Le paradoxe de la philosophie israélienne de la « victoire totale »


Mis à jour 1 juillet 2025

Aujourd’hui, avec la poursuite de la « victoire totale », Israël est passé de l’endiguement à la destruction du tissu politique et social existant de Gaza – et, si possible, comme certains responsables l’ont déclaré ouvertement, en allant en même temps vers l’oblitération de la viabilité du territoire.

Le paradoxe de la philosophie israélienne de la « victoire totale ». Photographie de MEE montrant les importants dégâts provoqués en Israël par les frappes de représailles iraniennes après qu'Israël a attaqué Téhéran et d'autres villes, tuant ainsi des dizaines d'Iraniens. (Photo de MEE publiée le 14 juin 2025)

Photographie de MEE montrant les importants dégâts provoqués en Israël par les frappes de représailles iraniennes après qu’Israël a attaqué Téhéran et d’autres villes, tuant ainsi des dizaines d’Iraniens. (Photo de MEE publiée le 14 juin 2025)

Rima Najjar, 28 juin 2025

Puisque ni Israël ni les EU n’ont de vision politique finale comportant une voie vers l’autodétermination ou les droits palestiniens, la libération de la Palestine dépend dès lors du point de rupture d’Israël sous la contrainte prolongée exercée par l’Iran, ses alliés (le Hezbollah, le Hamas, les Houthis) et la résistance palestinienne.

La résilience d’Israël peut être formidable, mais elle n’est pas infinie. Le coût de la poursuite d’une stratégie maximaliste qui ne propose aucun horizon politique – pas de plan pour les droits palestiniens, pas de vision de coexistence, pas d’autre objectif final que la domination militaire – dépassera bientôt le courage politique requis de la part d’Israël pour faire quelque chose de vraiment transformationnel.

Reconnaître les aspirations nationales palestiniennes, s’engager dans la diplomatie et accepter que la sécurité ne puisse être bâtie sur l’oblitération n’est pas un simple impératif moral, pour Israël – ce pourrait être d’ici peu une nécessité stratégique.

La guerre a déjà déclenché un retour de flamme régional avec l’Iran (incluant des échanges de missiles et l’implication des EU), une escalade avec le Hezbollah dans le nord et une résistance armée accrue en Cisjordanie ainsi que des attaques de la part du Yémen. Les ennemis d’Israël n’ont pas été brisés au-delà de toute possibilité de guérison et il semble que ce ne sera jamais le cas. Comme l’a dit un analyste :

« Israël n’a pas de véritable théorie de la victoire et l’Iran n’a pas été vaincu – seulement blessé et rendu furieux. »

Pas plus que ne l’ont été le Hamas, le Hezbollah et les Houthis.

Israël présume que seule la destruction complète ou la reddition sans condition d’un ennemi (étatique ou non étatique) pourra garantir sa sécurité à long terme. C’est un pari très risqué, parce qu’il échange une domination militaire à court terme contre une incertitude stratégique et une instabilité à long terme et, quoi qu’il en soit, il est irréalisable.

En poursuivant cette stratégie, Israël peut gagner des batailles, mais il perdra certainement la paix, s’aliénera ses alliés et déclenchera une guerre plus étendue. Un succès militaire sans résolution politique ne peut qu’engendrer un nouveau cycle de guerre.

L’Histoire nous montre que les victoires militaires absolues sur des forces insurgées ou mandataires sont extrêmement rares, même pour des superpuissances, parce que des combattants non étatiques n’ont pas besoin de « gagner » conventionnellement ; il leur faut simplement survivre et surpasser leur adversaire.

Voici quelques exemples :

La guerre du Vietnam (1955–1975) | EU (+ alliés) | Viet Cong et N. Vietnam | Retrait américain, victoire communiste | Guérilleros mêlés à la population, perte du soutien public pour les EU.

La guerre soviéto-afghane (1979–1989) | URSS | Moudjahidines | Retrait soviétique, plus tard reprise par les Talibans | Les insurgés bénéficiaient du soutien étranger (EU, Pakistan) et avaient l’avantage du terrain.

Les EU en Irak (2003–2011) | EU | Al-Qaeda/milices chiites | L’insurrection s’est maintenue, l’EI est apparu plus tard | L’occupation a alimenté la résistance ; pas de solution politique stable.

Israël-Hezbollah (2006) | Israël | Hezbollah | Impasse, le Hezbollah a gagné en force | Le Hezbollah s’est implanté parmi sa population qui le soutenait et s’est reconstruit avec l’aide de l’Iran.

Quant aux guerres entre États, elles peuvent se terminer par une « victoire totale », mais seulement à certaines conditions, comme l’occupation et le changement de régime (par exemple, la Seconde Guerre mondiale) ou l’effondrement total de l’ennemi (c’est-à-dire, pas de commanditaire externe).

Les fois où Israël s’est approché le plus près de la « victoire totale », ç’a été en 1967, quand il a gagné du territoire de façon décisive, et lors de sa guerre contre le Liban, en 1982. Dans ces deux scénarios, la résistance palestinienne s’est regroupée et l’expulsion de l’OLP du Liban a été le catalyseur qui a mené à la montée du Hezbollah. L’Iran n’est pas l’Irak de 2003 ; il bénéficie du soutien de la Russie et de la Chine, il nourrit des ambitions nucléaires et il est allié à plusieurs mouvements de résistance, ce qui rend impossible un changement de régime.

Israël ne peut engranger une « victoire totale » contre le Hamas à Gaza, sauf s’il réoccupe Gaza indéfiniment et, même dans ce cas, l’idéologie de la libération qui est celle du Hamas resterait enracinée, comme elle l’est depuis des décennies (la Nakba est une blessure perpétuelle, pour les Palestiniens). Une victoire militaire pour Israël ne pourrait se dégager qu’au prix d’une instabilité à long terme, d’une radicalisation et d’une condamnation internationale.

Ainsi donc, du fait qu’Israël n’a manifestement aucune finalité politique en vue pour la région, quid dans ce cas des États-Unis ?

Les accords d’Abraham de Trump ont politiquement mis de côté la question palestinienne, qui était le cœur du problème. Les accords normalisaient les relations entre Israël et plusieurs États arabes (EAU, Bahreïn, Maroc et Soudan) sans exiger de progrès sur la voie de la création d’un État palestinien. C’était une rupture avec le consensus de longue date de la Ligue arabe selon lequel la normalisation devait succéder à une résolution du conflit israélo-palestinien.

À l’origine, l’administration Trump présentait les accords comme faisant partie d’un plan plus large « De la paix à la prospérité », promettant des milliards en investissement dans les infrastructures et le développement palestiniens, mais la majeure partie de ces fonds ne se sont jamais matérialisés. Les Palestiniens ont rejeté le plan en tant que corruption économique sans droits politiques. Et, bien sûr, depuis, à Gaza, Israël a oblitéré les moindres gains économiques, avec la ruine des infrastructures et les restrictions draconiennes de l’aide.

Le plan de Trump pour Gaza implique la mise à l’écart du Hamas, l’installation d’une administration multinationale arabe et l’encouragement de l’émigration volontaire – le déplacement sous un autre nom. Il n’y a pas de feuille de route claire pour l’autodétermination palestinienne. Trump a proposé un vague soutien à la chose en tant qu’« aspiration à long terme », mais uniquement si l’Autorité palestinienne se prêtait à des réformes radicales, autrement dit, si elle acceptait des « colonies » juives qui avaient déjà dévoré la majeure partie du territoire de la Cisjordanie et si elle rejetait la volonté politique des Palestiniens.

En donnant la priorité à la normalisation avec les États arabes et en mettant de côté les revendications palestiniennes, la stratégie de Trump peut réduire les tensions entre États – mais elle a enraciné le conflit central. Comme le disait un analyste : « Vous ne pouvez bâtir la paix sur base d’une exclusion. » L’approche de Trump cimente le statu quo via lequel on gère les Palestiniens, mais sans les responsabiliser.

Et c’est là le cœur du paradoxe — et la tragédie.

Dans sa « gestion » du conflit jusqu’au 7 octobre, Israël maintenait en place un certain statu quo : il jugulait le Hamas (ou croyait le faire), il limitait la souveraineté palestinienne et évitait les négociations portant sur le statut final. Cette approche était coûteuse, mais prévisible.

Aujourd’hui, avec la poursuite de la « victoire totale », Israël est passé de l’endiguement à la destruction du tissu politique et social existant de Gaza – et, si possible, comme certains responsables l’ont déclaré ouvertement, en allant en même temps vers l’oblitération de la viabilité du territoire.

Cette escalade accroît considérablement les enjeux :

• Le coût humanitaire est ahurissant : les infrastructures de Gaza sont en ruine, la famine s’est généralisée et plus de 80 % de la population a été déplacée à plusieurs reprises. La destruction n’est pas accidentelle, elle est systémique.

• Le coût politique grimpe : la position mondiale d’Israël se détériore. Même ses alliés remettent en question sa stratégie à long terme. La CPI enquête sur ses crimes de guerre potentiels. Les EU sont sous pression afin de recalibrer leur soutien.

• Le coût stratégique s’aggrave : En détruisant non seulement le Hamas mais aussi les conditions de vie et de gouvernance des Palestiniens, Israël crée un vide qui entretient une radicalisation plus profonde, mais certainement pas la paix.

La position internationale d’Israël s’érode : les résolutions de l’ONU ont condamné ses actions, les procédures juridiques contre les responsables israéliens s’accélèrent partout dans le monde et même les alliés traditionnels d’Israël remettent en question la proportionnalité et la légalité de la campagne israélienne.

La guerre d’Israël contre la Palestine, le Liban et l’Iran est désormais la plus longue de son histoire, avec des pertes quotidiennes en vies humaines et un déplacement très répandu à l’intérieur même d’Israël. Plus elle s’éternise, plus elle met à rude épreuve le moral de la population, la préparation et l’enthousiasme de l’armée et la résilience économique.

Quand l’injustice se produit en temps réel, les discours abstraits sur les cadres et les feuilles de route peuvent sembler creux, comme une trahison de l’urgence qui se déroule sous nos yeux. Être témoin d’un génocide n’est pas seulement une expérience émotionnellement bouleversante, c’est moralement désorientant. Cela peut faire en sorte que toute discussion sur la stratégie à long terme semblera éloignée de la tragédie de la vérité viscérale sur le terrain. Mais, en donnant un sens aux événements, il est impératif, non seulement d’articuler l’indicible, mais aussi de chercher quelque lumière, même diffuse, à l’extrémité des tunnels de Gaza.

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Rima Najjar

Rima Najjar est une Palestinienne dont la branche paternelle de la famille provient du village dépeuplé de force de Lifta, dans la périphérie occidentale de Jérusalem et dont la branche maternelle de la famille est originaire d’Ijzim, au sud de Haïfa. C’est une activiste, une chercheuse et une professeure retraitée de littérature anglaise, à l’Université Al-Quds, en Cisjordanie occupée.

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Publié le 28 juin 2025 sur le blog de Rima Hassan
Traduction : Jean-Marie Flémal,  Charleroi pour la Palestine

Lisez également cet article de Rima Najjar : La Palestine et l’Iran peuvent être durement touchés et continuer d’aller de l’avant.

Une militante palestinienne prononce un discours poignant à l’Oxford Union, appelant à la justice et à la libération


R Powell

December 1, 2024

Dans un discours profondément émouvant et méticuleusement développé, Susan Abulhawa, auteure palestinienne et militante des droits de l’homme, a captivé l’Oxford Union lors du débat de jeudi sur la motion « This House Believes Israel Is Apartheid State Responsible Genocide » : « Cette Chambre croit qu’Israël est un État d’apartheid responsable de génocide ». La motion a été adoptée à une écrasante majorité, par 278 voix contre 59, mais c’est le discours d’Abulhawa qui a eu la plus grande résonance, laissant l’auditoire dans un silence stupéfait.

Abulhawa, fille de Palestiniens déplacés pendant la guerre de 1967 et fondatrice de l’ONG Playgrounds for Palestine, a mis à nu les luttes historiques et actuelles de son peuple sous l’occupation israélienne. Son discours, prononcé avec calme mais avec une détermination sans faille, a brossé un tableau sombre de la souffrance et de la résilience des Palestiniens.

Le discours d’Abulhawa a non seulement souligné l’esprit tenace du peuple palestinien, mais a également attiré l’attention sur la violence systémique et la dépossession de leur situation. En conclusion, elle a exprimé l’espoir que la justice prévaudra et que la Palestine redeviendra un phare de pluralisme et de paix.

Son discours à l’Oxford Union est d’ores et déjà salué comme un moment charnière, un testament brûlant de la lutte palestinienne et un appel à la conscience mondiale pour qu’elle agisse contre l’injustice.

Voici le texte du discours de Susan Abulhawa à l’Oxford Union :

« En 1921, lors du congrès sioniste mondial, Heim Weizmann, un juif russe, a déclaré que les Palestiniens étaient comme les rochers de Judée, des obstacles qu’il fallait franchir sur un chemin difficile. David Ben-Gourion, un juif polonais qui a changé de nom pour s’adapter à la région, a déclaré : « Nous devons expulser les Arabes et prendre leur place ».

Il existe des milliers de conversations de ce type entre les premiers sionistes qui ont comploté et mis en œuvre la colonisation violente de la Palestine et l’anéantissement de son peuple autochtone. Mais ils n’ont que partiellement réussi, assassinant ou nettoyant ethniquement 80 % des Palestiniens, ce qui signifie que 20 % d’entre nous sont restés un obstacle durable à leurs fantasmes coloniaux.

Les sionistes ont déploré notre présence et ont débattu publiquement dans tous les cercles – politiques, universitaires, sociaux et culturels – de ce qu’il fallait faire de nous, de ce qu’il fallait faire du droit d’aînesse palestinien, de nos bébés, qu’ils qualifiaient de menace démographique. Benny Morris a un jour regretté que Ben-Gourion n’ait pas fini de se débarrasser de nous tous, ce qui aurait évité ce qu’ils appelaient le « problème arabe ». Benjamin Netanyahu a déploré l’occasion manquée, lors du soulèvement de la place Tiananmen en 1989, d’expulser une grande partie de la population palestinienne alors que l’attention du monde était concentrée sur la Chine.

Parmi les solutions qu’ils ont formulées pour remédier à la nuisance de notre existence figure la politique consistant à « leur briser les os » dans les années 1980 et 1990, ordonnée par Yitzhak Rabin. Cette politique horrible, qui a paralysé des générations de Palestiniens, n’a pas réussi à nous faire partir. Frustré par la résistance des Palestiniens, un nouveau discours a vu le jour, surtout après la découverte d’un immense gisement de gaz naturel au large de la côte nord de Gaza, d’une valeur de plusieurs milliards de dollars. Ce nouveau discours trouve un écho dans les propos du colonel Efraim Eitan, qui a déclaré en 2004 : « Nous devons les tuer tous ».

Aaron Sofer, un soi-disant intellectuel et conseiller politique israélien, a insisté en 2018 sur le fait que « nous devons tuer, tuer et tuer, toute la journée, tous les jours ». Lorsque j’étais à Gaza, j’ai vu un petit garçon, qui n’avait pas plus de neuf ans, dont les mains et une partie du visage avaient été arrachées par une boîte de conserve piégée que les soldats avaient laissée derrière eux pour les enfants affamés de Gaza. J’ai appris par la suite qu’ils avaient également laissé de la nourriture empoisonnée pour les habitants de Shuja’iyya et des jouets piégés dans le sud du Liban.

Le mal qu’ils font est diabolique, et pourtant ils s’attendent à ce que vous croyiez qu’ils sont les victimes, en invoquant l’Holocauste en Europe et en criant à l’antisémitisme. Ils attendent de vous que vous suspendiez la raison humaine fondamentale pour croire que l’assassinat quotidien d’enfants par des « coups de feu mortels » et le bombardement de quartiers entiers qui enterrent des familles vivantes relèvent de l’autodéfense.

Ils veulent vous faire croire qu’un homme qui n’avait rien mangé depuis plus de 72 heures, qui a continué à se battre alors qu’il n’avait plus qu’un bras en état de marche, était motivé par une sauvagerie innée ou une haine irrationnelle, plutôt que par le désir indomptable de voir son peuple libre dans sa propre patrie.

Il est clair pour moi que nous ne sommes pas ici pour débattre de la question de savoir si Israël est un État d’apartheid ou génocidaire. Ce débat porte en fin de compte sur la valeur des vies palestiniennes, sur la valeur de nos écoles, de nos centres de recherche, de nos livres, de nos œuvres d’art et de nos rêves. Il s’agit de la valeur de nos maisons, qui renferment les souvenirs de plusieurs générations, et de la valeur de notre humanité et de notre action.

Si les rôles étaient inversés – si les Palestiniens avaient passé les huit dernières décennies à voler les maisons des Juifs, à les expulser, à les opprimer, à les emprisonner, à les empoisonner, à les torturer, à les violer et à les tuer – il n’y aurait pas de débat sur la question de savoir s’il s’agit de terrorisme ou de génocide.

Pourtant, nous sommes là, à endurer l’indignité de débattre avec ceux qui pensent que nos seuls choix de vie devraient être de quitter notre patrie, de nous soumettre à leur suprématie ou de mourir poliment et tranquillement.

Mais vous auriez tort de penser que je suis venue pour vous convaincre de quoi que ce soit. Cette résolution, bien que bien intentionnée et appréciée, n’a que peu d’importance face à l’holocauste de notre époque. Je suis venue dans l’esprit de Malcolm X et de James Baldwin, qui se sont tous deux tenus ici et à Cambridge avant ma naissance, face à des monstres bien habillés et s’exprimant bien, qui nourrissent les mêmes idéologies suprémacistes que le sionisme.

Je suis ici pour l’histoire, pour parler aux générations qui ne sont pas encore nées et pour les chroniques de cette époque extraordinaire, où le bombardement en tapis de sociétés indigènes sans défense est légitimé. Je suis ici pour mes grands-mères, qui sont toutes deux mortes en tant que réfugiées sans le sou alors que des Juifs étrangers vivaient dans leurs maisons volées.

Je suis également venue m’adresser directement aux sionistes, ici et partout. Nous vous avons accueillis dans nos maisons lorsque vos propres pays ont tenté de vous assassiner et que tous les autres ont refusé de le faire. Nous vous avons nourris, vêtus et abrités. Et lorsque le moment était venu, vous nous avez chassés de nos propres maisons et de notre patrie, puis vous avez tué, volé, brûlé et pillé nos vies. Vous nous avez arraché le cœur parce qu’il est clair que vous ne savez pas comment vivre dans le monde sans dominer les autres.

Quoi qu’il arrive à partir d’ici, quels que soient les contes de fées que vous vous racontez et que vous racontez au monde, vous n’appartiendrez jamais vraiment à cette terre. Vous ne comprendrez jamais le caractère sacré des oliviers, que vous coupez et brûlez depuis des décennies juste pour nous contrer et nous briser le cœur un peu plus. Vous ne nous effacerez pas, quel que soit le nombre d’entre nous que vous tuerez chaque jour. Nous ne sommes pas les rochers que Heim Weizmann pensait pouvoir éliminer de la terre. Nous sommes son sol même. Nous sommes ses rivières, ses arbres et ses histoires.

Un jour, votre impunité et votre arrogance prendront fin. La Palestine sera libre. Elle retrouvera sa gloire multireligieuse, multiethnique et pluraliste. Nous rétablirons et développerons les trains qui vont du Caire à Gaza, en passant par Jérusalem, Haïfa, Tripoli, Beyrouth, Damas, Amman et au-delà. Soit vous partez, soit vous apprenez enfin à vivre avec les autres sur un pied d’égalité ».

Le discours d’Abulhawa a non seulement souligné l’esprit tenace du peuple palestinien, mais il a également attiré l’attention sur la violence systémique et la dépossession qui ont défini son sort. Elle a conclu en exprimant l’espoir d’un avenir où la justice prévaudra et où la Palestine redeviendra un phare de pluralisme et de paix.

Son discours à l’Oxford Union est déjà salué comme un moment charnière, un testament brûlant de la lutte palestinienne et un appel à la conscience mondiale pour qu’elle agisse contre l’injustice.

Source
Traduction Deepl

Comment les sionistes ont empêché les réfugiés juifs de rentrer chez eux après la Seconde Guerre mondiale


Zachary Foster

audio en anglais

Des dizaines de milliers de Juifs européens ayant trouvé refuge en Palestine avant ou pendant la Seconde Guerre mondiale ont cherché à rentrer chez eux après la guerre. La direction sioniste en Palestine n’était pas seulement hostile à cette idée, mais a également collaboré avec des consulats étrangers pour empêcher leur retour. Voici l’histoire de la manière dont les sionistes en Israël et en Palestine ont empêché les réfugiés juifs de rentrer chez eux après l’Holocauste.

En décembre 1944, plus de 35 000 Juifs en Palestine avaient demandé à être rapatriés dans leurs pays d’origine — Hongrie, Roumanie, Bulgarie, Grèce, Tchécoslovaquie, Autriche, Allemagne et Pologne. Josef Liebman, par exemple, un homme de 80 ans immigré en Palestine depuis l’Allemagne en 1939, souhaitait retrouver son épouse chrétienne après une séparation forcée qui avait causé de grandes souffrances. Johanna Wasser, une femme autrichienne de 57 ans arrivée en Palestine depuis la Yougoslavie en 1944, voulait se réunir avec sa fille à Milan après avoir appris qu’elle avait survécu à Auschwitz.

Pour les sionistes en Palestine, des personnes comme Josef et Johanna étaient considérées comme opportunistes et égoïstes, souvent déshumanisées et même comparées à des animaux. Un écrivain sioniste accusait les rapatriés de « fuir comme des souris » la Terre d’Israël et de « porter le virus dangereux de la haine de soi juive. » Le journal ⁨ha-Mashḳif⁩, organe du mouvement révisionniste de droite, déclarait que ces Juifs avaient des « âmes sales, » tandis que le journal Yedioth Ahronoth qualifiait en 1947 le comportement des rapatriés juifs vers la Pologne de « porcin. » Les Juifs étaient nécessaires en Palestine pour combattre la guerre démographique et militaire qui s’annonçait, et les survivants de l’Holocauste souhaitant rentrer chez eux étaient souvent considérés comme des traîtres.

Grâce à l’historien Ori Yehudai, nous savons aujourd’hui l’ampleur de la stratégie sioniste visant à empêcher le retour des Juifs en Europe. Dans son livre de 2020, Leaving Zion: Jewish Emigration from Palestine and Israel after World War II, Yehudai a exploré les archives consulaires étrangères et celles de l’Administration des Nations Unies pour le secours et la reconstruction pour raconter l’histoire des efforts des dirigeants sionistes pour retenir les réfugiés juifs comme otages démographiques.

L’hostilité ne se limitait pas à la rhétorique mais s’étendait aux politiques sionistes des années 1940. David Ben Gourion, président de l’Agence juive, et Moshe Shertok, chef du département politique de l’Agence juive, ont convaincu le gouvernement grec de refuser des documents de rapatriement aux Juifs grecs en Palestine. Ils ont également menacé les représentants tchécoslovaques et yougoslaves en Palestine de « représailles si le flux de rapatriés n’était pas stoppé. »

Les Juifs autrichiens souhaitant rentrer chez eux faisaient face à l’hostilité la plus marquée. Certains avaient quitté leur emploi et leur logement en Palestine dans l’espoir d’un rapatriement, mais après avoir révélé leur intention de partir à la Histadrout, la Fédération des travailleurs juifs, ils étaient placés sur une liste noire. Beaucoup se retrouvaient alors bloqués, privés d’opportunités d’emploi, de logement et de cartes de rationnement. Certains ont été victimes de violences physiques et devaient se déplacer en groupe pour éviter le harcèlement ou pire. Dans certains cas, ils étaient accueillis par un salut nazi accompagné de l’insulte : « Heil Renner, rentrez chez vous, Autrichiens, » bien que ce soient les nazis qui avaient détruit leurs vies et exterminé leurs familles et leurs communautés. Les membres de l’Irgun ont également menacé de violence physique les Juifs aidant les réfugiés juifs à rentrer chez eux, les forçant à cesser leurs activités.

Pendant la guerre de 1948, la communauté sioniste en Palestine a encore durci les restrictions, délivrant « très rarement » des permis de sortie aux Juifs. Après la guerre, l’État a commencé à autoriser les départs, mais en limitant toujours l’émigration. Entre septembre 1948 et juin 1951, Israël a rejeté environ la moitié des 120 000 demandes de permis de sortie temporaire. Ce chiffre n’inclut pas les nombreuses milliers de demandes déposées avant 1948 et non traitées, laissées en suspens après la guerre.

L’Allemagne, en particulier, était considérée comme une zone interdite. En décembre 1949, le gouvernement israélien a estampillé tous les documents de voyage israéliens de la mention : « valide pour tous les pays sauf l’Allemagne, » tandis que les Israéliens demandant des permis de sortie pour s’installer en Allemagne étaient bannis du pays à jamais.

Beaucoup de sionistes qualifient la création d’Israël en 1948 de « libération » juive, bien qu’un terme plus précis pourrait être « enfermement » juif. Samuel Cohen, un Juif français qui a déménagé en Israël pour combattre dans l’armée israélienne en juillet 1948, voulait retourner chez lui en France après la guerre. Israël a refusé de le laisser partir, le retenant en otage comme un atout démographique. « J’ai servi dans les Forces de défense israéliennes [IDF], j’ai été blessé et libéré de l’armée à cause d’une maladie, » a-t-il écrit. « Maintenant, je souhaite retourner en France… Nous retenir ici contre notre volonté est une trahison de confiance. On m’avait promis que je pourrais retourner en France… C’est honteux que l’État d’Israël de retienne des gens contre leur volonté – des gens qui ont combattu au nom de la liberté. »

L’objectif du sionisme n’était pas d’assurer le bien-être des Juifs, de soutenir la réunification des familles juives ou d’aider les réfugiés juifs, y compris de nombreux survivants de l’Holocauste. L’objectif du sionisme était d’établir un État juif en Palestine, quel qu’en soit le coût. Et lorsque les intérêts des Juifs allaient à l’encontre des intérêts présumés de l’État juif, les dirigeants politiques sacrifiaient les premiers pour garantir les seconds.

Traduction ChatGPT

La judaïsation d’Israël, de 1949 à nos jours


30 septembre , 2024   |   Listen Online

PALESTINE NEXUS
 

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Donner un sens à la folie 
 
Zachary Foster

En mars 1949, la guerre pour la Palestine avait pris fin, mais le processus de judaïsation du pays ne faisait que commencer. Israël a continué à expulser les Palestiniens de leurs maisons, à s’emparer de terres palestiniennes et à confiner les Palestiniens dans des zones de plus en plus réduites, et ces tactiques se poursuivent encore aujourd’hui. Hélas, le sionisme continue de faire ce que fait le sionisme. Voici une brève histoire de la judaïsation d’Israël, de 1949 à aujourd’hui.

Entre 1948 et 1953, l’État nouvellement établi, dirigé par le parti « de gauche » Mapai, a créé 370 nouvelles localités juives, dont 350 ont été construites sur des propriétés palestiniennes confisquées. Les terres volées comprenaient à la fois les biens des réfugiés palestiniens à l’étranger ainsi que 40 à 60 % des biens des Palestiniens déplacés à l’intérieur des frontières de l’État après 1948. Par exemple, 6 000 Palestiniens d’Umm al-Fahm ont perdu 80 % de leurs terres en raison d’expropriations gouvernementales immédiatement après la guerre.

L’objectif d’Israël était de judaïser le pays tout en rendant impossible le retour des réfugiés et des personnes déplacées dans leurs foyers.

Entre-temps, entre 1949 et 1952, Israël a expulsé 17 000 Arabes supplémentaires du pays, selon un rapport du ministère israélien des Affaires étrangères de 1953. En novembre 1949 et en mai 1950, par exemple, Israël a expulsé des milliers de Bédouins vivant dans le désert du sud vers la Jordanie. En septembre 1950, la tribu ‘Azazme a été violemment nettoyée ethniquement du désert du sud vers le Sinaï. En septembre 1952, Israël a également forcé la tribu Sanna à quitter le nord du Néguev pour les collines d’Hébron Sud, en Cisjordanie.

Les Arabes qui ont échappé à l’expulsion hors du pays ont été déplacés à l’intérieur du pays. Entre 1948 et 1953, Israël a forcé les 11 000 Bédouins restants du Naqab à se regrouper dans des réserves représentant 10 % de leurs terres ancestrales, tandis que les 90 % restants du désert du sud étaient pris pour le développement juif.

Au milieu des années 1950, les efforts de judaïsation d’Israël se sont déplacés vers le nord, où les Arabes palestiniens constituaient entre 70 et 80 % de la population dans certaines régions. Une majorité juive était apparemment nécessaire en Galilée pour minimiser « la menace arabe » et empêcher la formation d’un « noyau de nationalisme arabe au sein de l’État juif », comme l’ont écrit Yosef Nahmani et Yosef Weitz. Le sionisme à la rescousse !

En 1955, le gouvernement israélien, toujours dirigé par le Mapai, a confisqué 74 000 dunams de terres en Galilée centrale et, en 1959, a pris le contrôle d’une zone près de Baqa al-Gharbiya dans le Triangle pour des manœuvres militaires. Les terres palestiniennes ont longtemps été idéales pour entraîner des soldats, car les tribunaux israéliens contestent rarement les vols de terres lorsque le gouvernement invoque des raisons de « sécurité ».

En 1976, le gouvernement travailliste israélien « de gauche » a annoncé des plans pour confisquer 20 000 dunams de terres appartenant à des Arabes entre Sakhnin et Arraba afin de judaïser la Galilée. Les Palestiniens ont protesté pacifiquement partout en Israël, de la Galilée au désert du sud. En réponse, l’armée et la police israéliennes ont tué 6 Palestiniens et en ont blessé plus de 100.

En 1977, le parti de droite Likoud est arrivé au pouvoir, et les politiques de judaïsation se sont poursuivies sans interruption. Le ministre israélien de l’Agriculture, Ariel Sharon, s’inquiétait de voir que les terres de Galilée sans colonies juives pourraient « tomber » entre les mains des Arabes palestiniens. Le sionisme à la rescousse !

Sharon a donc ordonné la construction d’une nouvelle série de colonies juives dans le nord, relançant les efforts de judaïsation. Environ 30 communautés « Mitzpe » (signifiant « poste d’observation ») ont été établies pour « séparer la capacité de sécuriser les terres du rythme de construction des colonies permanentes ».

Israël voulait s’emparer des terres, mais ne pouvait convaincre aucun Juif d’y vivre. Apparemment, pas assez de Juifs étaient intéressés à sécuriser le territoire juif en construisant des clôtures et en plantant des arbres. Le sionisme a longtemps exigé des sacrifices personnels, et il n’y avait pas toujours suffisamment de volontaires prêts à se sacrifier pour l’équipe sioniste.

Ainsi, à la place, ces communautés ont été habitées par des soldats de la brigade Nahal. Pour utiliser une expression chère aux dirigeants israéliens, ils ont servi de boucliers humains, agissant à la fois comme civils établissant des colonies et comme soldats les défendant par la force des armes.
En 1991, en tant que ministre du Logement et de la Construction, Sharon a introduit son initiative des « Sept étoiles », implantant des colonies juives le long de la Ligne verte pour créer une barrière démographique juive séparant les Palestiniens des deux côtés de la ligne verte.

En 1967, Israël a annexé environ 70 kilomètres carrés de la Cisjordanie dans la municipalité de Jérusalem. Israël a annexé les terres, mais bien sûr pas les habitants qui y vivaient, lesquels n’ont pas reçu la citoyenneté israélienne. À la place, ils ont reçu des permis de résidence qui peuvent être révoqués si les Palestiniens ne prouvent pas que Jérusalem est leur « centre de vie ». Depuis 1967, environ 15 000 natifs palestiniens de Jérusalem ont été dépouillés de leur droit de vivre à Jérusalem. Israël rejette également l’immense majorité des demandes de permis de construire à Jérusalem-Est afin de garantir une supermajorité juive dans la capitale du pays.

Pendant ce temps, le projet de judaïsation se poursuit dans le sud. En 2012, des propositions ont été soumises au bureau du Premier ministre pour pousser à l’établissement de 10 nouveaux villages dans une zone de 180 kilomètres carrés à cheval sur la Ligne verte entre Arad et Meitar. L’objectif est d’« empêcher les Bédouins de s’emparer de la zone ».

En fait, au cours de la dernière décennie, les villes du sud d’Israël ont vu une prise de contrôle par des responsables identifiés au camp sioniste religieux israélien. Leur objectif est de judaïser toute la région en construisant de nouvelles communautés pour « freiner la croissance des localités bédouines non reconnues à proximité ». Le sionisme à la rescousse !

De plus, Israël ne reconnaît pas des dizaines de communautés bédouines palestiniennes dans le Naqab. Elles font face à une menace constante de transfert forcé et ne reçoivent ni électricité, ni eau, ni service de bus. En mai 2024, par exemple, les autorités israéliennes ont démoli 47 maisons à Wadi al-Khalil, un village bédouin palestinien non reconnu dans le désert du sud, après que ses habitants ont commis le crime grave de naître de parents de la « mauvaise » religion.

Depuis 2008, un effort parallèle a lieu à Jaffa, où des sionistes religieux construisent « systématiquement » des séminaires religieux et des académies prémilitaires exclusivement pour eux. Ils marchaient dans les rues de Jaffa en scandant : « Jaffa pour les Juifs. » Un universitaire a même décrit tout cela comme « l’Hébronisation de Jaffa », car les Juifs prétendent avoir besoin de protection policière, exacerbant les tensions, menant à plus de protestations, donc plus de police, et donc plus de violence contre les manifestants, et ainsi de suite.

Les sionistes libéraux essaieront de vous convaincre que le problème est l’occupation. Mais ce sont les partis « de gauche » Mapai et travailliste israéliens qui ont dirigé les efforts de judaïsation pendant près de trois décennies. Le problème est plus profond que l’occupation de Gaza et de la Cisjordanie, car les efforts de judaïsation d’Israël ont lieu partout, de Jaffa à Jérusalem, et de la Galilée au désert du sud. Le problème, en une phrase, est la tentative d’Israël de judaïser Israël par des expulsions violentes, des confiscations de terres et des colonies. Le problème, en un mot, est le sionisme.

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Love,
-Zach
  (traduction avec ChatGPT)

Les leçons des premiers immigrants juifs en Palestine


 La vieille ville de Jérusalem, en mars 2015. THOMAS COEX / AFP
     

Les animateurs de la première vague d’immigration juive en Palestine, à la fin du XIXe siècle, n’avaient déjà aucun doute sur le caractère inévitable d’un conflit avec la population arabe.

L’émergence progressive du sionisme, en tant que mouvement prônant le rassemblement du peuple juif sur la terre d’Israël, a été particulièrement complexe. En effet, c’est d’abord le courant évangélique du protestantisme anglo-saxon qui, à partir du milieu du XIXe siècle, a prôné une forme de sionisme chrétien, selon laquelle l’accomplissement des prophéties bibliques dépend de la « restauration » du peuple juif sur la Terre sainte. Ce n’est qu’à partir de 1882 que les « Amants de Sion » et d’autres groupes de militants juifs de l’Empire russe organisent, en réaction à la vague de pogroms antisémites, une première vague d’émigration vers la Palestine ottomane.

C’est par le terme hébreu d’alya qu’est désignée cette « ascension » vers Eretz Israel, la « terre d’Israël ». Les autorités ottomanes évaluent alors la population de Palestine à 465 000 habitants, dont 405 000 musulmans, 45 000 chrétiens et 15 000 juifs. Ces statistiques, établies à des fins fiscales, ne prennent en compte ni les Bédouins, ni les quelque 9 000 juifs de nationalité étrangère, ou bénéficiant de la protection d’un consulat européen à Jérusalem.

Des pionniers trop méconnus


Cette première alya a trop souvent été négligée, car elle anticipe sur la conceptualisation du terme « sionisme » (en 1890, par Nathan Birnbaum) et sur la fondation officielle du mouvement sioniste (en 1897, à Bâle, à l’initiative de Theodor Herzl). Elle est en outre marquée par le caractère hétérogène des mouvements, souvent concurrents, qui la composent : les « Amants de Sion », dirigés depuis Odessa, qui tentent de détourner vers la Palestine une partie, même limitée, du flux massif d’émigration juive vers les Etats-Unis ; le Bilu, animé depuis Kharkiv et désigné par l’acronyme hébreu de « maison de Jacob, allez et nous irons » ; les « Fils de Moïse », disciples d’Asher Guinzbourg, né près de Kiev, qui choisit d’hébraïser son nom en Ahad Haam, soit « un du peuple ». La dimension ukrainienne de cette première alya est fondamentale, ainsi que sa détermination à transformer l’hébreu de langue religieuse en langue nationale.

Le volontarisme d’une telle hébraïsation est porté par le slogan énoncé depuis Jérusalem par Eliezer Ben Yehouda : « Un seul peuple, une seule terre, une seule langue ». Ce triptyque se fait l’écho des différents nationalismes européens, en posant un lien indéfectible entre le peuple juif, la terre d’Israël et l’hébreu moderne. Mais les pionniers de cette première alya, eux-mêmes divisés, doivent affronter l’hostilité des communautés juives installées de longue date en Palestine et vouées à l’étude et à la prière dans les écoles rabbiniques de Jérusalem, d’Hébron, de Safed et de Tibériade.

Dès 1885, le pamphlet Un cri du temple est diffusé en Palestine comme dans la diaspora juive pour fustiger « cette idée qui n’est que du vent et de la folie douce de travailler la terre et de parcourir le pays en sonnant les trompettes de la renommée autour de l’expression trompeuse “installation en terre d’Israël” ». Un rabbin de Jérusalem se déclare même « en guerre avec les porte-drapeaux du nationalisme sans religion ».

« Vers une guerre difficile »
L’accent idéologique mis sur la rédemption par le travail de la terre se heurte à la réalité d’une immigration largement originaire de villes européennes, qui s’oriente plutôt vers les centres urbains de Jérusalem et de Jaffa. Les implantations de 1882 à Rishon LeZion, Zikhron Yaakov et Petah Tikva n’attirent chacune que quelques centaines de pionniers. En une dizaine d’années, cette première alya établit entre 10 000 et 20 000 immigrants en Palestine, une estimation rendue d’autant plus délicate que l’écrasante majorité de ces immigrants n’a pas la nationalité ottomane, et n’apparaît donc pas dans les statistiques officielles.

En outre, une proportion importante, déçue par la dure réalité en « terre d’Israël », préfère poursuivre sa migration vers les Etats-Unis. Tel est le cas de Naftali Imber, qui quitte la Palestine en 1889, après sept années marquées par la composition du futur hymne de l’Etat d’Israël. De manière générale, cette première alya se heurte déjà à la difficulté de l’accès à la terre face à une population arabe qui nourrit une relation organique avec cette même terre.

Ahad Haam écrit, sur le bateau qui le ramène, en 1891, de Jaffa à Odessa, sa Vérité sur Eretz Israel, tirant ainsi les leçons de son expérience palestinienne : « Nous avons l’habitude de croire, à l’étranger, que la Palestine est une terre presque entièrement désolée, un désert non cultivé, un champ en friche, où quiconque désireux d’y acheter des terrains pourrait se rendre et en acquérir à sa guise. En réalité, elle ne l’est pas : sur toute cette terre, il est difficile de trouver un champ de terre arable non semée ».

Il ajoute que « les Arabes, notamment ceux des villes, voient et comprennent le sens de nos actions et de nos aspirations en Palestine ; mais ils se taisent. Ils affectent de ne rien savoir car, pour le moment, ils ne voient aucun danger pour leur avenir ». Cependant, « le jour où la présence de notre peuple prendra une dimension qui empiète, de peu ou de beaucoup, sur les positions des autochtones, ce n’est pas de bon gré qu’ils nous céderont leur place ». Sa conclusion n’en est que plus sévère : « Si, vraiment et de bonne foi, nous voulons parvenir à nos fins sur la terre de nos aïeux, il ne faut pas nous cacher que nous allons vers une guerre difficile qui demande à être soigneusement préparée » et avec « de bonnes armes ». C’était en 1891, six ans avant le congrès fondateur du sionisme actuel.

Jean-Pierre Filiu
Professeur des universités à Sciences Po
Le Monde du 10 novembre 2024

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Brève histoire des pourparlers de paix entre Israël et le Hamas


 Zachary Foster 2 août 2024
This is Palestine, in your Inbox, Making Sense of the Madness
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En décembre 1987, à la suite du déclenchement de la première Intifada, l’organisation caritative connue sous le nom de l’Islamic Collective s’est rebaptisée Hamas.

Elle n’a pas perdu de temps pour proposer une paix à Israël, une offre qui est presque complètement oubliée aujourd’hui. Le 1er juin 1988, le leader du Hamas Mahmoud al-Zahar se rend de Gaza à Tel Aviv pour soumettre l’offre au ministre de la Défense de l’époque, Yitzhak Rabin. Si Israël voulait la paix, il devait déclarer son intention de se retirer des Territoires Occupés, libérer les détenus palestiniens et permettre aux Palestiniens de nommer des représentants pour négocier un accord avec Israël.

Le fondateur du Hamas, le cheikh Ahmed Yassin, était également d’accord pour négocier avec Israël en 1988 si Israël reconnaissait le droit du peuple palestinien à l’autodétermination et le droit de retour à leurs terres.

Mais ces offres sont tombées dans l’oreille d’un sourd. Pendant des décennies, Israël avait refusé de permettre le retour des réfugiés palestiniens chez eux. Pendant des décennies, Israël avait construit des colonies en Palestine. En fait, Israël avait triplé sa population de colons dans les territoires occupés au cours des six années précédentes (1982-1988) et avait emprisonné des milliers de Palestiniens au cours des six derniers mois de l’insurrection. Les demandes du Hamas étaient inacceptables pour Israël.

Mais ce n’est pas seulement qu’Israël était réticent à rencontrer le Hamas à mi-chemin. C’est qu’Israël continuait à aggraver le problème. À la fin des années 1980 et dans les années 1990, Israël a continué à confisquer plus de terres, à arrêter davantage de jeunes Palestiniens et à expulser plus de Palestiniens de Palestine.

Le Hamas disait : partageons Israël-Palestine.

Israël disait : la partie d’Israël-Palestine qui est la nôtre est à nous, et la partie d’Israël-Palestine que vous voulez est aussi à nous.

Une décennie de violence a passé et le Hamas a recommencé à parler de paix. En 1997, le leader du Hamas, le cheikh Yassin, a proposé à ses homologues israéliens « l’idée d’une trêve de 30 ans entre Israël et les Palestiniens ». Cette anecdote a été divulguée par l’ancien agent du Mossad Efraim Halevy, donc nous ne connaissons pas toute l’histoire. Israël a longtemps cherché à dépeindre le Hamas comme l’incarnation du mal absolu, d’où leur hésitation à rendre publique la nouvelle des tentatives de paix de Yassin.

Mais les dirigeants du Hamas ont continué à reformuler cette idée, surtout au milieu des années 2000. En 2004, Yassin a répété son appel à la fin de la violence. « Le Hamas est prêt à accepter une paix temporaire avec Israël », a-t-il dit, « si un État palestinien est établi en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. »

Ce n’était pas seulement Yassin. Le second du Hamas, Abdel Aziz al-Rantissi, a indépendamment déclaré à Reuters en 2004 : « Nous acceptons un État en Cisjordanie, y compris Jérusalem, et dans la bande de Gaza. Nous proposons une trêve de 10 ans en échange du retrait [israélien] et de l’établissement d’un État. »

Les offres de paix du Hamas en 1988, 1997 et 2004 pourraient tout aussi bien avoir été plagiées des résolutions 194 et 242 de l’ONU, qui appelaient de même Israël à permettre aux réfugiés palestiniens de retourner chez eux et à se retirer des territoires qu’il avait occupés en 1967.

Mais Israël avait le même problème en 1997 et en 2004 qu’en 1988 : il était activement impliqué non pas dans la cession mais dans l’expansion de son contrôle sur la Palestine occupée. La fin des années 1990 et le début des années 2000 ont marqué une autre période de croissance rapide des colonies, de construction de nouvelles routes d’apartheid, de nouveaux avant-postes militaires, de confiscations fréquentes de terres et d’augmentation du nombre de barrages routiers et de points de contrôle, y compris une barrière de séparation massive. Plutôt que de mettre fin à son occupation de la Palestine, Israël la consolidait.

Et ainsi, au lieu de parler aux dirigeants politiques du Hamas, Israël a décidé de les assassiner. Israël a tué Yassin en mars 2004 et Rantissi en avril 2004.

Les assassinats ont déclenché des manifestations massives à travers le monde arabe et une vague de sympathie sans précédent pour le Hamas. Un sondage réalisé peu après les meurtres a révélé que, pour la première fois de son histoire, le Hamas était le mouvement le plus populaire à Gaza et en Cisjordanie. Si le but de tuer les dirigeants du Hamas était d’affaiblir le Hamas, alors Israël a fait une énorme erreur stratégique, une qu’il répète en temps réel. Israël a offert au Hamas son plus grand cadeau à ce jour : un fondateur devenu martyr. Oups.

Le Hamas a surfé sur la vague de soutien lors des élections du Conseil législatif palestinien de janvier 2006, battant son principal rival, le Fatah, avec 44 % contre 41 % des voix.

Les dirigeants du Hamas ont saisi le moment et appelé Israël à la table des négociations, en pressant pour une solution diplomatique au conflit. « Nous, Hamas, sommes pour la paix et voulons mettre fin à l’effusion de sang », a écrit Ismail Haniyeh dans le Guardian le 31 mars 2006. « Les moyens pacifiques suffiront si le monde est prêt à s’engager dans un processus constructif et équitable dans lequel nous et les Israéliens sommes traités comme des égaux. »

Je suppose que ce n’était pas si compliqué après tout ? Les Palestiniens voulaient un processus équitable, et ils voulaient être traités en égaux. Comme c’est extrême !

En 2007, le chef politique du Hamas, Khaled Mashal, a accepté le principe du pragmatisme. « Le Hamas a beaucoup changé et de grands efforts ont été faits pour se conformer aux positions réalistes des Palestiniens et des Arabes », a-t-il déclaré à CNN en 2007. Un an plus tard, il était encore plus précis sur l’intérêt du Hamas pour une résolution politique plutôt que militaire. « Nous acceptons un [État palestinien] sur les frontières d’avant 1967, avec Jérusalem comme capitale avec une véritable souveraineté sans colonies mais sans reconnaître Israël. »

Ces déclarations publiques ont ouvert la voie à une trêve signée entre Israël et le Hamas le 19 juin 2008. Le Hamas et d’autres groupes militants ont accepté d’arrêter de tirer des roquettes sur Israël si Israël acceptait de cesser les frappes aériennes et autres attaques et d’assouplir son blocus de Gaza.

Du 19 juin 2008 au 4 novembre 2008, le Hamas a tiré 0 roquette et obus de mortier sur Israël et a retenu d’autres groupes palestiniens, selon le porte-parole israélien Mark Regev (le 9 janvier 2009). (Bien qu’Israël n’ait pas assoupli le blocus, ce qui était déjà une violation de l’accord.)

Le 5 novembre 2008, Amnesty a rapporté que le cessez-le-feu avait tenu. En fait, c’était « le facteur le plus important pour réduire les victimes civiles et les attaques contre les civils à leur plus bas niveau depuis le début de l’insurrection (intifada) il y a plus de 8 ans. »

Mais ensuite, le 4 novembre 2008, Israël a ouvertement brisé le cessez-le-feu, envahissant la bande de Gaza avec des troupes terrestres et tuant 6 Palestiniens. « L’armée israélienne a conclu que le Hamas souhaitait probablement poursuivre le cessez-le-feu malgré le raid. » En d’autres termes, Israël pensait qu’il pouvait perturber le cessez-le-feu sans perturber le cessez-le-feu. Israël voulait avoir le beurre et l’argent du beurre.

Apparemment, le Hamas était d’avis que ce n’est pas ainsi que fonctionnent les cessez-le-feu. Une période de calme historique s’est rapidement transformée en violence historique. Moins de deux mois plus tard, Israël a décidé de faire la guerre totale aux 1,5 million de résidents de Gaza, tuant 1 400 Palestiniens, dont 700 à 900 civils et 288 enfants. Finalement, un cessez-le-feu a été conclu et la guerre s’est terminée. Une mission d’enquête des Nations Unies, connue sous le nom de rapport Goldstone, a conclu : l’objectif de guerre d’Israël était de « punir, humilier et terroriser une population civile » à Gaza.

Puis, en novembre 2012, le militant israélien pour la paix Gershon Baskin travaillait à la médiation d’une autre trêve entre Israël et le Hamas. Baskin a rapporté que le Hamas allait probablement accepter l’accord. La partie la plus difficile, pour Baskin, était de convaincre le ministre de la Défense israélien Ehud Barak de l’accepter également.

Quelques heures après que le leader du Hamas Ahmed Jabari (l’homme « tout-puissant en charge ») ait reçu un projet d’accord de trêve permanent, Israël l’a assassiné. Le résultat a été une escalade de la violence et une autre guerre à Gaza, au cours de laquelle Israël a tué 171 Palestiniens, principalement des civils.

En 2017, le Hamas a présenté une nouvelle charte prônant « un État palestinien pleinement souverain et indépendant, avec Jérusalem comme capitale selon les lignes du 4 juin 1967, avec le retour des réfugiés et des déplacés dans leurs foyers d’où ils ont été expulsés, comme une formule de consensus national. »

La proposition du Hamas résonnait encore une fois avec le droit international. Et, encore une fois, Israël l’a rejetée d’emblée. « Le Hamas tente de tromper le monde, mais il n’y parviendra pas », a déclaré à l’époque un porte-parole du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Avance rapide aux discussions actuelles de cessez-le-feu entre le Hamas et Israël. Pendant un moment, les négociateurs israéliens semblaient penser qu’ils pourraient récupérer leurs otages sans s’engager dans un cessez-le-feu permanent.

Au cours des deux derniers mois, cependant, Netanyahu a de plus en plus clairement indiqué que son objectif était « la victoire totale », c’est-à-dire non pas un cessez-le-feu avec le Hamas mais l’anéantissement complet du Hamas (1, 2, 3, 4).

Le désir de Netanyahu de saboter les pourparlers de cessez-le-feu est devenu si évident que même la publication anglaise de droite, le Jerusalem Post, a publié un titre indiquant : « Netanyahu sabote activement » l’accord sur les otages, selon des sources [anonymes].

Cette semaine, Netanyahu a dissipé tout doute sur son intention après avoir ordonné l’assassinat de la personne avec qui il négociait un cessez-le-feu, le chef politique du Hamas, Ismail Haniyeh.

Le Hamas a cherché à mettre fin aux hostilités avec Israël en 1988, 1997, 2004, 2006, 2007, 2008, 2012, 2017 et 2023-24. Mais les dirigeants israéliens ont montré une grande hostilité aux cessez-le-feu, trêves et accords de paix avec le Hamas. Si seulement les Palestiniens avaient un partenaire pour la paix.

Nederlands :

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In december 1987, in de nasleep van het uitbreken van de (eerste) Intifada, hernoemde de liefdadigheidsorganisatie die bekend staat als het Islamic Collective zich tot Hamas.

Het verspeelde weinig tijd om een vredesvoorstel aan Israël voor te leggen, een voorstel dat vandaag de dag bijna volledig vergeten is. Op 1 juni 1988 reisde Hamas-leider Mahmoud al-Zahar van Gaza naar Tel Aviv om het voorstel in te dienen bij de toenmalige minister van Defensie, Yitzhak Rabin. Als Israël vrede wilde, moest het zijn intentie verklaren om zich terug te trekken uit de bezette gebieden, Palestijnse gevangenen vrijlaten en de Palestijnen toestaan vertegenwoordigers te benoemen om een overeenkomst met Israël te onderhandelen.

De oprichter van Hamas, sjeik Ahmed Yassin, stemde er in 1988 ook mee in om met Israël te onderhandelen als Israël het recht van het Palestijnse volk op zelfbeschikking en het recht op terugkeer naar hun land erkende.

Maar de aanbiedingen vielen in dovemansoren. Israël had decennialang geweigerd om de Palestijnse vluchtelingen naar huis te laten terugkeren. Israël bouwde decennialang nederzettingen in Palestina. Israël had zijn aantal kolonisten in de bezette gebieden in de voorgaande zes jaar (1982-1988) verdrievoudigd en duizenden Palestijnen opgesloten in de zes maanden voorafgaand aan de opstand. De eisen van Hamas waren onacceptabel voor Israël.

Maar het is niet alleen dat Israël niet bereid was om Hamas tegemoet te komen. Israël maakte het probleem alleen maar erger. Door de late jaren 1980 en 1990, bleef Israël meer land confisqueren, meer Palestijnse jongeren arresteren en meer Palestijnen uit Palestina verdrijven.

Hamas zei: laten we Israël-Palestina delen.

Israël zei: het deel van Israël-Palestina dat van ons is, is van ons, en het deel van Israël-Palestina dat jullie willen, is ook van ons.

Een decennium van geweld ging voorbij en Hamas begon weer over vrede te praten. In 1997 stelde Hamas-leider Shaykh Yassin aan zijn Israëlische tegenhangers « het idee van een wapenstilstand van 30 jaar tussen Israël en de Palestijnen » voor. Dit anekdote werd gelekt door de voormalige Mossad-agent Efraim Halevy, dus we kennen het volledige verhaal niet. Israël heeft lang geprobeerd Hamas af te schilderen als de belichaming van het pure kwaad, vandaar hun terughoudendheid om het nieuws over Yassin’s vredesvoorstellen openbaar te maken.

Maar Hamas-leiders bleven dit idee hervormen, vooral in het midden van de jaren 2000. In 2004 herhaalde Yassin zijn oproep om het geweld te stoppen. « Hamas is bereid een tijdelijke vrede met Israël te accepteren », zei hij, « als er een Palestijnse staat wordt opgericht op de Westelijke Jordaanoever en de Gazastrook. »

Het was niet alleen Yassin. Hamas’ tweede man, Abdel Aziz al-Rantissi, vertelde in 2004 onafhankelijk aan Reuters: « We accepteren een staat op de Westelijke Jordaanoever, inclusief Jeruzalem, en de Gazastrook. We stellen een wapenstilstand van 10 jaar voor in ruil voor [Israëlische] terugtrekking en de oprichting van een staat. »

De vredesvoorstellen van Hamas in 1988, 1997 en 2004 zouden net zo goed geplagieerd kunnen zijn van VN-resoluties 194 en 242, die Israël eveneens opriepen om Palestijnse vluchtelingen toe te staan naar hun huizen terug te keren en zich terug te trekken uit de gebieden die het in 1967 bezette.

Maar Israël had hetzelfde probleem in 1997 en 2004 als in 1988: het was actief bezig met niet het opgeven, maar het uitbreiden van zijn controle over het bezette Palestina. Het einde van de jaren 1990 en het begin van de jaren 2000 markeerde een andere periode van snelle groei van nederzettingen, nieuwe apartheidwegenbouw, meer militaire buitenposten, frequente landconfiscaties en een toename van het aantal wegversperringen en controleposten, inclusief een massieve afscheidingsbarrière. In plaats van een einde te maken aan zijn bezetting van Palestina, verstevigde Israël deze.

En zo besloot Israël, in plaats van te praten met de politieke leiders van Hamas, hen te vermoorden. Israël doodde Yassin in maart 2004 en Rantissi in april 2004.

De moorden veroorzaakten massale demonstraties over de hele Arabische wereld en een ongekende uitbarsting van sympathie voor Hamas. Een peiling uitgevoerd kort na de moorden vond dat, voor de eerste keer in zijn geschiedenis, Hamas de populairste beweging in Gaza en de Westelijke Jordaanoever was. Als het doel van het doden van Hamas’ leiderschap was om Hamas te verzwakken, maakte Israël een enorme strategische blunder, een die het in real-time herhaalt. Israël gaf Hamas zijn grootste cadeau tot nu toe: een oprichter-om-martelaar. Oeps.

Hamas surfte op de golf van steun tijdens de Palestijnse wetgevende raadsverkiezingen van januari 2006, waarbij het zijn belangrijkste rivaal, Fatah, versloeg met 44% tegen 41% van de stemmen.

De leiders van Hamas grepen het moment aan en riepen Israël op aan de onderhandelingstafel, aandringend op een diplomatieke oplossing van het conflict. « Wij Hamas zijn voor vrede en willen een einde maken aan het bloedvergieten », schreef Ismail Haniyeh in The Guardian op 31 maart 2006. « Vredige middelen zullen volstaan als de wereld bereid is zich in te zetten voor een constructief en eerlijk proces waarin wij en de Israëli’s als gelijken worden behandeld. »

Is het uiteindelijk niet zo ingewikkeld? De Palestijnen wilden een eerlijk proces, en ze wilden als gelijken worden behandeld. Hoe extreem!

In 2007 stemde Hamas’ politieke leider, Khaled Mashal, in met het principe van pragmatisme. « Hamas is veel veranderd en er zijn grote inspanningen geleverd om zich aan te passen aan de realistische posities van Palestijnen en Arabieren », vertelde hij CNN in 2007. Een jaar later was hij nog specifieker over de interesse van Hamas in een politieke in plaats van militaire oplossing. « We stemmen in met een [Palestijnse] staat binnen de grenzen van vóór 1967, met Jeruzalem als hoofdstad met echte soevereiniteit zonder nederzettingen maar zonder Israël te erkennen. »

Deze publieke verklaringen maakten de weg vrij voor een wapenstilstand die op 19 juni 2008 werd ondertekend tussen Israël en Hamas. Hamas en andere militante groepen stemden ermee in om te stoppen met het afvuren van raketten op Israël als Israël ermee instemde luchtaanvallen en andere aanvallen te stoppen en zijn blokkade van Gaza te versoepelen.

Van 19 juni 2008 tot 4 november 2008 vuurde Hamas 0 raketten en mortiergranaten op Israël en hield het andere Palestijnse groepen tegen, volgens de Israëlische woordvoerder Mark Regev (op 9 januari 2009). (Hoewel Israël de blokkade niet versoepelde, wat al een schending van de overeenkomst was.)

Op 5 november 2008 meldde Amnesty dat de wapenstilstand stand had gehouden. In feite was het « de belangrijkste factor in het verminderen van het aantal burgerlijke slachtoffers en aanvallen op burgers tot hun laagste niveau sinds het uitbreken van de opstand (intifada) meer dan 8 jaar geleden. »

Maar toen, op 4 november 2008, brak Israël de wapenstilstand brutaal door de Gazastrook binnen te vallen met grondtroepen en 6 Palestijnen te doden. « Het Israëlische leger concludeerde dat Hamas waarschijnlijk de wapenstilstand wilde voortzetten ondanks de inval. » Met andere woorden, Israël geloofde dat het de wapenstilstand kon verstoren zonder de wapenstilstand te verstoren. Israël wilde zijn taart hebben en ervan eten.

Blijkbaar was Hamas van mening dat zo wapenstilstanden niet werken. Een periode van historisch stilte veranderde snel in historisch geweld. Minder dan twee maanden later besloot Israël een volledige oorlog te voeren tegen de 1,5 miljoen inwoners van Gaza, waarbij 1.400 Palestijnen werden gedood, waaronder 700-900 burgers en 288 kinderen. Uiteindelijk werd een wapenstilstand bereikt en eindigde de oorlog. Een onderzoekscommissie van de VN, bekend als het Goldstone-rapport, concludeerde: het oorlogstijddoel van Israël was om « een burgerbevolking in Gaza te straffen, te vernederen en te terroriseren. »

Toen, in november 2012, werkte de Israëlische vredesactivist Gershon Baskin aan de bemiddeling van een nieuwe wapenstilstand tussen Israël en Hamas. Baskin meldde dat Hamas waarschijnlijk het akkoord zou accepteren. Het moeilijkste deel voor Baskin was om de Israëlische minister van Defensie Ehud Barak te overtuigen het ook te accepteren.

Enkele uren nadat Hamas-leider Ahmed Jabari (de « almachtige man in charge ») een ontwerp van een permanente wapenstilstandsovereenkomst had ontvangen, vermoordde Israël hem. Het resultaat was een escalatie van het geweld en een nieuwe oorlog in Gaza, waarbij Israël 171 Palestijnen doodde, voornamelijk burgers.

In 2017 presenteerde Hamas een nieuw handvest waarin werd gepleit voor « een volledig soevereine en onafhankelijke Palestijnse staat, met Jeruzalem als hoofdstad langs de lijnen van 4 juni 1967, met de terugkeer van de vluchtelingen en de ontheemden naar hun huizen van waaruit ze zijn verdreven, als een formule van nationale consensus. »

Het voorstel van Hamas weerklonk opnieuw met internationaal recht. En, opnieuw, wees Israël het meteen af. « Hamas probeert de wereld voor de gek te houden, maar het zal niet slagen », zei een woordvoerder van premier Benjamin Netanyahu destijds.

Fast forward naar de huidige wapenstilstandsgesprekken tussen Hamas en Israël. Een tijdje leken Israëlische onderhandelaars te denken dat ze hun gijzelaars terug konden krijgen zonder zich te verbinden aan een permanente wapenstilstand.

In de afgelopen twee maanden echter, heeft Netanyahu steeds duidelijker gemaakt dat zijn doel « totale overwinning » is, dat wil zeggen niet een wapenstilstand met Hamas maar de volledige vernietiging van Hamas (1, 2, 3, 4).

Netanyahu’s wens om wapenstilstandsgesprekken te ondermijnen is zo duidelijk geworden dat zelfs de rechtse Engelse publicatie, de Jerusalem Post, een kop publiceerde die luidde: « Netanyahu saboteert actief » de gijzelingsovereenkomst, [onbenoemde] bronnen zeggen.

Deze week verwijderde Netanyahu elke twijfel over zijn intentie nadat hij de moord op de persoon met wie hij een wapenstilstand onderhandelde, de politieke leider van Hamas, Ismail Haniyeh, beval.

Hamas heeft in 1988, 1997, 2004, 2006, 2007, 2008, 2012, 2017 en 2023-24 geprobeerd de vijandelijkheden met Israël te beëindigen. Maar Israëlische leiders hebben grote vijandigheid getoond tegenover wapenstilstanden, staakt-het-vuren en vredesakkoorden met Hamas. Als de Palestijnen maar een partner voor vrede hadden.

Une mère palestinienne prenait le café dans sa maison de Cisjordanie lorsqu’elle a été tuée par un missile israélien


Gideon Levy
Alex Levac

Un missile des FDI a touché un appartement du camp de réfugiés de Tul Karm, en Cisjordanie, où la population est très dense. Nisreen Damiri a été tuée devant son fils de 7 ans et sa belle-sœur a été blessée. Voilà ce qui se passe lorsque l’armée israélienne fait « un maximum d’efforts pour éviter de blesser des non-combattants ».

אזור הדימדומים מ.פ. טול כרם

Jamal Damiri et son fils Islam, âgé de 7 ans. Depuis qu’il a été témoin de la mort de Nisreen, sa mère, Islam parle à peine .Photo: Alex Levac Gideon LevyAlex Levac

13 juillet, 2024 2:02 am IDT

Tul Karm commence à ressembler à Gaza en termes de destruction et de dévastation des deux camps de réfugiés de la ville de Cisjordanie – le camp de Tul Karm et, plus encore, celui de Nur Shams – par les forces de défense israéliennes au cours des derniers jours. La maison de la famille Damiri en fait partie.

La famille réside dans un petit appartement situé au deuxième étage d’un immeuble abritant des réfugiés dans le camp de Tul Karm. Si, de l’extérieur, le bâtiment ressemble à une masure de réfugiés comme les autres, à l’intérieur, la maison familiale a été parfaitement entretenue, jusque dans les moindres détails. Deux petites chambres, l’une pour l’enfant unique, un garçon, l’autre pour ses parents ; des draps cramoisis dans la chambre des parents, un lit simple au centre de la chambre du garçon et, au mur, un tableau représentant une guitare. En face des chambres se trouvent une petite salle à manger et une cuisine de la taille d’un placard. Ce mini-appartement pour réfugiés est situé dans le bâtiment résidentiel le plus au nord du camp.

Dans la cuisine de la famille Damiri, tout le plafond en plâtre s’est effondré, recouvrant tous les ustensiles de cuisine magnifiquement rangés, l’évier, les épices, la vaisselle et les couverts, la cuisinière et le réfrigérateur d’une couche de poussière que l’on ne voit qu’au lendemain d’un bombardement. Voilà à quoi ressemble une cuisine après une attaque aérienne. Personne n’a osé entrer dans la cuisine dévastée depuis que le missile intelligent, sophistiqué et précis des FDI a pénétré dans le plafond en tôle au-dessus du plafond en plâtre – les munitions qui sont réservées aux opérations de frime et aux assassinats « chirurgicaux », et qui, une fois de plus, se sont soldées par le meurtre d’une femme innocente.

Comme dans la bande de Gaza, jour après jour, mais à petite échelle. Le soldat qui manipulait le joystick s’est trompé. Cela arrive. Qu’à cela ne tienne. Peut-être voulait-il imiter ses copains de Gaza qui tuent sans discernement comme s’il s’agissait d’une routine. Peut-être avait-il envie d’action.

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Nisreen Damiri. Photo: Avec l’aimable autorisation de la famille

La résistance ( légitime) à l’incursion de l’armée – l’autodéfense la plus évidente – et le meurtre n’a donc suscité aucun intérêt, ni au sein des FDI, ni en Israël. Une femme qui n’avait rien fait de mal a perdu la vie dans sa cuisine, en présence de son mari et de son enfant. Cela s’est passé dans un endroit où les FDI utilisent des avions pour bombarder des individus recherchés et aussi des innocents depuis les airs, dans les camps de réfugiés densément peuplés de Tul Karm, qui sont devenus ces derniers mois le nouveau Jénine. Les scènes évoquent Gaza, tout comme le comportement de l’armée.

La tragédie de la petite famille Damiri, désormais orpheline de mère, n’a rien d’anodin. Un enfant unique de 7 ans, né après une décennie de traitements de fertilité, est maintenant orphelin de sa mère, et un père qui consacrait toutes ses forces à sa famille et à sa maison est devenu veuf. La cuisine n’est plus qu’un amas de ruines, le garçon bien coiffé qui a assisté à l’assassinat de sa mère ne s’est pas remis, et il est peu probable qu’il s’en remette, et le père est seul sur le lit au linge cramoisi. Pourtant, cette semaine, personne ne pleurait dans cette maison, quelques jours seulement après qu’elle eut été le théâtre d’une tragédie.

La route de Tul Karm est une route de guerre. En se dirigeant vers la ville depuis le point de contrôle de Te’enim, on passe par les deux camps de réfugiés, Nur Shams et Tul Karm. De la route qui passait par Nur Shams, il ne reste rien. Cette semaine, les forces de défense israéliennes ont tout détruit et ont démantelé la route principale. Les routes avaient déjà été réduites à l’état de décombres, car les forces de résistance du camp y avaient placé des bombes. Mais la dévastation de cette semaine est à l’échelle de Shujaiyeh.

C’est comme si l’asphalte avait été interdit ici. La route principale menant à la grande ville a été vidée de son asphalte sur des kilomètres. Il n’y a que du sable et encore du sable. Des mares saumâtres d’eaux usées surgissent partout, les entrées des magasins sont devenues des trous béants, leurs enseignes colorées n’annonçant plus que la désolation ; des câbles électriques jonchent le sol, des nuages de poussière s’élèvent derrière chaque voiture qui vacille, ce qui était autrefois des murs n’est plus que monticules de terre et de ferraille, les places publiques et les monuments ont été rasés.

Nous avions déjà rencontré des ruines il y a quelques semaines, mais aujourd’hui le travail est totalement achevé. Le gardien d’Israël ne sommeille ni ne dort dans sa mission d’éradication des camps de réfugiés de Gaza, de Jénine et de Tul Karm. Le mardi de cette semaine, un jour après que nous avons traversé cette ancienne route, les forces d’ingénierie et les équipes de démolition des FDI sont arrivées à nouveau et ont opéré selon les besoins.

The road leading to Tul Karm. The devastation this week is on the scale of Shujaiyeh.

La route menant à Tul Karm. La dévastation de cette semaine est à l’échelle de Shujaiyeh.

Les photos que nous avons reçues étaient brutales : une famille assise dans sa cuisine alors que les pattes d’un bulldozer dépassent d’un trou dans le mur, menaçant de faire s’écrouler la maison sur ses occupants. Une note particulièrement dramatique a été ajoutée par les lamentations du muezzin alors que nous roulions dans la voiture d’Abdulkarim Sadi, un chercheur de terrain pour l’organisation israélienne de défense des droits de l’homme B’Tselem, qui a risqué sa vie ces dernières semaines pour nous emmener au cœur des ténèbres dans les camps de réfugiés de Tul Karm et de Jénine, ses zones d’enquête. Il n’est pas facile aujourd’hui de s’y approcher, en tout cas pour les Israéliens. La semaine dernière, des habitants ont brûlé la voiture (inoccupée) d’une équipe de journalistes turcs.

La porte d’entrée du camp de Tul Karm est brûlée. Une barrière de pneus de voitures avec des drapeaux jaunes du Fatah reste sans surveillance. Nous nous précipitons dans la maison qui est notre destination. Ici, tout étranger est immédiatement suspecté. Des chaussures d’enfants tapissent la cage d’escalier étroite et sombre. Jamal Damiri nous attend au deuxième étage avec son fils. Nous entrons par une porte qui mène à la minuscule salle à manger qui fait également office de salon. Nous nous asseyons sur le canapé sur lequel la mère, Nisreen Damiri, a été tuée et sa belle-sœur Hiriya blessée. Du toit, on entend le gazouillis d’oiseaux dans une cage. Le plafond en tôle de la cuisine, resté intact, est percé d’un trou.

Jamal, 58 ans, marié à Nisreen depuis 18 ans – elle avait 46 ans au moment de sa mort – avait occupé des emplois occasionnels et temporaires ces dernières années ; Nisreen était femme au foyer. Ensemble, ils cultivaient leur petit coin de paradis – leur appartement – et surtout leur unique enfant. Un sourire gêné traverse le visage d’Islam, un garçon calme et timide, bien habillé, le crâne rasé.

Lundi dernier, le 1er juillet, le calme régnait dans le camp. Ce jour-là, les forces de défense israéliennes opéraient dans la ville voisine de Nur Shams. Vers 9h30, les trois membres de la famille ont pris le petit-déjeuner, préparé par Nisreen. Ensuite, Nisreen est descendue dans l’appartement de l’étage inférieur et a invité Hiriya, la sœur de Jamal, à monter prendre un café avec eux. Hiriya, 59 ans, vit seule. Elle et Nisreen se sont assises sur le canapé de la salle à manger, ont siroté un café et bavardé, tandis que les garçons – le père Jamal et le fils Islam – sont allés dans la chambre à coucher où se trouvent un climatiseur et un ventilateur de plafond, afin de lutter contre la chaleur qui se répandait déjà dans l’appartement.

Islam Damiri at the kitchen of his home, which was hit by the 'smart, precise missile' fired by the IDF.

Islam Damiri dans la cuisine de sa maison, qui a été touchée par le « missile intelligent et précis » tiré par les FDI.

Quelques minutes plus tard, la maison est secouée par une énorme explosion. Jamal entend alors un cri à glacer le sang. Se précipitant dans la salle à manger, il a reculé devant une scène cauchemardesque. Des éclats du missile avaient tranché la gorge de Nisreen et sectionné son aorte. Elle gît sur le sol, en sang. À côté d’elle, sa sœur a été touchée à l’estomac par un éclat. Islam, qui a assisté à tout cela, s’est figé et est devenu muet. Son père dit qu’il ne l’avait jamais vu dans cet état.

Sortant de son état de choc, Jamal a appelé le Croissant-Rouge ; en quelques minutes, deux ambulances sont arrivées. Nisreen était immobile et ne respirait plus. Elle a été déclarée morte à son arrivée à l’hôpital public Dr Thabet Thabet. Hiriya a été transportée dans une salle d’opération, où les chirurgiens ont réussi à stabiliser son état, puis transférée dans une unité de soins intensifs. Elle a été libérée quelques jours plus tard et vit maintenant avec un autre frère dans le camp de Nur Shams. Elle n’a pas osé retourner chez elle. Islam refuse d’être laissé seul et parle à peine. Personne ne se trouvait sur le toit au moment où le missile intelligent et précis a été tiré, et la présence d’une personne à l’intérieur n’aurait pas non plus pu justifier l’attaque.

En réponse à une question posée par Haaretz, l’unité du porte-parole de l’IDF a déclaré cette semaine : « Les forces de sécurité ont mené une opération sur le toit de la ville : « Les forces de sécurité ont mené une opération de prévention du terrorisme à Nur Shams le 1er juillet. Au cours de cette opération, des échanges de tirs ont eu lieu entre les terroristes, qui ont tiré depuis des espaces civils, et les forces de sécurité. En outre, au cours de l’opération, une bombe puissante a été déclenchée contre un véhicule blindé de l’IDF, ce qui a entraîné la mort d’un soldat de l’IDF.

« Au cours de l’opération, poursuit le communiqué de l’IDF, un avion a identifié un groupe de terroristes armés qui a tiré à plusieurs reprises sur les forces. L’avion a tiré dans le but d’attaquer le groupe et de protéger nos forces. En raison d’un dysfonctionnement, un bâtiment voisin a été touché [dans le camp de Tul Karm]. Par la suite, on a appris qu’une femme avait été tuée. Les circonstances de l’affaire sont en train d’être clarifiées. Les FDI font le maximum pour éviter de blesser des non-combattants et regrettent de les avoir blessés ».

Voilà ce qui se passe quand les FDI font un « effort maximum ».

Source : Haaretz

Pour la Palestine


https://whereolivetreesweep.com/fr/event/

DIX CHOSES QUE VOUS POUVEZ FAIRE MAINTENANT

Le rôle de l’artiste est de rendre la révolution irrésistible.  —Toni Cadé Bambara

Notre vision est d’inspirer les téléspectateurs à s’impliquer – ou à approfondir leur engagement – ​​dans l’action pour la liberté palestinienne et pour la libération collective.

Nous ne savons pas quelles actions constitueront un point de bascule, ni comment notre action collective pourra inciter d’autres à s’impliquer. C’est dans cet esprit que nous vous invitons à agir de toutes les manières possibles.

Bien que nous partagions les idées suivantes, nous vous recommandons fortement de nouer des contacts avec des groupes et des campagnes locaux afin d’aboutir à des conversations significatives et à la création de mouvements.

  1. Faire un don à organisations de soutien soutenir la population des territoires occupés, reconstruire Gaza, œuvrer en faveur des droits de l’homme et apporter un travail de guérison des traumatismes dans la région. Voir la section « Soutenir les organisations humanitaires et de paix » ci-dessous.
  2. Appel à un cessez-le-feu permanent : Contactez vos élus, demandez-leur d’appeler à un cessez-le-feu permanent et de cesser d’envoyer des armes à Israël. Continuez à appeler — tout en bâtissant une communauté — en rejoignant Heures d’alimentation organisé par nos amis de Jewish Voice for Peace.
  3. Rejoignez votre mouvement de solidarité local et intersectionnel. Rejoignez les manifestations de rue, les grèves et les actions créatives. Aux États-Unis, on peut assister à des manifestations au Campagne américaine pour les droits des Palestiniens (USCPR), Voix juive pour la paixSi pas maintenant, et d’autres. Accéder outils pour protester de Gaza, c’est la Palestine.  
  4. Débarrassez-vous de l’injustice. L’un des aspects clés du mouvement international visant à mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud a été d’exercer une pression économique. Les Palestiniens appellent à un boycott, un désinvestissement et des sanctions similaires.
  5. Visiter la Palestine. Visitez les camps de réfugiés, les points de contrôle et découvrez la vie quotidienne. Participez à des visites éducatives. Joignez-vous aux efforts de solidarité pour aider les Palestiniens à résister aux attaques des colons et à poursuivre leur sumud (fermeté), s’occuper de leurs troupeaux et de leurs oliviers, emmener leurs enfants à l’école et faire de leur vie quotidienne un acte de résistance. Vérifiez les organisations telles que Témoin oculaire PalestineMouvement de solidarité internationale or Centre pour la non-violence juive. Voici un bon agence de voyage dirigé par un Palestinien local. 
  6. Entraînez-vous à avoir des conversations difficiles. Trouver des conseils sur comment parler avec votre famille et vos amis, et sur la façon de parler de la Palestine sur votre lieu de travail dans cette boîte à outils gratuite, La liberté à portée de main, par le Collectif Féministe Palestine (voir page 19).
  7. S’opposer au discours de haine et la violence contre les communautés musulmanes et juives. Exprimez-vous et apprenez-en davantage sur la manière de vous organiser contre l’antisémitisme, la haine anti-arabe et la haine anti-musulmane. Comprendre la différence entre antisémitisme et antisionisme. Renseignez-vous sur l’antisémitisme avec cette introduction, Sur l’antisémitisme : solidarité et lutte pour la justiceainsi que, Démêler l’antisémitisme affiche et programme des Juifs pour la justice raciale et économique. Guides d’accès pour avoir dénoncé l’islamophobie, l’intimidation et les préjugés du CAIR.
  8. Continuez votre parcours d’apprentissage. Étude et recherchez tout ce que vous pouvez et partagez vos connaissances. Découvrir qui finance les élus américains.  S’inscrire Étude et action pour la Palestine, un cours en ligne d’été 2024 destiné à tous ceux qui souhaitent approfondir leur compréhension des luttes de libération palestiniennes, dirigé par un groupe de formateurs de haut niveau, organisé par White Awake.
  9. Faire le deuil. Pleurez et priez ensemble pour pleurer les vies perdues dans ce génocide. Organisez une veillée en invoquant les rituels de vos propres traditions. En honorant la mémoire des personnes tuées, vous pouvez lire leurs noms, partagez leurs histoires ou affichez leurs photos avec des bougies et des bougies chauffe-plat. 
  10. Pratiquez la gratitude et prenez soin de vous. Nous pouvons prendre soin les uns des autres afin de pouvoir subvenir à nos besoins à long terme. Trouver des outils pour apporter pratiques de résilience dans votre communauté et votre pratique quotidienne et gardez ces rappels proche. Souviens-toi, brûle vivement, mais ne t’épuise pas! Exprimez votre gratitude aux dirigeants qui font preuve de courage et de courage et appellent à un cessez-le-feu permanent — fonctionnaires élus, chefs religieux, étudiants, artistes, les travailleurs humanitaires et les voix des communautés du monde entier. La gratitude est l’antidote à la peur et au désespoir et aide à motiver les gens à continuer d’agir avec intégrité et avec soin ! Et n’oubliez pas de célébrer le mystère et le caractère sacré de la vie !

Source : https://whereolivetreesweep.com/fr/resources/

La seule puissance régionale qui a constamment et inconditionnellement soutenu la cause palestinienne est l’Iran.


Par Ilan Pappe – The Palestine Chronicle  

Depuis la mort du président égyptien Gamal Abdul Nasser, aucune des puissances régionales du Moyen-Orient n’a manifesté de véritable solidarité avec le mouvement de libération palestinien.

La Jordanie a rompu ses liens avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) en 1970 ; le Liban a cessé d’être l’arrière-pays géographique du mouvement en 1982 ; la Syrie, qui était probablement plus loyale que les autres États, n’a pas permis aux Palestiniens d’avoir une stratégie et une vision indépendantes, tandis que l’Égypte a carrément cessé de jouer un rôle de premier plan dans la politique régionale.

D’autres pays arabes ont également été très absents de la lutte palestinienne.

La Turquie, sous la direction d’Erdogan, a parfois fait preuve d’une plus grande solidarité, notamment avec la bande de Gaza assiégée depuis 2005, mais a également poursuivi une politique ambivalente en raison de sa relation stratégique avec Israël.

La seule puissance régionale à soutenir constamment et inconditionnellement la cause palestinienne est l’Iran.

Une équation erronée

Le récit occidental assimile à tort, et probablement intentionnellement, l’Iran à l’État islamique (ISIS), cette même organisation qui, dans les faits, a posé des bombes en Iran, tuant de nombreuses personnes.

Il convient également de rappeler que le soutien occidental au djihadisme sunnite en tant que force opposée au mouvement anticolonial laïque et de gauche a planté les graines à partir desquelles Al-Qaïda et ISIS ont grandi et prospéré.

Leur violence était également dirigée contre des groupes chiites en Asie du Sud-Est et dans le monde arabe. Nombre de ces groupes sont directement liés à l’Iran.

Contrairement à la propagande occidentale, le soutien iranien aux groupes de résistance principalement chiites fait partie de sa perception de l’autodéfense et ne découle pas d’une volonté d’imposer une sorte de régime djihadiste dans le monde entier.

La Palestine dé-sionisée

Depuis la chute de l’Union soviétique, il y a plus de 30 ans, Israël est le seul État de la région à bénéficier du soutien inconditionnel d’une superpuissance extérieure et de ses alliés.

Et il est important, même au risque de paraître banal, de mentionner une fois de plus à quoi sert ce soutien inconditionnel.

En vertu de cette immunité internationale défendue par les États-Unis, Israël s’est étendu sur l’ensemble de la Palestine historique, a procédé à un nettoyage ethnique de plus de la moitié de sa population au fil des ans et a soumis l’autre moitié à un régime d’apartheid, de colonisation et d’oppression.

Ainsi, le soutien direct à la cause palestinienne de la part d’une puissance régionale importante telle que l’Iran vise à contrecarrer le danger existentiel auquel le peuple palestinien a été confronté au cours des 75 dernières années.

L’Iran est un allié compliqué. Il a encore du chemin à faire en ce qui concerne son propre bilan en matière de droits de l’homme.

Le vocabulaire et le réservoir d’images utilisés par les dirigeants iraniens et, parfois, par les médias ne rendent pas service à la véritable solidarité iranienne.

Des slogans tels que « Petit Satan » ou « Mort à Israël », ainsi que des promesses de destruction totale, sont autant de tropes inutiles pour galvaniser une nation qui l’est déjà. En effet, sous la dictature du Shah, le peuple iranien soutenait la Palestine et reprochait à son régime ses liens étroits avec Israël.

Au-delà de la rhétorique, la politique elle-même est très utile pour rétablir le déséquilibre des pouvoirs entre l’Israël de l’apartheid et les Palestiniens occupés, qui, une fois de plus, sont confrontés à une menace existentielle.

Il convient également de noter que le langage utilisé par la propagande israélienne pour parler de l’Iran, des Palestiniens ou du Hamas est bien pire – comme l’ont révélé en totalité les documents que le gouvernement sud-africain a remis à la Cour internationale de justice en décembre dernier.

À cet égard, nous sommes nombreux à partager la vision de l’Iran d’une solution d’un seul État dé-sionisé et décolonisé dans la Palestine historique, qui, du moins je l’espère, sera également un État-providence démocratique.

La politique de l’Iran à l’égard d’Israël est décrite en Occident comme motivée par un antisémitisme de la pire espèce.

En raison du ressentiment intrinsèque d’Israël à l’égard de tout sentiment pro-palestinien, au Moyen-Orient ou ailleurs dans le monde, la position ferme de l’Iran en faveur des Palestiniens en fait la principale cible d’Israël et de ses alliés. Afin de maintenir la pression occidentale sur l’Iran, Israël réécrit souvent, voire toujours, l’histoire, la chronologie même des événements, présentant ainsi toujours l’Iran comme un agresseur et Israël comme un pays en état permanent d’autodéfense.

Agressions israéliennes et contre-attaque iranienne

Pendant longtemps, l’Iran a toléré des actes de sabotage sur son sol, notamment l’assassinat de scientifiques, le meurtre et les blessures de son personnel en Syrie et les pressions israéliennes exercées sur les États-Unis pour qu’ils abolissent l’accord sur le nucléaire iranien en 2015.

Imaginez que l’Iran ait détruit une ambassade américaine, tuant certains des plus hauts gradés de l’armée américaine, on ne peut qu’imaginer quelle aurait été la réaction américaine.

Lors de sa dernière attaque contre Israël, le 13 avril, l’Iran a fait tout ce qui était en son pouvoir pour montrer qu’il ne cherchait pas à provoquer des dommages collatéraux ou à cibler des civils. En fait, il a donné aux Israéliens plus de dix jours pour se préparer à l’attaque.

Pourtant, Israël et l’Occident se sont empressés de déclarer que l’attaque iranienne était un échec total qui n’avait causé aucun dommage. Quelques jours plus tard, ils ont dû admettre que deux bases aériennes israéliennes avaient été directement touchées par l’attaque iranienne.

Mais là n’est pas la question. Bien sûr, les deux parties ont la capacité d’infliger à l’autre des dommages considérables et des pertes humaines. Cet équilibre des forces a toutefois des implications bien plus importantes que celles analysées par les experts militaires.

Un contrepoids

Si l’opération du Hamas du 7 octobre a jeté un doute sur l’invincibilité de l’armée israélienne, le savoir-faire technologique introduit par l’Iran est un autre indicateur qu’Israël n’est pas la seule superpuissance militaire de la région.

Il convient également de noter qu’Israël a eu besoin du soutien direct de la Grande-Bretagne, de la France, des États-Unis, de la Jordanie et de certains autres pays arabes pour se protéger de l’attaque iranienne.

Jusqu’à présent, rien n’indique que les Israéliens aient intériorisé les leçons importantes qu’ils auraient dû tirer au cours des sept derniers mois : les limites du pouvoir, l’incapacité d’exister en tant qu’État étranger au sein du monde arabe et musulman, et l’impossibilité de maintenir en permanence un régime d’apartheid racial et d’oppression militaire.

À cet égard, les capacités technologiques d’une puissance régionale comme l’Iran ne changent pas la donne. Mais elles constituent un contrepoids à une coalition forte et large qui a toujours soutenu le projet sioniste depuis le tout début. Un contrepoids qui n’existait pas pendant de nombreuses années.

Il est évident que la situation de la Palestine historique ne changera pas par le développement ou la transformation d’un seul facteur. En effet, le changement se produira à la suite de nombreux facteurs. La combinaison de ces processus finira par se fondre dans un événement transformateur, ou une série d’événements, qui aboutira à une nouvelle réalité politique située dans le cadre de la décolonisation, de l’égalité et de la justice réparatrice dans la Palestine historique.

Cette matrice nécessite une forte présence iranienne, qui peut même être plus efficace si elle est associée à des réformes à l’intérieur même de l’Iran. Elle exige également que le Sud global donne la priorité à la Palestine ; un changement similaire devrait également être enregistré dans le Nord global.

Un mouvement de libération de la Palestine uni et plus jeune, ainsi que la dé-sionisation des communautés juives mondiales, sont également deux facteurs importants.

L’implosion sociale en Israël, la crise économique et l’incapacité du gouvernement et de l’armée à répondre aux besoins actuels sont également des développements cruciaux.

Une fois fusionnés, tous ces facteurs créeront une puissante transformation sur le terrain, qui conduira à la création d’un nouveau régime et d’une nouvelle formation politique.

Il est trop tôt pour donner un nom à cette nouvelle formation et il est prématuré de prédire l’issue du processus de libération.

Cependant, ce qui est bien visible, c’est la nécessité d’aider cette nouvelle réalité à se déployer le plus rapidement possible. Sans cela, le génocide de Gaza ne serait pas le dernier chapitre horrible de l’histoire de la Palestine.

  • Ilan Pappé est professeur à l’université d’Exeter. Il était auparavant maître de conférences en sciences politiques à l’université de Haïfa. Il est l’auteur de The Ethnic Cleansing of Palestine, The Modern Middle East, A History of Modern Palestine : Une terre, deux peuples, et de Dix mythes sur Israël. Il est coéditeur, avec Ramzy Baroud, de « Our Vision for Liberation ». Pappé est décrit comme l’un des « nouveaux historiens » d’Israël qui, depuis la publication de documents pertinents des gouvernements britannique et israélien au début des années 1980, ont réécrit l’histoire de la création d’Israël en 1948. Il a contribué à cet article pour The Palestine Chronicle.

Traduit par Deepl

Qui s’intéresse au sort de 10 000 palestiniens détenus dans les prisons israéliennes ?


Publié par Gilles Munier sur 4 Mai 2024, 07:47am

source :

Par Eva Bartlett (revue de presse : Commun Commune – 3 mai 2024) *

Négligence et tortures : l’Occident ignore le sort des Palestiniens coincés dans les geôles israéliennes.

Les prisonniers relâchés racontent avoir souffert en détention illimitée, mais il est peu probable que leur sort intéresse beaucoup en Occident selon Eva Bartlett.

Depuis plus de six mois, le monde assiste à la campagne dévastatrice menée par Israël contre les Palestiniens à Gaza, qui a fait plus de 34 000 morts (dont plus de 16 000 enfants).

Cependant, rares sont ceux qui sont au courant des quelque 10 000 Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, dont beaucoup sont arrêtés de manière répétée et détenus pour de longues périodes indéterminées. Parmi eux, des enfants, des étudiants universitaires, des médecins et des journalistes.

Bien que ces chiffres aient considérablement augmenté en seulement six mois, la couverture médiatique manque, à l’exception de quelques reportages sur Layan Naser, l’une des étudiants de l’Université chrétienne réemprisonnée au début du mois. Tôt dans la matinée, l’armée israélienne l’a emmenée de chez elle, ses parents tenus en joue. Mais ce n’est pas un cas isolé, elle n’est qu’un des nombreux étudiants palestiniens enlevés de la même manière, prétendument au nom de la sécurité, pour avoir participé à des activités militantes sur le campus.

Le 7 avril, la Commission palestinienne des affaires des détenus et des ex-détenus a condamné les derniers enlèvements en date de Layan Kayed et Layan Naser, deux jeunes femmes qui avaient déjà été prises pour cibles et emprisonnées, parmi de nombreuses autres personnes.

Justifier une incarcération sans fin

Le problème plus large est que, au 17 avril, Jour des prisonniers palestiniens, plus de 9 500 Palestiniens sont incarcérés dans les prisons israéliennes, dont environ un tiers dans le cadre de ce qu’on appelle la « détention administrative ». Cette procédure permet à l’armée israélienne de détenir des personnes sur la base de preuves secrètes pour une durée indéterminée et sans procès. Israël justifie cette pratique par ses lois sur les pouvoirs d’urgence, dans le cadre de l’état d’urgence en vigueur en permanence dans le pays depuis 1948.

Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza en octobre, Israël a emprisonné quelque 3 000 Gazaouis, selon une enquête menée par l’ONG palestinienne Centre al-Mezan pour les droits de l’homme. Selon le centre, il s’agit notamment « de femmes, d’enfants, de personnes âgées, ainsi que de professionnels tels que des médecins, des infirmières, des professeurs et des journalistes ».

Sur ces 3 000 prisonniers, 1 650 Gazaouis sont incarcérés en vertu de la loi sur les combattants illégaux. Cette loi est similaire à la « détention administrative » mais concerne spécifiquement les Gazaouis. De la même manière, ils sont emprisonnés sans accusation ni représentation légale, soupçonnés d’être des « combattants illégaux ». Selon le centre al-Mezan, ils sont « isolés du monde extérieur » et « ne bénéficient ni du statut de prisonnier de guerre en vertu de la troisième convention de Genève, ni de la protection accordée aux détenus civils selon la quatrième convention de Genève ». Trois cents autres personnes (dont dix enfants), qui ne sont pas actuellement détenues au titre de la loi sur les combattants illégaux, sont emprisonnées dans l’attente d’une enquête.

Dans le même temps, en Cisjordanie, selon la Commission palestinienne des Affaires des détenus, au 16 avril, 8 270 Palestiniens ont été arrêtés, dont 275 femmes, 520 enfants, 66 journalistes (dont 45 incarcérés jusqu’à maintenant, 23 étant en détention administrative).

Parmi ceux-ci, 80 femmes (Gazaouies non compris) et plus de 200 mineurs sont emprisonnés. Le nombre total de personnes placées en détention administrative s’élève à plus de 3 660, dont plus de 40 enfants.

Depuis le 7 octobre, 16 prisonniers palestiniens provenant de Cisjordanie sont morts dans les prisons israéliennes en raison de « pratiques systématiques de torture, de crimes médicaux, de la politique de la famine et de nombreuses autres violations et abus perpétrés à l’encontre de détenus hommes et femmes, mineurs comme âgés », selon un rapport de l’organisation Société des prisonniers palestiniens.

Le journal israélien Haaretz indique que 27 Gazaouis sont décédés depuis le 7 octobre : « Les détenus sont morts dans les centres de Sde Teïman et d’Anatot ou lors des interrogatoires sur le territoire israélien. » Le même article cite un rapport de l’UNRWA publié récemment par le New York Times, selon lequel les prisonniers gazaouis libérés ont déclaré avoir été tabassés, volés, déshabillés et violés, privés de soins médicaux et de l’assistance d’un avocat.

Des Guantanamo israéliens

Des rapports de torture concernant des Palestiniens incarcérés (y compris des enfants) sont publiés depuis des années et se multiplient ces derniers mois. Le groupe israélien de défense des droits B’Tselem note que « chaque année, Israël arrête et détient des centaines de mineurs palestiniens tout en violant systématiquement leurs droits pendant l’arrestation et l’interrogatoire. »

En mars, le directeur exécutif du Comité public contre la torture en Israël (PCATI) s’est déclaré extrêmement préoccupé, déclarant que 10 000 Palestiniens emprisonnés représentaient « une augmentation de 200 % par rapport à une année normale » et que depuis octobre 2023, au moins 27 Palestiniens étaient morts dans des camps de détention israéliens dans la bande de Gaza. Parmi ces prisonniers figurent des enfants ainsi qu’une grand-mère de 82 ans. 

D’après ce que j’ai vu en janvier 2009 à Gaza, ces camps de détention sont de grandes zones rasées au bulldozer, où il n’y a ni tentes ni abris. Certains anciens détenus les décrivent comme des « cages à ciel ouvert » où les prisonniers « sont menottés et ont les yeux bandés 24 heures sur 24 ». 

Il y a de nombreux témoignages de maltraitance des Palestiniens dans les prisons israéliennes. Par exemple, un homme âgé du sud de Gaza aurait été tellement torturé que sa jambe s’est infectée et a dû être amputée après sept jours de négligence médicale. Un autre prisonnier de 60 ans aurait été détenu et sévèrement battu pendant plus de 50 jours. Des groupes de défense des droits continuent de documenter ces témoignages et de les dénoncer. 

Au mois de février, des organisations comme Adalah, HaMoked, Médecins pour les droits de l’Homme – Israël et le Comité public contre la torture en Israël ont soumis un appel au rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture et d’autres formes cruelles et inhumaines de traitement ou de punition, « l’exhortant à prendre des mesures immédiates pour mettre fin aux abus, à la torture et aux mauvais traitements systématiques des prisonniers et détenus palestiniens dans les prisons et les centres de détention israéliens. » 

Al Mezan rapporte avoir visité 40 Palestiniens détenus dans les prisons d’Ashkelon et d’Ofer dont les témoignages font état de coups brutaux et de privation délibérée de nourriture comme forme de torture et de punition collective. L’un d’entre eux, âgé de 19 ans, a déclaré à Al Mezan que « ses trois ongles avaient été arrachés avec des pinces pendant l’interrogatoire » et avoir été « menotté et ligoté dans des positions douloureuses pendant de longues périodes – trois fois en trois jours d’interrogatoire. 

Selon les rapports d’Al Mezan, tous les détenus « souffrent d’émaciation sévère, de fatigue et de courbure du dos, étant donné qu’ils étaient obligés de courber le dos et la tête en marchant. L’avocat de l’organisation qui a parlé aux prisonniers a déclaré n’avoir jamais vu des conditions carcérales aussi mauvaises en 20 ans de travail avec les détenus. 

Plus récemment, Haaretz rapportait qu’un médecin traitait des Palestiniens dans un hôpital de campagne israélien dans des conditions horribles : « Rien que cette semaine, deux prisonniers ont été amputés de leurs jambes en raison de blessures causées par les menottes, ce qui n’est malheureusement que la routine. » Selon lui, tous les patients ont les quatre membres menottés, les yeux bandés et sont nourris à la paille, ce qui signifie que « même les patients jeunes et en bonne santé perdent du poids après une semaine ou deux d’hospitalisation. 

Comparez cette situation aux cas où des rapports ou des affirmations similaires proviennent d’un État ciblé par Washington pour un changement de régime ou qualifié de « voyou » ou comme « adversaire ». Dans pareils cas, les affirmations sont souvent prises pour argent comptant, extrapolées, amplifiées et sont largement diffusées. Par exemple, en 2017, les médias occidentaux se sont rués sur les allégations d’un « abattoir » dans la ville syrienne de Seidnaya où il y aurait eu des « pendaisons de masse » par le gouvernement syrien. Ces accusations ont été reprises sans critique par les médias nationaux, bien qu’elles contiennent de nombreuses erreurs et ne soient pas fondées sur des sources primaires. 

Les médias occidentaux détournent la caméra

On relevait à l’époque qu’Amnesty International admettait qu’en absence de photos, de vidéos ou de témoignages concrets de la prison de Seidnaya, ils avaient été contraints de concevoir « des moyens uniques avec des modèles 3D interactifs, des technologies digitales, des animations et des logiciels audio » ainsi que de se mettre en relation avec les ONG occidentales soutenant les efforts visant à renverser le gouvernement syrien pour rédiger leur rapport que les médias ont mis en avant parce qu’il appuyait le narratif de l’OTAN sur la Syrie. 

Lorsqu’il s’agit des prisonniers palestiniens et de leurs témoignages de torture, de privation de nourriture et de refus de soins médicaux urgents pendant leur détention ou dans les prisons israéliennes, on ne voit un tel niveau d’effort et de couverture médiatique nulle part, sans doute du fait de la gêne politique que cela causerait à Washington et à ses alliés. 

Eva Bartlett est une journaliste indépendante canadienne. Elle a passé des années sur le terrain à couvrir des conflits au Proche-Orient, en particulier en Syrie et en Palestine

*Source : RT via Commun Commune

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