Une scène dramatique et vivante où les portes de l’enfer s’ouvrent sur un paysage désolé et de mauvais augure. Des flammes et de la fumée jaillissent de l’écart qui s’élargit tandis que des figures sombres et menaçantes se profilent en arrière-plan, suggérant l’évasion d’entités malveillantes dans le monde. Les portes elles-mêmes sont colossales, ornées de gravures sinistres complexes et brillent d’une lumière étrange et surnaturelle. Le sol se fissure, menant à un abîme de feu, autour duquel le paysage est stérile, avec des arbres morts et des roches dentelées. Le ciel au-dessus est un mélange tumultueux de rouges, oranges et noirs, reflétant le chaos déchaîné. »
C’était le soir du 10 octobre 2023. Ma famille et moi étions assis dans notre maison du quartier d’Al-Tawam, au nord de Gaza. Cette nuit-là, nous essayions de trouver la paix de l’esprit, inquiets de ce que l’avenir nous réservait.
Tout à coup, des bombes ont commencé à pleuvoir du ciel. Les fenêtres de notre maison ont toutes volé en éclats : du verre, des pierres et du béton ont été projetés partout. Nous avons été privés d’électricité alors que la fumée et les débris envahissaient notre maison, réduisant la visibilité à zéro. Nous avons couru jusqu’au sous-sol, craignant que la prochaine bombe ne soit pour nous.
C’est à ce moment-là que j’ai compris que nos vies ne seraient plus jamais les mêmes. Assis dans la cave, nous nous sommes regardés en silence. Toute ma famille tremblait de peur. Nous étions loin de nous douter qu’un génocide nous attendait.
Si seulement j’avais su qu’il fallait prévoir un génocide, j’aurais chéri ces derniers moments à la maison, ma dernière nuit dans un lit, mon dernier café du matin, mon dernier kibbe trempé dans du houmous, mon dernier jour au travail, mon dernier rire, ma dernière fête d’anniversaire, mon dernier tout. Si seulement j’avais su, j’aurais emporté quelques-uns de ces souvenirs avec moi.
Mais je n’ai pas eu l’occasion de le faire, car nous avons décidé d’évacuer immédiatement. C’est l’une des choses horribles que nous devons faire tout le temps : Essayer de deviner la moins mauvaise option parmi des options terribles.
Mais nous avons décidé d’évacuer. Ma famille de 10 personnes s’est serrée dans notre voiture, les enfants sur les adultes. En l’espace de quelques secondes, une nouvelle explosion massive s’est produite devant nous .
Ce dont je me souviens ensuite, c’est qu’il y avait du sang partout dans la voiture. J’ai attrapé mon frère de 9 ans, Adam, qui est handicapé, et je l’ai serré fort. Je me souviens encore du son de la voix de ma mère à ce moment-là. « Adam est mort, Heba, je ne peux pas le sentir », a-t-elle dit. J’ai regardé Adam et je lui ai dit qu’il allait bien, qu’il était juste en état de choc.
Nous étions tous en état de choc. D’une manière ou d’une autre, nous avons survécu. J’ai serré Adam dans mes bras alors que nous sortions de la voiture et que nous commencions à courir pour rentrer à la maison. Mon père était devant moi, le reste de ma famille derrière moi. De qui étais-je censée m’occuper ? Adam était trop effrayé pour rester seul, même pour quelques secondes, et je ne pouvais pas le laisser. Je sentais mes mains s’engourdir à force de le serrer si fort. « Papa, dis-je, aide-moi, je ne peux plus tenir Adam. « Aide-moi, je ne peux plus tenir Adam ;
Mon père a crié : « Mon doigt est coupé, Heba, je ne peux pas. » Je me suis rendu compte que la main de mon père était ouverte et que le sang coulait partout
Des débris jonchaient les rues, ressemblant à s’y méprendre à un tremblement de terre. Mais ce n’était pas un tremblement de terre. C’était une bombe envoyée pour nous tuer. Peut-être était-ce une bombe stupide, une bombe imprécise, qui peut Israël exporte des technologies militaires sophistiquées dans le monde entier, mais lorsqu’il s’agit de nous, Palestiniens de Gaza, la technologie la plus récente n’est pas nécessaire, car Israël « se concentre sur (la création de) dégâts, et non sur la précision ». C’est ce qu’un porte-parole de l’armée israélienne a déclaré le 10 octobre 2023, le même jour que la guerre de Gaza.
Nous nous sommes précipités chez nos voisins en espérant et en priant qu’ils étaient à la maison. Leur fils est infirmier et a soigné mon père pendant que nous attendions une ambulance. Des heures se sont écoulées sans ambulance. Nous avons appris plus tard que deux des ambulances qui avaient tenté de nous atteindre avaient été bombardées. Finalement, une ambulance est arrivée, al-hamdullilah.
Nous nous sommes abrités à l’hôpital al-Shifa pendant que ma famille était soignée. Ma nièce d’un an, Sarah, avait besoin de points de suture à la tête et à la main. Elle était tellement choquée qu’elle ne pouvait même pas pleurer. Mon frère Mohammed avait une attelle à la tête et devait être opéré, ce que nous avons pu faire 76 jours plus tard. La main de mon père était si gravement blessée que les médecins pensaient devoir l’amputer. Mais Dieu merci, nous l’avons soignée et nettoyée tous les jours, et il a toujours sa main.
Nous avons trouvé refuge à l’hôpital al-Shifa pendant un mois. Nous avions à peine de quoi dormir et nous n’avions pas accès à l’eau potable. Chaque jour, des centaines de personnes arrivaient à l’hôpital, certaines gravement blessées, d’autres déjà mortes. L’agonie des familles des victimes était insoutenable. La seule chose dont je me souvienne aujourd’hui d’Al-Shifa, ce sont les cris de douleur incessants qui emplissaient les couloirs de l’hôpital. Ensuite, nous avons été contraints de nous déplacer vers le sud, à Khan Younis.
Nous avons fait le dangereux voyage à pied. Pour la première fois, j’ai ressenti ce que mes grands-parents ont dû ressentir lors de la Nakba en 1948. J’ai compris pourquoi ils gardaient les clés de leurs maisons. Ces clés étaient remplies de souvenirs.
Nous sommes restés 24 jours à Khan Younes, où nous n’avions presque rien. Nous n’avions pas de gaz pour cuisiner, pas d’électricité, pas de moyen de transport et pas d’endroit sûr pour nous abriter. Nous étions parmi les plus chanceux à pouvoir prendre une douche.
Ensuite, l’armée israélienne nous a ordonné de partir. Nous avons déménagé à nouveau, cette fois à Rafah.
En marchant dans les rues de Rafah aujourd’hui, je ne vois que la peur. La peur de la vie et la peur de la mort. Nous vivons dans la peur à chaque instant. Nous craignons également de ne jamais retrouver notre vie.
Dans cette guerre, qui suis-je ? Pour le monde, il semble que je ne sois qu’un numéro. Une personne qui figure sur une liste de personnes déplacées, de personnes blessées ou de personnes souffrant de la faim et de la soif. Et si la prochaine bombe est pour moi, je serai un autre numéro à ajouter au nombre de personnes tuées dans le génocide, puis je serai oublié.
Chers amis et anciens amis : Il est temps d’arrêter de se dégriser.
C’était sans fondement au départ, mais maintenant, près d’un semestre après que vos « yeux ont été ouverts », il est temps de revenir à la réalité. Il est temps de revenir à une vision d’ensemble, de réactiver la conscience et le sens moral qui ont été éteints et rangés le 7 octobre, et de voir ce qui s’est passé depuis lors pour nous et, oui, pour les Palestiniens.
Il est temps d’enlever les bandeaux que vous avez mis sur les yeux, ne voulant pas voir et ne voulant pas savoir ce que nous faisons à Gaza, parce que vous avez dit que Gaza le méritait et que ses catastrophes ne vous intéressent plus.
Le 7 octobre, vous étiez en colère, vous vous êtes sentis humiliés, vous avez été stupéfaits, vous avez été terrifiés, vous avez été choqués et vous avez eu du chagrin. C’était tout à fait justifié. Ce fut un choc énorme pour tout le monde.
Mais les conclusions que vous avez tirées de ce choc n’étaient pas seulement erronées, elles étaient à l’opposé des conclusions qu’il aurait fallu tirer de la catastrophe.
On ne s’en prend pas aux gens dans leur douleur, et certainement pas aux gauchistes sionistes qui ont l’art de souffrir, mais il est temps d’évacuer le choc et de se réveiller. Vous pensiez que ce qui s’est passé le 7 octobre justifiait quoi que ce soit ? Eh bien, ce n’est pas le cas. Vous pensiez qu’il fallait à tout prix détruire le Hamas ? Eh bien, non. Il ne s’agit pas seulement de justice, mais aussi de reconnaître les limites de la force.
Ce n’est pas que vous soyez mauvais et sadiques, ou racistes et messianiques, comme la droite. Vous avez seulement pensé que le 7 octobre a soudainement prouvé ce que la droite a toujours dit : qu’il n’y a pas de partenaire parce que les Palestiniens sont des sauvages.
Cinq mois devraient suffire pour que vous vous remettiez non seulement de votre réaction instinctive, mais aussi de vos conclusions. Le 7 octobre n’aurait pas dû changer vos principes moraux ou votre humanité. Mais il les a bouleversés, ce qui est un sérieux motif d’inquiétude quant à la solidité de vos principes moraux.
L’attaque vicieuse et barbare du Hamas contre Israël ne change pas la situation fondamentale dans laquelle nous vivons : celle d’un peuple qui harcèle et tyrannise un autre peuple de différentes manières et avec une intensité variable depuis plus d’un siècle maintenant.
Gaza n’a pas changé le 7 octobre. C’était l’un des endroits les plus misérables de la planète avant le 7 octobre et il l’est devenu encore plus après.
La responsabilité d’Israël dans le sort de Gaza et sa culpabilité n’ont pas changé en ce jour terrible. Il n’est pas le seul coupable et ne porte pas l’entière responsabilité, mais il joue un rôle décisif dans le destin de Gaza.
La gauche ne peut se soustraire à cette responsabilité et à cette culpabilité. Après le choc, la colère et le chagrin, il est temps maintenant de se dégriser et de regarder non seulement ce qui nous a été fait, comme les médias israéliens nous ordonnent de le faire jour et nuit, mais aussi ce que nous faisons à Gaza et à la Cisjordanie depuis le 7 octobre.
Non, notre catastrophe ne compense pas cela, rien au monde ne peut compenser cela. La droite célèbre la souffrance palestinienne, s’en délecte et en redemande, tandis que la gauche détourne le regard et garde un silence effroyable. Elle est encore en train de « dégriser ». Il est temps que cela cesse.
Ce que le monde entier voit et comprend devrait également être compris par au moins une partie de ce qui fut le camp de la conscience et de l’humanité. Nous ne reviendrons pas sur le rôle de la gauche sioniste dans l’occupation et l’apartheid, ni sur son hypocrisie.
Mais comment un peuple entier peut-il détourner les yeux des horreurs qu’il commet dans son arrière-cour, sans qu’il reste un camp pour les dénoncer ? Comment une guerre aussi brutale peut-elle se poursuivre sans qu’aucune opposition ne se manifeste au sein de la société israélienne ?
La gauche sioniste, qui veut toujours se sentir bien dans sa peau et se considérer comme éclairée, démocratique et libérale, doit se rappeler qu’un jour, elle se posera la question, ou se la fera poser par d’autres : Où étiez-vous lorsque tout cela s’est produit ? Où étiez-vous ? Vous étiez encore en train de dégriser ? Il est temps que cela cesse, car il se fait déjà tard. Très tard.
Depuis le 7 octobre, la guerre menée par l’État d’Israël contre les Palestiniens de Gaza a fait plus de 30 000 mort·es et des centaines de milliers de blessé·es du côté palestinien. On parle de génocide, de famine, d’apartheid. Des termes trop forts, prétendent la quasi-totalité du personnel politique et des médias dominants. Non, nous expliquent Sarra Grira et Alain Gresh, deux rédacteurs du journal en ligne OrientXXI, dans ce nouvel épisode de notre podcast Contresons, réalisé par Chris Den Hond et Mylène Sauloy.
Des guerres à Gaza, il y en a eu plusieurs déjà. Alors pourquoi celle-ci est-elle particulièrement sidérante ? On tente de comprendre pourquoi un génocide filmé en direct par les victimes suscite aussi peu de réactions au niveau international. Et comment s’est mis en place l’alignement des médias et des dirigeants politiques occidentaux sur la position d’Israël ? On entend dans cet épisode des enregistrements effectués dans le cortège Palestine lors de la manifestation pour les droits des femmes à Paris le 11 novembre 2023.
Par Chris Den Hond et Mylène Sauloy Contretemps.eu Jeudi, 29 février 2024
Ce qu’a fait Aaron Bushnell est un acte d’amour féroce, fondé sur des principes, dans une situation de désespoir extrême. Il a déclaré sans détour que, même au cœur de l’empire, les mensonges du sionisme ne tenaient plus.
La légitimité d’Israël en Occident n’est pas pour demain. Il est impossible de revenir sur ce que nous avons vu au cours des cinq derniers mois, impossible d’oublier collectivement les bombardements d’hôpitaux, les enfants blêmes sous le choc et le plâtre, les infirmières abattues par des tireurs embusqués alors qu’elles travaillaient dans des salles d’opération, les amputations sans anesthésie, les tout-petits qui réclament leurs parents martyrs, les femmes enceintes affamées, les hommes exhibés nus et ligotés, les personnes âgées emprisonnées et torturées, les corps des êtres chers dévorés par les animaux, les bébés qui crient de douleur parce qu’ils n’ont pas été nourris (et ne le seront pas), les corps des nourrissons qui se décomposent dans les couveuses des unités de soins intensifs. Nous ne reverrons jamais les adolescents qui campent pour bloquer les camions d’aide, les soldats qui paradent avec des sous-vêtements de femmes palestiniennes, les TikToks de célébration des Israéliens qui font exploser des bâtiments universitaires et des écoles, les politiciens qui appellent publiquement à « tout éliminer » et à » les tuer tous ». En décembre dernier, après l’auto-immolation d’une citoyenne américaine devant l’ambassade d’Israël à Atlanta (lors d’une manifestation rapidement enterrée par les médias), le consul général de l’ambassade a qualifié cet acte de « haine » contre Israël, affirmant que « le caractère sacré de la vie est notre valeur la plus élevée ». Cette déclaration nous fait rire. Nous rions pour ne pas hurler.
Aaron Bushnell a crié « LIBEREZ LA PALESTINE » alors que son corps brûlait devant l’ambassade d’Israël à Washington le 25 février 2024. La force de son acte a réveillé les parties les plus profondes de ceux d’entre nous qui luttent contre le génocide israélo/américain depuis le cœur de l’empire. Nous nous ferons l’écho à ses cris et nous les amplifierons, un million de fois, et de tous les coins de la terre. Dans la mort, Bushnell rejoint les martyrs de la résistance en Palestine, non seulement tous les résistants mais aussi tous les civils tués. Le jour de la manifestation de Bushnell, près de cent personnes ont été martyrisées en Palestine, dont Muhammed al-Zayegh, âgé d’à peine 60 jours, qui est mort de faim. Nous les honorons tous.
Ce que l’acte de Bushnell a révélé – comme il le savait – c’est que les mensonges sionistes s’effondrent. Le jour où il s’est immolé, Aaron Bushnell a porté son treillis militaire et s’est déclaré membre actif de l’armée de l’air américaine, non pas parce qu’il voulait récupérer la nationalité américaine (c’était un anarchiste déclaré qui avait l’intention de quitter l’armée de l’air), mais parce qu’il avait compris le pouvoir de sa position par rapport à l’empire américain. Ce que son acte a déclaré de manière si indéfectible, c’est que même au cœur de l’empire – un homme blanc de vingt-cinq ans, un membre actif de l’armée américaine – les mensonges n’ont plus cours.
PLUS DE 400 000 MANIFESTANTS PRO-PALESTINIENS DESCENDENT DANS LA RUE LORS D’UNE MARCHE NATIONALE À WASHINGTON DC POUR MONTRER LEUR SOUTIEN AUX PALESTINIENS ET APPELER À UN CESSEZ-LE-FEU ET À LA FIN DU GÉNOCIDE À GAZA, LE 13 JANVIER 2024. (PHOTO : EMAN MOHAMMED)
Nous ne pouvons pas ignorer ce que cela signifie. Malgré une machine de propagande mondiale qui fait des heures supplémentaires pour nous dire que cibler des hôpitaux n’est pas cibler des hôpitaux et que tuer des civils n’est pas tuer des civils, la prise de conscience des crimes d’Israël se répand comme une traînée de poudre dans le monde entier. Cela est dû en grande partie à la ténacité de la résistance armée palestinienne, qui a réussi à défier le « mur de fer » israélien de 40 miles de long et qui continue à résister à une invasion israélienne sur le terrain. Parallèlement, des artistes, des écrivains, des journalistes et des universitaires palestiniens ont travaillé sans relâche pour démanteler la colonisation sioniste de l’imaginaire mondial, en particulier occidental, au moyen d’histoires, de chansons, de musique et d’œuvres d’art.
Cette résistance sous toutes ses formes a des répercussions. Depuis le 7 octobre, les gens continuent d’envahir les rues de tous les pays en scandant « Par milliers, par millions, nous sommes tous des Palestiniens ». Josephine Guilbeau, ancien membre de l’armée américaine, a déclaré lundi lors d’une veillée pour Bushnell : « Je ne pense pas que ce soit la dernière fois que nos militaires résistent. J’ai l’impression qu’il y a beaucoup, beaucoup d’Aaron dehors. Qui parlera en leur nom ? Les mensonges d’Israël ont longtemps manqué de légitimité parmi les peuples du Sud, et en particulier du Moyen-Orient. Mais aujourd’hui, les fans de Taylor Swift se rendent à des manifestations en brandissant des pancartes déclarant « Swifties for Palestine » et des vidéos d’avocats proclamant l’occupation israélienne « existentiellement illégale » devant la Cour internationale de justice deviennent virales sur Twitter. Les journalistes palestiniens qui font des reportages à Gaza sont plus suivis en ligne que le président américain, et des bâtiments en Occident sont ornés de leurs images et de leurs citations. Dans un communiqué réagissant à la protestation de M. Bushnell, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) a déclaré : « L’acte de M. Bushnell indique que le statut de la cause palestinienne, en particulier dans les cercles américains, est de plus en plus profondément ancré dans la conscience mondiale et révèle la vérité de l’entité sioniste en tant qu’outil colonial bon marché entre les mains d’un impérialisme sauvage ».
La légitimité d’Israël s’effondre, entraînant avec elle l’empire américain. Il ne s’agit pas de suggérer qu’Israël tire les ficelles, mais plutôt de montrer jusqu’où les États-Unis sont prêts à aller avant de risquer leur hégémonie dans la région. Le refus de tous les États, à l’exception d’une poignée, de rejoindre la coalition menée par les États-Unis dans le cadre de l’opération « Prosperity Guardian » pour vaincre le Yémen dans la mer Rouge (l’Arabie saoudite, qui a depuis rejoint le groupe des BRICS aux côtés de la Chine, de la Russie et de l’Iran, figure parmi les absents) est révélateur. L’impérialisme des médias occidentaux est de plus en plus dénoncé, et les voix du Sud qui situent ces mensonges dans l’histoire bien plus longue de la violence coloniale occidentale sont entendues d’une nouvelle manière, par une nouvelle génération.
Lors d’une conférence donnée le 21 octobre 2023, l’historien Ilan Pappé a déclaré : Avant le mois d’octobre, j’ai écrit un article disant que c’était le début de la fin du sionisme… après la semaine dernière, j’en suis encore plus convaincu. Comme cela s’est produit dans l’Afrique du Sud de l’apartheid, nous vivons une période très dangereuse. Le régime lutte pour sa vie….historiquement, je n’ai aucun doute sur le fait que c’est ce que nous vivons, nous vivons la cruauté et la brutalité parce qu’un certain régime est en train de perdre, non pas parce qu’il gagne, mais parce qu’il perd ». Les attaques d’Israël contre l’Iran et le Liban, qui tentent d’entraîner les États-Unis dans une guerre régionale plus large, sont un autre signe de ce désespoir.
Lorsqu’il s’est tenu devant l’ambassade d’Israël lundi, englouti par des boules de flammes orange foncé, Aaron Bushnell a choisi d’incarner son refus de cette brutalité. Je ne serai plus complice d’un génocide », avait-il expliqué quelques instants plus tôt. « Je suis sur le point de m’engager dans un acte de protestation extrême, mais comparé à ce que les gens vivent en Palestine aux mains de leurs colonisateurs, ce n’est pas du tout extrême. C’est ce que notre classe dirigeante a décidé de considérer comme normal ». Ce que Bushnell a fait est un acte d’amour féroce, fondé sur des principes, dans une situation de désespoir extrême, dans laquelle la machinerie politique américaine et les médias sionistes ont confiné ceux d’entre nous qui ne souhaitent pas être complices d’un génocide dans un espace de plus en plus restreint.
L’acte de Bushnell sera (et a été) déformé par les médias impérialistes, ce qui n’est pas une surprise. Comme pour Mohamed Bouazizi, le vendeur tunisien qui s’est immolé par le feu pour protester contre la corruption du gouvernement tunisien, ils tenteront de vider la mort de Bushnell de son contenu politique, de pathologiser son acte comme étant en quelque sorte le résultat d’une maladie mentale individuelle (comme si cela s’opposait en soi à l’action), de le considérer comme une tragédie personnelle. Même au sein du mouvement, les organisateurs ont réagi à la mort de Bushnell en affirmant que nous devions agir « collectivement » et non « individuellement », déplorant son acte comme malavisé et désespéré. Mais ce que la manifestation de Bushnell a démontré, c’est que nous sommes toujours et déjà collectifs, et que c’est grâce à cela que la vérité de la violence israélienne ne sera pas supprimée. Cette vérité résonnera dans les fissures les plus profondes de l’empire, témoignant de la survie de ce qui nous lie à ceux qui résistent en Palestine. Elle apparaîtra dans un éclat de lumière, dans des millions de corps déferlant dans les rues, dans un chœur de voix tonnant les mots de Bushnell et ceux de chaque personne résistant en Palestine depuis 1948 :
LIBEREZ LA PALESTINE
LIBEREZ LA PALESTINE
LIBEREZ LA PALESTINE
N.d.T.Dans l’article original on dit de lui : «raised in a zionist household ». J’ai supprimé cette mention car elle ne correspond pas à la vérité.Vérification faite, Aaron n’était pas juif
L’UE va débloquer « en début de semaine prochaine » 50 millions d’euros d’aide à l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), a annoncé vendredi la Commission européenne, avant le déblocage ultérieur de 32 millions supplémentaires.
L’Union européenne avait réclamé fin janvier un audit sur le fonctionnement de l’UNRWA, après des accusations sur la possible implication de certains de ses employés dans l’attaque du 7 octobre en Israël.
La Commission avait alors précisé qu’elle déciderait ou non de suspendre son financement, en fonction des résultats de l’enquête de l’ONU.
Bruxelles a « salué » vendredi cette enquête onusienne et la création d’un « groupe indépendant » destiné à évaluer l’UNRWA et sa « neutralité », selon un communiqué. La Commission a par ailleurs indiqué avoir « trouvé un accord avec l’UNRWA ». L’agence s’est dite « prête à ce qu’un examen de ses employés soit mené afin de confirmer qu’aucun n’a participé aux attaques » et « à ce que des contrôles supplémentaires soient établis pour limiter ce risque à l’avenir ».
Selon un porte-parole de la Commission, cet examen portera sur les employés de l’UNRWA à Gaza comme en Cisjordanie.
L’UNRWA a également « accepté le lancement d’un audit mené par des experts externes nommés par l’UE en vue d’examiner les systèmes de contrôle pour empêcher l’implication éventuelle de son personnel et de ses fonds dans des activités terroristes ». Enfin, l’agence « accepte de renforcer son département d’enquêtes internes ».
Ces points d’entente permettent le déblocage de 50 millions d’euros, tandis que deux tranches supplémentaires de 16 millions d’euros chacune seront débloquées ultérieurement « en fonction de l’application de l’accord ».
Au-delà de son soutien à l’UNRWA, la Commission européenne a par ailleurs annoncé vendredi allouer 68 millions d’euros supplémentaires d’aide d’urgence aux Palestiniens en 2024. « Les circonstances détermineront quelles sont les meilleurs organisations pour bénéficier de ce soutien. Aucune n’est exclue, y compris l’UNRWA », a souligné le porte-parole de l’exécutif européen. L’UNRWA emploie quelque 30.000 personnes dans les territoires occupés palestiniens, au Liban, en Jordanie et en Syrie, où elle gère notamment écoles et hôpitaux.
Ils viennent de passer 15 jours à soigner les malades de Gaza, à encourir les même risques que leurs collègues médecins palestiniens, encore vivants et épuisés, dans les rares hôpitaux qui fonctionnent encore dans la bande de Gaza.
Ils reviennent tandis qu’une autre équipe médicale organisée par PALMED part les remplacer !
La bande de Gaza est un cimetière pour des milliers d’enfants, selon les Nations unies.
Depuis le 7 octobre, les attaques israéliennes ont tué au moins 10 000 enfants, selon les autorités palestiniennes. Cela représente un enfant palestinien tué toutes les 15 minutes, soit environ un enfant sur 100 dans la bande de Gaza.
Des milliers d’autres sont portés disparus sous les décombres, la plupart d’entre eux étant présumés morts.
Les enfants survivants, qui ont subi l’impact traumatique de multiples guerres, ont passé leur vie à l’ombre d’un blocus israélien, qui influence chaque aspect de leur existence depuis leur naissance.
Sans eau salubre, beaucoup plus d’enfants mourront de privations et de maladies ». – Catherine Russell, directrice générale de l’UNICEF
Dernier bilan du ministère de la Santé à Gaza : « L’occupation israélienne commet 12 massacres contre des familles à Gaza, entraînant 107 morts et 165 blessés au cours des dernières 24 heures. »
Un bilan qui s’élève désormais à 27 238 martyrs et 66 452 blessés depuis le 7 octobre de l’année dernière.»
Gidéon Lévy écrit dans Haaretz : « 11 500 enfants ont été tués à Gaza. L’horreur de cette échelle n’a aucune justification »
« Deux cent soixante noms de bébés qui n’avaient pas atteint l’âge d’un an, des centaines de noms d’enfants d’un ou deux ans ; les tout-petits âgés de trois ou quatre ans ; des enfants âgés de cinq, six, sept ou huit ans, jusqu’aux jeunes âgés de 17 ans au moment de leur décès.« , énonce-t-il dans la presse israélienne, en se demandant si les lecteurs se rendent compte de l’étendue et de la monstruosité
L’aviation israélienne bombarde le quartier d’Al-Manara et les chantiers de l’hôpital européen de Gaza à Khan Younès.
DÉVASTATION
Les Palestiniens inspectent leurs maisons lourdement endommagées après le retrait des forces israéliennes de diverses zones du nord de Gaza.
Une scène effrayante documentée par Euro-Med Monitor montre l’exécution d’un civil palestinien qui cherchait de la nourriture près du stade Palestine à Gaza.
Comme beaucoup d’autres, il a été abattu par des tireurs d’élite israéliens postés sur les toits qui ciblent quotidiennement les civils, tout en empêchant les ambulances d’accéder aux blessés.
Plus de 5 jours se sont écoulés et, sans nouvelles, on craint le pire pour le sort de la petite Hind et de l’équipe du Croissant-Rouge qui est allée la secourir .
LES MONSTRES QUI SE PERMETTENT ENSUITE DE TRAITER D’ANTISÉMITE LA TERRE ENTIÈRE
« Oui, nous incendions les maisons. Autant que nous pouvons. Et nous en sommes fiers. » », a déclaré le directeur général du parti sionisme religieux, Yehuda Vald, qui a également participé à l’invasion de Gaza, affirme un article israélien qui révèle que des généraux israéliens ont ordonné aux soldats d’incendier des maisons palestiniennes à Gaza.
Plus de 800 fonctionnaires en poste aux États-Unis et en Europe ont signé une déclaration avertissant que les politiques de leurs propres gouvernements concernant la guerre entre Israël et Gaza pourraient constituer de « graves violations du droit international ».
La « déclaration transatlantique », dont une copie a été transmise à la BBC, indique que leurs administrations risquent d’être complices de « l’une des pires catastrophes humaines de ce siècle », mais que leurs conseils d’experts ont été mis de côté.
Il s’agit du dernier signe en date d’un désaccord important au sein des gouvernements de certains des principaux alliés occidentaux d’Israël.
L’un des signataires de la déclaration, un fonctionnaire du gouvernement américain ayant plus de 25 ans d’expérience dans le domaine de la sécurité nationale, a déclaré à la BBC que leurs préoccupations étaient « continuellement rejetées ».
« Les voix de ceux qui comprennent la région et la dynamique n’ont pas été écoutées », a déclaré le fonctionnaire.
« Ce qui est vraiment différent ici, c’est que nous ne sommes pas en train d’échouer à empêcher quelque chose, nous sommes activement complices. C’est fondamentalement différent de toute autre situation dont je me souvienne », a ajouté le fonctionnaire, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat.
La déclaration est signée par des fonctionnaires des États-Unis, de l’Union européenne et de 11 pays européens, dont le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne.
Elle indique qu’Israël n’a montré « aucune limite » dans ses opérations militaires à Gaza, « ce qui a entraîné la mort de dizaines de milliers de civils qui auraient pu être évités ; et… le blocage délibéré de l’aide… mettant des milliers de civils en danger de famine et de mort lente ».
« Il existe un risque plausible que les politiques de nos gouvernements contribuent à de graves violations du droit international, à des crimes de guerre, voire à un nettoyage ethnique ou à un génocide.
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L’identité des personnes qui ont signé ou approuvé la déclaration n’a pas été rendue publique et la BBC n’a pas vu la liste des noms, mais elle croit savoir que près de la moitié sont des fonctionnaires qui ont chacun au moins dix ans d’expérience au sein du gouvernement.
Un ambassadeur américain à la retraite a déclaré à la BBC que la coordination des fonctionnaires dissidents de plusieurs gouvernements était sans précédent.
« C’est unique dans mon expérience de la politique étrangère des 40 dernières années », a déclaré Robert Ford, ancien ambassadeur américain en Algérie et en Syrie.
Il a comparé cette situation aux préoccupations exprimées par l’administration américaine en 2003 au sujet des faux renseignements ayant conduit à l’invasion de l’Irak, mais il a ajouté que cette fois-ci, de nombreux fonctionnaires ayant des réserves ne voulaient pas rester silencieux.
« Il y avait des gens qui savaient mieux que nous, qui savaient que les renseignements étaient triés sur le volet, qui savaient qu’il n’y avait pas de plan pour le lendemain, mais personne n’a rien dit publiquement. Et cela s’est avéré être un grave problème », a-t-il déclaré.
« Les problèmes liés à la guerre de Gaza sont si graves et les implications sont si sérieuses qu’ils se sentent obligés de les rendre publics », a-t-il ajouté.
Les fonctionnaires affirment que la nature actuelle du soutien militaire, politique ou diplomatique de leurs gouvernements à Israël, « sans conditions réelles ni obligation de rendre des comptes », risque non seulement d’entraîner la mort de nouveaux Palestiniens, mais aussi de mettre en danger la vie des otages détenus par le Hamas, ainsi que la sécurité d’Israël et la stabilité de la région.
« L’opération [militaire] n’a pas contribué à l’objectif d’Israël de vaincre le Hamas et a au contraire renforcé l’attrait du Hamas, du Hezbollah et d’autres acteurs négatifs ».
Pourquoi Israël et le Hamas se battent-ils à Gaza ?
Au moins la moitié des bâtiments de Gaza ont été endommagés ou détruits, selon une nouvelle analyse
Les fonctionnaires affirment qu’ils ont exprimé leurs préoccupations professionnelles en interne, mais que des considérations politiques et idéologiques ont eu raison d’eux.
Un haut fonctionnaire britannique qui a approuvé la déclaration a déclaré à la BBC que les fonctionnaires étaient de plus en plus inquiets.
Il a évoqué les retombées de l’arrêt préliminaire rendu la semaine dernière par la Cour internationale de justice des Nations unies dans une affaire portée par l’Afrique du Sud, qui exigeait d’Israël qu’il fasse tout ce qui est en son pouvoir pour prévenir les actes de génocide.
Le rejet de l’affaire de l’Afrique du Sud par notre ministre des affaires étrangères, qui l’a qualifiée d' »inutile », met en péril l’ordre international fondé sur des règles.
Nous avons entendu des ministres rejeter des allégations contre le gouvernement israélien apparemment sans avoir reçu un avis juridique approprié et bien étayé. Notre approche actuelle ne semble pas être dans le meilleur intérêt du Royaume-Uni, de la région ou de l’ordre mondial », a déclaré le fonctionnaire qui a également parlé sous le couvert de l’anonymat.
Le Département d’État américain, la Commission européenne et le Bureau des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement du Royaume-Uni ont été sollicités pour des commentaires.
La déclaration suggère que si l’opération militaire d’Israël a causé une destruction sans précédent de vies et de biens à Gaza, il ne semble pas y avoir de stratégie viable pour éliminer efficacement le Hamas en tant que menace, ni de solution politique pour assurer la sécurité d’Israël à plus long terme.
Le rapport demande aux gouvernements américain et européen de « cesser d’affirmer au public que l’opération israélienne repose sur une logique stratégique et défendable ».
Les responsables israéliens ont toujours rejeté ces critiques. En réponse à cette nouvelle déclaration, l’ambassade d’Israël à Londres a déclaré qu’elle était liée par le droit international.
Elle a ajouté : « Israël continue d’agir contre une organisation terroriste génocidaire qui commet des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ».
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a affirmé que seule une pression militaire totale sur le Hamas permettrait d’obtenir une nouvelle libération des otages, tandis que l’armée affirme avoir détruit d’importantes infrastructures souterraines utilisées par le groupe, notamment des centres de commandement, des sites d’armement et des installations destinées à la détention d’otages.
Samedi, l’armée israélienne a déclaré « Dans [la ville de] Khan Yunis, nous avons éliminé plus de 2 000 terroristes en surface et sous terre ».
Israël a rejeté à plusieurs reprises les allégations selon lesquelles il prendrait délibérément pour cible des civils, accusant le Hamas de se cacher à l’intérieur et autour des infrastructures civiles.
Depuis le début de la guerre, plus de 26 750 Palestiniens ont été tués et au moins 65 000 blessés, selon les autorités sanitaires de la bande de Gaza, gouvernée par le Hamas et soumise au blocus d’Israël et de l’Égypte depuis 2007.
Les autorités israéliennes affirment que 9 000 des personnes tuées étaient des militants du Hamas, mais elles n’ont pas fourni de preuves de ce chiffre. Plus de 1 200 personnes ont été tuées en Israël lors des attaques du Hamas du 7 octobre, et 100 autres ont succombé à leurs blessures selon les autorités israéliennes. Plus de 250 personnes ont été prises en otage à Gaza.
L’administration américaine a déclaré à plusieurs reprises que « beaucoup trop de Palestiniens ont été tués » à Gaza et qu’Israël a le droit de faire en sorte que le 7 octobre « ne se reproduise plus jamais ».