Moubarak condamné, mais pas son régime


lundi 04 juin 2012

Une « farce », une « escroquerie »… Beaucoup d’Egyptiens ont laissé éclater leur colère samedi après que le verdict du procès de leur ancien dictateur, Hosni Moubarak, a été rendu. La peine de prison à vie infligée au vieil homme (84 ans) n’a en effet semblé satisfaisante que quelques instants, le temps de comprendre que l’ex-« raïs » et son ministre de l’Intérieur de l’époque, n’étaient condamnés que pour « complicité » dans la répression qui a fait plus de huit cents morts – on dit « martyrs » en Egypte – car les juges se sont dits incapables de désigner les commanditaires du bain de sang.

Certes, il convient de saluer une grande première dans le monde arabe : jamais un despote n’a été traîné devant la justice de son pays, si l’on excepte la scandaleuse parodie de procès subie par Saddam Hussein en 2006 à Bagdad.

Mais, si on se gardera bien d’appeler à la condamnation à mort de Hosni Moubarak comme le firent des foules frustrées en Egypte ce week-end, il reste que le premier procès de l’ex-chef d’Etat inspire un vrai malaise.

Pourquoi Hosni Moubarak n’a-t-il dû répondre des actes de la répression qui concernaient seulement trois jours de contestation et de manifestations en janvier 2011 alors que durant les presque trente ans de son règne la torture – parfois jusqu’à ce que mort s’ensuive – était devenue la marque du régime avec aussi la corruption ?

Qui a décidé de ne pas juger un « système », un régime, en même temps que son chef ? Ne serait-ce pas l’armée, vraie source du pouvoir en Egypte ? D’innombrables Egyptiens soupçonnent leur armée, malgré ses promesses répétées, de ne pas avoir l’intention d’abandonner ses vastes prérogatives et ses immenses privilèges.

Ils en sauront bientôt plus : le second tour de l’élection présidentielle mettra aux prises les 16 et 17 juin le frère musulman Mohamed Morsi et l’ex-général et ex-ministre de Moubarak Ahmad Chafiq. Comme le déclarait le 29 mai au Courrier international le célèbre écrivain cairote Alaa Al-Aswany, qui n’a rien d’un intégriste, « si Chafiq est élu, la révolution est morte ».

Ce n’est sûrement pas par hasard que les mots « impunité » et « révolution » ne riment pas du tout…
BAUDOUIN LOOS

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Le gaz vendu à Israël fait des bulles en Egypte


vendredi 27 avril 2012 – 09h:27

Daikha Dridi – Les Afriques


C’est le type même d’entrée en exploitation qui tombe mal. Le gazoduc Egypte-Israël est prêt, mais le gaz – vendu à prix secret- ne passe pas dans l’opinion égyptienne.

Le Premier ministre égyptien Ahmad Nazif a fini, après un mois de pression de l’opinion, par annoncer que son gouvernement est en négociation pour revoir à la hausse les prix du gaz vendu à Israël. Tout a commencé le 1er mai dernier, lorsque la presse a annoncé que la connexion du gazoduc reliant l’Egypte à Israël était enfin établie. L’information est double : le gaz naturel égyptien est non seulement vendu à Israël, qui assiège Gaza – ce qui n’était qu’une rumeur jusque-là -, mais il l’est, de plus, à un prix tellement bas que la presse le qualifie de « gaz subventionné ». Le contrat de vente de gaz entre l’Egypte et Israël remonte à 2005 et il y est question de la vente de 1,7 milliard de mètres cubes de gaz par an, ce qui représente, selon la presse israélienne, 20% de la consommation israélienne en électricité. Ce contrat, qui court sur une période de quinze ans, est susceptible de voir la quantité de gaz augmentée de 25% et sa durée de vie rallongée de cinq années. C’est ce qui est su officiellement d’une transaction qui semble mettre dans l’embarras le gouvernement d’Ahmad Nazif. Celui-ci a en effet refusé de répondre aux questions coléreuses des députés égyptiens qui demandaient à savoir le prix de détail de vente du gaz égyptien à Israël.

Le précédent de la raffinerie d’Alexandrie

Il est important de souligner que la fronde des parlementaires est loin d’être uniquement celle des Frères musulmans, car personne ne comprend vraiment pourquoi Israël bénéficie d’un gaz tellement bon marché que l’on préfère en dissimuler le prix, alors que le gaz que paie le consommateur égyptien ne cesse d’augmenter. Le ministre de l’Energie, qui a essuyé plusieurs salves d’attaques au Parlement, avait éludé la question du prix de vente en expliquant qu’il serait illégal de rendre public ce genre d’information sans l’autorisation des deux parties contractantes. A savoir le consortium East Mediterranean Gas (EMG), détenu par l’homme d’affaires égyptien et proche du président Hosni Moubarak Hussein K. Salem et l’Israélien Yossi Maiman, à la tête du groupe Mehrav. Deux hommes d’affaires qui ont en commun d’avoir tous les deux été des officiers du renseignement de leur pays, qui s’étaient déjà associés dans les années 90 dans la construction d’une raffinerie de pétrole à Alexandrie, un projet duquel le gouvernement égyptien avait fini par discrètement évincer la partie israélienne, en rachetant ses parts, pour cause de très vif mécontentement populaire au plus fort de la deuxième Intifada en 2001.

Sawiris déconseille l’exportation du gaz

Aujourd’hui, la transaction de vente du gaz égyptien à Israël suscite des critiques aussi nombreuses que variées, dans un contexte social rendu explosif par les grèves et protestations contre la hausse des prix. Les Egyptiens n’ont pas eu le temps d’oublier, en plus, la détresse des Palestiniens arrivés par milliers dans le Sinaï en janvier dernier à la recherche de nourriture et de carburant. Les critiques sont diplomatiquement formulées par des experts égyptiens en énergie, ou des hommes d’affaires tels que Naguib Sawiris, patron d’Orascom, qui recommande « le bon usage du gaz naturel égyptien en Egypte » et déconseille son exportation. D’autres avis sont moins réservés et s’offusquent que les règles du marché ne soient pas appliquées lorsqu’il s’agit de faire du business avec Israël. Enfin, et ce sont là les critiques les plus nombreuses et les plus virulentes : comment, d’un point de vue éthique, accepter que l’on vende du gaz à un Etat qui étrangle les Palestiniens de Gaza, obligés eux, pour cause de blocus israélien, d’alimenter les réservoirs de leurs moteurs en huile de table. Ce « cadeau d’anniversaire pour les 60 ans d’Israël », comme l’a qualifié un député égyptien, ne passe décidément pas et les initiatives se multiplient au sein et en dehors de « la campagne populaire contre la vente du gaz à Israël », une coordination de près de 8000 citoyens mise en place par le neveu du défunt président Annouar Sadate et ex-député Esmat Sadate, ainsi que son frère, fraîchement sorti de prison, Talaat Sadate.

Al Azhar s’en mêle

Une coordination de près de 8000 citoyens, mise en place par le neveu du défunt président Annouar Sadate et ex-député Esmat Sadate, ainsi que son frère, fraîchement sorti de prison, Talaat Sadate.

Les animateurs de cette campagne prévoient d’organiser des marches de protestation à partir du 5 juin, date anniversaire de la « naksa » de 1967, ils font circuler une pétition pour rassembler un million de signatures et ont, en attendant, tenté d’organiser un tribunal populaire pour juger le Premier ministre, le ministre de l’Energie ainsi que l’homme d’affaires Hussain Salem.

Une fatwa « prohibant aux employés égyptiens le fruit du travail au sein de la société qui vend du gaz à Israël » a été prononcée par un groupe d’ulémas d’Al Azhar qui s’oppose régulièrement au grand cheikh d’Al Azhar, obligé, lui, de se murer dans un silence total à cause de sa trop grande proximité avec le gouvernement. Enfin, des journaux ont rapporté que des « renforts de sécurité ont été dépêchés dans le Sinaï, au sein de la société exportatrice », afin d’empêcher toute velléité de grève sur place. Les termes de la transaction vont donc être renégociés, mais cela suffira-t-il à éluder la question politique de la vente du gaz à Israël ?

24 avril 2012 – Les Afriques

Les relations se dégradent entre Israël et l’Égypte


lundi 23 avril 2012, par La Rédaction

D’abord plutôt indifférente, la révolution de la place Tahrir ayant été marquée par l’absence quasi totale de la rhétorique anti-israélienne, l’opinion égyptienne manifeste depuis une hostilité croissante à la paix avec Israël.
La rupture du contrat gazier entre Israël et l’ Égypte constitue une nouvelle étape dans la dégradation progressive des relations entre les deux pays depuis la révolution égyptienne de février 2011. Un incident frontalier ayant occasionné la mort de plusieurs soldats égyptiens en août 2011, tués par l’armée israélienne lancée à la poursuite d’auteurs d’un attentat terroriste sur une route du sud d’Israël, avait déclenché de violentes manifestations, qui avaient culminé par le sac de l’ambassade israélienne au Caire en septembre. Depuis, les diplomates israéliens n’assurent plus qu’une présence symbolique quatre jours par semaine dans la capitale égyptienne, où ils n’arrivent plus à trouver à louer de locaux.
Le traité de paix entre Israël et l’Égypte, signé par Begin et Sadate en 1979 à la Maison-Blanche, n’a jamais été guère plus qu’une « paix froide » entre les deux voisins. Outre la coopération sécuritaire, et quelques contrats tels que l’accord gazier, les deux pays n’ont jamais établi de réelles relations commerciales ou culturelles.
Trahison de la cause arabe Si l’armée égyptienne, principale bénéficiaire d’un accord qui lui assure depuis 1979 une colossale aide militaire américaine, a toujours défendu le traité, l’opinion égyptienne n’a jamais vu de réels avantages à cette paix. La rétrocession du Sinaï par Israël n’a engendré des bénéfices que pour les puissants investisseurs, proches de Moubarak ou généraux à la retraite, qui ont depuis développé des stations balnéaires dans la péninsule.
Les islamistes, opposants historiques au régime Moubarak, n’ont cessé de dénoncer la normalisation des relations avec Israël comme une trahison de la cause arabe. Aujourd’hui majoritaires au Parlement égyptien et aux portes du pouvoir, les islamistes ont multiplié les assurances qu’ils ne remettraient pas en question la paix avec Israël, mais en les assortissant de déclarations ambiguës. En coulisse, les Américains tentent de sauvegarder un traité qui a longtemps constitué un élément essentiel de leur politique au Moyen-Orient.
Mais l’époque de l’étroite coopération entre le Mossad et les services de sécurité égyptiens est révolue, et les deux voisins se regardent désormais avec une méfiance accrue. Israël a lancé au printemps dernier des travaux de construction d’une barrière de sécurité le long de sa frontière désertique avec le Sinaï. La région sud, longtemps l’une des plus sûres d’Israël, connaît depuis plusieurs mois des états d’alerte réguliers. Les vacanciers israéliens, qui se rendaient régulièrement sur les plages du Sinaï égyptien, ont presque totalement déserté la péninsule, les autorités israéliennes déconseillant à présent formellement à leurs ressortissants de se rendre en Égypte.
L’armée égyptienne, avec l’accord tacite d’Israël, a quant à elle considérablement renforcé son dispositif militaire dans le Sinaï, ce qu’interdisait expressément le traité de paix de 1979, qui prévoyait que seules des forces de police réduites soient stationnées dans cette région.
Dimanche dernier, le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, a expliqué avoir mis en garde Nétanyahou contre le danger que représente à présent l’Égypte, et demandé que le commandement sud de l’armée israélienne soit renforcé de trois divisions. « La question égyptienne est un danger plus préoccupant que l’Iran », aurait affirmé dans une réunion le chef de la diplomatie israélienne.
Le maréchal Tantaoui, le chef de la junte au pouvoir en Égypte depuis la chute de Moubarak, a répliqué indirectement lundi au cours de manœuvres dans le Sinaï en faisant savoir : « Si quelqu’un s’approchait des frontières de l’Égypte, nous lui casserons la jambe. »

(23 avril 2012 – Adrien Jaulmes « Le Figaro »)

repris ici

Chroniques de la révolution égyptienne, le 28 février


Alaa El Aswany (EGY) – MA 28.02 – 20:30

Une rencontre littéraire exceptionnelle, Alaa El Aswany, auteur de L’Immeuble Yacoubian et de Chicago sera présent aux halles. Réservez dès maintenant!

Observateur et acteur très engagé dans les bouleversements actuels dont ses romans faisaient pressentir l’urgence, Alaa El Aswany propose 50 chroniques écrites avant, pendant et après le séisme de la révolution égyptienne. L’écrivain si jovial, si compréhensif et si plein d’empathie avec les autres, se montre inflexible dès qu’il s’en prend aux forces qui oppriment son pays. Instantanés de la réalité, ces 50 chroniques s’emparent d’une anecdote ou d’un fait divers, développent une argumentation et finissent toujours par conclure: « La démocratie est la solution ». Alaa El Aswany est également l’invité de la Foire du Livre de Bruxelles.

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Egypte: sit-in place Tahrir jusqu’au départ de l’armée


jeudi 26 janvier 2012, par La Rédaction

De jeunes militants égyptiens se sont installés jeudi sur la place Tahrir, au Caire, qu’ils ont promis d’occuper jusqu’à ce que les militaires du Conseil suprême des forces armées (CSFA) remettent le pouvoir à des civils.
Au lendemain du premier anniversaire du déclenchement de la révolution qui a chassé Hosni Moubarak du pouvoir, des dizaines de jeunes Egyptiens pro-démocrates se trouvaient toujours sur la place, épicentre de la contestation de l’hiver dernier.
« Le conseil militaire commet les mêmes abus que Moubarak. Je ne ressens aucun changement. Le conseil militaire mène une contre-révolution », dénonce Samer Qabil, un étudiant de 23 ans.
Dans un passé récent, plusieurs sit-in ont dégénéré en affrontements violents avec les forces de l’ordre.
Mercredi, des dizaines de milliers d’Egyptiens ont célébré le premier anniversaire de la révolution, mais les rassemblements ont mis en lumière les divisions et les tensions sur les suites de la transition politique.
Les militaires du CSFA ont pris les commandes du pays après le renversement de Moubarak, le 11 février dernier. Ils ont promis de restituer le pouvoir aux civils après l’élection présidentielle, prévue pour le mois de juin.
Mais de nombreux activistes en pointe lors de la contestation d’il y a un an les soupçonnent de vouloir préserver leur emprise.
« Le sit-in se poursuivra jusqu’à leur départ », a promis Alaa Abdel Fattah, blogueur détenu plusieurs jours par l’armée lors de violents incidents qui ont fait 25 morts en octobre dernier.

(26 janvier 2012 – Avec les agences de presse)

Égypte : Mohamed Morsi, ou la revanche des Frères


mercredi 25 janvier 2012, par La Rédaction

Le jour où Mohamed Morsi, jeune étudiant en génie civil, a décidé d’adhérer au mouvement des Frères musulmans, il était loin d’imaginer qu’il deviendrait en 2011 le président du plus puissant parti politique d’Égypte. Cette perspective était d’autant plus lointaine que la confrérie était à l’époque un « mouvement interdit, mais toléré ». Ce qui la mettait à la merci du régime et de sa police politique.
Pieux musulman, le futur homme politique est attiré par la doctrine de la confrérie autant que par ses activités sociales. Sa vie professionnelle ne l’empêche pas de militer au sein des Ikhwane (Frères), où il occupe divers postes, dont celui de responsable des affaires avec le Soudan, puis de directeur de la section des Affaires étrangères, avant de devenir membre du Conseil de guidance, la plus haute autorité du mouvement.
En 2005, les Frères musulmans font une entrée spectaculaire à l’Assemblée du peuple (parlement égyptien), où ils occupent 20 % des sièges. Un résultat qu’ils n’attendaient pas. Leurs membres avaient fait campagne sous l’étiquette de « candidats indépendants ». Une fois élus, ils retrouvent leur identité, qui n’était d’ailleurs un secret pour personne, et deviennent la principale force d’opposition parlementaire.
Aux législatives de novembre 2010, Mohamed Morsi, qui dirige la campagne électorale, espère dépasser le score de 20 %. Mais l’État égyptien ne l’entend pas de cette oreille, d’autant que le futur parlement doit soutenir la candidature de Gamal Moubarak, le fils du raïs, à la présidence de la République en septembre 2011. Bien avant le vote, les arrestations de Frères prennent l’allure d’une chasse aux sorcières. « Depuis l’annonce de notre participation aux législatives, plus de 1 200 Frères ont été arrêtés ou interpellés. Cinq cents sont encore détenus », tonne Mohamed Morsi. Dès cette époque, son nom commence à être familier aux journalistes. Il le sera bien davantage lors des résultats du premier tour de scrutin. Un seul Frère a été élu, et 22 sont en ballottage. Ce sont peut-être les législatives les plus truquées de l’histoire d’Égypte.
La confrérie décide de boycotter le second tour. Ils n’en auront pas besoin.
Le 25 janvier 2011 commence la révolution. Place Tahrir, 15 000 personnes environ ont répondu à l’appel du Mouvement du 6 avril. Ce groupe de jeunes activistes, qui milite contre le régime sur Facebook, décide de réunir un million de personnes le 28 janvier pour réclamer le départ de Hosni Moubarak. Les Frères musulmans prennent le train en marche. Ils viennent par centaines de milliers sur la place Tahrir. Et ne la quitteront plus.
Le 6 février, le général Omar Souleimane, nommé vice-président de la République, invite les principaux partis politiques pour trouver une « solution pacifique ». Les Frères musulmans sont de la partie. Dès lors, la confrérie n’est plus un mouvement interdit, mais un « parti politique puissant ». Mohamed Morsi est l’un des interlocuteurs de Souleimane. Dix jours après la démission de Moubarak, la confrérie annonce son intention de fonder un parti politique.
Ce sera le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), un nom débarrassé de toute connotation confessionnelle. À sa tête, Mohamed Morsi. Sa première déclaration se veut apaisante : « Le PLJ sera un parti civil aux fondements musulmans. Les partis théocratiques appartiennent au Moyen Âge et sont désormais interdits. » Son objectif : rassurer les coptes, ces chrétiens d’Égypte qui ont parfois le sentiment d’être victimes de discrimination. Du reste, par la suite, il souligne souvent que l’adhésion au PLJ est ouverte à tous les Égyptiens, qu’il compte déjà une centaine de coptes, que son deuxième vice-président, Rafic Habib, est copte…
Aux législatives de novembre 2011, le PLJ se taille, comme on s’y attendait, la part du lion. Mais le score des salafistes (24 % des voix) étonne, et inquiète les coptes, traités d’ »infidèles » par certains cheikhs de ce mouvement. Invité par la chaîne Dream TV, qui compte des millions de téléspectateurs, Mohamed Morsi répond d’une voix forte : « Les coptes font partie du tissu égyptien, ils ont autant de droits que j’en ai… Par le Dieu tout-puissant, nous avons le devoir de respecter la foi des autres. »
Le 11 janvier 2012, Morsi reçoit William Burns, sous-secrétaire d’État américain. C’est la première fois qu’une personnalité américaine de ce rang rencontre les dirigeants de la confrérie. Il affirme que son parti s’engage en faveur des droits de l’homme, de la tolérance religieuse, et qu’il respectera les obligations internationales de l’Égypte. Il dit aussi « croire en l’importance des relations égypto-américaines », mais estime qu’elles « doivent être équilibrées ».
Autant d’assurances qui donnent à penser que l’Égypte nouvelle a pris le train de la modération et de l’ouverture.

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Au Caire, 55 minutes chez les moukhabarat


Le Point.fr – Publié le 18/12/2011 à 07:34 – Modifié le 18/12/2011 à 09:36

Notre envoyé spécial au Caire a été arrêté près de la place Tahrir et soumis à un interrogatoire par les sbires du régime. Récit d’une heure interminable.

Un manifestant, samedi 17 décembre, avenue Qasr al-Eini au Caire.Un manifestant, samedi 17 décembre, avenue Qasr al-Eini au Caire. © Keystone / Rex/Sipa

C’est long, une heure. Surtout quand on ne contrôle rien.

Je comptais approcher les manifestations par le sud de l’avenue Qasr al-Eini, principal théâtre des affrontements hier. Au Caire, tout change en quelques mètres et quelques instants. Il faut se déplacer prudemment. Les autorités sont parfois des alliées, parfois des ennemies ; les civils, parfois des ennemis, parfois des alliés.

14 h 45. Je bute sur un solide barrage. Des chevaux de frise, des barbelés, des dizaines de militaires bloquent l’avenue. Impossible de passer. Je tourne à droite, marche cinquante mètres quand un moukhabarat me rattrape. Un moukhabarat, littéralement « informateur », est un membre des services de renseignements. Par dizaines de milliers, ils forment une police politique implacable. Il leur suffit de montrer une carte pour faire taire n’importe quel Égyptien.
Dernière tentative

La première fois que j’ai vu la situation se renverser, c’était en février, au Caire. Des moukhabarat, après m’avoir – encore – arrêté, m’avaient escorté hors du centre-ville. Un comité populaire nous avait stoppés. Des gens simples qui protégeaient leurs quartiers contre les criminels que Moubarak avait fait sortir des prisons. Ces gens simples ont donné des ordres à leurs maîtres. Comme une formule magique qui ne marche plus, les moukhabarat agitaient leurs cartes, criaient fort, mais ne contrôlaient plus rien. Ils ont dû fuir face à la colère de la population. Leur pouvoir immense s’évanouissait, soudain. Ils avaient peur. Peut-être se souviennent-ils de ce moment, à présent. Et peut-être se raidissent-ils dans une dernière tentative pour sauver leur pouvoir.

L’agent en civil me serre le bras, inutilement : je ne compte pas m’échapper. Le problème des moukhabarat, c’est qu’ils sont aussi implacables que compétents. En admettant que j’arrive à m’enfuir, je n’irai pas très loin. Sans un mot, il me ramène au barrage. Nous le franchissons.
Commune policière

Je rentre maintenant dans une industrie policière immense et puissante contre laquelle, seul, on ne peut rien. C’est pour cela que le soulèvement de février a été si gigantesque : il n’avait pas le choix. Il lui fallait être, littéralement, énorme. C’était la masse du régime contre la masse populaire.

L’endroit dans lequel je me trouve maintenant, entre deux barrages de l’avenue Qasr al-Eini, est pour un temps une survivance de l’ancien régime, une sorte de commune policière où règnent des centaines de militaires, de flics et de moukhabarat. C’est comme si on m’avait jeté dans un fleuve dont le courant accélère sans cesse. La seule chose que je puisse faire, c’est surnager. Ça vaut bien une cigarette. Je l’allume face au doux soleil de décembre pendant que mon moukhabarat parle avec un supérieur, un grand costaud avec un imper très Stasi.
« Je suis journaliste, c’est mon métier »

Il m’accuse : « Je t’ai vu à la manifestation hier. Tu étais devant le parlement. Tu prenais des photos. » « Bien sûr que je prenais des photos ! Je suis journaliste. C’est mon métier. » « Tes papiers ! » Je leur fourre sous le nez mon passeport et mon accréditation égyptienne. Répondre aux questions, montrer mes papiers et attendre seront mes principales activités pendant les trois prochains quarts d’heure. C’est ça, la vie, dans une commune policière.

Je remonte l’avenue Qasr al-Eini de militaire en policier, en moukhabarat, en militaire encore, en moukhabarat enfin. Sur le chemin, j’ai une vue imprenable sur le chaos laissé par les affrontements de vendredi. L’avenue semble avoir subi un tremblement de terre. Des pierres jonchent le sol, des morceaux de verre, restes d’incendies, brûlures d’asphalte. Des petits balayeurs s’affairent.
Occuper le terrain

J’aboutis devant le Majlis al-Choura, la chambre haute, l’équivalent du Sénat. C’est la mairie de cette commune policière. Les moukhabarat me font poireauter devant la grille. Ils me posent de vagues questions, j’y réponds vaguement. Nous sommes à deux cents mètres de Tahrir. La clameur des manifestants résonne. Ils sont si près ! En choeur, ils crient : « Le peuple veut la chute du maréchal. » En face, un camion approche. Dans la benne, d’énormes blocs de béton. Ils vont barricader Qasr al-Eini. Le régime est dirigé par le CSFA, Conseil supérieur des forces armées. Aux émeutes, ces militaires donnent une réponse de militaires : ils prennent les rues les unes après les autres, tiennent position, établissent des défenses et recommencent le lendemain. Ils occupent le terrain. C’est net, pas sans bavures.

J’attends, encore. Les militaires vont et viennent sans cesse tandis que les moukhabarat fument des clopes en se grattant les couilles. Ils sont entre eux.
Jolis tableaux, traces de sang

On me demande de franchir la grille. Le courant dans lequel je suis pris s’accélère ; je surnage toujours. Mon sac et moi sommes fouillés minutieusement. Les informateurs sont surpris de ne pas trouver d’appareil photo. Une pierre jetée hier du haut du parlement a eu raison de lui. Je pense « beau boulot, les gars », mais je préfère me taire.

J’entre dans le sénat après une énième série de questions. Le courant se fait plus fort. Je surnage toujours. C’est un beau bâtiment dont je ne verrai que les couloirs. La décoration est sobre, mais élégante. Des pilastres finement dorés montent jusqu’au plafond, dix mètres plus haut. Aux murs de pierre, de jolis tableaux. Sur le sol de marbre, des traces de sang. Des gouttes, des traînées de sang, sur ce sol de marbre.

Les habitants de cette commune policière ont transformé le sénat en kommandantur. On suit les traînées de sang dans le couloir. À un embranchement, elles se divisent. On prend la traînée de droite.
Ils veulent me faire peur

Tahrir est loin, soudain. Les seules clameurs que j’entends sont des hurlements. On s’approche. J’entends des coups, maintenant. Au bout d’un nouveau couloir, deux ou trois types se font tabasser. Derrière moi, un candidat au passage à tabac vient d’arriver. Il est déjà bien amoché. Il tremble. Il a peur. On le pousse au bout du couloir. Il se joint aux autres hurlements. Cette fois-ci, je suis dans les rapides. Je surnage à peine. Ça vient de commencer.

À quoi on pense, dans ces moments-là ? Au présent. Pas à ce qui peut arriver, pourrait arriver. Ils veulent me faire peur. Oui, je pense que j’ai peur, mais je ne veux pas le montrer. Alors, je ne ressens rien, sauf mon coeur qui bat, très fort. Même si, dans cinq minutes, je me fais tabasser, j’ai encore largement le temps d’être fier. C’est long, cinq minutes. Surtout quand on ne contrôle rien. Je m’adosse au mur, négligemment, pendant que le couloir hurle des cris et des coups. En face de moi, un moukhabarat me surveille. Du coin de l’oeil, il regarde si je flanche.
Je ne pense à rien

À quoi pense-t-il, à ce moment-là ? A-t-il conscience d’être un bourreau ? Non, sûrement : moi-même, je m’habitue déjà aux cris et aux coups. Ils semblent s’éloigner – alors que la bastonnade continue, toujours aussi fort. On s’y fait. Deux agents passent devant moi en traînant un type tabassé. Je le regarde et ne pense à rien. Ce moukhabarat doit avoir une quarantaine d’années, dont une vingtaine en tant que bourreau. Il allume une clope, le plus naturellement du monde. Je bois une rasade d’eau, le plus naturellement du monde.

Voici venir le chef. Un vieux beau d’une soixantaine d’années, rasé de près, élégant dans son costume parfaitement taillé. C’est le maire de la commune policière. Il fume et me pose des questions en anglais. Les habituelles – ce que je fais, ce que j’ai fait hier -, puis les autres. C’est quoi ces cartes de visite de membres du parti al-Nour ? Du parti des Frères ? Du Wasat ? « Je suis journaliste, je couvre les élections égyptiennes. Je parle à tout le monde. » Il hausse la voix et son air poli et ennuyé semble dire : « Ces cris ! N’est-ce pas irritant ? » Il me couvre de questions : Où j’habite ? Qui je connais ? D’où je viens ? Je réponds. Il est aussi courtois que ses agents sont brutaux.
« Bienvenue en Égypte »

Le couloir continue à hurler. Il sourit et avertit : « Vous savez, je vous conseille vraiment d’éviter les points chauds. Les gens peuvent être dangereux… » Le couloir hurle encore. Je souris et réponds : « Je comprends, mais que voulez-vous, c’est mon métier. » Je fais une bataille de sourires avec le chef des moukhabarat dans un interrogatoire au sénat transformé en kommandantur et, à côté de moi, des types se font tabasser. Je surnage avec ça, ce brin de fierté. C’est ce que j’ai pour l’instant. Si je me fais tabasser, je trouverai autre chose. Le chef me rend les papiers : « Merci, bienvenue en Égypte ! »

Il fait demi-tour. Une chose dénote dans son costume élégant : un mouchoir s’accroche au talon de sa chaussure gauche, comme le sparadrap du capitaine Haddock. C’est le sang : ça colle.

Je sors du sénat. Il fait toujours aussi beau. Le moukhabarat m’envoie vers une sortie. Je franchis les barbelés escorté d’un soldat. Il est 15 h 50. Je suis dehors. Je suis sorti de la commune policière, je suis sorti des rapides.

J’allume une cigarette. Je rejoins les manifestants, place Tahrir.

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Egypte: les islamistes en conflit avec l’armée sur la Constitution


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le 08.12.11 | 15h20

L'armée égyptienne a annoncé jeudi qu'un "conseil consultatif" allait commencer à préparer la rédaction de la Constitution, malgré la farouche opposition des Frères musulmans pour qui cette prérogative revient au Parlement, en passe d'être dominé par les islamistes.

L’armée égyptienne a annoncé jeudi qu’un « conseil consultatif » allait commencer à préparer la rédaction de la Constitution, malgré la farouche opposition des Frères musulmans pour qui cette prérogative revient au Parlement, en passe d’être dominé par les islamistes.
Ce conseil de 30 membres, composé d’intellectuels et de personnalités politiques, va discuter de la mise en place de l’instance qui sera chargée de rédiger la future loi fondamentale, a déclaré l’armée dans un communiqué.
Sans attendre cette annonce, les Frères musulmans ont vivement dénoncé la volonté de l’armée d’utiliser le gouvernement, dont elle a la tutelle, et ce conseil consultatif non élu pour « marginaliser » le Parlement.
La confrérie a annoncé qu’en conséquence elle refusait de participer à ce conseil consultatif.
Les Frères musulmans font valoir que c’est au Parlement en cours d’élection qu’il reviendra de nommer la commission qui rédigera la Constitution de l’Egypte post-Moubarak.
Ils dénoncent également les propos rapportés par la presse d’un membre du conseil militaire, le général Mokhtar el-Moulla, affirmant que le futur Parlement ne « serait pas représentatif de tous les Egyptiens ».
Le général, dans ces déclarations à des journaux anglo-saxons très commentées en Egypte, estime en conséquence qu’il ne faut pas laisser aux seuls parlementaires le soin de composer la commission qui rédigera la Constitution.
Une telle perspective réduirait considérablement la capacité des islamistes d’influer sur l’élaboration de la future Constitution, une étape cruciale dans la définition de l’équilibre des pouvoirs après la chute de Hosni Moubarak en février.
Elle pourrait répondre aux craintes des milieux libéraux et laïques, des chrétiens d’Egypte et des militaires face à la possibilité de voir les islamistes définir la future loi fondamentale suivant leurs principes politico-religieux.
En revanche, les Frères musulmans et leur formation politique, le parti de la Liberté et de la Justice (PLJ), y voient, outre une « marginalisation du Parlement », une tentative de pérenniser le pouvoir des militaires, à la tête du pays depuis la chute de Hosni Moubarak, en leur permettant d’influer sur les clauses de la future constitution.
Le PLJ est arrivé en tête de la première phase, terminée mardi, des élections législatives qui doivent se poursuivre jusqu’en janvier.
Les formations islamistes dans leur ensemble, comprenant également les fondamentalistes salafistes, ont remporté 65% des voix lors de ce scrutin, face aux formations libérales et laïques.
Les diverses formations islamistes ont remporté au total 113 sièges sur 168 en lice pour les deux tours de la première phase de l’élection, selon les résultats rapportés par la presse jeudi, les Frères musulmans se taillant la part du lion avec 80 sièges.
Ces résultats concernent un tiers des gouvernorats d’Egypte, dont les grandes villes du Caire et d’Alexandrie, où était organisé le vote. Les autres régions doivent élire leurs députés à partir du 14 décembre et jusqu’au 11 janvier.
Les partis islamistes comptent sur leur forte implantation dans les nombreuses régions rurales qui vont voter dans les prochaines semaines pour consolider leurs gains.
L’élection des députés du plus peuplé des pays arabes, avec plus de 80 millions d’habitants, sera suivie de la fin janvier à la mi-mars par celle des sénateurs.
Il s’agit de la première élection en Egypte depuis la chute du président Moubarak, balayé par le « Printemps arabe ».
La participation, de 52% au premier tour, a marqué le pas au second tour, avec officiellement 39% d’électeurs qui se sont rendus aux urnes lundi et mardi.

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Egypte: fin de la première phase des législatives, amertume de ElBaradei


La première phase des élections législatives égyptiennes se termine mardi après une large victoire des islamistes au premier tour, qui ont écrasé le camp libéral dix mois après la chute du président Hosni Moubarak. ( © AFP Odd Andersen)

LE CAIRE (AFP)

Les bureaux de vote, ouverts depuis lundi matin, doivent fermer à 19H00 locales (17H00 GMT), mais les électeurs étaient nettement moins nombreux à se rendre aux urnes que lors du premier tour la semaine dernière.

Cette première phase du vote concernait le tiers des gouvernorats du pays, dont les deux plus grandes villes d’Egypte, Le Caire et Alexandrie.

Une des figures de proue du camp libéral, Mohamed ElBaradei, a pris acte sur un ton amer de la défaite de cette mouvance, pourtant en pointe lors de la révolte contre le régime Moubarak du début de l’année.

« Laissez (les islamistes) gouverner et qu’ils aient leurs chances, les gens découvriront que les slogans ne suffisent pas », a-t-il affirmé au quotidien indépendant Al Chourouq.

Les Frères musulmans, les fondamentalistes salafistes et la formation Wassat (islamistes modérés), ont obtenu au total 65% des voix au premier tour de ces législatives, dont le second tour se tenait lundi et mardi pour un tiers des gouvernorats d’Egypte.

L’ensemble des libéraux atteignent 29,3%, mais, répartis sur six listes, ils ne présentent pas une force homogène, et une grande partie des duels du second tour se jouent entre candidats islamistes.

M. ElBaradei, ancien chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et prix Nobel de la Paix à ce titre s’en est aussi pris violemment à l’armée au pouvoir, soulignant l' »échec » des militaires à gérer le pays.

« Nous vivons aujourd’hui dans un système fasciste avec des tribunaux militaires et la loi d’urgence, et s’il y avait un autre round de la révolution, elle sera chargée de colère et de violence », a-t-il déclaré.

« La situation va de mal en pis après l’échec du Conseil militaire dans la gestion de la période de transition », a poursuivi M. ElBaradei, estimant que les jeunes Egyptiens, moteur du soulèvement du début d’année, « sont complètement désabusés car rien n’a changé ».

L’ex-secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa, qui affiche lui aussi ses ambitions pour la présidence en Egypte, a invité les islamistes du monde arabe à respecter les principes de la modernité et de la démocratie.

« Ceux qui ont été élus doivent comprendre qu’ils doivent vivre avec leur siècle », a-t-il déclaré lors d’une conférence à Dubaï.

Il a toutefois ajouté que les succès électoraux remportés par des islamistes en Tunisie ou en Egypte étaient la conséquence normale du jeu démocratique. « Nous ne pouvons pas parler de démocratie, puis en contester les conséquences. La démocratie, c’est ce que veut le peuple », a-t-il dit.

Les Frères musulmans, dont le parti Liberté et Justice (PLJ) est crédité de 36% des voix au premier tour, ont quand à eux mis en garde contre tout « trucage » du scrutin.

« Nous descendrons dans la rue s’il y a trucage (dans les résultats) des élections ou manipulation de la Constitution », a affirmé le guide de la confrérie Mohamed Badei dans une interview télévisée.

M. Badei a réaffirmé que les Frères « ne voulaient pas le monopole du pouvoir » mais qu’ils privilégiaient la « participation ».

La confrérie avait déjà affirmé qu’elle souhaitait un futur gouvernement de coalition, sans révéler si elle allait s’allier aux salafistes, qui la talonnent dans les résultats électoraux avec 24% des voix, ou à leurs rivaux libéraux.

La commission électorale, qui avait annoncé un taux de participation « historique » de 62% au premier tour, a ramené lundi ce chiffre à 52%, en invoquant des raisons techniques.

Après les neuf gouvernorats qui ont déjà voté pour leurs députés, les autres régions se rendront aux urnes à partir de la semaine prochaine jusqu’au 11 janvier.

Cette élection est la première depuis la démission de M. Moubarak et se poursuivra ensuite jusqu’en mars pour l’élection de la Choura (chambre haute consultative).

© 2011 AFP

La large victoire des islamistes confirmée en Égypte


Le Point.fr – Publié le 04/12/2011 à 11:56 – Modifié le 04/12/2011 à 12:08

Selon les résultats officiels du premier tour des législatives, les partis religieux auraient remporté 65 % des voix.

Les islamistes sont d'ores et déjà les grands gagnants des premières élections post-Moubarak en Égypte. Les islamistes sont d’ores et déjà les grands gagnants des premières élections post-Moubarak en Égypte. © Ahmad Radi / Landov/Maxppp

Les listes des partis islamistes, dont les Frères musulmans, ont remporté plus de 65 % des voix au premier tour des législatives en Égypte, selon des chiffres fournis par Youssri Abdel Karim, secrétaire général de la Haute Commission électorale. Les listes de l’influente confrérie, du parti salafiste Al-Nour et du parti Wassat (islamistes modérés) ont remporté 65,25 % des voix pour cette première phase des législatives marquant la rupture avec l’ère Moubarak, selon ces données officielles.

Les Frères musulmans ont remporté 36,62 % (3,5 millions de voix), Al-Nour 24,36 % (2,3 millions) et le Wassat 4,27 % (environ 416 000 voix) lors de ce premier tour organisé dans un tiers des gouvernorats, notamment les deux plus grandes villes, Le Caire et Alexandrie. Youssri Abdel Karim a précisé que la Haute Commission électorale n’annoncerait le nombre de sièges attribués à chaque liste qu’après la fin, le 10 janvier, des élections de l’Assemblée du peuple (chambre des députés) dans tous les gouvernorats.

Le cycle électoral se poursuivra du 29 janvier au 11 mars avec l’élection de la Choura (chambre haute consultative). Au deuxième tour, qui commence lundi, ces mouvements islamistes tenteront d’améliorer encore leur score pour confirmer leur domination du futur Parlement. Mais une rude bataille est attendue au sein même de ce camp, avec un duel notamment entre les candidats des Frères musulmans et d’Al-Nour pour une partie des sièges attribués au scrutin uninominal.

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