Didier Reynders, le président du MR, proposera l’interdiction de tout signe religieux ostensible dans l’école publique jusqu’à l’âge de 16 ans au moins. « Dans l’école publique, en tout cas, il n’y a aucune raison d’autoriser le voile » a souligné le chef de file des libéraux dimanche, sur le plateau de RTL-TVi et les radios de la RTBF, deux chaînes qui avaient choisi de consacrer leur débat télévisé dominical à la polémique sur le port du voile.
Dans la foulée de la proposition introduite en début de mois par la sénatrice MR Christiane Defraigne visant à interdire le port de la burqa et des critiques libérales à l’égard des Assises de l’Interculturalité, le MR veut forcer la cadence. « Si on n’affronte pas ces questions rapidement, dans les enceintes parlementaires, on aura des problèmes », prédit Denis Ducarme, député MR pour qui « Il faut établir un cordon sanitaire entre l’école publique et les intégrismes religieux ». Le MR, dans l’opposition en Communauté française, est isolé dans ce débat que les partis de l’Olivier n’ont pas l’intention de rouvrir dans l’immédiat.
« L’interdiction généralisée ne réglera rien » a réaffirmé Isabelle Durant, la coprésidente d’Ecolo, sur les plateaux, plaidant pour que les directions d’écoles soient soutenues pour résoudre les problèmes au cas par cas.
Philippe Moureaux (PS) et bourgmestre de Molenbeek s’est insurgé contre ceux qui, en voulant interdire le port du voile, « instillent la peur de l’Islam dans l’opinion », soulignant que ce n’est pas « parce que des gens imposent le voile et ne respectent pas la liberté des jeunes filles, qu’il faudrait leur enlever la liberté de le porter. »
Joëlle Milquet, présidente du CDH ne voit pas davantage de raison de changer le cadre existant, au stade actuel. Et Francis Delpérée, sénateur du parti humaniste, rappelait dimanche qu’un décret de la Communauté française n’affecterait que les seuls élèves de ce réseau et ne s’appliquerait pas aux élèves des écoles libres. Allusion à ceux qui pointent la récente décision prise par le Conseil de l’Enseignement flamand d’interdire le port du voile à l’école : elle ne concerne qu’une petite minorité d’élèves, à savoir 15 % de ceux qui suivent un enseignement organisé par la Communauté flamande.
A la question de savoir si les décideurs politiques de la Communauté française s’apprêtent à légiférer ou non sur le port du voile, personne n’a été en mesure de répondre. Il faudra sans doute attendre le débat, organisé notamment dans le cadre des Assises de l’interculturalité, avant qu’une règle générale ne soit établie.
Un scénario qui a fait, dimanche, sortir la députée bruxelloise Antoinette Spaak (MR) de ses gonds, sur le plateau de la RTBF : « Si la Communauté française n’a pas le courage de prendre un décret tout de suite sur l’interdiction du voile, on recommencera le débat avec des choses de plus en plus graves. »