Haïti/ Ressources naturelles – À la découverte du pétrole haïtien


par Jean Michel Cadet

Le sous-sol haïtien regorgerait, selon certains observateurs convaincus, d’importants gisements de pétrole. Le temps des spéculations est révolu. S’ouvre l’ère de la vérification. La compagnie pétrolière et gazière Petro Gaz-Haïti S.A. a procédé, dans cette optique, le vendredi 19 juin 2015 dans la commune de Ganthier, au lancement des travaux d’exploration et de recherches d’hydrocarbure en Haïti. Cet événement qui marque un tournant dans l’histoire du pays, laisse présager, dit-on, de jours meilleurs dans l’économie haïtienne.

Ce projet qui s’échelonne sur une période de cinq ans consiste, d’une part,  à vérifier si l’or noir existe réellement dans le sous-sol haïtien, et d’autre part à en déterminer la quantité et le type. Une enveloppe de 81 millions de dollars américains ont été investis rien que pour démarrer les travaux de recherches sur six sites situés dans l’Ouest, Les Nippes et la Grand-Anse. Petro Gaz-Haïti S.A. est détenteur des six permis d’explorer octroyés par le Bureau des Mines et de l’Énergie (BME).

Cette compagnie – dirigée par Fred Alamus, satisfait, selon le directeur général du BME, M. Ludner Remarais, aux critères techniques et financiers pour l’obtention de ces permis. Toutefois, ce protocole d’accord, ainsi qu’une convention, les deux paraphés par le gouvernement haïtien et la Petro Gaz-Haïti S.A., doivent nécessairement être ratifiés par le parlement haïtien dysfonctionnel depuis le 12 janvier 2015. D’aucuns se rappellent, dans un passé encore récent, d’un précédent lié à une affaire similaire. Alors que le gouvernement de Laurent Lamothe avait accordé à deux compagnies trois permis d’exploitation minière le 21 décembre 2012, le Parlement s’était fortement interposé. À l’unanimité le sénat avait pris, en février 2013, une résolution demandant la suspension immédiate des travaux d’exploitation pour « cause d’irrégularités » dans les procédures d’octroi de ces juteux contrats.

Des richesses inexploitées?

Considéré comme le pays le plus pauvre de l’hémisphère, Haïti n’est pourtant pas dépourvu de ressources. Le chercheur haïtien, le docteur Daniel Mathurin, de regrettée mémoire, n’a de cesse, de son vivant, avisé l’opinion publique que le sous-sol haïtien est riche en hydrocarbures et en fossiles. Selon lui, 20 sites pétrolifères, dont cinq d’importance, seraient répertoriés dans les régions du Plateau central, de la Plaine du cul-de-sac et de la Baie de Port-au-Prince. Il soutenait même la thèse selon laquelle les réserves pétrolifères d’Haïti seraient plus importantes que celles du Venezuela, 5epays exportateur de pétrole. « Une piscine comparée à un verre d’eau », disait-il en guise d’illustration.

Le projet Petro Gaz-Haïti S.A. confirme à cet effet, pour l’économiste Camille Charlmers, le potentiel énorme du pays en matière de ressources enfouies dans son sous-sol. Ce qui contredit, selon le coordonnateur du parti politique « Rasin kan pep la », de fausses idées venant d’une certaine frange de « l’international faisant croire que Haïti est pauvre en ressources ».

Les perspectives d’exploitation du pétrole en Haïti font déjà rêver ses filles et ses fils en quête permanente d’un mieux-être. L’altermondialiste exhorte, cependant, à la prudence. Pas d’euphorie. Les ressources pétrolières d’un pays, avance-t-il, ne garantissent pas automatiquement sa croissance économique. Il en veut pour preuve certains pays exportateurs de l’or noir qui peinent pourtant à se développer. Dans certains cas, rappelle-t-il, on parle de la malédiction du pétrole.

Pour qu’un pays puisse en tirer profit, explique le chef de parti, la découverte et l’exploitation du pétrole doivent intégrer un plan stratégique global de développement. Ce qui passe, croit-il, par une approche du développement axée sur la valorisation et la défense de l’intérêt national. Pour illustrer son propos, l’économiste s’appuie sur le modèle de la Bolivie. Ce dernier, argumente-t-il, en dépit de ses richesses pétrolières vieilles de plus d’un siècle, était le pays le plus pauvre de l’Amérique du sud. Il a fallu « qu’Evo Morales prennent les rênes du pouvoir central pour qu’en dix ans la Bolivie change de statut ». La politique économique ayant amené à cette « performance surprenante » reposait sur le « recouvrement de la souveraineté » du pays à travers notamment la « nationalisation de ses ressources pétrolières ».

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