Un génocide en cours : les Ouïghours menacés de disparition



Médiapart a déjà documenté le premier génocide technologique de l’histoire : celui qui vise actuellement les Ouïghours en Chine. La journaliste Laurence Defranoux a situé ce terrible épisode en cours. Quand la bombe à retardement va-t-elle exploser ? (Gilles Fumey)

defranoux-ouighours-histoire-peuple-sacrifie-1399x2048

Comment se battre contre un engrenage génocidaire [1] mis en place par le régime chinois à l’égard des Ouïghours ? Depuis soixante-dix ans, l’étau s’est resserré contre ce peuple aux marges de la Chine. Pourtant, l’ancien président Mao Zedong lui avait promis l’indépendance avant de le coloniser avec force sitôt installée la nouvelle république en 1949…

La journaliste Laurence Defranoux s’est faite, il y a quelque temps, la narratrice d’une persécution programmée de ce peuple. À force d’enquêtes dans les archives, d’interviews des rescapés des camps, des familles des détenus d’aujourd’hui, elle était parvenue à mettre au grand jour l’histoire d’une entreprise d’éradication d’un peuple entier dans une région de l’empire chinois, le Xinjiang, aux frontières de huit pays et qui regorge de richesses naturelles. Aujourd’hui, a lieu dans ce recoin du monde une persécution systématique d’un peuple amené pour les dirigeants chinois à disparaître.

Présentés comme des arriérés, les Ouïghours ont pourtant une histoire brillante qu’on fait remonter à 3 800 ans dans une géographie unique avec des montagnes (jusqu’à plus de 7 000 m d’altitude) dominant deux grands bassins (jusqu’à 154 m sous le niveau marin). Dénommé dans l’histoire « Turkestan », le Xinjiang a vu être enfouies sous les sables des cités antiques. Et les habitants ? Des analyses génomiques montrent qu’ils ne sont ni celtes, ni turciques, ni chinois. On est là sur un lieu de passage entre les mondes chinois et méditerranéen.

La géographie du Tarim montre un désert jalonné d’une quinzaine d’oasis sur ce qu’un géographe allemand appelle au 19e siècle les «Routes de la soie». Évangélisés au 7e siècle, les Ouïghours avaient fondé leur propre empire, qui aide les Chinois au 8e siècle, avant de se séparer, les uns vers le Gansu, les autres vers le Tarim, puis de se sédentariser. « Professeurs de civilisation de Gengis Khan », actifs jusqu’en France où un moine ouïghour est reçu par Philippe le Bel, les Ouïghours vont « s’évanouir » du 15e au 20e siècle, le Xinjiang étant intégré à l’empire Qing, et devenant une province jusqu’à la fondation de la république de Chine en 1912. Peu avant la Longue marche, Mao promettra l’autodétermination. Des républiques du Turkestan sont proclamées en 1933, puis en 1944 avant l’élimination des futurs dirigeants dans un crash d’avion en août 1949.

Les premiers soldats chinois arrivent au Xinjiang en 1954. L’exploitation des terres et des ressources minières y est lancée, la région doit donner des soldats pour la réserve de la Chine populaire. Les premiers camps pour les récalcitrants sont installés sur des terres agricoles. Les colonies militaires deviennent « secret défense », ont leur propre administration : postes, prisons, hôpitaux, tribunaux. Progressivement, la terre devient un goulag où sévit la famine. Les mosquées sont transformées, suprême humiliation, en porcheries.

Après la mort de Mao en 1976 et la « modernisation » de Deng Xiaoping, l’étau se desserre, les frontières sont ouvertes, les religions sont tolérées, la culture connaît un nouveau souffle jusqu’à la mort par overdose d’Exmetjan en 1991, à l’âge de 22 ans. En réalité, le revirement avait démarré dans les années 1980 où le vent de la révolte souffle sur toute la Chine, un sursaut écrasé à Tien’anmen en avril 1989. Dès lors, la colonisation reprend de plus belle. Jacqueries, plasticage, autorisations politiques à la violence, tout est organisé par l’État central qui attise le feu par des décisions absurdes. Laurence Defranoux a détaillé « le long bras de la police chinoise autour de la Terre ». Elle analyse la fabrique du terrorisme chinois de 2001 à 2008, les transferts de population, les quotas ethniques, voire le retour des autodafés… Et une communauté internationale qui ferme les yeux, donne au gouvernement l’occasion d’une publicité mondiale avec les JO de Pékin en 2008. Alors que les procès s’enchaînent comme celui de Liu Xiaobo et que les multinationales s’y installent et prospèrent.

L’enchaînement infernal, c’est 2009-2011 : harcèlement des jeunes, ratonnades, hystérie collective suite à des attaques à la seringue, les politiciens feignant d’agir, sinon par la propagande. À l’arrivée de Xi en 2012, le « rêve chinois » est en marche. Sévit alors un nationalisme outrancier, un listing de « périls » provenant de l’Occident. Les « nouvelles Routes de la soie » tissent activement une toile dont le Xinjiang est le centre, le « carrefour mondial ». Un attentat-suicide sur la place Tian’anmen, des massacres (comme les États-Unis en sont familiers), tout est bon pour désigner les Ouïghours comme responsables, autant de faits relevant de la prophétie réalisatrice.

Surveillance « orwellienne »
Les méthodes brutales de la Révolution culturelle (1966) que Xi a lui-même connues vont être appliquées aux Ouïghours. La guerre du peuple est déclarée, les religions sont traquées, les filles doivent se trouver des « amis » han, des émeutes hystérisent la vie des Ouïghours tandis que le parti islamique du Turkestan s’installe à l’étranger, faisant des Ouïghours une « autre sorte de jihadistes » (dixit les dirigeants chinois). De multiples témoignages confirment le désespoir de la population devant l’État policier qui les asphyxie : lois antiterroristes, « serments de masse » où des milliers d’enseignantes doivent aduler Xi, dénonciations et punitions, absence de protection des données personnelles…

Les 12 millions de Ouïghours sont les cobayes d’une recherche « visant à faire de la Chine une dystopie ». Avec des programmes comme « Devenir une famille », l’interférence dans l’éducation des enfants ouïghours, l’institutionnalisation de la violence sexuelle, l’incitation à la consommation d’alcool (dans une culture musulmane), l’utilisation de l’IA pour surveiller les déplacements et les conversations téléphoniques que les Chinois recoupent avec d’autres données avec des logiciels espions : la vie des Ouïghours devient un enfer.

Des centaines de milliers de Ouïghours dans les camps
Le pire est atteint avec les camps décrits comme des lieux du supplice. On ne dévoile pas ici les informations reçues par Laurence Defranoux mais ils défient l’imagination. Le PC veut « briser les lignées, les liens, les racines, les origines ». Des tortures mentales aux tortures physiques (à l’électricité), des viols en série, des stérilisations et des avortements forcés, des bébés et des enfants enfermés, des familles séparées, tout est exécuté avec un sang-froid qu’on a peine à imaginer d’un pouvoir qui se présente comme respectable au reste du monde. 21% des arrestations de toute la Chine sont le fait des Ouïghours qui ne représentent que 2% de la population ; dans certaines villes, cela représente un adulte sur huit. Le pire ? La Chine nie tout de cette « prison à ciel ouvert ». Aucun déplacement libre n’est possible dans le Xinjiang. Le travail forcé est devenu la règle et toute entreprise chinoise peut demander à l’État des ouvriers ouïghours.

En octobre 2018, volte-face : la Chine est forcée de reconnaître les camps qui sont rebaptisés, par exemple, « centres de formation professionnelle ». La propagande fonctionne à fond : « les Ouïghours sont heureux ». Pékin crie à la désinformation et au « complot anti-chinois ». Dans quelques années, le Xinjiang sera devenu un parc d’attractions pour touristes chinois, où les habitant turciques seront folklorisés.

« Aujourd’hui, aucun Ouïghour n’est libre, leur civilisation se meurt et le monde s’en accommode »,alerte Laurence Defranoux. Cette vaste colonie pénitentiaire a fait l’objet de… félicitations de la part de gouvernements musulmans qui craignent pour leurs juteuses affaires avec Pékin. Amnesty international crie au « génocide et au crime contre l’humanité ». La Chine ne reconnaît pas la compétence de la Cour de justice internationale mais sir Geoffrey Nice parvient à fonder à Londres un Tribunal ouïghour en 2021, reconnu par de nombreux pays européens et l’Assemblée nationale française. En  022, l’ONU a dressé un réquisitoire accablantcontre la politique de Xi Jinping au Xinjiang.

L’heure de la résistance n’a-t-elle pas sonné ? Les États libres doivent réagir devant l’ogre chinois.

[1] Dans Philosophie Magazine, l’historien Jean-Louis Margolin réfute l’idée d’un génocide des Ouïghours au profit d’une violence de l’État chinois depuis le maoïsme que nous feignons d’ignorer. 

À lire/voir
Les Ouïghours sont victimes du premier génocide technologique de l’histoire (Clément Le Foll)
L’empire de l’or rouge (Jean-Baptiste Malet)
La Chine et la persécution des Ouïghours : une enquête au cœur de la machine répressive chinoise (Eric Darbé & Axel Royen)
Chine : le drame ouïghour, un film très documenté et bouleversant de
Romain Franklin et François Reinhardt sur Arte (2024)

Géographies en mouvement 
Pour nous suivre sur Facebook
https://facebook.com/geographiesenmouvement

Islamisme: l’aveuglement peut-il tenir lieu de lucidité?


 

Dans une interview au « Soir » en prélude à sa conférence à l’ULB du 25 janvier dernier, Gilles Kepel, spécialiste français de l’islam et du monde arabe, a tenu des propos qui ont fort surpris les scientifiques que nous sommes.

C’est d’abord la réutilisation par M. Kepel du terme islamo-gauchiste, forgé par l’extrême droite pour discréditer l’antiracisme de gauche, et plus encore l’usage qu’il en fait pour dénoncer ses collègues qui nous ont marqués. Nous devons reconnaître que nous sommes plus familiers des discussions scientifiques que des anathèmes et que nous avons la faiblesse de penser que, même dans des domaines délicats, les premières doivent être préférées aux seconds.

C’est ensuite que s’est instillé en nous un doute : M. Kepel parle-t-il réellement du monde dans lequel nous vivons ? En effet, son interview se conclut sur une accusation grave mais curieuse : il serait aujourd’hui impossible de financer des recherches sur les ressorts de l’islamisme parce que ces fameux islamo-gauchistes auraient noyauté l’université et feraient en sorte de faire apparaître ce sujet comme illégitime.

Que la recherche en sciences humaines et sociales soit dramatiquement sous-financée, personne ne peut le nier. Que ces approches scientifiques, seules à même de nous donner une image un tant soit peu claire de nos sociétés et de leurs tourments soient négligées, nous en sommes convaincus. Que, par conséquent, les scientifiques soient dans l’incapacité de jouer leur rôle légitime, celui de producteur de savoirs et de fertiliseurs du débat public, nous le crions sur tous les toits.

lire la suite ici

L’altérité islamiste, une histoire autre ?


Orient XXI.info |

Comprendre l’islam politique. Une trajectoire de recherche sur l’altérité islamiste, 1973-2016 paraît le 20 octobre 2016 aux éditions La Découverte. François Burgat se propose d’éclairer l’apparition, dans la période postcoloniale, d’un islam politique qui cristallise une très profonde défiance, en replaçant ses analyses et sa trajectoire de chercheur dans le parcours personnel qui les a nourries et l’environnement scientifique qui les a accueillies. Un parcours intellectuel qui commence en Algérie, où il est affecté par hasard comme « volontaire du service national actif », ainsi qu’il le raconte dans l’extrait ci-après.

Je ne recherchais rien de particulier en Algérie. Partir comme « coopérant », comme on disait alors, permettait avant tout d’éviter l’armée d’active, ce qu’une écrasante majorité de mes condisciples étudiants de l’époque s’employait à faire. Lors de la journée d’incorporation, quand un officier avait demandé à ceux intéressés par l’idée d’une « préparation militaire supérieure » de se manifester, il avait très mal pris le fait que pas un seul des trente sursitaires présents n’ait levé la main. C’était dans l’air du temps. J’ai d’ailleurs failli être réformé : une des mentions mystérieuses portées par le psychiatre sur le relevé de mon état médical évoquait une « tendance au rire incontrôlée ». Et en faisant décoder ce diagnostic, je n’avais de surcroît pas réussi à m’empêcher… de rire aux éclats. Face à l’échéance du service militaire obligatoire, au terme de quelques années passées à découvrir le monde en marge de mes études de droit, j’ai donc très banalement opté pour le sursis d’abord, puis, lorsque les délais d’incorporation furent épuisés, pour le « volontariat pour le service national actif » qui allait faire de moi, pour un an et demi, un « VSNA ». « À quel moment avez-vous ressenti un attrait particulier pour le monde arabe ? », m’a-t-on souvent demandé.« Quand avez-vous éprouvé une attirance pour l’islam ? », osent régulièrement certains. Partir en Algérie, en réalité, ne fut pas un choix, ni moral ni politique. Sur les formulaires du ministère, mes souhaits étaient très clairs : c’était en Argentine ou, à défaut, au Chili que je voulais partir. Et c’est en Algérie que, comme quelques milliers d’autres post-soixante-huitards, j’ai été affecté pour deux ans. C’est donc en Algérie que ma trajectoire intellectuelle a commencé à prendre forme. Par hasard d’abord, plus consciemment ensuite : au terme d’une année et demie deVSNA, je choisis de prolonger mon séjour pendant cinq années, notamment pour écrire ma thèse. L’Algérie des années 1970 allait m’offrir la première et la plus marquante opportunité pour construire de façon intellectuelle, organisée et consciente, et non plus seulement intuitive comme lors de mes premiers périples — une distance analytique avec les piliers et les certitudes de ma culture héritée.

Citoyennes, féministes et musulmanes  


Citoyennes, féministes et musulmanes

Une opinion d’un collectif de citoyennes musulmanes(1).

En Belgique, les mesures en vue de refouler hors de la vie sociale les musulmanes portant le foulard se multiplient. Ne nous contraignez pas au repli communautaire, devenons des alliés.

Nous sommes des femmes qui vivons et agissons en Belgique. Nos pays d’origine, nos profils, engagements et centres d’intérêt sont très divers, mais les images que l’on produit de nous nous réduisent à une seule facette de notre identité dans laquelle on nous enferme : nous sommes musulmanes. Certaines d’entre nous se couvrent la tête d’un foulard que vous appelez « islamique ». Pour la plupart, nous sommes croyantes. Mais, toutes, nous nous sentons assignées à une identité fantasmée qui nous met systématiquement dans le même sac que des assassins. De là vient la solidarité qui nous soude aujourd’hui, notamment entre « voilées » et « non voilées ». C’est à partir de cette solidarité que nous nous adressons à vous. Et, aussi, à partir de toutes nos identités choisies, trop ignorées. Dont celle-ci : nous sommes féministes.

Nous vivons des temps difficiles. L’irruption sur le sol européen d’un terrorisme qui tue aveuglément au nom de l’islam a mis fin à l’illusion que nous pouvions nous tenir à l’écart des violences du monde. Que notre société cherche à se protéger, quoi de plus naturel ? Nos responsables répètent à l’envi qu’il faut éviter les amalgames et ne pas confondre une poignée de criminels avec la grande masse des musulman(e)s. Alors pourquoi a-t-on l’impression que c’est cette grande masse qui est systématiquement ciblée dans les discours et les pratiques ? La lamentable saga du « burkini » vient encore de l’illustrer. Tout ce vacarme pour quelques femmes qui ne se déshabillent pas comme il faudrait ! La pente naturelle de cette nouvelle hystérie française qui s’exporte déjà en Belgique, c’est l’interdiction des « signes religieux ostentatoires » dans tout l’espace public. Ça ne viserait une fois de plus que des femmes, pour l’immense majorité d’entre elles parfaitement inoffensives, et ça ne gênerait aucun terroriste en puissance. Est-ce ainsi qu’on pense éviter l’amalgame entre une toute petite minorité criminelle et l’ensemble de la population musulmane ?

Les interdits se multiplient

En Belgique, on n’a pas attendu le « burkini » pour prendre de multiples mesures en vue de refouler hors de la vie sociale les musulmanes portant le foulard. Les interdits se multiplient dans l’emploi comme dans l’enseignement. Dernières péripéties en date : à partir de la rentrée de septembre, deux écoles fréquentées par des adultes, à Bruxelles et à Liège(2), ont changé leur règlement d’ordre intérieur pour y interdire le foulard. Cela concernera plus d’une cinquantaine d’étudiantes en cours de scolarité. La Belgique va ici plus loin que la France qui limite l’interdiction du foulard à l’enseignement secondaire. Le candidat Sarkozy, qui court derrière le Front national, a déclaré vouloir étendre cette interdiction à l’enseignement supérieur. En Belgique, c’est déjà chose faite, sans aucun débat…

Seules des femmes sont concernées par toutes ces mesures. Ça ne vous choque pas ? Pourquoi aucun des interdits ne vise les « barbus » ? Ne serait-ce pas parce qu’il y a autant de barbes musulmanes que de barbes profanes et qu’il n’existe aucun moyen infaillible pour les distinguer ? N’est-ce pas là la preuve que la neutralité d’une apparence, cela ne veut rien dire et que la neutralité ou l’impartialité résident seulement dans les actes posés ?

Nous le voyons bien : ce foulard, celui de nos mères, de nos sœurs, de nos amies vous trouble. A la lumière du long combat des féministes d’Occident, mené notamment contre l’emprise d’une Eglise dominante, vous ne pouvez y voir qu’une régression. Nous devons à ce combat des libertés que nos mères et nos grands-mères n’auront souvent jamais connues. Nous pouvons désormais échapper à la tutelle masculine et nous ne nous en privons pas. En particulier, aucun homme, père, frère ou mari ne pourrait se permettre de nous imposer une tenue vestimentaire contre notre volonté – même si nous savons bien que ce n’est pas une règle générale. Toutes, nous sommes pleinement le produit de notre culture européenne, même si, pour beaucoup parmi nous, celle-ci est métissée d’un ailleurs. Pour celles d’entre nous qui le portent, le foulard ne saurait être un affront aux valeurs démocratiques puisque celles-ci sont aussi les nôtres. Il ne signifie absolument pas que nous jugerions « impudiques » les femmes qui s’habillent autrement. Comme féministes, nous défendrons toujours le droit des femmes d’ici et d’ailleurs à se construire leur propre chemin de vie, contre toutes les injonctions visant à les conformer de manière autoritaire à des prescriptions normatives.

Devenir des allié(e)s

Vous affirmez souvent que nos foulards sont des signes religieux. Mais qu’en savez-vous ? Certaines d’entre nous sont croyantes et pourtant ne le portent pas, ou plus. D’autres le portent dans la continuité d’un travail spirituel, ou par affirmation identitaire. D’autres encore par fidélité aux femmes de leur famille auxquelles ce foulard les relie. Souvent, toutes ces motivations s’imbriquent, s’enchaînent, évoluent dans le temps. Cette pluralité se traduit également dans les multiples manières de le porter. Pourquoi les femmes musulmanes échapperaient-elles à la diversité qui peut s’observer dans tous les groupes humains ?

Pourquoi vous raconter tout cela ? Pour que, à partir d’une meilleure compréhension mutuelle, nous puissions devenir vraiment des allié(e)s. Car nous ne serons jamais trop nombreuses pour combattre les injustices et les inégalités en tout genre, à commencer par celles qui frappent les femmes. Pour que vous cessiez de considérer celles d’entre nous qui portent le foulard comme, au choix, des mineures sous influence, des idiotes utiles ou des militantes perfides d’un dogme archaïque. Pour vous donner envie de nous rencontrer – toutes, et pas seulement celles qui ont les cheveux à l’air -, au lieu de nous tenir à l’écart et de nous contraindre ainsi au repli communautaire. Nous voulons vraiment faire société ensemble, avec nos ressemblances et nos différences. Chiche ?

—> (1) Sema Aydogan, Serpil Aygun, Layla Azzouzi, Malaa Ben Azzuz, Ouardia Derriche, Farah El Heilani, Khalissa El Abbadi, Tamimount Essaidi, Maria Florez Lopez, Marie Fontaine, Seyma Gelen, Malika Hamidi, Ihsane Haouach, Khaddija Haourigui, Eva Maria Jimenez Lamas, Julie Pascoët, Farida Tahar. Contact : citoyennesmusulmanes@gmail.com

—> (2) L’Institut d’enseignement de promotion sociale d’Uccle (Bruxelles), qui dépend de la Fédération Wallonie-Bruxelles, et la Haute école de la province de Liège, qui dépend du pouvoir provincial. La plupart des Hautes écoles de l’enseignement officiel disposent déjà de tels règlements, ainsi – et c’est peut-être encore plus grave – que de très nombreux établissements de promotion sociale.

 

Lettre du RP Henri Boulad aux musulmans suite aux attentats de Paris


Pour ceux qui ne le savent pas, le RP Henri BOULAD , SJ , réside en Egypte. Il voyage beaucoup. Il a donné de nombreuses conférences et maintes entrevues sur plusieurs radios et TV

Lettre sereine aux musulmans ouverts, modérés et libéraux

J’imagine votre embarras et votre confusion face à cette horreur, que vous condamnez sans doute du plus profond de vous-mêmes. Vous sentez bien cependant que c’est l’islam lui-même qui est incriminé, car c’est bien aux cris d’ « Allahou akbar » que s’est perpétuée cette tragique agression.

N’essayez surtout pas d’exonérer l’islam de ce qui s’est passé. Ne continuez pas à répéter ce refrain bien connu, suite à toutes les horreurs commises par les islamistes dans le monde : « Tout ça n’a rien à voir avec l’islam ». Ne criez surtout pas à l’« amalgame », manière élégante de dédouaner l’islam des violences récurrentes perpétrées en son nom.

C’est incongru d’affirmer que tout ce qui se passe comme atrocités au nom de l’islam n’a rien à voir avec l’islam. Un certain occident « libéral » et une certaine Eglise catholique, tous deux partisans de l’ouverture et du dialogue, ne cessent de ressasser de tels slogans, sans chercher à aborder les vrais problèmes, dans un dialogue franc et ouvert.

L’« heure de vérité » a sonné, et il est grand temps de reconnaître que l’islam a un problème. Un problème qu’il doit avoir le courage de regarder en face et de tenter de résoudre en toute objectivité et lucidité. Ce n’est pas en enfouissant sa tête dans le sable qu’on peut espérer trouvera une solution.

Je ne doute nullement de la sincérité et la bonne volonté des musulmans ouverts et modérés. Mais là n’est pas la question. On peut être pleinement sincère tout en étant dans l’erreur.
Il est trop facile pour les musulmans d’incriminer l’occident « corrompu » et « impérialiste » comme étant la source de tous leurs maux. Il est trop facile d’accuser ceux qui instrumentalisent l’islam pour leurs propres intérêts. C’est dans l’islam même que gît le problème. Les musulmans ont toujours eu tendance à chercher des boucs émissaires partout, sauf en eux-mêmes. Il est grand temps qu’ils se posent certaines questions cruciales et se rendent compte que « le ver est dans le fruit. » S’ils condamnent et rejettent ce radicalisme barbare qui les embarrasse, qu’ils fassent un petit effort pour en chercher la cause.
Ils découvriront alors que la cause se trouve dans les textes fondateurs de leur religion – Coran, Sunna, Hadiths – qui regorgent d’appels à l’intolérance, au meurtre et à la violence. Ces textes sont encore enseignés aujourd’hui à l’Azhar, la plus haute instance de l’islam sunnite, chargé de la formation des prédicateurs et ulémas à travers le monde. Cette doctrine atteint le petit peuple à travers les prêches du vendredi – souvent incendiaires – et rejoint les élèves via les manuels scolaires.

Vers le dixième siècle, l’islam a eu le choix entre la voie mystique, modérée et ouverte, celle de La Mecque, et la voie violente, radicale et conquérante, celle de Médine. Il a malheureusement opté pour la seconde, en privilégiant les versets médinois aux mekkois, dans la fameuse doctrine de « l’abrogeant et de l’abrogé » (An nâsékh wal mansoukh).
Pour éviter alors que quiconque ne revienne sur cette décision, les ulémas de l’époque ont décrété que « la porte de l’ijtihad » était désormais close. Ce qui signifie que tout effort de réflexion critique susceptible de remettre en question une telle décision était pour toujours interdit.

Les nombreuses tentatives de réforme de l’islam, tout au long de son histoire, se sont heurtées à ce décret considéré comme immuable et irréversible. Le grand cheikh soudanais, Mahmoud Taha, pour avoir proposé d’inverser la doctrine de l’abrogeant et de l’abrogé, en privilégiant les versets mekkois aux médinois, a été pendu sur la grande place de Khartoum, le 18 janvier 1985.
L’islam est dans la souricière, une souricière dans laquelle il s’est lui-même mis. Une souricière dont il ne parvient pas à sortir. Tel est le drame qui met les musulmans dans une angoissante situation.

« Les nouveaux penseurs de l’islam » – comme on les appelle aujourd’hui – rêvent d’une réforme et d’un islam compatible avec la modernité. Les émouvantes tentatives d’un homme aussi brillant que Abdennour Bidar n’en sont qu’un exemple. Malheureusement, la pensée de ces hommes courageux ne fait pas le poids face à l’islam rigoureux et borné qui domine depuis quatorze siècles.
J’imagine à quel point cela doit être douloureux pour ces penseurs, qui aimeraient tant trouver une issue à l’impasse dans laquelle ils se trouvent.

L’Eglise est passée par la même crise. Mais elle est parvenue à la dépasser grâce au Concile Vatican II. Il est grand temps que l’islam en fasse autant et procède au même aggiornamento. Vœu pieux ? utopie, wishful thinking ?… L’islam peut-il se réformer sans se dénaturer ?

Je ne le pense pas. Mais c’est aux musulmans eux-mêmes de répondre.


Henri Boulad, sj
Le Caire, 14 novembre 2015

Le Monde n’est pas un village…


 

LOGOLe Talmud l’affirme, paraît-il : « Lorsqu’il y a unanimité et fraternité, c’est qu’il y a un problème; c’est toujours louche, et ça ne dure jamais. »

Le phénomène d’hystérie dénommé « Charlie » est déjà passé de mode.

Le président Hollande s’en est rendu compte, qui a promptement changé de registre pour jouer aujourd’hui les gros-bras et se muscler politiquement devant les Français, prolongeant en cela l’effet « Je suis Charlie » qui lui a bien profité; et il menace Moscou d’une guerre en Ukraine !!! On doit bien rigoler, au Kremlin…

L’hystérie collective de tous ces « beaufs » (aurait dit Cabu ; et a dessiné Coco…), de tous ces badauds qu’on n’avait jamais vu lever le petit doigt pour défendre aucune liberté et qui, dans leur élan soudain à « sauver » celle de l’expression, s’en sont souvent pris, violemment parfois, ici et là, à ceux qui « n’étaient pas Charlie »… et osaient –crime de lèse république- l’exprimer ; ceux-là qu’il faut désormais « traquer et ‘traiter’ » (sic)…

Ces « beaufs », animés de cette hystérie toujours si prompte à s’emparer des masses, si propre aux foules et qui a laissé place à la névrose, à la peur de l’attentat, et à une autre forme de panique, liberticide plus que jamais : désormais, les manifestants embrassent les policiers, nouveaux héros d’une guerre nouvelle, et les masses sont prêtes à toutes les concessions… L’hypothèse d’un « Patriot Act » européen a déjà germé dans le cerveau de quelques-uns ; d’autres n’ont pas hésité un seul instant à l’appeler publiquement de leurs vœux, aussitôt applaudis par ces bandes d’inconscients… Paris et Bruxelles ont eu leur petit « 11 septembre » bien à elles et se pâment à l’idée d’un « remake French style » de ses conséquences. On le sait déjà : nos démocraties n’en sortiront pas indemnes.

Mais cette hystérie a aussi changé (ou aggravé – c’est selon) la donne pour les communautés arabo-musulmanes d’Occident, sommées de montrer « patte blanche », de s’autoproclamer « plus Charlie que Charlie » et de participer, en rue, à la vue de tous, à cette grand-messe occidentalo-laïcarde pour « prouver » par ce gage de « bonne citoyenneté » qu’on peut être musulman en Europe et ne pas nécessairement soutenir l’État islamique.

On est ainsi entré de plain-pied dans la fantasmagorie de 1984, brutalement devenue réalité, ou, mieux, duMeilleur des Mondes : la République française a enjoint les citoyens, à l’école ou au travail, à tous déclarer « Je suis Charlie », à l’occasion de longues minutes de silence, sous peine d’être répertorié comme « déviant » et pourchassé comme tel. Les temps sont, comme toujours, à la stupidité… et à la cruauté…

« Une bite et une paire de couilles ! Voilà comment Charlie Hebdo a remis ça… Et tout le monde a applaudi. »

Je ne comprends pas…

Mais oui ! Prends ton Charlie et retourne-le ! Tu verras ce qu’ils ont fait, une nouvelle fois, avec le Prophète ; la bénédiction et la paix soient sur Lui… « Tout est pardonné » ; tu parles ! C’est obscène, comme d’habitude. C’est surtout insultant, dans les circonstances actuelles. C’est plus qu’insultant : c’est humiliant ; d’un côté on exige des Musulmans qu’ils se positionnent « clairement » et, d’un autre, on leur met « ça » sous le nez… Mais, « ça », ce n’est pas une incitation à la haine ? Ce n’est pas raciste ? Ce n’est pas discriminatoire ?

Je suis Charlie à Paris, à New York, à Sydney… Mais pas à Gaza, à Alep, à Alger, ni à Bagdad…

Alors, on s’étonnera, après tout cela, qu’un jeune arabo-musulman de Saint-Denis s’interroge ? « Suis-je un citoyen ? Ces ‘blancs’, ’Français de souche’, m’accordent-ils d’avoir la vocation à être moi aussi un citoyen ? Peut-être pas… » Et qu’il se surprenne dès lors à se demander s’il ne devrait pas soutenir ses « frères islamiques » et rejoindre le combat de l’EI, par haine, par rejet d’une France qui le rejette, par provocation, à tort ou… par raison ?

Quand l’Occident, dans ses banlieues, se confronte au Maghreb et à l’Orient…

Le phénomène « Je suis Charlie » l’a parfaitement démontré : sans aucun doute, le Monde n’est pas un village.

Historian and Political Scientist – Rédacteur en Chef

source

Emmanuel Todd mal à l’aise avec la « sanctification » de « Charlie Hebdo »


Le Point – Publié le 06/02/2015 à 08:31

L’anthropologue et historien français juge que, dans le contexte actuel en France, blasphémer l’islam revient à humilier les faibles de la société.

Le mouvement "Je suis Charlie" inquiète Emmanuel Todd.
Le mouvement « Je suis Charlie » inquiète Emmanuel Todd. © BALTEL/SIPA

L’anthropologue et historien français Emmanuel Todd a confié au quotidien japonais Nikkei être mal à l’aise avec le mouvement « Je suis Charlie », né en France après l’attentat contre Charlie Hebdo, jugeant que les caricatures de Mahomet humilient les faibles de la société. « Il y a un grand écart entre ce qui se passe actuellement en France et ce que je pense », a déclaré Emmanuel Todd au correspondant duNikkei à Paris. « En France, si on ne touche pas à une personne en particulier, on considère qu’il est possible de tout caricaturer. Avant l’attentat, je critiquais les dessins satiriques de Charlie Hebdo. Je ne peux donc pas être d’accord avec la sanctification de cet hebdomadaire qui a publié des caricatures obscènes du prophète Mahomet », a-t-il ajouté, selon des propos rapportés en japonais. Selon lui, près de quatre millions de Français qui sont descendus dans la rue le 11 janvier, quatre jours après l’attentat qui a décimé Charlie Hebdo, ne sont pas représentatifs de la société française : « Beaucoup appartiennent à la classe moyenne, mais les jeunes de banlieue (dont beaucoup d’origine immigrée) et les classes ouvrières, eux, n’y étaient pas », insiste Emmanuel Todd, que cette situation inquiète.

Il pointe en outre les inégalités dont sont victimes les immigrés et leurs enfants, « qui ne peuvent recevoir un enseignement suffisant et ne trouvent pas de travail en période actuelle de crise économique. Une partie d’entre eux aspirent ainsi au radicalisme du groupe État islamique ». « Ce qu’on voit dans les banlieues de nos grandes villes, c’est la plus récente expression de la crise que doivent affronter les sociétés d’Europe de l’Ouest. Les jeunes musulmans qui vivent dans les banlieues sont des Français nés en Occident. L’absence de perspective d’avenir est une des causes de l’aliénation de ces jeunes. Et l’Europe de l’Ouest ferme les yeux sur son propre problème », souligne encore Emmanuel Todd. « Se moquer de soi-même ou de la religion d’un ancêtre est une chose, mais insulter la religion d’un autre est une histoire différente. L’islam est devenu le support moral des immigrés de banlieue dépourvus de travail. Blasphémer l’islam, c’est humilier les faibles de la société que sont ces immigrants », juge le démographe.

Les propos d’Emmanuel Todd retenus par le Nikkei font largement écho à l’analyse d’une partie de la presse et de la population du Japon qui ont du mal à comprendre pourquoi Charlie Hebdo a publié des caricatures de Mahomet malgré les risques connus, et qui considèrent les inégalités en France comme une cause de la dérive radicale de certains jeunes.

source

 

Pas maintenant ? François Burgat


 

Je comprends et je respecte la position ceux qui se sentent aujourd’hui beaucoup ou même un peu “Charlie”, quand bien même ils n’étaient plus les lecteurs de ce journal. Depuis qu’il était devenu celui de Philippe Val et de Caroline Fourest, depuis que dans ce “temple de l’irrévérence” (vous savez…le droit sacré de se moquer de tous, quelle que soit leur religion :-)) le grand Siné avait été frappé par une fatwa de licenciement pour “antisémitisme”… nos routes s’étaient radicalement séparées.

Pour dire ma condamnation des assassins, l’identification métaphorique aux victimes m’est néanmoins initialement apparue, à moi aussi, comme parfaitement opportune. J’ai donc un temps envisagé d’”être Charlie”. Mais, ensuite, c’est tout ce que la cohorte de ceux qui s’arrogent l’absolu monopole de la parole de deuil ont jugé bon d’ajouter au sens initial – minimal – de la dénonciation nécessaire d’un crime, qui m’a fait reculer.

L’identification à des victimes par dessus les divergences (avec en fait certaines d’entre elles seulement, pas Cabu !) ne me pose pas de problème. Il en va différemment de l’injonction autoritaire à m’identifier “pour toujours” à un projet éditorial que je combattais bec et ongles. Car …. “Il faut s’abonner à vie à Charlie » exigeait hier F. O. Giesbert, “il faut le tirer à soixante millions d’exemplaires » surenchérissait un de ses comparses. Et bien cela, il n’y a pas de délais pour le dire. La mémoire de Cabu ne peut qu’en être honorée !

Il y a une autre raison pour laquelle, dès aujourd’hui, à l’avant veille d’un grand rassemblement où les tripes risquent une fois encore de marcher à la place des cerveaux, je refuse catégoriquement d’”Etre Charlie” : je ne veux pas cautionner l’ aveuglement mortifère qui nous demande d’entrer dans les coulisses du crime par la seule porte du fanatisme religieux. Je ne veux pas cautionner ce tour de passe passe qui fait que jamais, la moindre trace de la matrice politique pourtant essentielle ( les centaines de tonnes de bombes que nous déversons sur ceux qui nous dérangent) ne trouve place dans l’univers explicatif des maitres de notre parole publique.

“Etre Charlie” ce serait accepter le hold up de mon émotion. « Etre Charlie » ce serait accepter le viol de ma conscience et celui de mon cerveau. La semaine a été suffisamment longue et suffisamment douloureuse pour que je ne veuille pas y rajouter ces épreuves là. Et différer le moment le dire. Au contraire…il y a urgence !

 

Une fois de plus, c’est le préjugé d’ignorance qui vous mène


« Une fois de plus, c’est le préjugé d’ignorance qui vous mène.
C’est à vous, à la France, à toute la France pensante, qu’il faudrait enseigner ce qu’est cette civilisation arabe que vous ignorez et méprisez, ce qu’est cette admirable et ancienne civilisation.

Ce monde musulman que vous méconnaissez tant, messieurs, depuis quelques décennies prend conscience de son unité et de sa dignité. Deux mouvements, deux tendances inverses s’y trouvent : il y a les fanatiques, oui, il y a des fanatiques…Mais il y a les hommes modernes, les hommes nouveaux… Il y a une élite qui dit :l’Islam ne se sauvera qu’en se renouvelant, qu’en interprétant son vieux livre religieux selon un esprit nouveau de liberté, de fraternité, de paix.

Et c’est à l’heure où ce mouvement se dessine que vous fournissez aux fanatiques de l’Islam l’occasion de dire : comment serait-il possible de se réconcilier avec cette Europe brutale ? Avec cette France, qui se dit de justice et de liberté, mais qui n’a contre nous d’autres gestes que les canons et les fusils ?

Oui,messieurs, si les violences auxquelles se livre l’Europe en Afrique achèvent d’exaspérer la fibre blessée des musulmans, si l’Islam un jour répond par un fanatisme farouche et une vaste révolte à l’universelle agression, qui pourra s’étonner ?Qui aura le droit de s’indigner ? »

Jean Jaurès

Ce texte, extraordinaire, est repris du livre « Rallumer tous les soleils. Jaurès ou la nécessité du combat »de Jérôme Pellissier

J’ai découvert ce texte, éberlué, dans une pièce de théâtre interprétée à la Cartoucherie de Vincennes. La pièce doit être jouée aujourd’hui à Montreuil. Ces paroles prophétiques sont réellement de Jean Jaurès, simplement l’auteur m’a indiqué qu’il avait remanié les phrases,trop longues, proustiennes à la façon de l’époque. Tout cela peut être vérifié sur le site www.jaures.eu. Et puis, m’a indiqué l’auteur, Jaurès précise vouloir faire témoignage pour l’avenir. NOUS SOMMES DANS L’ AVENIR DE JAURES. Terrible époque dont il faudrait construire le chemin d’humanité et de fraternité.

Serge Grossvak sur FB

Le 9/01/2015

Créez un site Web ou un blog gratuitement sur WordPress.com.

Retour en haut ↑