Square Idée: Terrorisme – comment arrêter la machine infernale Documentaire (2015)
[youtube https://youtu.be/iQ94rlyetHM?]
Comment ne pas être envahi, submergé, par un puissant sentiment de dégoût mêlé d’abattement ? Ces tueries qui s’accumulent. Au nom, soi-disant, d’une religion, cet islam qui a bon dos…
Il n’y a plus de lieu sûr. Cela s’est passé hier à Sousse, à Koweït-City et près de Lyon, mais cela pourrait être demain – à nouveau – à Bruxelles, à Miami, à Bangkok ou ailleurs. A la veille des vacances pour la majorité des gens. Dégoût et abattement, oui.
Pour la Tunisie, c’est une catastrophe d’ampleur nationale. « Si tu ne viens plus, les terroristes ont gagné », nous disait au téléphone un ami qui habite Sousse où il est né. Il a raison. En même temps, ceux qui ont annulé, qui annulent et qui vont annuler leurs réservations ont de bonnes raisons aussi, hélas !
Les nombreux appels à la solidarité façon « Je vais en Tunisie » qui avaient fleuri sur les réseaux sociaux après l’attentat déjà sanglant du Musée du Bardo à Tunis le 18 mars dernier vont-ils résister à ce nouvel assaut fanatique ? On peut en douter.
Un tweet relevé par notre confrère français Pierre Haski, du site Rue89, en dit long.« Après 4 ans de sacrifices et d’énergie dépensée, le terrorisme va réussir à nous ramener au régime policier », lâchait Farah Hached, présidente du Labo démocratique, une ONG tunisienne. Oui, car la Tunisie, quatre ans après sa révolution et toutes les autres de ce qu’on osa appeler « les printemps arabes », restait seule au firmament des réussites potentielles. Grâce à la vigueur d’une société civile tunisienne mature, décidée et combative.
Il n’existe pas de recette toute faite pour vaincre l’extrémisme religieux. Ni dans le monde musulman ni chez nous. Mais les autorités tunisiennes, par laxisme sinon parfois par complaisance, n’ont pas pris la mesure du danger après la révolution. Les signes n’ont cependant pas manqué. Attentats sanglants contre policiers et soldats perpétrés par des terroristes passés dans le maquis, nombre record de jeunes perdus dans les chimères djihadistes en Syrie : des marqueurs clairs qui auraient dû secouer les décideurs…
Les marges de manœuvre, certes, semblent étriquées. Transition démocratique et préservation des droits et libertés de chacun riment mal avec discriminations régionales et injustices sociales.
Plus globalement, convoquer l’amalgame et le manichéisme sont autant de postures funestes et erronées que les terroristes espèrent imposer par l’effroi. Toutes leurs cibles, à Tunis, Bruxelles et partout ailleurs, sont prévenues.
Je ne suis pas Charlie. Je ne suis ni Charb, ni Wolinski, ni les dix autres. Pourtant, 24 heures après l’attentat, j’étais aux deux rassemblements organisés à Perpignan en leur mémoire. Hier devant le Conseil général (mais que diable avait-il à voir avec le crime ?). Ce matin dans la petite rue où s’abrite le club de la presse local, trop exigüe pour accueillir la foule nombreuse venue à renforts de photocopies « Je suis Charlie ». Eux comme moi pourrons dire « j’étais là ». Et là me reviennent les paroles de la chanson de Zazie :
« J’étais là en octobre 80, après la bombe de Copernic,
Oui j’étais à la manif’, avec tous mes copains.
J’étais là, c’est vrai qu’on n’y comprenait rien
Mais on trouvait ça bien, ça bien.
Oui j’étais là pour aider pour le sida, les sans-papiers,
J’ai chanté, j’ai chanté.
Sûr que j’étais là pour faire la fête,
Et j’ai levé mon verre à ceux qui n’ont plus rien,
Encore un verre, on n’y peut rien.
J’étais là, devant ma télé à 20h, j’ai vu le monde s’agiter, s’agiter.
J’étais là, je savais tout de la Somalie, du Bangladesh et du Rwanda,
J’étais là.
J’ai bien vu le sort que le nord réserve au sud, bien compris le mépris,
J’étais là pour compter les morts.
J’étais là, et je n’ai rien fait,
Et je n’ai rien fait.
J’étais là pourtant, j’étais là,
Et je n’ai rien fait, je n’ai rien fait. »
Voilà, j’étais là. Et puis les manifestants de tous bords ont entonné la Marseillaise. Répondre au sang par l’appel au sang : « Aux armes citoyens… Qu’un sang impur abreuve nos sillons ». Alors j’ai eu envie de pleurer et je suis parti. Parce que cet attentat n’est pas un crime contre la France, mais un crime contre la Liberté. Parce que Charlie n’aimait pas les accents guerriers de la Marseillaise dont il s’est au moins autant moqué que des dérives religieuses en général, et pas uniquement de l’islamisme. Parce que depuis hier, je vois sur les réseaux sociaux et j’entends à la radio des tas de gens se réclamer de Charlie et exiger le retour de la peine de mort, stigmatiser l’Islam à tel point que ses représentants se sentent obligés de s’excuser. Tous ces gens qui pour la plupart n’ont jamais lu ni un Hara-Kiri, ni un Charlie Hebdo. Tous ces gens qui, finalement, ne connaissaient au mieux que Cabu quand il dessinait au Club Dorothée… Parmi eux, combien se sont insurgés lorsque les locaux de Charlie Hebdo ont été incendiés en 2011 ? Combien ne s’informent que devant BFM TV ou TF1 ? Combien font partie des 25% qui ont voté FN aux dernières élections européennes ?
Depuis des années, les médias font la part belle à des Zemmour et des Le Pen. Ah le danger de l’Islamisation de notre douce France… On les écoute, persuadés que finalement « ils disent pas que des conneries », on achète leurs livres, on vote pour eux… Après tout, les autres sont « tous pourris », incompétents, carriéristes… Comme si les résistants, les idéalistes, les humanistes et les libertaires étaient des races à jamais disparues.
Comme pour l’affaire Mehra, la Police a fait un travail incroyable. A peine l’attentat commis, on connaissait le nom des coupables. Il parait même que l’un d’eux avait « oublié » sa carte d’identité dans la voiture des bourreaux… Qu’est-ce que c’est con un terroriste ! Bientôt (peut-être même pendant que j’écris ces lignes), on les trouvera. Il y aura une fusillade et ils y resteront. Chacun pourra alors retourner devant sa télé en se disant que Justice est faite et s’inquiètera des nouvelles aventures de Nabila ou de Valérie Trierweiler…
Personne ne se posera la question du « pourquoi ». Oui, pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Personne ne se posera la question parce qu’on nous a déjà donné la réponse : l’islamisme.
Et si nous étions les véritables coupables ? Dans « L’Insoutenable légèreté de l’être », Kundera (qui a vécu l’invasion des chars soviétiques dans son pays, la Tchécoslovaquie) écrivait « le pire crime est l’ignorance ». Nous sommes tous coupables parce que nous ignorons la réalité, nous ignorons l’Histoire ou, pire, nous préférons l’ignorer.
Je suis devenu journaliste en 1994. J’avais 25 ans et je rêvais un jour d’écrire l’équivalent du « J’accuse » de Zola. Je croyais en la liberté de la presse, ce fameux « quatrième pouvoir ». J’ai vite déchanté, comprenant que dans les grands médias, les journalistes ne sont que des salariés au service des véritables patrons de leur journal, de leur radio, de leur chaine de télévision : grands industriels, marchands d’armes, financiers, politiciens bien assis… Et que ces salariés perdent leur boulot s’ils ne sont pas aux ordres. Non, la presse en général n’est plus libre depuis longtemps, à part quelques bastions de résistance dont la visibilité est réduite au maximum. Charlie est l’un de ces rares bastions. Charb et les autres étaient de ceux qui refusaient qu’on leur dicte les mots à écrire, les sujets à traiter et à défendre, bref qu’on les oblige à passer la brosse à reluire.
J’aurais pu monter au créneau, dénoncer ce système infâme qui ne conduit qu’à la désinformation, à la lobotomisation des esprits, les dictant malgré eux à acheter tel ou tel produit, qu’il s’agisse d’un I-phone ou d’une idée malsaine. Je l’ai juste fait dans mon coin, j’ai lutté pour ma propre liberté d’expression, parfois pour celle d’un collègue, et puis j’ai jeté l’éponge, comme un boxeur au bord du KO, et j’ai quitté la profession alors que j’aurais dû repartir sur le ring et défendre cette fameuse liberté d’expression que l’on nous sert désormais à toutes les sauces. Au nom de la liberté d’expression, on peut appeler à la haine mais on a de plus en plus de mal à la dénoncer. Quelle honte.
« Nous sommes Charlie… Qu’un sang impur abreuve nos sillons »… Non, désolé, je ne m’en remets pas. C’est en confondant tout et n’importe quoi que nous sommes tous responsables de l’attentat d’hier. Parce que nous avons laissé le FN se dédiaboliser alors qu’il défend les mêmes idées et applique les mêmes stratégies que les partis fascistes des années 1930. Parce que nous confondons le conflit israélo-palestinien avec une guerre de religion alors qu’il s’agit d’une guerre coloniale. Parce que depuis le 11 septembre 2001, nous ne regardons plus les arabes de la même manière. Parce que nous avons substitué le mot « solidarité » par le mot « assistanat ». Parce que nous sommes incapables de regarder plus loin que notre petit confort. Parce qu’on a peur pour nos retraites vu que nos impôts seraient dilapidés dans les aides sociales distribuées à des faignasses bronzées. Parce que quand Sarkozy, Balkany et tant d’autres détournent des millions d’euros, on les réélit quand même. Parce que quand Depardieu s’exile en Russie en affirmant que Poutine est un grand démocrate, on dit qu’il a bien raison de ne plus payer ses impôts en France. Parce que ceux qui veulent la tête des « bougnoules » oublient que leurs ancêtres furent traités de « ritals », « d’espingouins », de « polaks », de « portos », etc.
Oui, les véritables terroristes, c’est bien nous. Nous nous sommes laissés entrainer dans un individualisme forcené qui nous conduit à chercher des boucs-émissaires partout. SDF, Roms, musulmans… Ce matin, sur Facebook, un homme (que je ne connais pas) arborait le fameux « Je suis Charlie » tout en écrivant « Si les terroristes sont capturés, la mère « Teub ira » les fera libérer et on leur paiera le billet d’avion pour repartir au djihad avec le RSA et la carte vitale ». Non, ce n’était pas une blague…
Bref, j’étais là hier et ce matin. Et tout ce que j’arrive à faire, c’est prendre ma plume. Une plume désenchantée. Quel paradoxe pourtant ! Je devrais me réjouir qu’à Perpignan (seule ville française à commémorer chaque année les morts de l’OAS qui, rappelons-le, étaient des terroristes…), un monde fou soit venu manifester son indignation. Si nous avions été une poignée, comme lors de la mort de Clément Méric, j’aurais hurlé ma colère. Mais la question que je me pose, c’est pourquoi étaient-ils là ? Et la réponse me terrifie.
J’ai peur que ce drame soit à nouveau détourné pour cracher sur l’Islam, ou plutôt sur les arabes en général puisque personne ne fait plus la différence, comme si tous les blancs étaient des cathos intégristes… Charlie Hebdo se moquait avec férocité de l’Islamisme, parfois même de l’Islam, comme il se moquait de toutes les religions, en bon anarchiste anticlérical qu’était (et sera toujours) ce journal.
J’ai peur que la violence succède à la violence, du moins pendant quelques jours (une actu chassant l’autre, les gens oublieront vite). Que des innocents soit agressés ou tués parce qu’ils sortent d’une mosquée ou qu’ils boivent un thé à la menthe au lieu d’un Ricard. Peur que ceux qui profitent de ces crimes soient ceux qui se réjouissent à la fois des morts de Charlie Hebdo et de la stigmatisation de l’Islam, je veux parler de l’extrême-droite et de ses proches. Nul doute que du côté de Saint-Cloud ou de Millas, hier on a sabré le champagne…
Alors que faire ? Lire, réfléchir, s’informer, ouvrir les yeux, réapprendre à se servir de son sens critique, échanger, essayer de comprendre l’autre au lieu de le juger. Ce n’est pas de l’angélisme, juste le seul moyen d’assurer le véritable fonctionnement d’une démocratie et, par conséquent, de sauvegarder nos libertés
INTERVIEW dimanche 14 septembre 2014 09:52
– Qu’espère l’Etat islamique à travers ces exécutions diffusées ?
« C’était tout à fait prévisible. Ces malheureux otages anglo-saxons, Américains ou Britanniques, ont été kidnappés pour être exécutés. Et c’est en attendant le moment opportun du point de vue de l’organisation terroriste qu’ils étaient conservés en vie, souvent d’ailleurs très maltraités« , analyse l’historien arabisant Jean-Pierre Filiu ce dimanche sur l’antenne de France Info. Passant au crible la stratégie de la terreur mise en place par l’Etat islamique, il estime que l’organisation tente de « sidérer » l’Occident, « c’est à dire à suspendre notre pensée, que nous ne raisonnions plus, que nous soyons prisonniers d’émotions légitimes et que du coup ils nous amènent là où ils veulent. Et jusqu’à présent, ils ont toujours eu deux ou trois coups d’avance« .
– Quelle réponse doivent apporter l’Occident et les pays mobilisés contre le terrorisme ?
« Il serait temps qu’une coalition se constitue, qu’au cours de la journée de lundi à Paris se dégage une véritable stratégie à long terme qui implique certes le militaire mais aussi l’humanitaire, le culturel, le diplomatique pour une réponse globale à une menace globale« , appelle Jean-Pierre Filiu. Le chef de l’Etat islamique, Abou Bakr al-Baghdadi, « vise une stratégie complexe et c’est pourquoi, il faudrait que face à lui, les Etats aient une stratégie complexe, qui ne soit pas que militaire« , ajoute-t-il.
Pour cela, insiste l’historien, il est capital que des pays arabes, et tout particulièrement l’Arabie Saoudite, prennent part à la coalition : « trop longtemps on a voulu faire de la lutte contre le terrorisme moyen-oriental une affaire d’Occidentaux. Cette organisation, qui porte improprement le nom d’Etat islamique, tue surtout des musulmans dans des pays musulmans. Donc il est essentiel que ce qui est une menace pour l’ensemble de la communauté internationale ne soit pas l’apanage des seuls Occidentaux et je regrette très vivement que les Russes n’aient pas encore compris qu’il était de leur intérêt immédiat de se joindre à cette coalition car le djihadisme peut les frapper, comme il peut frapper l’Europe« .
– Que risque-t-on ?
« Je suis désolé de jouer les prophètes de malheur« , prévient Jean-Pierre Filiu, mais « il faut savoir que si l’organisation terroriste en question n’est pas neutralisée dans les meilleurs délais avec force et détermination, elle fera des attentats en Europe, qu’elle présentera comme des représailles aux bombardements en Irak et éventuellement en Syrie. Il ne faut pas renverser la charge de la preuve entre les terroristes et nous« . Et pour lui, l’intervention est nécessaire : « l’organisation a déjà programmé des attentats en Europe et c’est pour éviter que ces attentats ne soient pas trop sanglants et trop importants qu’il faut intervenir. Et ne pas intervenir ne nous protégerait d’aucun attentat en Europe« .
A ECOUTER :
Bonjour Serge,
RIEN, JAMAIS RIEN n’excuse le fait raciste quel qu’il soit, d’où qu’il vienne, dis-tu.
Bien sûr Serge.
Mais les complices et donc aussi responsables sont la presse et les politiques qui laissent parler un Netanyahu à la tête d’une état qui pratique un racisme systématique et odieux.
Laisser parler ce type qui profère des mensonges avec son arrogance habituelle, c’est ça qui aujourd’hui est aussi odieux; laisser parler ce type qui hier encore niait l’assassinat de deux jeunes Palestiniens sans rectifier la vérité, ça c’est odieux.
Benjamin Netanayhu. « On continue d’entendre des calomnies et des mensonges contre l’Etat d’Israël sur le sol européen alors même que les crimes contre l’humanité et les actes meurtriers commis dans notre région sont systématiquement ignorés », a accusé M. Netanyahu dans un communiqué. « Notre réponse à cette hypocrisie est de toujours établir la vérité et poursuivre une lutte sans répit contre le terrorisme », a ajouté le Premier ministre….
De quelles calomnies parlez-vous, Monsieur Netanyahu?
Colonisation: calomnies? Mais alors vous mentez lorsque vous dites: “pas question d’arrêter…”
Vol de l’eau: calomnies?
Les jeunes tués en pleine rue: calomnies?
Emprisonnements administratifs: calomnies?
Arrestations enfants la nuit: calomnies?
Destruction patrimoine, notamment religieux: calomnies?
Etc etc etc
De quels crimes contre l’humanité qui auraient eu lieu récemment en Israël parlez-vous, Monsieur Netanyahu?
A Bruxelles, a eu lieu hier une grande fête pour l’année de la Palestine, humaine, totalement pacifique, sans le moindre accent raciste pour la défense des droits et de la justice du peuple Palestinien.
Et pour nous, cette fusillade abjecte est triste à en mourir.
Le ou les criminels sont porteurs de haine comme tous les complices, dont une certaine Presse .
S’il n’y avait pas toutes les entraves à l’application du Droit international (veto USA à l’ONU, lâcheté de l’Europe, lâcheté de la Presse “officielle” audiovisuelle et écrite), il y a longtemps que les Palestiniens auraient un état indépendant. Aujourd’hui, un rêve devenu impossible sur le terrain….
Merci pour ton message,
MP
Il y a un an, presque jour pour jour, le Mali était considéré comme un parangon de stabilité en Afrique et, aux yeux des Occidentaux, presque comme un État modèle. Le président Amadou Toumani Touré (surnommé ATT), ancien soldat reconverti en défenseur de la démocratie, s’apprêtait à passer la main après deux mandats où il avait été élu à la régulière ; l’économie, même frappée par la crise des matières premières, se diversifiait, s’ouvrant notamment vers la Chine et les États-Unis.
Et puis soudain, le 17 janvier 2012, tout a basculé, avec des attaques, dans le nord du pays, de groupes rebelles touaregs qui mettent l’armée nationale en déroute. Un an plus tard, le Mali n’existe quasiment plus en tant que tel : partitionné territorialement, divisé politiquement, figé militairement et partiellement dépossédé de sa souveraineté par les États voisins et occidentaux, dont la France, qui intervient désormais militairement sur place. Il est devenu, dans le jargon diplomatico-universitaire anglo-saxon, un « failed state », un État en faillite. Comment en est-on arrivé là ?