Sousse, le plus difficile: dépasser le dégoût et l’abattement


Baudouin Loos
Mis en ligne vendredi 26 juin 2015, 21h48

L’attentat de Sousse, en Tunisie, a fait 37 morts ce vendredi. Dans la rue, la colère gronde.

Comment ne pas être envahi, submergé, par un puissant sentiment de dégoût mêlé d’abattement ? Ces tueries qui s’accumulent. Au nom, soi-disant, d’une religion, cet islam qui a bon dos…

Il n’y a plus de lieu sûr. Cela s’est passé hier à Sousse, à Koweït-City et près de Lyon, mais cela pourrait être demain – à nouveau – à Bruxelles, à Miami, à Bangkok ou ailleurs. A la veille des vacances pour la majorité des gens. Dégoût et abattement, oui.

Pour la Tunisie, c’est une catastrophe d’ampleur nationale. « Si tu ne viens plus, les terroristes ont gagné », nous disait au téléphone un ami qui habite Sousse où il est né. Il a raison. En même temps, ceux qui ont annulé, qui annulent et qui vont annuler leurs réservations ont de bonnes raisons aussi, hélas !

Les nombreux appels à la solidarité façon « Je vais en Tunisie » qui avaient fleuri sur les réseaux sociaux après l’attentat déjà sanglant du Musée du Bardo à Tunis le 18 mars dernier vont-ils résister à ce nouvel assaut fanatique ? On peut en douter.

Un tweet relevé par notre confrère français Pierre Haski, du site Rue89, en dit long.« Après 4 ans de sacrifices et d’énergie dépensée, le terrorisme va réussir à nous ramener au régime policier  », lâchait Farah Hached, présidente du Labo démocratique, une ONG tunisienne. Oui, car la Tunisie, quatre ans après sa révolution et toutes les autres de ce qu’on osa appeler « les printemps arabes », restait seule au firmament des réussites potentielles. Grâce à la vigueur d’une société civile tunisienne mature, décidée et combative.

Il n’existe pas de recette toute faite pour vaincre l’extrémisme religieux. Ni dans le monde musulman ni chez nous. Mais les autorités tunisiennes, par laxisme sinon parfois par complaisance, n’ont pas pris la mesure du danger après la révolution. Les signes n’ont cependant pas manqué. Attentats sanglants contre policiers et soldats perpétrés par des terroristes passés dans le maquis, nombre record de jeunes perdus dans les chimères djihadistes en Syrie : des marqueurs clairs qui auraient dû secouer les décideurs…

Les marges de manœuvre, certes, semblent étriquées. Transition démocratique et préservation des droits et libertés de chacun riment mal avec discriminations régionales et injustices sociales.

Plus globalement, convoquer l’amalgame et le manichéisme sont autant de postures funestes et erronées que les terroristes espèrent imposer par l’effroi. Toutes leurs cibles, à Tunis, Bruxelles et partout ailleurs, sont prévenues.

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