Moncef Marzouki : «On aurait souhaité plus d’appui de l’Europe!»


marzouki

Le président de la république tunisienne tire le bilan de l’expérience post-dictature pour Le Soir. Il regrette qu’on n’ait pas pris la question de la corruption à bras-le-corps en Tunisie, demande plus aux Européens et… répond “oui et non!” à la question de savoir s’il veut rempiler.
Moncef Marzouki, l’un des plus célèbres opposants au régime de Ben Ali, dort au palais de Carthage depuis le 13 décembre 2011, onze mois exactement après la fuite du dictateur. De passage à Bruxelles pour le sommet UE-Afrique, il s’est confié au Soir.

Pouvez-vous tirer un bilan provisoire de votre présidence?

Je préfère parler de la Tunisie en général. Qui a eu trois crises à affronter en même temps: politique, sécuritaire et économique. On peut dire que nous avons surmonté le volet politique, avec l’adoption d’une constitution et la tenue d’élections avant la fin de cette année. Pour la sécurité, nous sommes tombés au mauvais moment, entre la révolte libyenne, égyptienne, syrienne, etc. Nous avons dû faire face à des actes terroristes, mais nous avons éradiqué le phénomène et la Tunisie est sûre maintenant. Quant à l’économie, elle a pris un sérieux coup avec la révolution qui a affecté les revenus du tourisme, mobilisé les revendications salariales, suscité des grèves et fait refluer les investissements étrangers. Avec ces trois crises concomitantes, le pays a pu parfois donner l’impression de chavirer, de sombrer dans le chaos.

L’expérience politique unique de la «troïka» (la coalition gouvernementale entre décembre 2011 et janvier 2014 emmenée par les islamistes d’Ennahda avec deux partis laïcs, dont le CPR fondé par Moncef Marzouki, NDLR) a constitué une approche pragmatique qui a consisté pour nous, paradoxe apparent, à travailler à une construction démocratique avec Ennahda pour dépasser la bipolarisation islamistes-laïques. Elle a permis la rédaction et l’adoption non sans difficultés d’une constitution consensuelle votée en janvier par 200 députés sur 217. Tout cela me porte à l’optimisme. Notre pays a souvent été près du gouffre mais il a tenu bon. Notamment grâce à notre très forte société civile et au fait que nous sommes un peuple homogène.

Avez-vous de regrets, pensez-vous à des erreurs commises?

Bien sûr. La plus grande erreur, stratégique, a été le fait du premier gouvernement de la troïka, sous Hamadi Jebali. Elle a consisté à chercher un modus vivendi avec ceux de l’ancien régime, à ne pas mettre en œuvre une lutte efficace contre la corruption et à faire attendre le lancement de la nécessaire justice transitionnelle. Cela a indigné les Tunisiens qui ont continué à voir les mêmes corrompus parader. Je le dis: il ne peut y avoir d’impunité et l’argent volé doit être rendu aux Tunisiens.

On voit en effet des anciens caciques du RCD au pouvoir sous la dictature se balader sur les plateaux de télévision, cela vous choque?

Et comment! Leur arrogance, leur mépris, leur faconde! Mais c’est illusoire, je crois: les électeurs sauront s’en souvenir.

A propos d’élections, votre parti qui avait terminé second pour la constituante en 2011 paraît moins fringant, craignez-vous pour lui?

J’en suis le fondateur mais n’en suis plus membre depuis que je suis président de la république. Je reste proche de ses idées et je rappelle qu’on ne donnait pas cher de sa peau à l’élection de 2011. La Tunisie a besoin d’un rassemblement de partis innovants, dans un spectre assez large, allant dans le sens de la révolution pour faire face à la contre-révolution, coupant tous les ponts avec l’ancien régime, comme un front patriotique.

Vous-mêmes avez accepté une présidence de la république amputée d’une bonne partie de ses prérogatives, à part la défense et les affaires étrangères, n’en concevez-vous pas de la frustration?

C’est moi qui ai théorisé le système. Le partage des pouvoirs entre le président et le Premier ministre a pour but d’éviter les tentations dictatoriales grâce à ce régime mixte, bicéphale. Ainsi le président contrôle l’armée, le Premier ministre la police. C’est certes un peu frustrant mais cela reste le meilleur moyen de consolider la démocratie pendant les prochaines années.

Pourtant, un de vos proches, Aziz Krichen, dit qu’Ennahda avait succombé à «la tentation hégémonique» et avait traité ses partenaires comme votre parti comme des «larbins»…

Je ne cautionne pas ce dernier mot mais tentation hégémonique il y a eu. C’est pourquoi j’ai poursuivi la stratégie d’union, pour dépasser le clivage islamistes/laïques.

Avez-vous envie de rempiler?

Oui et non! Oui car il reste beaucoup à faire, et non car c’est le métier le plus difficile au monde. Je me prononcerai un mois avant l’élection, qui doit avoir lieu avant la fin de cette année selon la Constitution. En attendant, je continue à travailler tous les jours pour contribuer à amener le bateau Tunisie à quai.

L’Union européenne était proche du dictateur, comment jugez-vous son action actuellement?

Le passé est le passé. Après le départ de Ben Ali, on aurait souhaité plus d’appui. Certes, nous sommes mal tombés, il y avait la Grèce, maintenant l’Ukraine. L’Europe a toujours plus regardé vers l’est que vers le sud. Elle n’a pas porté assez de considération aux printemps arabes, or ce séisme va se prolonger pendant des décennies, porteur de chances et de dangers. J’ai l’impression que l’Europe n’a pas de vision stratégique vis-à-vis du monde arabe. Exemple simple: il n’y a jamais de sommet UE-monde arabe. Or si nous basculons dans le chaos, comment l’Europe pourrait-elle s’en protéger?

Qu’attendez-vous, de l’argent?

Surtout des investissements. Et cette idée que j’ai lancée de transformer la dette en projets: nous payons notre dette en faisant travailler vos entreprises à des projets de développement chez nous. Tout le monde s’y retrouve. Le service de notre dette nous coûte 4 milliards de dinars par an (1,8 milliard d’euros), avec ma suggestion on pourrait doubler l’investissement régional.

Que vous répond-on en Europe?

Je n’ai qu’un faible écho jusqu’à présent. J’espère pouvoir capitaliser des soutiens venant des sociétés civiles et des partis politiques.

Un mot sur la Syrie, où le carnage continue?

C’est un cauchemar pour moi. Au sommet arabe il y a quelques jours, j’ai fait un appel de médecin à médecin (Moncef Marzouki est médecin et Bachar el-Assad ophtalmologue de formation, NDLR) et j’ai proposé qu’on envoie des médecins arabes au camp palestinien de Yarmouk à Damas. Je n’ai pas eu de réponse. Cet homme et son système sont psychotiques. Il n’y a rien à espérer d’eux. Ils sont insensibles à la cruauté. C’est un univers mental qui me dépasse. Le seul espoir qu’on peut entretenir repose sur un sursaut éventuel d’hommes de raison chez les Iraniens et chez les Russes. Sinon, ils détruiront la région.
Propos recueillis
par BAUDOUIN LOOS

Une version légèrement plus courte a été publiée dans les colonnes du Soir le jeudi 3 avril 2014.

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Les photos des Marines américains sur le sol tunisien déçoivent la population


Les photos des Marines américains sur le sol tunisien déçoivent la population

Les enquêtes de terrain menées par Echorouk sur la situation politique et économique en Tunisie dévoilent de nouveau des preuves indiscutables de la présence d’une base américaine. En effet notre site avait récemment publié des images montrant la présence en masse d’officiers de la CIA ainsi des soldats d’Africom sur le sol tunisien, en particulier tout au long de la frontière algérienne.

Les images révèlent en effet, que la coopération tuniso-américaine a atteint le top ,Outre,les Américains seraient installés dans quatre points, dont deux au sud du pays à Ben Guerdane et Médenine et à Zarzis pour contrôler les côtes tunisiennes proches des eaux libyennes.

Nos images dévoilent ainsi que plusieurs soldats de la Marines et d’Africom se sont installés, quant à eux, sur les monts de Chaâmbi à la frontière avec l’Algérie, dont un haut officier américain de grade de colonel et des experts en topographie et des appareils de surveillance à l’aide de satellite.

http://www.echoroukonline.com/ara/articles/190338.html http://www.echoroukonline.com/ara/articles/190338.html

Tunisie : Le blog Boukornine


Il faut avoir vécu ce soir au Bardo pour comprendre que le peuple ne lâchera jamais prise.Il faut avoir senti le sol trembler. Il faut avoir vu les gens pleurer en entonnant l’hymne national. Il faut avoir vu la place bondée comme jamais pour mesurer la révolte qui anime le peuple contre ceux qui ont confisqué sa révolution.

Des cheikhs de la Zitouna ont récité des versets coraniques. Les manifestants ont fait la prière dans la rue.
Pourtant, Noureddine Khadmi, le terroriste qui appelle expédie nos jeunes s’embourber dans l’enfer syrien, a sorti un communiqué ce matin, déformant un slogan et accusant la foule de « mécréants » et « ennemis de l’islam » pour semer la discorde et entraîner les gens à s’entretuer.
Tu en as vu beaucoup des « ennemis de l’islam » qui font la prière, espèce de terroriste ?

Ce sont les derniers soubresauts d’un islamisme en faillite. À bout d’arguments, ils jouent la carte de la victimisation et de faux-débats identitaires, ils prétendent que ces foules qui grondent et exigent leur départ sont « manipulées », font partie d’un « complot israélien » ou encore, sont des « mécréants qui veulent détruire l’islam ».

Vous n’avez plus aucune crédibilité. Plus aucune capacité de mobiliser des gens. Le peuple vous vomit.

Ce soir, ils ont envoyé des dizaines de milliers de SMS, chargé leurs imams vendus d’inciter les fidèles à se rendre au Bardo, payé des gens pour qu’ils viennent les soutenir et pourtant rien n’y fit.

Ils étaient malgré tout, moins nombreux que nous.
Bientôt, ils seront à court de Chocotom et plus personne n’en voudra.

Ce parti fasciste aura quand-même réussi l’exploit de rassembler les frères ennemis de l’UGTT et de l’UTICA ou encore de réconcilier, du moins momentanément, Jabha et Nidaa.

Encore un nouveau discours de Laârayedh et de Marzouki, le même autisme, le même déni, même si la voix est plus tremblotante et que la fin semble plus proche que jamais.

Les revendications sont claires: la dissolution de l’ANC, la chute du gouvernement, la formation d’un gouvernement de salut national pour sauver ce qui peut encore l’être et la finalisation de la constitution par une commission d’experts ainsi que la réalisation au plus tôt, d’élections.

Même si la l’alternative de l’UGTT concernant la continuante est aussi à étudier, celle de ne pas dissoudre l’ANC mais de la déchoir de quasiment toutes ses prérogatives sauf celle de voter pour la version finale de la constitution.

Tunisie/Égypte – Un laboratoire exemplaire ? (Les Cahiers de l’Orient 109, printemps 2013)


Tunisie---Liberte

photo © Pierre Piccinin da Prata (Tunis – place de la Kasbah – février 2011)

Conviendrait-il de conclure que, au mieux, le « Printemps arabe » se résumerait désormais aux cas tunisien et égyptien ?

Les clefs d’un désastre…

Le « Printemps arabe », en effet, ne semble pas vouloir tenir ses promesses ou, plus exactement, celles des nombreux observateurs euphoriques qui ont cru déceler, dans cette « vague révolutionnaire déferlant sur tout le monde arabe, du Maroc aux portes de l’Iran », l’émergence soudaine et généralisée d’une société civile suffisamment forte pour transformer politiquement l’Afrique du nord et le Moyen-Orient, en renversant des régimes dictatoriaux et en imposant des règles sociales et économiques nouvelles.

Quelques erreurs d’approche, d’abord, ont faussé l’analyse et produit cette expression-même de « Printemps arabe », qui résume à elle seule la distorsion existant entre les conclusions des commentateurs et la réalité du terrain ou, plus justement dit, « des » terrains : la passion générée par cet ensemble d’événements spectaculaires et l’emballement naïf qui en a résulté ; les comparaisons incongrues avec des épisodes de l’histoire européenne en apparence similaires (la Révolution française de 1789 ou le « Printemps des peuples » de 1848), qui ont conduit à l’application de schémas et de grilles d’analyse complètement inadéquats, produisant de ces révoltes arabes une image déformée et une interprétation prospective qui est désormais invalidée par les événements ; l’explication mono-causale de ces « révolutions », alors que les États concernés présentent des modes de fonctionnement politiques, socio-économiques, mais communautaires et religieux également, très divers, qui ont démultiplié les raisons et les configurations de la contestation ; l’erreur sémantique, qui a généré la confusion entre « révolte » et « révolution » ; et l’attrait de l’actualité, aussi, qui a nié la perspective des mouvements de contestation, dont la plupart ne sont pas nouveaux, mais existent depuis les années 1980’ et ont reçu depuis trente ans des réponses identiques à celles qui leur ont été données aujourd’hui, au Maroc, par exemple, en Algérie ou en Jordanie. Rappelons aussi que, des vingt-deux États membres de la Ligue arabe, seulement six pays sont concernés par ce « Printemps ». Enfin, la question se pose de savoir ce qui a motivé les jeunesses arabes : leur révolte avait-elle pour objectif la démocratie ou bien s’est-il agi d’une frustration au regard du pouvoir de consommer de l’Occident ?

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Des milliers de personnes aux funérailles de Chokri Belaïd


vendredi 8 février 2013, par La Rédaction

vendredi 8 février 2013, par La Rédaction

Quelque 3.000 personnes étaient rassemblées vendredi matin à Djebel Jelloud, un quartier de la banlieue sud de Tunis, pour participer aux funérailles prévues en début d’après-midi de l’opposant assassiné, Chokri Belaïd, selon des journalistes de l’AFP.
La foule, qui continue de grossir, est réunie devant la maison de la culture du quartier où le cercueil est exposé, couvert de fleurs. Une procession doit traverser le quartier pour rejoindre le cimetière voisin d’El-Jellaz où l’opposant sera mis en terre en début d’après-midi.

Chokri Belaïd, né le 26 novembre 1964 à Djebel Jelloud et mort le 6 février 2013 à El Menzah, est un homme politique et avocat tunisien. Il est ancien membre de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique et le Secrétaire général du Mouvement des patriotes démocrates.

Il est assassiné par balles le 6 février 2013 alors qu’il sort de son domicile du quartier d’El Menzah. Ce meurtre déclenche alors de nombreuses manifestations, son frère accusant le parti au pouvoir Ennahda d’avoir fomenté cet assassinat.

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La Tunisie en grève enterre Chokri Belaïd


vendredi 8 février 2013, par La Rédaction

La Tunisie tourne au ralenti vendredi à cause d’une grève générale décrétée pour les funérailles de l’opposant Chokri Belaïd, dont l’assassinat a aggravé la crise politique et provoqué des violences.

Le débrayage national était organisé à l’appel de partis politiques et de la centrale syndicale historique, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), pour marquer les obsèques de cette figure politique anti-islamiste très médiatisée depuis la révolution de 2011, tuée mercredi par balles. Le dernier appel à une grève effective de cette ampleur remonte au 14 janvier 2011, participant à la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali, qui avait pris la fuite ce jour-là vers l’Arabie saoudite.
L’aéroport de Tunis-Carthage, le principal du pays, restait ouvert le matin mais le trafic y était très perturbé avec un grand nombre de vols annulés, ont indiqué un représentant de la compagnie nationale Tunisair joint par téléphone et des journalistes de l’AFP.
En ville, les rues étaient largement vides, et seuls de rares bus étaient visibles. Le tramway de Tunis semblait fonctionner mais les rames, d’ordinaire bondées vers 07H30 GMT étaient désertées.
L’UGTT, forte de 500.000 membres, a appelé les Tunisiens au calme et au recueillement. « C’est une grève pacifique contre la violences », selon elle. Un appel relayé par le ministère de l’Intérieur et la présidence.
Dans un communiqué, le ministère a appelé « tous les citoyens, hommes et femmes, au regard des circonstances exceptionnelles, à respecter le droit de travailler, le droit de grève et à éviter tout ce qui porterait atteinte à la sécurité publique ».
L’assassinat de Chokri Belaïd, sans précédent dans les annales contemporaines, a déclenché deux jours de violences opposant policiers et manifestants à travers le pays. Un policier y a été tué.
L’opposant doit être inhumé en début d’après-midi à Djebel Jelloud, banlieue du sud de Tunis, après une procession. La famille a demandé à l’armée de protéger le cortège.
« Mon fils est un homme qui a vécu avec courage et dans la dignité. Il n’a jamais eu peur, il est parti en martyr pour son pays », répète Salah Belaïd aux visiteurs venus s’incliner devant la dépouille couverte de fleurs dans le domicile familial orné du drapeau national.
Dès 08H30 GMT, des dizaines de personnes, dont des personnalités politiques d’opposition, y défilaient pour présenter leurs condoléances et réciter des versets du Coran.
Depuis mercredi, les chaînes de télévision multiplient les chansons engagées et talk-show enflammés donnant la parole à des politiques et de simples citoyens qui laissent libre court à leur tristesse, leur colère et leur peur que le pays ne bascule dans l’instabilité.
« Adieu Chokri, martyr de la liberté ! » scandait-on, entre fleurs et chandelles, à l’endroit où il a été abattu de sang froid de trois balles tirées à bout portant devant son domicile tunisois.
Terrassée par la douleur, sa veuve Besma, observait le silence après avoir répété ces trois derniers jours que la mort de son mari avait été commanditée par les islamistes au pouvoir du parti Ennahda.
Ce meurtre a d’ailleurs aggravé la crise politique. Le Premier ministre islamiste Hamadi Jebali a appelé mercredi soir à la création d’un gouvernement restreint de technocrates ce que son propre parti, Ennahda, a rejeté fermement.
La présidence a indiqué jeudi ne pas avoir « reçu de démission du Premier ministre, ni les détails d’un cabinet restreint de technocrates » et M. Jebali n’est pas apparu en public depuis 36 heures.
L’ambassade de France a appelé ses quelque 25.000 ressortissants à la prudence et annoncé la fermeture des écoles françaises (plus de 7.000 élèves) vendredi et samedi.
Le ministère de l’Enseignement supérieur a annoncé la fermeture des universités jusqu’à lundi.
Les violences politiques et sociales se sont multipliées ces derniers mois face aux espoirs déçus de la révolte et de l’émergence de milices pro-islamistes régulièrement accusées d’attaquer les opposants.

(08-02-2013 – Avec les agences de presse)

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Tunisie – Amira Yahyaoui : « Le bras de fer commence maintenant. »


À Siliana, le 30 novembre 2012, une femme proteste contre la répression des émeutes qui ont éclaté en raison de la pauvreté et du chômage qui frappent la région. © Amine Landoulsi/AP/Sipa

Dans la rue, les gens la reconnaissent. « Ils me disent : Hey, mais t’es la fille qui travaille sur l’Assemblée constituante. Merci beaucoup », raconte-t-elle, un large sourire scotché sur le visage. Amira Yahyaoui, 28 ans, est la présidente et cofondatrice de l’ONG Al-Bawsala (la boussole) qui vise à promouvoir la démocratie en Tunisie et qui anime le projet Marsad militant pour la transparence au sein de l’Assemblée constituante tunisienne. La petite équipe de l’ONG organise inlassablement des débats entre citoyens et politiques.
Cyberactiviste, Amira avait rejoint, sous Ben Ali, le site satirique TUNeZINE, fondé par son cousin Zouheir Yahyaoui, premier martyr du Web en 2005. Depuis Paris, où elle est étudiante et exilée, la fille du juge Mokhtar Yahyaoui – qui avait notamment adressé une lettre à Ben Ali pour dénoncer l’absence d’indépendance de la justice – participe en 2010 à l’organisation de la manifestation contre la censure.
Après la chute de Ben Ali, Amira tente une incursion en politique. Elle se présente aux élections de l’Assemblée constituante en tête de la liste indépendante « Sawt Mostakel ». Elle n’obtiendra aucun siège. Peu importe. Invitée à représenter la société civile tunisienne au Forum de Davos ou encore au Women’s Forum, elle reçoit en juin 2012 le prix Trailblazer du Global Leadership Award pour son travail visant à améliorer les droits des femmes et la participation des citoyens. Pour le Point.fr, Amira Yahyaoui revient sur la situation en Tunisie, deux ans après la révolution.

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C’est pour ça que Bouazizi est mort ?


Afef Ben Hamouda est une enseignante d’anglais. Sans engagement politique, elle a voulu assister au meeting de Nidâa Tounes « par curiosité », affirme-t-elle. Elle nous livre ici un témoignage accablant sur les évènements de Djerba.

« Avec un groupe d’amies nous avions quitté Houmet Essouk pour l’hôtel Casino où devait se dérouler le meeting de Nidâa Tounes. Arrivées sur place une heure avant le début du meeting, l’endroit était déjà bondé de voitures. Et il n’y avait pas de place où se garer aux alentours de la salle du meeting. Avec l’ambiance qui y régnait j’avais le pressentiment qu’il allait se passer quelque chose.

Près de l’entrée de la salle il y avait une foule dense composée de personnes franchement agressifs venues par voitures et camions entiers. Ils manifestaient bruyamment leur hostilité à Béji Caïd Essebbsi. Les manifestants ne laissaient pas passer les gens et leur fermaient l’accès au meeting. Celui qui entrait était systématiquement insulté avec des mots orduriers. Quand nous nous sommes approchées de l’entrée ils nous ont attaquées en nous empêchaient d’avancer toujours avec un florilège d’invectives : « Ya tajammoo ! Ya masskhin ! » (Sales Rcdistes !). Et d’autres mots orduriers que je ne peux pas citer ici. Une de nos amies, une djerbienne juive, était traitée de tous les noms. Nous avons décidé de nous retirer de peur d’être agressées physiquement.

Sur le conseil d’un passant nous avons tenté un autre accès par la plage pour arriver à l’hôtel Casino. D’autres personnes ont choisi la même méthode. L’ambiance était très tendue et nous avions vraiment peur. Nous étions dans un tel état de terreur ! Après 15 minutes de marche nous avons réussi à arriver à l’hôtel par une autre voie.

A notre surprise, les mêmes personnes étaient encore là ! Il y avait des taxis, des motos et des voitures particulières remplis de gens téléphone en main qui avaient l’air de coordonner entre eux pour empêcher les gens d’arriver à l’hôtel.

Quand nous les avons approchés ils nous ont chassés avec des insultes toujours aussi grossières ! Et là nous avons décidé de rebrousser chemin car nous sentions que notre vie était vraiment en danger. Nos deux autres amies ont décidé de rester « coûte que coûte ». Finalement, elles ont été bloquées à l’intérieur.

En rentrant nous avons rencontré plusieurs autres personnes apeurées qui ont aussi choisi de partir.

Pour éviter de croiser les manifestants, nous avons emprunté le sens inverse sur la route car ils nous attendaient en embuscade avec des bâtons et des pierres. L’ambiance était véritablement terrifiante ! Cela m’a rappelé le 14 janvier où j’ai vécu à peu près la même chose à l’aéroport.

Nous sommes finalement rentrées au centre ville. Mon frère, qui s’était rendu de son côté au meeting, m’a appelée depuis la salle principale pour me dire qu’il avait réussi à entrer suite à une grosse bousculade. Nos deux amies étaient aussi à l’intérieur. Elles ont été prises au piège. Mon frère m’a raconté plus tard qu’ils ont été séquestrés à l’intérieur après avoir été piégés par les manifestants qui ont fermé tous les accès à la salle. Ces derniers ont pénétré dans la salle, cassé tout ce qu’il y avait dedans et frappé des gens. Ils ont essayé d’interrompre le meeting une première fois. Puis ils sont parvenus à l’arrêter définitivement. Ils sont entrés très facilement dans la salle. On dirait que la police était absente. Puis ils ont commencé à interrompre les intervenants à la tribune. Les gens étaient terrorisés ! Mon frère m’a dit qu’ils ne pouvaient plus sortir et que la salle était verrouillée de l’extérieur.

J’entendais au téléphone des bruits de casse et des gros mots puis le discours de Ahmed Néjib Chebbi. Puis plus rien. Les incidents ont commencé autour de 16h15 et mon frère n’a pu quitter les lieux que vers 18H45. Il a été évacué dans un fourgon de la police avec des femmes et des enfants « comme du bétail ». Les policiers demandaient aux gens, en les insultant, de « garder le silence ». Et les menaçaient de les « jeter comme des chiens aux bandits » s’ils parlaient.

Les gens ont ensuite été abandonnés près de la plage très loin de leurs voitures. Des femmes pleuraient et suppliaient les policiers de les ramener en lieu sûr. Ces derniers répondaient par des insultes et des menaces.

Ce qui s’est passé à Djerba est une vraie catastrophe ! Un scandale ! Une honte ! Les agresseurs sont connus. Ce ne sont pas des djerbiens. Tout était organisé à l’avance. Ils avaient un plan. Ils étaient très bien informés de l’organisation du meeting. Ce ne sont pas des salafistes malgré les drapeaux noirs qui ont été vus. « C’est une façade ». Ils ont été payés pour ça !

Témoignage recueilli par Sami Ben Mansour

source : facebook Raoudha Azaiez Boughenia

REACTION

Djerba : Les habitants présentent leurs excuses et adhèrent à Nidaa Tounes
mardi 25 décembre 2012, 14:15 ·

Le Maghreb rapporte que des habitants de Djerba ont publié une pétition présentant, ainsi, leurs excuses officielles au parti de Béji Caïd Essebsi tout en soulignant leur rejet de la violence politique.

« Nous, habitants de Djerba, dénonçons la violence subite par le parti Nidaa Tounes et nous assurons que ce comportement hostile n’est pas des habitudes des habitants de Djerba. D’ailleurs, la majorité des mercenaires, étant à l’origine de cet acte, ne sont pas originaires de la région ».

Les habitants de Djerba ont, également, affirmé que suite à ses actes de violences, ils comptent désormais, adhérer au parti de Béji Caïd Esebsi et ont appelé Hamadi Jebali à assurer la sécurité de l’île de Djerba qui se nourrit du tourisme.

Tunisie : des opposants attaqués et assiégés par des islamistes à Djerba


dimanche 23 décembre 2012, par La Rédaction

Les responsables du principal parti d’opposition tunisien ont été attaqués et assiégés samedi par des centaines de manifestants soutenant les islamistes au pouvoir qui ont envahi l’hôtel de Djerba (sud) où devait se dérouler une réunion de la formation.

Les manifestants brandissant des banderoles hostiles au parti Nidaa Tounès s’étaient d’abord rassemblés devant un hôtel de Midoune, sur l’île de Djerba, puis ils ont franchi le cordon policier, pénétrant dans l’hôtel et envahissant les lieux, selon un journaliste de l’AFP.

La salle où se tenait la réunion a été aussi envahie par les manifestants, forçant le parti à annuler la rencontre.

La réunion devait marquer la fin d’un deuil de 40 jours, à la suite de la mort de Lotfi Naguedh, coordinateur de ce parti à Tataouine (Sud) battu à mort en octobre par des manifestants soutenant les islamistes du parti Ennahda, qui dirigent le gouvernement.

Plus tôt samedi, les opposants avaient été visés par des jets de pierres et certaines vitres de l’hôtel ont été partiellement brisées.

Les cadres et les militants d’opposition ainsi que des journalistes ont été bloqués dans l’hôtel en milieu d’après-midi, encerclé par les manifestants qui scandaient « Dehors pourritures ».

La police est restée en retrait. En début de soirée, un semblant de calme était revenu même si les manifestants étaient toujours rassemblés aux abords de l’hôtel.

Le chef du parti, l’ex-Premier ministre Beji Caïd Essebsi, à l’antenne des radios Mosaïque et Shems, a accusé la Ligue de protection de la révolution d’être derrière ces évènements.

Cette organisation, sorte de milice pro-Ennahda aux méthodes brutales, est à l’origine de plusieurs coups d’éclats. L’opposition et une partie de la société civile réclament la dissolution de cette Ligue, ce à quoi le gouvernement se refuse.

Des représentants de Nidaa Tounès en France ont condamné ces violences « visant à empêcher purement et simplement toute manifestation démocratique du parti », dans un communiqué publié à Paris.

Le parti dénonce « le mutisme et l’inaction des autorités compétentes et des pouvoirs publics en charge de la protection des populations, du maintien de l’ordre et du bon déroulement des manifestations démocratiques républicaines », selon les termes du communiqué.

« C’est un véritable scandale. Nous avons contacté le ministre de l’Intérieur (Ali Larayedh) et le ministre des Droits de l’Homme Samir Dilou mais ils refusent d’intervenir », a déclaré à l’AFP l’avocate Bochra Belhaj Hmida, qui participait à la réunion de Nidaa Tounès.

Contacté par l’AFP, le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Khaled Tarrouche, n’était pas en mesure d’apporter des précisions sur la situation.

Nidaa Tounès est accusé par le gouvernement de chercher à réintégrer dans la vie politique des membres du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti du président déchu Zine El Abidine Ben Ali.

Fondé en juillet, le parti est, selon les sondages d’opinion, au coude à coude avec Ennahda. Les affrontements entre partisans des deux camps interviennent régulièrement.

Depuis l’été, les manifestations violentes et les attaques de groupuscules islamistes radicaux se multiplient alors que la Tunisie peine à se stabiliser depuis la révolution de l’hiver 2010-2011.

(23 Décembre 2012 – Avec les agences de presse)

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