BDS news : LE JAPONAIS ITOCHU CORPORATION MET FIN À SON PARTENARIAT AVEC LE MARCHAND DE MORT ELBIT SYSTEMS


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La filiale d’aviation du vaste conglomérat japonais Itochu Corporation a annoncé l’annulation de sa coopération avec le fabricant de drones tueurs israélien Elbit Systems, rapporte l’agence Reuters.

BDS : le japonais Itochu Corporation met fin à son partenariat avec le marchand de mort Elbit Systems
Militants bloquant l’usine des usines d’Elbit en Angleterre

Cette décision est la conséquence directe de  l’ordonnance de la Cour Internationale de Justice, qui a demandé à toutes les parties signataires de la Convention pour la prévention des génocides de prendre toutes mesures en ce sens, a précisé la direction du groupe nippon.

Ce dernier avait signé l’année dernière un accord de « coopération stratégique » avec Elbit Systems

 « Compte tenu de l’ordonnance de la CIJ du 26 janvier et du fait que le gouvernement japonais soutient le rôle de la Cour, nous avons déjà suspendu les nouvelles activités liées au protocole d’entente et prévoyons de mettre fin au protocole d’ici la fin du mois de février », précise encore Itochu.

Fondée il y a près de deux siècles, Itochu est une société de commerce qui a diversifié ses investissements au fil des décennies, dans l’énergie, l’industrie, la high-tech notamment. Elle a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 31 milliards d’euros environ.

CAPJPO-EuroPalestine

Nous disposons d’un outil pour mettre fin aux crimes de guerre d’Israël : le BDS


Naomi Klein (Je n’ai pas pu copier les images saisissantes du texte original publié dans The Guardian. Vous les trouverez en cliquant sur le lien de Naomi Klein)

Naomi Klein

En 2005, les Palestiniens ont appelé le monde à boycotter Israël jusqu’à ce qu’il se conforme au droit international. Et si nous avions écouté ? 10 Janv. 2024 12.00 CET

Il y a exactement 15 ans cette semaine, j’ai publié un article dans le Guardian. Il commençait ainsi :

« Il est temps. Il est grand temps. La meilleure stratégie pour mettre fin à une occupation de plus en plus sanglante est qu’Israël devienne la cible du type de mouvement mondial qui a mis fin à l’apartheid en Afrique du Sud. En juillet 2005, une vaste coalition de groupes palestiniens a élaboré des plans en ce sens. Ils ont appelé « les personnes de conscience du monde entier à imposer de vastes boycotts et à mettre en œuvre des initiatives de désinvestissement à l’encontre d’Israël, semblables à celles appliquées à l’Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid ». La campagne Boycott, Désinvestissement et Sanctions était née.

En janvier 2009, Israël a déclenché une nouvelle phase choquante de massacres dans la bande de Gaza, en baptisant sa campagne de bombardements féroces « Opération Plomb durci ». Elle a tué 1 400 Palestiniens en 22 jours ; le nombre de victimes du côté israélien était de 13. Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase et, après des années de réticence, je me suis prononcée publiquement en faveur de l’appel au boycott, au désinvestissement et aux sanctions contre Israël, lancé par les Palestiniens jusqu’à ce qu’il se conforme au droit international et aux principes universels des droits de l’homme, et connu sous le nom de BDS.

Bien que le BDS ait bénéficié d’un large soutien de la part de plus de 170 organisations de la société civile palestinienne, le mouvement est resté modeste au niveau international. Au cours de l’opération « Plomb durci », la situation a commencé à changer et un nombre croissant de groupes d’étudiants et de syndicats en dehors de la Palestine ont adhéré au mouvement.

Pourtant, nombreux étaient ceux qui ne voulaient pas se joindre au mouvement. Je comprenais pourquoi cette tactique me paraissait délicate. Il existe une longue et douloureuse histoire d’entreprises et d’institutions juives prises pour cibles par des antisémites. Les experts en communication qui font pression au nom d’Israël savent comment exploiter ce traumatisme, de sorte qu’ils présentent invariablement les campagnes conçues pour contester les politiques discriminatoires et violentes d’Israël comme des attaques haineuses contre les Juifs en tant que groupe identitaire.

Pendant deux décennies, la peur généralisée découlant de cette fausse équation a empêché Israël de faire face au plein potentiel du mouvement BDS. Aujourd’hui, alors que la Cour internationale de justice entend la compilation dévastatrice de preuves de l’Afrique du Sud sur le crime de génocide commis par Israël à Gaza, c’en est vraiment assez.

Du boycott des bus au désinvestissement des combustibles fossiles, les tactiques BDS ont une histoire bien documentée en tant qu’armes les plus puissantes de l’arsenal non-violent. Les reprendre et les utiliser à ce tournant de l’humanité est une obligation morale.

Cette responsabilité est particulièrement aiguë pour ceux d’entre nous dont les gouvernements continuent d’aider activement Israël en lui fournissant des armes mortelles, des accords commerciaux lucratifs et un droit de veto aux Nations unies. Comme nous le rappelle le BDS, nous n’avons pas à laisser ces accords en faillite parler en notre nom sans les remettre en question.

Les groupes de consommateurs organisés ont le pouvoir de boycotter les entreprises qui investissent dans des colonies illégales ou qui fabriquent des armes israéliennes. Les syndicats peuvent pousser leurs fonds de pension à se désinvestir de ces entreprises. Les gouvernements municipaux peuvent sélectionner des entrepreneurs sur la base de critères éthiques qui interdisent ces relations. Comme nous le rappelle Omar Barghouti, l’un des fondateurs et dirigeants du mouvement BDS : « L’obligation éthique la plus profonde en ces temps est d’agir pour mettre fin à la complicité. Ce n’est qu’ainsi que nous pouvons réellement espérer mettre fin à l’oppression et à la violence ».

En ce sens, le mouvement BDS mérite d’être considéré comme une politique étrangère populaire, ou une diplomatie par le bas – et s’il devient suffisamment fort, il finira par forcer les gouvernements à imposer des sanctions par le haut, comme l’Afrique du Sud tente de le faire. C’est manifestement la seule force capable de faire dévier Israël de sa trajectoire actuelle.

M. Barghouti souligne que, tout comme certains Sud-Africains blancs ont soutenu les campagnes anti-apartheid au cours de cette longue lutte, les Israéliens juifs qui s’opposent aux violations systémiques du droit international commises par leur pays sont les bienvenus dans le mouvement BDS. Pendant l’opération « Plomb durci », un groupe d’environ 500 Israéliens, dont un grand nombre d’artistes et d’universitaires de renom, a fait exactement cela, et a fini par nommer son groupe « Boycott from Within » (Boycott de l’intérieur).

Dans mon article de 2009, je citais leur première lettre de lobbying, qui appelait à « l’adoption de mesures restrictives et de sanctions immédiates » contre leur propre pays et établissait un parallèle direct avec la lutte anti-apartheid sud-africaine. Le boycott de l’Afrique du Sud a été efficace », soulignent-ils, affirmant qu’il a contribué à mettre fin à la légalisation de la discrimination et de la ghettoïsation dans ce pays, ajoutant : « Mais Israël est traité avec des gants de velours : « Mais Israël est traité avec des gants… Ce soutien international doit cesser.

C’était vrai il y a 15 ans, c’est terriblement vrai aujourd’hui.

Le prix de l’impunité

En lisant les documents du BDS datant du milieu et de la fin des années 2000, je suis surtout frappée par l’ampleur de la détérioration du terrain politique et humain. Dans l’intervalle, Israël a construit davantage de murs, érigé plus de points de contrôle, lâché plus de colons illégaux et lancé des guerres bien plus meurtrières. Tout a empiré : le vitriol, la rage, la justice. Il est clair que l’impunité – le sentiment d’imperméabilité et d’intouchabilité qui sous-tend le traitement des Palestiniens par Israël – n’est pas une force statique. Elle se comporte plutôt comme une marée noire : une fois libérée, elle s’infiltre vers l’extérieur, empoisonnant tout et tous sur son passage. Il s’étend largement et s’enfonce profondément.

Depuis l’appel initial au BDS en juillet 2005, le nombre de colons vivant illégalement en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, a explosé, atteignant selon les estimations 700 000 personnes, soit un nombre proche de celui des Palestiniens expulsés lors de la Nakba de 1948. L’expansion des avant-postes des colons s’est accompagnée d’une augmentation de la violence des attaques des colons contre les Palestiniens, tandis que l’idéologie de la suprématie juive et même le fascisme manifeste sont devenus le centre de la culture politique en Israël.

Lorsque j’ai écrit ma première chronique sur le BDS, le consensus dominant était que l’analogie avec l’Afrique du Sud était inappropriée et que le mot « apartheid », utilisé par les juristes, les militants et les organisations de défense des droits de l’homme palestiniens, était inutilement incendiaire. Aujourd’hui, de Human Rights Watch à Amnesty International en passant par B’Tselem, la principale organisation israélienne de défense des droits de l’homme, tous ont mené leurs propres études et sont parvenus à la conclusion inéluctable que l’apartheid est effectivement le terme juridique approprié pour décrire les conditions dans lesquelles Israéliens et Palestiniens mènent des vies totalement inégales et ségréguées. Même Tamir Pardo, l’ancien chef de l’agence de renseignement Mossad, a admis ce fait : « Il y a un État d’apartheid ici », a-t-il déclaré en septembre. « Dans un territoire où deux personnes sont jugées selon deux systèmes juridiques, c’est un État d’apartheid.

En outre, nombreux sont ceux qui comprennent désormais que l’apartheid existe non seulement dans les territoires occupés, mais aussi à l’intérieur des frontières d’Israël de 1948, comme le montre un important rapport publié en 2022 par une coalition d’associations palestiniennes de défense des droits de l’homme réunie par Al-Haq. Il est difficile d’affirmer le contraire lorsque le gouvernement israélien actuel d’extrême droite est arrivé au pouvoir en vertu d’un accord de coalition qui stipule que : « Le peuple juif a un droit exclusif et absolu à la liberté d’expression : « Le peuple juif a un droit exclusif et incontestable sur toutes les régions de la Terre d’Israël … la Galilée, le Néguev, le Golan, la Judée et la Samarie ».

Quand l’impunité règne, tout bouge, tout se déplace, y compris la frontière coloniale. Rien ne reste statique.

Et puis il y a Gaza. Le nombre de Palestiniens tués lors de l’opération « Plomb durci » nous a semblé insondable à l’époque. Nous avons rapidement appris qu’il ne s’agissait pas d’une opération ponctuelle. Au contraire, elle a inauguré une nouvelle politique meurtrière que les responsables militaires israéliens appelaient avec désinvolture « tondre l’herbe » : tous les deux ans, une nouvelle campagne de bombardements était lancée, tuant des centaines de Palestiniens ou, dans le cas de l’opération Protective Edge (bordure protectrice) de 2014, plus de 2 000, dont 526 enfants.

Ces chiffres ont de nouveau choqué et déclenché une nouvelle vague de protestations. Mais cela n’a pas suffi à priver Israël de son impunité, qui a continué à être protégée par le veto fiable des États-Unis à l’ONU, ainsi que par l’afflux constant d’armes. Les récompenses ont été plus corrosives que l’absence de sanctions internationales : ces dernières années, parallèlement à toute cette anarchie, Washington a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël et y a déplacé son ambassade. Il a également négocié les accords dits d’Abraham, qui ont débouché sur des accords de normalisation lucratifs entre Israël et les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Soudan et le Maroc.

C’est Donald Trump qui a commencé à couvrir Israël de ces derniers cadeaux tant désirés, mais le processus s’est poursuivi sans heurts sous Joe Biden. Ainsi, à la veille du 7 octobre, Israël et l’Arabie saoudite étaient sur le point de signer ce qui avait été qualifié avec verve d' »accord du siècle ».

Où étaient les droits et les aspirations des Palestiniens dans tous ces accords ? Absolument nulle part. Car l’autre chose qui a changé pendant ces années d’impunité, c’est tout prétexte pour qu’Israël revienne à la table des négociations. L’objectif était clairement d’écraser le mouvement palestinien pour l’autodétermination par la force, ainsi que par l’isolement physique et politique et la fragmentation.

Nous savons comment se dérouleront les prochains chapitres de cette histoire. L’horrible attentat du 7 octobre perpétré par le Hamas. La détermination furieuse d’Israël à exploiter ces crimes pour faire ce que certains hauts responsables du gouvernement voulaient de toute façon faire depuis longtemps : dépeupler Gaza des Palestiniens, ce qu’ils semblent actuellement tenter de faire en combinant le meurtre direct, la démolition massive de maisons (« domicide »), la propagation de la famine, de la soif et des maladies infectieuses et, enfin, l’expulsion massive.

Ne vous y trompez pas : c’est ce que signifie permettre à un État de devenir un voyou, de laisser l’impunité régner sans contrôle pendant des décennies, en utilisant les traumatismes collectifs réels subis par le peuple juif comme une excuse et une histoire pérenne de couverture . Une telle impunité n’engloutira pas seulement un pays, mais tous les pays avec lesquels il est allié. Elle engloutira toute l’architecture internationale du droit humanitaire forgée dans les flammes de l’holocauste nazi. Si nous laissons faire.

Une décennie d’attaques juridiques contre le BDS

Ce qui soulève un autre point qui n’est pas resté stable au cours des deux dernières décennies : L’obsession croissante d’Israël d’écraser le BDS, quel que soit le prix à payer pour des droits politiques durement acquis. En 2009, les détracteurs du BDS avançaient de nombreux arguments pour expliquer pourquoi il s’agissait d’une mauvaise idée. Certains craignaient que les boycotts culturels et universitaires ne mettent un terme à l’engagement indispensable avec les Israéliens progressistes, et craignaient que cela ne vire à la censure. D’autres soutenaient que des mesures punitives créeraient une réaction brutale et feraient évoluer Israël vers la droite.

Il est donc frappant, avec le recul, de constater que ces premiers débats ont pratiquement disparu de la sphère publique, et ce n’est pas parce qu’un camp a remporté l’argument. Ils ont disparu parce que l’idée même d’un débat a été remplacée par une stratégie dévorante : le recours à l’intimidation juridique et institutionnelle pour mettre les tactiques du BDS hors de portée et faire taire le mouvement.

À ce jour, aux États-Unis, 293 projets de loi anti-BDS ont été déposés et adoptés dans 38 États, selon Palestine Legal, qui a suivi de près cette montée en puissance. Il explique que certaines législations ciblent le financement des universités, d’autres exigent que toute personne recevant un contrat avec un État ou travaillant pour un État signe un contrat par lequel elle s’engage à ne pas boycotter Israël, et « certaines demandent à l’État de compiler des listes noires publiques d’entités qui boycottent pour les droits des Palestiniens ou soutiennent le BDS ». En Allemagne, le soutien à toute forme de BDS est suffisant pour que les prix soient annulés, les financements supprimés et les spectacles et conférences annulés (j’en ai fait l’expérience moi-même).

Cette stratégie est, sans surprise, plus agressive à l’intérieur même d’Israël. En 2011, le pays a promulgué la loi sur la prévention des dommages causés à l’État d’Israël par le boycott, étouffant ainsi dans l’œuf le mouvement naissant du Boycott de l’intérieur. Le centre juridique Adalah, une organisation œuvrant pour les droits des minorités arabes en Israël, explique que la loi « interdit la promotion publique du boycott académique, économique ou culturel par des citoyens et des organisations israéliens contre des institutions israéliennes ou des colonies israéliennes illégales en Cisjordanie. Elle permet d’engager des poursuites civiles contre toute personne appelant au boycott ». Comme les lois au niveau de l’État aux États-Unis, « elle interdit également à une personne qui appelle au boycott de participer à tout appel d’offres public ». En 2017, Israël a commencé à interdire ouvertement aux militants pro-BDS d’entrer en Israël ; 20 groupes internationaux ont été placés sur la prétendue liste noire BDS, y compris le pilier anti-guerre Jewish Voice for Peace.

Pendant ce temps, aux États-Unis, les lobbyistes des compagnies pétrolières et gazières et des fabricants d’armes à feu s’inspirent de l’offensive juridique anti-BDS et poussent à l’adoption de lois similaires pour restreindre les campagnes de désinvestissement qui visent leurs clients. « Cela montre pourquoi il est si dangereux d’autoriser ce type d’exception à la liberté d’expression en faveur de la Palestine », a déclaré Meera Shah, avocate principale de Palestine Legal, au magazine Jewish Currents. « Car non seulement elle nuit au mouvement pour les droits des Palestiniens, mais elle finit par nuire à d’autres mouvements sociaux. Une fois de plus, rien ne reste statique, l’impunité s’étend, et lorsque les droits de boycott et de désinvestissement sont supprimés pour la solidarité palestinienne, le droit d’utiliser ces mêmes outils pour faire pression en faveur de l’action climatique, du contrôle des armes à feu et des droits des personnes LGBTQ+ est également supprimé.

D’une certaine manière, c’est un avantage, car cela permet d’approfondir les alliances entre les mouvements. Toutes les grandes organisations progressistes et tous les syndicats ont intérêt à protéger le droit au boycott et au désinvestissement en tant que principes fondamentaux de la liberté d’expression et outils essentiels de la transformation sociale. La petite équipe de Palestine Legal a mené la riposte aux États-Unis de manière extraordinaire – en déposant des dossiers judiciaires qui contestent les lois anti-BDS comme étant inconstitutionnelles et en soutenant les dossiers d’autres personnes. Ils méritent beaucoup plus de soutien.

Le moment du BDS est-il enfin arrivé ?

Il y a une autre raison de se réjouir : la raison pour laquelle Israël s’en prend au BDS avec une telle férocité est la même que celle pour laquelle tant de militants ont continué à y croire malgré ces attaques sur plusieurs fronts. Parce qu’il peut fonctionner.

Nous l’avons vu lorsque des entreprises internationales ont commencé à se retirer d’Afrique du Sud dans les années 1980. Ce n’était pas parce qu’elles étaient soudainement frappées par des épiphanies morales antiracistes. Au contraire, lorsque le mouvement s’est internationalisé et que les campagnes de boycott et de désinvestissement ont commencé à toucher les ventes de voitures et les clients des banques en dehors du pays, ces entreprises ont calculé qu’il leur en coûterait plus cher de rester en Afrique du Sud que d’en partir. Les gouvernements occidentaux ont commencé tardivement à imposer des sanctions pour des raisons similaires.

Cela a nui au secteur des entreprises sud-africaines, dont certaines ont fait pression sur le gouvernement de l’apartheid pour qu’il fasse des concessions aux mouvements de libération des Noirs qui se rebellaient contre l’apartheid depuis des décennies par des soulèvements, des grèves de masse et une résistance armée. Le coût du maintien d’un statu quo cruel et violent était de plus en plus élevé, y compris pour l’élite sud-africaine.

Enfin, à la fin des années 80, la pression exercée de l’extérieur et de l’intérieur est devenue si intense que le président FW de Klerk a été contraint de libérer Nelson Mandela de prison après 27 ans, puis d’organiser des élections « une personne, un vote », qui ont porté Mandela à la présidence.

Les organisations palestiniennes qui ont entretenu la flamme du BDS au cours d’années très sombres placent toujours leur espoir dans le modèle sud-africain de pression extérieure. En effet, alors qu’Israël perfectionne l’architecture et l’ingénierie de la ghettoïsation et de l’expulsion, c’est peut-être le seul espoir.

En effet, Israël est nettement plus à l’abri des pressions internes exercées par les Palestiniens que ne l’étaient les Sud-Africains blancs sous l’apartheid, qui dépendaient de la main-d’œuvre noire pour toutes sortes de tâches, des travaux domestiques à l’extraction de diamants. Lorsque les Sud-Africains noirs retiraient leur main-d’œuvre ou s’engageaient dans d’autres types de perturbations économiques, ils ne pouvaient pas être ignorés.

Israël a tiré les leçons de la vulnérabilité de l’Afrique du Sud : depuis les années 90, sa dépendance à l’égard de la main-d’œuvre palestinienne n’a cessé de diminuer, en grande partie grâce aux « travailleurs invités » et à l’afflux d’environ un million de Juifs en provenance de l’ex-Union soviétique. Cela a permis à Israël de passer du modèle d’oppression de l’occupation au modèle actuel de ghettoïsation, qui tente de faire disparaître les Palestiniens derrière des murs imposants dotés de capteurs de haute technologie et de la défense antiaérienne israélienne Dôme de fer, tant vantée.

Mais ce modèle – appelons-le la bulle fortifiée – comporte ses propres vulnérabilités, et pas seulement face aux attaques du Hamas. La vulnérabilité la plus systémique vient de l’extrême dépendance d’Israël à l’égard du commerce avec l’Europe et l’Amérique du Nord, qu’il s’agisse de son secteur touristique ou de son secteur des technologies de surveillance alimentées par l’IA. L’image de marque qu’Israël s’est forgée est celle d’un avant-poste occidental branché dans le désert, une petite bulle de San Francisco ou de Berlin qui se trouve par hasard dans le monde arabe.

Cela la rend particulièrement vulnérable aux tactiques du BDS, y compris les boycotts culturels et universitaires. En effet, lorsque des stars de la pop, désireuses d’éviter la controverse, annulent leurs concerts à Tel-Aviv, que des universités américaines prestigieuses mettent fin à leurs partenariats officiels avec des universités israéliennes après avoir assisté à l’explosion de plusieurs écoles et universités palestiniennes, et que de belles personnalités ne choisissent plus Eilat pour leurs vacances parce que leurs followers Instagram ne seront pas impressionnés, c’est tout le modèle économique d’Israël qui s’en trouve ébranlé, ainsi que l’idée qu’il se fait de lui-même.

Cela introduira de la pression là où les dirigeants israéliens n’en ressentent manifestement que peu aujourd’hui. Si les entreprises mondiales de technologie et d’ingénierie cessent de vendre des produits et des services à l’armée israélienne, la pression augmentera encore, peut-être suffisamment pour modifier la dynamique politique. Les Israéliens souhaitent ardemment faire partie de la communauté mondiale et, s’ils se retrouvent soudainement isolés, un nombre beaucoup plus important d’électeurs pourrait commencer à exiger certaines des actions que les dirigeants actuels d’Israël rejettent d’emblée, comme négocier avec les Palestiniens une paix durable fondée sur la justice et l’égalité telles que définies par le droit international, plutôt que d’essayer de sécuriser sa bulle fortifiée à l’aide de phosphore blanc et d’épuration ethnique.

Le problème, bien sûr, c’est que pour que les tactiques non violentes de BDS fonctionnent, les victoires ne peuvent pas être sporadiques ou marginales. Elles doivent être durables et générales – au moins aussi générales que la campagne sud-africaine, qui a vu de grandes entreprises comme General Motors et Barclays Bank retirer leurs investissements, tandis que des artistes de renom comme Bruce Springsteen et Ringo Starr se joignaient à un supergroupe des années 80 pour chanter « ain’t gonna play Sun City » (référence à la station balnéaire de luxe emblématique de l’Afrique du Sud).

Barghouti estime que les « syndicats de travailleurs et d’agriculteurs, ainsi que les mouvements de justice raciale, sociale, climatique et de genre » qui le soutiennent « représentent collectivement des dizaines de millions de personnes dans le monde ». Mais le mouvement n’a pas encore atteint un point de basculement comparable à celui de l’Afrique du Sud.

Cela a un coût. Il n’est pas nécessaire d’être un historien des luttes de libération pour savoir que lorsque des tactiques guidées par la morale sont ignorées, mises à l’écart, salies et interdites, d’autres tactiques – non liées à ces préoccupations éthiques – deviennent beaucoup plus attrayantes pour les personnes désespérées par l’espoir d’un changement.

Nous ne saurons jamais comment le présent aurait pu être différent si davantage d’individus, d’organisations et de gouvernements avaient tenu compte de l’appel au BDS lancé par la société civile palestinienne en 2005. Lorsque j’ai pris contact avec M. Barghouti il y a quelques jours, il n’a pas évoqué deux décennies d’impunité, mais 75 ans. Israël, a-t-il déclaré, « n’aurait pas été en mesure de perpétrer son génocide télévisé à Gaza sans la complicité des États, des entreprises et des institutions avec son système d’oppression ». La complicité, a-t-il souligné, est quelque chose que nous avons tous le pouvoir de rejeter.

Une chose est sûre : les atrocités commises actuellement à Gaza renforcent considérablement les arguments en faveur du boycott, du désinvestissement et des sanctions. Les tactiques non violentes que beaucoup considéraient comme extrêmes ou craignaient d’être taxées d’antisémitisme semblent très différentes à la lumière de deux décennies de carnage, avec de nouveaux décombres empilés sur les anciens, de nouveaux chagrins et traumatismes gravés dans le psychisme des nouvelles générations, et de nouvelles profondeurs de dépravation atteintes à la fois dans les mots et dans les actes.

Dimanche dernier, pour sa dernière émission sur MSNBC, Mehdi Hasan a interviewé le photojournaliste palestinien Motaz Azaiza, basé à Gaza, qui risque sa vie, jour après jour, pour transmettre au monde les images des massacres perpétrés par Israël. Le message qu’il a adressé aux téléspectateurs américains était clair : « Ne vous considérez pas comme une personne libre si vous ne pouvez pas changer les choses, si vous ne pouvez pas arrêter un génocide qui est toujours en cours ».

Dans un moment comme le nôtre, nous sommes ce que nous faisons. Tant de gens ont fait plus que jamais auparavant : bloquer des livraisons d’armes, occuper des sièges de gouvernement pour exiger un cessez-le-feu, se joindre à des manifestations de masse, dire la vérité, même si c’est difficile. La combinaison de ces actions pourrait bien avoir contribué au développement le plus important dans l’histoire du BDS : la requête de l’Afrique du Sud auprès de la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye accusant Israël de commettre un génocide et demandant des mesures provisoires pour arrêter son attaque contre Gaza.

Une analyse récente du journal israélien Haaretz note que si la CIJ se prononce en faveur de l’Afrique du Sud, même si les États-Unis opposent leur veto à une intervention militaire aux Nations unies, « une injonction pourrait avoir pour conséquence d’ostraciser Israël et les entreprises israéliennes et de les soumettre à des sanctions imposées par des pays ou des blocs individuels ».

Les boycotts populaires, quant à eux, commencent déjà à porter leurs fruits. En décembre, Puma – l’une des principales cibles du BDS – a fait savoir qu’elle mettrait fin à son parrainage controversé de l’équipe nationale de football d’Israël. Avant cela, des artistes ont quitté un grand festival de bande dessinée en Italie, après qu’il est apparu que l’ambassade d’Israël figurait parmi les sponsors. Ce mois-ci, le directeur général de McDonald’s, Chris Kempczinski, a écrit que ce qu’il a appelé la « désinformation » avait « un impact commercial significatif » sur certaines de ses ventes dans « plusieurs marchés du Moyen-Orient et certains en dehors de la région ». Il faisait ainsi référence à la vague d’indignation suscitée par la nouvelle selon laquelle McDonald’s Israël avait fait don de milliers de repas aux soldats israéliens. M. Kempczinski s’est efforcé de séparer la marque mondiale des « propriétaires-exploitants locaux », mais peu de personnes au sein du mouvement BDS sont convaincues par cette distinction.

Il sera également essentiel, alors que le mouvement BDS continue à prendre de l’ampleur, d’être parfaitement conscient que nous sommes au milieu d’une vague alarmante et réelle de crimes haineux, dont beaucoup sont dirigés contre les Palestiniens et les musulmans, mais aussi contre les entreprises et les institutions juives simplement parce qu’elles sont juives. Il s’agit là d’antisémitisme, et non d’activisme politique.

Le BDS est un mouvement sérieux et non violent, doté d’un modèle de gouvernance bien établi. Tout en laissant aux organisateurs locaux l’autonomie de déterminer les campagnes qui fonctionneront dans leur région, le comité national BDS (BNC) définit les principes directeurs du mouvement et sélectionne soigneusement un petit groupe d’entreprises cibles à fort impact, choisies « en raison de leur complicité avérée avec les violations des droits de l’homme des Palestiniens commises par Israël ».

Le BNC est également très clair sur le fait qu’il n’appelle pas au boycott des Israéliens parce qu’ils sont israéliens, déclarant qu’il « rejette, par principe, les boycotts d’individus fondés sur leur opinion ou leur identité (comme la citoyenneté, la race, le sexe ou la religion) ». En d’autres termes, les cibles sont des institutions complices de systèmes d’oppression, et non des personnes.

Aucun mouvement n’est parfait. Chaque mouvement fera des faux pas. Cependant, la question la plus urgente aujourd’hui n’a pas grand-chose à voir avec la perfection. Elle est simplement la suivante : qu’est-ce qui a le plus de chances de changer un statu quo moralement intolérable, tout en empêchant de nouvelles effusions de sang ? L’indomptable journaliste de Haaretz, Gideon Levy, ne se fait pas d’illusions sur ce qu’il faudra faire. Il a récemment déclaré à Owen Jones « La formule est très simple : tant que les Israéliens ne paieront pas et ne seront pas punis pour l’occupation, qu’ils n’en seront pas tenus pour responsables et qu’ils ne la ressentiront pas au quotidien, rien ne changera ».

A row of white police officers wearing helmets and carrying automatic weapons faces what we see only as Black and brown hands raised holding flowers and showing the peace sign.
La police anti-émeute menace des étudiants manifestant contre l’apartheid à Johannesburg, Afrique du Sud, le 20 août 1989. Photo : Louise Gubb/Corbis/Getty Images : Louise Gubb/Corbis/Getty Images

Il est tard

En juillet 2009, quelques mois après la publication de mon premier article sur le BDS, je me suis rendue à Gaza et en Cisjordanie. À Ramallah, j’ai donné une conférence sur ma décision de soutenir le BDS. J’ai notamment présenté mes excuses pour ne pas avoir fait entendre ma voix plus tôt, ce qui, je l’ai avoué, était dû à la peur : la peur que la tactique soit trop extrême lorsqu’elle est dirigée contre un État forgé par le traumatisme juif ; la peur qu’on m’accuse de trahir mon peuple. Des craintes que j’ai toujours.

« Mieux vaut tard que jamais », m’a dit un spectateur bienveillant après la conférence.

Il était tard à l’époque ; il est encore plus tard aujourd’hui. Mais il n’est pas trop tard. Il n’est pas trop tard pour que chacun d’entre nous crée sa propre politique étrangère à partir de la base, une politique qui intervienne dans la culture et l’économie de manière intelligente et stratégique – des moyens qui offrent un espoir tangible que les décennies d’impunité incontrôlée d’Israël prennent enfin fin.

Comme l’a demandé le comité national du BDS la semaine dernière : « Si ce n’est pas maintenant, quand ? Le mouvement anti-apartheid sud-africain s’est organisé pendant des décennies pour obtenir un large soutien international menant à la chute de l’apartheid ; et l’apartheid est tombé. La liberté est inévitable. Le moment est venu d’agir et de rejoindre le mouvement pour la liberté, la justice et l’égalité en Palestine ».

Cela suffit. Il est temps de boycotter.

Texte traduit par Deepl

BDS : LETTRE OUVERTE D’ISRAÉLIENS À FRANÇOIS HOLLANDE, BERNARD CAZENEUVE ET MICHEL CADOT


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Choqués par les pressions exercées par le lobby israélien sur le gouvernement français, une vingtaine d’opposants israéliens en appellent aux dirigeants français, afin qu’ils respectent la liberté d’expression concernant la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions).

Ci-dessous leur lettre ouverte.

À l’attention de
Monsieur François Hollande, Président de la République
Monsieur Bernard Cazeneuve, Premier Ministre
Monsieur Michel Cadot, Préfet de Police de Paris

Messieurs,

Nous vous écrivons en tant que citoyens juifs de l’État d’Israël, nous qui nous opposons au comportement illégal et immoral des gouvernements israéliens, qui dure depuis des années.

On nous a appris que, dans la ville de Paris, on se prépare à freiner, même à interdire les manifestations de soutien de la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) contre les violations israéliennes des Droits Humains. Nous jugeons donc qu’il est extrêmement important de déclarer très clairement que la campagne BDS n’a rien d’antisémite et qu’elle s’oppose précisément à toute forme de racisme. Au lieu d’être raciste, elle se base fermement sur le Droit international et sur les Droits Humains universels.

Tout récemment, le 7 mars 2017, cette campagne a déclaré sans équivoque : « Conformément à la définition onusienne de discrimination raciale, le mouvement BDS ne tolère aucune action ou langage suggérant l’adoption ou la promotion du racisme quel qu’il soit : racisme anti-noir, racisme anti-arabe, islamophobie, antisémitisme, sexisme, xénophobie, homophobie. »

Nous condamnons fermement l’apartheid, le génocide, l’esclavage, l’exploitation coloniale et le nettoyage ethnique, qui sont des crimes contre l’humanité fondés sur le racisme et la suprématie raciale. Qui plus est, nous exigeons le Droit de leurs victimes, y compris leurs descendants, à une réparation complète. Nous condamnons de même les autres violations des Droits Humains, y compris la traite d’êtres humains, l’exploitation des travailleurs et l’exploitation sexuelle.

En outre, nous sommes consternés par les fausses accusations lancées par Mme Kosciusko-Morizet dans une lettre datée du 15 février 2017, adressée à Monsieur Cadot, Préfet de Police, dans laquelle elle déclare que les propos de la campagne BDS ne sont rien moins que des mots de haine.

Nous nous opposons sans hésitation aux sérieuses violations israéliennes du Droit international, y compris la perpétration du crime d’apartheid, tel qu’il est défini dans le Statut de Rome de la Cour pénale internationale, que nous jugeons inexcusable. En exigeant la fin de l’apartheid israélien, nous exprimons notre amour pour tous les habitants d’Israël-Palestine, tout en revendiquant les valeurs les plus fondamentales que sont la liberté et la justice pour tous.

Quel outrage si la France, spécialement l’État français, supprimait la liberté d’expression de sa population qui prône le respect de la loi et ces valeurs humaines fondamentales qui sont à la base de la Constitution française et de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen !

C’est pourquoi nous vous appelons à respecter et à protéger les Droits de ceux qui contestent les graves violations israéliennes des Droits Humains et à protéger vos citoyens français qui militent au nom du mouvement BDS, afin qu’ils puissent le faire librement, sans être intimidés par une persécution sous forme de mesures légales, ou par des menaces physiques, comme cela est arrivé auparavant.

Très sincèrement,

Ronnie Barkan, Einav Kaplan-Raz, Guy Davidi, De-Colonizer, Shir Hever, Yudit Ilany, Yael Kahn, Einav Kaplan-Raz, Ron Merom, Ofer Neiman, Lorien Newman, Jonathan Ofir, Maya Rotem, Lizi Sagie, Herzl Schubert, Stavit Sinai, Eyal Sivan, Lia Tarachansky, Tamara Traubmann, Michel Warschawski, Sergio Yahni

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BHL affirme que le BDS est un « mouvement fasciste »  


BHL affirme que le BDS est un « mouvement fasciste »

Manifestation contre Israël à Paris, France, 28 Mars 2009. EPA/LUCAS DOLEGA

Bernard-Henri Lévy, alias BHL, alias Bernard, alias le philosophe en chemise blanche, était invité le 27 septembre dernier au Parlement européen pour participer à une conférence intitulée “L’avenir des communautés juives en Europe”.

Une intervention d’une quinzaine de minutes, passée relativement inaperçue, au cours de laquelle le libérateur de la Libye a tenté de donner un aperçu de la situation des Juifs en Europe et des “nouveaux visages” de l’antisémitisme.

Et comme de bien entendu, BHL n’a pu s’empêcher de reprendre à son compte l’antienne selon laquelle “l’antisionisme est la forme nouvelle de l’antisémitisme”, amalgamant sans aucun scrupule l’extrême-droite la plus abjecte et le mouvement de solidarité avec les Palestiniens.

Le mouvement BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions) a fait les frais de ces amalgames, au cours d’une grandiloquente envolée dont BHL a le secret :

Je suis le premier à me mobiliser sans le moindre quartier contre le mouvement BDS dont je pense que c’est un mouvement fasciste, né au moment du fascisme, organisé à partir d’anciens nazis recyclés dans certains pays arabes en 1946-47.”

Oui, vous avez bien lu : “un mouvement fasciste, né au moment du fascisme, organisé à partir d’anciens nazis”.

J’exagère ? Non :

En 2013, BHL publiait un livre intitulé Les Aventures de la vérité. De toute évidence, la vérité historique ne semble guère intéresser l’aventurier BHL.

Pour mémoire :

1) Le mouvement BDS est “né” d’un appel signé par plus de 170 organisations de la société civile palestinienne le 9 juillet 2005, un an après l’avis de la Cour internationale de justice exigeant d’Israël qu’il détruise le mur construit en Cisjordanie. Soit 60 ans après la chute du nazisme.

2) La liste des membres de l’instance dirigeante de BDS, le Boycott National Committee (BNC), est publique, et il ne figure en son sein aucun “ancien nazi”.

3) “Au moment du fascisme”, l’État d’Israël n’existait pas, et il aurait donc été malaisé d’appeler à le boycotter.

4) Le mouvement BDS n’a jamais tué personne. Contrairement au fascisme. Et à l’État d’Israël.

Il est de notoriété publique que BHL est un énergumène malfaisant, et d’aucuns pensent que relever ses outrances est une perte de temps.

Mais BHL continue d’être un invité récurrent des plateaux de télévision et des antennes de radio, où l’on s’acharne à le présenter comme un “intellectuel”, un “philosophe”, un “penseur”.

Si les “grands médias” veulent réellement, comme ils le proclament, reconquérir une once de crédibilité, il est plus que temps que cette mauvaise plaisanterie cesse.

PS : Pour mémoire (bis), selon l’article 29 de la loi sur la Liberté de la Presse du 29 juillet 1881, “toute allégation ou imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne ou du corps auquel le fait est imputé est une diffamation” et peut être punie d’une amende de 12.000 euros.

Par Julien Salingue | 28 octobre 2016

 

BDS : la municipalité de Bondy (Seine-Saint-Denis) vote le boycott des produits des colonies


(ci-dessus, une photo d’archives choisie par le quotidien israélien Jerusalem Post pour illustrer son article sur le vote de Bondy)

(ci-dessus, une photo d’archives choisie par le quotidien israélien Jerusalem Post pour illustrer son article sur le vote de Bondy)

La municipalité de Bondy (Seine-Saint-Denis), a décidé de ne plus acheter de marchandises en provenance des colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés.

Cette décision a été adoptée jeudi dernier par le conseil municipal à l’unanimité moins 5 voix contre, précise l’Association France-Palestine Solidarité (AFPS) dans un communiqué.

Bondy est une ville de 50.000 habitants de la banlieue est de Paris, dont la maire, la socialiste Sylvine Thomassin, s’appuie sur une majorité une coalition PS/PC/EELV.

Voici maintenant le texte intégral du vœu municipal :

« Vœu du Conseil municipal de Bondy, vendredi 24 juin 2016

C’est un droit citoyen légitime que de pouvoir accepter ou refuser d’acheter une marchandise en fonction de son origine. Et c’est un devoir pour une collectivité locale de vérifier la traçabilité des produits et des services qu’elle propose à sa population.

Or l’origine affichée de certains d’entre eux constitue une tromperie manifeste induisant les consommateurs et les municipalités en erreur. Elle porte atteinte à leur liberté de choix.
Plus précisément, les marchandises produites dans les colonies israéliennes en Palestine, reconnues par le droit international comme illégales, sont proposées sur le marché français comme venant d’Israël.

C’est évidemment faux, la Palestine n’est pas Israël, et les colonies installées en violation des règles internationales par la puissance occupante, n’ont aucun droit de se prévaloir comme étant partie intégrante de l’État israélien.

En conséquence :
Considérant que les colonies israéliennes sont illégales selon le droit international et sont assimilées comme un crime de guerre conformément à l’Article 49-6 de la Quatrième Convention de Genève et conformément à l’Article 55 du Règlement de la Haye ;

Considérant les Résolutions 242 (1967) et 338 (1973) du Conseil de Sécurité de l’ONU exigeant qu’Israël se retire entièrement des territoires qu’il occupe ;

Considérant la Résolution 465 (1980) du Conseil de Sécurité de l’ONU appelant tous les États à ne fournir à Israël aucune assistance ayant un lien avec les colonies dans les territoires occupés ;

Considérant que la Cour Internationale de Justice a confirmé en 2004 que les colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés (dont Jérusalem-Est) ont été fondées en violation du droit international ;

Considérant que L’Assemblée Générale des Nations Unies, ses organes conventionnels des droits de l’homme, ainsi que pratiquement tous les états membres de l’ONU et les autres acteurs internationaux ont constamment confirmé l’illégalité des colonies conformément au droit international et ont appelé Israël à arrêter leur construction ;

Considérant la notice interprétative de novembre 2015 publiée par la commission européenne demandant l’étiquetage des produits fabriqués dans les colonies en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et sur le Plateau du Golan, occupés par Israël depuis 1967 ;

Le Conseil Municipal de Bondy se prononce pour l’application du droit international aussi bien dans son esprit que dans sa lettre qui déclare les colonies israéliennes en Palestine illégales et décide de ne fournir à sa population que des marchandises et des services conformes à ce droit.

Il demande l’application de la directive européenne sur l’étiquetage des produits fabriqués dans les colonies.

Décide en conséquence, de ne plus acheter de marchandises en provenance des colonies israéliennes et tant que la notice interprétative n’est pas appliquée en France, de rechercher avant achat, l’origine des produits qui ne précisent pas clairement leur provenance.

Estime que puisque l’Europe et la communauté internationale reconnaissent l’illégalité des colonies en Palestine, la France doit stopper les importations des produits qui y sont fabriqués ».

CAPJPO-EuroPalestine

 

BDS intimidation


Je (anniebannie) reçois ce matin d’une certaine Brigade Juive un courrier intitulé Grillé  que je reproduis ici.

Cher(ère) boycoteur/euse, comme la dernière fois,

We have are a very particular set of skills, skills We have acquired over a very long career. Skills that make us a nightmare for people like you.

Bref vous l’aurez compris les boycotteur, maintenant on va vous scalper un par un, Collectif par collectif, association par association…

 

Nous avons le temps, et la volonté.

La bise de la Brigade

 

 

Ceci est le texte figurant sur la page facebook de ladite Brigade (liens supprimés car peut-être piégés)

« La cour de cassation et la circulaire Alliot- Marie condamnent le boycott en le rendant de facto illégal.
Le problème est qu’il est difficile de dissoudre une entité qui n’a pas d’existence légale.
Le bds est présent dans beaucoup de villes françaises mais ne dispose bien souvent d’aucun statut associatif déposé en préfecture.
Des associations telles l’association france palestine solidarité ou cajpo ,de notre très chère délinquante fiscale Olivia Zemor , se sont fait l’antichambre aussi bien financière que militante des appels au boycott ..
Cette méthode permettait de diluer le problème en se prévalant de statuts qui n’avait pas pour mot d’ordre la discrimination économique et culturelle.
Nous sommes pourtant tombés sur une perle qui fera changer le cours des choses.
La section des boycotteurs antijuifs de Toulouse dispose de statuts déposés en préfecture.
C’est d’ailleurs sans surprise que 3 des 4 mis en examen du procès qui aura lieu le 30 juin à Toulouse en sont à la tète.
Nous vous rappelons que la 4 em est une proche des idéologues de merah,clain nehmouche et autres ordures qui font des allers retours en syrie pour venir massacrer dans les cours d’écoles juives ou dans des salles de concert.
Les statuts renvoient à la page internet de bds movement…qui prône ouvertement le boycott des produits israéliens sur sa page de garde.
Nous voila donc face à un paradoxe…
Comment une association dont l’objet est illégal peut elle avoir pignon sur rue?
Nous sommes convaincus que les magistrats sauront mettre un terme à cette anomalie.
Le plus drôle dans l’histoire est qu’il est écrit dans les statuts qu’il ne doit « pas y avoir de confusion entre antisionisme et antisémitisme »….
Il est vrai qu’on nous ressort souvent du placard ces juifs honteux tels rony brauman ou autres kapos de l’union française juive pour la paix histoire d’endormir les plus crédules.
Rappelons que le tribunal de Montpellier a condamné deux membres du bds pour antisémitisme il y’a à peine 2 mois.
Nos archives regorgent d’étroncs boycotteurs fans d’hitler ,de soral ou de la quenelle…
La brigade vous annonce la fin prochaine du bds.
On ne lâchera rien.
On ne les lâchera pas. »

Nous sommes sans doute quelques centaines à avoir reçu cette menace. Ils ne s’imaginent quand même pas pouvoir nous forcer à avaler des Jaffas, des dates Majoul, ou à boire du Sodastream. Nous sommes encore libres de choisir ce que nous achetons.

En ce qui me concerne, j’ai mis le courriel à la poubelle. Je poste ce qui précède en avant-propos à l’article de Gideon Levy

Liste des produits d’Israël à boycotter


Liste des produits israéliens à boycotter

Face au drame des Palestiniens, nous ne pouvons pas faire grande chose, à part relayer les informations qui nous parviennent. Hors cela, il y a tout de même une arme en notre pouvoir, le boycott. En effet de nombreuses entreprises, israéliennes ou non, soutiennent la politique sioniste d’occupation. En voici une liste, à vous de faire le reste :

Parmi les produits israéliens :

Carmel (fruits et légumes) – Jaffa (fruits et légumes) – Kedem (avocats) – Coral (Cerises) –Top (fruits et légumes) – Beigel (biscuits apéritifs) – Hasat (agrumes) – Sabra (repas complets) – Osem (soupes, snacks, biscuits, repas complets préparés) – Dagir (conserves de poissons) – Holyland (miel, herbes) – Amba (conserves) – Green Valley (vin) – Tivall(produits végétariens) – Agrofresh (concombres) – Jordan Valley (dattes) – Dana (tomates cerises) – Epilady (appareils d’épilation) – Ahava (cosmétiques de la Mer morte)

Le code barre sur la plupart des produits israéliens commence par : 729

Les produits des entreprises qui soutiennent l’État d’Israël (américaines ou européennes) :

COCA-COLA – Marques du groupe : Aquarius, Cherry Coke, Fanta, Nestea, Sprite, Minute Maid, Tropical. Cette entreprise soutient l’État d’Israël depuis 1966. Elle vient d’enregistrer moins 5% en bourse ces dernières semaines, suite au boycott accru avec les bombardements contre Gaza en juillet.

DANONE – Marques du groupe : Arvie, Badoit, Belin, Blédina, Phosphatine, Chipster, Evian, Galbani, Gervais, Heudebert, Lu, Taillefine, Volvic. Danone vient d’investir dans le Golan, territoire syrien occupé depuis 1967 par Israël.

NESTLÉ – Marques du groupe : Aquarel, Cheerios, Crunch, Frigor, Friskies, Galak, Golden Grahams, Kit Kat, Maggi, Mousline, Nescafé, Ricoré, Quality Street, Vittel, Perrier, Buitoni. La société suisse possède 50,1 % des capitaux de la chaîne alimentaire israélienne Osem. La firme est accusée depuis les années 50 de détruire l’économie et la santé des peuples du Tiers-Monde, notamment par l’imposition de ses laits en poudre pour bébés en Afrique, en Asie et en Amérique latine.

INTEL – Cette grosse entreprise produit la plus grande partie des puces électroniques PENTIUM 4 utilisées par les ordinateurs PC dans son usine de Kyriat Gat, installée sur le site de Iraq Al-Manshiya, un village palestinien rasé après son évacuation en 1949 par les soldats égyptiens. 2 000 habitants furent chassés de leur terre, malgré un engagement écrit, supervisé par les Nations unies, des sionistes à ne pas toucher à la population. Une campagne de leurs descendants aux USA en 2003 a amené INTEL à suspendre un projet d’investissements de 2 milliards de dollars pour une extension de l’usine Fab 18 de Kyriat Gat.

L’ORÉAL – Marques du groupe : Biotherm, Cacharel, Giorgio Armani Parfums, Lancôme, Vichy, La Roche-Posay, Garnier, Héléna Rubinstein, Gemey-Maybelline, Jean-Louis David Shampooings, Le Club des créateurs de beauté (vente de produits cosmétiques par correspondance), Redken 5th Avenue, Ralph Lauren parfums, Ushuaïa.

L’Oréal a ainsi investi des millions en créant une unité de production à Migdal Haemeck, à tel point que le Congrès juif américain a exprimé sa satisfaction de voir l’Oréal « devenir un ami chaleureux de l’État d’Israël ».

ESTÉE LAUDER – Marques du groupe : Aramis, Clinique, la Mer, DKNY, Tommy Hilfiger
Outre ses investissements, le directeur est le président d’une des plus puissantes organisations sionistes US, le Fonds National juif.

DELTA GALIL – Cette entreprise israélienne est spécialisée dans la sous-traitance de produits textiles notamment dans celui des sous-vêtements. De nombreux sous-vêtements de marques étrangères proviennent ainsi directement des usines de Delta Galil. C’est le cas pour Marks & Spencers, Carrefour (Tex), Auchan, Gap, Hugo Boss, Playtex, Calvin Klein, Victoria’s Secret, DKNY, Ralph Lauren.

LEVI STRAUSS JEANS et CELIO ( magasins spécialisés dans les vêtements pour hommes)
Ces entreprises fort bien implantées en France financent les nouvelles colonies en Palestine mais également les écoles des religieux extrémistes dans le monde.

TIMBERLAND (Vêtements, chaussures, chaussettes) – Tout comme son homologue Ronald Lauder, le PDG de Timberland Jeffrey Swartz est un membre actif du lobby sioniste US. Il a conseillé ainsi d’encourager la communauté juive US à se rendre en Israël mais également d’envoyer des soldats israéliens pour mener la propagande pro-israélienne aux USA.

DISNEYLAND – L’entreprise Disney n’a rien d’idyllique et contribue par son soutien à Israël à semer la mort en Palestine. Elle approuve ainsi tacitement l’occupation illégale de Jérusalem-Est en faisant de Jérusalem lors d’une exposition au Centre Epcot en Floride la capitale d’Israël, cela en violation des résolutions internationales de l’ONU.

NOKIA – Le géant finlandais de la téléphonie commerce activement avec l’Etat d’Israël. Dans une interview au Jérusalem Post, le manager du groupe déclarait : qu’ Israël faisait partie des priorités de l’entreprise. Un centre de recherche Nokia a ainsi vu le jour en Israël.

MC DONALD’S – Entreprise emblématique de l’impérialisme culturel US, la célèbre chaîne de restaurants fast-food apporte un soutien non négligeable à l’Etat israélien. McDonald’s dispose de 80 restaurants en Israël et y emploie près de 3000 personnes. Elle y interdit à son personnel de parler arabe. Aux USA, l’entreprise figure parmi les heureux partenaires de l’organisation sioniste «Jewish Community » basée à Chicago. Cette organisation travaille en effet pour le maintien de l’aide militaire, économique et diplomatique apportée par les USA à Israël.

CATERPILLAR (Equipement pour bâtiment mais également, vêtements, chaussures) – Une large campagne doit être menée en France pour dénoncer la participation criminelle de Caterpillar aux destructions des maisons en Palestine par ses bulldozers géants. C’est avec un Caterpillar que la pacifiste américaine juive Rachel Corrie a été tuée par un soldat israélien en 2003.

La chaîne hôtelière ACCORHOTEL (Etap, Ibis, Mercure, Novotel, Sofitel) – Cette chaîne a plusieurs hôtels en Israël, et récemment, elle a ouvert une succursale dans les territoires syriens occupés, dans le Golan.

Les chaînes alimentaires présentes dans les colonies israéliennes : Domino Pizza, Pizza Hut, Häagen Daaz, Burger King

Autres produits :

Cigarettes Morris (dont Marlboro), Produits Kimberly Clarck (Kleenex, Kotex, Huggies),SanDisk (informatique), Toys RUs (jouets)

source

Un ministre préconise des “éliminations ciblées” de militants BDS par les services secrets israéliens


jeudi 31 mars 2016

La toute première “conférence anti-BDS” organisée en Israël a rassemblé des politiciens de toutes les formations politiques du parlement, venus étaler leur engagement dans la lutte contre les boycotts. Et ce faisant, ils ont tout juste réussi à démontrer à quel point le mouvement de boycott est efficace…

Qu’importent les efforts des participants à cette conférence pour tenter de minimiser l’importance de BDS, le fait est que leur participation et leurs propos constituaient un aveu clair que les politiciens, les journalistes, les experts de la sécurité, les hommes d’affaires, et leaders d’opinion israéliens sont, quoi qu’ils puissent en dire, conscients des dommages à l’économie et à l’image d’Israël (son bien le plus précieux, dit-on parfois) que crée le mouvement BDS.

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Le Président Reuven Rivlin en personne a participé à la conférence “Stop BDS” à Jérusalem, où on a expliqué que BDS ce n’est pas tellement important mais que c’est très grave quand même… (photo : Oren Ziv/Activestills.org)

C’est le quotidien à grand tirage Yedioth Ahronoth et sa plate-forme sur l’internet Ynet qui étaient à l’origine de cette conférence entièrement consacrée à la lutte contre le mouvement BDS, qui a eu lieu au centre de congrès de Jérusalem. La seule existence de ce spectacle – la première conférence nationale co-sponsorisée par “StandWithUs”, Sodastream et la Banque Hapoalim, et à laquelle plus d’un millier de personnes ont participé – a assuré à BDS plus d’attention en Israël que ses partisans l’auraient jamais espéré.

Il est en effet révélateur que le mouvement global de boycott d’Israël soit devenu assez significatif pour justifier un tel événement, où ont pris la parole des personnalités comme le Président israélien Reuven Rivlin, des ténors de la Knesset, des membres de l’opposition, le patron du Congrès Juif Mondial Ron Lauder, la comédienne Roseanne Barr,… Il ne manquait, bien entendu, que des orateurs pour représenter le mouvement BDS lui-même, dont ils ont fait le procès en son absence.

Selon les organisateurs, “sans couteaux ni missiles, mais avec une charge explosive composée de mensonges honteux – génocide, apartheid et crimes contre l’humanité [1]– le mouvement BDS conquiert un nombre croissant de soutiens en Europe, aux États-Unis et ailleurs. Depuis les campus de Californie jusqu’aux supermarchés de Paris, le boycott académique, économique et culturel devient une menace palpable pour le statut international d’Israël.

Pourtant, la dissonance cognitive est devenue évidente dès le début de la conférence. Le rédacteur en chef de Yedioth Ahronoth, Ron Yaron, a affirmé à la foule assemblée que la puissance de BDS ne peut être sous-estimée, et qu’Israël ne veut pas se retrouver dans la position où était l’Afrique du Sud dans 5 ou 10 ans. Et Yaron a aussitôt lancé un avertissement : il n’y a aucun rapport entre l’Afrique du Sud et Israël. Et le Ministre des Affaires Stratégiques, Gilad Erdan, a aussitôt enchaîné en affirmant qu’il “ne faut pas exagérer” l’importance de BDS.

En fait, le désarroi des participants était palpable devant une menace à laquelle il n’est pas possible réagir selon les méthodes auxquelles Israël est habitué : des tonnes bombes, des avalanches de missiles, des obus tirés par des chars, des drones d’espionnage, des barrières, des clôtures, des murs…

L’ambassadeur de l’Union Européenne, Lars Faaborg-Andersen, était venu pour tenter de convaincre l’assistance que la décision de l’U.E. concernant l’étiquetage des produits des colonies dans les territoires occupés n’est pas de nature politique (ce qui bien entendu explique les discussions acharnées entre ministres européens auxquelles elle a donné lieu). Il a saupoudré son propos de quelques lapalissades comme “le moyen le plus efficace de contrer le mouvement BDS est de résoudre le conflit israélo-palestinien”. Et évidemment il a réitéré l’attachement de l’U.E. à la “solution à deux États”, dont tout le monde dans la salle savait qu’elle est morte et presque enterrée (le “presque” explique l’odeur qu’elle dégage) et qu’en Israël aucune force politique de gouvernement n’en a en réalité jamais voulu.

Les orateurs se sont ensuite succédés à la tribune pour affirmer, dans un même souffle, que quoique BDS connaisse le succès ce n’est pas un succès ; que BDS n’est pas une menace mais que la menace que constitue BDS ne doit pas être prise à la légère ; que BDS n’a pas d’impact négatif sur l’économie israélienne, mais qu’Israël doit consacrer de plus gros budgets pour combattre l’impact économique BDS…

Le Ministre du Renseignement, Yisrael Katz, a déclaré que Israël doit entreprendre des “éliminations ciblées de civils” visant des militants de BDS, avec l’aide des services secrets israéliens. Il s’agit du même ministre qui, juste après les attentats terroristes du 22 mars dernier à Bruxelles, avait finement ironisé sur la propension des Belges à aimer le chocolat et à profiter de la vie, ce qui selon lui expliquerait la facilité avec laquelle des jihadistes ont pu agir…

Tzipi Livni – elle-même un ancien agent du “service action” du Mossad – a affirmé que c’est actuellement “réellement tendance d’être végétalien et de haïr Israël”. A un moment donné, Ron Lauder, le chef du Congrès Juif Mondial, a comparé les efforts pour mettre en place le boycott d’Israël aux “lois de Nuremberg” [2], tandis que Roseanne Barr, oratrice vedette de la conférence, a qualifié BDS de “fausse gauche” et de “fasciste”.

Omar Bargouti, porte-parole le plus connu de BDS, a évidemment été la cible privilégiée de la conférence (il a été question de lui à plusieurs reprises quand les orateurs ont évoqué les récents efforts du gouvernement pour lui retirer son titre de séjour permanent), mais les mouvements de défense des droits humains ont eu droit eux aussi à leur part d’attaques, car ils sont accusés d’aider BDS.

Au cours de la première heure de la conférence, on a demandé au Président israélien Reuven Rivlin si “Breaking the Silence” est “une organisation légitime”, puisqu’elle récolte les témoignages anonymes de soldats israéliens et les diffuse à l’étranger. Rivlin a répondu qu’il est important de faire la distinction entre “la critique légitime” et “l’incitation”. Et il a ajouté que la critique doit rester à usage interne.

Un chroniqueur de Yedioth Ahronoth, Ben Dror Yamini, a tenu à souligner à quel point il est fier de vivre dans un pays démocratique, où la liberté de parole est à ce point sanctifiée qu’on laisse même d’exprimer ceux qui soutiennent BDS. Il a juste oublié de mentionner que la loi israélienne punit ceux qui appellent au boycott d’Israël…

Le mot “occupation” n’a pas été utilisé une seule fois au cours de la conférence – quoique plusieurs orateurs ont pris avec véhémence la défense de la “démocratie israélienne” contre ceux qui affirment qu’il s’agit d’une “sous-démocratie” ou un d’un état d’apartheid.

Pendant qu’on en discutait gravement “entre soi” à Jérusalem, l’écrivaine israélienne Ronit Matalon, lauréate du prix Bernstein en 2009, donnait une interview dans “Le Monde”, où elle proclame « nous vivons sous un régime d’apartheid ». Repris sur Facebook, le propos a été “liké” 1.500 fois en quelques minutes.

Le Yedioth Ahronoth et ses copains ont encore du souci à se faire.

LD


Sources : compte rendu du site +972 par Mairav Zonszein, et de Mondoweis par Antony Lowenstein, Jerusalem Post, Le Monde.

[1A l’exception de l’accusation de génocide, que l’on chercherait sans doute en vain dans les documents émanant du Mouvement BDS, ces accusations d’apartheid et de crimes contre l’humanité sont corroborées très largement par de multiples organisations de défense des droits humains, par des commissions d’enquête de l’ONU, par la Cour de Justice Internationale,… et BDS n’en a donc en aucune manière l – NDLR

[2Les Lois de Nuremberg sont trois textes adoptés par le Reichstag (le parlement allemand) – la Reichsflaggengesetz (Loi sur le drapeau du Reich) ; la Reichsbürgergesetz (Loi sur la citoyenneté du Reich) ; la Gesetz zum Schutze des deutschen Blutes und der deutschen Ehre (Loi sur la protection du sang allemand et de l’honneur allemand) – à l’initiative d’Hitler, lors d’une session tenue à Nuremberg à l’occasion du 7e congrès annuel du parti nazi, le 15 septembre 1935. La loi sur la citoyenneté du Reich et la loi sur la “protection du sang et de l’honneur allemand” sont des éléments essentiels de la transposition de l’antisémitisme nazi la législation du Troisième Reich. Elles permettent de poursuivre et d’accentuer le processus d’exclusion des Juifs de la société allemande entamé dès avril 1933 – NDLR

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