Affrontements sanglants ce week-end en Tunisie


Depuis la mi-décembre 2010, des affrontements opposent forces de l'ordre et manifestants protestant contre la vie chère et le chômage touchant une large partie de la population. 

Depuis la mi-décembre 2010, des affrontements opposent forces de l’ordre et manifestants protestant contre la vie chère et le chômage touchant une large partie de la population. 

AFP PHOTO/STR
Par RFI

Selon un bilan officiel communiqué ce dimanche 9 janvier 2011, on déplore huit morts et neuf blessés lors des affrontements survenus ce week-end en Tunisie, dans le centre du pays. Le dirigeant de l’opposition Ahmed Nejib Chebbi, lui, fait état de 20 personnes tuées à Thala et Kasserine, deux localités du centre-ouest du pays.Il a appelé le président à faire cesser le feu. Les troubles qui secouent la Tunisie entrent dans leur quatrième semaine.

Samir Rabhi, syndicaliste

Toutes les sources syndicalistes et politiques indiquent et assurent qu’il y a plus d’une vingtaine de morts et que ce nombre peut s’accroître.

09/01/2011 par Olivier Da Lage

Ce sont des révoltes sans précédent qui se sont produites dans le centre-ouest de la Tunisie ce week-end. Les rassemblements revendicatifs se sont étendus ce dimanche 9 janvier 2010 à Kasserine, chef-lieu de la province du même nom.Comme dans la localité voisine de Thala, hier soir, où les manifestants se sont affrontés aux forces de l’ordre : 8 morts et 9 blessés parmi les manifestants, c’est le dernier bilan officiel donné par le ministère de l’Intérieur.

« Faire cesser le feu immédiatement »

Mais une partie de l’opposition et de la société civile tunisienne évoque un bilan plus lourd. Une vingtaine de morts, selon le secrétaire général adjoint de l’UGTT, la seule centrale syndicale tunisienne. Abid Brigui déclare que l’UGTT soutient les revendications de ce mouvement social.

L’opposant Ahmed Nejib Chebbi donne lui le chiffre de 26 manifestants tombés sous les balles de la police ou de l’armée à Thala et à Kasserine. Le chef du parti démocratique progressiste appelle le président Ben Ali à « faire cesser le feu immédiatement ».

Depuis mi-décembre, la Tunisie est confrontée à une révolte contre le chômage qui, avant de gagner différentes régions du pays, avait débuté à Sidi-Bouzid dans le centre du pays, où un jeune marchand de légumes s’était immolé par le feu.

source

Appel au secours de Tala – Tunisie


manche 9 janvier 2011

Appel lançé par un habitant de la région sous le pseudo TH dans une interview diffusée sur Facebook :
https://login.facebook.com/ebtasem
ou https://upload.facebook.com/ebtasem

Témoignage enregistré aujourd’hui d’un habitant de Tala. Ci-après transcription et mise en forme des propos enregistrés:

Ce que j’ai vu ça ressemble à Stalingrad; les incendies sont partout, les rues jonchées de pierres; les maisons endeuillées avec leurs cris de douleur; les portes des boutiques éventrées non pas par les jeunes révoltés mais par la police qui défonse les portes et met le feu aux boutiques, comme cela a pu être filmé la semaine dernière à Tala même.
On compte 7 morts transportés à l’Hôpital; mais ce matin on a repêché 4 cadavres de la rivière proche de l’Hôpital; hier on en a repêché deux; [le témoin semble signifier que ces cadavres viennent de l’hôpital].

Lors des affrontements, les blessés ont été traînés par terre par la police anti-émeutes (Brigade d’Ordre Public, B.O.P.) en leur disant : « meurs comme ça; on ne te soignera pas! ».

L’armée s’est contentée de défendre le siège de la Sous Préfecture et des Impôts et n’est pas intervenue dans la répression.

Seuls la Mairie et le siège du parti au pouvoir ont été incendiés.
Toutes les catégories de la population ont été touchées [par ce massacre]; elles sont sans secours et ne peuvent se défendre face à des forces armées [qui continuent à les menacer].
source

Tunisie: l’opposition parle de 20 morts


Photo : L'Humanité

Dimanche 9 janvier 2011

La Tunisie connaît depuis la fin décembre une rare agitation sociale, les jeunes dénonçant la pénurie d’emplois. Les troubles ont été déclenchés par le suicide d’un vendeur sans permis qui s’était fait confisquer sa marchandise de fruits et légumes à Sidi Bouzid (265 km au sud de Tunis) et qui s’est immolé par le feu le 17 décembre.

Un dirigeant de l’opposition a fait état dimanche d’au moins 20 personnes tuées par balles à Thala et Kasserine, dans le centre-ouest de la Tunisie, et a appelé le président Zine El Abidine Ben Ali à « faire cesser le feu ». Le gouvernement tunisien a, quant à lui, déclaré dans un communiqué que huit personnes étaient mortes au total dans des affrontements avec la police au cours des dernières 24 heures.

« Les informations qui nous proviennent de Kasserine et Thala font état d’au moins vingt morts tombés sous les balles depuis samedi dans des affrontements qui se poursuivaient ce matin même », a déclaré Ahmed Nejib Chebbi, chef historique du Parti démocratique progressiste (PDP, opposition légale). « On a tiré sur les cortèges funèbres », a-t-il affirmé, expliquant tenir ses informations des relais de son parti dans les deux villes.

Affirmant vouloir attirer l’attention du chef de l’Etat sur « la gravité de la situation », M. Chebbi l’a appelé à « faire cesser le feu immédiatement ». « J’adresse un appel urgent au président de la République pour lui demander de faire cesser le feu immédiatement afin d’épargner la vie des citoyens innocents et de respecter leur droit à manifester », a-t-il déclaré.

Samedi soir, des affrontements à Thala, localité situé à 50 km de Kasserine, avaient fait au moins quatre morts et six blessés graves, selon des sources syndicales. Le ministère de l’Intérieur a donné un bilan de deux tués et huit blessés par balles parmi la population de Thala.

Samedi, un nouveau marchand ambulant s’est immolé par le feu à Sidi Bouzid. Agé de 50 ans, Moncef Ben K., marié et père de famille, s’est aspergé d’essence alors que se tenait le marché de la ville. Il a été emmené en ambulance et son état est jugé grave.

A Tunis, lors d’un rassemblement public samedi, la centrale syndicale unique, l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), a proclamé son appui aux revendications « légitimes » du mouvement. « Nous soutenons les revendications de la population de Sidi Bouzid et des régions intérieures », a-t-il déclaré à la foule depuis les locaux de la centrale, sur la place Mohamed Ali. « Il est contre nature de condamner ce mouvement, il n’est pas normal d’y répondre par des balles », a-t-il lancé sous les applaudissements, appelant plutôt au « dialogue avec les jeunes ». La foule a observé une minute de silence à « la mémoire des martyrs » du mouvement social, entre hymne national et chansons engagées diffusés par hauts-parleurs.

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© Journal L’Humanité
Publié le 9 janvier 2011 avec l’aimable autorisation de L’Humanité

 


Source : Le web de l’Humanité
http://www.humanite.fr/…