Bavure Diplomatique


Par

mar, 04/09/2012 – 23:45

Il y a plus d’un an, dans le métro Parisien, un jeune étudiant Africain subissait un tabassage en règle par les forces de l’Ordre. Son crime ? Avoir oublié de valider son passe Navigo…

L’affaire remonte à plus d’un an. Un soir d’été à la station Châtelet. Avec quelques amis, Virgile (1) s’en va prendre le dernier métro. Pendant que ses potes achètent leurs tickets, lui se voit proposer de passer à l’œil par un couple. Qu’importe, son pass Navigo traîne dans sa poche. Et le jeune étudiant gabonais de le sortir quand des gardiens de la paix viennent le contrôler.

Tous surpris que le suspect ait ses papiers (et son titre de transport), les policiers ne se laissent pas démonter. Fouille en règle, mains contre le mur, palpations. Toujours rien à prendre sur l’Africain, en règle comme ses copains, désireux de ne pas rater le dernier train.

Le ton monte un peu quand les poulets refusent de le laisser repartir, puis le bousculent pour finalement le mettre au sol. Et attendre un prompt renfort de lacrymogène, de coups, dont un fort nécessaire au visage…

 la video

«Le policier qui m’a frappé voulait même utiliser son Taser, confie Virgile à Bakchich, mais l’un de ses collègues l’a raisonné». Pas au point de le relâcher. D’abord conduit dans un local de la RATP – le temps de quelques nouvelles douceurs assénées au visage -, le jeune homme, les lèvres en sang, est finalement emmené à la brigade ferroviaire pour une garde-à-vue de 24 heures.

Durant son transfert se noue un étrange dialogue entre les agents de l’ordre : «On aurait dit qu’ils accordaient leurs version».

Le lendemain, plainte est déposée contre l’étudiant pour… coupset blessures, une demande de prolongation de garde-à-vue tombe même.

Mauvaise pioche : Virgile dispose d’un passeport diplomatique gabonais, qui n’autorise pas une privation de liberté sans que soit averti le consulat. Alerté, le procureur demande la libération rapide du garçon, qui ne se prive pas de porter plainte.

Un an après, vient enfin le procès. Ou plutôt les procès. Le 26 octobre, Virgile comparaitra, en tant qu’auteur supposé de violence contre les forces de l’ordre. Le 2 novembre, Virgile sera en revanche partie civile : la version du policier qui l’a frappé à terre n’a apparemment pas eu l’heur de convaincre l’inspection générale des services, qui a prôné son renvoi en justice.

A croire que ses blessures n’avaient rien de diplomatique…

Israël : Le ministre de l’Intérieur Elie Yishaï veut emprisonner tous les immigrés illégaux africains


jeudi 24 mai 2012, par La Rédaction

Le ministre israélien de l’Intérieur Elie Yishaï a affirmé jeudi qu’il fallait « mettre derrière les barreaux » tous les immigrés illégaux africains au lendemain d’une violente manifestation xénophobe à Tel-Aviv.
« Il faut mettre ces illégaux derrière les barreaux dans des centres de détention et de rétention, puis les renvoyer chez eux, car ils viennent prendre le travail des Israéliens et il faut protéger la caractère juif de l’Etat d’Israël », a affirmé M. Yishaï à la radio militaire.
Mercredi soir, un millier de manifestants israéliens ont défilé dans le sud de Tel-Aviv aux cris notamment de : « les Soudanais au Soudan » et en vilipendant « les belles âmes gauchistes » qui défendent ces étrangers.
Le porte-parole de la police Micky Rosenfeld a précisé jeudi que 17 personnes soupçonnées d’avoir attaqué des magasins et des voitures à bord desquelles se trouvaient des immigrés avaient été arrêtées et étaient toujours détenues jeudi matin.
« Aucun immigré n’a été blessé », a ajouté le porte-parole tout en soulignant que des renforts de police sont restés « dans le secteur afin de maintenir le calme ».
Selon M. Yishaï, si le gouvernement n’agit pas, « ils seront bientôt un demi-million voire un million, on ne pas accepter de perdre ainsi notre pays ».
Selon les chiffres officiels, quelque 60.000 immigrés illégaux se sont infiltrés en Israël en provenance surtout du Soudan, du Sud-Soudan et de l’Erytrée via le Sinaï égyptien.
Pour tenter d’endiguer cet afflux, le gouvernement a accéléré la construction d’une clôture de 250 km le long de la frontière égyptienne. L’ouvrage devrait être achevé à la fin de l’année.
M. Yishaï a toutefois estimé que cette clôture ne suffira pas. « Même si elle fait 12 m de haut, il y aura des échelles de 13 m. Il faut les empêcher de travailler ». Mardi, le ministre de l’Intérieur avait affirmé à la Knesset (Parlement) : « si le gouvernement m’en donne les moyens, il n’y aura plus un seul immigré illégal d’ici un an ».
Les journaux ont fait jeudi leurs gros titres sur les incidents de Tel-Aviv. « Colère, violence et xénophobie à Tel-Aviv », titre en une le quotidien Maariv. Un des commentateurs de la radio militaire a pour sa part parlé de « pogrome ».
Le quotidien Yédiot Aharonot titre pour sa part sur un projet de déploiement « d’une unité de gardes-frontière dans le sud de Tel-Aviv pour faire face à la criminalité croissante parmi les immigrés africains et empêcher des agressions anti-immigrés de la part des habitants ».
A la suite de récents délits de droit commun impliquant des immigrés illégaux, un vif débat s’est engagé en Israël sur la présence d’une communauté africaine.
« Le phénomène de l’infiltration illégale à partir de l’Afrique est extrêmement grave et menace les fondements de la société israélienne, la sécurité nationale et l’identité nationale », avait estimé dimanche le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

(24 mai 2012 – Avec les agences de presse)

« Le racisme a-t-il changé de visage ? « 



Conférence-débat, ULB, jeudi 10 mai 2012, 19h30, Auditoire H1309.
Aujourd’hui, la lutte organisée conte le racisme n’est plus un terrain consensuel. Différentes visions de l’antiracisme s’affrontent, notamment sur la place du religieux dans l’espace public, la reconnaissance des spécificités culturelles des minorités ou encore la dénonciation des rapports de domination. Ces divergences traduisent-elles une évolution du racisme lui-même ?  Ces différents courants de l’antiracisme poursuivent-ils encore les mêmes cibles ? Qu’est-ce que le racisme et qui sont les racistes aujourd’hui?
Intervenants :
– Anne Morelli (auteure de “Principes élémentaires de propagande de guerre”, éd. Aden)
– Henri Goldman (auteur de “Le rejet français de l’Islam, une souffrance républicaine”, Presses Universitaires de France)
– Souhail Chichah (auteur de “Quitter la réserve et refuser l’arène”, éd. du Souffle)

Modérateur : Benoît Feyt, journaliste
Un débat organisé par SOS-RacismeS asbl, avec la collaboration d’Attac-ULB.

« Le racisme a-t-il changé de visage ? « 


« Le racisme a-t-il changé de visage ? « : Conférence-débat, ULB, jeudi 10 mai 2012, 19h30, Auditoire H1309.
Aujourd’hui, la lutte organisée conte le racisme n’est plus un terrain consensuel. Différentes visions de l’antiracisme s’affrontent, notamment sur la place du religieux dans l’espace public, la reconnaissance des spécificités culturelles des minorités ou encore la dénonciation des rapports de domination. Ces divergences traduisent-elles une évolution du racisme lui-même ?  Ces différents courants de l’antiracisme poursuivent-ils encore les mêmes cibles ? Qu’est-ce que le racisme et qui sont les racistes aujourd’hui?
Intervenants :
– Henri Goldman (Revue Politique)
– Souhail Chichah (ULB)
– Anne Morelli (ULB)
Modérateur : Benoît Feyt
Un débat organisé par SOS-RacismeS asbl, avec la collaboration d’Attac-ULB.

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Comment le racisme s’est fabriqué


MESKENS, JOELLE

Page 29 LeSoir

Mardi 29 novembre 2011

Exposition Le quai Branly met en lumière l’histoire des « zoos humains »

PARIS

De notre envoyée permanente

Ils furent exposés dans des foires, des cirques, des cabarets, des expos universelles. Parce qu’ils étaient affligés de handicaps, de maladies rares ou, plus tard, parce qu’ils venaient simplement de contrées inconnues dont l’Occident était alors curieux. Le musée du quai Branly rend hommage à tous ces « sauvages » venus de gré ou de force d’Afrique, d’Asie, d’Océanie ou d’Amérique et qui firent l’attraction pendant cinq siècles. Des dizaines de milliers d’hommes et de femmes qui furent montrés à plus d’un milliard de visiteurs non pas pour ce qu’ils faisaient mais pour ce qu’ils étaient censés être : des individus différents, anormaux et inférieurs.

L’invention du sauvage, qui se tient à Paris jusqu’au mois de juin, est une expo à ne manquer sous aucun prétexte. D’abord, parce que les six cents pièces qu’elle rassemble (affiches, cartes postales, tableaux, sculptures, documents audio-visuels) offrent un témoignage inédit sur ces épouvantables « zoos humains ». Qui sait encore que le cirque Barnum s’en était fait une spécialité ? Qu’à Paris, les Folies Bergère ou le Cirque d’hiver se vantaient d’organiser les meilleures exhibitions ? Mais l’expo vaut aussi la visite parce qu’elle offre une réflexion sur la société d’aujourd’hui en l’interrogeant sur l’altérité. Nous sommes tous le « sauvage » de quelqu’un, comme nous le rappellent les miroirs déformants judicieusement installés tout au long du parcours…

« L’invention du sauvage commence déjà avec Christophe Colomb, quand il découvre le nouveau monde et ramène six Indiens qu’il présente à la cour d’Espagne, explique Nanette Snoep, l’une des commissaires scientifiques de l’exposition. Mais cette forme d’exhibition humaine culmine au XIXe et au début du XXe siècle, en pleine époque coloniale. Elle devient alors un phénomène de masse, notamment en Europe. »

L’exposition vise à rendre hommage à ces hommes et ces femmes soudain sortis de l’anonymat. Comme la fameuse « Vénus hottentote » qui fut exhibée à Londres et Paris de 1810 à 1815. Originaire d’Afrique du Sud, Saartje Baartman, véritable phénomène de foire, suscitait la curiosité par son anatomie « au postérieur exubérant ». Elle servit de démonstration au discours scientifique ambiant sur la différenciation des races et, bien sûr, sur la supériorité de l’une d’entre elles sur les autres. En plein débat sur les théories de l’évolution, ces « sauvages » étaient présentés comme « le chaînon manquant entre l’homme et le singe ». Car les stéréotypes ne sont pas nés de l’ignorance. Ils ont au contraire été fabriqués, légitimés par ceux qui prétendaient détenir la connaissance…

L’histoire est évidemment au cœur de la démarche. C’est seulement en s’interrogeant sur le passé que nos sociétés peuvent comprendre comment s’est forgé le racisme et mieux le combattre. Mais en nous interpellant sur l’origine de la norme, l’expo du quai Branly nous invite aussi à réfléchir sur les rapports hommes-femmes, sur les handicapés, ou sur l’homosexualité. Sur tout ce qui fait que des individus sont parfois perçus comme des êtres différents. Comme le dit l’artiste vidéaste Vincent Elka dont une œuvre originale clôt l’exposition, les parias ont changé, mais ils restent rejetés comme des monstres de foire…

P. 30 l’interview de Lilian thuram, commissaire de l’expo

« Le racisme est une fabrication intellectuelle que l’on peut déconstruire par la connaissance du passé.

« Le racisme est

une fabrication intellectuelle que l’on peut déconstruire

par la connaissance du passé. »

Lilian Thuram, P. 30

Jusqu’à l’expo 58

Les exhibitions humaines ont eu lieu partout en Occident. New York, Londres, Paris mais aussi Bruxelles se vantaient aux XIXe et au XXe siècles d’organiser pareils spectacles. C’est même en Belgique que le dernier événement du genre s’est produit. « A l’Expo universelle de 1958, des figurants avaient été engagés pour animer un village congolais », rappelle Nanette Snoep, commissaire de l’expo. Mais le malaise avait grandi auprès des acteurs, des visiteurs et des journalistes. Il était devenu tel que le village avait fini par être fermé. « De tels spectacles n’étaient plus possibles. » En 1897 déjà, lors d’une autre expo universelle à Bruxelles, un « village indigène » avait été montré. Trois cents Congolais avaient été exhibés dans des huttes censées représenter leur environnement habituel. Sept d’entre eux n’avaient pas supporté le climat et en étaient morts.

Thuram : « L’histoire a laissé des traces »

Entretien

Champion du monde de foot en 1998 avec l’équipe de France, Lilian Thuram se consacre depuis à la lutte contre le racisme, notamment à travers sa fondation (www.thuram.org). Il est le commissaire général de l’expo Exhibitions – L’invention du sauvage au quai Branly, à Paris.

Pourquoi cette exposition ?

Le but est de montrer que le racisme est une fabrication intellectuelle que l’on peut déconstruire par la connaissance du passé. Pourquoi, lorsque j’étais footballeur à Turin, certains spectateurs poussaient-ils des cris de singe quand ils me voyaient sur le terrain ? Parce qu’il y a eu, dans l’histoire, des théories qui affirmaient qu’il y avait plusieurs races (alors qu’il n’y a qu’une seule espèce : l’homme !), que la race blanche était supérieure aux autres, que l’homme descendait du singe et que certains individus pouvaient avoir été le « chaînon manquant » entre les deux. Quand on ne sait pas d’où il vient, on ne peut pas lutter contre le racisme.

Rappeler l’histoire de ces zoos humains, c’est pousser l’Occident à la repentance ?

Non, il n’y a aucune approche culpabilisante dans notre démarche. Au contraire, nous avons voulu prendre de la distance, envisager cette histoire de façon dépassionnée. Je ne suis d’ailleurs pas sûr que si l’on nous disait demain que les Martiens existaient et que l’on allait exposer des petits hommes verts au Jardin d’acclimatation, nous n’irions pas. Ce que l’on a voulu montrer, c’est que cette histoire, avec les représentations infériorisantes qu’elle a véhiculées, laisse aujourd’hui des séquelles dans notre société. Tout cela n’est pas si ancien. En 1931 encore, les arrière-grands-parents de mon ami Christian Karembeu étaient exhibés parce qu’ils étaient kanaks.

Les clichés entourent d’ailleurs la notion même de « sauvage »…

Oui, cela me plaît de rappeler que le « sauvage » n’est pas toujours celui que l’on croit. Cette expo rappelle que des Alsaciens et des Bretons aussi ont été exhibés dans ces « zoos humains ».

Pour vous, on ne naît pas raciste, on le devient…

Oui, c’est le regard de la société qui crée le racisme. Le racisme est une construction culturelle. C’est le fruit d’une éducation, d’un environnement. Souvent, dans les écoles, je fais un jeu tout simple avec les enfants. Quand ils me disent qu’ils sont « blancs », je leur demande de prendre une feuille de papier et de comparer. Ils me répondent alors en rigolant qu’ils sont « beiges ». Les enfants reproduisent en fait souvent le discours que les scientifiques tenaient aux XVIIIe et XIXe s. : « les Noirs courent plus vite », les « jaunes sont bons au ping-pong », etc. La société a en fait construit des schémas de pensée. Nous devons fournir des outils pédagogiques pour les démonter. La connaissance du passé en fait partie.

L’exposition n’est pas seulement une démarche historique. Les différences continuent d’être au cœur de nos sociétés…

Oui, les clivages ethniques sont toujours présents. Quand on parle de « minorités visibles », cela veut donc dire qu’il y aurait une « majorité invisible » et que cette majorité serait blanche. Mais le clivage n’est pas qu’ethnique. Le sexisme ou le jugement sur l’orientation sexuelle sont d’autres formes de racisme. Nous devons apprendre à nous connaître pour dépasser ces clivages.

Les manuels scolaires sont la « principale explication » de la transformation des étudiants israéliens en « monstres » racistes contre les Palestiniens


Via :  omar.barghouti@gmail.com

Le 7 août 2011

 Nurit Peled-Elhanan

Ci-dessous, une recherche perspicace d’une universitaire israélienne respectée, qui confirme ce que les chercheurs palestiniens ont toujours su : la culture en vigueur en Israël, de racisme et de fondamentalisme fanatiques, de soutien aux crimes de guerres et à l’apartheid contre les Palestiniens, est essentiellement le produit d’un système d’éducation qui endoctrine les élèves juifs israéliens selon des valeurs colonialistes militantes et un racisme extrême, un système qui en fait des « monstres » une fois sous l’uniforme.

Ceux qui considèrent qu’il s’agit là d’un « égarement » du sionisme semblent ne pas avoir suffisamment compris ce qu’est réellement le sionisme et le rôle central qu’il a joué et joue, en tant qu’idéologie manifestement raciste, dans la justification du nettoyage ethnique et de la domination raciste des Palestiniens.

Il ne faut pas s’étonner dès lors pourquoi, en plein massacre israélien à Gaza en 2008/2009, un sondage réalisé à l’université de Tel Aviv (et publié dans le Jerusalem Post début janvier 2009) montre que 94 % des juifs israéliens interrogés soutenaient l’assaut, en parfaite connaissance des énormes souffrances qui en découlaient et étaient infligées à un million cinq cent mille Palestiniens, incarcérés dans « le camp-prison » de Gaza, et de la destruction massive de leur infrastructure civile.

Nurit Peled-Elhanan écrit notamment :

« Une question qui en dérange beaucoup, c’est comment expliquer le comportement de cruauté de ces soldats israéliens envers les Palestiniens, comment expliquer leur indifférence devant la souffrance humaine, la perpétration de ces souffrances. Ils se demandent comment ces gentilles filles et ces gentils garçons juifs peuvent devenir des monstres une fois qu’ils ont revêtu l’uniforme. Je pense que la raison première à cela, c’est leur éducation. Aussi, j’ai voulu voir comment leurs livres d’école représentaient les Palestiniens. »

Comme dans tout système colonial, seule, une pression soutenue et efficace venant de l’intérieur comme de l’extérieur peut mettre un terme à cette spirale régressive de criminalité, d’impunité et de racisme tacite. Il faut encore plus de BDS (boycotts, désinvestissements et sanctions) pour mettre fin à l’occupation, au colonialisme et à l’apartheid. En plus de profiter évidemment aux Palestiniens autochtones, qui souffrent depuis plus de six décennies de ce système d’oppression israélienne à trois niveaux, mettre fin à ce système d’oppression peut très bien aussi permettre de transformer la plupart des Israéliens, de « monstres » colonialistes en êtres humains normaux.

Omar

Omar Barghouti est un militant des droits humains, membre fondateur du mouvement de boycott mondial contre Israël à direction palestinienne, et auteur de Boycott, désinvestissement, sanctions (BDS) contre l’apartheid et l’occupation de la Palestine – (Édition La Fabrique).

Une universitaire israélienne dénonce la partialité des manuels scolaires en Israël

Harriet Sherwood
The Guardian – Observer
7 août 2011

Nurit Peled-Elhanan, universitaire israélienne, mère et politique radicale, évoque l’image de rangées d’écoliers juifs, penchés sur leurs livres, apprenant qui sont leurs voisins, les Palestiniens. Mais, dit-elle, ceux-ci n’y sont jamais désignés sous le nom de Palestiniens, sauf dans le contexte du terrorisme.

On les appelle les Arabes. « L’Arabe avec un chameau, dans une tenue d’Ali Baba. Ils les décrivent comme des gens vils, et anormaux, et criminels, qui ne paient pas d’impôts, des gens qui vivent en dehors de l’État, des gens qui ne veulent pas s’améliorer », dit-elle. « On ne les présente que comme des réfugiés, des paysans primitifs et des terroristes. Vous ne voyez jamais un enfant palestinien, ni un médecin, ni un enseignant, ni un ingénieur, ni un paysan moderne. »

Peled-Elhanan, professeur de langue et en pédagogie à l’université hébraïque de Jérusalem, a étudié le contenu des livres scolaires israéliens de ces cinq dernières années, et son mémoire, La Palestine dans les livres d’école israéliens : idéologie et propagande en Éducation, a été publié ce mois-ci au Royaume-Uni. Elle y décrit ce qu’elle estime être du racisme, même plus que cela, un racisme qui prépare les jeunes Israéliens à leur service militaire obligatoire.

« Les gens ne savent pas vraiment ce que leurs enfants lisent dans les manuels » dit-elle. « Une question qui en dérange beaucoup, c’est comment expliquer le comportement de cruauté de ces soldats israéliens envers les Palestiniens, comment expliquer leur indifférence devant la souffrance humaine, la perpétration de ces souffrances. Ils se demandent comment ces gentilles filles et ces gentils garçons juifs peuvent devenir des monstres une fois qu’ils ont revêtu l’uniforme. Je pense que la raison première à cela, c’est leur éducation. Aussi, j’ai voulu voir comment leurs livres d’école représentaient les Palestiniens. »

Dans « des centaines et des centaines » de livres, elle soutient ne pas avoir trouvé une seule photographie montrant un Arabe comme « une personne normale ». Sa découverte la plus importante dans les livres qu’elle a étudiés – tous autorisés par le ministère de l’Éducation – concerne le récit historique des évènements de 1948, l’année où Israël fit la guerre pour s’implanter en tant qu’État indépendant, et où des centaines de milliers de Palestiniens durent fuir le conflit qui s’en est suivi.

L’assassinat de Palestiniens y est dépeint comme quelque chose de nécessaire pour la survie de l’État juif naissant, prétend-elle. «  Les massacres ne sont pas niés, ils sont simplement représentés dans les livres d’école israéliens comme, dans le long terme, quelque chose de bénéfique pour l’État juif. Par exemple, Deir Yassin (village palestinien d’avant 1948, proche de Jérusalem) a été un massacre épouvantable perpétré par les soldats israéliens. Dans les livres d’école, ils vous disent que ce massacre a déclenché la fuite massive des Arabes d’Israël et a donc permis la création d’un État juif, avec une majorité juive. Par conséquent, c’était la meilleure solution. C’était peut-être dommage, mais à long terme, les conséquences pour nous étaient positives. »

Les enfants, dit-elle, sont élevés pour servir dans l’armée et intérioriser le message que les Palestiniens sont « des gens dont la vie peut leur être retirée en toute impunité. Et pas seulement cela, mais que ce sont des gens dont le nombre doit être réduit. »

Peled-Elhanan aborde son sujet à partir d’un contexte politique radical. Elle est la fille d’un célèbre général, Matti Peled, qui était convaincu que l’avenir d’Israël résidait dans une paix digne avec les Palestiniens. Après avoir quitté l’armée, il était devenu membre actif d’un mouvement pour la paix.

La famille avait conçu une affiche, appelant à un règlement pacifique du conflit et représentant Smadar, la fille unique de Peled-Elhanan, avec son message : tous les enfants méritent un avenir meilleur.

Puis, en 1997, Smadar a été tuée par un kamikaze palestinien alors qu’elle faisait des courses à Jérusalem. Elle avait 13 ans. Peled-Elhanan se refuse à parler de la mort de sa fille, une ou deux fois seulement elle a fait allusion à « la tragédie ».

A l’époque, elle a dit que cela renforcerait sa conviction que, sans un règlement au conflit et une coexistence pacifique avec les Palestiniens, d’autres enfants allaient mourir. « Les attaques terroristes comme celle-ci sont la conséquence directe de l’oppression, de l’esclavage, de l’humiliation et de l’état de siège qu’on impose aux Palestiniens » a-t-elle déclaré à des journalistes de télévision après la mort de Smadar.

Ses opinions radicales ont eu inéluctablement un coût professionnel. « Les professeurs d’université ont cessé de m’inviter à des conférences. Et quand je prenais la parole, la réaction la plus fréquente était « Vous êtes une antisioniste ». » Et tous ceux qui contestent le discours qui prévaut aujourd’hui en Israël, dit-elle, sont accusés de la même façon.

Elle espère que son livre sera publié en hébreu, mais elle s’est résignée à ce qu’il soit rejeté par beaucoup dans le courant politique dominant.

Quand on lui demande si les livres d’école palestiniens reflètent aussi un certain dogme, Peled-Elhanan soutient que ces livres font la distinction entre sionistes et juifs. « Ils font cette distinction tout le temps. Ils sont contre les sionistes, pas contre les juifs ».

Mais elle concède que l’enseignement sur le génocide des juifs dans les écoles palestiniennes est « un problème, une question ». « Certains enseignants (palestiniens) refusent d’enseigner l’Holocauste tant que les Israéliens n’enseigneront pas la Nakba (la « Catastrophe » palestinienne de 1948). »

Sans surprise peut-être de la part de quelqu’un qui a des points de vue aussi radicaux, Peled-Elhanan est profondément pessimiste pour l’avenir de son pays. Le changement, dit-elle, ne viendra que « lorsque les Américains cesseront de nous donner un million de dollars par jour pour maintenir ce régime d’occupation, de racisme et de suprématie ».

Quant à Israël : «  Je ne lui vois que le chemin qui mène au fascisme. Vous avez cinq millions et demi de Palestiniens contrôlés par Israël qui vivent sous un apartheid horrible, sans droits civils ou humains. Et vous avez l’autre moitié, qui sont juifs, et qui de minute en minute perdent leurs droits », dit-elle en référence à toute une série de tentatives visant à restreindre le droit des Israéliens à protester et à critiquer leur gouvernement.

Elle écarte la gauche israélienne comme étant toujours modérée et timide, surtout à l’heure actuelle. « Il n’y a jamais eu de véritable gauche dans ce pays. » Elle pense que le système éducatif contribue à perpétuer un État injuste, antidémocratique et non viable.

« Tout ce qu’ils font, de la maternelle à la terminale, c’est de nourrir, de toutes sortes de façons et à travers la littérature, des chansons, des fêtes et des loisirs, ces idées de chauvinisme patriotique. »

Cet article a été modifié le 7 août 2011. La version originale attribuait à Matti Peled, père de Nulit, la conception de l’affiche représentant Smadar, la fille de Nurit Peled-Alhanan. En fait, c’est le père de Smadar, Rami Alhanon, qui l’a conçue.

(JPG)
De Harriet Sherwood :

-  Israël démolit des maisons et une école en Cisjordanie occupée
-  Des soldates israéliennes dénoncent le traitement infligé aux Palestiniens

Contre une loi discriminatoire


Réagissons aux différentes mesures racistes prises par le parlement et/ou le gouvernement démissionnaires :

  • · renvoi des prisonniers marocains (depuis le 1er mai) aujourd’hui essentiellement des ressortissants de la communauté marocaine, mais le ministre Declercq a déjà laissé entendre qu’il s’agit de les étendre à d’autres nationalités,
  • · refus d’aider les Belgo-marocains détenus à l’étranger, comme Ali Aarrass extradé par l’Espagne au Maroc et Oussama Attar détenu en Irak),
  • · vote unanime de la loi d’interdiction de la burqa et interdiction quasi « généralisée » du voile,
  • · durcissement sur la loi sur le regroupement familial
  • · réforme du Code de la Nationalité
  • · etc.

Pour que cessent ces situations qui portent atteinte à des droits fondamentaux, menacent gravement le droit d’asile et ruinent l’existence des personnes étrangères visées, nous appelons à un rassemblement unitaire le 29 mai 2011 devant le Porte-voix de l’Avenue de Stalingrad pour exiger la suppression immédiate de ces politiques et la régularisation des sans-papiers.

Nous manifesterons le même jour que le Collectif national « D’AILLEURS NOUS SOMMES D’ICI » (France ) contre le racisme, la politique d’immigration du gouvernement et pour la régularisation des sans-papiers

ÉGALITÉ, LCR / SAP, Boeh!, Attac-ULB

Évènement Facebook : https://www.facebook.com/home.php#!/event.php?eid=163818437013669


Il est plus que temps de réagir !

C’est pourquoi nous demandons à votre organisation de se joindre à l’appel ci-dessus.

Nous vous demandons aussi de préparer un texte que vous pourrez lire ce jour-là.

Pouvez-vous dès lors nous communiquer votre réponse le plus vite possible à info.egalite@gmail.com

Réagissons aux différentes mesures racistes prises par le parlement et/ou le gouvernement démissionnaires :

  • · renvoi des prisonniers marocains (depuis le 1er mai) aujourd’hui essentiellement des ressortissants de la communauté marocaine, mais le ministre Declercq a déjà laissé entendre qu’il s’agit de les étendre à d’autres nationalités,
  • · refus d’aider les Belgo-marocains détenus à l’étranger, comme Ali Aarrass extradé par l’Espagne au Maroc et Oussama Attar détenu en Irak),
  • · vote unanime de la loi d’interdiction de la burqa et interdiction quasi « généralisée » du voile,
  • · durcissement sur la loi sur le regroupement familial
  • · réforme du Code de la Nationalité
  • · etc.

Pour que cessent ces situations qui portent atteinte à des droits fondamentaux, menacent gravement le droit d’asile et ruinent l’existence des personnes étrangères visées, nous appelons à un rassemblement unitaire le 29 mai 2011 devant le Porte-voix de l’Avenue de Stalingrad pour exiger la suppression immédiate de ces politiques et la régularisation des sans-papiers.

Nous manifesterons le même jour que le Collectif national « D’AILLEURS NOUS SOMMES D’ICI » (France ) contre le racisme, la politique d’immigration du gouvernement et pour la régularisation des sans-papiers

ÉGALITÉ, LCR / SAP, Boeh!, Attac-ULB

Évènement Facebook : https://www.facebook.com/home.php#!/event.php?eid=163818437013669


Il est plus que temps de réagir !

C’est pourquoi nous demandons à votre organisation de se joindre à l’appel ci-dessus.

Nous vous demandons aussi de préparer un texte que vous pourrez lire ce jour-là.

Pouvez-vous dès lors nous communiquer votre réponse le plus vite possible à info.egalite@gmail.com

La chasse aux Negros en Israël


Des milliers d’Israéliens ont défilé cette semaine dans un quartier de Tel-Aviv
peuplé d’immigrés d’Afrique noire pour exiger du gouvernement l’expulsion
immédiate de ces derniers. Des Philippins ont, eux aussi, été pris à partie.
Aux cris de « Négros voleurs et violeurs ! », « Négros
criminels, dehors ! » ou « Israël n’est pas une
poubelle ! », les manifestants, qui brandissaient des pancartes
portant les mêmes revendications, ont pris à partie tous les vendeurs de rue à
la peau noire qu’ils rencontraient sur leur passage.

Ni la
presse occidentale ni les belles âmes donneuses de leçons du genre Bernard
Henri-Lévy ou Alain Finkielkraut n’ont élevé la moindre protestation contre
cette agression à caractère ostensiblement raciste. Barack Obama non
plus ! Ce qui est tout de même étrange puisque lui, l’allié fidèle
d’Israël, celui qui, après Bush, couvre toutes leurs exactions, se serait vu
aussi menacé d’expulsion étant donné sa couleur.

On
peut tirer deux réflexions de cette « chasse aux négros » :

.
voici des gens venus de partout à travers le monde (mais surtout d’Europe) qui,
en 1948, ont expulsé la population palestinienne locale pour construire un état
et qui aujourd’hui cherchent à réitérer cet acte scélérat à l’encontre des
immigrés africains. Ils feignent donc d’oublier qu’ils étaient des immigrés il
y a cinquante ans de cela.

.
depuis 2.000 ans, ce sont les Européens les bourreaux des Israélites et non les
Noirs, les Arabes ou les Asiatiques. De la destruction du Temple par les
Romains dans l’Antiquité aux camps d’extermination nazis au XXe siècle, en
passant par l’expulsion des Juifs d’Espagne en 1492, la création de ghettos en
Europe de l’Est au XIXè siècle ou encore la rafle du Vel d’hiv’ en France,
c’est l’homme européen qui a ostracisé, ghettoisé et souvent pogromisé les fils
de Sion.

Interrogés,
certains manifestants ont déclaré qu’Israël est un pays occidental et qu’à ce
titre, il n’a pas à accueillir la lie du Tiers-monde, tous ces porteurs de
maladies telles que le sida, ces proxénètes et ces trafiquants de drogue venus
du Nigéria, du Mali ou du Congo !!!

Sauf
que Dachau et Auschwitz ne se trouvent pas dans un quelconque pays du
Tiers-monde jusqu’à plus ample informé…

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