé que le rapport d’examen était loin d’être conforme aux normes internationales en matière médico-légale qui sont inscrites dans le Protocole d’Istanbul ».
Le Haut-commissariat de l’ONU aux droits de l’homme s’intéresse alors à nouveau à lui. Son rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumais ou dégradants fait un rapport daté du 14 décembre 2012. Juan E. Mendez y est cinglant. Il a pu voir l’accusé en prison le 20 septembre de la même année avec son propre médecin légiste. Les traces de tortures sont effectivement constatées (voir encadré). Les recommandations de ce rapport resteront lettre morte.
La famille et les amis d’Ali Aarrass se démènent depuis des années. Un site rend compte des éléments de l’affaire (freeali.eu). Mais son cas émeut peu, ou a du mal à se faire connaître. Seize parlementaires belges (1), dont une poignée d’origine marocaine, publient tout de même un appel le 16 février 2012 pour demander au ministre belge des Affaires étrangères de relayer aux autorités marocaines les inquiétudes sur la torture subie et l’iniquité des procès.

Grève de la faim

Le sort d’Ali Aarrass prend un caractère dramatique en ce mois de juillet. Voici ce qu’en dit Amnesty : « Ali Aarrass a entamé sa grève de la faim le 10 juillet car des employés de la prison étaient entrés dans sa cellule en son absence, avaient emmené sa correspondance personnelle, notamment des lettres de sa famille et des cartes postales de personnes lui apportant leur soutien, et avaient laissé les lieux en désordre. Il a ensuite été privé des droits élémentaires des prisonniers, y compris passer des appels téléphoniques, avoir accès à son courrier, se doucher et sortir dans la cour, ce qui s’apparente à des mauvais traitements. Il a durci sa grève de la faim le 25 juillet en refusant de boire. Depuis lors, il n’est pas autorisé à avoir des contacts avec sa famille ni ses avocats ».
Son état de santé serait devenu précaire. « Nous n’avons que des nouvelles indirectes, nous dit sa sœur Farida. Il est devenu très faible, nous sommes très inquiets. Au début de cette affaire, nous avions cru à une erreur car Ali n’est pas politisé. J’ai assisté aux procès, j’ai vu d’appel qui dormaient pendant l’audience ! Sauf que l’un d’eux a sommé Ali de se taire quand il évoquait la torture et lui a lâché qu’il avait de toute façon signé ses aveux. »
Les avocats d’Ali Aarrass ont porté la condamnation en appel devant la Cour de cassation, « sans beaucoup d’espoir », comme le dit Me Dounia Alamat. Avec Farida Aarrass, celle-ci a encore interpellé d’urgence le ministre belge des Affaires étrangères le le 26 juillet. Car la Belgique, parlons-en, n’a jamais levé le petit doigt pour le Belge Ali Aaarass.
Le porte-parole des Affaires étrangères a expliqué le 25 juillet que « le droit international stipule que lorsqu’un citoyen binational connaît un problème avec l’un de ses deux pays, l’autre s’abstient d’intervenir ». Un argument que Me Dounia Alamat balaie : « La Belgique invoque une convention de 1930 qui est désuète et que le Maroc n’a de toute façon même pas signée ! La jurisprudence internationale montre au contraire que les Etats protègent leurs ressortissants même en cas de double nationalité et puis la règle absolue en droit international c’est l’interdiction de la torture ».
Plusieurs citoyens belges d’origine marocaine ont lancé sur Facebook des appels au ministre Didier Reynders. Comme Radouane el-Baroudi, qui explique être né le 27 septembre 1979 à l’hôpital Edith Cavell, à Bruxelles : « Je sais comme vous que mon pays d’origine, le Maroc, est une dictature où l’on torture (…). Monsieur le Ministre, m’aideriez-vous s’il m’arrivait malheur au Maroc ? ».
BAUDOUIN LOOS

(1) Zoë Genot, membre du parlement fédéral, Ecolo; Eva Brems, membre du parlement fédéral, Groen; Fouad Ahidar, membre du parlement bruxellois, SP.a; Jan Rogiers, membre du parlement flamand, SP.a; Bert Anciaux, membre du Sénat, SP.a; Patrick Moriau, membre du parlement fédéral, PS; Jamal Ikazban, membre du parlement bruxellois, PS; Juliette Boulet, membre du parlement fédéral, ECOLO-Groen; Nadia El Yousfi, membre du parlement bruxellois, PS; Céline Delforge, membre du parlement bruxellois, Ecolo; Olivier Maingain, membre du parlement fédéral, FDF; Zakia Khattabi, membre du Sénat, Ecolo; Ahmed el-Khannouss, membre du parlement bruxellois, CDH; Dirk Peeters,  membre du parlement flamand, Groen; Meyrem Almaci, membre du parlement flamand, Groen; Mahinur Özdemir, membre du parlement bruxellois, CDH.

Une version plus courte de cet article est parue dans le journal “Le Soir” du jeudi 1er août 2013.

GRÂCE : une lettre d’Ali Aarrass


Posted on juillet 4, 2013 | No comments

Farida Aarrass at Belgian embassy LondonGRÂCE !

 

La libération des détenus serait une décision plein de sagesse, dont les plus heureux seraient les épouses et les enfants. Heureux de voir leur père enfin rentrer à la maison, ce serait une bonne nouvelle. Espérons la libération des détenus politiques.

 

Un Etat digne et vraiment démocratique ne devrait avoir aucun détenu d’opinion derrière les barreaux. Il faudrait qu’ils libèrent ceux qui sont encore en prison afin d’engager les réformes en toute sérénité.

 

Pour ce qui me concerne, je refuse la grâce vu que celle-ci n’intervient qu’après l’accomplissement d’un crime, hors je n’en ai commis aucun !

 

La libération de ces détenus montrerait, que le plat de résistance de la réforme promise par le roi, est justement la réforme de la justice.

 

Au Maroc, il y a des gens en prison qui ne devraient pas y être, et d’autres en liberté qui devraient être en prison.

Je ne me suis jamais intéressé à la politique, mais il m’arrive de lire des choses qui me font sauter au plafond !

 

Aujourd’hui les faits ont prouvé que les vrais obscurantistes sont quelques responsables des services secrets et sécurité de l’Etat, qui commettent des crimes odieux indicibles. S’il y a des réels extrémistes qui constituent un danger pour la sécurité et la transition démocratique, ce sont justement ces sécuritaires hors la loi. Ceux qui commettent ces crimes barbares et dégradants, pour la dignité de l’homme et contraire à toute éthique, méritent d’être trainés en justice !

 

En ce qui concerne la presse et sa fonction, en tant que quatrième pouvoir, et celle des associations civiles, c’est de défendre la dignité humaine, les libertés et la vérité. Par conséquent, la société civile et la presse devraient défendre sans condition les victimes de ce terrible bagne et réclamer ensemble justice, contre ceux qui m’ont enlevé, torturé et injustement condamné.

Le meilleur moyen d’éviter de tomber dans le déni de la transition démocratique est bien sur de rompre avec les comportements inquisiteurs et les méthodes barbares.

 

« Mon emprisonnement, est le prix que je paie pour que la Belgique devienne un état de droit »

 

Ali Aarrass

J’étais au procès d’Ali Aarrass… Le témoignage de Nathalie Preudhomme


Posted by on 22 h 32 min in NEWS

Il a pris ma fille dans ses bras, elle n’a pas bronché, comme si elle sentait la beauté de ce moment….


Chers amis,
Chers proches,
Chers parlementaires,

Ce lundi 9 avril, je me suis rendue avec une délégation d’une dizaine de citoyens belges au Maroc pour assister à l’audience d’appel dans le cadre du procès de Ali Aarrass. En novembre 2011, Ali Aarrass a été condamné à 15 ans de prison uniquement sur base d’aveux en arabe (langue qu’il ne comprend pas), signés après 12 jours et nuits de torture. Alors qu’Ali avait été innocenté par le célèbre juge Balthazar Garzone en Espagne, l’état espagnol avait accepté la demande d’extradition de Ali vers le Maroc. En décembre 2010, alors que nous étions encore en train de supplier le Ministre des Affaires étrangères belges pour qu’il empêche l’extradition de Ali vers le Maroc et la torture, Ali avait déjà quitté l’Espagne et subissait l’innommable dans les geôles marocaines.

Ce lundi, les avocats de Ali, Maitre Cohen et Maitre Datsy ont plaidé le report d’audience afin d’attendre les conclusions de l’enquête en cours prouvant bel et bien que les aveux d’Ali ont été extorqués sous la torture, ce qui voudrait dire que le dossier de Ali serait complètement vide !

Je tenais à vous faire part de mes impressions ressenties pendant cette audience :

Pendant une heure, nous avons vu défiler une quarantaine de prisonniers de droits communs, à la vitesse de l’éclair devant une Cour composée de 5 juges, du procureur et du greffier, qui me donnaient l’impression de s’adresser à ces jeunes, comme s’ils n’étaient que des numéros.

Ensuite, Ali est entré, seul, derrière une baie vitrée. Et là, l’émotion nous a tous submergés, tellement nous sentions Ali lui-même ému par notre présence à ses côtés. Il faut dire que nous étions, y compris la délégation venant de Mellila, pas moins de 25 personnes. En gros, nous occupions presque la moitié de la salle d’audience…

Dès le départ, j’ai senti que ce face à face citoyen face aux juges, n’était pas sans impact. Je sentais que notre regard pesait sur le ton employé par le Président de la Cour. Ainsi, il s’adressa dès le début sur un ton très ferme et autoritaire aux avocats d’Ali, coupant sans arrêt la défense entamée par Maitre Cohen. Au moment où il répondit à Maitre Cohen que le fait de demander que l’enquête sur les tortures subies par Ali soit terminée, n’était pas un motif suffisant pour reporter l’audience, je me suis sentie plonger dans un monde complètement surréaliste. Je me suis pincée pour me convaincre moi-même que je n’étais pas dans le film de Kafka, mais bien dans l’horrible réalité de la justice marocaine. Imaginez-vous possible qu’un juge en Belgique vous réponde qu’une enquête pour suspicion de torture, n’est pas un élément important dans la défense d’un dossier ???

Ali entouré par ses avocats, l’oreille tendue vers l’interprète, était dans une posture extraordinairement digne et incroyablement courageuse face à cette parodie.

C’est alors que Maitre Cohen s’est avancé vers le Président de la Cour et lui a présenté le document écrit officiel envoyé par les services du ministère de la justice marocaine au comité de l’ONU montrant que l’examen de la plainte d’Ali Aarrass est toujours en cours, et qu’effectivement des examens médicaux avaient eu lieu. Et là, le procureur s’est mis dans une colère hors du commun, que nous en avions tous le souffle coupé, prétendant qu’il n’avait jamais eu connaissance de ce document. A ce moment-là, j’ai eu l’impression que le temps s’était arrêté et que les mots qui allaient suivre dans la bouche du président de la Cour, allaient être déterminants dans la suite de la procédure d’appel. Les contradictions au sein de l’appareil judiciaire marocain apparaissaient au grand jour ! Face à cette situation complètement inédite, le président de la Cour proposa une suspension de séance afin d’avoir le temps de consulter de plus hautes instances de la justice.

Pendant cette suspension de séance, nous continuions à montrer tout notre soutien et nos signes d’encouragement à Ali, à travers la vitre. A un moment donné, alors que j’étais en train de vous envoyer un message, un agent de la sécurité m’a demandé de m’approcher de lui. Je me suis avancée, avec Nour (2 mois et demi) dans les bras, en me disant qu’il allait surement me demander d’éteindre mon GSM, ou pire de sortir du tribunal. Et là, l’inattendu s’est produit, il nous a conduits vers Ali. Le temps s’est à nouveau arrêté !

Ali s’est approché de nous, avec un grand sourire très apaisant. Tout en essayant de maitriser mon émotion, je me suis présentée brièvement et je lui ai tendu Nour. Il l’a prise immédiatement dans ses bras, elle n’a pas bronché, comme si elle sentait la beauté de ce moment. Je lui ai dit que nous étions des centaines en Belgique, convaincus de son innocence et que nous ne lâcherons rien jusqu’à sa libération. Il m’a dit : « C’est un combat politique ». Et je me suis dit qu’effectivement, dénoncer la torture et l’iniquité du procès, est un combat des plus nobles, pour Ali et tous les autres qui croupissent en prison. Avec une voix extrêmement calme et rassurante, il m’a dit : « Le plus dur est derrière moi. Mais il faudra encore beaucoup de patience. ». Je me suis retournée vers l’agent de sécurité et lui ai répété : «  nous sommes des centaines en Belgique, convaincus de l’innocence de Ali ». Il m’a regardé, je crois qu’il a acquiescé de la tête, tout en se rendant compte que son rôle lui imposait de rester neutre.

Et puis je suis retournée m’asseoir aux côtés de l’épouse de Ali. J’étais très émue par ce moment magique, mais en même temps mal à l’aise face à l’hypocrisie du système : Est-ce qu’en Belgique, on permettrait que je passe mon bébé et que je parle aux côtés d’un détenu, soi-disant terroriste, en plein milieu du tribunal… ?

Ensuite, la Cour est revenue et a annoncé qu’elle laissait un délai d’un mois, non pas pour que le procureur fasse aboutir l’enquête, mais pour que la défense apporte les preuves qu’une enquête est en cours. Mais que font-ils du document officiel dans lequel les autorités marocaines elles-mêmes confirment à l’ONU qu’une enquête est en train de se faire. Incohérence totale du système ! Sentiment d’injustice énorme mêlé au mince soulagement que le report de l’audience a été accepté !

Nous laissons repartir douloureusement Ali vers la prison, mais la motivation encore plus forte que jamais de le faire sortir de ce cauchemar de 4 ans. Chaque jour passé dans cette prison de Salé est un jour de trop pour un innocent !

Le combat que Ali porte avec tant de dignité fait partie des combats les plus nobles, pour faire entendre la voix des sans voix, de tous ceux qui se retrouvent injustement privés de liberté au Maroc !

J’ai quitté la salle d’audience le cœur solidaire avec la peine immense que ressentent à chaque fois Houria, l’épouse de Ali, Farida, sa sœur ainsi que tous les membres de sa famille.

En sortant, une personne m’a demandé si je faisais partie de la famille de Ali. J’ai répondu que je n’avais pas cet honneur mais que j’étais simplement une citoyenne belge dégoûtée par l’abandon d’un autre concitoyen belge par mon gouvernement.

Pour terminer, je suis maintenant complètement persuadée que notre présence internationale peut avoir un poids énorme sur la tournure que va prendre la procédure. C’est pourquoi, j’espère du plus profond de mon être, que nous serons encore plus nombreux, lors de la prochaine audience.

Notre présence le 7 mai prochain est essentielle pour le futur de Ali. Je demande à nos parlementaires belges un acte concret de solidarité pour notre concitoyen belge enfermé injustement au Maroc. Etre présent au procès, ce n’est pas seulement montrer votre solidarité avec Ali, c’est aussi montrer que vous tenez aux valeurs démocratiques défendues dans notre pays : chaque homme, quel qu’il soit, et où qu’il soit dans ce monde, a droit à un procès juste et équitable !

Si lors de la prochaine audience, le 7 mai, il n’y a, ne fusse qu’un seul parlementaire belge, présent sur place, alors nous pourrons dire que nous avons réussi à faire reculer un peu ce concept absolument inhumain de « citoyen de seconde zone ».

Ali Aarrass est un citoyen belge qui a le droit, comme n’importe quel citoyen belge, qu’on fasse tout pour que la vérité éclate : Un innocent est en prison pour 15 ans. Sortons-le de cet enfer ! Osons dénoncer la torture au Maroc ! Ali est un exemple pour nous tous !

Nathalie Preudhomme

Pour Ali Aarrass


Le prochain resto Egalité aura lieu le vendredi 6 avril, à partir de 18 heures, juste avant le départ de la délégation qui assistera au procès en appel d’Ali Aarrass, le 9 avril au Maroc.

Un délicieux repas sera préparé par Latifa, toujours pour 10 euros, plat, dessert et boissons tout compris.
Pour rappel, les bénéfices du resto servent à financer les frais de notre local.

Réservez dès maintenant vos places chez Amina, 0472/512.882.

Le Journal de Farida : Je vous pose la question


Avec Samira et Houria, deux femmes de détenus
Il y a quelque temps, on me disait qu’étant donné que mon frère Ali Aarrass n’appartenait à aucun mouvement contestataire. Que le fait qu’il se soit déclaré innocent depuis son arrestation. Que le fait qu’il ne soit pas de la gauche. Qu’il soit musulman et donc vu comme islamiste,…etc
Il n’avait donc pas le droit au soutien des mouvances de gauche (à quelques petites exceptions près).Après l’avoir vu ce lundi 5 mars 2012, juste après l’audience en appel. Après avoir partagé deux heures avec lui et qu’il m’ait raconté de tas de choses qui m’ont démontré qu’il a toujours gardé la tête haute. Que dans les moments les plus pénibles, voir insupportables, il n’a pas manqué à répondre à ses bourreaux dans la négative, ne voulant pas entrainer par sa faute d’autres innocents vers la torture ou la détention arbitraire….Je dis, qu’Ali est le meilleur militant que je connaisse! Le plus courageux! Car au péril de sa vie il a tenu tête courageusement et cela malgré que la torture s’intensifiait de plus en plus!
Ali est un HOMME un comme on en voit plus beaucoup! Car il persiste à demander à ce que justice lui soit rendue, non seulement à lui mais à de tas d’autres prisonniers qui sont aussi des innocents!
Car il risque par cette attitude de voir moins vite arriver sa liberté et qu’il maintient malgré cela sa position et cela malgré les risques d’être à tout moment ramené de nouveau vers la torture!

Je vous pose la question?

L’islamiste qu’est Ali n’a t il donc pas la CARRURE d’un militant plus que COURAGEUX ?
Ne mérite t il toujours pas le soutien des mouvements de gauche?

Aujourd’hui, je suis persuadée que si la réponse se voulait toujours négative, ce serait parce que vos perceptions du VRAI MILITANTISME du VRAI COURAGE ne sont pas les bonnes!

Farida AARRASS, fière d’être la soeur d’Ali AARRASS!

source

Conférence de presse sur l’affaire Ali Aarrass


« Une parodie de justice au Maroc : le 24 novembre dernier, le Belge Ali Aarrass a été condamné à 15 ans de prison »

 Maitre Nicolas Cohen, avocat d’Ali Aarrass, du Bureau d’avocats Juscogens, a plaidé devant le Tribunal antiterroriste de Salé lors de la dernière audience du procès d’Ali. Il analyse le jugement.


Présentation, en exclusivité, du livre « Ali Aarrass, pour l’exemple »

Exemplaires en service de presse disponibles

Par les auteurs Nicolas Ingiargola et Abdellah Boudami, et par Farida Aarrass, la soeur d’Ali, au nom de la famille et des sympathisants


Les actions internationales et les initiatives juridiques et politiques à venir

Modérateur : Luk Vervaet (www.freeali.eu, 0478653378)


Quand ?

Ce vendredi 2 décembre 2011 à 10.30 heures.

Possibilité d’interviews individuels.

Fin prévue à 12.00 h.


Où ?

Ligue des Droits de l’Homme (LDH)

(www.liguedh.be/)

22, Rue du Boulet,

1000 Bruxelles

Nous vous remercions d’avance pour votre présence.

Parodie de justice jusqu’au bout, le Maroc condamne Ali AARRASS à quinze ans d’emprisonnement sur base d’aveux extorqués sous la torture !


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25 novembre 2011 – COMMUNIQUE DE PRESSE CABINET D’AVOCATS JUS COGENS…

Ce 24 novembre 2011, le procès d’Ali AARRASS s’est déroulé devant trois magistrats de la Cour d’appel de Rabat siégeant à Salé.

Malgré l’absence de tout élément de preuve objectif[1], notamment des déclarations de ses prétendus accusateurs, Ali AARRASS a été condamné à quinze ans d’emprisonnement sur la seule base de ses aveux obtenus sous la torture.

Ne répondant à aucun des arguments juridiques et factuels soulevés par la défense au cours de plus de trois heures de plaidoiries et au travers de conclusions écrites, les magistrats ont pris leur décision en à peine plus d’une heure.

Plus choquant encore, alors que la réouverture de l’audience était prévue pour 16h, les magistrats ont prononcé la sentence en l’absence des avocats de la défense, de la famille d’Ali AARRASS et des nombreuses personnes venues le soutenir. Ali AARRASS s’est retrouvé seul face à ses juges pour entendre ce verdict inique. L’interprète n’avait même pas été appelé par la Cour. Ali AARRASS n’a donc pas compris le jugement qui a été prononcé. Ce sont ses avocats qui ont dû le lui expliquer dans les geôles du palais de justice.

Le collectif de défense ne peut que constater qu’il s’agit d’une pression supplémentaire exercée sur Ali AARRASS. Après la torture et les conditions de détention extrêmement pénibles, Ali AARRASS étant placé en régime d’isolement sévère, cet évènement s’ajoute encore au fait qu’aucun entretien confidentiel n’est autorisé entre Ali et ses avocats.

Parallèlement à cette sordide condamnation, il faut rappeler que les autorités marocaines ont refusé d’enquêter sur la plainte déposée par Ali AARRASS pour la torture qu’il a subie en garde-à-vue. Il y a pourtant des devoirs d’enquête élémentaires qui auraient dû être réalisés avant de pouvoir considérer qu’il n’y aurait pas matière à sanctionner : entendre Ali AARRASS de manière approfondie, le confronter avec tous les agents s’étant « occupés » de lui pendant sa garde-à-vue, réaliser une expertise médicale, la comparer avec le dossier médical espagnol, … Le Maroc n’a rien fait !

Est-ce étonnant ? Pas vraiment. Ces même magistrats avaient statué dans l’affaire « Belliraj » et avaient condamnés les inculpés à des peines d’emprisonnement extrêmement lourdes, malgré les allégations persistantes de torture et les nombreuses violations du droit au procès équitable, constatées tant par les ONG[2] que par des observateurs officiels[3].

Honteusement pour le Maroc, ces juges persistent dans leur pratique contraire aux droits humains les plus fondamentaux. Ces magistrats avaient pourtant été désavoués par le roi Mohamed VI, qui a accordé la grâce à plusieurs personnes condamnées à vingt ans d’emprisonnement dans le dossier « Belliraj ».

Est-ce que la justice remplacera un jour l’injustice au Maroc ?

Quoi qu’il en soit, le combat continue pour Ali AARRASS, qui a d’ores et déjà saisi le Comité des Nations Unies contre la Torture et le Comité des Droits de l’Homme.

[1] Le dossier marocain ne contient aucun devoir tel une perquisition chez Ali AARRASS, des écoutes téléphoniques, des analyse ADN, …

[2] Cf. notamment : Commission arabe des droits humains, « Rapport d’observation du procès des six détenus politiques au Maroc – Affaire Belliraj », 10/12/2009

[3] Tel le Consul belge, cf. Document paru sur wikileaks de l’ambassade US de Rabat, sujet « Landmark terrorism case raises human rights »

Aarrass confronté à Belliraj


RIZZA,ETTORE

Jeudi 16 juin 2011

Les deux Belgo-Marocains comparaîtront ce jeudi au Maroc

Audience décisive ce jeudi pour le Belgo-Marocain Ali Aarrass, 48 ans, emprisonné pendant près de trois ans en Espagne puis extradé en décembre au Maroc, où il aurait été torturé pendant douze jours.

D’abord soupçonné de trafic d’armes vers le Maroc (un juge espagnol l’a blanchi), ensuite de participation à diverses activités terroristes, cet ancien libraire de Molenbeek, venu rejoindre son père en 2005 dans l’enclave espagnole de Melilla, comparaîtra devant le tribunal de Salé, près de Rabat.

Lors de cette audience, il sera confronté à trois de ses « accusateurs », dont le célèbre Abdelkader Belliraj, condamné en juillet 2009 à la prison à vie pour avoir dirigé un réseau terroriste. Cet autre Belgo-Marocain a reconnu depuis que sa dénonciation avait été extorquée sous la torture.

Tout comme les aveux d’Ali Aarrass sans doute. Alors qu’il ne sait pas lire l’arabe classique, le détenu s’est montré capable de signer une confession de plusieurs pages rédigée dans cette langue. On ne vantera jamais assez les bienfaits des coups, de l’électrification des testicules, des sodomies à la bouteille et de l’injection de produits chimiques sur l’apprentissage des langues. Tout comme Belliraj, Aarrass s’est rétracté depuis.

Lors de la première audience à Salé, le 2 juin, la défense a senti le vent tourner. Devant une délégation internationale d’avocats et de défenseurs des droits de l’homme, venus contrôler le procès, le juge a accepté de désigner un interprète afin qu’Ali Aarrass puisse comprendre les débats. « C’est déjà une forme de reconnaissance que mon frère ne savait pas ce qu’il signait, se réjouit sa sœur Farida, toujours installée en Belgique. Nous parlons un peu le dialecte du Rif et le marocain, mais pas l’arabe classique. Selon les avocats marocains, 80 % du procès est gagné. »

Las : lors de la 2e comparution, le 9 juin, l’interprète faisait encore défaut. Il devrait être présent ce jeudi. Pour peu que le juge parvienne à examiner tous les points de l’affaire, le jugement pourrait être rendu dans la foulée ou dans la semaine. Dans le cas contraire, une dernière audience pourrait se tenir le 23 juin.

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