« The Intercept »: le nouveau site d’info des porte-voix d’Edward Snowden


 

  • Un nouveau site internet d’informations financé par le fondateur d’eBay, Pierre Omidyar, a fait ses débuts lundi avec un article du journaliste Glenn Greenwald, porte-voix des révélations d’Edward Snowden, sur le rôle de la NSA dans les frappes de drones.

    Baptisé « The Intercept », le site est le produit de l’association du milliardaire irano-américain et du journaliste d’investigation démissionnaire du Guardian, qui a contribué aux révélations sur le vaste système d’espionnage américain de la NSA, l’agence chargée des interceptions de communications.

    Dans ce premier article, Greenwald affirme que la NSA utilise la géolocalisation des téléphones portables grâce à leur carte SIM pour déterminer la position de personnes qui sont ensuite visées par une frappe de drones.

    Cette méthode a été utilisée aussi bien au Pakistan, qu’en Afghanistan ou au Yémen, selon Greenwald, qui dit tenir ces informations de documents de la NSA fournis par l’ancien consultant Edward Snowden et d’un ancien opérateur de drones.

    Cette unité de la NSA, appelée GeoCell, serait à l’origine de frappes sans que la cible soit formellement identifiée mais simplement parce qu’elle utilise le téléphone dont la carte SIM a été localisée.

    « Il peut s’agir de terroristes ou il peut s’agir de membres de leur famille qui n’ont rien à voir avec les activités de la cible« , affirme dans l’article l’ancien opérateur de drones.

    Les talibans en Afghanistan seraient de plus en plus méfiants vis-à-vis de leurs téléphones, n’hésitant pas à changer fréquemment de cartes SIM pour éviter d’être repérés, affirme encore The Intercept.

    Pierre Omidyar a indiqué qu’il investirait 250 millions de dollars, dont 50 pour lancer les opérations, dans ce projet qui doit permettre aux journalistes de « poursuivre la quête de la vérité« .

    Selon le site internet, la « mission à court terme » est de fournir une plateforme pour dévoiler les informations contenues dans les documents fournis par Edward Snowden sur la NSA.

    Belga

The Intercept, fer de lance du journalisme d’investigation


LE MONDE | 15.03.2014 à 10h52 |Par Philippe Bernard

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M. Omidyar, promoteur de The Intercept, a décidé de destiner une partie de sa fortune au renouveau de la presse. Sa fortune est évaluée à 8,5 milliards de dollars (6,1 milliards d'euros) par le magazine Forbes.

Né de l’union inédite entre un milliardaire du Web et des journalistes d’investigation américains dans le contexte de l’affaire Snowden, un nouveau magazine en ligne, The Intercept, dessine peut-être l’architecture des médias de l’avenir. Depuis son lancement, le 10 février, il revendique activement sa première raison d’être : la dénonciation de la surveillance planétaire exercée par l’Agence nationale de la sécurité (NSA) américaine.

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Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, s’est plaint auprès de Barack Obama, jeudi 13 mars, des intrusions de la NSA dans le réseau social. La veille, il avait lu dans The Intercept une enquête décrivant les faux serveurs Facebook utilisés par l’agence pour s’immiscer dans les ordinateurs des usagers du réseau social. Les révélations sur l’utilisation à grande échelle de logiciels malveillants par la NSA s’appuient sur des documents fournis par Edward Snowden.

Le nouveau site correspond au premier étage de la « plate-forme journalistique » First Look Media, imaginée et financée par Pierre Omidyar, le fondateur d’eBay.Ses pièces maîtresses sont les deux journalistes-vedettes de l’affaire Snowden : Glenn Greenwald, qu’il a débauché du quotidien britannique The Guardian, et la documentariste Laura Poitras. Mais distiller de nouvelles révélations et les documents que s’est procurés l’ancien collaborateur de la NSA, réfugié à Moscou, ne constitue qu’une première étape pour The Intercept.

Le site a pour ambition de « produire un journalisme courageux et ouvert à la contradiction ». Et de « promouvoir la transparence et l’obligation de rendre des comptes auprès des institutions gouvernementales et des entreprises les plus puissantes ». Il propose à ses « sources » de déposer anonymement des documents à publier.

RENOUVEAU DE LA PRESSE

The Intercept s’est déjà offert les services de Jeremy Scahill, ancien de la revue de gauche The Nation, de Matt Taibbi, journaliste du magazine Rolling Stone et grand pourfendeur de Wall Street, et de John Cook, connu pour ses reportagesravageurs sur la chaîne de télévision conservatrice Fox News.

D’un point de vue financier, The Intercept a probablement le temps de voir venir : la fortune de son promoteur, Pierre Omidyar, 46 ans, est évaluée à 8,5 milliards de dollars (6,1 milliards d’euros) par le magazine Forbes.

M. Omidyar, qui est né à Paris et vit aujourd’hui à Honolulu (Hawaï), a décidé de destiner une partie de sa fortune au renouveau de la presse, dont la liberté, pense-t-il, est menacée par la surveillance généralisée de la NSA.

En 2013, M. Omidyar s’est porté candidat au rachat du Washington Post. C’est finalement Jeffrey Bezos, le patron d’Amazon, qui, en août, a racheté le journal pour 250 millions de dollars. En octobre, Pierre Omidyar annonçait qu’il investissait une somme équivalente dans une nouvelle aventure : la presse d’investigation.

Voyez l’interview de Glenn Greenwald sur Democracy Now