Syrie. Témoignage du général Ahmed Tlass sur le système et la répression (1/4)


Né en 1961, originaire de la petit ville de Rastan, entre Homs et Hama, le général Ahmed Tlass est diplômé de l’Académie de Police et docteur en Sciences politiques. Après plus de 20 ans à la direction de la Section financière de la Police du gouvernorat de Hama, il a été nommé, en 2008, directeur du Bureau des contrats au Ministère de l’Intérieur, à Damas. Il occupait encore ce poste lorsqu’il a décidé, le 27 juillet 2012, de prendre ses distances avec un pouvoir dont il ne parvenait plus à accepter les agissements. Il est aujourd’hui réfugié à Amman, en Jordanie, où ses confidences ont été recueillies par François Burgat, chercheur CNRS à l’Institut de Recherches et d’Etudes sur le Monde Arabe et Musulman et porteur du programme WAFAW (When Authoritarianism Fails in the Arab World) soutenu par le Conseil Européen de la Recherche (ERC).

Le général Ahmed Tlass

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Émanant d’un officier supérieur de la Police en fonction au début des événements en Syrie, le témoignage du général Ahmed Tlass revêt une importance particulière. Il montre en effet comment, dès le début du soulèvement populaire, les membres d’une cellule placée sous l’autorité du chef de l’Etat en personne ont délibérément cherché à provoquer l’escalade de la violence. Situés hors hiérarchie, ils ont ordonné de tirer pour tuer. Ils ont organisé des attentats spectaculaires pour prévenir le ralliement des minorités et des hésitants à la contestation. Ils ont manipulé l’information pour dissuader les puissances extérieures de soutenir les révolutionnaires.

Ses propos confirment donc ce qui est devenu une évidence depuis le discours « historique » prononcé le 30 mars 2011 devant une Assemblée du Peuple hystérique : Bachar al-Assad est un menteur et un criminel. Des tirs à balles réelles sur les manifestants aux bombardements aveugles des agglomérations, en passant par les massacres de villageois en bordure du « pays alaouite » et l’assassinat sous la torture ou par la faim de milliers de détenus, la stratégie de mort appliquée en Syrie est la sienne. Les Syriens l’ont bien compris, qui réclament son renversement et sa mise en jugement devant un tribunal syrien ou une Cour pénale internationale.

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Je suis le général Ahmed Tlass. Je suis originaire de Rastan, une petite ville sur les rives de l’Oronte, où j’ai longtemps habité et où j’ai vu les manifestations commencer. J’ai également assisté à Hama à la montée de la contestation. J’ai dirigé, au Ministère de l’Intérieur, le Bureau des Contrats. Avant de faire défection, je me suis évidemment tenu informé du déroulement des événements dans les différentes villes au jour le jour, et en particulier à Homs, proche de ma ville natale.

A mon poste, au Ministère de l’Intérieur, j’avais plus d’une vingtaine d’hommes sous mes ordres. Par ce bureau passaient la totalité des contrats concernant les différents ministères. J’avais donc directement affaire à plus de la moitié des membres du gouvernement. J’étudiais les contrats, je les signais et j’en suivais la réalisation. J’ai travaillé principalement avec les Russes, les Iraniens et les Coréens. J’ai eu des interlocuteurs dans des sociétés françaises et allemandes mais sans que les choses aboutissent. Je ne m’étendrai pas ici, parce que ce n’en est pas le lieu, sur les innombrables formes de sollicitations et de tentatives de corruption auxquels mes hommes et moi-même étions confrontés. Elles provenaient de personnalités à l’intérieur comme à l’extérieur de Syrie, parfois travaillant au Palais présidentiel, et elles pouvaient prendre des formes diverses : de l’argent, des téléphones mobiles, et même des voitures…

Je m’exprimerai ici en tant que citoyen. J’ai vécu les événements dont je vais parler, à la fois avec ma perception de simple Syrien et ma conscience d’officier. J’indiquerai ce j’ai vu, pour avoir observé dans le cadre de mes fonctions les faits que je vais maintenant mentionner.

Ce qu’on désigne comme « l’explosion du 15 mars 2011 », avait en réalité débuté en Syrie plusieurs années auparavant. Au cours des mois précédant la révolution, des écrits – des tracts et des graffitis – avaient fait leur apparition, distribués ou tracés sur les murs, un peu partout dans Damas et jusque sur l’enceinte du ministère de l’Intérieur. Il n’y était pas question de renverser le régime. Ils demandaient seulement du pouvoir la mise en œuvre de véritables réformes et ils réclamaient les droits et les libertés dont les gens s’estimaient privés. Il y avait chez nous, depuis longtemps, des jeunes et des étudiants, entre 18 et 30 ans, qui souffraient du chômage. Ils étaient de ce fait dans l’impossibilité de fonder un foyer. Il y avait aussi chez nous, depuis longtemps, une grande quantité de détenus. Il ne s’agissait pas de criminels mais d’opposants. Leurs proches ne comprenaient pas pourquoi ils avaient été arrêtés et ils en réclamaient la libération.

Certains membres des Services de renseignements pensaient qu’il fallait laisser ces demandes s’exprimer de manière à faire baisser les tensions. Ils n’étaient pas toujours étrangers d’ailleurs à cette multiplication de tracts et d’affiches… D’autres estimaient qu’il fallait au contraire mettre un terme au plus vite à un mouvement susceptible de s’étendre et de se radicaliser. De fait, des jeunes ont été arrêtés. Pas des individus pris en flagrant délit, mais des activistes dénoncés par des informateurs. Il en a été de même dans les autres villes.

Au milieu du mois de décembre 2010, les écrits de ce genre se sont multipliés. A Damas, mais aussi à Homs et dans le reste du pays, des tracts listant les revendications ont été apposés sur les murs des écoles, des magasins, des mosquées… Des manifestations spontanées se sont déroulées en plusieurs endroits.

Au début de 2011, des gens se sont rassemblés sur la Place Merjeh, près du Ministère de l’Intérieur, pour réclamer leurs détenus. Des officiers sont sortis pour leur parler et les entendre. Je n’étais pas avec eux. Mais, à ce qu’on m’a dit, ils ont parlé correctement avec les manifestants, auxquels ils ont poliment demandé de se disperser. Les officiers leur ont fait des promesses… qui n’ont pas été tenues, mais qui, durant un moment, ont apaisé leur rancœur. La manifestation s’est donc dispersée dans le calme au terme de la discussion.

Le 17 février, suite à l’arrestation musclée d’un jeune homme dans le quartier de Hariqa, les commerçants et leurs clients se sont attroupés à l’entrée des souks. Ils ont profité de l’occasion pour crier ce qu’ils refoulaient en silence depuis longtemps et qu’ils n’avaient jamais eu jusqu’alors le courage ou l’occasion d’exprimer. Saïd Sammour, qui était ministre de l’Intérieur, s’est rendu sur les lieux. Bien que moins habile que son prédécesseur, Bassam Abdel-Majid, il est parvenu à circonscrire le mouvement de protestation avant qu’il dégénère. L’affaire s’est close sans violence. Elle a rapidement disparu des médias.

La situation s’est compliquée avec les événements de Daraa. La mort de jeunes gens puis celle d’étudiants en médecine tués de nuit, par balles ou à coups de gourdins, dans l’enceinte de la cité universitaire de la capitale, ont provoqué une réprobation populaire et une colère générale dans l’ensemble du pays. Mais qui avait donné l’ordre aux responsables de ces meurtres d’intervenir comme ils l’avaient fait ?

Je dois dire ici quelques mots sur les mécanismes de la prise de décision en Syrie. Tout le monde a entendu parler de la Cellule de Gestion de Crise, créée au début du soulèvement et placée sous l’autorité formelle du secrétaire régional adjoint du Parti Baath. Tout le monde sait également en Syrie que le Ministère de la Défense élabore régulièrement des plans destinés à assurer la protection du pays en cas d’agression. Ce que personne ne sait en revanche, c’est qu’il existe une autre instance de décision. Elle n’a pas d’existence officielle. Elle n’inclut ni le ministre de l’Intérieur, ni celui de la Défense. Elle n’agit jamais au grand jour. Mais c’est elle qui détient dans l’ombre la réalité de la décision. C’est elle, et non la Cellule de Gestion de Crise, qui définit la stratégie à suivre. Elle est composée d’officiers appartenant à différents services, choisis un à un, nominativement, qui sont spécialement affectés à cette tâche et qui travaillent au Palais présidentiel. Cette commission, si on peut l’appeler ainsi puisqu’elle n’a même pas de nom, est présidée par Bachar al-Assad en personne. Et c’est son avis qui y prévaut. Quand il n’y a pas d’urgence, ses membres profitent de leur situation et des privilèges qui y sont attachés pour organiser à leur convenance leur vie et leurs loisirs… Vous m’aurez compris.

(A suivre)

deuxième partie

troisième partie

quatrième partie

 

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Al Nosrah dément le meurtre d’un enfant syrien


2013/06/12

Démenti de Jabhat Al Nosrah, sur le meurtre d’un enfant syrien de 14 ans, qui défraie la chronique depuis deux jours.

Traduction en français, ce document a reçu le cachet du comité religieux de Jabhat an-Nusra à Alep…:

Au nom d’Allah le très miséricordieux, le tout miséricordieux

Ô vous qui avez cru, craignez Allah et soyez avec les véridiques.

Nous, Jabhat an-Nusra à Alep, déclarons ce qui suit :

Nous déclarons n’avoir aucun lien avec l’affaire de l’enfant tué dans le secteur de sha3ar, sous prétexte qu’il aurait tenu des propos blasphématoires (en insultant le Prophète, salallahu 3alayhi wa salam).

Nous condamnons cette façon d’agir, qui n’est pas conforme à la loi islamique.

AlNosrahDementi

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Jabhat Al-Nosrah est la fameuse milice islamiste qui fait beaucoup parler d’elle depuis l’automne dernier. Quoi qu’on en pense, ce démenti permet d’émettre trois hypothèses:

1- Ils ne sont pas les auteurs du meurtre de l’enfant et ses parents, ce qui signifie que d’autres en sont les auteurs, ils « courent toujours » et ont les mains libres.

2- L’annonce est évidement sincère, mais on pourrait aussi supposer que le crime ait été commis par des éléments rebelles incontrôlables de JAN ou autre faction. Quoiqu’il en soit, JAN ne les parraine pas dans ce genre d’action.

3- Le Régime est coupable de très nombreuses provocations, manipulations médiatiques, forges de faux documents, une fois de plus comme à diverses occasions, où les massacres commis par ses shabbihas déguisés en djihadistes ont causé des centaines de victimes: à Al Houla en mai 2012, Daraya en août 2012, et nombreux autres cas suspects, ou cas de terrorisme « utiles« , couverts par les médias du Régime.

source

HISTOIRE DE LA REVOLUTION SYRIENNE


Par Bernard le vendredi, septembre 28 2012, 21:15

 

http://www.alencontre.org/laune/syrie-une-revolution-populaire.html

Une révolution populaire

Jeudi 27 Septembre 2012

Par le Mouvement Pour le Socialisme de Suisse

La révolte populaire contre le pouvoir dictatorial du clan Assad en Syrie s’inscrit dans la foulée des soulèvements populaires contre les autocrates Ben Ali en Tunisie et Moubarak en Egypte. Une date et un fait le rappellent. Ils sont oubliés. Le 31 janvier 2011, six jeunes femmes et hommes ont appelé, sur Facebook, à un rassemblement à Damas de solidarité avec le peuple égyptien. Leurs banderoles demandaient que l’armée ne tire pas sur les manifestants de la place Tahrir. Elles lançaient aussi un cri: «Oui à la liberté!» Quelque cent personnes se réunirent devant l’ambassade d’Egypte à Damas. Une équipe de TV russe a filmé cette manifestation. Quelle a été la réaction du pouvoir de Bachar el-Assad ? Arrêter, maltraiter, torturer les organisateurs et le maximum de manifestants!

La dictature syrienne avait parfaitement compris que la contestation du pouvoir de Moubarak pouvait susciter le même élan en Syrie. Un des organisateurs de cette manifestation, après son arrestation, a pu entrer dans la clandestinité et sortir du pays. Dans un entretien avec Sue Lloyd Roberts de la BBC (17 août 2012), il déclare: «Les Tunisiens s’étaient déjà libérés. Les Egyptiens étaient sur la voie de se libérer. Nous pensions que c’était aussi notre tour d’être libres.» Il rappelle que ses amis étaient sunnites, chrétiens et Kurdes ainsi que Druzes. Il ajoute que le régime a toujours stimulé les conflits interconfessionnels ou ethniques pour mieux assurer son pouvoir, pour coopter une base et distiller des divisions. Ce à quoi le type de guerre menée par le pouvoir peut, partiellement, aboutir.

En février 2011, trois manifestations pacifiques eurent lieu à Damas. Un jeune blogueur est condamné à cinq ans de prison au nom de «liens avec la CIA»! Or, le 6 février 2011, encore, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan saluait les excellentes relations économiques et la collaboration entre les deux régimes ; ce qu’avaient fait les gouvernements français ou anglais. Bachar al Assad ne dérangeait pas, au contraire, les puissances impérialistes et Israël.

Le clan Assad ne s’était-il pas engagé, dès 1991, dans la coalition américano-saoudienne pour mener leur guerre du pétrole en Irak contre la dictature de Saddam Hussein ? Le 26 mars 2011, le secrétaire de l’ONU, Ban Ki-moon, demandait à Assad plus de «retenue» dans le «maintien de l’ordre». L’hypocrisie institutionnelle des «délégations d’observateurs» de la Ligue arabe, puis de l’ONU, traduit la volonté des puissances dominantes de trouver une solution de changement dans la continuité. Comme a tenté de le faire, le 22 septembre 2012, la réunion à Damas (autorisée par le gouvernement!) d’une opposition voulant négocier le départ d’Assad combiné avec le maintien de l’essentiel des structures du régime, comme au Yémen. De quoi cultiver les illusions et laisser faire Assad.

article complet ici

Chroniques du délitement. 2 / Règlement de comptes à Qardaha, antre de la famille Al Assad


01 octobre 2012

suite de la première partie ici
L’annonce que des manifestations hostiles au régime se sont déroulées à Qardaha, vendredi 28 septembre, avant de dégénérer en un véritable affrontement armé entre milices locales, a rempli d’aise et de satisfaction de nombreux Syriens. Cette petite ville sans cachet a en effet une grande importance symbolique, puisque c’est là que sont tombées les têtes de la majorité des membres de la famille Al Assad. Mais qu’on ne se réjouisse pas avant l’heure ! En arabe, « le lieu où tombe la tête » n’est pas celui où l’on décède… mais celui où l’on vient au monde.

Entrée de Qardaha

Une bonne nouvelle pouvant en dissimuler une autre, les mêmes Syriens ont été heureux d’apprendre que, parmi les malheureuses victimes de l’affrontement fratricide dont Qardaha avait été le théâtre, figurait un certain Mohammed Tawfiq Al Assad, cousin du chef de l’Etat. Surnommé cheykh al jabal, « seigneur de la montagne », cet individu n’est pas seulement un criminel et un mafieux notoire. Avec les deux fils aînés de son oncle Jamil, ses cousins Moundher Al Assad, sayyed al Qardaha (le maître de Qardaha), et Fawwaz Al Assad, malik al houqouq (le roi du Droit), il a été l’un des premiers à s’entourer de chabbiha. Recrutés pour leurs muscles  aussi épais que leur cerveau, ces hommes ont longtemps fait régner la terreur parmi les membres de la communauté alaouite dont ils sont en majorité issus, avant d’être utilisés par  Bachar Al Assad, depuis le début de la crise, pour terroriser la population syrienne dans son ensemble et pour châtier de la pire des manières les contestataires qui persistaient à nier sa légitimité et à exiger son départ.

Fort de la protection de son oncle Hafez Al Assad, jadis, et de la complaisance de son cousin Bachar Al Assad, naguère, Mohammed Al Assad a imposé sa loi dans la région montagneuse surplombant la zone côtière de Syrie, où il a développé un business fort lucratif. Il se livrait, entre le Liban et la Turquie, aux trafics d’armes et de stupéfiants. Il contrôlait les autres contrebandiers. Et il prélevait une part sur leurs opérations, chaque fois que ceux-ci empruntaient « sa » route, le tronçon de la voie publique sur laquelle il avait jeté son dévolu, sans que les responsables locaux estiment nécessaire ou soient en mesure d’intervenir pour rétablir l’ordre. Ayant pris l’habitude de franchir sans ralentir les postes frontières entre le Liban et la Syrie, il a tué, un jour, deux agents des moukhabarat de l’armée de terre. Sur ordre de son oncle Jamil, les deux victimes ont été considérées comme « tuées par des hors-la-loi anonymes ». Un autre jour, il a assassiné de sang-froid, à coups de couteau, un jeune étudiant de la région, Safwan Al A’sar, qui avait eu l’audace de répondre aux coups que lui avait portés un membre de la famille Al Assad.

Avant le décès du « président éternel » Hafez Al Assad et l’installation de son héritier Bachar Al Assad à la tête de l’Etat, en juin 2000, Mohammed Al Assad était souvent intervenu auprès des moukhabarat, au profit  de familles de prisonniers désireuses d’obtenir des renseignements sur la localisation et l’état de santé de leurs proches, enlevés et détenus depuis des lustres. Ses services avaient évidemment un prix, calculé en fonction des avoirs et des revenus des solliciteurs. Certains de ceux qui ont eu recours à ses bons services n’ont pas oublié le cynisme de l’invidividu, qui a profité de leur détresse familiale pour leur livrer des nouvelles rassurantes sur des détenus déjà décédés, et qui a parfois permis à certains, contre des millions de livres, d’apercevoir de loin ce qu’il leur avait affirmé, mais encore une fois à tort, être leur père, leur frère ou leur fils…

Pétarade de la fête de Pâques à Lattaquié

Avant le déclenchement de la contestation, l’un de ses derniers coups d’éclat a été l’organisation, le jour de la fête de Pâques, le 4 avril 2010, d’une manifestation de plusieurs dizaines de ses hommes sur le parvis de la cathédrale grecque orthodoxe de Lattaquié. Pendant plusieurs minutes, ils ont vidé en l’air les chargeurs des armes de tous calibres qu’ils avaient apportées avec eux. Il s’agissait tout à la fois d’impressionner les fidèles chrétiens, qui n’auraient jamais osé se livrer à une telle manifestation… théoriquement interdite en Syrie, et de démontrer à tous que les alaouites étaient présents, bien équipés, libres de leurs faits et gestes, et qu’ils n’hésiteraient pas à se défendre au cas où quiconque songerait à contester la présence à la tête de l’Etat de la famille Al Assad et  à s’en prendre à eux.

Selon les informations disponibles, une altercation est donc intervenue, vendredi 28 septembre, dans un café de Qardaha, entre des membres des familles Al Assad et Chalich, d’une part, et des familles Al Khayyer, Othman et Abboud, de l’autre. Le « seigneur de la montagne » n’a pas supporté d’entendre un membre de la famille Al Khayyer dénoncer à haute voix la gestion calamiteuse du pays par son cousin, le chef de l’Etat, et réclamer le départ de Bachar Al Assad. Son incompétence avait déjà détruit et ruiné la Syrie. Elle risquait de provoquer le désastre et la mort jusque dans sa ville natale. Fidèle à sa réputation, Mohammed Al Assad a aussitôt sorti son pistolet et tiré sur l’impudent qui tenait de tels propos. Mais il a manqué sa cible et l’autre, plus adroit, l’a grièvement blessé par un tir de riposte. S’est ensuivi un affrontement généralisé qui a provoqué plusieurs morts et blessés dans les deux camps.

Logo de la coordination de Qardaha

Le 1er octobre, la « Coordination de Qardaha », un rassemblement de jeunes alaouites opposés au régime et partisans de la révolution, affirme sur sa page Facebook que, transporté d’urgence à l’Hôpital de Tartous, Mohammed Al Assad n’a pas survécu. La tension est vive dans la ville, que les forces de sécurité encerclent de tous côtés et à laquelle elles interdisent l’accès.

A la différence de la famille Al Assad, dont les agissements confirment quotidiennement la basse extraction, la famille Al Khayyer jouit, à Qardaha, dans le pays alaouite et dans l’ensemble de la Syrie, d’une solide réputation. Elle compte dans ses rangs des intellectuels, des oulémas, des médecins… Des liens matrimoniaux ont été établis entre les deux familles : Rifaat Al Assad compte parmi ses nombreuses épouses une Lin Al Khayyer, et une fille de son frère Jamil, Fawziyeh Al Assad a pour mari Hassan Al Khayyer. Mais leurs relations n’ont jamais été chaleureuses.

Le site Al Moundassa al Souriyya (l’infiltrée syrienne) rappelait, le 24 novembre 2011, que l’inimitié entre les deux familles a été nourrie par l’exécution, en 1979, par le régime de Hafez Al Assad, du poète Hasan Al Khayyer. Baathiste convaincu au point d’avoir prénommé son fils Baath (en quelque sorte « René »), Hasan n’avait pas tardé à dénoncer dans ses poèmes les dérives affairistes et la corruption du pouvoir. Peu désireux de dresser contre lui la ville dont tous deux étaient originaires et l’ensemble de la communauté alaouite, alors qu’il était occupé à consolider son autorité, Hafez Al Assad avait feint d’ignorer les critiques du poète. Mais un jour est venu où il a estimé qu’il ne pouvait plus atermoyer. A la fin des années 1970, les meurtres ciblés de Syriens s’étaient multipliés. Les victimes appartenaient à toutes les communautés, mais elles étaient principalement alaouites. Le régime attribuait leur assassinat à la Tali’a Mouqatila (Avant-Garde Combattante), un groupuscule islamiste radical composé de déçus ou d’exclus des Frères Musulmans. Mais il n’échappait à personne que, avec l’aide de son frère Rifaat en particulier, le chef de l’Etat profitait de cette situation pour procéder à la suppression de concurrents politiques potentiels. Mohammed Al Fadel, doyen de l’Université de Damas, tué en 1976, en est le plus célèbre exemple. Suite à la mort de l’un de ses amis, le poète a laissé libre cours à sa colère dans un poème resté célèbre, imputant au pouvoir, au parti Baath et à la famille Al Assad, la responsabilité de son exécution. Sur ordre du chef de l’Etat, il a alors été enlevé. Sa famille ne l’a jamais revu, ni vivant, ni mort. Mais elle a appris, par d’anciens détenus, qu’avant d’être tué dans la prison où il avait été conduit, ses bourreaux lui avaient coupé la langue…

C’est l’arrestation du Dr Abdel-Aziz Al Khayyer qui a attisé cette fois-ci la tension entre les différents clans de la ville. Le 20 septembre, alors qu’il rentrait d’une visite en Chine, où il s’était rendu avec une délégation de la Comité de Coordination des Forces de Changement National Démocratique (CCFCND), et qu’il s’apprêtait à participer au congrès que ce rassemblement toléré par le régime avait convoqué à Damas sur le thème du « Dialogue national », il a été arrêté par les moukhabarat de l’armée de l’air. La « révélation », par les médias inféodés au pouvoir, que l’affaire avait été menée par des éléments appartenant aux « terroristes de l’Armée Syrienne Libre » n’a convaincu personne. Mais elle a suscité l’inquiétude pour le sort de l’intéressé et de ses deux camarades, qui n’ont toujours pas été libérés.

Le Dr Abdel-Aziz Al Khayyer

Son arrestation est incompréhensible, aussi bien pour ses amis que pour ses proches. Certes, le Dr Abdel-Aziz Al Khayyer est un véritable opposant, mais, s’il est un adversaire politique du régime, il n’est pas pour lui un ennemi. Membre du Parti de l’Action Communiste, il a été arrêté en 1992 et condamné à 22 ans de prison. A sa remise en liberté, fin 2005, il a adhéré à la « Déclaration de Damas », mais, incommodé par l’orientation libérale de cette plateforme, il a pris avec elle ses distances pour fonder, avec d’autres militants de gauche, en avril 2007, le Rassemblement de la Gauche Marxiste. Il fait partie des membres fondateurs du CCNCND, dont il est le responsable des relations extérieures, et au sein duquel il milite pour une solution politique à la crise en cours et pour l’établissement d’un dialogue entre toutes les parties.

En refusant toute solution négociée au soulèvement de la ville de Daraa, en mars 2011, le régime syrien avait mis lui-même le feu aux poudres et déclenché un mouvement de contestation qui s’est transformé en une véritable révolution. L’arrestation du Dr Al Khayyer, dont les critiques étaient insupportables à un régime qui ne veut admettre que l’allégeance, est en passe de provoquer la dissension au sein de la communauté dont la majorité de ses membres les plus influents sont issus.

Les suites de cette affaire sont scrutées avec intérêt par ceux qui attendent et espèrent, depuis plusieurs mois, le ralliement à la révolution de la communauté alaouite, que la famille Al Assad n’a pas protégée davantage que les autres minorités, mais dont elle s’est servie, comme des autres, pour se protéger lui-même et se cramponner au pouvoir.

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Slaheddine Jourchi: « Les Tunisiens n’accepteront plus un régime dictatorial »


BAUDOUIN LOOS

lundi 01 octobre 2012, 11:58

Rencontre avec un « sage » de Tunisie: Slaheddine Jourchi est un homme libre qui compte à Tunis. Il tire pour Le Soir un bilan de la jeune expérience démocratique tunisienne et donne ses conseils…

Slaheddine Jourchi: « Les Tunisiens n'accepteront plus un régime dictatorial »

Slaheddine Jourchi n’a pas attendu ses 58 ans pour être un des intellectuels les plus respectés en Tunisie. Acteur de la mouvance islamiste dès les années 70, il a très tôt pris ses distances avec les partis islamistes dont il avait été l’un des membres créateurs (MTI puis Ennahda) pour se consacrer aux droits de l’homme (il fut le premier vice-président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, la plus ancienne d’Afrique), à la réflexion politique et au journalisme. Invité par le Brussels Press Club Europe la semaine dernière, nous avons rencontré celui qui a refusé toute position officielle après la révolution qui a chassé Ben Ali l’an passé.

Comment appréciez-vous la performance des islamistes d’Ennahda qui dirigent le gouvernement depuis décembre dernier, on dit qu’ils sont déjà grisés par le pouvoir ?

Ennahda ne ressemble pas aux Frères musulmans, on peut dire qu’il s’agit là du parti le plus modéré dans la mouvance islamiste. Mais, maintenant qu’il est au pouvoir, il convient certes de le critiquer et d’éviter qu’on reproduise un régime autoritaire. Je ne dis pas qu’on en est là, mais il y a des symptômes. De toute façon, les Tunisiens n’accepteront plus un régime comme celui de Ben Ali (dictature au pouvoir de 1987 à 2011, NDLR); il faudrait beaucoup, désormais, pour faire taire les citoyens. En outre, le paysage politique tunisien est maintenant fragmenté, les partis opposés à Ennahda – qui ne peut gouverner seul – sont nombreux, la société civile a pris de l’importance, et notamment les syndicats. Le changement politique est structurel.

Quel bilan tireriez-vous des vingt premiers mois après la révolution?

Il y a des acquis. Le premier, ce sont les libertés. Liberté d’expression, liberté d’association, liberté de créer de partis politiques. C’est important pour l’existence de contrepouvoirs. Mais, en même temps, nous nous trouvons devant de grands défis, j’en vois au moins trois. Le défi économique et social, d’abord: la situation est très fragile, le malaise social est patent avec 800.000 chômeurs, la hausse des prix, etc. Le gouvernement n’a pas la possibilité de trouver des solutions rapides. D’autant que la Tunisie est victime du modèle de développement néolibéral adopté jusqu’ici. N’oublions pas que la révolution était avant tout sociale!

Le second défi est politique. Comment préserver les acquis, nos libertés? Il faut des partis qui possèdent un réel ancrage populaire. A ce critère, Ennahda apparaît comme le plus structuré et le plus lié à la population, comparé aux autres formations politiques, modernistes, laïques, qui n’ont pas le même poids, qui sont mal organisées, qui sont coupées des réalités. Or il n’est pas de régime démocratique sans opposition solide.

Le troisième défi se situe dans le culturel: nous n’avons pas de culture révolutionnaire, il y a comme un vide au niveau des idées, surtout dans la sphère religieuse. Du coup, le mouvement salafiste, réactionnaire dans ses fondements idéologiques, devient un problème pour Ennahda et pour les laïcs, il se développe en raison du vide culturel et profite aussi de l’absence de justice sociale – ses bastions se situent d’ailleurs dans les quartiers les plus pauvres. C’est le fruit du modèle économique imposé à la Tunisie par la Banque mondiale et autres…

Pas mal de Tunisiens reprochent amèrement à Ennahda de ne pas agir avec fermeté contre les excès violents des salafistes…

Je dirais deux choses. D’abord, les dirigeants d’Ennahda et surtout son chef Rachid Ghannouchi croient que les jeunes salafistes font partie intégrante de la mouvance islamiste et espèrent pouvoir les intégrer par le dialogue. Ces salafistes sont par ailleurs divisés entre ceux qui accepteraient bien le jeu politique et ceux qui le refusent totalement. Ensuite, Ghannouchi estime important d’éviter une situation de confrontation au sein de la même famille. Là, le problème est que l’agenda des jihadistes (les plus radicaux parmi les salafistes, NDLR) n’a rien à voir avec celui d’Ennahda.

J’ajouterais que le grand parti islamiste n’est lui-même pas monolithique. Vous avez le ministre de l’Intérieur, Ali Larayedh, qui est peu apprécié des salafistes quand il prône la fermeté contre ceux qui se situent hors du champ de la loi car il estime qu’ils mettent ainsi les lois et les libertés en danger. Vous avez par ailleurs des responsables d’Ennahda proches des salafistes qui essaient d’encadrer ce mouvement… sans y parvenir.

Que faut-il faire face à cette mouvance radicale?

Je ne suis pas au pouvoir mais il me semble que trois choses sont à faire:

Mettre de l’ordre: si quelques individus mettent le pays en danger, il faut appliquer les lois sinon l’Etat s’affaiblit; le risque va jusqu’à voir des mouvements comme Al-Qaïda au Maghreb utiliser notre pays, que nous devenions le terrain de tous les trafics d’armes régionaux, etc. Ce n’est pas par hasard que le ministre américain de la Défense est venu à Tunis il y a une dizaine de jours. Le gouvernement doit se montrer ferme.

Dialoguer avec les salafistes. On ne peut se contenter d’une approche purement sécuritaire comme Ben Ali, on a vu son échec, il a amené les opprimés au pouvoir. Ce dialogue n’est pas impossible: certes ces gens sont aidés par des organisations hors du pays, mais ce sont des Tunisiens, ce sont des jeunes, il faut essayer de les encadrer.

Le problème de base se situe dans le socio-économique évoqué plus haut; des régions appauvries présentent des problèmes gigantesques, si on ne s’y attaque pas de front, le danger salafiste deviendra énorme dans les dix ans.

Que reste-t-il de l’ancien régime dictatorial, des membres de ce régime conservent-ils un pouvoir de nuisance?

Certains RCDistes (membres du RCD, ex-parti quasi unique de Ben Ali, NDLR) ont réussi à s’intégrer dans la vie politique, il y en a même à Ennahda. On dit alors qu’il s’agit de gens qui avaient les mains propres. D’autres, en revanche, essaient d’agir de manière souterraine pour mettre des bâtons dans les roues, par exemple en encourageant et payant des jeunes chômeurs pour qu’ils créent des troubles, mettent le feu à des bâtiments officiels, bref, entretiennent un climat antigouvernemental. La troisième catégorie reste en dehors du jeu. Je dirais qu’on ne peut ostraciser un million et demi de citoyens parce qu’ils ont peu ou prou collaboré avec le régime défunt, la paix civile est en jeu, évitons la funeste expérience irakienne. Ce qui ne veut pas dire pardonner aux corrompus: nombreux sont ceux qui sont libres parce que la justice transitionnelle n’est pas au point. L’instauration d’une justice indépendante reste un besoin. De même, la rénovation du secteur policier n’est pas faite structurellement, il y a encore beaucoup de chemin à faire.

L’affaire du viol par trois policiers d’une Tunisienne qui se retrouve elle-même accusée d’attentat à la pudeur fait actuellement beaucoup de bruit…

Oui, cela montre que la police doit être réformée de manière scientifique, l’image du pays en dépend, mais je ne suis pas sûr que le gouvernement actuel peut faire cette révolution au sein de la police. Un dialogue national avec la société civile et la police est nécessaire: on demande beaucoup des forces de l’ordre au niveau des salafistes et de la criminalité alors que la situation socio-professionnelle des policiers est elle-même fort dégradée.

Certains pensent que ce gouvernement est déjà à bout de souffle…

Il passe par une période très difficile, il a perdu beaucoup de crédit. Un renouveau, un remaniement pourrait concerner d’autres partis ou ferait entrer des technocrates confirmés au gouvernement – nous en avons beaucoup! Ce gouvernement manque de vision et d’une feuille de route pour les six prochains mois. Il devrait s’ouvrir, encadrer un dialogue national avec les nombreux acteurs pour le moment écartés comme les syndicats, les associations de la société civile, les hommes d’affaires, les partis politiques, etc. Sinon, on court à l’échec et les partis au pouvoir en paieront le prix aux élections.

Le 23 octobre, il y aura un an que les élections ont eu lieu. Le gouvernement doit-il s’effacer?

C’est une date symbolique. Ennahda et dix autres partis avaient signé avant ces élections un texte assurant qu’un an serait suffisant pour organiser des élections présidentielles et législatives. Sur le plan de la légalité constitutionnelle, les juristes disent que seule l’Assemblée constituante est habilitée à prononcer sur la date des élections. En tout cas, je crois que le gouvernement a le devoir de dire aux Tunisiens quand les élections auront lieu. Ce sera sans doute le résultat des pressions des partis politiques et de la société civile. L’Assemblée constituante colporte une mauvaise image d’elle-même car on y voit beaucoup de discussions vides ou de disputes entre pas mal d’élus inexpérimentés et dénués de culture politique. Encore une fois, c’est la pression de la société civile qui doit jouer un rôle majeur pour que les Tunisiens se dotent d’une constitution consensuelle; on l’a vu quand la mobilisation a réussi à retirer un mot, « complémentarité », qu’Ennahda voulait accoler dans la constitution au statut de la femme par rapport à l’homme, au lieu du mot égalité, finalement choisi.

Croyez-vous que le président Moncef Marzouki et le président de l’Assemblée constituante Mustapha Ben Jaafar ont eu tort d’associer leurs partis à Ennahda au pouvoir? On reproche au président, par exemple, d’avoir accepté un poste sans réels pouvoirs…

Cette coalition était positive, je crois. Son point faible est qu’elle n’assure pas l’égalité entre les partenaires, pourtant Ennahda a plus besoin de ses partenaires que l’inverse. Quant à Marzouki, il n’a pas la confiance de l’élite intellectuelle qui le critique farouchement car il n’est pas arrivé à trouver un équilibre entre son rôle de président et son statut d’homme libre et de défenseur des droits de l’homme. C’est pourquoi, dans ce pays qui a une longue tradition de présidents forts, il s’est retrouvé plusieurs fois en porte-à-faux.

source

Le Cirque de Bibi à l’ONU


Look! We stole their entire nation! Here’s how we did it!

Nous avons volé tout un pays et regardez comment nous l’avons fait !
….
Dans la grande série en cours « Bibi pris à son propre jeu », celui-ci n’est pas mal dans le genre réaliste.

….
dit B.L. Après le mauvais cinéma de Bibi à l’ONU, tout le monde s’en donne à coeur joie, tant mieux; ce pastiche-là, excellent, me rappelle mon enfance quand je schtroumphais Péyo…

(à suivre)

Des journalistes créent une « coordination » au sein de la TV syrienne


28 septembre 2012

 

Le site All4Syria rapporte, le 26 septembre, que, « dans une initiative sans précédent,des Syriens travaillant au sein de la télévision d’état viennent de créer une coordination sur Facebook, sous le nom de « Coordination de la TV syrienne ». Ils lui ont donné pour slogan « Ensemble pour nous réapproprier et pour libérer l’information nationale ».

Logo de la Coordination de la TV syrienne

Ouverte le 20 septembre, la page se présente ainsi : « Employés de l’Office de la Radio et de la Télévision Arabe Syrienne (ORTAS) et partisans de la liberté, nous voulons œuvrer à travers cette page à dévoiler en continu les crimes médiatiques du régime et à servir sur ce site la glorieuse révolution en cours. Nous y publierons les informations importantes et graves qui nous parviennent chaque jour. Nous contribuerons ainsi à creuser la tombe de ce régime criminel. Beaucoup de fonctionnaires respectables souffrent en silence de ne pouvoir diffuser les nouvelles qu’ils détiennent. Il est de notre devoir de mettre leur rôle en lumière ».

Dans ses premiers postes, la page offre une description précise de ce qui se déroule dans les coulisses de la télévision et de l’ambiance de travail qui y règne. Elle affirme que « des éléments de la sécurité sont présents en permanence dans la totalité des salles et des studios, au sein du bâtiment de la radio et de la télévision, y compris durant les diffusions en direct. On en dénombre au minimum 200 dispersés parmi les fonctionnaires. Ils sont périodiquement relevés. On leur a affecté des salles, et les plus importants d’entre eux disposent de toilettes particulières. Ils ne sont pas autorisés à quitter les lieux pour rentrer chez eux. Les employés de l’ORTAS peuvent voir les moukhabarat étaler leur lessive au sein du bâtiment, comme ils le feraient dans une caserne normale. D’autres éléments, chargés de la protection des lieux, sont positionnés à l’extérieur et aux portes d’entrée destinées aux piétons, aux voitures et aux visiteurs ».

Siège de l’ORTAS

Mardi 23 septembre, elle rappelait que « les arrestations ont commencé dans l’ORTAS avec l’ingénieur Saïd Derki, qui avait filmé et diffusé des vidéos montrant le chef de l’Etat sur l’estrade de la place des Omeyyades, face au bâtiment de la TV. Ils démontraient que, contrairement à ce que le la télévision officielle avait diffusé, les lieux étaient quasiment vides, la foule n’étant pas au rendez-vous ». A moins que, comme précédemment suggéré sur ce blog, les services de sécurité aient préféré alors ne pas regrouper trop de menhebbakjieh, les adorateurs de Bachar, parmi lesquels pouvaient se faufiler des perturbateurs, des provocateurs ou des terroristes échappant à leur contrôle.

Le même jour, elle dressait une première liste des collègues arrêtés par lesmoukhabarat : Saïd Derki, Hassan Mahara, Mohammed Chihab, Haytham Asfari, Mohammed Qaddah, Marwan Qadiri, Hicham Mousallali, Ayham Abdel-Razeq, Ahmed Bakdach, Basem Kilani et Mohammed Idelbi… Certains d’entre eux avaient été détenus 2 mois, d’autres 3. Ils avaient été accusés d’avoir insulté le président, d’avoir aidé l’Armée Syrienne Libre, d’avoir utilisé Internet, d’avoir fourni des secours aux réfugiés, d’avoir participé à des manifestations de protestation – des mouzâharât, strictement prohibées en Syrie, alors que les masîrât, marches de soutien au pouvoir, sont chaudement encouragées, autrement dit obligatoires pour les élèves, les étudiants, les travailleurs et les fonctionnaires de l’Etat… – et d’avoir insulté des agents des forces de sécurité ».

Une vue de la place des Omeyyades prise par Saïd Derki

La nouvelle coordination a couvert, mercredi 26 septembre, l’explosion qui a visé le siège de l’Etat-major, postant les informations suivantes :
1 / Mercredi 26.09.2012 au matin, au moment où s’est produit l’attentat contre le bâtiment de l’Etat-major, proche de la place des Omeyyades, des éléments de la sécurité qui assuraient la garde de l’ORTAS ont tiré au hasard des coups de feu.
2 / Mercredi 26.09.2012 au matin, en raison de cet attentat, l’entrée et la sortie du bâtiment de l’ORTAS, qui donne sur la place des Omeyyades, ont été interdits.
3 / Mercredi 26.09.2012 au matin, dès l’explosion intervenue à l’Etat-major, proche de la place des Omeyyades, les programmes ont été arrêtés et remplacés par la diffusion de documentaires et de films d’archives sur la 1ère chaîne et sur le canal satellitaire, pour préparer la diffusion en directe des images de l’attentat et des analyses. Elles avaient été précédées par les chaînes Al Manar (du Hizbollah libanais) et Al Akhbariya.

Un journaliste de TV Orient a reçu un message sollicitant son aide à la diffusion de la page de la coordination. Ce message se lit ainsi :
« Cher collègue…
Nous sollicitons ton aide à la diffusion de la page que nous venons de créer sous le nom de « Coordination de la TV syrienne », à l’adressehttps://www.facebook.com/tvsyria. Nous travaillons toujours à l’ORTAS et nous craignons d’être découverts si nous la postons sur nos comptes personnels. Nous espérons que tu pourras nous aider à dévoiler les pratiques tordues dont nous sommes victimes. Nous apprécierons aussi toute critique de la situation des médias syriens sous le règne du régime en place. Nous sommes preneurs de toute orientation destinées aux journalistes qui pourraient contribuer à soutenir la révolution ».

Logo de l’Association des Journalistes syriens

Il n’est pas inutile de rappeler que des journalistes appartenant à tous les médias ont créé, il y a quelques mois, une « Association des Journalistes syriens », une nouveauté absolue en Syrie. Elle était destinée à exprimer leur refus des contraintes imposées par le syndicat unique des gens de presse, placée sous le contrôle théorique du parti Baath mais sous la surveillance effective des moukhabarat, et à organiser leur travail d’information dans des conditions répondant davantage à leur éthique professionnelle.

Cette tentative d’organisation des rangs de la profession fait partie de toute une série d’initiatives prises, en Syrie, depuis le début de la révolution, en vue de permettre aux membres de différentes professions – médecins, ingénieurs, professeurs, avocats… – d’organiser leur travail de manière indépendante du gouvernement.

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