Palestine: « Le Pétrole de la Discorde » – ARTE Reportage / 29-11-2014


[youtube http://youtu.be/V47yK_5xCU0?]

En Israël, l’industrie pétrolière est l’une des plus secrètes du pays. Les caméras de télévision sont interdites sur les sites d’extraction. Peut-être parce que les cuves de pétrole brut et les tours de forage ne sont qu’à une centaine de mètres des territoires palestiniens ? Selon les géologues palestiniens 85 % des gisements exploités par Israël se trouveraient en dehors de ses frontières.

Les Palestiniens voient d’un mauvais œil les forages israéliens. L’or noir, synonyme d’essor économique, se trouve sur leurs terres. Leur gouvernement tente de faire reconnaître l’illégalité des forages israéliens qui jouxtent la frontière : la valeur de ce gisement de pétrole est estimée à 255 milliards de dollars.
L’exploitation des ressources palestiniennes constitue aujourd’hui un élément à part entière de l’économie mondiale. Après l’eau, la terre et les minéraux, les Palestiniens redoutent d’être mis devant le fait accompli sans percevoir des revenus dont ils estiment pouvoir bénéficier en toute légitimité.

Assad reçoit Paris Match: comment en sommes-nous arrivés là?


Par , publié le 04/12/2014 à 09:00, mis à jour à 12:07

Indignée par l’interview « exclusive » du dictateur syrien publiée dans Paris Match, la chercheuse et militante Marie Peltier publie une lettre ouverte au magazine. « Assad tue en toute liberté, en toute impunité, parce que nous continuons à lui donner la parole, parce que nous avons démissionné », dénonce-t-elle.

Assad reçoit Paris Match: comment en sommes-nous arrivés là?

Bachar el-Assad.  » il n’y a aujourd’hui, sauf à entrer dans une logique de négationnisme et de déni, plus matière à remettre en doute l’étendue des crimes du régime baathiste’

Reuters/Syrian TV/Reuters TV

 

 

 

Dans son numéro de cette semaine, Paris Match annonce fièrement en « exclusivité mondiale » un entretien avec Bachar el-Assad, accompagnée d’une vidéo des « coulisses de l’entretien » et d’un lien vers la page Facebook de la présidence syrienne. Ce qui ressemble à s’y méprendre à une opération de communication parfaitement rôdée. Ainsi, un criminel de guerre, responsable direct et indirect de la mort de 200 000 de ses concitoyens, est affiché en « guest-star » dans un media français, au même moment où il bombarde massivement, et impunément, une population civile sans défense. Et il n’y aura sans doute pas grand monde pour s’en indigner.

>>>Lire aussi Le régime syrien cent fois plus meurtrier que les djihadistes de l’EI

Parce que rassurez-vous, chère rédaction de Paris Match, votre démarche ne paraîtra pas incongrue aux yeux de la plupart de vos lecteurs. Dans une époque où la « liberté d’expression » – la nôtre évidemment – est devenue un dogme inquestionnable, beaucoup réagiront en disant qu’il faut « écouter toutes les parties », qu’il ne faut pas « être binaire », qu’après tout, lui aussi à droit à la parole. Les mêmes qui fustigent la plupart du temps « l’unilatéralisme » des media, applaudiront ou consentiront au fait d’entendre celui qui a aussi « le droit de se défendre ».

Mais seulement, voilà. Nous sommes fin 2014. La guerre syriennedure depuis 3 ans et demi. Et là où certains doutes étaient encore permis en 2011, il n’y a aujourd’hui, sauf à entrer dans une logique de négationnisme et de déni, plus matière à remettre en doute l’étendue des crimes du régime baathiste. L’arrestation, l’emprisonnement, la torture (parfois jusqu’à la mort) des militants pacifistes syriens ont été systématiques, documentés, dénoncés sans relâche par les ONG de défense des droits humains (voir notamment les nombreux rapports de Human Rights Watch et de Amnesty International). Les bombardements aux barils de TNT visant les immeubles d’habitation sont désormais quotidiens – des dizaines de civils ont encore perdu la vie la semaine dernière à Raqqa, dans le Nord du pays. L’utilisation d’armes chimiques – prétendue  » ligne rouge  » de la communauté internationale – a été régulière, jusqu’à aujourd’hui. Le viol comme arme de guerre a fait l’objet de nombreux témoignages et reportages de terrain. Lesréfugiés se comptent par millions.

Comment donc en sommes-nous arrivés là ? Comment pouvez-vous « tranquillement » annoncer un entretien « exclusif » avec un criminel de guerre, comme on proposerait les dernières révélations sur l’affaire Nabilla ou le dernier scoop sur les relations douteuses de Sarkozy ? Comment cela peut-il se produire « normalement », sans faire (trop) scandale ?

« Un régime tortionnaire a réussi à nous convaincre que la victime, c’était lui »

Parce que la narration mise en place par le régime Assad et véhiculée, nourrie par ses nombreux soutiens à travers le monde a remporté la bataille médiatique. Parce qu’aujourd’hui, celui qui mène la danse, qui désigne les cibles à combattre, c’est lui, le tyran de Damas.

Cette propagande, qui aujourd’hui est partagée autant par l’extrême droite que par une partie de la gauche radicale, en passant par une large partie de l’opinion publique « mainstream », s’est construite – avec notre large contribution – sur un objet narratif central : nier la dynamique populaire syrienne, effacer des préoccupations les aspirations de la société civile syrienne qui se sont levées en mars 2011, son combat pour la liberté et la dignité après 40 ans d’autoritarisme et de terreur. Substituer cette dynamique à la désignation d’ennemis qui font « sens » dans nos contrées : l’Islam radical pour les uns, l’empire américano-sioniste pour les autres. Et cela a permis de ratisser large. L’essoufflement des printemps arabes, puis la montée en puissance du groupe terroriste Daech ont semblé donner raison à l’entreprise. La boucle était bouclée.

« Assad tue en toute liberté. En toute impunité »

Il n’est plus question aujourd’hui de respect des droits humains, de lutte pour faire tomber la tyrannie, de soutien aux revendications démocratiques. Un régime tortionnaire a réussi à nous convaincre que la victime, c’était lui. Que le soutenir, c’était aussi nous sauver. Des barbares. Et de l’Empire. Les Syriens, au milieu, ont été assassinés.

Chère rédaction de Paris Match, je ne sais pas quelles ont été vos motivations exactes à la publication de cet entretien. Je peux juste vous dire une chose: chaque nuit, des enfants syriens gisent sous les décombres. Chaque nuit, des hélicoptères larguent du ciel des tonneaux d’explosifs qui ne tuent guère d’islamistes et qui ne gênent guère les américains – ni personne d’autre d’ailleurs. Assad tue en toute liberté. En toute impunité. Parce que nous avons choisi de continuer à lui donner la parole, parce que nous avons démissionné. Nous avons refusé la solidarité au peuple syrien, nous avons refusé que nos valeurs sacro-saintes de liberté s’appliquent aussi à eux. Nous avons cru en nos peurs, à nos fantômes. Et que dire encore quand, telle une prophétie auto-réalisatrice, les évènements récents semblent même nous donner raison ?

Que peut-être l’histoire, elle, ne nous oubliera pas.

 

>> lire aussi La dynastie Assad ou l’art de la survie

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voici l’interview du journaliste

Michèle Sibony: «Il faut demander des sanctions contre Israël»


Michèle-SibonyUn visage a crevé les écrans des télés françaises pendant l’offensive israélienne contre Gaza cet été: celui de Michèle Sibony, pugnace porte-parole de l’Union juive pour la paix (UJFP), qui n’a cessé de dénoncer la situation. Invitée à Bruxelles par l’ONG belge Tayush, la semaine dernière, Michèle Sibony a répondu à nos questions.

Quelques mots sur votre parcours personnel. Vous avez habité en Israël, c’est cela?

Oui, j’y ai étudié les Lettres et le cinéma dans les années 1972-1977, à l’Université de Haïfa. Ce n’était pas dans l’idée de faire mon alya (immigration juive en Israël), plutôt dans celle de quitter ma famille, rassurée par le fait que j’allais dans ce pays. Mes parents pensaient peut-être que j’allais m’y marier, eh bien c’est raté! (rires). J’ai donc appris l’hébreu sur place et j’ai rencontré des gens qui m’ont aidée à déconstruire mes idées reçues. J’ai eu la chance de côtoyer ceux qu’on appelle aujourd’hui les nouveaux sociologues ou les nouveaux historiens. C’est là que j’ai rencontré des Israéliens juifs puis palestiniens qui m’ont aidée à voir la réalité que j’avais sous les yeux. On m’a parfois traitée de «pute palestinienne» juste parce que je faisais partie des premiers qui ont osé prononcer le mot «palestinien». J’ai eu des copains qui m’ont emmenée dans les zones «arabes» comme on disait, palestiniennes, j’ai y vu les discriminations.

Un des mes malaises en Israël provenait du fait que j’avais l’impression que la porte d’Auschwitz venait de se refermer derrière moi! Ce que je n’avais jamais ressenti en France. Je me disais: mais pourquoi dois-je vivre avec cette angoisse? Juive d’origine marocaine, ma famille n’a pas été déportée mais malgré cela je ressentais cette pression.

Je suis ensuite rentrée en France pour des raisons familiales – j’y ai pris ma retraite de professeur de lycée professionnel il y a deux ans – et aussi parce que le passage à la vie active en Israël n’était pas à l’époque mon choix. Je sentais que cela eût supposé de devenir israélienne, ce qui m’aurait demandé beaucoup d’efforts. Ce n’était pas encore très politique mais je suis rentrée en France avec la conviction qu’il fallait que je milite. J’ai failli rentrer au parti communiste mais y ai renoncé car il y a eu (l’invasion par l’URSS de) l’Afghanistan. J’ai milité à partir de 1980 dans un groupe qui s’appelait Perspectives judéo-arabes dans lequel il y avait des militants français, marocains, israéliens, palestiniens (de l’OLP à Tunis). J’en suis sortie, je n’étais pas prête non plus à travailler avec des Palestiniens, mon chemin fut long et lent! Après, j’ai été plus en contact avec les militants israéliens, pendant par exemple la première intifada (1987-1992), un groupe qui s’appelait «L’occupation, ça suffit». Je n’ai commencé à militer en m’inscrivant à l’UJFP (l’Union juive française pour la paix) qu’à partir de 2000. C’était énorme: c’était le début de la seconde intifada et les institutions juives françaises officielles supportaient Israël. L’UJFP est un groupe politique. Composé de Juifs français qui s’inscrivent dans un combat anticolonial et qui ne supportent pas l’assignation à une posture politique en France qui est le soutien inconditionnel à Israël quoi qu’il dise et quoi qu’il fasse. Vous êtes juifs donc vous soutenez Israël quoi qu’il fasse: ce rôle-là n’est pas acceptable pour nous. Beaucoup de militants de l’UJFP n’avaient d’ailleurs jamais milité comme juifs auparavant. Ils étaient dans le syndicalisme, comme moi, ou dans des partis politiques français. Six cent mille juifs en France ne peuvent pas être pris en otages par le conseil soi-disant représentatif des organisations juives de France (le Crif, NDR) qui doit avoir un corps électoral à tout casser de six mille personnes et qui est composé d’une petite centaine d’associations. Cela dit, je ne suis pas plus propalestinienne que je ne suis anti-israélienne, contrairement à ce que disent certains journalistes qui m’agacent prodigieusement.

Cela fait donc 14 ans que vous êtes à l’UJFP…

Oui, j’ai toujours fait partie des bureaux nationaux de l’UJFP. J’ai parfois été vice-présidente, coprésidente, et je suis actuellement un des porte-parole de l’association.

L’historien Georges Bensoussan, dans le magazine juif belge Regards, dit en substance que les Maghrébins de France sont en quelque sorte jaloux de la réussite sociale des Juifs français…

De tels propos auraient pu être tenus par un antisémite! Il y a 600.000 Juifs en France. Doit-on penser qu’il y a 600.000 exemples de réussites sociales en France? Penser qu’il n’y a pas des Juifs pauvres, des Juifs des quartiers populaires, des cités? A Sarcelles, les Juifs font-ils partie de l’élite sociale? Par contre, il y a sûrement un ressentiment contre les Juifs, c’est vrai. Cela vient du fait qu’au niveau international Israël est un Etat auquel il est interdit de toucher. Dont l’impunité est garantie et cautionnée, notamment par le gouvernement français. Dans la société française, surtout depuis 2000, il y a cette espèce d’affirmation que l’islam remplace le communisme comme ennemi. La communauté juive est manipulée aussi à un niveau local en France comme pouvant être menacée par ce qu’ils appellent «une importation du conflit», termes aussi utilisés par les représentants de l’Etat, dans le sens que ceux qui sont censés l’importer ce sont les Arabes des quartiers populaires, les jeunes beurs. Le Crif, quand il organise par exemple des manifestations de soutien à (Ariel) Sharon (Premier ministre israélien durant l’essentiel de la seconde intifada et auteur d’une répression sans états d’âme, NDR), lui n’importe pas le conflit! La communauté juive a droit au titre de communauté, elle, mais dès qu’il s’agit des Arabes, on crie «Attention au communautarisme»! Tout se passe comme si on considérait que la communauté juive avait droit à un statut protégé par rapport aux Arabes – qui eux ont le droit de se taire sur la question palestinienne car dès qu’ils ouvrent la bouche ils sont d’évidence antisémites. Cette situation-là est en effet créatrice de ressentiment à l’égard des Juifs.

On ne peut nier que dans les diasporas juives occidentales la grande majorité des Juifs sont porteurs d’un sentiment d’empathie envers Israël…

Oui, il y a souvent une sympathie des Juifs pour Israël qui est vécu comme proche, situation nourrie par ce qui a longtemps circulé, «une terre sans peuple pour un peuple sans terre», «ils font fleurir le désert», toute cette imagerie qui influençait d’ailleurs les gens et pas seulement les Juifs dans les années 1960, époque où personne ne savait rien de ce qui s’était passé en Israël-Palestine. Après, la sympathie des Juifs est instrumentalisée et au bout de compte on arrive à une situation qui n’est pas celle de ma jeunesse. Moi j’étais aux Eclaireurs israélites de France qui était à l’époque un groupe non sioniste de manière claire. On n’y parlait pas d’Israël. Aujourd’hui, cette organisation est en première ligne de tous les combats pour soutenir Israël quoi qu’il fasse. Le Crif a été représenté à une certaine époque par des gens comme Théo Klein, pas des extrémistes de droite comme l’est maintenant le Crif dans une grande partie de sa composition. En outre, le gouvernement français semble comme encourager les Juifs français à émigrer en Israël, c’est tout juste s’ils ne nous disent pas «votre pays Israël».

Prenez l’horrible affaire Merah (auteur du meurtre de sang-froid de plusieurs Juifs français, dont des enfants, en 2012, NDR): un an après, on voit le président de la république se pointer sur les lieux du drame à Toulouse avec… Binyamin Netanyahou, Premier ministre israélien! Il y a une espèce de rapprochement fantasmé de la France et d’Israël. Et quoi, la république ne considère plus qu’il relève de sa responsabilité de garantir la sécurité de tous ses citoyens y compris les Juifs? On va bientôt nous expliquer que notre place est en Israël si on est en danger! Moi je crois que les gens qui sont surtout agressés dans la rue, notamment les femmes voilées, ce sont les musulmans; on a un racisme d’Etat islamophobe déclaré, avec des lois, des décisions de justice. S’il y a un racisme d’Etat, vous pensez bien que le citoyen de base se sent à l’aise.

Vos interventions cet été sur les chaînes françaises pour condamner l’offensive israélienne à Gaza n’ont pas manqué d’impressionner – ou de choquer – et de faire le buzz sur les réseaux sociaux, en France et dans le monde…

Je dois dire que ce buzz est assez tragique! Parce que j’ai dit des choses tellement simples! J’ai juste dit qu’il s’agissait d’un endroit colonisé, entièrement encerclé et bombardé sans moyens de se défendre. Dire cela et que cela puisse faire scandale me paraît hallucinant. Cela veut dire que la presse ne fait pas son travail si elle n’est pas capable de rappeler qu’il y a occupation et colonisation, qu’elle se confine à «la lutte contre le terrorisme». «Israël a le droit de se défendre contre le terrorisme du Hamas», point barre: c’est la propagande israélienne et c’est ce qu’ont repris le président, le gouvernement et 85% des médias français cet été.

Et cela va de mal en pis sur le terrain…

C’est catastrophique. On a maintenant une offensive sur Jérusalem qui veut transformer le conflit en un conflit religieux. On a des déclarations de Netanyahou qui expliquent que l’Autorité palestinienne c’est la même chose que le Hamas qui est la même chose que Daesh («l’Etat islamique»), sous-entendu: nous Israéliens, nous sommes dans le combat occidental contre l’islam radical, c’est-à-dire qu’en fait on veut une guerre sans fin. Car s’il y a un mot qui n’est plus prononcé depuis très longtemps sur aucune des plates-formes politiques lors des deux ou trois dernières élections israéliennes, c’est le mot paix. Il n’en est plus question. Alors, avec ce gouvernement d’extrême droite, il n’est pas question de politique, de stratégie, de négociations mais bien d’une fuite folle en avant qui crée un emballement et on en arrive à des choses sanglantes, des chasses aux Arabes dans les rues israéliennes, à Jérusalem-Ouest des milices tabassent les Arabes! Il y a une fascisation du discours de la rue terrorisante. Il y a ce projet de loi qui veut faire d’Israël «l’Etat nation du peuple juif», ce qui signifie pour les Palestiniens de 1948 (ceux qui sont restés à l’indépendance d’Israël, NDR) profil bas ou la porte: vous êtes des invités chez vous, pas des citoyens à égalité. Ce qui signifie aussi que les réfugiés palestiniens ne bénéficieraient plus du droit au retour.

L’Assemblée nationale française doit voter ce 2 décembre sur une résolution recommandant la reconnaissance de l’Etat de Palestine…

Oui, elle a des chances de passer, malgré que sur cette résolution l’Elysée a fait savoir que lui et son ministre des Affaires étrangères ne feraient rien qui puisse nuire de façon unilatérale aux négociations, ce qui est un peu troublant. Ils n’ont honte de rien: de quelles négociations parlent-ils? Et parler d’unilatéralisme côté palestinien en ignorant l’unilatéralisme israélien permanent depuis des années, en toute impunité d’ailleurs, c’est gonflé de leur part! Après, on peut sentir une nuance entre Fabius et Hollande sur ce sujet, la réponse de l’Elysée étant moins prometteuse en soutien à ce vote que celle de Fabius, mais je me trompe peut-être… Cela dit, ça ne mange pas de pain, une résolution demandant la reconnaissance de la Palestine. S’il n’y a pas en même temps une démarche annoncée et claire du même parlement, s’il était courageux, en faveur de la prise immédiate de sanctions contre l’Etat occupant. Par exemple, un embargo sur les armes. Après ce qu’il s’est passé cet été à Gaza, continuer à livrer des armes à Israël relève du pur scandale. Il y en a eu des embargos français sur les armes, dans d’autres cas, pourtant. Israël craint fort les sanctions, mais ce sont toujours les Etats européens ou l’UE qui reculent.
Qui reculent ou font des choses choquantes. On sait par exemple pourquoi l’Autorité palestinienne n’est pas en mesure de déposer un dossier contre des Israéliens à la Cour pénale internationale (CPI): parce qu’elle vit sous la menace de l’UE et des grands Etats européens de supprimer leurs aides budgétaires au fonctionnement de l’AP. L’AP ne peut pas le dire, mais c’est un chantage absolument odieux. Ces puissances européennes ont décidé qu’il n’y aurait pas de justice dans cette histoire. On peut amener des Soudanais, des Serbes devant la CPI, mais pas des Israéliens. Alors qu’on sait ce qui s’est passé. La dernière session du tribunal Russell qui s’est déroulée à Bruxelles en septembre l’a démontré, nous avons des témoignages israéliens et palestiniens qui racontent de véritables crimes.

La question palestinienne, qui va de mal en pis, ne vous inspire pas de désespoir?

Depuis Madrid en 1991 puis Oslo en 1993, on en est arrivé à ces fausses négociations permanentes, des négociations qui sont censées ne mener à rien sauf à présenter une façade vis-à-vis du monde extérieur qui permet de continuer la colonisation. Aujourd’hui, on est dans une situation où un camp jouit d’une souveraineté absolue sur tout le territoire entre la mer et le Jourdain, avec un gouvernement d’extrême droite à forte tendance messianniste qui veut un seul Etat, celui de la Bible. Et il y a encore des gens qui parlent (des accords) d’Oslo? Mais quand fera-t-on le deuil de cette mascarade? Oslo, ainsi que le décrivait un ami palestinien, c’est comme si on avait mis un repas dans une écuelle devant un aigle et un moineau et qu’on leur avait dit: partagez-vous cela! Où est le médiateur sérieux? Où est le garant du respect d’un calendrier, des décisions? Ca ne peut être que l’Europe et les Etats-Unis. Ce sont les principaux responsables de l’échec d’Oslo. L’UE refuse d’en prendre acte et continue à nous baratiner sur une éventuelle résurrection d’un processus mort-né depuis 23 ans. Alors qu’aujourd’hui on est en train de menacer très directement les Palestiniens de citoyenneté israélienne, qu’il y a des enfants en prison, victimes de sévices, c’est vrai que c’est désespérant, surtout en l’absence de volonté de résoudre le conflit.

Propos recueillis le 27 novembre 2014 à Bruxelles par Baudouin Loos

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Le régime syrien cent fois plus meurtrier que les djihadistes de l’EI


Par Anna Fischer, publié le 22/11/2014 à 09:53

Les vidéos de décapitations diffusées ces derniers mois par l’organisation terroriste Etat islamique soulèvent l’indignation et l’écoeurement. Pourtant, à y regarder de plus près, les forces syriennes restées fidèles à Bachar el-Assad demeurent bien plus meurtrières.

Le régime syrien cent fois plus meurtrier que les djihadistes de l'EI

Après le largage de barrils d’explosifs dans le quartier d’al-Shaar à Alep, le 6 novembre 2014. Ces bombes rudimentaires sont probablement à l’origine de la majorité des morts en Syrie.

Reuters/Rami Zayat

 

 

 

Aussi ignobles soient les exactions perpétrées par les djihadistes de l’Etat islamique (EI), l’examen des chiffres de morts civiles enSyrie est formel: depuis le début du soulèvement, en mars 2011, les crimes commis par le groupe demeurent bien moins nombreux que ceux du régime de Damas.

Les crimes de l’Etat islamique

En Syrie, l’Etat islamique serait responsable de la mort de quelques 800 civils, selon le Réseau syrien pour les droits de l’Homme, parmi les quelque 200 000 morts recensés par l’Organisation des Nations Unies (ONU) depuis mars 2011, dont une écrasante majorité de civils. En incluant les régions en Irak contrôlées par le groupe, le chiffre total atteindrait environ 1500 morts, selon diverses sources non-gouvernementales.

Outre les exécutions sommaires, par décapitation ou non, le groupe terroriste a revendiqué des attentats à la voiture piégéeet des tirs d’obus de mortier dans des zones principalement fréquentées par des civils.

Un attentat à la voiture piégée a ainsi fait 34 morts, le 20 juin 2014, à Al-Horra, un village contrôlé par les troupes du régime de Bachar el-Assad, dans la province syrienne de Hama. Plusieurs fois par semaine, des attentats semblables ont lieu en territoire irakien, entraînant des dizaines de victimes.

L’EI aurait également eu recours aux bombes à sous-munitionsen Syrie, d’après l’ONG Human Rights Watch. Disparitions forcées, torture, kidnappings d’humanitaires et de journalistes, emploi d’enfants comme soldats sont monnaie courante pour ce groupe, qui applique la charia dans les territoires qu’il contrôle.

La barbarie du régime syrien

Aussi horribles soient les crimes de l’EI, ils sont bien en-deçà de l’ampleur et la brutalité des crimes commis par les forces gouvernementales syriennes et milices pro-Assad depuis mars 2011 : l’une et l’autre auraient tué près de 125 000 civils en Syrie, selon les estimations du Réseau syrien pour les droits de l’Homme.

[youtube http://youtu.be/OPTaQFGIIbA?]
Les vidéos des activités criminelles de l’EI frappent les esprits, à juste titre. Mais le régime syrien, lui, continue chaque jour de tuer des civils au moyen de barils d’explosif. Le 29 octobre, au moins 10 déplacés (parmi lesquels une majorité de femmes, d’enfants et de personnes âgées) ont été tués dans des raids aériens du régime syrien, au cours duquel des barils d’explosif agrémentés de ferraille ont été lâchés sur un camp de déplacés à Idleb, dans le nord-ouest du pays, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme.

Larguées par dizaines sur des villes et villages, ces bombes rudimentaires sont probablement à l’origine de la majorité des morts en Syrie.

Torture à mort

La terreur syrienne ne vient pas que du ciel. En mars 2014, un photographe de l’armée syrienne ayant fait défection a révélé quelques 55 000 clichés représentant plus de 11 000 victimes torturées à mort, hommes femmes et enfants de tous âges, de toutes origines confessionnelles et ce uniquement pour la région de Damas.

Autre arme de terreur, le bombardement à l’arme chimique dans la banlieue de Damas, le 21 août 2013, alors sous contrôle de l’opposition. L’attaque a fait plus de 1 700 morts, dont une majorité de civils, selon Médecins sans frontières. Elle a, selon toute vraisemblance, été perpétrée par les forces gouvernementales. Ces dernières, ou leurs supplétifs, ont également multiplié les massacres de civils, comme dans les villes d’al-Bayda et de Baniyas, où au moins 248 personnes, dont 45 femmes et 43 enfants, ont été exécutés sommairement.

Enfin, dès le début du conflit en mars 2011, les forces de l’ordre et milices pro-régime ont fait du viol des femmes une arme de guerre.

Les crimes commis par l’EI, sous l’objectif des caméras, sont sans commune mesure avec l’ampleur des exactions commises par les forces pro-gouvernementales. Pour autant, selon l’ONU, l’EI est lui aussi coupable de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/le-regime-syrien-cent-fois-plus-meurtrier-que-les-djihadistes-de-l-ei_1624707.html#UBXc6KDI8Zr3hXMx.99

Mourad Boucif, jury des Mokhtar Awards 2014


[youtube http://youtu.be/Abcr53Cvuzc?]

L’histoire de ces hommes, en 1939, tirailleurs Marocains, arrachés et enrôlés (pour certains de force et mineurs) dans l’armée Française… Puis envoyés, dans les Ardennes, sur le front, afin de combattre les troupes Allemandes

Retrouvez notre jury au festival des Mokhtar : http://www.mokhtarawards.com/info-resa
Rencontre avec Mourad Boucif, président d’honneur du jury 2014 des Mokhtar, qui nous parle de son engagement et son dernier film en cours de production : les hommes d’argile

Le film sortira en salle à la rentrée 2015 inshAllah et nous invitons chaque personne à diffuser l’information et soutenir ce film qui retrace le parcours des soldats issus des colonies durant la seconde guerre mondiale.
Master class / conférence
Mourad Boucif donnera une master-class (conférence) sur l’engagement et le cinéma au festival des Mokhtar.

Réservez vos billets ici pour y assister (découvrez le programme  sur 2 jours des master-class dédiées au cinéma et à l’esthétique musulmane)
La Team Mokhtar,
Paris 
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