L’EGYPTE A LA CROISEE DE TOUS LES DANGERS


Baudouin Loos

Petit commentaire sur l’Egypte

Rien ne va plus en Egypte. Un peu moins de deux ans après la révolution qui a chassé le dictateur Hosni Moubarak, le pays connaît à nouveau un climat quasi insurrectionnel. En cause, le comportement controversé du nouveau président, l’islamiste Mohamed Morsi, élu au printemps dernier au terme d’élections démocratiques.

Comportement controversé ? C’est un euphémisme. Lui qui avait d’abord semblé vouloir incarner, comme il le prétendait, le président « de tous les Egyptiens », s’est arrogé par décret, le 22 novembre, les derniers pouvoirs qui lui manquaient (essentiellement le contrôle du judiciaire). Puis, il a appelé la population à se prononcer par référendum dès le 15 décembre sur une nouvelle constitution hâtivement rédigée.


Les troubles qui ont alors éclaté en Egypte ont déjà fait couler le sang. Le discours du « raïs » prononcé jeudi soir était attendu par tout le pays. Las ! les nombreux détracteurs du président ont été déçus : Mohamed Morsi convie bien l’opposition au dialogue, mais il maintient son décret et le référendum. La tension reste donc au zénith et l’Egypte, divisée en deux, retient son souffle.


Pour nombre d’observateurs, tout se passe désormais comme si Morsi agissait surtout en tant que membre des Frères musulmans, les islamistes qui avaient remporté les élections d’avril avant que la Cour constitutionnelle ne les annule.


Habitués, pendant des décennies, à oeuvrer dans l’ombre sinon dans la clandestinité, les frères ont développé une mentalité d’assiégés voire de paranoïaques. Maintenant au faîte du pouvoir, ils tenteraient ainsi d’asseoir leur domination par les faits accomplis décrétés par « leur » homme, Mohamed Morsi.
Le projet de constitution en attesterait, pour d’aucuns. Certes, le président de la république ne cumulerait pas tous les pouvoirs ; certes, les salafistes n’ont pas obtenu l’imposition d’un code moral qu’ils exigeaient ; et certes enfin des atteintes aux droits de l’homme comme le recours à la torture y seraient proscrits.


Mais, en revanche, la protection assurée « à la vraie nature de la famille égyptienne », les procès militaires infligés à des civils qui demeurent possibles et d’autres dispositions en matière de presse, notamment, font craindre le pire quant au respect des libertés.


Si Morsi et son parti n’écoutent pas les protestataires, l’Egypte pourrait à nouveau connaître des heures très sombres.


Baudouin Loos
« Le Soir » du 8 décembre 2012

Au sujet du film merdique et de ses conséquences


Récapitulatif approximatif, suite à une discussion avec un ami
par Tewfik Aclimandos, mardi 18 septembre 2012, 00:42 ·

Je me trompe peut être mais voilà comment je reconstitue la séquence de la semaine dramatique qui s’est écoulée.

1- Il y a quelques mois, une bande de fanatiques coptes vivant aux USA tourne ou participe au tournage d’une sorte de merde qu’ils prennent pour un pamphlet anti Prophète. Personne ne le note, malgré le fait que ces génies postent des extraits de cette « oeuvre » sur youtube.

2- Il y a une semaine, un « entrepreneur religieux » se disant salafiste, une sorte de présentateur télé ou de prédicateur qui s’est spécialisé dans la vitupération anti libérale, anti copte, anti tout, diffuse sur sa chaîne télé les 14 minutes d’extraits de la merde en question.

Première Remarque: on ne me fera pas croire que les personnes impliquées dans un et dans deux ne savaient pas ce qu’elles faisaient. Reste à savoir quels ont été leurs calculs et si elles ont eu des commanditaires.

3- Comme prévu la colère a été immense

4- Les différentes autorités et acteurs coptes vivant en Égypte ont très vite condamné le film.

5- les frères musulmans, les salafistes institutionnels et la jama’a islamiyya ont redouté une sorte de saint Barthélémy anti copte voire pire. Il fallait à tout prix éviter une catastrophe « confessionnelle ».

6- Ils ont décidé de croire ou de faire semblant de croire que les États-Unis étaient « coupables ». Le but de ce message est de ‘dévier » la colère des extrémistes, de la base, de ceux qui voulaient défendre leur religion, pour qu’elle ne s’exprime pas contre les coptes. Les USA étaient un bouc émissaire commode, et on pourrait toujours recoller les morceaux après.

7- Malheureusement cela a dérapé en Égypte et en Libye, avec des conséquences dramatiques dans les deux cas.

Deuxième remarque: reste à savoir si les dérapages sont dus à des mouvements de foule en colère, ou s’ils ont le fait d’acteurs politiques ou terroristes voulant piéger les islamistes et les États-Unis.

8- Qui plus est les Frères ont très mal géré leur communication avec les USA. Mais il faut dire qu’ils avaient à résoudre une quadrature du cercle: comment éviter un désastre confessionnel, sans apparaître tiède dans la défense de la foi, sans aller trop loin dans l’escalade contre les USA.

9- Mais dans l’ensemble, je pense, et mon ami Sherif Younis est d’accord (je lui dois certains points cruciaux dans ce développement), l’attitude du camp islamiste, si on excepte les électrons libres et les salafo/anarchistes, a été la bonne. En tant que citoyen Égyptien et en tant que copte, je leur dis merci.

10- Tous les acteurs islamistes et coptes ont à réfléchir sur les contraintes qu’imposent leurs dispositifs discursifs, idéologiques et organisationnels. Un dérapage de plus, et cette crise prenait des proportions encore plus effrayantes. Cette fois ci, les dynamiques mortifères et belliqueuses ont (pour l’instant) tant bien que mal été contenues. Rien ne dit que ce sera le cas la prochaine fois.

Je le redis en conclusion: merci aux frères, aux salafistes responsables et à la jamaa islamiyya. Prions ensemble pour l’Égypte.

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Egypte : Morsi revendique un rôle central pour son pays dans le monde arabe


mercredi 5 septembre 2012, par La Rédaction

Le président islamiste égyptien Mohamed Morsi a revendiqué mercredi un rôle central pour son pays dans le monde arabe, estimant que l’Egypte avait été longtemps « marginalisée ».

L’Egypte doit « retrouver sa place naturelle dans le monde arabe, pour aider les peuples arabes à se bâtir un avenir brillant », a-t-il affirmé dans un discours.

L’Egypte « a malheureusement été absente des travaux des Arabes pendant un certain temps », a-t-il ajouté en ouvrant une réunion ministérielle de la Ligue arabe au Caire.

« Nous allons sortir de cette marginalisation qui a prévalu au cours des dernières décennies, et revenir au rôle naturel de l’Egypte », a-t-il ajouté, faisant allusion à l’époque de son prédécesseur Hosni Moubarak, président pendant trente ans avant d’être poussé à la démission par une révolte populaire en février 2011.

M. Morsi, issu du mouvement des Frères musulmans, a été élu en juin dernier à la tête du plus peuplé des pays arabes, avec près de 82 millions d’habitants. Il est le premier président du pays à ne pas venir de l’armée.

Le chef de l’Etat égyptien a déjà fait une entrée remarquée sur la scène internationale, avec en particulier la semaine dernière une visite en Chine suivie d’une escale en Iran.

Depuis Téhéran, ferme allié de Damas, il a fait sensation en condamnant sans ménagement le pouvoir « oppressif » en Syrie.

Mercredi, il a renouvelé devant la Ligue arabe son appel au départ du régime du président Bachar al-Assad, et plaidé pour une relance de l’unité arabe.

« Notre capacité en tant qu’Arabes à relever les défis actuels est largement liée à notre capacité à développer la coopération arabe », a-t-il encore déclaré.

« Nous devons être capables de réformer les mécanismes de la coopération arabe de manière à relancer, chez nous tous, l’unité arabe », a-il ajouté devant les ministres des Affaires étrangères des pays membres de la Ligue.

M. Morsi, qui a effectué sa première visite à l’étranger en tant que président en Arabie saoudite en juillet, doit se rendre la semaine prochaine en visite officielle à Bruxelles et à Rome, puis doit aller aux Etats-Unis à partir du 23 septembre.

(05 Septembre 2012 – Avec les agences de presse)

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Non-Alignés: dossier nucléaire et Syrie, trouble-fête du sommet


Le nouveau président islamiste égyptien Mohamed Morsi, pour sa première visite en Iran, a créé un incident en dénonçant "le régime oppressif" devenu "illégitime" en Syrie, ce qui a provoqué le départ de la délégation syrienne.Le nouveau président islamiste égyptien Mohamed Morsi, pour sa première visite en Iran, a créé un incident en dénonçant « le régime oppressif » devenu « illégitime » en Syrie, ce qui a provoqué le départ de la délégation syrienne.

Le sommet des Non-Alignés de Téhéran s’est achevé vendredi soir après deux jours d’échanges parfois conflictuels sur la question nucléaire et la crise syrienne, qui ont éclipsé les efforts iraniens pour obtenir son soutien face aux Occidentaux.

Les représentants des 120 pays membres ont adopté une déclaration finale affirmant notamment le droit de tous les pays à l’énergie nucléaire pacifique, le refus de toutes sanctions unilatérales et menaces militaires contre un pays, le soutien à la création d’un Etat palestinien et la nécessité du désarmement nucléaire, ont indiqué les médias iraniens.

Le texte de cette déclaration n’était pas immédiatement disponible vendredi soir sur le site officiel iranien dédié au sommet.

En pointe sur tous ces sujets, l’Iran qui va assurer la présidence du Mouvement des Non-Alignés pour trois ans n’a pas caché son ambition d’en faire un outil dans sa lutte anti-occidentale.

Bien que seuls une trentaine de chefs d’Etat ou de gouvernement aient fait le déplacement, Téhéran a présenté ce sommet comme une preuve de l’échec des efforts occidentaux pour l’isoler en raison de son programme nucléaire controversé.

Mais le dossier nucléaire a malgré tout perturbé cette grand-messe.

Répondant aux critiques du Guide suprême iranien Ali Khamenei contre la « dictature » du Conseil de sécurité de l’ONU qui a condamné et sanctionné l’Iran à plusieurs reprises, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a fermement demandé à Téhéran de respecter les résolutions du Conseil lui enjoignant notamment de cesser l’enrichissement d’uranium au coeur des inquiétudes internationales.

Faute de quoi une « spirale de violence » pourrait aboutir « rapidement » à un conflit militaire, a averti M. Ban, dénonçant les menaces israéliennes de frapper les sites nucléaires iraniens mais aussi la rhétorique belliqueuse « inacceptable » de l’Iran qui a menacé de détruire l’Etat hébreu s’il était attaqué.

L’avertissement du chef de l’ONU a été renforcé par la publication simultanée jeudi d’un nouveau rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) relevant que l’Iran avait doublé récemment la capacité de son site d’enrichissement nucléaire souterrain de Fordo, le seul considéré comme à l’abri de frappes militaires.

L’agence onusienne a également ravivé les doutes sur les objectifs nucléaires de Téhéran, accusé « d’entraver » ses efforts de vérification en procédant à un « nettoyage » du site militaire de Parchin où elle a décelé des activités suspectes mais n’a toujours pas pu se rendre.

L’ayatollah Khamenei a toutefois réaffirmé que l’Iran ne cherchait pas à se doter de l’arme atomique et ne cèderait rien sur ses « droits » nucléaires.

Le ministre iranien des Affaires étrangères Ali Akbar Salehi a rejeté de son côté vendredi les accusations de l’AIEA, qualifiées de « prétextes » pour justifier les sanctions contre l’Iran.

Les Etats-Unis ont réagi en avertissant à nouveau Téhéran que le temps de la diplomatie pour résoudre le problème nucléaire ne durerait pas « indéfiniment ». La France a appelé de son côté à un nouveau renforcement des sanctions contre Téhéran.

La crise syrienne a également placé l’Iran sur la défensive lors du sommet, en illustrant l’isolement de Téhéran dans son soutien inconditionnel au gouvernement du président Bachar al-Assad.

Le nouveau président islamiste égyptien Mohamed Morsi, pour sa première visite en Iran, a créé un incident en dénonçant « le régime oppressif » devenu « illégitime » en Syrie, ce qui a provoqué le départ de la délégation syrienne.

L’ayatollah Khamenei n’en a pas moins réaffirmé vendredi le soutien iranien à Damas, accusant à nouveau « l’Amérique et le régime sioniste » d’avoir provoqué la crise pour affaiblir le front des pays opposés à Israël.

A cet égard, M. Ban a sévèrement épinglé durant le sommet la rhétorique « raciste » et « outrageante » des dirigeants iraniens qui appellent régulièrement à la destruction d’Israël ou nient la réalité de l’Holocauste.

Et il a également profité de sa visite à Téhéran pour réclamer la libération des centaines de prisonniers politiques iraniens, avertissant le régime que ses atteintes aux libertés dénoncées par l’ONU « ne font que semer les germes de l’instabilité » dans le pays.

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Sur TV5 l’émission de Kiosque aujourd’hui


LES THÈMES DE L’ACTUALITÉ (cliquez sur le lien)

En Égypte, Mohamed Morsi devient le premier président du pays issu des urnes ;

La Syrie et la Turquie massent des troupes à la frontière tandis qu’on discute du sort d’Assad à Genève ;
L’Euro pour un 19e sommet de la dernière chance, où l’Allemagne a fait quelques compromis ;
La cour suprême américaine valide la réforme de la santé défendue par le président Obama…

Egypte : le maréchal Tantaoui resterait ministre de la défense


Le Monde.fravec Reuters | 28.06.2012 à 13h01 • Mis à jour le 28.06.2012 à 13h01

Le maréchal Hussein Tantaoui est à la tête du conseil suprême des forces armées en Egypte, depuis la chute de l'ancien président Hosni Moubarak.

Le maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA), conservera son poste de ministre de la défense dans le nouveau gouvernement égyptien que formera le président élu Mohamed Morsi, a déclaré un membre du CSFA.

L’officier, âgé de 76 ans, a été ministre de la défense pendant deux décennies sous la présidence de Hosni Moubarak, renversé par la rue en février 2011. « Le nouveau gouvernement aura un ministre de la défense qui est le chef du Conseil suprême des forces armées », a déclaré le général Mohamed Assar sur la chaîne privée CBC mercredi soir.

Prié de dire si cela signifiait que Tantaoui garderait son portefeuille, il a répondu : « Exactement. Qu’y a-t-il de mal à cela ? Il est le chef du Conseil suprême des forces armées, le ministre de la défense et le commandant des forces armées. »

Le CSFA a pris les rênes de la transition après la chute de Moubarak, écarté par les généraux quand il est apparu clairement, en février 2011, que les forces de sécurité seraient incapables de contenir les manifestations contre le raïs.

DES LIMITES IMPOSÉES PAR LES MILITAIRES

Les propos d’Assar indiquant que Tantaoui restera en place alors même que Morsi n’a pas encore été investi dans ses fonctions – la cérémonie est prévue pour samedi – illustrent les limites que les militaires entendent poser aux prérogatives du futur chef de l’Etat, premier président civil élu en Egypte.

Le CSFA a soutenu la décision de la Haute Cour constitutionnelle, le 14 juin, de dissoudre le Parlement, dominé par les islamistes, élu l’hiver dernier en déclarant non conforme la loi électorale. C’est aujourd’hui le conseil militaire qui assume le pouvoir législatif, jusqu’à l’élection d’une nouvelle assemblée. Le CSFA a également nommé un nouveau Conseil de défense nationale chargé des politiques étrangère et de défense.

Le général Assar a cependant assuré, au cours de l’émission sur CBC, que Mohamed Morsi serait « le chef de l’Etat avec les pleins pouvoirs ». « Le président prend une décision d’entrer en guerre en consultation avec les chefs militaires », a-t-il dit, ajoutant que cette pratique était en vigueur dans d’autres pays comme les Etats-Unis.

Egypte : 15 ans de prison pour un ex-ministre dans la vente de gaz à Israël

Un ex-ministre égyptien du pétrole et un homme d’affaires en fuite ont été condamnés jeudi 28 juin à 15 de prison chacun dans l’affaire de la vente à Israël de gaz naturel à un prix inférieur au marché, a-t-on appris de source judiciaire. « Le tribunal criminel du Caire a condamné l’ancien ministre du pétrole Sameh Fahmi et l’homme d’affaires en fuite Hussein Salem à 15 ans de prison dans l’affaire de la vente de gaz » à Israël, a indiqué cette source.

Cinq hauts responsables de la Haute autorité égyptienne pour le pétrole et le gaz ont écopé de peines allant de 3 à 10 ans de prison, a dit la même source. Ils sont accusés « d’avoir exporté du gaz vers Israël à un prix inférieur à celui du marché international, au détriment des fonds publics ».

L’Egypte a décidé en avril de revoir tous ses accords de fourniture de gaz, y compris avec Israël, dont les contrats d’achat conclus sous l’ex-président Hosni Moubarak étaient très critiqués par l’opposition. L’Egypte fournit 40 % du gaz consommé par Israël, selon des estimations.

Un raïs égyptien islamiste et… sans pouvoirs


BAUDOUIN LOOS

lundi 25 juin 2012, 06:08

Depuis dimanche, c’est officiel, les Egyptiens ont élu le premier président islamiste de l’histoire du monde arabe, cela alors que leur précédent « raïs », l’ex-dictateur Hosni Moubarak, croupit en prison. A-t-on donc assisté en direct au triomphe de la démocratie égyptienne naissante après la révolution de 2011 ? Non, hélas ! Juste à une funeste pantalonnade. Ce sombre constat s’impose. Mohamed Morsi, c’est vrai, deviendra le 30 juin prochain le premier président égyptien issu de la mouvance islamiste ; il est lui-même un pur produit de la confrérie des Frères musulmans. Et il y a une certaine logique dans son succès : aux élections législatives de novembre 2011 à janvier 2012, la mouvance islamiste avait conquis… 70 % des sièges en jeu.

Mais des événements se sont succédé depuis quelques semaines, qui ont fait basculer l’Egypte dans la plus grande incertitude. Les juges, notamment de la Cour constitutionnelle, tous nommés durant l’ère Moubarak, ont pris des décisions très graves, sous le prétexte d’un juridisme pointilleux. La principale n’est autre que la dissolution annoncée d’autorité du premier parlement élu démocratiquement.

Les militaires ont saisi l’opportunité – s’ils ne l’ont pas suggérée… – pour s’emparer de tous les pouvoirs. Désormais, le Conseil supérieur des forces armées, une petite vingtaine de généraux qui délibèrent en toute opacité, jouit de toutes les prérogatives, ils ont du reste déjà décrété que le prochain président serait dépourvu des principaux attributs décisionnels.

Que va faire Mohamed Morsi de ce cadeau empoisonné ? On peut conjecturer qu’il va tenter de mettre sur pied un gouvernement d’union. Mais il y a gros à parier que peu de monde voudra aider les Frères musulmans, qui ont montré ces dix-sept derniers mois un appétit vorace donc choquant pour le pouvoir.

Morsi risque d’être saboté par « l’Etat profond », comme on dit en Egypte : les services de sécurité, l’armée, la bureaucratie, tous voués à son échec. Si ce scénario se précise, il devra vite démissionner pour ne pas tomber dans le piège d’être ensuite pointé du doigt comme le responsable de tous les maux de l’Egypte alors qu’en fait la réalité du pouvoir lui échappe…

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Frères musulmans et révolutionnaires se rassemblent place Tahrir


mardi 19 juin 2012, par La Rédaction

Les Frères musulmans se sont rassemblés mardi place Tahrir, l’épicentre de la « révolution du Nil » au centre du Caire, aux côtés des jeunes élites laïques à l’origine du soulèvement contre Moubarak, pour protester contre la décision des généraux de s’octroyer de nouveaux pouvoirs.

Des milliers de personnes se sont réunies à la tombée du jour pour dénoncer la dissolution du Parlement dominé par les islamistes et le transfert du pouvoir législatif à l’armée, ainsi que la limitation des pouvoirs du futur président.

Une manifestation a également eu lieu à Alexandrie.

La jeunesse urbaine du Caire et les Frères musulmans considèrent ces décisions comme une volonté des militaires et des élites de l’ancien régime de se maintenir au pouvoir, et de confisquer définitivement les premiers acquis de la révolution.

Mais alors que les candidats se disputent les résultats du second tour de la présidentielle, qui seront normalement connus officiellement jeudi, les Frères musulmans ne semblent pas prêts à en découdre avec l’armée.

La confrérie a déclaré lundi que son candidat, Mohamed Morsi, devançait largement avec 52% des voix son rival Ahmed Chafik, dernier Premier ministre du président déchu Hosni Moubarak. Une victoire aussitôt contestée par l’équipe de campagne d’Ahmed Chafik.

Quel que soit le vainqueur, les pouvoirs du futur président seront strictement limités par le décret publié dimanche par le Conseil suprême des forces armées (CSFA) dirigé par le maréchal Hussein Tantaoui, ministre de la Défense de Moubarak pendant vingt ans, jusqu’à la chute du « raïs » en février 2011.

Premiers déçus par une élection qui ne leur laissait le choix qu’entre l’armée et l’islam, les jeunes Cairotes ont appelé à se mobiliser avant même la publication officielle des résultats du vote.

« Le décret confirme le maintien du conseil militaire à la tête de l’Etat et l’absence de transmission des pouvoirs à un président élu, contrairement à ce qui avait été promis au début de la révolution », a déclaré la Coalition de la jeunesse révolutionnaire, rassemblement de plusieurs mouvements.

Pour Khaled Ali, avocat militant éliminé au premier tour de l’élection, le CSFA ne doit pas être autorisé à légiférer à la place du parlement dissous. « Chaque patriote doit s’élever contre la tentative de s’approprier ces droits », a-t-il dit.

Hussein Ibrahim, membre des Frères musulmans et de l’assemblée dissoute, a déclaré pour sa part à Reuters que le décret du CSFA prolongerait le régime militaire.

Mais un porte-parole des Frères a minimisé mardi, lors d’une conférence de presse, le risque d’un conflit frontal avec les généraux.

« Pourquoi se ruer sur le mot ’confrontation’ ? », s’est interrogé Yasser Ali. « Nous ne cherchons de confrontation avec personne. Personne en Egypte ne veut de confrontation (…) Il doit y avoir un dialogue entre les forces nationales, et le peuple doit décider seul de son destin. »

Cette volonté d’apaisement intervient au moment où un tribunal égyptien annonce le report en septembre de l’examen de six plaintes réclamant la dissolution de la confrérie et de sa vitrine politique, le Parti de la liberté et la justice (PJL).

Six avocats ont déposé plainte contre la confrérie, exigeant la publication de ses sources de financement, ont déclaré des sources judiciaires. Un diplomate occidental a réagi à cette annonce en soulignant que tout jugement visant à dissoudre les Frères musulmans, quel que soit ses fondements juridiques, ne ferait que multiplier les troubles dans un pays déjà en crise politique.

L’armée, qui a fourni à l’Egypte tous ses présidents depuis le renversement de la monarchie en 1952, a promis de remettre le pouvoir aux civils d’ici au 1er juillet. Mais le président n’aura comme seule prérogative que de nommer un gouvernement dont chaque loi devra être validée par les militaires.

(19 juin 2012 – Avec les agences de presse)

Coup de force juridico-militaire en Égypte


vendredi 15 juin 2012 – 12h:04

Al-Akhbar

Un responsable politique égyptien a déclaré ce jeudi que l’armée du pays avait réalisé un « coup d’État », après que le tribunal constitutionnel ait statué que le Parlement devait être dissous. Le même tribunal a soutenu la participation d’un ancien officier militaire à la course présidentielle.

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Après la prière du vendredi, un homme se promène près de calligraphies arabes faites à partir de bouchons de bouteilles et de sable sur la place Tahrir – Photo : Reuters – Amr Abdallah Dalsh

Le plus important tribunal égyptien a décidé qu’un tiers des sièges parlementaires étaient invalides, des sources confirmant ensuite que la décision signifiait que toute la chambre basse du parlement serait dissoute.

Dans une décision distincte du même tribunal, l’ex-officier de l’armée Ahmed Shafik a reçu le feu vert pour participer à l’élection présidentielle, après un recours contre une loi qui l’aurait mis hors de la course.

Ces deux décisions, à seulement deux jours avant l’élection présidentielle historique pour le choix d’un successeur à l’ex-dictateur Hosni Moubarak, pourraient conduire à toujours plus de troubles politiques dans le pays et au renforcement de la position du Conseil de sécurité des Forces armées (SCAF).

Première figure de l’opposition, Abdel Moneim Aboul-Fotouh a déclaré que les décisions s’intégraient dans un « coup d’Etat » fomenté par le SCAF.

« Garder le candidat du SCAF (Shafik) tout en supprimant le parlement du peuple élu après avoir donné le feu vert au même SCAF n’est rien de moins qu’un coup d’Etat », a-t-il dit.

« Je ne crois pas que les millions de jeunes vont accepter cela. »

Un responsable politique de la Fraternité musulmane a déclaré que le pays entrerait « dans un sombre un tunnel » si le Parlement était dissous.

« Si le Parlement est dissous, le pays entrera dans un sombre tunnel – le président à venir n’aura ni parlement ni constitution, » a déclaré Essam el-Erian, vice-président de la Fraternité. « Il y a un état de confusion et de nombreuses interrogations. »

L’armée avait décidé d’un système électoral complexe dans lequel les électeurs votent pour les listes des partis qui composent les deux tiers du parlement, et également pour les candidats individuels pour les sièges restants à la chambre basse.

Les candidats individuels étaient censés être « indépendants », mais les membres des partis politiques ont ensuite été autorisés à concourir, ce qui donne un avantage à la Fraternité musulmane et au Parti de la Justice.

Cette décision a été contestée devant les tribunaux.

Le président du Parlement, Saad al-Katatni, un islamiste, a déclaré avant la décision qu’il faudra examiner comment mettre en œuvre la décision.

En l’absence d’une constitution, suspendue après le renversement l’an dernier du dictateur Moubarak, aucune autorité n’a le droit de dissoudre le parlement, a déclaré Katatni.

Shafik confirmé

La décision d’autoriser Shafik à concourir était moins une surprise que la dissolution du parlement, en dépit d’une loi qui interdit aux hauts fonctionnaires du régime de Moubarak et aux membres dirigeants de son parti, aujourd’hui dissous, de se présenter à des fonctions publiques pendant 10 ans.

La loi s’applique à ceux qui ont servi dans les 10 années qui ont précédé l’éviction de Moubarak, survenue le 11 février 2011 après un soulèvement populaire.

Shafik fera maintenant face au candidat des Frères musulmans Mohammed Mursi, dans le second tour de l’élection présidentielle ce samedi.

L’ex-premier ministre de Moubarak a salué la décision « historique ».

« Le message de ce verdict historique, c’est que l’ère de l’indécision politique est terminée », a déclaré Shafik devant des artisans qui l’acclamaient au Caire.

« La Cour constitutionnelle a confirmé mon droit de participer à l’élection et a renforcé la légitimité de cette élection. »

Shafik a d’abord été interdit de se présenter à l’élection conformément à la loi votée par le parlement en avril dernier.

Mais à la fin avril la commission électorale a jugé recevable un appel de Shafik contre sa disqualification et l’affaire a été renvoyée devant le tribunal.

Dans le premier tour de scrutin du 23 et 24 mai – qui a vu 13 candidats en lice pour le poste – Mursi a remporté 24,7 pour cent des voix, légèrement en avance sur Shafik qui a eu 23,6 pour cent des voix.

Le prochain président héritera d’une économie en difficulté, d’une détérioration de la sécurité et du défi d’unir une nation divisée par le soulèvement et ses conséquences parfois mortelles.

Mais ses pouvoirs ne sont pour l’instant définis par aucune constitution.

14 juin 2012 – Al-Akhbar – Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.al-akhbar.com/conten…
Traduction : Info-Palestine.net – Naguib

L’Egypte se prépare à voter sur fond de turbulences politiques


vendredi 15 juin 2012, par La Rédaction

L’Egypte se préparait vendredi à reprendre le chemin des urnes pour le second tour d’une présidentielle qui opposera une figure de l’ancien régime à un Frère musulman, sur fond de turbulences politiques après l’invalidation des législatives remportées par les islamistes.

Près de 50 millions d’Egyptiens sont appelés à élire samedi et dimanche le successeur de Hosni Moubarak, renversé par un soulèvement populaire en février 2011. Ils auront le choix entre le dernier Premier ministre de M. Moubarak, Ahmad Chafiq, et le Frère musulman Mohammed Morsi.

Mais la transition vers la démocratie semblait en péril après deux décisions rendues par la Haute cour constitutionnelle jeudi, l’une invalidant les résultats du scrutin législatif pour un vice dans la loi électorale, l’autre permettant à M. Chafiq de rester dans la course en dépit d’une loi interdisant aux figures de l’ancien régime de se présenter.

Des islamistes et des membres des forces politiques issues de la mouvance « révolutionnaire » ont dénoncé un véritable « coup d’Etat » orchestré par l’armée au pouvoir.

L’agence de notation Fitch a pour sa part annoncé avoir abaissé la note en devises de l’Egypte de « BB- » à « B+ » à cause des « incertitudes » politiques pesant sur l’avenir du pays et en lui donnant une perspective négative.

La mise hors-jeu de l’Assemblée du peuple pourrait permettre au Conseil suprême des forces armées (CSFA) de récupérer le pouvoir législatif.

« Le scénario de la contre-révolution est bien clair à travers une série d’épisodes passant par les acquittements dans le procès de Moubarak (le 2 juin), la décision de donner à la police militaire et aux renseignements militaires le pouvoir d’arrêter des civils et finalement l’invalidation du Parlement », a déclaré un collectif de partis de gauche, laïques et libéraux.

« Toutes ces mesures démontrent que le CSFA est déterminé à reproduire l’ancien régime et que la présidentielle n’est qu’une mauvaise comédie visant à permettre au CSFA de renforcer son emprise sur les rouages de l’Etat et de les mettre au service du candidat de l’ancien régime, Ahmad Chafiq », ont dénoncé ces partis dans un communiqué.

Pour Khalil al-Anani, spécialiste du Moyen-Orient à l’université britannique de Durham, « ce qui se passe fait partie du plan global de transition mis au point par les militaires, qui essaient depuis près d’un an et demi d’absorber le choc de la révolution ».

« Cela relève avant tout d’une stratégie politique pensée de façon sérieuse par l’institution militaire, qui essaie de garder la totalité des options ouvertes quel que soit le résultat de la présidentielle », souligne Mathieu Guidère, spécialiste du monde musulman à l’université de Toulouse (France).

Mohammed Morsi a cependant annoncé qu’il respectait la décision de la Cour.

« Le peuple égyptien qui a élu dans la liberté et la transparence ses députés est en mesure de réélire d’autres qui protègeront les acquis de la révolution que certaines veulent confisquer », a déclaré le président de l’Assemblée du peuple, l’islamiste Saad al-Katatni.

« Le peuple est bien déterminé à protéger sa révolution contre les corrompus de l’ancien régime », a renchéri M. Morsi lors d’une conférence de presse.

Les Etats-Unis se sont de leur côté dits « préoccupés » par l’invalidation des résultats des législatives, en ajoutant qu’ils étudiaient les « implications » de cette décision.

M. Chafiq, arrivé deuxième au premier tour des 23 et 24 mai après une campagne axée sur la sécurité, a multiplié ces derniers jours les promesses de « reconstruire un Etat et une économie modernes », de « lancer des grands projets pour résorber le chômage » et de « garantir les libertés individuelles et de la presse ».

L’armée a quant à elle averti vendredi qu’elle ferait « fermement face à quiconque empêcherait les citoyens de choisir le futur président de l’Egypte ».

Elle a aussi annoncé le déploiement de 150.000 militaires pour assurer la sécurité dans plus de 13.000 bureaux de vote à travers le pays.

Conformément à la loi électorale, les deux candidats sont astreints au silence à partir de vendredi midi. Pour inciter la population à voter, les autorités ont décrété samedi et dimanche jours fériés.

(15 juin 2012 – Avec les agences de presse)

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