“On cherchait quelqu’un à tuer”: des soldats israéliens rompent le silence


16/06/2014 |

Un soldat israélien à Hébron, le 15 juin 2014 (Reuters/Ammar Awad)
Un soldat israélien à Hébron, le 15 juin 2014 (Reuters/Ammar Awad)

Fait rare, d’ex-militaires de l’armée israélienne, Tsahal, ont raconté leur quotidien dans les territoires occupés palestiniens. Le “Guardian” publie des extraits de ces témoignages de première main.
Qui de mieux placé, pour raconter l’occupation en Palestine, que ceux qui l’exercent au jour le jour ? Le 6 juin dernier, plus de 300 intervenants se sont réunis à Tel-Aviv. Ils ont lu, à voix haute, dix heures de témoignages d’anciens militaires en poste dans les territoires palestiniens, dont certains ont été retranscrits par le Guardian.

Provoquer et humilier

Dans les territoires occupés, où le quotidien des militaires israéliens est fait d’ennui, de fatigue et d’exaspération, les humiliations envers les Palestiniens sont la routine. Tal Wasser, une ex-soldate, se souvient de journées sans fin passées à surveiller un barrage… et des collègues qui, à bout de nerfs, se défoulent parfois sur le “premier Palestinien venu” :

“Si un Palestinien agaçait un soldat, il était enfermé dans une toute petite cellule, raconte-t-elle. Avec toute la pression et le stress du barrage, il était souvent oublié là.”

Ce genre de récit est loin d’être anecdotique. Entre 2006 et 2009, Gil Hillel était en poste à Hébron, ville de Cisjordanie au sud de Jérusalem. Elle garde un souvenir amer de sa première patrouille :

“L’un de mes chefs, le plus expérimenté, a saisi un vieillard palestinien, se souvient-elle. Il l’a entraîné dans une rue, puis l’a roué de coups.”

Face à la scène, Gil est la seule à protester. Son supérieur lui enjoint de se taire. Comme elle insiste, il finit par lâcher, laconique : “C’est lui ou moi“.

Mises l’une à la suite de l’autre, ces chroniques individuelles dressent le portrait d’un Tsahal paranoïaque, qui voit en n’importe quel Palestinien un terroriste en sommeil, refuse de se mêler à l’”ennemi” aux files d’attente des checkpoints, et rase ses maisons, pour le symbole…

Obligation de “rendement”

Certains militaires dénoncent une obligation de rendement, une “prime au résultat” qui les incite à créer le danger de toutes pièces. Ils mentionnent des opérations spéciales, dénommées “Provocation et réaction“, dont le but est d’attiser artificiellement le conflit. C’est ce que rapporte un ancien soldat de la région de Naplouse, la plus grande ville des territoires palestiniens occupés :

“Provocation et réaction”, dit-il “c’est pénétrer un village, faire beaucoup de bruit, attendre qu’on te jette des pierres. Et là, tu les arrêtes, et tu dis : “Ils nous ont jeté des pierres”.

Le sergent Avner Gvaryahu a aussi exercé à Naplouse, entre 2004 et 2007. Il raconte que dans la brigade anti-tanks, son corps d’élite, les soldats étaient classés selon leur “tableau de chasse”.

“J’ai fini par réaliser que si l’un de nous voulait réussir, il fallait lui ramener des morts” [Le message, c’était :] “Vous êtes l’élite, l’armée a investi en vous, maintenant, ramenez-moi des terroristes morts.”

Un ex-sniper de la ville de Jénine raconte avoir tiré sur un Palestinien visiblement inoffensif, sur les ordres d’un supérieur. Dans le rapport des militaires, l’homme devient “un éclaireur”, qui “passait des informations” aux terroristes.

L’autre visage de l’occupation

C’est l’ONG, “Breaking the Silence” (“rompre le silence”), créée par d’ex-soldats israéliens, qui a initié ce projet de lecture publique. Depuis dix ans, elle sillonne l’Etat hébreu pour rencontrer d’ancien militaires et compiler leurs récits. Une opération sur le long terme (elle a déjà donné lieu, notamment, à un livre), qui se positionne clairement contre l’occupation des territoires palestiniens, et représente donc une frange bien circonscrite de l’opinion israélienne.

Son objectif : obtenir une radiographie de l’occupation de la Palestine par ceux qui la vivent au plus près, à hauteur d’homme et loin du discours officiel. C’est ce qu’explique au Guardian Yehuda Shaul, cofondateur de l’ONG et lui-même ex-soldat.

“En lisant pendant dix heures d’affilée, on voulait montrer que les faits décrits par les témoignages que nous avons collectés ne sont pas exceptionnels ; ils sont même plutôt ordinaires.”

Yehuda Shaul insiste : il ne s’agit surtout pas de juger et condamner les soldats à titre individuel. “Breaking The Silence” veut inciter la société israélienne à porter un regard critique sur son armée et sur les actes commis “au nom de la sécurité d’Israël“. Une problématique plus actuelle que jamais : le même jour, le gouvernement israélien annonçait au monde entier une relance massive de la colonisation.
par Laura Aronica

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Bachar, un moindre mal, vraiment?


Publié le 17 juin 2014 par Baudouin Loos

 

Les exactions des djihadistes en Syrie et en Irak soulèvent le cœur. D’aucuns en déduisent que le régime de Bachar el-Assad, tout compte fait, incarne la moins mauvaise solution dans un conflit inextricable devenu transfrontalier sinon, à terme, mondial. Sauf que les apparences sont parfois trompeuses…
Et si l’on s’était trompé? Oui, au vu du développement des événements en Syrie et maintenant en Irak, ne faut-il pas battre sa coulpe et avouer une grave erreur de jugement? Plus précisément énoncé, le régime de Bachar el-Assad, malgré ses turpitudes, son mépris pour les droits de l’homme, ne constitue-t-il pas en fin de compte un moindre mal par rapport à l’alternative qui se profile dont ces «barbares» de l’Etat islamique d’Irak et du Levant (EIIL) donnent tous les jours une hideuse image?
Voilà une interrogation qui se répandrait ces derniers temps au sein des chancelleries occidentales. Sans réponses claires pour le moment, il est vrai. Les massacres dont l’EIIL se serait rendu coupable en Irak du côté de Tikrit il y a quelques jours, ses méthodes brutales pour appliquer la charia dans les zones qu’il contrôle en Syrie (crucifixions, décapitations, etc.) font en effet froid dans le dos, pour rester dans l’euphémisme.
Bachar el-Assad lui-même s’est récemment réjoui de l’évolution des analyses en Occident, à lire ses propos reproduits le 11 juin par le quotidien libanais Al Akhbar proche de son régime. «Les Etats-Unis et l’Occident commencent à envoyer des signaux de changement. Le terrorisme est désormais sur leur sol. Vous avez un Américain qui s’est fait exploser sur le territoire syrien et un Français d’origine maghrébine qui a tué des juifs à Bruxelles. (…) Des responsables américains actuels et anciens essaient d’entrer en contact avec nous, mais ils n’osent pas en raison des puissants lobbies qui font pression sur eux».
Dans un article publié sur le site Orientxxi.info, l’ancien diplomate néerlandais arabisant Nikolaos Van Dam admet que «plus le temps passe, plus les factions radicales islamistes se renforcent et plus le régime de Bachar el-Assad apparaît dans l’immédiat comme un moindre mal». Il y fait aussi un autre constat: «Dans la conviction que l’opposition serait préférable à Assad, il a été également négligé que ce dernier est soutenu par une partie non négligeable de la population syrienne. Peut-être 30%, dont une partie des minorités (alaouites, chrétiens, Druzes). Ce soutien ne doit pas être interprété comme une réelle sympathie pour le régime, mais plutôt comme le sentiment qu’un nouveau régime pourrait être encore pire».
L’autoflagellation ainsi pratiquée pour la plus grande joie de Bachar et ses disciples n’est pas partagée par tout le monde, loin de là. Et des experts se sont mis en devoir de contester les arguments avancés par les partisans d’une révision des analyses dénigrant le régime syrien.
Ainsi en est-il par exemple du Belge Thomas Pierret, chercheur associé à l’Institut Medea, maître de conférence à l’Université d’Edimbourg qui a vécu des années à Damas. «Une réconciliation avec Assad serait immorale parce qu’elle reviendrait à récompenser l’une des pires campagnes de meurtre de masse de l’après-Guerre froide, écrit-il sur le site Medea.be. Si l’opposition a elle aussi commis des crimes, ces derniers ne se prêtent à aucune comparaison avec ceux du régime en termes de responsabilité politique et surtout d’ordre de grandeur.»
Il n’est bien sûr pas question d’exonérer un groupe comme l’EIIL de la responsabilité de ses crimes immondes perpétrés au nom d’Allah en Syrie comme en Irak (même si l’authenticité des documents photographiques qui «vantent» ses massacres du côté de Tikrit n’a pas encore été validée). Les méthodes de l’EIIL sont avérées. Mais comment ne pas observer que, étrangement, elles font le jeu de Bachar el-Assad?
«Durant de longs mois, écrit Pierre Coopman sur son blog sur le site de la Revue nouvelle, les autorités à Damas n’ont pas cherché à inquiéter l’EIIL alors qu’elles continuaient à s’affronter aux groupes directement issus de l’opposition syrienne. Au regard de ce qui se passe à la mi-juin 2014 en Irak, on est même en droit d’avancer que l’EIIL a trouvé un sanctuaire en Syrie grâce à une certaine complaisance de la part de Damas.»
Cette complaisance pouvait même être comparée à de la complicité. Ce n’est que depuis ce 15 juin que des bombardements de l’aviation militaire syrienne contre les repaires de l’EIIL à Raqqa, ville de l’est syrien contrôlée par les djihadistes depuis 2012, ont été signalés. Comme si les Iraniens, inquiets des succès impressionnants de l’EIIL en Irak qui menacent le pouvoir chiite à Bagdad, s’étaient enfin décidés à exiger de leur allié syrien qu’il cesse d’épargner l’EIIL.
Car, comme poursuivait Thomas Pierret dans l’analyse susmentionnée, «la réalité est qu’Assad a besoin des jihadistes pour survivre: sans eux, il ne serait pas perçu comme un partenaire potentiel des démocraties occidentales mais, de manière unanime, comme l’un des grands criminels de ce siècle; la simple présence de groupes rebelles radicaux dissuade les Occidentaux d’appuyer l’opposition de manière plus vigoureuse; les groupes extrémistes comme l’EIIL ne reçoivent pas de soutien étatique (ils dénoncent ouvertement les monarques du Golfe comme des apostats) et n’obtiendront donc jamais les armes sophistiquées nécessaires pour vaincre le régime; ces mêmes extrémistes déploient davantage d’énergie au combat contre les autres rebelles qu’à la lutte contre le régime, un curieux sens des priorités qui a alimenté les rumeurs de manipulation de ces éléments par les services d’Assad». CQFD.

Bachar, l’homme qui affame les villes qu’il assiège, l’homme qui bombarde les civils avec des tonneaux bourrés de TNT, l’homme qui a attaqué 150 fois des structures médicales et tués 468 médecins et infirmiers en trois ans, l’homme dont le régime est fondé depuis plus de quarante ans sur la torture généralisée, cet homme-là ne peut être celui qui débarrassera la région des extrémistes sunnites qu’il a d’ailleurs lui-même contribué à créer.
Après l’invasion américaine de l’Irak en 2003, c’est lui qui permit aux djihadistes sans frontières de passer par chez lui pour harceler les Américains. «C’est Assad qui a créé l’EIIL, va même jusqu’à dire Koert Debeuf, longtemps représentant des libéraux européens au Caire. Il est bien connu que c’était Assad qui a entraîné dans des camps pas loin de Damas des centaines de djihadistes irakiens en 2003 pour combattre les Américains en Iraq. Ainsi il a aidé à créer cette milice».

Et, dès mars 2011, il se disait attaqué par des djihadistes – qui n’arrivèrent que de longs mois plus tard – car il connaissait déjà le scénario pour l’avoir concocté. La communautarisation du conflit l’assurait du soutien iranien (et donc du Hezbollah) dont il savait avoir cruellement besoin.

Le politologue français spécialiste de l’islamisme François Burgat va plus loin dans l’analyse. «Plutôt que de lire la poussée djihadiste seulement comme une poussée “anti-occidentale” ou “anti-chiite”, estime-t-il, il faut d’abord prendre le temps de la considérer comme une poussée “pro-sunnite”. Une poussée certes radicale et sectaire et à ce titre hautement condamnable mais qui signale néanmoins des déséquilibres politiques bien réels, en Syrie et également en Irak. Le régime de Bachar el-Assad ne peut pas être un élément de régulation de la poussée djihadiste parce que, en tant que régime particulièrement autoritaire d’abord, en tant que régime très largement sectaire ensuite, il est doublement partie prenante au processus de radicalisation de pans entiers de la communauté sunnite qui est au coeur de la poussée djihadiste.»
Que faut-il faire, alors? Il n’y a plus de bonne solution depuis longtemps, encore moins de choix simple. Jean-Pierre Filiu, chercheur français, le souligne sur le site Rue89 dans un article sur l’Irak: «Il convient d’agir sans tarder sur le terrain en Syrie même, car c’est là, et seulement là, qu’une force largement sunnite a pu s’opposer à l’EIIL et refouler ses commandos: il s’agit de la coalition révolutionnaire qui a déclenché en janvier dernier sa «deuxième révolution» contre Al-Qaïda et est parvenue à expulser les djihadistes hors des zones «libérées» des provinces d’Alep et d’Idlib».
Aider les «bons» rebelles, fussent-ils islamistes mais pas djihadistes? «Les seuls qui combattent l’EIIL sont les rebelles modérés», rappelle Koert Debeuf. Pas simple, en effet. Mais existe-t-il un autre choix sensé?
BAUDOUIN LOOS

Une version plus courte de cet article a été publiée dans Le Soir du 18 juin 2014.

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Paolo Dall’Oglio


paolo

 

« On ne veut pas de la Syrie comme champ de bataille pour des conflits régionaux.

On voudrait plutôt qu’ils trouvent en Syrie leur solution.

Nous n’acceptons pas que la Syrie soit le lieu de la guerre entre sunnites et chiites. Nous refusons cela. On doit travailler pour que la Syrie soit le lieu de la réconciliation. Un lieu de neutralité, où tout le monde est vraiment chez soi, comme cela l’a été depuis toujours.

Et que les chrétiens de Syrie puissent vivre dans leur pays, qui est leur pays depuis 2000 ans, en paix avec les musulmans, leurs frères et leurs voisins, de toutes confessions. Et que cette Syrie-là soit un bien, un trésor, une perle pour le monde. Une Syrie comme ça est pour tout le monde. Mais alors que tout le monde soit pour une Syrie pareille. Une Syrie pour tout le monde. Tout le monde pour la Syrie. » (Paolo Dall’Oglio, Montréal, 25 juillet 2012)

Les Israéliens peuvent essayer, mais ils ne peuvent ignorer l’occupation


La seule voie encore ouverte aux Palestiniens pour rappeler leur existence et leur situation déplorable aux Israéliens est la voie de la lutte par la violence.


Arrestation d’un Palestinien à Hébron. (Photo : AP)

L’enlèvement de trois étudiants en judaïsme en Cisjordanie jeudi dernier a été commandité à l’avance – par Israël. Au moment où j’écris ces lignes – samedi – leur sort était inconnu et l’inquiétude à propos de leur état évinçait toutes les autres questions concernant leur disparition. Mais qu’importe ce qu’il adviendra pour finir, qu’ils retournent chez eux sains et sauf ou pas, que Dieu les garde, où qu’il s’avère que le parti responsable est celui du djihad mondial ou un parti du genre local, le contexte de l’action, lui, ne peut être ignoré.

Il est possible que l’opération ait pris par surprise les services si sophistiqués de l’espionnage israéliens, mais la chose ne pouvait être une surprise pour personne, en fait.

Les gens qui refusent opiniâtrement de relâcher des prisonniers palestiniens, dont certains sont emprisonnés depuis des décennies – même avant la signature des accords d’Oslo en 1993 – et d’autres attendent toujours qu‘Israël respecte sa promesse de la relâcher ; les gens qui gardent en prison des détenus sans jugement des années durant ; les gens qui ignorent la grève de la faim de 125 détenus « administratifs », dont certains sont en train de mourir dans des hôpitaux ; les gens qui ont l’intention de les nourrir de force et les gens qui ont prévu de faire passer des lois radicales interdisant leur libération – tous ces gens ne peuvent prétendre avoir été surpris ou choqués par les enlèvements. Ce sont eux qui les ont préparés à l’avance.

Depuis des années, Israël, qui se dit tellement soucieux du bien-être de chacun de ses citoyens, ignore avec arrogance l’inquiétude des Palestiniens à propos du bien-être de leurs prisonniers.

Israël détient le copyright du souci de son peuple, et il l’a aussi pour le culte des héros de sa lutte nationale. Meir Har-Zion [l’un des membres fondateurs deUnit 101 qui, en 1953, avait mené un raid de représailles contre une tribu bédouine après que sa sœur et d’autres avaient été tués alors qu’ils étaient en route illégalement pour Petra] fut un héros national ; Ahmad Sa’adat [le secrétaire général du Front populaire de libération de la Palestine] est lui un tueur au sens le plus commun.

Gilad Shalit nous appartenait à tous, mais le sort de Walid Daka, qui est emprisonné en Israël depuis plus de 30 ans, pour avoir fait partie d’une cellule de militants qui avait tué un soldat israélien – sans le moindre congé ni visite conjugale – ne suscite aucun intérêt chez qui que ce soit ici.

Personne ici ne se soucie des milliers de prisonniers palestiniens. La semaine dernière, les Israéliens étaient bien plus intéressés par la femme de charge deMeir Sheetrit que par les 125 grévistes de la faim qui sont en train de mourir lentement depuis 53 jours.

Parmi les milliers de prisonniers palestiniens, certains sont des criminels de droits commun, mais nombreux aussi sont des prisonniers politiques – et tous sont considérés comme des héros de la lutte nationale palestinienne. C’est la même chose dans toute lutte nationale. Derrière eux se trouve toute une société qui n’est pas moins inquiète de leur sort que les Israéliens ne le sont de leurs êtres chers.

En tuant le processus de paix, Israël ferme les portes de ses prisons et le message israélien aux Palestiniens était tranchant comme un raison : La seule façon de libérer vos fils passera par une opération violente. Jeudi soir, les conclusions étaient tirées. Mais le contexte des enlèvements va bien au-delà des libérations de prisonniers.

Le rideau est tombé sur le processus de paix, aussi stérile que ce processus soit resté et, avec lui, le dernier espoir palestinien d’une libération nationale via des négociations. La vie en Israël et dans les colonies de Cisjordanie a repris son cours , c’est une vie de liberté et d’accomplissement, une vie de reality show et de cirque que l’occupation ne touche absolument pas.

On ne peut dire la même chose des Palestiniens : Ils n’ont rien de tout cela et, pour eux, tout retard dans une solution au conflit accroît leurs souffrances, leurs humiliations et leurs tribulations.

Tous ceux qui croyaient que les Palestiniens allaient s’asseoir tranquillement en attendant qu’Israël daigne changer de ton ou de gouvernement se faisaient des illusions. Tous ceux qui croyaient que les colons allaient continuer à vivre en sécurité dans les territoires ont subi une lourde déception : Les enlèvements de jeudi étaient tout simplement un appel au réveil, un avant-goût de ce qui pourrait suivre.

La seule voie qui s’ouvre encore aux Palestiniens pour rappeler leur existence et leur situation critique aux Israéliens est la voie de la lutte par la violence. Toutes les autres voies ont été bloquées. Si la bande de Gaza ne lance pas des roquettes Qassam sur Israël, la bande de Gaza n’existe pas. Et si, enCisjordanie, on n’enlève pas des étudiants de yeshiva, la Cisjordanie disparaît de la conscience d‘Israël.

Enlèvements ou meurtres visent à entamer l’intolérable complaisance d’Israël, et, en tant que tels, ils ne devraient surprendre personne. Ces quelques derniers mois, cette complaisance a atteint de nouvelles hauteurs inconcevables.

Considérez simplement l’absurdité qui a attiré l’attention d‘Israël. Le rappel terrifiant qui est tombé sur nos têtes n’est que la bande annonce de ce à quoi nous pourrions nous attendre si nous continuons à vivre entre le coffre-fort de Benjamin Ben-Eliezer et le baiser d’Ahi et Anna dans la version israélienne de « Big Brother ».

Telle est la nature embarrassante de l’occupation. Elle nous poursuivra, même si nous enfonçons nos têtes encore plus profondément

Publié sur Haaretz le 15 juin 2014. Traduction : JM Flémal.

source

Gideon Levy est journaliste au quoitidien israélien Haaretz.

Il a publié : Gaza, articles pour Haaretz, 2006-2009La Fabrique, 2009

Autres articles de Gideon Levy sur ce site :

L’armée israélienne tue deux civils et un membre d’un groupe armé dans le camp de Jénine

L’armée la plus morale du monde

L’accord de paix de John Kerry au Moyen-Orient est un désastre

Qui a peur d’un État binational ?

Pour avoir réagi contre le harcèlement sexuel, une Palestinienne se retrouve en prison

L’hypocrisie consistant à ne boycotter que les colonies

Lettre d’un fantôme

A propos de la campagne de haine contre Amira Hass

Huit cent mille

Le racisme du nationalisme de gauche

L’heure des fauteurs de guerre

Panique en plein ciel

Loi anti-boycott : jusqu’ici elle cause surtout des ralliement (implicites) à BDS

« Goldstone a ouvert la voie à une nouvelle guerre à Gaza »

Uriel Ferera, refuznik israélien, emprisonné pour la 3ème fois


mardi 17 juin 2014

Parce qu’il refuse de servir dans l’armée d’occupation israélienne, Uriel Ferera vient d’être incarcéré une troisième fois en Israël, Etat démocratique qui ne reconnait pas l’objection de conscience.

Nous apportons tout notre soutien à Uriel Ferera, 18 ans, habitant de Be’er Sheva, qui a le courage de refuser d’aller persécuter un peuple qui ne demande qu’à vivre en paix sur sa terre.

Nous relayons la pétition lancée par les amis israéliens de New Profile pour sa libération et vous demandons de faire circuler cette information aussi largement que possible :

http://chn.ge/1olJecn

Rappelons qu’Uriel a clairement exprimé son opposition à l’occupation israélienne, ainsi qu’à la discrimination contre les citoyens israéliens d’origine palestinienne en Israël même.

Uriel, qui en est à sa troisième peine de 20 jours, s’est vu refuser, lors de son premier emprisonnement, tout appel téléphonique, y compris de son avocat, et toute lettre de soutien qui lui était adressée.

New Profile souligne que non seulement Israël viole le droit international et les droits de l’homme en emprisonnant des objecteurs de conscience, mais qu’en plus, condamner plusieurs fois de suite une personne pour la même chose a été qualifié de « détention arbitraire » par le groupe de travail des Nations Unies sur ce sujet.

Merci écrire à Uriel à l’adresse de New Profile : messages2prison@newprofile.org

Plus d’infos sur :

Pour rappel, un autre refuznik Omar Sa’ad , également emprisonné pour avoir fait état de son refus de servir dans l’armée d’occupation israélienne, a été hospitalisé en raison d’une grave infection hépatique.

CAPJPO-EuroPalestine

 

Pour compléter la propagande pro- israélienne


RB écrit:
Dans le JT de ce dimanche soir, la RTBF a largement fait écho à l’enlèvement de trois jeunes colons en Cisjordanie occupée…. Mais, sauf erreur, pas un mot sur les assassinats journaliers… Dont celui de cet enfant palestinien à Gaza ce samedi 14 juin 2014
Bravo à la déontologie!
… Mais ces Palestiniens ne sont que des arabes sémites méprisables n’est-ce pas?

Une certaine colère et un certain dégout vous monte comme une nausée, certains soirs!

Un enfant palestinien de 7 ans a trouvé la mort ce samedi 14 juin 2014 dans la bande de Gaza suite à un bombardement israélien.
Il s’agit de l’enfant Ali Arour, originaire de Beit Lahya au nord de la bande de Gaza.
L’armée de l’occupation israélienne a mené trois raids ce samedi au nord et au sud de la bande de Gaza.
L’escalade militaire israélienne touche nos enfants et nos civils
Le gouvernement israélien veut exporter ses problèmes internes en attaquant la bande de Gaza, une région sous blocus israélien inhumain depuis plus de sept ans.
Ce gouvernement d’extrême droite poursuit ses attaques contre les civils palestiniens.
Devant le silence complice de cette communauté internationale officielle
Et devant l’absence des médias qui occultent cette réalité
Combien de martyrs palestiniens faudra-t-il pour que bouge ce monde dit libre ?
La situation est de plus en plus difficile pour notre population civile dans cette région sous blocus : attaques, agressions et bombardements israéliens
Gaza la vie défie l’occupation !
Gaza sous blocus patiente !
Gaza la dignité persiste !
Gaza sous les bombes résiste !
Gaza l’espoir existe !
Gaza la lumière vit !
Gaza la dignité est plus que jamais déterminée !
Et Gaza la vie garde espoir !

source : via courriel

Syrie : Conférence de Ziad Majed


ce jeudi 19 juin
à 19:00 – 21:00
EED – Avenue des Gaulois, 29 – 1040 Bruxelles

Ziad Majed, politologue libanais, viendra nous présenter son livre « Syrie, la révolution orpheline ». Il sera interviewé par Baudouin Loos, journaliste au Soir.

La conférence sera suivie d’une séance de dédicaces.

« Trois ans après le début des manifestations populaires contre le régime de Bachar al-Assad (15 mars 2011), cet ouvrage tente de répondre aux questions qu’on se pose généralement sur les raisons profondes du soulèvement, sur son contexte régional et international, sur les conditions dans lesquelles il s’est militarisé, sur l’intrusion des djihadistes en Syrie et leurs agissements sur le terrain, sur l’attitude des minorités ethniques et religieuses… L’auteur explique pourquoi les Russes et les Iraniens ont volé au secours du régime, et comment ils ont effectivement consolidé ses positions militaires et diplomatiques, alors que ceux qui se présentaient comme les “amis de la Syrie”, notamment les États-Unis, n’ont cessé de tergiverser, même après l’usage avéré des armes chimiques pour soumettre les zones qui avaient échappé au contrôle de l’armée. Il évoque avec enthousiasme la créativité littéraire et artistique des jeunes révolutionnaires qui s’expriment à travers les réseaux sociaux, et il réfute les arguments des partisans du régime, allant de l’extrême droite à l’extrême gauche, qui décrivent celui-ci comme progressiste, anti-impérialiste et laïc. »

Une organisation de ActionSyrie, avec le soutien de European Endowment for Democracy.

Damas remercie les jihadistes


Territoires contrôlés en Syrie et en Irak par l'État islamique en Irak et au Levant (à la mi-juin 2014).

Pierre Coopman

Le 16 juin 2014

A l’heure de terminer cet article sur la Syrie pour la Revue nouvelle, le 16 juin 2014, les jihadistes de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) sont à moins de 150 kilomètres de Bagdad. Ils contrôlent un territoire s’étendant au moins sur le tiers de la Syrie et de l’Irak réunis (voir carte ci-contre).  L’EIIL mène des exécutions sommaires de masse de soldats irakiens chiites. L’horreur est absolue. Une question se pose : les opinions que je défends à propos de la Syrie dans les lignes qui suivent sont-elles mises à mal par cette percée criminelle et fulgurante de l’EIIL en Irak ? La réponse est négative.

Si le pouvoir irakien réussit à obtenir une intervention occidentale pour contenir l’EIIL (les USA hésitent à s’impliquer au moment de clôturer cet article), alors que les Syriens ne l’ont pas obtenue après des bombardements aux barils, des villes entières rasées et au moins une attaque au gaz sarin (le 21 août 2013), l’analyse correcte des événements imposera d’identifier l’EIIL comme un allié temporaire de Damas : le monstre utile qui permettra à Bachar Al-Assad de faire oublier ses crimes passés et actuels et de commettre ses prochaines exactions impunément. Les fondements théoriques  du baathisme, l’idéologie sur laquelle s’appuie le régime Assad en Syrie, créent les conditions de la violence, du déluge et de la barbarie comme seules alternatives à son pouvoir.  En condensé : il faut pour la famille alaouite Assad maintenir effectif, par la répression, le risque d’un génocide de la communauté alaouite. Pour cela, il faut constamment attiser les sentiments de vengeance de la population syrienne (majoritairement sunnite), l’inciter au fanatisme. L’extrait vidéo traduit dans la suite de cet article est une illustration flagrante de cette réalité.

Faites place aux barbares

Depuis septembre 2013, j’ai cessé de rédiger des textes à propos de la Syrie. Le dernier article publié sur les blogs de la  Revue nouvelle, concernait la visite d’une eurodéputée socialiste à Damas. Depuis lors, mon silence témoigne d’un découragement. De nombreuses personnes sont scandalisées par les options initiales (dès mars 2011) du régime de Bachar Al-Assad, celles de la répression et de la guerre. Elles ont écrit, milité, agi comme elles le peuvent. Toutes sont démunies face à la sclérose imposée par les Etats dont les choix et les actions devraient théoriquement être décisifs pour tendre vers un cessez le feu, vers des solutions, certes jamais « idéales » : les USA, la Russie, l’Iran, l’Union européenne, les pays du Golfe. Les horreurs et les actes de barbarie s’amplifient, comme dans toute guerre fratricide, la chaîne des responsabilités s’opacifie. Et pour appuyer la descente aux enfers du pays de Cham, la Russie et la Chine ont à nouveau usé de leur droit de véto à l’ONU, en mai 2014, bloquant une résolution visant à transférer le dossier syrien à la Cour pénale internationale.  «Ne vous en mêlez pas, faites place aux barbares», tel est le message qu’ont transmis « les protecteurs de la Syrie » tandis que le président Assad menait campagne afin de remporter haut la main son plébiscite avec le « modeste » score de 88,07% des voix. «Mais, pour les habitants d’Alep – dans le Nord – la seule campagne dont ils sont témoins est menée à force de barils d’explosifs et de bombardements sans discernement», rapportait fin avril Human Rights Watch. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, ces barils ont tué près de 2000 civils ces cinq derniers mois dans la province d’Alep, dont près de 570 enfants et plus de 280 femmes.

J’ai donc cessé d’écrire sur la Syrie, mais j’ai commencé la rédaction du présent article quand j’ai vu une vidéo tournée à Alep en 2014 et publiée par un chaîne Youtube dénommée All Eyes On Syria. Si vous avez cliqué sur le lien, vous aurez sans doute remarqué qu’il n’est plus disponible. Sur un nouveau compte Youtube, All Eyes On Syria explique avoir été l’objet d’unefermeture imposée par les opposants de l’Armée syrienne libre (ASL). La guerre est aussi une question de propagande à travers les médias sociaux et l’ASL n’a sans doute pas apprécié que All Eyes On Syria publie des vidéos relatant les exactions commises par toutes les parties impliquées dans le conflit.

Nous avions traduit la vidéo qui n’est désormais plus visible. Elle est insupportable. On n’y voit pas une boucherie comme dans des centaines d’autres vidéos diffusées sur Youtube. Les images sont floutées sur le charroi qui passe avec des corps qui ont eu le malheur de se trouver sous les barils de TNT largués par les hélicoptères de l’armée syrienne de Bachar Al-Assad. On y entend tout simplement des hommes vociférant, implorant Allah parce qu’il n’y a plus rien d’autre à implorer, éructant entre autres ces phrases trop éloquentes :

 

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Un cavalier ayant gagné une course devant le frère de Assad libéré 21 ans plus tard


Une photo diffusée par l’agence nationale syrienne montrant un détenu récemment libéré accueilli par ses proches devant la prison de Damas. Photo AFP
SYRIE« En Syrie, personne n’a le droit d’être meilleur que les Assad, dans quelque domaine que ce soit ».
OLJ/AFP
15/06/2014
Un ancien cavalier syrien a été libéré au terme de 21 ans d’emprisonnement pour avoir battu lors d’une course équestre le frère, aujourd’hui décédé, du président Bachar el-Assad, a annoncé une ONG dimanche.
Cette libération intervient dans le cadre d’une large amnistie décrétée le 9 juin par M. Assad après sa réélection controversée, et qui a déjà permis la libération de quelque 1.500 prisonniers des geôles syriennes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
« En 1993, Adnan Qassar était un des meilleurs cavaliers de Syrie et du monde arabe. Il a gagné une course équestre contre Bassel el-Assad », frère de Bachar el-Assad, et alors pressenti pour devenir chef de l’Etat, selon le directeur de l’OSDH Rami Abdel Rahmane. « (Adnan) Qassar a été jeté dans la prison de Saydnaya (près de Damas, ndlr), pour son +crime+ », a-t-il expliqué à l’AFP.Le site internet anti-régime Aks Alser a confirmé cette libération, mais a ajouté que M. Qassar avait été « accusé de possession d’explosifs et d’avoir essayé d’assassiner Bassel el-Assad ». Il avait été emprisonné « sans procès », ajoute le site.A la mort de Bassel dans un accident de voiture en 1994, « (Adnan) Qassar a été traîné dans un jardin public, battu, puis à nouveau jeté en prison. Il a fallu 21 ans pour le libérer », a ajouté M. Rahmane.
Le clan des Assad dirige la Syrie d’une main de fer depuis plus de 40 ans.

« (Adnan) Qassar n’est pas un militant politique. Mais en Syrie, personne n’a le droit d’être meilleur que les Assad, dans quelque domaine que ce soit », souligne M. Rahmane.

Si elle est appliquée dans son intégralité, l’amnistie qui a permis la libération du cavalier devrait concerner 100.000 détenus, dont la moitié se trouve aux mains des services de renseignements après avoir été arrêtés dans le cadre de la loi antiterroriste promulguée en juillet 2012.

Le régime qualifie systématiquement les militants anti-régime, armés ou non, de « terroristes » prétendument soutenus par des puissances étrangères.

« Parmi les personnes libérées jusqu’ici, il y a des prisonniers d’opinion, et d’autres qui étaient en prison pour des accusations de crimes », a précisé le directeur de l’OSDH.

Selon les groupes de défense des droits de l’Homme, tortures et mauvais traitements sont systématiques dans les prisons syriennes.

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source

Pour Assad, l’Occident commence à changer de position dans le conflit syrien

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