« LA DEUXIÈME MORT DU JUDAISME


Via Serge Grossvak (Juif Autrement Yid)

Publié par Eitan Altman dans le groupe que nous co administrons « survivants de l’Holocauste et leur descendants contre la guerre de Gaza ». Un texte très fort de Eric Hazan.

Jeudi 15 janvier 2009. Les millions de juifs qui ont été exterminés par les nazis dans les plaines de Pologne avaient des traits communs qui permettent de parler d’un judaïsme européen. Ce n’était pas tant le sentiment d’appartenance à un peuple mythique, ni la religion car beaucoup d’entre eux s’en étaient détachés : c’étaient des éléments de culture commune. Elle ne se réduisait pas à des recettes de cuisine, ni à des histoires véhiculant le fameux humour juif, ni à une langue, car tous ne parlaient pas le yiddish.

C’était quelque chose de plus profond, commun sous des formes diverses aux ouvriers des usines textiles de Lodz et aux polisseurs de diamants d’Anvers, aux talmudistes de Vilna, aux marchands de légumes d’Odessa et jusqu’à certaines familles de banquiers comme celle d’Aby Warburg.

Ces gens-là n’étaient pas meilleurs que d’autres, mais ils n’avaient jamais exercé de souveraineté étatique et leurs conditions d’existence ne leur offraient comme issues que l’argent et l’étude. Ils méprisaient en tout cas la force brutale, dont ils avaient souvent eu l’occasion de sentir les effets. Beaucoup d’entre eux se sont rangés du côté des opprimés et ont participé aux mouvements de résistance et d’émancipation de la première moitié du siècle dernier : c’est cette culture qui a fourni son terreau au mouvement ouvrier juif, depuis le Bund polonais, fer de lance des révolutions de 1905 et 1917 dans l’empire tsariste, jusqu’aux syndicats parisiens des fourreurs et des casquettiers, dont les drapeaux portaient des devises en yiddish et qui ont donné, dans la MOI, bien des combattants contre l’occupant. Et c’est sur ce terrain qu’ont grandi les figures emblématiques du judaïsme européen, Rosa Luxembourg, Franz Kafka, Hannah Arendt, Albert Einstein.

Après guerre, nombre des survivants et de leurs enfants soutiendront les luttes d’émancipation dans le monde, les Noirs américains, l’ANC en Afrique du Sud, les Algériens dans leur guerre de libération. Tous ces gens sont morts et on ne les ressuscitera pas.

Mais ce qui se passe en ce moment à Gaza les tue une seconde fois. On dira que ce n’est pas la peine de s’énerver, qu’il y a tant de précédents, de Deir Yassin à Sabra et Chatila. Je pense au contraire que l’entrée de l’armée israélienne dans le ghetto de Gaza marque un tournant fatal. D’abord par le degré de brutalité, le nombre d’enfants morts brûlés ou écrasés sous les décombres de leur maison : un cap est franchi, qui doit amener, qui amènera un jour le Premier ministre israélien, le ministre de la Défense et le chef d’État-major sur le banc des accusés de la Cour de justice internationale. Mais le tournant n’est pas seulement celui de l’horreur et du massacre de masse des Palestiniens. Il y a deux points qui font des événements actuels ce qui est advenu de plus grave pour les juifs depuis Auschwitz.

Le premier, c’est le cynisme, la manière ouverte de traiter les Palestiniens comme des sous-hommes les tracts lâchés par des avions annonçant que les bombardements vont être encore plus meurtriers, alors que la population de Gaza ne peut pas s’enfuir, que toutes les issues sont fermées, qu’il n’y a plus qu’à attendre la mort dans le noir. Ce genre de plaisanterie rappelle de façon glaçante le traitement réservé aux juifs en Europe de l’Est pendant la guerre, et sur ce point j’attends sans crainte les hauts cris des belles âmes stipendiées.

L’autre nouveauté, c’est le silence de la majorité des juifs. En Israël, malgré le courage d’une poignée d’irréductibles, les manifestations de masse sont menées par des Palestiniens. En France, dans les manifestations du 3 et du 10 janvier, le prolétariat des quartiers populaires était là, mais des hurlements de colère d’intellectuels juifs, de syndicalistes, de politiciens juifs, je n’en ai pas entendu assez. Au lieu de se satisfaire des âneries du gouvernement et du CRIF (« ne pas importer le conflit »), il est temps que les juifs viennent en masse manifester avec les « arabo-musulmans » contre l’inacceptable.

Sinon, leurs enfants leur demanderont un jour « ce qu’ils faisaient pendant ce temps-là » et je n’aimerais pas être à leur place quand il leur faudra répondre. »

Eric Hazan. Photo : Moi, fille de juifs d’Europe de l’Est, fille de juifs polonais qui parlaient le yiddish, je partage ce beau texte d’Eric Hazan, Eric Hazan, écrivain et éditeur français, fondateur des éditions « La Fabrique », né en 1936 d’une mère apatride née en Palestine et d’un père juif originaire d’Égypte. Fin décembre 2008-janvier 2009. Guerre de Gaza.

מדוע אני מתנגד למבצע בעזה גם כשיורים על העיר שלי – שיחה מקומית
mekomit.co.il
על אסירים, סוהרים, אי הבנות ודרישות מופרכות

Etre un Mensch ou un collabo du plan Dalet?


 

En Hommage à Hajo Meyer [1]

 

C’est un bien beau mot yiddish que Mensch!

Dans la communauté juive, il désigne un être humain de valeur, quelqu’un de bien, une personne d’honneur.

J’ai la chance d’en connaître plusieurs qui m’ont donné leur amitié.

Ils et elles ont toujours été antiracistes, se sont opposés à la dictature franquiste, ont soutenu les Vietnamiens, dénoncé le colonialisme belge, appuyé les luttes de libération d’Algérie, d’Afrique du Sud et d’Amérique latine, manifesté pour les Sahraouis, les Kurdes, les Roms, les Amérindiens, les réfugiés d’Afrique et d’Afghanistan… Bref, ils n’ont jamais cessé de défendre les droits des humains, ici et ailleurs.

 

Certains parmi les plus anciens vont régulièrement rencontrer les enfants dans les écoles pour témoigner de l’abjection du nazisme qui a conduit à l’indicible horreur d’Auschwitz.

Et tous, jeunes et vieux, manifestent aujourd’hui contre les crimes du régime de Netanyahu et s’opposent à ceux qui, dans ce pays, prétendent parler au nom de la communauté juive alors qu’ils ne sont que des propagandistes d’un régime criminel.

 

Le mot hébreu Dalet a, lui, une signification bien moins honorable.

Pour ceux et celles qui l’ignoreraient encore, le plan militaire appelé Dalet a été mis au point en 1947 par les leaders du mouvement sioniste et déclenché avant même la création de l’Etat d’Israël.

Son but était simple : « désarabiser » le futur pays!

 

Comme le déclarait alors Ben Gourion, le fondateur de l’Etat : « Le nettoyage de la

    Palestine demeure l’objectif premier du plan Dalet! » [2]

 

Au début, ce fut un réel succès : quelques 750.000 Palestiniens furent expulsés de leurs maisons ou prirent la fuite, on massacra ceux qui osaient résister – la tuerie de Deir Yassin est restée « célèbre » – et près de 400 villages furent rasés. [3]

Mais quand les bombardements cessèrent, Ben Gourion et ses acolytes durent bien constater que tous les Palestiniens n’avaient pas fui!

Il en restait 160.000 sur le territoire du nouvel Etat.

Ils constituent aujourd’hui plus de 20% de la population israélienne, considérés comme des citoyens de seconde zone et soumis aux lois d’apartheid du régime sioniste.

 

De plus, si le nouveau maître avait contraint une bonne partie des « indigènes » à l’exil au Liban, en Jordanie et en Syrie, il en restait encore beaucoup aux abords du territoire conquis.

Ceux de Cisjordanie se retrouveront plus tard derrière le fameux mur et les autres emprisonnés dans le lopin de terre de Gaza (± 480.000 réfugiés)… ou, comme les Bédouins, parqués dans les « townships » du Negev. [4]

 

L’ambition des colonisateurs, Européens pour la quasi totalité, de créer un état sioniste s’étendant, au minimum, du Golan au golfe d’Akaba et du Jourdain à la mer Méditerranée était donc loin d’être atteint. [5]

De plus, la reconnaissance du nouvel Etat par l’ONU, entraînait, paradoxalement, un problème pour le développement du plan.

En effet, aux yeux de la communauté internationale, Israël se devait d’avoir l’apparence d’une démocratie, de montrer un profil de régime respectable.

Plus question de continuer la « désarabisation » au grand jour.

Il fallait changer de stratégie.

C’est ainsi que depuis soixante ans, Israël applique l’expansion territoriale « par paliers ».

Chaque annexion ou occupation de terres est justifiée par des nécessités de sécurité [6] ou l’exigence de riposte à une agression.

 

Une fois le territoire conquis, une campagne de propagande est lancée proclamant tous azimuts la volonté de paix d’Israël.

Des négociations sont ensuite organisées (Camp David, Oslo, Annapolis, Le Caire…)… et tirées en longueur jusqu’à la rupture sous un des prétextes habituels.

Israël est passé maître dans cette stratégie visant à « stabiliser » la conquête pendant d’interminables pourparlers, et rendre ainsi l’occupation irréversible : l’expansion des colonies en Cisjordanie pendant les négociations est un exemple éclairant.

 

L’Histoire est constellée de ces agissements démontrant que, loin d’aspirer à la paix, le régime sioniste n’a jamais cherché qu’à affaiblir les habitants de cette terre, à les humilier, les réprimer, les expulser… ou à les massacrer comme à Kafr Kassem en 1956. [7]

Blocus de Gaza depuis huit ans, érection d’un mur de plus de 700 kms, création de centaines de check-points en Cisjordanie, arrestations arbitraires, lois d’apartheid, emprisonnements d’élus politiques, destructions de maisons et de champs d’oliviers, torture d’enfants [8] , vol de l’eau… etc, etc.

Les preuves sont, hélas, innombrables.

 

Le dernier avatar de « Dalet » est « Barrière de Protection ».

Le déclenchement de cette opération est essentiellement motivé par le danger que représente pour les colonisateurs la décision de réunification du Hamas et du Fatah… Mais, comme toujours, Israël a une bonne justification pour les medias.

Cette fois, c’est l’assassinat de trois jeunes colons et les roquettes lancées sur les colonies proches de Gaza… Ashdod, Ashkelon et Sderot notamment.

La plupart des medias « mainstream » passent bien entendu sous silence que ces roquettes répondent aux exactions de l’occupant (blocus humiliant, bombardements ciblés, agressions des pêcheurs, interdiction de cultiver, etc)…Et qu’elles sont, notamment, envoyées par les Palestiniens originaires de la région.

Chassés par les conquérants européens en 1948, ils se sont retrouvés – avec la clef de leur maison pour seul souvenir – dans les camps de refugiés de Jabalia ou Khan Younis. [9]

Ces villes et villages qu’ils bombardent aujourd’hui étaient les leurs!

Ils s’appelaient Asdud (Ashdod), Najd (Sderot), Asqalan (Ashkelon),… etc. [10]

 

Le plan Dalet était passé par là… sans parvenir à éradiquer la mémoire !

 

Parfois, le régime sioniste fait des « erreurs stratégiques » comme en 1987 quand, pour affaiblir le Fatah, il a soutenu la création du Hamas, ou en 2006 quand, en compagnie des USA, il collabora à la tentative de coup d’état menée par Mohammad Dahlan pour renverser la gouvernement de Gaza, légitimement élu. [11]

 

En 2014, le plan Dalet [12] est toujours opérationnel.

Il n’a, en réalité jamais cessé d’être au coeur de la politique israélienne.

Affirmer cela tient du fantasme? C’est une vision simpliste? Tendancieuse?

 

Il suffit pourtant de regarder les cartes montrant les expansions territoriales année après année – celle de 2005 est déjà largement obsolète – pour constater que ce projet raciste n’a jamais été enterré.

 

 

Depuis plus de soixante ans, de conquête en conquête, d’annexion en occupation, de massacres organisés ou commandités (Sabra et Chatila), de meurtres ciblés (Naïm Khader… et tant d’autres),  de propositions de paix truquées, de refus de respecter le droit international et les ordonnances de l’ONU ou du Tribunal de La Haye, au rejet de propositions de paix [13], les colonisateurs ont méthodiquement continué d’appliquer le plan de « désarabisation ».

 

Cyniquement, avec le soutien des USA et la complicité de la plupart des pays européens, la plus grande puissance militaire du Moyen-Orient a aujourd’hui mis la main sur la quasi totalité de la « terre sainte » et mène en ce moment une action génocidaire contre le peuple palestinien de Gaza.

Ce qui ne l’empêche pas, pendant ce temps, de continuer à harceler les Palestiniens de Cisjordanie et de fermer les yeux sur les ratonnades fomentées, en Israël, par des milices sionistes fanatiques. [14]

 

Au moment où j’écris ces lignes, « Dalet » fait une pause et une fragile trêve s’est installée après la boucherie des dernières semaines. Ce moment de calme permettra au moins d’enterrer les quelques 2.140 morts Palestiniens (71% de civils, dont 555 enfants suivant le décompte de l’UNICEF!) et de soigner les milliers blessés laissés par « l’armée la plus morale du monde ». [15]

Cette trêve permettra aussi de faire le deuil des 17 victimes (dont deux enfants) de Cisjordanie, abattues durant la même période dans les rues de Jérusalem ou d’Hébron par les « snipers » israéliens et de soigner les 2.139 blessés. [16]

 

Et Netanyahu continue de proclamer « Nous ne faisons que nous défendre! »

Il est vrai que pour le colonialiste, l’Histoire ne commence pas au moment où il envahit, massacre et expulse mais toujours au moment où l’opprimé se révolte et l’agresse, tout comme le violeur pour qui l’histoire ne commence pas au moment du viol mais quand sa victime le gifle.

C’est ainsi que les tartuffes sionistes font commencer l’horreur au moment où les roquettes s’abattent sur  leurs villes et villages… Pas au début du crime de colonisation.

 

La Cisjordanie est pratiquement annexée, les habitants n’ont plus que des frondes pour se défendre.

Seule la bande de Gaza se bat encore les armes à la main.

Encore un effort, messieurs les colonialistes, l’apothéose du plan Dalet approche.

 

Encore quelques massacres pour atteindre votre objectif : l’éradication d’un peuple et l’asservissement des survivants!

… Et l’extrême-droite sioniste des pays occidentaux pourra jubiler!

 

Alors, les « Menschs » que je connais hausseront les épaules.

Ils savent depuis longtemps que ces compatriotes qui prétendent parler en leur nom, sont des manipulateurs au service d’une idéologie fasciste! [17]

Ces « Menschs » dénoncent journellement ces agents de la « Hasbara » [18] qui avancent masqués et font croire à des citoyens crédules que des hordes de manifestants islamistes envahissent nos rues en hurlant « Mort aux Juifs » et que des pogroms (émeute avec pillage et meurtres!) ont même été fomentés à Bruxelles et à Paris durant l’opération « Barrière de Protection ». [19]

 

Les « Menschs » sont insensibles au bourrage de crâne politique et ne font pas d’amalgame entre leur appartenance à la communauté juive et le régime de Netanyahu.

Ainsi, ils n’acceptent pas qu’un général israélien vienne, avec la collaboration de rabbins, faire du recrutement dans les synagogues. Ils se demandent d’ailleurs pourquoi le gouvernement ferme les yeux sur cette tentative d’embrigadement, alors qu’il met en prison ceux qui recrutent pour d’autres causes.

Ils ne sont pas les ennemis d’Israël, non!

Ils sont seulement pour un Israël « désionisé » dans lequel un citoyen est égal à un autre citoyen et ils refusent un régime dans lequel les Palestiniens sont considérés comme « des bêtes qui marchent sur deux jambes.«  [20]

 

Hajo Meyer qui vient de nous quitter affirmait : “Les Israéliens essayent de déshumaniser les Palestiniens, exactement comme les Nazis ont tenté de me déshumaniser. Personne ne devrait déshumaniser l’autre et ceux qui essayent de déshumaniser l’autre ne sont pas humains » [21]

Il fait partie de ces « Menschs » qui sont l’honneur de leur communauté.

 

Mais, pas d’angélisme! Ils ne sont pas plus « pro-Hamas » que « pro-Fatah » et conservent leur esprit critique devant les dérives politiciennes de certains responsables.

Ils agissent seulement pour que justice soit rendue aux Palestiniens, pour que le Droit international soit appliqué et que les criminels de guerre soient jugés.

 

Ils refusent aussi de se faire manipuler par les medias qui parlent d’un conflit entre deux forces alors qu’il s’agit de la résistance d’un peuple contre une armée d’envahisseurs, ces medias qui omettent généralement de citer la « Résolution 37/43 » de l’ONU qui « Réaffirme la légitimité de la lutte des peuples pour leur indépendance, leur intégrité territoriale et leur unité nationale et pour se libérer de la domination coloniale et étrangère et de l’occupation étrangère par tous les moyens à leur disposition, y compris la lutte armée. »

Pour les « Menschs », cette résolution est un préalable à toute analyse des événements, à Gaza, Cisjordanie et en Israël même.

 

Parfois, certains d’entre eux s’énervent un peu contre ce qu’ils appellent les progressistes « mous » qui militent pour qu’Israéliens et Palestiniens vivent en paix, parlent de « concessions indispensables » mais restent évasifs sur la justice. Ils critiquent le régime sioniste mais ne s’opposent pas clairement à lui, fermant souvent les yeux sur son orientation fascisante et continuant de propager le mythe du « lien ethnique avec cette terre ».

 

Les « Menschs » pensent surtout qu’il est plus qu’urgent de juger les crimes contre l’humanité perpétrés par les Netanyahu, Lieberman et autres fanatiques d’extrême droite… Et espèrent que de plus en plus de membres de leur communauté viendront grossir leurs rangs, derrière la bannière « Pas en notre nom! »

 

Alors, concitoyens de culture ou de religion juive, Mensch ou collabos silencieux du plan Dalet?

Rudi Barnet

(28/8/2014)

 

 

[1] Mensch survivant d’Auschwitz, anti-colonialiste et anti-sioniste, décédé en août 2014 (Info-Palestine)

[2] Journal de Ben Gourion, repris par Ilan Pappe dans « Le Nettoyage Ethnique de la Palestine, P.174)

[3] « Le Nettoyage Ethnique de la Palestine » de Ilan Pappe (Fayard, 2006)

[4] Voir  Liste des camps de réfugiés : http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_camps_de_réfugiés_palestiniens

[5] Walid Khalidi, « Plan Dalet: The Zionist Master Plan for the conquest of Palestine »

[6] Le « Mur de Séparation » de plus de 700 km annexe 9,4% de la Cisjordanie selon l’ONU (OCHA)

[7] Sur ce massacre, voir « Kafr Kassem » le film de Borhane Alaouié (1073)

[8] Rapport 2012 « Children  in Military Custody » du Foreign & Commonwealth Office

[9] Consulter le site web de l’UNWRA, l’organisme d’aide aux réfugiés de l’ONU (www.unrwa.org)

[10] Fadwa Nassar : » Faire déguerpir les colons et vider les colonies » (Assawra du 22/8/2014)

[11] Plan d’action initié par Me Condoleeza Rice, représentante des USA. Dahlan (alors chef des services de

sécurité du Fatah, exclu de l’organisation depuis) assura, en Egypte, la formation de 4700 hommes qui

échouèrent dans la tentative de prendre le pouvoir à Gaza.

[12] Voir wikipedia.org/wiki/Plan_Daleth

[13] En 2002, la Ligue des Etats arabes a proposé la paix au nom des 22 pays arabes et la création de deux

Etats sur base de la frontière de 1967… Pas de réaction d’Israël à cette proposition.

[14] Pour mémoire : Mohammad Abou Khdeir, 16 ans, enlevé et « incendié »à Jérusalem début juillet 2014

[15] Voir les chiffres de Ziad Medoukh dans « La Feuille de Chou » (http://la-feuille-de-chou.fr/archives/70690)

[16] Chiffres publiés par Haaretz et diffusés par « EuroPalestine » (www.europalestine.com/spip.php?article9831)

[17] Dénonciation de Albert Einstein et Hanna Arendt dans le “New York Times“ du 2/12/1948

[18] Ministère de la Propagande d’Israël

[19] Déclaration (12/8/2014) de Mr Bruno Wajskop à la RTBF

(www.rtbf.be/info/belgique/detail_conflit-a-gaza-a-bruxelles-des-juifs-ont-peur?id=8329020)

[20] Menahem Begin, premier ministre, dans un discours à la Knesset en 1982

[21] Déclaration de Hajo Meyer comme témoin au tribunal de Edimbourg en 2010

 

Discours d’Henri Wajnblum au nom de l’UPJB à la manifestation « End the blockade on Gaza » le 17 août 2014


Chers Amis,

On pourrait se demander pourquoi nous manifestons encore aujourd’hui alors que le calme règne à Gaza depuis quelques jours. C’est tout simplement parce que la mobilisation est aujourd’hui plus nécessaire que jamais pour obtenir que soit enfin levé le blocus.

À ceux qui accusent l’Union des Progressistes Juifs de Belgique de traîtrise, nous répondons de traîtrise envers qui ? C’est au contraire par fidélité aux valeurs que nous avons toujours défendues, celles de justice, de respect de la personne et de respect du droit international, que nous sommes ici et que nous apportons notre soutien total au peuple palestinien et, en l’occurrence et tout particulièrement, parce que c’est elle qui souffre le plus, à la population de Gaza.

Il y a quelques jours, dans les rues de Tel-Aviv, des milliers d’Israéliens ont manifesté pour exiger la fin des tirs de roquettes… Nous les comprenons. Mais ce que nous aurions souhaité, c’est qu’ils s’adressent à leur gouvernement pour exiger qu’il mette fin à ce qui provoque ces tirs, c’est-à-dire à l’enfermement de près de deux millions de personnes qui aspirent pourtant à la même chose qu’eux : vivre une vie normale.

Nous préférons, quant à nous, apporter notre soutien plein et entier à ces autres milliers d’Israéliens, accusés eux aussi d’être des traîtres, qui, dans un contexte d’hystérie générale, sont descendus hier dans la rue pour exiger la fin des bombardements, la fin du blocus et la fin de l’occupation et de la colonisation.

Les Etats-Unis qui ne cessent de tenir un double discours ont estimé que ce sont les exigences maximalistes des négociateurs palestiniens qui rendent l’accord pour une trêve de longue durée quasi impossible… Est-ce maximaliste que d’exiger la levée d’un blocus qui fait vivre aux Gazaouis un véritable enfer ? Est-ce maximaliste que d’exiger qu’ils puissent aller pêcher en sécurité sur toute l’étendue maritime qui leur appartient ?

Nos responsables politiques se sont dits indignés par le nombre effarant des pertes civiles. Mais aujourd’hui, le temps n’est plus aux remontrances dont on a vu le cas qu’en faisait Israël. Il faut qu’ils agissent – ainsi que le ministre français des Affaires étrangères a menacé de le faire – par de véritables sanctions si le gouvernement israélien ne se décide pas enfin à respecter le droit international.

Aujourd’hui, notre attention est focalisée sur Gaza, mais il ne faut pas oublier que la Cisjordanie est toujours occupée et que la colonisation s’y développe à un rythme effréné et en toute impunité. Comme le disait Nelson Mandela… notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens.

Oui, notre mobilisation massive est aujourd’hui plus importante que jamais et elle le restera jusqu’à ce que nous obtenions de nos gouvernants qu’ils cessent de tergiverser.

Voir en ligne : Reportage sur la manifestation (RTL) avec une interview d’Henri Wajnblum

Ma lettre au Parlement Européen pour sa session concernant l’attaque Israélienne sur Gaza. Nurit Peled-Elhanan


16 juillet 2014

Chers amis et militants de la paix
Je vous écris depuis la bouche de l’enfer. Génocide à Gaza, pogroms et massacres en Cisjordanie et la panique des roquettes sur Israël .Trois colons israéliens enlevés et tués, et la police qui a été informée immédiatement n’a rien fait. Leur mort a été utilisée comme un prétexte pour mener l’assaut planifié à l’avance sur la Cisjordanie et Gaza. Un garçon palestinien de Jérusalem enlevé et brûlé vif et la police, immédiatement informée, ne fait rien. Plus de 200 victimes dans le raid sur Gaza. Des familles entières tuées par les pilotes israéliens, et pour résultat, des bombardements de roquettes sur tout Israël . Le racisme dangereux et violent contre des citoyens israéliens arabes, encouragé avec enthousiasme par les ministres israéliens et des membres du Parlement, conduit à des émeutes dans les rues, engendre l’agressivité et de graves discriminations contre les Palestiniens, avec une violence renouvelée qui éclate contre les militants de la paix juifs.

Malgré les accords, les résolutions internationales et les promesses israéliennes, les colonies se développent – tandis que les maisons palestiniennes à Jérusalem-Est et la Cisjordanie sont constamment détruites. L’eau coule sans limitation dans les piscines des colonies, tandis que les enfants palestiniens sont assoiffés et que des villages et des villes entières vivent sous un régime cruel de distribution d’eau , comme cela a été récemment souligné par le président Schultz. Des routes de ségrégation réservées pour les Juifs seulement et de nombreux points de contrôle rendent la vie et les déplacements des Palestiniens impossibles. Le caractère non démocratique de l’Etat d’Israël est de plus en plus en train de se transformer en un Etat d’apartheid dangereux. Toutes ces atrocités ont été conçues par le même esprit diabolique et criminel – l’esprit de l’occupant raciste et impitoyable de la Palestine.

Par conséquent, la responsabilité de tous ces crimes contre l’humanité doit être imputé à qui de droit : sur les mains sanglantes des dirigeants politiques racistes d’Israël , des généraux, des soldats et des pilotes, des hooligans de la rue et des membres de la Knesset. Tous sont coupables de l’effusion de sang et devraient être traduits devant la Cour pénale internationale de justice.

A ce jour, la communauté internationale n’a pas fait assez pour arrêter le régime d’occupation israélien. Les pays européens l’ont sévèrement critiqué alors que dans le même temps , ils continuaient à coopérer pleinement avec Israël, économiquement, politiquement et militairement. En conséquence, Israël ne paie pas de prix pour ses graves violations du droit international et des valeurs humaines.

Au contraire, c’est l’Europe qui paie pour la plupart des dommages humanitaires de l’occupation, ce qui rend encore plus facile pour Israël de la maintenir. Bien que les directives aient été émises interdisant aux institutions de l’UE de sponsoriser ou de financer les organismes de recherche et les activités dans les colonies et que 20 pays européens aient publié des avertissements officiels à leurs citoyens et aux entreprises, à l’encontre des relations commerciales et financières avec les colonies, ce n’est pas suffisant.

Ces mesures ne remettent pas sérieusement en cause la politique israélienne en Palestine occupée. L’Europe pourrait faire beaucoup mieux, ainsi que l’illustre sa réponse dure à l’annexion par la Russie de la Crimée. En quelques semaines, l’Union européenne a imposé des sanctions ciblées sur les responsables russes et ukrainiens et entreprises commerciales en activité en Crimée. L’UE est allée encore plus loin et a élargi les sanctions en interdisant l’importation de marchandises de Crimée.

Nous, les citoyens d’Israël et les apatrides de la Palestine, ne pouvons pas réaliser la fin de l’occupation et arrêter le bain de sang par nous-mêmes. Nous avons besoin de l’aide de la communauté internationale en général et de l’UE en particulier. Nous avons besoin de vous pour poursuivre en justice le gouvernement et l’armée israélienne, nous avons besoin de vous pour boycotter l’économie et la culture israélienne, nous avons besoin de vous pour exhorter votre gouvernement à cesser de tirer profit de l’occupation et nous avons besoin d’appeler à un embargo des armes contre Israël et à lever le siège de Gaza.

Israël est la plus grande et la plus dangereuse organisation terroriste existant aujourd’hui. Toutes ses munitions sont utilisées pour tuer des civils innocents, femmes et enfants. Ce n’est rien de moins qu’un génocide. Comme lauréate du Prix Sakharov du Parlement européen pour les Droits de l’Homme, en tant que mère et en tant qu’être humain, je demande à l’UE d’utiliser tous les outils diplomatiques et économiques à sa disposition pour aider à sauver mon pays de cet abîme de mort et de désespoir dans lequel nous vivons.

S’il vous plaît , il faut mettre Israël au ban de la communauté internationale jusqu’à ce qu’il devienne un véritable Etat démocratique, et il faut boycotter et sanctionner quiconque fait des affaires avec cet état d’apartheid et nous aider à nous débarrasser de ce gouvernement raciste et sanguinaire pour restaurer la vie des Palestiniens et des Juifs eux-mêmes.

* Nurit Peled-Elhanan, professeur de littérature comparée à l’université hébraïque de Jérusalem, est connue comme militante pacifiste en Israël. Née en 1949, c’est la fille de Matti Peled, un général de l’armée israélienne qui, après la guerre des Six Jours, s’est élevé contre la politique de colonisation.

 Après avoir perdu sa fille de 14 ans dans un attentat kamikaze palestinien (et interdit aux officiels israéliens dont Benjamin Netanyahou de venir à ses obsèques), elle déclare « ne pas avoir cédé au désespoir mais prononcé un discours avec pour thème la responsabilité d’une politique myope qui refuse de reconnaître les droits de l’autre et fomente la haine et les conflits ».

 Elle est cofondatrice de l’association israélienne et palestinienne des Familles endeuillées pour la paix. Elle reçoit le prix Sakharov en 2001 en tant que représentante de « tous les Israéliens qui prônent une solution négociée du conflit et revendiquent clairement le droit à l’existence des deux peuples et des deux États avec des droits égaux ». Izzat Ghazzawi, un professeur de littérature palestinien militant également pour la paix malgré la perte d’un fils dans le conflit le reçoit en même temps. Elle est l’une des trois promoteurs du Tribunal Russell sur la Palestine dont les travaux ont commencé le 4 mars 2009.
 

Gideon Levy : Notre misérable État juif


Par Gideon Levy dans Ha’aretz ce qu’implique un « état juif ».

Et lorsqu’une génération baigne dans cette propagande, la machine s’emballe, même Netanyaou se trouve dépassé…. Le début d’une explosion terrible !

Cette fois l’article est traduit en français
Notre misérable État juif

Maintenant nous savons : dans l’État juif il n’y a de compassion et de sentiments humains que pour les Juifs, des droits uniquement pour le Peuple Elu. L’État juif n’est que pour les Juifs<

Publié dans Haaretz le 06.07.14

Les jeunes de l’État juif attaquent des Palestiniens dans les rues de Jérusalem, exactement comme les jeunes chez les gentils attaquaient les Juifs dans les rues d’Europe. Les Israéliens de l’État juif se déchaînent sur les réseaux sociaux, répandant une haine et un désir de vengeance d’une ampleur diabolique sans précédent. Des inconnus de l’État juif sur une base purement ethnique. Ce sont les enfants de la génération nationaliste et raciste – la descendance de Netanyahou.

Depuis cinq ans maintenant ils n’ont entendu qu’incitations, propos alarmistes et suprématie sur les Arabes de la part du véritable instructeur de cette génération, le premier ministre Benjamin Netanyahou. Pas un mot d’humanité, de compassion ou de traitement égal.

Ils ont grandi dans le contexte de la revendication provocante de reconnaissance d’Israël comme « État juif » et ils ont tiré les conclusions qui s’imposent. Avant même la délimitation de ce que signifie « État juif » – sera-ce un État qui met les tefilin (phylactères), embrasse les mezouzot (des rouleaux de prières enfermés dans de petites boîtes métalliques ou en bois qui sont fixées aux chambranles des portes d’entrée), sanctifie des sortilèges, ferme le jour de Shabbath et observe strictement les lois de la cashrout – les masses ont compris.

La foule a d’emblée intériorisé la véritable signification : un État juif est un État dans lequel il n’y a place que pour les Juifs. Le sort des Africains est d’être envoyé au centre de détention de Holot dans le Néguev et celui des Palestiniens est d’endurer des pogromes. C’est comme ça que ça marche dans un État juif : c’est à cette seule condition qu’il peut être juif.

Dans l’État juif en cours de constitution, il n’y a même pas de place pour un Arabe qui fait de son mieux pour être un bon Arabe, comme l’écrivain Sayed Kashua. Dans un État juif, la présidente de l’Assemblée de la Knesset, Ruth Calderon (du parti Yesh Atid – inutile de préciser que c’est le « centre » de l’échiquier politique) coupe la parole au député arabe Ahmed Tibi (de la liste arabe unie Ta’al) à peine revenu, bouleversé, d’une visite à la famille de Shoafat, le jeune Arabe qui a été massacré, et le sermonne cyniquement sur le thème qu’il doit aussi faire référence aux trois jeunes Juifs massacrés (alors même qu’il venait de le faire).

Dans un État juif, la Cour Suprême autorise la démolition de la maison de la famille d’un homme suspecté de meurtre avant même qu’il ne soit condamné. Un État juif édicte des lois racistes et nationalistes.

Les media d’un État juif se complaisent sur le meurtre de trois étudiants de yeshiva et ignorent presque complètement le sort de plusieurs jeunes Palestiniens du même âge qui ont été tués par des tirs de l’armée au cours des derniers mois, généralement sans raison.

Personne n’a été puni pour ces actes – dans l’État juif il y a une loi pour les Juifs et une loi pour les Arabes, dont les vies valent peu. Pas un soupçon de respect du droit international ni des conventions internationales. Dans l’État juif, il n’y a de compassion et d’humanité que pour les Juifs, des droits pour le seul Peuple Elu. L’État juif n’est que pour les Juifs.
La nouvelle génération qui grandit sous sa coupe est dangereuse à la fois pour elle-même et pour ce qui l’entoure. Netanyahou est son ministre de l’éducation ; les media militaristes et nationalistes font office de poème pédagogique ; le système d’éducation qui l’emmène à Auschwitz et à Hébron lui sert de guide.

Le sabra (natif d’Israël) d’aujourd’hui est une espèce nouvelle, piquante dehors comme dedans. Il n’a jamais rencontré son homologue palestinien mais il sait tout de lui – le sabra sait qu’il est un animal sauvage, qu’il a seulement l’intention de le tuer, qu’il est un monstre, un terroriste.
Il sait qu’Israël n’a pas de partenaire pour la paix, puisque c’est ce qu’il a entendu un nombre incalculable de fois de la part de Netanyahou, du ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman et du ministre de l’Économie, Naftali Bennett. De la bouche de Yair Lapid il a entendu qu’il y a des « Zoabis » – en référence condescendante à la députée de la Knesset Haneen Zoabi (du parti Balad).

Etre de gauche ou désireux de justice dans l’État juif est considéré comme un délit, la société civile est tenue pour tricheuse, la vraie démocratie pour diabolique. Dans un État juif – dont rêvent non seulement la droite mais le supposé centre gauche incluant Tzipi Livni et Lapid – la démocratie est floue.

Le principal problème de l’État juif ce ne sont pas les skinheads mais les embobineurs moralisateurs, les voyous, l’extrême droite et les colons. Non pas les marginaux mais le courant principal qui est en partie nationaliste et en partie indifférent.

Dans l’État juif, il ne reste rien de l’injonction biblique selon laquelle il faut être juste avec la minorité ou avec l’étranger. Il n’y a plus de ces Juifs qui ont manifesté avec Martin Luther King ou fait de la prison avec Nelson Mandela. L’État juif, qu’Israël veut absolument faire reconnaître par les Palestiniens, doit d’abord se reconnaître lui-même. Au terme de la journée, après une semaine terrible, il semble qu’un État juif ce soit un État raciste, nationaliste, conçu uniquement pour les Juifs

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source : Juif autrement sur fb Serge Grossvakserge grossvak
original anglais de ha’aretz

Ma sortie du placard sur internet


 2 juillet 2014, 18:28 566

Cela fait 48 heures que mon Facebook est inondé de messages populistes, racistes, haineux et violents. Je dis quarante-huit heures pour fermer l’œil sur le reste de l’année. J’en ai marre.

J’en ai marre de lire qu’il faut raser Gaza au sol. J’en ai marre de lire que ce sont tous des animaux.

Marre de lire, post après post, que « voilà les gens à qui on à faire, et le monde nous demande de faire la paix? »; marre de voir encore et encore la citation de Golda Meir qui dit que la paix arrivera quand les Arabes aimeront leurs enfants plus qu’ils ne détestent les nôtres. Parce que clairement, ceux d’entre nous qui n’arrêtent pas d’écrire qu’ « un bon Arabe est un Arabe mort » dégoulinent d’amour envers leurs enfants.

J’en ai marre de lire toute la panoplie de commentaires simplistes et victimaires, à commencer par l’omniprésente déclaration que nos trois adolescents ont été tués seulement parce que juifs. Non bordel, non.

Ils ont été tués parce qu’ils se sont retrouvés, victimes innocentes, piégés dans un conflit long et complexe où les deux parties impliquées ne voient que l’ennemi à éliminer derrière un miroir qui ne leur montre que leur propre (et unique) humanité : un conflit où nous, tout comme eux, nous pensons être les seuls êtres humains dignes de ce nom, alors que les autres ce sont les « animaux ».

Oui, il y en a qui détestent les Juifs chez eux et ils sont peut-être même la majorité; mais ce n’est pas seulement pour cette raison que ces trois garçons ont été assassinés. Et soit dit en passant, ce n’est pas un droit que de faire du stop, à 16 ans, dans des territoires où la haine et le conflit transpirent à tout coin de rue; j’en ai marre de lire aussi que c’est chez nous, et que nous avons donc bien le droit d’y faire ce que nous voulons.

J’en ai marre de voir que nous sommes devenus des partisans d’un match de foot de bas étage. Que tout ce qui compte est de battre (dans tous les sens du terme) l’adversaire, car nous appartenons à l’équipe des bons, eux celle des mauvais. Des méchants. Des barbares. Des extrémistes. Eux, ce sont ceux qui distribuent des bonbons et veulent danser sur nos tombes. Eux. Tous. Un peuple (quand on veut bien leur accorder le statut de peuple, car nous n’arrêtons pas de dire qu’ils se sont inventés rien que pour nous emmerder), tout entier, de bétail ayant pris une apparence humaine.

Mais les humains, je n’arrête pas de le lire, les humains c’est nous. Nous! Nous qui demandons à ce que l’armée en détruise encore et encore des maisons palestiniennes, et qui regardons à la télé le feu démembrer leurs appartements comme autrefois on regardait les flammes engloutir les sorcières.

Nous prétendons être les seuls porteurs d’humanité alors même que l’on déclare, fiers de notre Judéité qui selon nos sages se résume dans l’amour du prochain, que nous sommes tellement meilleurs qu’eux. Car le racisme, quand il vient de nous, est tout à fait humain.

Que ce soit clair, j’aime Israël et le fait même que je doive le spécifier est symptomatique du mal qui nous ronge: si l’on critique, c’est que nous ne sommes rien de plus que des « self-hating Jews », des juifs honteux. J’en ai marre de ça aussi. De la peur de m’exprimer sur cette toile imbibée de préjugés, où supporter Israël signifie se taire sur ses défauts, ses problèmes, ses injustices, ses crimes.

On traite Israël comme on commente la Torah : si quelque chose dans nos Textes n’a pas de sens ou n’est pas juste, il faut partir du présupposé que c’est un fait exprès pour nous révéler quelque message. Car la Torah est juste par définition. De la même manière, même lorsque l’on est confronté à des comportements ou des choix qui sont clairement injustes ou illégaux de la part d’Israël, il faut leur trouver une justification car par nature, Israël a toujours raison et n’agit que pour le bien. Mais Israël c’est nous, et clairement, nous n’avons pas toujours raison.

J’ai pendant longtemps fait partie de ce type de supporteurs d’Israël. Je ne voulais pas m’avouer que parfois Israël aussi se trompe, et que les Juifs aussi savent être racistes, violents et injustes. En fait, je ne voulais pas voir ce que la plupart des Juifs s’attribuent, tout en le niant aux autres: notre humanité. Mais l’humanité, c’est ce qui nous rend faillibles, pas ce qui nous rend parfaits.

Nous naissons tous avec la même prédisposition au bien et au mal; ainsi, les Juifs et les Arabes naissent avec les mêmes instincts, les mêmes besoins et plus tard, les mêmes envies. Les conditions dans lesquelles on évolue sont celles qui déterminent, en grande partie, l’adulte que l’on devient. Et même si chacun a la responsabilité de ses actions, il faut aussi essayer de comprendre le contexte qui nous amène à devenir ce que nous sommes. Cela vaut pour les Palestiniens, les Juifs, et tous les autres.

Nous ne faisons que demander que l’on comprenne notre souffrance, mais nous n’arrivons même pas à voir (encore moins comprendre) celle des autres. Elle existe, et elle n’a pas moins de valeur que la nôtre.

C’est un conflit sale et complexe, ce n’est pas un match de foot. Il est temps de descendre des tribunes et de regarder de plus près « le camp adverse ». Et puis, de nous regarder dans la glace et de nous rendre compte que nous avons bien plus en commun avec eux qu’on ne voulait bien le croire pendant que l’on hurlait, avec tapage, des chants de stade.

Voilà c’est fait. C’est dit, et maintenant je suis prête à me faire traiter de sale gauchiste, de pacifiste utopique, d’ignorante qui n’a rien compris au conflit, et plus si affinité. C’est parce que j’ai eu peur de ce genre de commentaires que je n’ai pas osé m’exprimer sur Facebook jusque maintenant. Mais ça y est, cette première entrée de mon blog représente ma sortie du placard : je suis une juive israélienne, et je ne demande pas vengeance.

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Les Israéliens peuvent essayer, mais ils ne peuvent ignorer l’occupation


La seule voie encore ouverte aux Palestiniens pour rappeler leur existence et leur situation déplorable aux Israéliens est la voie de la lutte par la violence.


Arrestation d’un Palestinien à Hébron. (Photo : AP)

L’enlèvement de trois étudiants en judaïsme en Cisjordanie jeudi dernier a été commandité à l’avance – par Israël. Au moment où j’écris ces lignes – samedi – leur sort était inconnu et l’inquiétude à propos de leur état évinçait toutes les autres questions concernant leur disparition. Mais qu’importe ce qu’il adviendra pour finir, qu’ils retournent chez eux sains et sauf ou pas, que Dieu les garde, où qu’il s’avère que le parti responsable est celui du djihad mondial ou un parti du genre local, le contexte de l’action, lui, ne peut être ignoré.

Il est possible que l’opération ait pris par surprise les services si sophistiqués de l’espionnage israéliens, mais la chose ne pouvait être une surprise pour personne, en fait.

Les gens qui refusent opiniâtrement de relâcher des prisonniers palestiniens, dont certains sont emprisonnés depuis des décennies – même avant la signature des accords d’Oslo en 1993 – et d’autres attendent toujours qu‘Israël respecte sa promesse de la relâcher ; les gens qui gardent en prison des détenus sans jugement des années durant ; les gens qui ignorent la grève de la faim de 125 détenus « administratifs », dont certains sont en train de mourir dans des hôpitaux ; les gens qui ont l’intention de les nourrir de force et les gens qui ont prévu de faire passer des lois radicales interdisant leur libération – tous ces gens ne peuvent prétendre avoir été surpris ou choqués par les enlèvements. Ce sont eux qui les ont préparés à l’avance.

Depuis des années, Israël, qui se dit tellement soucieux du bien-être de chacun de ses citoyens, ignore avec arrogance l’inquiétude des Palestiniens à propos du bien-être de leurs prisonniers.

Israël détient le copyright du souci de son peuple, et il l’a aussi pour le culte des héros de sa lutte nationale. Meir Har-Zion [l’un des membres fondateurs deUnit 101 qui, en 1953, avait mené un raid de représailles contre une tribu bédouine après que sa sœur et d’autres avaient été tués alors qu’ils étaient en route illégalement pour Petra] fut un héros national ; Ahmad Sa’adat [le secrétaire général du Front populaire de libération de la Palestine] est lui un tueur au sens le plus commun.

Gilad Shalit nous appartenait à tous, mais le sort de Walid Daka, qui est emprisonné en Israël depuis plus de 30 ans, pour avoir fait partie d’une cellule de militants qui avait tué un soldat israélien – sans le moindre congé ni visite conjugale – ne suscite aucun intérêt chez qui que ce soit ici.

Personne ici ne se soucie des milliers de prisonniers palestiniens. La semaine dernière, les Israéliens étaient bien plus intéressés par la femme de charge deMeir Sheetrit que par les 125 grévistes de la faim qui sont en train de mourir lentement depuis 53 jours.

Parmi les milliers de prisonniers palestiniens, certains sont des criminels de droits commun, mais nombreux aussi sont des prisonniers politiques – et tous sont considérés comme des héros de la lutte nationale palestinienne. C’est la même chose dans toute lutte nationale. Derrière eux se trouve toute une société qui n’est pas moins inquiète de leur sort que les Israéliens ne le sont de leurs êtres chers.

En tuant le processus de paix, Israël ferme les portes de ses prisons et le message israélien aux Palestiniens était tranchant comme un raison : La seule façon de libérer vos fils passera par une opération violente. Jeudi soir, les conclusions étaient tirées. Mais le contexte des enlèvements va bien au-delà des libérations de prisonniers.

Le rideau est tombé sur le processus de paix, aussi stérile que ce processus soit resté et, avec lui, le dernier espoir palestinien d’une libération nationale via des négociations. La vie en Israël et dans les colonies de Cisjordanie a repris son cours , c’est une vie de liberté et d’accomplissement, une vie de reality show et de cirque que l’occupation ne touche absolument pas.

On ne peut dire la même chose des Palestiniens : Ils n’ont rien de tout cela et, pour eux, tout retard dans une solution au conflit accroît leurs souffrances, leurs humiliations et leurs tribulations.

Tous ceux qui croyaient que les Palestiniens allaient s’asseoir tranquillement en attendant qu’Israël daigne changer de ton ou de gouvernement se faisaient des illusions. Tous ceux qui croyaient que les colons allaient continuer à vivre en sécurité dans les territoires ont subi une lourde déception : Les enlèvements de jeudi étaient tout simplement un appel au réveil, un avant-goût de ce qui pourrait suivre.

La seule voie qui s’ouvre encore aux Palestiniens pour rappeler leur existence et leur situation critique aux Israéliens est la voie de la lutte par la violence. Toutes les autres voies ont été bloquées. Si la bande de Gaza ne lance pas des roquettes Qassam sur Israël, la bande de Gaza n’existe pas. Et si, enCisjordanie, on n’enlève pas des étudiants de yeshiva, la Cisjordanie disparaît de la conscience d‘Israël.

Enlèvements ou meurtres visent à entamer l’intolérable complaisance d’Israël, et, en tant que tels, ils ne devraient surprendre personne. Ces quelques derniers mois, cette complaisance a atteint de nouvelles hauteurs inconcevables.

Considérez simplement l’absurdité qui a attiré l’attention d‘Israël. Le rappel terrifiant qui est tombé sur nos têtes n’est que la bande annonce de ce à quoi nous pourrions nous attendre si nous continuons à vivre entre le coffre-fort de Benjamin Ben-Eliezer et le baiser d’Ahi et Anna dans la version israélienne de « Big Brother ».

Telle est la nature embarrassante de l’occupation. Elle nous poursuivra, même si nous enfonçons nos têtes encore plus profondément

Publié sur Haaretz le 15 juin 2014. Traduction : JM Flémal.

source

Gideon Levy est journaliste au quoitidien israélien Haaretz.

Il a publié : Gaza, articles pour Haaretz, 2006-2009La Fabrique, 2009

Autres articles de Gideon Levy sur ce site :

L’armée israélienne tue deux civils et un membre d’un groupe armé dans le camp de Jénine

L’armée la plus morale du monde

L’accord de paix de John Kerry au Moyen-Orient est un désastre

Qui a peur d’un État binational ?

Pour avoir réagi contre le harcèlement sexuel, une Palestinienne se retrouve en prison

L’hypocrisie consistant à ne boycotter que les colonies

Lettre d’un fantôme

A propos de la campagne de haine contre Amira Hass

Huit cent mille

Le racisme du nationalisme de gauche

L’heure des fauteurs de guerre

Panique en plein ciel

Loi anti-boycott : jusqu’ici elle cause surtout des ralliement (implicites) à BDS

« Goldstone a ouvert la voie à une nouvelle guerre à Gaza »

Uriel Ferera, refuznik israélien, emprisonné pour la 3ème fois


mardi 17 juin 2014

Parce qu’il refuse de servir dans l’armée d’occupation israélienne, Uriel Ferera vient d’être incarcéré une troisième fois en Israël, Etat démocratique qui ne reconnait pas l’objection de conscience.

Nous apportons tout notre soutien à Uriel Ferera, 18 ans, habitant de Be’er Sheva, qui a le courage de refuser d’aller persécuter un peuple qui ne demande qu’à vivre en paix sur sa terre.

Nous relayons la pétition lancée par les amis israéliens de New Profile pour sa libération et vous demandons de faire circuler cette information aussi largement que possible :

http://chn.ge/1olJecn

Rappelons qu’Uriel a clairement exprimé son opposition à l’occupation israélienne, ainsi qu’à la discrimination contre les citoyens israéliens d’origine palestinienne en Israël même.

Uriel, qui en est à sa troisième peine de 20 jours, s’est vu refuser, lors de son premier emprisonnement, tout appel téléphonique, y compris de son avocat, et toute lettre de soutien qui lui était adressée.

New Profile souligne que non seulement Israël viole le droit international et les droits de l’homme en emprisonnant des objecteurs de conscience, mais qu’en plus, condamner plusieurs fois de suite une personne pour la même chose a été qualifié de « détention arbitraire » par le groupe de travail des Nations Unies sur ce sujet.

Merci écrire à Uriel à l’adresse de New Profile : messages2prison@newprofile.org

Plus d’infos sur :

Pour rappel, un autre refuznik Omar Sa’ad , également emprisonné pour avoir fait état de son refus de servir dans l’armée d’occupation israélienne, a été hospitalisé en raison d’une grave infection hépatique.

CAPJPO-EuroPalestine

 

Pire que la Fête d’Indépendance



La Journee de Jerusalem

Il y a quelques semaines j’ecrivais dans ce blog sur la Fete d’Independance d’Israel, et combien difficile etait pour moi de voir des amis et des proches celebrer ce qui est avant tout la depossession des Palestiniens et l’expulsion de leur patrie. Mais il y a bien pire. Mercredi dernier (28 Mai) Israel celebrait la Journee de Jerusalem, qui marque la conquete, l’occupation et l’annexion de Jerusalem Est en Juin 1967. Cette fete est celebree depuis 1968, mais c’est depuis une dizaine d’annees qu’elle est devenue une veritable parade de masse nationalo-messianiste, avec des debordements qui ont un relent de pogrome. Si pendant la commemoration de la Fete d’Independance, j’essaie de ne pas quitter ma maison, le Jour de Jerusalem, je m’y barricade, tentant de proteger mes yeux et surtout mes oreilles des demonstrations populaires qui polluent ma ville. 

 


La Journee de Jerusalem, c’est la Fete d’Independance de la droite et des colons. Des le matin, la ville est envahie par des hordes de jeunes portant la grande Kippa tricotée des colons, un grand drapeau dans une main et, souvent, le M16 en bandoulière. Des jeunes, mais aussi des familles de colons avec leur ribambelle d’enfants et leurs regards illumines.

 


Le rebus de la societe israelienne ce concentre pendant une journee a Jeruasalem, dans une immense parade qui inclut un defile, a travers la Vieille Ville arabe, vers le Mur des Lamentations. Depuis plusieurs annees, la police demande aux commercants palestiniens de fermer leurs echoppes, pour leur bien, car, quand ils etaient ouverts, les jeunes colons saccageaient tout ce qui se trouvait sur leur chemin. Aujourd’hui ces voyous ideologiques se contentent de frapper sur les rideaux de fer avec leurs gourdins. Et de casser quelques voitures, voire de tabasser des passants palestiniens, obliges de sortir de chez eux.

 


En arriere fond, les discours des dirigeants politiques : les plus moderes (y compris la « gauche sioniste ») repetent que Jerusalem, capitale de l’Etat Juif, est unifiee pour l’eternite, les plus extremistes parlent de la « disparition » des mosquees afin de faire place nette a la construction du troisieme Temple de Jerusalem. Mais les discours, retransmis dans toute la ville par de puissantes sonos, sont en general couverts par les chants ultra-nationalistes – et souvent racistes – des colons qui resonnent pendant toute la journee a travers la ville.

 


Cette Journée de Jérusalem est un véritable cauchemar, non seulement pour la population palestinienne et ceux qui s’identifient à son combat, mais même pour la minorité « normale » des résidents de Jérusalem qui se sent envahie par cette racaille vociférante et violente. En fait, la Journee de Jerusalem est devenue la Fete d’Independance des nouveaux maitres du pays.


Serge Grossvak

 sur facebook

Ilan Pappé à Bruxelles le 10 mai à 15 heures


pappe

La NAKBA Palestinienne

 

Nettoyage ethnique depuis 1948 un autre regard sur l’histoire

Conférence-Débat avec Ilan Pappé

Historien, Professeur à l’Université d’Exeter(Angleterre) et directeur du centre européen d’études sur la Palestine

le samedi 10 Mai à 15H

 

Adresse: Centre Culturel Arabe de Bruxelles 2, Rue de l’Alliance 1210 Bruxelles (Saint-Josse-ten-Noode)

 

Conférence organisée par La Communauté Palestinienne en Belgique et au Luxembourg

Entrée libre

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