A propos d’une certaine presse, propagandiste masquée du régime israélien


 

A Mohamed Ali qui, depuis 1974, soutenait le peuple Palestinien dans sa lutte contre les envahisseurs

Certains soirs, face au poste de télévision, on reste sans réaction devant le sourire compassé de gens « propres sur eux » qui, sans la moindre gêne, déversent une propagande sordide.
Alors, devant ce ramassis de contrevérités, de manipulations des faits, d’occultation de l’Histoire allant jusqu’au négationnisme, on a parfois envie de pleurer ou de hurler… mais le cri reste dans la gorge.

Au JT, ce soir-là, c’était un « reportage promotionnel » vantant la force technique et économique de l’appareil politique israélien, mettant l’accent sur la splendeur des buildings de Tel-Aviv, la quiétude de ses plages, le dynamisme de businessmen issus de l’armée, l’exceptionnelle sérénité de la population devant les menaces d’attentat… et autres qualités du régime.
D’emblée, le présentateur fixe le cadre : « La menace terroriste est constante en Europe. Comment cela se passe-t-il en Israël, ce pays confronté au terrorisme depuis plus de vingt ans (…) Mais ils ont appris à ne pas céder à la peur, à vivre avec la menace terroriste… »
Ce présentateur affirme donc clairement que Palestinien et Djihadiste ne sont que des prénoms, terroriste est le nom de famille!
… Et cinq cents mille citoyens du plat pays sont priés d’avaler cette ignominie.

Tout comme, dans les années quarante, quand les Allemands appelaient « terroristes » ceux qui osaient leur résister, les maîtres actuels de cette petite terre, et leurs partisans, ont aussi décidé qu’il n’y avait pas de Palestiniens, pas de résistants… seulement des terroristes.

Ces « communicants » – appellation plus conforme que celui, respectable, de journalistes – tiennent cependant à garder un vernis de moralité.
Quand vous interpellez le « grand reporter » responsable de ce genre de bidonnage médiatique, il vous répond « mon rôle est d’informer et non pas de militer », et, la main sur le cœur, il proclame qu’il a une approche objective du drame et « de l’empathie à l’égard des victimes ».
Mais à l’antenne, pas le moindre signe visible de cette soi-disant objectivité, ni de cette attitude humaniste… La déontologie ne s’use que si l’on s’en sert, n’est-ce pas.

Pendant les quelques quatre minutes que dure ensuite le « reportage », pas un Israélo/palestinien n’apparaîtra à l’image et, pour bien ancrer le terme dans la mémoire du spectateur, le mot « terroriste » sera martelé une vingtaine de fois.
Avec des trémolos dans la voix, le « grand reporter » citera les « trente-quatre personnes tuées depuis 2015″… passant sous silence que depuis cette même date, c’est par centaines que des Palestiniens ont été assassinés, sans compter les blessés (près de quinze mille selon diverses ONG internationales).
… Mais qu’importe les faits, seule la promotion du régime israélien compte pour ces groupies de Netanyahu.

Après la dernière agression contre les Gazaouis (2014), les maîtres de Tel-Aviv ont lancé une vaste opération de propagande en direction des USA et de l’Europe occidentale pour tenter de redorer la triste image d’Etat totalitaire que ses crimes avaient laissé dans l’opinion internationale.
Cette campagne de propagande, financée par un budget de plusieurs millions de dollars (!) fonctionne en ce moment à pleine puissance… et comporte, entre autres, des invitations de séjour, tous frais payés, à des télévisions sympathisantes de son idéologie.

Il faut se rendre à l’évidence, inutile d’encore tenter de dialoguer avec ces communicants, qui ont fait allégeance à ce régime d’extrême droite.
Inutile de les interpeller, gentiment ou de manière véhémente, inutile de vouloir faire appel à leur intelligence ou à leur conscience.
Inutile… ce sont des croyants!

Pourtant, ils sont informés ces gens des medias « mainstream », ils connaissent l’Histoire, ils savent que cet état d’Israël a été fondé sur le sang du peuple qui vivait sur cette terre.
Ils savent que rien n’a changé depuis 1936 (quatre-vingt ans!) quand les sbires de Ben Gourion plaçaient des bombes dans les trains et dans la foule des marchés palestiniens. L’objectif est toujours le même : conquérir cette terre et chasser les autochtones… et asservir ceux qui n’ont pas choisi l’exil.

Comme l’a révélé Ilan Pappe, historien israélien, l’armée israélienne a opéré, de 1947 à 48, un véritable nettoyage ethnique en tuant ou faisant fuir près de huit cents mille Palestiniens et en rasant systématiquement plus de cinq cents villages.

Ils savent aussi que ce régime bafoue journellement les droits des êtres humains, ne respecte pas les lois internationales, que son armée terrorise la population des territoires qu’elle occupe illégalement et qu’elle assassine délibérément ceux qui lui résistent.
Ils n’ignorent pas que la colonisation se développe journellement au point de rendre impraticable tout projet de « deux états pour deux peuples »… qui n’est plus qu’un discours pour la frime médiatique.
Ils savent aussi que le régime israélien a édicté quatre-vingt articles de loi discriminant 20% de ses habitants… des lois instituant des régimes d’apartheid dans de multiples secteurs (enseignement, culture, expression, circulation des personnes, économie… etc)
Ils savent tout cela, ces communicants… Alors?
Il faut se faire une raison : ils mènent une croisade et rien ne peut les atteindre.
Leur conviction est bétonnée : les Palestiniens ne sont que des Arabes… terroristes.

Alors, devant une émission de télévision dans laquelle les auteurs affichent sans fard leur collusion avec ce régime criminel, la nausée monte à la gorge… Et une question apparaît, une question inquiétante.
Et si, à l’instar des prêcheurs de Daesh, le discours fallacieux de ces communicants, diffusé à des centaines de milliers de concitoyens de mon pays, avait un objectif similaire… renforcer le régime israélien en amenant des jeunes européens à partir là-bas pour s’engager dans les troupes de Netanyahu et consort?
Invraisemblable?
A ce jour déjà, plusieurs milliers de jeunes occidentaux (dont environ 8.000 Français selon certaines sources) se sont enrôlés dans l’armée israélienne pour « buter de l’arabe »!
… Comme cet Elor Azria, sergent Franco-israélien, qui a froidement achevé un jeune Palestinien, il s’appelait Abed al-Fattah Yusri al-Sharif, d’une balle dans la tête alors qu’il gisait grièvement blessé et désarmé sur le tarmac de Hébron… « ce chien méritait de mourir pour avoir voulu blesser un de mes amis » a-t-il fièrement crié.
Cet assassin – comment le qualifier autrement? – a été porté en triomphe pour sa « bravoure »… avant de passer les fêtes de Pessah en famille.

Qui a entendu les protestations de ces communicants qui proclament avoir « de l’empathie pour les victimes », et quand ont-ils informé sur les « exécutions extra-judiciaires » qui se déroulent régulièrement aux infâmes check points ?
Quelle valeur donnent-ils à la vie d’un Palestinien?
En ce moment ils donnent priorité à un attentat meurtrier de deux jeunes Palestiniens dans un bistrot de Tel-Aviv et en profitent pour marteler une fois de plus cette stupidité ignoble « un antisioniste est un antisémite ».
Ils savent pourtant que les Palestiniens sont des sémites, contrairement à l’immense majorité des colonisateurs venus d’Europe… Et sont-ils conscients qu’ils traitent d’antisémites de grandes figures de la communauté juive, tels Albert Einstein, Hanna Arendt (Lire la lettre au « New-York Times du 2/12/1948), Shlomo Sand, Ilan Pappe… tant d’autres.

Est-ce vraiment délirant de penser que l’objectif de ces communicants est essentiellement de servir le régime de Netanyahu et Lieberman en tentant de radicaliser autant que possible le public de leur pays?
… Et le parallèle avec les prêches des fanatiques appelant au djihad, est-il vraiment absurde?

Rudi Barnet
(Juin 2016)

Le serment – La Série diffusée sur Arte (bis)


Vous pouvez voir la série gratuitement sur Arte ici : http://www.arte.tv/guide/fr/042264-001/le-serment-1-4
La chaîne ARTE l’a diffusé le 31  décembre, malgré les protestations du CRIF (Arte rediffuse la série “The Promise” boycottée par le CRIF. Lire article ICI)
 Vous pouvez voir le programme en louant les quatre épisodes ici pour 9,99Euros ou 2,49Euros par épisode ou encore l’acheter chez amazon.
Le serment - La Série

Réalisateur : Peter Kosminsky
Acteurs : Perdita Weeks, Itay Tiran, Ben Miles, Christian Cooke, Claire Foy
Producteurs : BREAKOUT FILMS, DAYBREAK PICTURES

Erin, jeune Londonienne de 18 ans, s’apprête à partir passer l’été avec sa meilleure amie, Eliza Meyer, en Israël. Eliza doit y effectuer son service militaire.

À travers un double regard – celui d’une jeune Londonienne qui se rend pour la première fois en Israël et celui de son grand-père, soldat britannique dans la Palestine des années 1940 –, Peter Kosminsky (Warriors, Les années Tony Blair) retrace l’histoire du conflit israélo-palestinien de 1946 à nos jours. Captivant.

Le gouvernement Netanyahu savait que les adolescents étaient morts, alors qu’il poussait au délire raciste


Le gouvernement Netanyahu savait que les adolescents étaient morts, alors qu’il poussait au délire raciste
Max Blumenthal – The Electronic Intifada – 8 juillet 2014

 

 

 Lors d’une manifestation de la droite à Jérusalem, une pancarte proclame « Que Dieu venge leur sang » et un jeune porte un autocollant déclarant « Kahane avait raison », en référence au dirigeant du mouvement violent des colons, originaire de Brooklyn. 1er juillet 2014. (Tali Mayer/ActiveStills)


Lors d’une manifestation de la droite à Jérusalem, une pancarte proclame « Que Dieu venge leur sang » et un jeune porte un autocollant déclarant « Kahane avait raison », en référence au dirigeant du mouvement violent des colons, originaire de Brooklyn. 1er juillet 2014. (Tali Mayer/ActiveStills)

 

« Maudit soit celui qui dira, « Venger ça » »

Chaim Bialik, « Sur le massacre »

 

Dès l’instant où les trois adolescents israéliens ont été portés disparus le mois dernier, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et l’appareil de l’armée et des renseignements du pays ont bloqué toute circulation de l’information vers le grand public. Par un mélange toxique de propagande, de subterfuge et d’incitation, ils ont enflammé une situation précaire, manipulant les Israéliens pour tenir leur agenda, jusqu’à ce qu’ils rendent un cauchemar tout à fait évitable, inévitable.

Les chefs de la police et des renseignements et Netanyahu savaient dans les heures qui suivirent l’enlèvement et le meurtre des trois jeunes qu’ils avaient été tués. Et ils savaient qui étaient les principaux suspects moins d’un jour après que l’enlèvement a été signalé.

Plutôt que de révéler ces précisions au public, l’agence des renseignements d’Israël, le Shin Bet, a donné l’ordre du silence aux médias nationaux, interdisant aux agences d’information de dire que les adolescents avaient été presque certainement tués, et de révéler également l’identité des meurtriers présumés. Le Shin Bet a même menti aux parents des adolescents enlevés, leur faisant croire que leurs fils étaient en vie.

Au lieu de monter une action limitée pour arrêter les auteurs présumés et récupérer les corps des adolescents, Netanyahu a organisé toute une campagne agressive de relations publiques, de niveau international, exigeant la compassion et l’indignation des dirigeants dans le monde, lesquels avaient, eux aussi, le sentiment que les jeunes disparus étaient toujours vivants.

En attendant, les forces armées d’Israël saccageaient toute la Cisjordanie occupée et bombardaient la bande de Gaza dans une campagne de punition collective vendue mensongèrement aux Israéliens et au monde comme une mission de sauvetage.

Des détails essentiels qui étaient connus depuis le début par l’appareil armée-renseignements et Netanyahu n’ont été relayés vers l’opinion israélienne qu’après l’enlèvement de plus de 560 Palestiniens, dont au moins 200 sont toujours détenus sans inculpation ; après des raids sur les universités palestiniennes et des mises à sac d’innombrables maisons ; après que six civils palestiniens eurent été tués par les forces israéliennes ; après que la police de l’Autorité palestinienne entraînée par les Américains eut aidé les soldats israéliens dans des attaques contre des jeunes Palestiniens dans le centre de Ramallah ; après que furent allégués des vols qu’auraient commis les troupes israéliennes pour 3 millions de dollars US ; et après que la grand-messe de relations publiques internationales d’Israël fut arrivée à son terme.

L’assaut contre la Cisjordanie a suivi de près l’effondrement des négociations sous l’égide des USA, que les USA ont reproché à Netanyahu, et est venu immédiatement après la ratification par le Hamas d’un accord d’union avec l’Autorité palestinienne contrôlée par le Fatah. Netanyahu était toujours sous le coup de la reconnaissance américaine du gouvernement d’union quand la nouvelle de l’enlèvement lui est parvenue. Ne ratant jamais une occasion d’affaiblir les Palestiniens, lui et son entourage immédiat se sont résolus à tirer de l’enlèvement une propagande du meilleur niveau possible.

Des semaines après les faits, il est maintenant clair que le gouvernement israélien, ses services de renseignements et l’armée se sont engagés dans une opération de camouflage pour assurer l’espace politique dont ils avaient besoin pour une campagne militaire qui avait très peu à voir avec le sauvetage des adolescents enlevés.

La campagne de désinformation qu’ils ont menée a conduit une population endoctrinée, entièrement militarisée, à un délire tribaliste, provoquant une vague d’incitation à un haut degré, au meurtre vengeur consternant d’un adolescent palestinien innocent et à des émeutes à travers Jérusalem-Est.

Quand le chaos finira, et jusqu’où il se propagera, nul ne le sait. Mais son origine est de plus en plus claire.

 

Bâillonement des médias, mensonge aux parents des adolescents

 

Le 12 juin, trois jeunes Israéliens juifs, Naftali Frenkel, Gilad Shaar et Eyal Yifrach, disparaissent alors qu’ils font de l’autostop en partant de Kfar Etzion, une colonie illégale en Cisjordanie occupée. A 22 h 25, Shaar lance un appel paniqué à la police israélienne.

Durant cet appel étrange qui dure deux minutes et neuf secondes, on entend les présumés ravisseurs ordonner aux jeunes de garder la tête baissée. On entend aussi Radio Israël en bruit de fond, alors que Shaar appelle à l’aide à plusieurs reprises. Puis, ce sont plusieurs coups de feu, suivis de chants de fête, alors les ravisseurs remarquent, « Nous en avons eu trois ». Les trois ont été tués.

Il faut attendre jusqu’au lendemain matin pour que la police fasse le lien entre l’appel et la plainte pour personnes disparues déposée par les parents des jeunes. Lors d’une réunion avec des responsables du Shin Bet ce jour-là, les parents des adolescents écoutent un enregistrement de l’appel téléphonique.

Bat Galim Shaar, la mère de Gilad Shaar, demande aux enquêteurs de lui expliquer les coups de feu entendus en bruit de fond, et si cela veut dire que son fils est mort.

Selon Bat Galim Shaar, la police va déclarer que les balles étaient « des balles à blanc ». Quand la voiture utilisée par les présumés ravisseurs a été découverte carbonisée sur le bord d’une route, le Shin Bet lui dit qu’aucun ADN n’avait été trouvé. En réalité, il y a des balles et du sang partout à l’intérieur de la voiture. Le Shin Bet ment aux parents des jeunes disparus afin d’entretenir le faux espoir que leurs fils sont en vie.

Des soldats israéliens sécurisent la zone autour d’une voiture carbonisée près d’Hébron, en Cisjordanie, le 13 juin, après que trois adolescents israéliens furent portés disparus la veille. (Mamoun Wazwaz/APA Images)  

Des soldats israéliens sécurisent la zone autour d’une voiture carbonisée près d’Hébron, en Cisjordanie, le 13 juin, après que trois adolescents israéliens furent portés disparus la veille. (Mamoun Wazwaz/APA Images)

« Quand (le Shin Bet) me dit finalement à 6 h du matin, vendredi, que l’armée est au travail, je me sens mieux – comme si nous étions entre de bonnes mains, » a dit Bat Galim Shaar sur Channel 10 d’Israël. « J’ai été naïve, j’ai dit à tout le monde que Gilad serait à la maison avant le Shabbat. »

Après avoir trompé les parents des victimes, l’appareil armée-renseignements d’Israël a été amené à dissimuler la vérité au grand public, donnant un ordre de silence qui interdisait aux médias du pays de faire des révélations sur les coups de feu entendus dans l’appel enregistré à la police.

Selon le texte de l’ordre de silence, qui a d’abord été publié en anglais sur Mondoweiss, l’armée interdit aux journalistes israéliens de rendre publics « tous les détails de l’enquête » et « tout détail qui pourrait identifier le suspect ».

Non seulement tous ceux qui participaient à l’enquête – Netanyahu, le Shin Bet, l’armée – ont su tout de suite que les trois adolescents disparus étaient presque certainement morts, mais ils avaient aussi identifié les deux hommes qu’ils pensaient être les responsables un peu plus d’un jour après le crime.

Pour légitimer les objectifs plus vastes de l’armée, ils n’ont pas divulgué cette information.

 

Cacher les suspects

 

Le 17 juin, le site d’information de langue arabe, Rai Al Youm, rapporte que la police israélienne et les agents du Shin Bet ont investi les maisons de Marwan Qawasmeh et d’Amer Abu Eishe, les principaux suspects, près d’Hébron en Cisjordanie du sud. En tant qu’organe d’informations palestinien basé à Londres, Rai Al Youm n’était pas soumis à l’ordre de silence de l’armée israélienne et était, par conséquent, libre de publier les noms des deux personnes accusées d’être les ravisseurs.

Citant un article du site d’informations israélien Walla !, article retiré en raison de l’ordre de silence ou rendu autrement inaccessible, Rai Al Youm résume le récit du père d’Abu Eishe comme suit : « Samedi, à l’aube (deux jours après que l’enlèvement présumé eut été diffusé), les forces spéciales de l’armée israélienne ont investi la maison et interrogé les fils de la famille, tentant de trouver une information qui pourrait les guider là où il se trouvait, mais ils ont échoué ».

Le père d’Abu Eishé ajoute que le Shin Bet a aussi arrêté l’épouse de son fils pour l’interroger sur l’endroit où il pourrait se trouver. Un oncle de Qawasmeh remarque que quatre des frères de son neveu et son épouse ont été arrêtés le lendemain du présumé enlèvement, et interrogés.

Rai Al Youm ajoute : « Plusieurs des correspondants militaires des médias hébreux ont publié vendredi dernier une déclaration attribuée à un dirigeant de la sécurité palestinienne où il dit que l’AP (Autorité palestinienne) a pisté deux membres du Hamas qui avaient disparu jeudi dernier (le jour de l’enlèvement) et que les forces de sécurité de l’AP ont donné l’information qu’elles détenaient à Israël. Et maintenant, il est clair que ce récit est véridique, et qu’Israël les recherche et les accuse d’être derrière l’enlèvement. »

Allison Deger, correspondante Mondoweiss, s’est rendue à la maison de Qawasmeh et confirme que l’armée et le Shin Bet ont emmené plusieurs hommes de la famille pour interrogatoire le 14 juin.

 

La maison familiale endommagée d’Amer Abu Eishe, l’un des deux Palestiniens identifiés par Israël comme suspects dans le meurtre des trois adolescents israéliens, une fois démolie par l’armée israélienne, à Hébron, Cisjordanie, le 1er juillet. (Oren Ziv/ActiveStills)

La maison familiale endommagée d’Amer Abu Eishe, l’un des deux Palestiniens identifiés par Israël comme suspects dans le meurtre des trois adolescents israéliens, une fois démolie par l’armée israélienne, à Hébron, Cisjordanie, le 1er juillet. (Oren Ziv/ActiveStills)

 

Dans une enquête criminelle normale d’envergure, les noms des suspects en fuite sont largement diffusés. Les enquêteurs affichent, bien en évidence, les photos des criminels recherchés dans des espaces publics pendant que les responsables de la police organisent des conférences de presse pour faire appel à l’aide du public. Dans ce cas-ci, toutefois, les services de renseignements d’Israël ont fait le choix de garder les identités de leurs suspects jalousement secrètes pendant deux semaines.

Alors que Netanyahu et ses principaux adjoints accusaient l’ensemble des membres du Hamas de l’enlèvement, le Shin Bet donnait l’ordre de taire toute information liée à l’identité des suspects jusqu’au 26 juin. Aussi loin que l’opinion publique israélienne était informée, les ravisseurs auraient pu être n’importe où en Cisjordanie, dans une école ou un café, ou un poulailler, là où quiconque affilié au Hamas peut se rassembler.

Ayant manipulé une population exceptionnellement influençable grâce à une gestion méticuleuse de l’information, l’armée a obtenu toute la latitude politique dont elle avait besoin pour se déchaîner dans les villes éloignées de la scène du crime.

Durant un raid sur l’université de Birzeit, près de Ramallah, les troupes israéliennes se sont emparées de centaines de drapeaux Hamas, les emmenant par camions comme si elles avaient récupéré là une preuve d’importance. Quand l’armée a bombardé la bande de Gaza, la seule justification dont elle a eu besoin était que le territoire côtier assiégé était gouverné par le Hamas.

Un sondage publié le 2 juillet révèle que 76 % des Israéliens juifs approuvent les actions de l’armée et expriment un soutien massif à Shin Bet.

À court terme, l’ordre de silence avait produit le résultat recherché.

 

Un élément isolé

 

Bien que Qawasmeh et Abu Eishe soient largement identifiés comme d’anciens membres de la branche militaire du Hamas, ils constituent un élément isolé susceptible d’avoir agi à l’insu et contre le volonté de la direction du Hamas.

Selon le journaliste israélien Shlomi Eldar, les membres du clan Qawasmeh d’Hébron ont la réputation d’attaquer des cibles civiles israéliennes pendant les cessez-le-feu entre Hamas et Israël.

Si une grande famille de plus de 10 000 membres ne peut guère être blâmée pour les actions de quelques-uns de ses membres, il est notoire que les attaques effectuées par des combattants de la famille ont été critiquées en privé par les hauts dirigeants du Hamas, comme l’explique Eldar. La direction du Hamas considérait ces opérations comme des actes anarchiques autodestructeurs et qu’il fallait les payer souvent sous forme d’assassinats par Israël. Dans chaque cas, la violence a brisé les cessez-le-feu et inspiré de nouvelles périodes d’effusion de sang.

« Il en va de même aujourd’hui, » écrit Eldar. « Marwan Qawasmeh et Amer Abu Eishe ont placé le Hamas là où sa direction n’avait pas l’intention d’aller ».

La direction du Hamas n’a pas encore assumé la responsabilité de l’enlèvement et n’avait probablement aucune connaissance du projet. Comme le correspondant militaire de Ha’aretz, Amos Harel, le note, « Jusqu’à présent, il n’existe aucune preuve que la direction du Hamas, à Gaza ou à l’étranger, ne soit impliquée dans l’enlèvement. » Harel ajoute que les retombées de l’enlèvement « figent efficacement la réconciliation Fatah-Hamas ».

Pourquoi la direction du Hamas aurait-elle autorisé une opération qui menaçait si clairement de remettre en cause les succès politiques du mouvement, réduisant à néant l’accord d’union tant vanté et laissant Abbas sans rival en Cisjordanie ?

L’attaque-éclair de la propagande du gouvernement israélien a couvert les questions qui donnent à réfléchir comme celles-ci. Quant à l’ordre de silence, il a obstrué la circulation de l’information qui aurait compliqué la propagande.

Déterminé à recadrer le récit de la presse internationale autour de la position difficile d’Israël aux mains du terrorisme palestinien, Netanyahu est passé à l’offensive.

#BringBackOurBoys

 

Le 17 juin, le même jour où l’armée israélienne confisquait de force les caméras de vidéosurveillance à Beitunia, qui avaient enregistré l’assassinat par ses soldats de deux garçons palestiniens désarmés lors d’une manifestation pour la Journée de la Nakba, l’ambassadeur israélien aux Nations-Unies, Ron Prosor, se montrait derrière un pupitre à la Mission des Nations-Unies à New York.

« Cela fait cinq jours que nos garçons ont disparu, » a tonné Prosor, « et j’interroge la communauté internationale, où êtes-vous ? Où êtes-vous ?! »

Se référant au gouvernement d’union Fatah-Hamas, Prosor d’ajouter : « Tous ceux dans la communauté internationale qui se sont précipités pour bénir ce mariage devraient regarder dans les yeux les parents qui ont le cœur brisé, et avoir le courage de prendre leur responsabilité en condamnant l’enlèvement. La communauté internationale a adhéré à un mauvais accord, et Israël paie pour cela. »

À côté de Prosor, il y avait un grand panneau sur lequel étaient représentés les visages souriants des trois adolescents disparus, sous un hastag marquant #BringBackOurBoys. L’attaque-éclair propagandiste d’Israël approchait de son apogée.

Pendant des jours, les dirigeants des brigades israéliennes entraînées à la propagande en ligne – qui vont de l’unité du porte-parole de l’armée israélienne à l’Agence juive et au bureau du Premier ministre – ces dirigeants ont inondé les médias sociaux avec le hashtag #BringBackOurBoys. Copiant Michelle Obama dans sa promotion du hashtag #BringBackOurGirls qui visait à sensibiliser l’opinion sur l’enlèvement des écolières nigériennes par des militants islamiques, l’épouse renfrognée du Premier ministre israélien, Sara, a posté un portrait d’elle-même sur Facebook, tenant une carte où est écrit#BringBackOurBoys

Des manifestants de droite crient des slogans anti-palestiniens lors d’un rassemblement devant la résidence du Premier ministre israélien à Jérusalem, le 5 juillet. Les manifestants lèvent des affiches montrant les trois adolescents assassinés avec le texte, « Unis pour les ramener chez eux ». (Faiz Abu Rmeleh/ActiveStills)

Des manifestants de droite crient des slogans anti-palestiniens lors d’un rassemblement devant la résidence du Premier ministre israélien à Jérusalem, le 5 juillet. Les manifestants lèvent des affiches montrant les trois adolescents assassinés avec le texte, « Unis pour les ramener chez eux ». (Faiz Abu Rmeleh/ActiveStills)


 

La campagne de médias sociaux a résonné à travers les communautés juives aux USA, où les synagogues du pays ont exposé des rubans jaunes dans une démonstration de solidarité soigneusement coordonnée avec les adolescents disparus. À New York, les politiciens de la ville se sont montrés aux rassemblements pro-Israël, pendant que des diplomates américains, de l’ambassadrice US aux Nations-Unies, Samantha Power, à l’ambassadrice Susan Rice, rivalisaient tour à tour pour rendre l’hommage le plus émouvant aux adolescents enlevés.

Rachel Frenkel, la mère de Naftali Frenkel, enlevé, a été déléguée par le gouvernement israélien auprès du Comité des droits de l’homme des Nations-Unies à Genève, en Suisse, pour implorer une aide internationale afin de secourir son fils.

Toute la campagne de propagande est passée à la vitesse supérieure malgré Netanyahu et son entourage immédiat qui savaient que les adolescents étaient déjà certainement morts. Et elle a été possible grâce à l’ordre de silence du Shin Bet, que même des correspondants étrangers comme la chef du bureau du The New York Times à Jérusalem, Jodi Rudoren, a honoré. Le gouvernement israélien n’a pas voulu permettre aux faits d’interférer avec ce qui semblait être une opportunité politique.

Derrière l’image de pitié qu’elle affectait devant le monde, la société israélienne rageait de sa soif de sang. Une page Facebook créée spontanément, demandant qu’un prisonnier palestinien soit exécuté chaque jour que les adolescents resteront disparus, a recueilli plus de 35 000 « J’aime », la plupart venant de jeunes Israéliens, cela en quelques jours seulement. La page était appelée, « Le peuple d’Israël réclame vengeance ».

Manipulée par une campagne de haut niveau de tromperie et de désinformation, faisant croire que « leurs garçons » étaient toujours vivants, l’opinion israélienne n’allait pas tarder à recevoir des informations choquantes.

 

Sous une mince couche de terre

 

À 6 h du matin, le 30 juin, les corps de Frenkel, Shaar et Yifrach étaient trouvés à Halhoul, à l’entrée nord d’Hébron, en Cisjordanie occupée. Ils étaient allongés dans un trou peu profond sur un terrain appartenant à Marwan Qawasmeh, l’un des deux hommes suspectés de leur enlèvement et meurtre.

Les corps ont été découverts non pas par le Shin Bet, mais par une équipe de bénévoles de l’école agricole de Kfar Etzion qui a conduit les soldats sur place. Pour sa part, l’armée avait été trop occupée par l’invasion des maisons palestiniennes dans des régions aussi éloignées que Naplouse, pour passer efficacement au peigne fin la propriété d’un suspect à moins de 10 km du lieu de l’enlèvement.

Des heures après la découverte, les forces israéliennes ont placé des charges explosives dans les maisons familiales de Qawasmeh et Abu Eishe et les ont fait sauter. La destruction faisait suite à l’annonce que l’armée reprenait sa politique de démolitions punitives des maisons contre les familles de Palestiniens accusés de terrorisme.

Cet après-midi, Netanyahu a donné le ton pour une réponse nationale, publiant des commentaires sur son compte Twitter personnel qu’il venait juste de tenir à sa réunion de cabinet :

Le Premier ministre à la réunion de cabinet, 23 h 40, le 30 juin 2014 :

« C’est avec une grande peine que nous avons trouvé trois corps. Tout indique que ce sont les corps de nos jeunes enlevés, Eyal, Gilad et Naftali.

« Ils ont été enlevés et assassinés de sang-froid par des animaux humains. Au nom du peuple juif tout entier, je veux dire à leurs chères familles…

« Aux mères, pères, grands-mères et grands-pères, frères et sœurs – nous sommes profondément attristés, la nation tout entière pleure avec vous.

« Vengeance pour le sang d’un petit enfant, que Satan n’a pas encore créé. Aucun n’a une vengeance pour le sang pour trois jeunes purs qui étaient sur le…

« …chemin de la maison de leurs parents qui ne les reverront plus. Le Hamas est responsable et le Hamas paiera. Que les mémoires des trois garçons soient bénies. »

Les propos de Netanyahu ont laissé perplexes les gens de l’extérieur, mais chez ceux qui sont ancrés dans les limites étroites de la vie israélienne juive, ils ont eu eu une résonance familière.

 

De Kishinev à Jérusalem

 

La déclaration de Netanyahu fait allusion à la dernière strophe d’un poème de l’auteur hébreu Chaim Bialik, « Sur le massacre » :

Maudit soit celui qui dira : « Venger ça ! »

« Une telle vengeance, vengeance pour le sang d’un petit garçon,

« Que Satan lui-même n’a pas conçu

« Que ce sang transperce l’abîme !

« Que ce sang transperce les profondeurs des ténèbres,

« Laissez-le ronger les ténèbres et puis saper

« Toutes les fondations pourries de la terre ».

Dans sa poésie, une complainte brûlante ancrée dans le langage biblique, le poète Bialik adapte un pogrom de 1903 incité par le tsar russe et où un grand nombre de juifs sont morts, à Kishinev.

Bialik va donner une suite à son premier récit sur Kishinev avec « La ville du massacre », une œuvre incendiaire admonestant les victimes du pogrom pour leur passivité supposée face aux maraudeurs armés. (Les articles sur la résistance féroce des habitants ont été commodément ignorés.) Le poème a aidé à radicaliser des milliers de jeunes juifs à travers l’Europe de l’Est, inspirant la formation de comités d’autodéfense et gagnant des milliers de fidèles à la philosophie militante du sionisme. Parmi les plus influencés par Bialik, il y avait Vladimir Jabotinsky, l’activiste sioniste de droite qui deviendra plus tard un bienfaiteur politique pour le père de Netanyahu, Benzion.

Dans sa grossière appropriation de la poésie de Bialik, Benjamin Netanyahu reprend l’auteur du pogrom russe pour en faire un militant palestinien, traçant une ligne continue entre le cauchemar des juifs dans l’Europe de l’avant-guerre et le vécu israélien de nos jours. Dans l’opinion de Netanayhu, les « animaux humains » de Palestine ont hérité de l’esprit génocidaire des foules du tsar et ils répètent leurs crimes, sauf que les juifs sont prêts à se battre.

Naturellement, les juifs israéliens sont l’exact opposé des habitants des quartiers juifs (Shtetl) du début du siècle, se préparant contre les pogroms et nettoyages ethniques. Contrairement aux exclus persécutés de l’Europe de l’Est, les juifs israéliens comprennent une armée puissante, nucléarisée, qui regarde de haut une population palestinienne exclue, largement sans moyens de défense, et ce, avec le total soutien de la seule superpuissance du monde.

Pour ce qui le concerne, Netanyahu a plus en commun avec le tsar russe qui incitait contre les minorités religieuses pour détourner l’attention de ses problèmes politiques, qu’avec Bialik, le scribe itinérant qui canalisait la douleur des membres les plus faibles de sa société.

L’exploitation de la persécution historique des juifs a été une caractéristique constante de la rhétorique de Netanyahu, avec un étalage sans vergogne lors d’une allocation télévisée nationalement en octobre dernier, où il accuse le mouvement national palestinien d’avoir eu un rôle important dans l’Holocauste.

Cette fois, dans une atmosphère dangereusement tendue, sa démagogie a contribué à mettre en mouvement une vague de violences justicières qui a menacé d’engloutir l’ensemble de la société israélienne. Puis il s’est reculé de la scène publique, gardant un silence ostensible pendant plusieurs jours tandis que les éléments extrémistes qu’il avait enhardis prenaient le contrôle des rues.

 

« Assassinats, émeutes, incitations, autodéfense »

 

Alors que des foules de jeunes juifs sillonnaient le centre de Jérusalem, scandant « Mort aux Arabes ! » et cherchaient des Palestiniens pour les agresser, des soldats israéliens en service actif allaient sur Facebook pour réclamer vengeance, postaient des photos d’eux-mêmes avec les armes qu’ils brûlaient d’utiliser.

Avec un sondage de l’opinion publique israélienne réalisé après les funérailles des adolescents israéliens, montrant le parti d’extrême-droite « Foyer juif » gagnant du terrain sur le parti Likoud de droite, les parvenus politicards israéliens se sont précipités pour publier des appels à la vengeance du sang et à l’ « anéantissement » du Hamas. Ayelet Shaked, star montante du Foyer juif, a publié un appel au génocide des Palestiniens sur Facebook qui a obtenu des milliers de « j’aime » de la part des Israéliens.

Le rabbin Noam Perel, secrétaire général de Bnei Akiva, le plus important mouvement de la jeunesse sioniste religieuse, a placé la barre du fanatisme encore plus haut en appelant à transformer l’armée israélienne en une armée de vengeurs « qui ne s’arrêteront pas à 300 prépuces philistins. » L’appel d’Akiva se rapporte au premier livre de Samuel, dans lequel le personnage biblique de David tue deux cents Philistins et rapporte leurs prépuces comme preuve de ce qu’il a fait.

Sur fond d’incitation de fièvre aiguë, une petite voiture entre dans le quartier retiré de Shuafat, un quartier palestinien de Jérusalem-Est, le 2 juillet. Derrière ses vitres teintées, des jeunes hommes en colère cherchent des garçons arabes.

Après un enlèvement bâclé la veille d’un jeune de 10 ans dans ce même quartier, les hommes empoignent un jeune de 16 ans, dénommé Muhammad Abu Khudair, le jettent dans la voiture et partent à toute vitesse. Abu Khudair est retrouvé mort le lendemain matin, dans les bois de Givat Shaul, à l’ouest et tout près de Jérusalem, avec des brûlures sur 90 % du corps.

Des manifestants dans la ville palestinienne d’Arara dans le nord de ce qui est actuellement Israël lancent des pierres sur la police israélienne lors d’une manifestation après l’assassinat de Muhammad Abu Khudair, le 5 juillet. (Yotam Ronen/ActiveStills).

Des manifestants dans la ville palestinienne d’Arara dans le nord de ce qui est actuellement Israël lancent des pierres sur la police israélienne lors d’une manifestation après l’assassinat de Muhammad Abu Khudair, le 5 juillet. (Yotam Ronen/ActiveStills).


 

Comme il l’avait fait après l’enlèvement des trois adolescents israéliens, le Shin Bet impose le silence sur l’enquête, apparemment dans l’espoir de retarder la publication de l’information qu’Abu khudair a été la victime de l’extrémisme juif. Et comme précédemment, la police va inonder les médias israéliens avec la désinformation, cette fois en insinuant que le jeune assassiné a été tué par des membres de sa propre famille parce qu’il était homosexuel.

The Electronic Intifada a obtenu l’enregistrement de la vidéosurveillance montrant les visages des présumés tueurs d’Abu Khudair, alors qu’ils l’enlèvent. La vidéo a été cachée pendant plusieurs jours au public israélien dans le cadre d’un nouvel ordre de silence du Shin Bet. Quand la police a finalement arrêté les assassins présumés d’Abu Khudair, elle a, curieusement, organisé une conférence de presse commune avec le meurtre d’une jeune femme juive, suggérant sans aucune preuve claire, qu’elle avait été la victime d’un terroriste palestinien.

Le 4 juillet, l’autopsie révèle que les assassins d’Abu Khudair l’ont brûlé vif. Des manifestations et des émeutes se propagent depuis Shuafat à travers Jérusalem-Est et dans les régions du nord d’Israël. Pendant ce temps, les nationalistes juifs s’en vont sur Facebook organiser de nouveaux lynchages.

Netanyahu a fait surface brièvement la veille de la cérémonie du Jour de l’Indépendance au consulat US de Jérusalem. Avec l’ambassadeur US en Israël, Dan Shapiro, assis à ses côtés, le Premier ministre s’est trouvé malgré lui confronté à la frénésie de racisme qu’il avait contribué à inspirer.

S’exprimant en anglais pour être compris de ses hôtes américains, Netanyahu a déclaré, « Assassinats, émeutes, incitations, autodéfense, n’ont aucune place dans notre démocratie. Et ce sont ces valeurs démocratiques qui nous différencient de nos voisins et nous unissent avec les États-Unis. »

À l’extérieur, le chaos ne montrait aucun signe d’apaisement.

 

 

Max Blumenthal est journaliste primé et auteur à succès. Son dernier livre : « Goliath : vie et répugnance dans le Grand Israël » (2013, Nation Books).

 

The Electronic Intifada : http://electronicintifada.net/content/netanyahu-government-knew-teens-were-dead-it-whipped-racist-frenzy/13533

traduction : JPP pour l’AURDIP et les Amis de Jayyous

 

Lettre ouverte aux acteurs culturels : ne vous mettez pas au service de la propagande israélienne




Dans quelques jours, l’Université de Liège accueillera une manifestation intitulée “Israël Autrement”, consacrée au développement de l’art vidéo en Israël et aux oeuvres de deux vidéastes israéliennes, suivi d’une rencontre avec une responsable du centre d’art contemporain de Tel-Aviv. (www.videographies.be/fr <http://www.videographies.be/fr> )


Les organisateurs proclament qu’ils veulent “

ouvrir des portes inattendues ou de porter un regard différent sur notre société globalisée et ses démons.”… Et annoncent qu’en mars 2015 “les artistes vidéastes palestiniens seront à leur tour invités à Liège”.


Avant d’en venir à l’essentiel, deux questions se posent :
  • Pourquoi n’y a-t-il aucun vidéaste israélo/palestinien, invité?

      N’y en a-t-il vraiment aucun(e) dans ces quelque 25% de citoyens israéliens d’origine autochtone?

  • Pourquoi annoncer dès aujourd’hui une manifestation, à organiser dans un an (!), qui accueillera des vidéastes palestiniens… “Pour, dans un dialogue aujourd’hui impossible, nous livrer leur vision”?
      Les organisateurs ont-ils quelque chose à se faire pardonner… préventivement?

Cet “Israël Autrement”, sous-titré “pour repenser Israël à travers l’art vidéo”, se situe (que les organisateurs liégeois en aient conscience ou non) dans le droit fil de la nouvelle stratégie de propagande, lancée courant 2013 par le régime israélien, pour redorer son image.

Une sourdine a été mise à l’assertion du “petit peuple qui se défend” (Argument peu crédible quand on sait qu’Israël est une des plus importantes puissances militaires de la planète!) et à la diabolisation des sympathisants des Palestiniens… Pour faire place aujourd’hui à un discours visant à faire accroire qu’il s’agit d’un conflit entre deux peuples pour un territoire et que seule la volonté de paix anime le régime israélien.
Cette proclamation d’équidistance (…il n’y a ni oppresseur, ni opprimé) est au centre de l’opération de propagande et, malheureusement, inhérente à la présentation de ”Israël Autrement”.
Elle permet
d’occulter les faits, de nier l’Histoire et d’escamoter les réalités “gênantes”, tels la colonisation violente, le nettoyage ethnique, la politique d’apartheid, les assassinats ciblés, la torture d’enfants de moins de douze ans (
Rapport UNICEF du 14/10/2013), le vol de terres, la destruction du patrimoine culturel palestinien… et autres exactions subies par ce peuple depuis plus de quatre-vingt ans.

Afin d’éviter si possible la multiplication d’événements comme “Israël Autrement”, il est important que les acteurs culturels de notre pays sachent que la culture, et principalement le cinéma, est le principal vecteur de cette

campagne de propagande à laquelle le gouvernement israélien consacre un budget très important.

Simple exemple de la “force de frappe” : la production israélienne de films documentaires financés par l’Etat est actuellement supérieure en nombre à ceux produits par le Benelux et le Danemark… réunis!
Les programmateurs des festivals de cinéma européens peuvent témoigner du déferlement de ces films donnant une image trompeuse des réalités israéliennes.

Pour renforcer encore l’impact de l’action, M. Netanyahu a récemment décidé d’injecter quelques 20 millions d’&euro supplémentaires dans cette campagne de désinformation et de reconquête de l’image médiatique.

Il n’est pas toujours aisé d’identifier et de résister à cet envahissement – guère d’écho et/ou d’analyse dans la presse belge – et il est heureux que d’éminents journalistes israéliens comme Gidéon Lévy, Amira Hass ou Michel Warschawski informent régulièrement sur ces opérations de propagande sournoise.Alors?
Il ne s’agit, en aucune manière, d’exclure systématiquement tout créateur israélien, ils sont nombreux à s’opposer aux agissements de leur gouvernement actuel.
Il s’agit seulement de s’informer et d’être vigilant… ce qui n’a vraisemblablement pas été le cas des organisateurs de “Israël Autrement”.En espérant que cette lettre aura permis d’alerter les acteurs culturels contre cette propagande subtile et insidieuse, qu’elle leur permettra de ne pas collaborer involontairement avec

ce régime dont l’idéologie fasciste était déjà dénoncée il y a plus de soixante ans par des personnalités comme Hanna Arendt et Albert Einstein (“New York Times” du 2/12/1948).


Rudi Barnet
Ancien expert pour l’audiovisuel (Ministère de la Communauté Wallonie-Bruxelles)
Ex-Directeur du Festival de San Sebastian
Concepteur de Wallimage


 

Objectivité de l’information autour de la visite de Monsieur Reynders au Proche Orient


 

Objectivité de l’information autour de la visite de Monsieur Reynders au Proche Orient
Suite au JT de RTL-TVI du 9/11/2013, je vous prie de recevoir copie du texte que j’adresse au Directeur de l’Information de RTL, Monsieur Stéphane Rosenblatt, avec copie à Madame Caroline Fontenoy et à Monsieur Patrick Charlier, Directeur adjoint du centre pour l’égalité des chances.

Avec mes salutations distinguées,

M. P.


Monsieur,      
Madame,

 

La liberté de la presse (et donc d’expression) est le baromètre de la santé d’une démocratie, entend-t-on dire. Si cette assertion est exacte, les Belges, qui voudraient encore croire “un tout petit peu” au “respect du Droit international, garant de toute démocratie”, paraît-il, ont toutes les raisons de s’inquiéter et comme le disait Stéphane Hessel, de s’indigner,  à entendre certains JT.

Votre JT  du samedi 9/11/2013 de 19 h à cet égard fut un festival.

Présentatrice : Mme Caroline Fontenoy
Invité : M. Patrick Charlier, Directeur adjoint du centre pour l’égalité des chances.
Sujets : (à +/- 19 h 26)
– Montée de l’antisémitisme en Belgique
– Evocation de la “Nuit de Cristal”  (lire en PS)
– Intervention de Monsieur Reynders, suite à sa visite au Moyen-Orient.

Un fait de société, une évocation historique et un déplacement à but économique de notre Ministre.
Trois sujets apparemment sans aucun rapport, sauf si…..

Nous apprendrons le surlendemain (par RTL) qu’après une chaleureuse accolade avec Benjamin Netanyahu, la Belgique a signé de nouveaux accords économiques avec Israël.

Le “sentiment” de la montée de  “l’antisémitisme” en Belgique :

« 88 % des Juifs de Belgique, suivant l’enquête (laquelle? Pourquoi dans ce JT? Combien de personnes interrogées? Dans quelles villes? Comparaison avec d’autres communautés?), ont le sentiment que l’antisémitisme a augmenté en Belgique ces dernières années, en cause « la médiatisation du conflit israélo-palestinien qui contribue à la perception d’un antisémitisme grandissant dans l’enquête de 8 pays européens» (laquelle? Quels pays? Quel public cible?); Monsieur Charlier parle ensuite des propos, faits, harcèlements dont les Juifs seraient les victimes, en précisant que ces faits n’ont pas augmenté et qu’ils sont surtout visibles sur les réseaux sociaux d’internet.

Suit ensuite l’affichage d’un manifestant brandissant une pancarte (Pourquoi cette pancarte? Elle sort d’où? Portée par qui? Vous parlez du “sentiment” de Belges. Quel rapport avec Israël?)

(copie à partir du site)
ISRAEL EXERCE
SON DROIT
D’AUTODEFENCE


_________________________________________

En parlant du sentiment de la montée de l’antisémitisme, le terme  « judéophobie »  me semble plus correct. L’antisémitisme se réfère à « sémite »; or, en Palestine,  seuls les Palestiniens, qui ont toujours vécu sur cette terre et les Juifs qui y vivaient aussi, avant la naissance d’Israël, sont des sémites. Le terme antisémite est donc impropre.

La judéophobie dont souffre des Juifs de Belgique est inacceptable, comme toute forme de racisme ; c’est un poison, une insulte à l’intelligence,  qui doit être combattue comme la peste. Je ne fréquente jamais les réseaux sociaux. J’ai, par contre, souvent lu des « commentaires » d’articles sur des blogs qui font dresser les cheveux sur la tête; ces commentaires racistes visent surtout les Arabes ou les Africains. Nombreux aussi sont les commentaires qui critiquent l’état d’Israël et sa politique colonialiste et raciste et les Israéliens (surtout les colons) ou les non Israéliens (Juifs ou non) qui soutiennent “corps et âme”  cette politique.

A noter que  ces « inconditionnels »  défenseurs d’Israël sont souvent les plus virulents (et certains très racistes) et suivent aveuglément, sans le moindre discernement, « la ligne de conduite d’Israël » :
vous “critiquez Israël”, donc vous êtes “antisémites”.
En suivant cette logique, nombreux sont celles et ceux en effet qui sont “antisémites” dans le monde parce qu’Israël n’est pas aimé, en cause sa politique agressive et criminelle à l’encontre des Palestiniens.

Cet amalgame:  vous “critiquez Israël”, donc vous êtes “antisémites”  est voulu, entretenu par Israël, à coups de millions de dollars dépensés pour sa propagande = Hasbara. Et Israël pousse la malhonnêteté intellectuelle, l’arrogance et la perversité jusqu’à distiller auprès des Juifs non israéliens ( ici, des Belges) ce sentiment de rejet.

Cet odieux chantage, ce  “lavage de cerveaux”  (que dénoncent du reste certains israéliens) atteint des sommets dans l’ignominie lorsque Israël instrumentalise  l’horreur du génocide perpétré par les Nazis:
nous “avons toujours été persécutés”  et nous avons donc “le droit de nous défendre par tous les moyens”


Ca, c’est vraiment « dégueulasse » (je n’ai pas trouvé de synonyme)

Alors, lorsque RTL, lors d’un JT, plutôt que d’informer honnêtement et correctement ses auditeurs au sujet des atrocités commises par Israël les trompe en les manipulant, en recourant aux techniques de propagande israéliennes,  c’est honteux. Ce n’est plus du journalisme mais une collaboration avec un régime criminel.

La succession des sujets du JT dont question :

Le sentiment “d’antisémitisme”, lié au “conflit” israélo-palestinien (avec au passage une petite pancarte : Israël exerce son droit d’autodefence (sic)), l’évocation de la Nuit de Cristal (à ce moment là, hasard?), pour en arriver aux accords de coopération de la Belgique avec Israël,  ce n’est pas innocent; cela n’a d’autre but que de servir la confusion voulue par Israël et d’atténuer l’infamie du gouvernement belge qui collabore avec ce pays hors la loi; cela ne sert pas l’expression de la vérité, au contraire.


Lorsque Didier Reynders déclare :
“On sent la volonté d’aboutir, d’aller vers des négociations, en étant prêts à faire des concessions… La Belgique veut renforcer le soutien au dialogue et aux négociations de paix »,
vous savez très bien que ce n’est pas la vérité.  Monsieur Reynders aussi. Parce que les faits (par centaines), corroborés par des déclarations officielles et des écrits, prouvent le contraire.  Le gouvernement Netanyahu n’a aucune intention d’arrêter la colonisation (qui s’accélère depuis ces pseudo négociations) et il ne s’en cache pas. Ces négociations de paix sont bidons;  ne sont qu’un prétexte pour gagner du temps et imposer le fait accompli. Des concessions de la part des Palestiniens?  De quelles concessions parle-t-il ? Les Palestiniens n’en ont pas encore fait suffisamment ? Ils ont tout perdu. Il n’est plus possible d’envisager deux Etats – et vous le savez. Et Monsieur Reynders aussi.  Les Israéliens leur ont tout volé et n’acceptent de leur côté aucune concession parce qu’ils n’en ont jamais assez.

Tout ce cirque hypocrite est écoeurant et donne la nausée.

La vérité c’est que  RTL, notre gouvernement et l’UE se moquent éperdument du sort des Palestiniens:

des déplacements de populations du Neguev pour les parquer dans des ghettos après la destruction de leurs villages, des vols de terres; destructions de maisons, arrachage d’oliviers, pollution des puits ou des nappes phréatiques, incendies de champs, blessures ou mort de bétail, restriction de l’eau, arrestations administratives et tortures, arrestations et tortures d’enfants, non assistance à personnes en danger notamment dans les prisons, travail forcé d’enfants par des colons, occupation ou destruction de lieux religieux ( aussi catholiques), profanation de tombes, enfermement de près de 2 millions de personnes, bombardements au phosphore,  survol incessant de drones, coupure d’électricité, fermetures d’école, d’universités, interdiction de pêcher, de cultiver, de se déplacer, de respirer, de se soigner, de penser, de prier, de se défendre…..bref de vivre!

C’est ça la démocratie israélienne que vous défendez coûte que coûte.

Vous avez une bien curieuse conception du journalisme,
et de l’égalité,

Salutations,
M. P.

PS La rabbin Lynn Gottlieb à propos de la “nuit de cristal” et du sort des Palestiniens
Quand allez-vous réaliser que ce sont aujourd’hui les Palestiniens qui sont en danger?
http://www.europalestine.com/spip.php?article7800&lang=fr

source : par courriel

Israël : comment prendre une situation par le mauvais bout


anniebannie : n’ont-ils jamais pensé que la seule manière d’améliorer leur image est de se conduire correctement, de faire droit aux justes demandes de ceux qu’ils ont spoliés ?
Reste toujours l’odeur de sang : tous les parfums de l’Arabie n’adouciraient pas cette petite main. » (Shakespeare) Toute la hasbara du monde ne lavera pas leur réputation.

Israel obligé de payer pour essayer d’améliorer son image

mercredi 21 août 2013

Le gouvernement israélien vient de lancer un appel annonçant qu’il est prêt à payer des centaines de milliers d’euros à des étudiants israéliens pour de la propagande sur internet, afin d’améliorer son image terriblement dégradée dans l’opinion publique mondiale.

Le quotidien Haaretz rappelle qu’Israël va très mal et que les images qui ont fait le tour du monde telles que la photo d’un soldat israélien montrant la tête d’un enfant dans le viseur de son arme, ou celle d’un enfant de 5 ans arrêté par des militaires à Hébron ont fait des dégâts difficiles à réparer.

Netanyahou a donc annoncé qu’il superviserait lui-même un programme destiné à « promouvoir l’image d’Israël sur Internet. »

« Les étudiants seront organisés en unités dans chacune des sept universités du pays et un budget estimé à 778.000 dollars (582.000 euros) serait dégagé pour financer ce projet », indique Haaretz.

« La majorité des messages sera consacrée aux questions de politiques et de sécurité, à la lutte contre les appels au boycott d’Israël, ainsi qu’à la lutte contre la remise en question de la légitimité de l’État hébreu », ajoute-t-on de même source.

En Israël même l’annonce suscite la polémique. Ainsi, Alon Liel, ancien membre du ministère des Affaires étrangères, a qualifié le plan de « tout à fait répugnant ». « Les étudiants devraient être éduqués à penser librement. Lorsque vous achetez leurs esprits, ils deviennent une marionnette du gouvernement israélien. On peut donner des bourses pour un travail social ou pour l’enseignement, mais non pour faire de la propagande gouvernementale sur des questions politiques controversées ».

C’est dire que l’Etat d’Israël a du pain sur la planche…

CAPJPO-EuroPalestine

Un dirigeant israélien mis en garde contre les commentaires injurieux sur Facebook


lundi 19 août 2013 – 06h:50

Harriet Sherwood – The Guardian


Daniel Seaman, chargé de promouvoir l’image d’Israël en ligne, a été enjoint de cesser de poster ses commentaires « inacceptables ».

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La réponse de Seaman à une question du négociateur en chef palestinien sur la fin des nouvelles colonies : « Y a-t-il une manière diplomatique pour dire « Allez vous faire foutre » ? »
Photo : Oliver Weiken/EPA

Ce haut fonctionnaire du gouvernement, responsable de la promotion d’images positives d’Israël dans les réseaux des médias sociaux a été enjoint de cesser ses déclarations injurieuses sur sa page Facebook.

Le rappel à l’ordre fait suite à une série de commentaires tenus par Daniel Seaman, lequel vient de prendre ces derniers mois le poste de directeur de la Diplomatie publique israélienne sur Internet.

Parmi ses commentaires, une réponse à une question du négociateur en chef palestinien, Saeb Erekat, sur la fin de l’expansion de nouvelles colonies dans laquelle il écrit : « Y a-t-il une manière diplomatique pour dire « Allez vous faire foutre » ? ».

Au début du mois sacré du Ramadan, quand les musulmans jeûnent du lever au coucher du soleil, Seaman a posté : « Est-ce que le début du jeûne du Ramadan signifie que les musulmans vont arrêter de se manger les uns les autres pendant la journée ?  ».

Comme réponse à un rapport de l’Église d’Écosse qui mettait en avant que les juifs n’ont pas de droit divin sur la terre, il écrit : « Pourquoi pensent-ils que nous avons quelque chose à foutre de ce que vous vous avez à dire ?

Des diplomates japonais se sont plaints des commentaires de Seaman sur les commémorations pour les victimes des bombes atomiques de 1945. « J’en ai par-dessus la tête des Japonais, des groupes des « Droits de l’homme » et pour la « paix » dans le monde entier qui tiennent leurs commémorations annuelles auto-satisfaites pour les victimes d’Hiroshima et Nagasaki  », écrit-il. « Hiroshima et Nagasaki sont les conséquences de l’agression japonaise. Vous récoltez ce que vous semez… »

Selon le Jerusalem Post, les supérieurs de Seaman ont émis plusieurs avertissements à propos de ses affichages Facebook.

Dans un communiqué, la Direction de l’information nationale a fait savoir : «  Les déclarations de Danny Seaman sur Facebook sont inacceptables et n’expriment pas le point de vue du gouvernement israélien. La direction a prié Seaman de s’abstenir immédiatement de tenir de tels propos. »

Seaman était connu pour son approche acide de la presse étrangère quand il était directeur du Bureau de presse du gouvernement. Dans son nouveau rôle il a décidé, entre autres initiatives, d’un programme permettant de payer des étudiants pour poster des commentaires pro-Israël sur Facebook, Twitter et d’autres sites Internet et forums.

Jérusalem, le 16 août 2013 – The Guardian – traduction : Info-Palestine

La « hasbara », l’autre arme d’Israël


Extrait du compte twitter du premier ministrte israélien

Les batailles israélo-palestiniennes ne sont jamais uniquement militaires mais également médiatiques. La propagande, la hasbara, en hébreu, fait l’objet depuis longtemps d’un soin particulier de la part des autorités israéliennes qui procèdent généralement par une « politique de l’offre », la mise à disposition de la presse nationale et internationale d’une kyrielle d’experts militaires, de chercheurs, y compris via des reportages clé en main, dans le but de faire passer les éléments de langage israéliens. Les institutions gouvernementales (armée, ministère des affaires étrangères, qui a ouvert l’onglet Israel under Fire qui décrit un pays attaqué, ou compte twitter du premier ministre Benyamin Nétanyahou) et non gouvernementales (par exemple The Israel Project, qui reprend exactement la même thématique) sont alors en première ligne. Chaque expérience fait ensuite l’objet d’un retour critique (lire cet article du Haaretz sur l’analyse des ratées de l’offensive de 2008-2009 et de l’assaut contre le Navi Marmara).

La nouveauté de la campagne en cours tient à deux éléments. Le premier, le plus spectaculaire, est le recours à la virtuosité numérique avec le suivi, presque en temps réel, de l’assassinat de Ahmed Jabari via Twitter. Le second, plus stratégique est « l’humanisation » de l’opération israélienne avec l’accent mis sur les souffrances israéliennes pour contrecarrer le cliché des fantassins lourdement armés, des blindés et des avions de guerre opposés à un peuple de civils vivant dans le dénuement, alors que les groupes armés palestiniens disposent désormais, grâce à la « zone grise » qu’est devenu le Sinaï, de matériels bien plus meurtriers que par le passé.

Quel impact cette guerre médiatique peut-elle avoir réellement? Outre le fait qu’elle reste à la merci de la moindre bavure immédiatement répercutée (on se souvient à cet égard de la mort quasiment en direct à la télévision israélienne des trois filles du médecin palestinien Ezzedine Aboulaïch en janvier 2009), cette guerre se heurte au profond clivage que génère le conflit israélo-palestinien, l’une des rares questions internationales pour laquelle il existe des opinions très tranchées. On le voit en France où chaque accès de violence resserre les rangs des « pro » et des « anti » (lire la note consacré au livre de Marc Hecker) et où la hasabara ne prêche guère que les convertis.

À propos de Gilles Paris

Le conflit qui oppose Israéliens et Palestinien est au coeur des crises qui secouent le Proche et le Moyen Orient. Considéré comme central par les diplomates et les analystes, il est sans doute l’un des plus suivis par la presse internationale. Cette surmédiatisation, paradoxalement, constitue souvent un obstacle à sa compréhension. Les informations égrénées sur la situation à Gaza, comme en Cisjordanie, les raids, attaques et représailles masquent les processus politiques en cours, leurs enjeux, leurs succès comme leurs échecs. En décryptant régulièrement une actualité éclairée par les documents de références, qu’il s’agisse des textes, des portraits des principaux acteurs ou des dates clefs, Guerre ou paix se propose de rendre cette actualité plus lisible. Il vous permet de vous exprimer sur le Forum du Monde.fr consacré au Proche Orient.

Baudouin Loos : ON LE SAIT CETTE VIOLENCE NE RESOUT RIEN


Pourquoi le gouvernement de l’Etat d’Israël a-t-il pris la décision, lourde de conséquences, d’«éliminer» Ahmad Jaabari, chef incontesté de l’aile militaire du Hamas? Parce que le Hamas, «organisation terroriste», ne reçoit que ce qu’il «mérite» ? C’est bien la version officielle: des incidents armés avaient eu lieu, des roquettes tombaient sur Israël, il fallait frapper la tête du «serpent».Très bien. Sauf que cette version ne tient pas la route. Ahmad Jaabari n’était certes pas un enfant de choeur. Mais il se trouvait être celui avec qui Israël traitait, indirectement, depuis plus de cinq ans en matière de sécurité. Pour Aluf Benn, un analyste vétéran du journal israélien Haaretz, Jaabari était même le «contractuel d’Israël», chargé de protéger la frontière. Le Hamas, en tout cas, qui dirige la bande de Gaza, n’avait aucun intérêt à provoquer Israël. En revanche, d’autres groupes radicaux, difficiles à contrôler même par le Hamas, n’ont pas le même agenda.

Il faut aussi savoir que Jaabari a négocié maintes trêve avec Israël. Via les services secrets égyptiens et l’un ou l’autre intermédiaire israélien, tel Gershon Baskin (notamment très actif dans la libération du soldat israélien Gilad Shalit). Ce pacifiste ne cache pas sa colère depuis l’assassinat de Jaabari, «une erreur qui va coûter nombre de vies humaines des deux côtés», selon lui.

Mais alors, une fois encore, pourquoi tuer Jaabari? Comme souvent dans le passé d’Israël, il convient de chercher le gain électoral possible pour les membres du gouvernement. Le 22 janvier 2013, Israël connaîtra des élections législatives anticipées. Avec cette nouvelle guerre qui commence, les Israéliens vont à nouveau se serrer les coudes devant la «menace» du Hamas… Cette théorie est notamment celle de Baskin, de Benn et aussi d’Uri Avnery, ex-député et vétéran du camp de la paix en Israël.

Au demeurant, et ce n’est peut-être pas une coïncidence, ce nouveau cycle de violence handicape les efforts palestiniens à l’ONU pour tenter d’obtenir un statut d’Etat non membre auprès de l’Assemblée générale.

Pour le reste, les «représailles» israéliennes ne résolvent rien. Le cycle est trop connu. Au terme de l’offensive israélienne, aérienne ou même terrestre, les Gazaouis seront une fois de plus assommés et… plus que jamais défiants. Les tirs de roquette visant les civils israéliens sont sans doute des crimes de guerre. Mais que dire, alors et par exemple, des bombes israéliennes qui ont coûté la vie à plus de 300 enfants à l’hiver 2009-2010?
BAUDOUIN LOOS Le Soir

Les forces israéliennes d’occupation recrutent des soldats sur le Net


“Pas besoin d’être soldat dans Tsahal pour aider Israël à se défendre. Comment pouvez-vous agir ?”

C’est par ces mots sciemment choisis suivis d’un lien renvoyant vers son site que l’armée israélienne recrute sur Facebook et Twitter.

Cyberguerre, stratégie marketing ou l’art de tisser sa toile

La guerre se joue aussi sur le terrain de l’information et les réseaux sociaux sont des outils incroyablement puissants pour informer, mais aussi désinformer et faire de la propagande. Tsahal l’a compris et profite de cette accès à des millions d’internautes pour présenter sa réalité de la situation en Israël, dénoncer certaines postures médiatiques et recruter des porte-parole de la cause israélienne. Cette puissante armée mise sur le marketing viral pour imposer son opinion. Le but ? Sensibiliser le grand public et le rallier à son combat, notamment en prenant la posture de victime. En somme, une vraie stratégie publicitaire, comme le fait n’importe quelle marque, avec les processus d’identification et la notion de groupe/communauté voire d’appartenance à une élite pour mieux se vendre. Sauf que l’enjeu dans ce cas est considérable.

Responsabilité des internautes

Des groupes terroristes communiquent sur internet et parviennent à endoctriner les plus faibles, ces méthodes sont d’ailleurs largement commentées et dénoncées. Qu’en est-il concernant l’armée de Tsahal ? A quel point cette activité et ce lobbying sur la Toile sont-ils efficaces ? Les personnes qui rejoignent ses rangs sur le terrain virtuel réalisent-elles ce que leur soutien implique ? Rien n’est moins sûr. Derrière son écran, difficile de connaître la réalité du terrain. Compliqué de comprendre que l’expression “frappes chirurgicales” désigne des attaques bien moins précises, ciblées et propres que ces termes ne le laissent penser. Que les “dommages collatéraux” sont des civils tués car leur maison ou leur école ont été attaquées. Des décès vite dénombrés dans un décompte macabre et froid et tout aussi vite oubliés. Comme s’il ne s’agissait que de chiffres. Les soutiens invisibles de Tsahal le savent-ils ?

A ce jour, plus de 25 morts côté palestinien dues aux attaques qui ont débuté vendredi. Aucun côté israélien (fort heureusement). A part un cheval, le Jerusalem Post a d’ailleurs annoncé sa mort dans un article intitulé “Il ne fait pas bon être un cheval aujourd’hui” avant de modifier ce titre pour le moins évocateur.

PS : Concernant la désinformation, il apparaît – et cela a été confirmé par BFM TV, Le Figaro, Euronews, France 2, entre autres, – que c’est le gouvernement israélien qui a lancé les récentes hostilités, contrairement à ce qui a été dit dans un premier temps et que certains médias continuent de répéter.