anniebannie dit : le texte n’est pas récent mais ce mensonge poursuit sa sinistre carrière. Je me permets donc de poster ce texte que j’ai trouvé ICI chez Ghalib Al-Hakkak
« Quelque chose m’intrigue dans l’attitude du polémiste Eric Zemmour. Admettons qu’il s’agisse d’un exercice intellectuel que de susciter de vives discussions et ce quel que soit le but recherché. C’est un art. Il n’est pas donné à tous de savoir provoquer. Il faut afficher une conviction dont la sincérité ne permet pas le doute. D’ailleurs, pour défendre Eric Zemmour depuis quelques jours, certains journalistes et commentateurs ont souligné la compétence de l’homme, son savoir, sa culture, sa passion pour les idées qu’il porte. En somme, Eric Zemmour paraît à beaucoup de gens comme quelqu’un de sérieux, de rigoureux. Il faut donc le croire quand il parle.
Eh bien, permettez-moi d’en douter. Depuis le 6 juillet 2014, je ne peux pas croire un mot de ce que dit Eric Zemmour. Il débattait ce jour-là avec Nicolas Domenach, sur i-Télé, dans « ça se dispute » et il a affirmé que « sur toutes les pages du Coran, il est écrit [qu’] il faut tuer les juifs, il faut tuer les chrétiens » (1).
La rigueur scientifique aurait obligé l’auteur de ce propos particulièrement grave, puisque totalement faux, d’opérer quelques vérifications, après l’émission. Eh bien, non. Un mois plus tard, Nicolas Domenach lui dit sur le même plateau qu’après avoir contacté Malek Chebel, qui connaissait bien le Coran pour l’avoir traduit, qu’il pense que c’était faux. Le Coran n’appelle pas au meurtre des juifs et des chrétiens. Zemmour persiste et signe en répétant « ben voyons ».
Mes propres recherches dans le Coran n’ont abouti à aucune occurence d’une telle phrase.
L’affaire est grave. Et si l’on peut se permettre un peu de cynisme, on pourrait se demander combien de terroristes ont cru la parole de Zemmour ce jour-là ? Et combien de juifs et de chrétiens l’ont aussi crue, et quels dégâts cela a pu provoquer dans l’opinion publique française.
Personnellement, j’en ai tiré deux conclusions. La première est qu’aujourd’hui, sur les plateaux de télé, sur les ondes de la radio, il y a de la place pour le mensonge. C’est naturel puisque la vie est ainsi. Sans mensonge, il n’y a pas de vérité. La seconde est que même quand ce mensonge est susceptible de pousser à la violence, il est parfois accepté et rediffusé.
Le mensonge d’Eric Zemmour sur le Coran a bien fini par inspirer trois cent personnalités qui ont signé le 21 avril 2018 un manifeste demandant l’abrogation des versets coraniques « appelant au meurtre des juifs et des chrétiens ». Des versets qui n’existent pas.
Peu importe. Le mensonge a fini par devenir réalité.
Où s’arrêtera ce cycle infernal ? Vous voulez lutter contre la radicalisation ? Intéressez-vous aussi à ce genre de littérature qui se nourrit de l’ignorance.
»
Ghalib Al-Hakkak, agrégé d’arabe, Unievrsité Paris 1 Panthéon-Sorbonne
(1) cf. vidéo « ça se dispute », i-Télé, 6 juillet 2014 – à partir de la minute 5.01 : https://www.youtube.com/watch?v=ZH2zI3vhfmk