Le fils d’un réalisateur annonce « le jour du châtiment » et tue 6 personnes en Californie


 

Le Monde.fr avec AFP et AP | 24.05.2014 à 13h42 • Mis à jour le 25.05.2014 à 05h40

Le fils d’un réalisateur de Hollywood souffrant de troubles mentaux a poignardé à mort trois personnes avant d’en tuer trois autres par balles, vendredi 24 mai près de Santa Barbara dans le sud de la Californie, a indiqué samedi la police locale. En outre, au moins treize personnes ont été blessées par le tireur, Elliot Rodger, 22 ans, qui s’est apparemment suicidé à l’issue de son équipée meurtrière à Isla Vista, près du campus de l’Université de Californie à Santa Barbara (UCSB). Son père, Peter Rodger, est connu pour avoir participé à la réalisation du film à succès Hunger Games (2012).

Faisant le récit des événements, le shérif du comté de Santa Barbara, Bill Brown, a expliqué que le criminel avait « poignardé à plusieurs reprises » trois hommes à son appartement avant de sortir avec une arme à feu.

Une fois dehors, il a pris pour cible trois femmes dans la rue, tuant deux d’entre elles, âgées de 19 et 22 ans. Au volant de sa BMW noire, il a trouvé sa victime suivante, un étudiant de 20 ans, Christopher Martinez, qu’il a abattu.

La police s’est alors lancée à la poursuite d’Elliot Rodger, qui a tiré au hasard sur des passants. Touché par un tir à la cuisse, il a heurté un cycliste, qui s’est retrouvé sur le capot de sa voiture. « Le véhicule du suspect est alors entré en collision avec des voitures garées et il s’est arrêté », a raconté Bill Brown. Trois armes semi-automatiques de 9 mm ont été retrouvées à bord de la BMW, toutes achetées légalement et enregistrées, ainsi que de grosses quantités de munitions.

La berline du jeune homme a terminé sa course en percutant une voiture à l'arrêt.
La berline du jeune homme a terminé sa course en percutant une voiture à l’arrêt. | REUTERS/PHIL KLEIN

UNE VIDÉO PUBLIÉE LA VEILLE

La police pense que le tueur a agi seul et enquête sur une vidéo publiée sur YouTube, qui menace les habitants d’Isla Vista. On y voit Elliot Rodger, assis derrière son volant, se filmer et raconter pendant sept minutes sa solitude, sa haine du monde et son amertume d’être rejeté par les femmes. Il affirme notamment qu’il s’agit de sa « dernière vidéo » et annonce le « jour du châtiment », disant vouloir prendre sa « revanche sur l’humanité » et notamment sur les femmes. Le jeune homme dit avoir souffert de solitude et de rejet.

Avant la tragédie de vendredi soir, la police avait déjà eu trois fois affaire à Elliot Rodger, la première fois en juillet 2013, a indiqué le shérif du comté de Santa Barbara.

« QUAND CETTE FOLIE VA-T-ELLE CESSER ? »

Les fusillades meurtrières sont un phénomène récurrent aux Etats-Unis qu’il s’agisse d’un lycée de Columbine (13 morts dans le Colorado en 1999), d’une fusillade sur le campus de Virginia Tech (32 morts en 2007), à l’école Sandy Hook de Newtown (26 morts dont 20 enfants en 2012 dans le Connecticut), un cinéma près de Denver (12 morts en 2012) ou dans un immeuble de la Marine américaine à Washington (13 morts). Au total depuis 2006, le FBI a recensé au moins 170 fusillades ayant fait au moins quatre morts sans compter le tireur.

Lire : Etats-Unis : 300 millions d’armes à feu, 30 000 morts par an

« Quand cette folie va-t-elle cesser ? », s'est demandé le père d'une des victimes.
« Quand cette folie va-t-elle cesser ? », s’est demandé le père d’une des victimes. | AP/Jae C. Hong

« Quand cette folie va-t-elle cesser ? », s’est demandé le père d’une des victimes, s’adressant aux hommes politiques et au lobby des armes dans un témoignage poignant. « Notre famille a un message pour tous les parents : vous pensez que cela n’arrivera pas à votre enfant mais, pourtant, c’est le cas », a déclaré Richard Martinez, retenant difficilement larmes et colère.

Coïncidence glaçante : en 2001, le fils du réalisateur Daniel Attias (Ally McBeal, The Wire) avait écrasé quatre piétons dans une rue fréquentée à seulement un pâté de maisons du lieu où est survenue la tragédie de vendredi. En sortant de sa voiture après les faits, David Attias avait crié : « Je suis l’ange de la mort. » Condamné dans un premier temps pour meurtre, il avait ensuite été jugé irresponsable et enfermé dans un hôpital psychiatrique.

Lire aussi : Et les Etats américains où les armes tuent le plus sont…

 

Chine : le TGV qui ne s’arrête pas


Cette vidéo montre une innovation brillante des nouveaux TGV chinois : récupérer et déposer les passagers du train sans s’arrêter dans les stations. Aucune perte de temps : les trains roulent tout le temps à grande vitesse. Si entre Pékin et Guangzhou il y avait 30 stations, rien que le fait de s’arrêter, de redémarrer et d’accélérer dans chaque station donnerait une perte d’énergie et un gaspillage de temps. Un arrêt de seulement 5 minutes par station (il ne faut pas négliger les passagers plus âgés) résulterait en une augmentation du temps de trajet de 2h30 (5 minutes x 30 stations) par train. (source Liens Utiles)

 

[youtube http://youtu.be/Y4Bkd7beH1s?]

Micro-Etats, villes flottantes : le projet fou des nouveaux maîtres du monde


Dominique Nora

Publié le 13-04-2014 à 10h41

Les géants de la Silicon Valley imaginent des territoires off-shore pour y instaurer une société à leur image : riche, technologique et libertarienne. Au péril de la démocratie ?

Projet de ville flottante libertarienne. (Marko Jarvela/SeaSteading/REX/SIPA)Projet de ville flottante libertarienne. (Marko Jarvela/Se

De notre envoyée spéciale, Dominique Nora

Ils ont déstabilisé des industries entières, amassé des milliards, maîtrisé vos données et s’immiscent de manière de plus en plus intime dans votre vie quotidienne… Mais les seigneurs de la Silicon Valley voient encore plus loin : ils imaginent à présent de créer des « pays » à eux, des communautés offshore, où la technologie règne en maître. Leur projet fétiche ? Une myriade de cités marines, ne dépendant d’aucun gouvernement souverain. Dans ces villes flottantes modulaires, on ne paierait pas d’impôts, on réglerait ses factures en bitcoins, on ne consommerait que de l’énergie verte, on apprendrait en ligne, on serait livré par drone et soigné à coups de thérapie génomique…

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PHOTOS. Lee Jeffries : un regard sur la noblesse des SDF


PHOTOS. Lee Jeffries : un regard sur la noblesse des SDF

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Révéler la « noblesse » des sans-abri, tel est le but du voyage photographique du Britannique Lee Jeffries. Sa saisissante série de portraits en noir et blanc a fait l’objet d’une vente aux enchères au profit de l’association « L’un est l’autre » à Paris, le 19 mars. Découvrez dans ce diaporama 12 de ses images. Retrouvez aussi notre article lui étant consacré en cliquant ici. Ci-dessus : « Tony. » (Lee Jeffries)

Publié le 21-03-2014 à 13h19

 – Par 

LaLibre.be vous emmène « Dans le secret des lieux » à la basilique


Jonas Legge Publié le dimanche 09 mars 2014 à 11h57 – Mis à jour le dimanche 09 mars 2014 à 11h58

Société

Au cœur même de l’austère basilique de Koekelberg se déroule une activité insoupçonnée et des plus inhabituelles dans les caves d’un lieu sacré. Tous les dimanches, LaLibre.be vous emmène « Dans le secret des lieux ».

Sur le coup de 20h, seuls Robert de Thibault, le responsable des lieux, et Marc, un habitué, sont présents. “Les autres vont arriver au compte-gouttes, on n’est pas au cours de gym ici”, sourit Robert, qui est également professeur d’éducation physique. Une vingtaine de minutes plus tard, les cordes, murs et plafonds, jusque-là endormis, sont accaparés par les spéléologues du G.S. Redan.

(Cliquez sur l’image pour agrandir)

“Cette salle est l’ancienne chaufferie à charbon. Elle fait 20 mètres sur 20 et 8 mètres de hauteur”, décrit Robert. “Elle est ouverte les mardis pour que la vingtaine d’affiliés puissent venir s’exercer aux techniques à utiliser sous terre, ainsi que les lundis impairs pour les membres des fédérations francophone et néerlandophone de spéléologie. Le but est avant tout de s’entrainer pour aller dans les grottes.”

Mais comment expliquer qu’une telle activité s’organise dans cette colossale basilique ? Robert de Thibault évoque un échange de bons procédés avec la fabrique d’Eglise. “Nous avons la capacité d’accéder à certains endroits de l‘édifice où, par exemple, l’architecte et les membres de la Fabrique d’Eglise ne parviennent pas à se rendre. En échange, le lieu est mis à notre disposition. Mais il est vrai que ça semble particulier, surtout lorsque nous nous entrainons dans notre cave d’où l’on entend en même temps les grandes orgues comme musique de fond”, badine-t-il.

Passage en vire, descente, remontée, ramping, progression en méandre : le lieu, aménagé à partir de 1980, permet de se tester à de nombreuses techniques.

“Utilise ton balancier”, crie Marc à un plus jeune. “Un peu de souplesse”, renchérit ironiquement celle que l’on surnomme “La Française”. Ici, les échanges de conseils sont monnaie courante. Et pendant que certains peaufinent leurs gestes, assurent leurs clefs complètes et demi-clefs, d’autres patientent dans les airs, tanguant au bout d’une corde. “Car on ne se met jamais à deux sur le même point d’ancrage, sauf en cas de secours”, avertit le robuste Marc.

De secours, il en est question, puisqu’Aurélie et Nicolas ont décidé de s’exercer au dégagement d’un blessé. Le jeune homme joue le rôle du spéléologue inconscient qui doit être aidé. La tâche s’annonce délicate pour la demoiselle, le bloqueur de poitrine étant difficile à ouvrir à cause de la tension émise par le corps. Entourée de ses camarades, qui lui soufflent des indications, accompagnées de quelques grivoiseries, Aurélie parvient finalement à se dépêtrer, sous les applaudissements de l’assemblée.

Même si la concentration est de rigueur, l’ambiance est bon enfant et vire par moments à la jubilation. La moyenne d’âge de 22 ans n’y est évidemment pas indifférente. “J’initie chaque année 300 élèves dans le cadre des cours d’éducation physique. Certains accrochent et continuent à venir en dehors des cours. C’est ce qui explique qu’il y ait tant de jeunes”, explique “Papa Robert”.

Résultat : les taquineries et railleries entre adolescents se multiplient. “On essaye d’embêter les autres quand ils sont suspendus aux cordes”, s’amuse Aurélie. Ce mardi soir, cette demoiselle de 17 ans se verra subtiliser ses chaussures puis sera enfermée quelques secondes dans le réseau de galeries souterraines par ses condisciples. Le tout, en riant. “On forme un vrai groupe d’amis”, lâche-t-elle en rechaussant son second soulier.

Pas encore rassasiée par l’effort, Aurélie remonte vers les cieux pour mieux se jeter la tête la première vers le sol. “Ce geste n’a aucune utilité en spéléo mais je l’ai appris récemment et il me procure des sensations fortes”, décrit-elle, l’oeil pétillant.

Pendant ce temps-là, Hans enchaîne, à vive allure, une montée sur corde à l’aide d’un croll et d’une poignée-frein. Cette technique s’impose pour gravir les 35 mètres menant au sommet de la cheminée. “Au début, cela me semblait difficile. Aujourd’hui, je suis habitué. Il faut juste bien pousser avec la jambe”, témoigne ce jeune Flamand qui a opté pour la spéléologie après avoir été obligé de choisir une activité avec des francophones “vu mes mauvais points à l’école”.

Si la discipline se rapproche de l’escalade, les spéléologues tiennent à afficher les différences. “Nos gestes sont plus petits, rapides et dynamiques. En outre, nous nous déplaçons principalement sur corde, et non contre les murs”, détaille Robert.

 

Un reportage de Jonas Legge

source

La pilule de Goring – La pervitine HD (Documentaire)


Après de premières recherches au Japon et aux États-Unis dans les années 1920, c’est en Allemagne, en 1937, qu’un chimiste arrive à synthétiser une amphétamine particulièrement efficace, la méthamphétamine. Elle est commercialisée la même année par la firme Temmler sous le nom de pervitine. Très vite, les médecins de la Wehrmacht s’intéressent à ce nouvel excitant du système nerveux qui accroît la vigilance, la résistance à la fatigue et le sentiment d’invincibilité. Distribuée aux conducteurs de chars et aux pilotes d’avions aussi bien qu’aux fantassins, la « pilule magique » permet à l’armée allemande d’envahir la France et l’URSS à marche forcée. Et, dans les derniers moments du Reich, de faire tenir les recrues des Jeunesses hitlériennes qui, après l’école, sont mobilisées dans la défense antiaérienne. Les témoins de cette époque révèlent aussi que, tant dans l’armée que dans la population civile, la consommation de pervitine en Allemagne s’est prolongée bien au-delà de la fin des hostilités.

via l’échelle de Jacob

Les Babayagas, la silver solidarité au quotidien


Vendredi 13 décembre, à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Au rez-de-chaussée d’un immeuble neuf, comme chaque deuxième vendredi du mois, les Babayagas reçoivent. Il est midi, une dizaine de femmes, plus ou moins âgées, ont dressé une grande table chargée de plats. Des amis arrivent, des habitants du quartier, des jeunes. Voire des journalistes, car les Babayagas sont médiatiques, à commencer par leur charismatique présidente, Thérèse Clerc. Charmeuse, celle-ci embrasse et tutoie chaque arrivant. Ce jour-là, c’est aussi l’occasion de fêter ses 86 ans : champagne et petit discours bien rôdé, qui s’achève par l’hymne des femmes, repris gaiement par plusieurs convives en l’honneur de cette militante féministe de la première heure.

Inaugurée en février 2013, la Maison des Babayagas, installée en centre-ville, à deux pas du métro et des commerces, a tout juste un an. «Une utopie réaliste» que Thérèse Clerc imagine en 1995 : «Je me suis occupée de ma mère grabataire pendant cinq ans, alors que je travaillais encore, que je faisais face aux turbulences conjugales de certains de mes quatre enfants et que j’avais déjà des petits-enfants. J’étais seule, j’ai vécu cinq années très dures et j’ai pensé que je ne pouvais pas faire vivre ça à mes enfants.» Avec deux amies, elle conçoit donc le projet d’une maison «autogérée, citoyenne, écologique, féministe, laïque et solidaire», valeurs inscrites dans une charte de vie. L’idée est d’habiter chacun chez soi au sein d’un même bâtiment, en organisant l’entraide entre les plus alertes et les autres, pour éviter, ou retarder, le départ en institution médicalisée. La vie collective se déroule dans des espaces communs, ouverts sur le quartier, destinés à accueillir l’université populaire (Unisavie, «l’université du savoir des vieux»), pensée par Thérèse Clerc «pour rester intelligents ». La charte engage ainsi chacune à donner de son temps à la collectivité (dix heures par semaine). Donc, pas besoin de personnel, ni d’aide soignante, ni d’aucun service. Pourquoi exclure les hommes ? Parce que, répond Thérèse Clerc, les femmes seules sont très majoritaires et que «ce sont aussi les plus pauvres : leur retraite est en moyenne 40% plus faible que celle des hommes». Innovant, ce projet se veut une réponse politique au regard stigmatisant que porte la société sur la vieillesse, appréhendée soit comme un fardeau – la dépendance – soit comme une manne financière, celle de la silver economy ciblant les retraités des Trente Glorieuses. «Nous sommes traités comme un marché juteux par des lobbies cupides, déterminés à nous vendre des croisières chics, de la domotique, de la robotique, s’indigne Thérèse Clerc. Mais tout cela n’est pas pour nous, qui vivons avec 1 000 euros par mois. En revanche, nous avons tout notre temps pour inventer des façons de bien vivre et bien vieillir avec peu d’argent.»

«Pas un sou»

L’histoire a commencé en 1999. Les trois premières Babayagas créent l’association dont le nom fait référence à une vieille ogresse des contes russes. Elles recrutent une quinzaine de femmes très motivées et se mettent en quête de soutiens publics. Sans succès jusqu’à ce que la canicule de 2003, meurtrière pour de nombreuses personnes âgées isolées, réveille les élus : Jean-Pierre Brard, alors maire communiste de Montreuil, manifeste son soutien au projet et lui réserve un terrain. Mais quand Dominique Voynet est arrivée en 2008 à la mairie, «il n’y avait toujours pas un sou», se souvient son directeur de cabinet Sébastien Maire. «On sentait d’énormes résistances de la part des financeurs sur sa dimension idéologique», ajoute Jean-Michel Bléry, directeur de l’OPHM (office public de l’habitat montreuillois). Le projet «ne rentrait pas dans les cases» de l’attribution individuelle des logements sociaux, basée sur des conditions de ressources, sans qu’on puisse y ajouter des critères d’âge ou de genre, jugés discriminants, donc illégaux. Malgré tout, avec le soutien de la maire, le directeur de l’office HLM relève le défi et enchaîne les réunions avec les Babayagas d’une part, les financeurs publics de l’autre, à la recherche d’un montage ad hoc. «On a écarté toute idée de résidence pour se concentrer sur du logement social de droit commun adapté à des personnes à mobilité réduite (PMR) et à faibles ressources. En ne dérogeant à certaines règles qu’au nom d’une expérimentation réversible», explique Sébastien Maire. Autrement dit, en cas d’échec du projet, l’immeuble revient dans le contingent des HLM, avec des logements pour personnes à mobilité réduite (douches, barres d’appui, largeurs adaptées aux fauteuils). «Cette solution a également permis de dépasser les craintes des financeurs liées au groupe et à ses valeurs», ajoute Jean-Michel Bléry.

L’argument porte. L’Etat amène 318 000 euros, la région 275 000, la ville de Montreuil 612 000 euros et le conseil général finit par lâcher 88 000 euros à condition de rendre le projet intergénérationnel. Avec d’autres apports (Réunica, Logeo…) et un prêt de la Caisse des dépôts, le budget de 3,8 millions d’euros finit par être bouclé. Le terrain est vendu à l’OPH en 2009, la première pierre posée en octobre 2011.

Mais la partie n’est pas gagnée pour autant puisqu’un mois plus tôt, le groupe a explosé. Les femmes, de plus en plus braquées contre un fonctionnement qu’elles ne jugent pas assez démocratique, ont tenté d’exclure Thérèse Clerc, et, faute d’y parvenir, ont fini – sauf une – par jeter l’éponge, non sans tristesse et amertume. Prévue dans la charte, l’intervention trop tardive d’une médiatrice n’est pas venue à bout des tensions. «Thérèse Clerc est un vrai gourou ! Son utopie est bonne mais certaines personnes ont du mal à passer de l’utopie au projet concret», constate Jean-Michel Bléry. Néanmoins, il était hors de question, ajoute Sébastien Maire, de l’écarter d’un projet «né dans sa tête, et qui n’aurait jamais vu le jour sans sa détermination et son aura médiatique». La mairie et l’OPHM ouvrent donc leurs fichiers en catastrophe, en quête de nouvelles candidates et, fin 2012, des femmes de 60 à 89 ans (la plupart septuagénaires), toutes signataires de la charte, entrent dans les 21 appartements (25 à 44 m2 pour des loyers hors charges de 200 à 525 euros). Quatre logements classiques sont loués à des jeunes de moins de 30 ans comme l’a exigé le conseil général.

Désormais réalité, la Maison des Babayagas n’en continue pas moins de tanguer. Thérèse Clerc, qui n’a pas voulu vendre son petit appartement, n’a pas eu de logement, mais reste aux manettes. Non sans de nouveaux conflits : depuis décembre, près de 10 des 21 femmes ont démissionné de l’association en signe de protestation, mais habitent toujours la maison – l’OPHM ne veut ni ne peut les reloger ailleurs – au grand dam de la présidente. Malgré tout, Jean-Michel Bléry est satisfait de l’expérience : «Le vivre ensemble fonctionne plutôt bien, mais en s’affranchissant de toute cette dimension idéologique.» Même son de cloche du côté de certaines démissionnaires, très critiques sur le fonctionnement de l’association, mais heureuses de s’entraider et d’avoir rompu leur isolement. «L’air des Babayagas souffle dans cette maison», affirme l’une d’elle en souriant.

Cette expérience, qui reste à évaluer, a-t-elle de l’avenir ? Pour le réalisateur Jean-Marc La Rocca qui s’intéresse aux Babayagas depuis 2005 (1), «un tel projet nécessite, pour fonctionner correctement, une médiation préventive et régulière, mais dont le coût ne doit pas être pris en charge par l’association».«Ce type d’habitat groupé participatif connaît un renouveau en France (EcoFutur du 20 janvier)mais les projets portés par des retraités sont rarissimes et reposent en général sur la copropriété», explique Anne Labit, sociologue à l’université d’Orléans. Pour elle, «indépendamment de ses valeurs militantes, ce qui rend la Maison des Babayagas si avant-gardiste, c’est sa gestion mixte avec un office HLM». Le recours aux bailleurs publics est beaucoup plus facile en Allemagne et en Suède, où environ 1% des retraités vivent déjà dans ce type d’habitat autogéré, ajoute-t-elle, citant les OLGA de Nuremberg, le Beginenhof de Berlin ou un groupe mixte de Göttingen créé il y a vingt ans. Sociologue à l’université de Tours, Laurent Nowik est plus sceptique. A côté des maisons de retraite pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), des foyers logements souvent décrépits, ou des résidences services de luxe, se sont développées en France des offres intermédiaires abordables, privées ou non, «mais presque jamais à l’initiative des retraités eux-mêmes», note-t-il.

«Génération de 1968»

Chez la ministre chargée des Personnes âgées, Michèle Delaunay, on affirme pourtant s’intéresser de près «aux nouvelles initiatives d’habitat groupé ou de colocation». Il faut dire qu’en 2050, le tiers de la France sera à la retraite et que le nombre des plus de 85 ans aura quadruplé, à 4,8 millions. «La génération de 1968, qui a imprimé l’ensemble de la société à chaque période historique, atteint l’âge de la retraite, note le philosophe Patrick Viveret. La prochaine étape sera la vieillesse. Il est certain que cette génération sera innovante aussi sur ce terrain, car elle refusera d’affronter la solitude ou les mouroirs que sont souvent les maisons de retraite. Je pense donc que des initiatives croisant le bien vieillir et l’habitat partagé vont se multiplier, sans doute via des partenariats publics.»

Thérèse Clerc, elle, travaille désormais à l’essor d’un «réseau de maisons de babayagas» : des groupes, mixtes ou non, tentent de monter des projets similaires à Massy-Palaiseau (Essonne), Bagneux (Hauts-de-Seine) ou Saint-Priest (Rhône). Mais elle voit plus grand : «Nous sommes une force politique, le plus gros électorat de France. Je veux faire entendre la voix des vieux jusqu’à Bruxelles.» Elle a invité Eva Joly à son université populaire fin février et en a profité «pour lui offrir [ses] services pour les élections européennes».

(1) Son documentaire «Nous vieillirons ensemble, la saga des Babayagas» a été diffusé en décembre sur France 5.

Photos Vincent Nguyen. Riva Press

Anne DENIS

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En Italie, la femme de ménage d’un musée jette une installation d’art à la poubelle en pensant faire son travail


Capture d’écran de la vidéo de La Repubblica

voir l’interview ici

C’est une histoire qui fera rire tous ceux qui pensent que l’art contemporain est souvent une supercherie.

En Italie, une femme de ménage en poste dans un musée de Bari, Anna Macchi, a confondu deux installations, en papier journal et en carton, présentées dans le cadre d’un festival d’art contemporain (Display Mediating Landscape), avec des déchets. Les installations ont fini à la poubelle.

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«Je ne me suis rendue compte de rien», explique-t-elle, loquace, à La Repubblica.

«Je suis allée ouvrir la salle, j’ai vu tout ce foutoir par terre, les cartons, les bouteilles de verre au-dessus ses cartons, un vrai bordel. Alors j’ai pris les cartons, les bouteilles, j’ai tout mis dehors».

Et puis elle est allée jeter le tout.

«Comment j’aurais pu savoir? Est-ce que je culpabilise? Non, j’ai simplement fait mon travail. Mais est-ce que je suis triste? Triste oui.»

L’adjoint à la communication de la ville explique:

«Nous sommes évidemment fort mécontents de cet incident. Il est clair que la femme de ménage de la salle ne s’est pas rendue compte qu’elle venait de jeter deux oeuvres. Mais c’est là tout le mérite des artistes qui ont su interpréter au mieux le sens même de l’art contemporain, qui est d’interagir avec ce qui l’entoure.»

Même perception de la part du critique d’art italien Achille Bonito Oliva qui estime qu’il s’agit là «de situations d’ambiguité saine». Il rappelle que l’art contemporain se sert d’objets déjà existants, extraits de la vie quotidienne et banale. Une installation n’est pas un tableau délimité par un cadre, elle déborde.

«Il est donc facile que le regard trébuche et méprenne une oeuvre d’art. Cela est arrivé notamment en 1978 à la Biennale de Venise, quand un peintre en bâtiment avait  repeint ce qu’il pensait être une simple porte. C’était un chef d’oeuvre de Marcel Duchamp.»

D’autres installations, assurément moins célèbres que celle de Duchamp, (dont la déterioriation avait valu à la Biennale de devoir rembourser à la galerie le prix de l’oeuvre…) ont aussi fait l’objet d’une méprise. En 2011, une femme de ménage, à Dortmund en Allemagne, avait confondu une installation de l’artiste allemand Martin Kippenberger avec une baignoire sale et avait retiré la patine de la baignoire en caoutchouc placée sous des planches en bois empilées.

En Allemagne encore, en 1986, une «motte de beurre suintante» comme la décrit Le Figaro, de l’artiste allemand Joseph Beuys, dans un musée de Düsseldorf avait aussi été «nettoyée».

« Appartement à louer », sauf aux chômeurs et aux étrangers


An.H. Publié le jeudi 20 février 2014 à 19h14 – Mis à jour le vendredi 21 février 2014 à 07h17

Belgique Une petite partie des agents immobiliers refusent de suivre les exigences des propriétaires.

Un logement correct à un prix décent ? Ce droit inscrit dans la Constitution reste un vœu pieux dans de nombreux cas. Pour des tas de raisons : le nombre d’habitations sociales est insuffisant dans les trois Régions du pays; les prix du marché privé ont flambé; les logements proposés sont insalubres ou ne correspondent pas à la demande… A cela s’ajoute la question de la discrimination.

Baromètre de la diversité

En 2013, le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme a ouvert 115 dossiers basés sur des signalements individuels de discrimination dans le logement – soit le quatrième motif de plainte après l’emploi, Internet et l’enseignement.

Mais combien de candidats locataires éconduits pour des motifs injustes et contraires à la loi ne donnent-ils aucune suite aux refus des propriétaires ? Dans le cadre de son projet « Baromètre de la diversité », le Centre a fait réaliser un premier état des lieux de la discrimination dans le logement en Belgique. Ce programme de recherche, réalisé par deux consortiums universitaires et soutenu par les trois ministres régionaux en charge du Logement, ainsi que par la ministre fédérale de l’Egalité des chances, Joëlle Milquet (CDH), a évalué l’ampleur et les formes de la discrimination dans le secteur du logement.

Dissuader les indésirables

Les résultats font apparaître une première évidence : les personnes d’origine étrangère, les allocataires sociaux et les ménages à revenus modestes sont particulièrement discriminés sur le marché privé du logement.

« Les chercheurs ont constaté que les propriétaires et les agents immobiliers sont désormais conscients de l’interdiction de discriminer sur la base de certains critères, surtout ceux liés à l’origine. Mais certains ont dès lors adopté des stratégies d’évitement plus subtiles, ce qui a pour conséquence de complexifier la lutte contre ces phénomènes », commente Patrick Charlier, directeur adjoint du Centre.

Des stratégies ? On demande au candidat locataire une fiche d’informations mais aussi des preuves de revenus ou d’emploi, des références de l’ancien propriétaire et/ou employeur… que le bailleur utilise pour dissuader les indésirables.

Les tests réalisés dans le cadre de l’étude montrent que ces stratégies visent le plus souvent les étrangers, les allocataires sociaux et, dans une moindre mesure, les personnes aveugles ou malvoyantes. Les candidats locataires d’origine étrangère ont par exemple été moins bien traités au cours de la visite du logement (effectuée pour les tests).

Le baromètre met en avant le rôle des agents immobiliers, qui font office de « tampons » entre les propriétaires privés et les candidats locataires.

Rôle clé des agents immobiliers

Il ressort ainsi des mêmes tests que 42 % des agents immobiliers donnent suite aux exigences discriminatoires des bailleurs d’écarter les étrangers. Ils sont même 61 % à répondre positivement à la demande des propriétaires de refuser les chômeurs.

Une petite partie d’entre eux refuse cependant explicitement de suivre les exigences des propriétaires : 14 % s’il s’agit d’étrangers et 7 % s’il s’agit des chômeurs. Les autres contournent la question, l’éludent ou renvoient la responsabilité au bailleur.

Il appartient donc au secteur de poursuivre ses efforts d’autorégulation et de sensibilisation, insiste le Centre pour l’égalité des chances.

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