Philippe Grell
Quand on étudie objectivement l’histoire de ces deux peuples sémites-cousins, qui s’entretuent sans vergogne depuis tant d’années sans arriver à la conclusion d’une paix durable et honorable frôlée à plusieurs reprises, on ne peut que conclure à l’existence d’un agenda caché dans la kippa d’une majorité de membres de gouvernements israéliens successifs qui décide de la politique à mener malgré une opposition non négligeable tant dans certains partis que dans la population.
Cette majorité rêve depuis toujours de reconstituer et d’occuper les lieux saints bibliques dans leur entièreté, pour en faire leur pays par tous les moyens et considère cela comme une haute mission divine qui n’admet aucune discussion (la « Terre promise où coule le lait et le miel »).
La reconquête des territoires saints du « peuple élu » n’a en fait jamais cessé depuis 1947, que ce soit par l’écrasement militaire des Palestiniens qui occupaient ces terres paisiblement depuis longtemps (le David palestinien contre le Goliath israélien – oui, les rôles se sont inversés !) ou par la création sournoise de colonies de peuplement (comme les Chinois au Tibet ou au Xinjiang ou encore comme Staline l’a fait du temps de l’URSS) fractionnant le territoire homogène initial en de multiples îlots de manière à ce qu’on ne puisse plus jamais constituer une entité territoriale continue.
Militairement, le rapport des forces est depuis longtemps totalement déséquilibré. Encore aujourd’hui, avec l’opération dénommée pudiquement « bordure protectrice », on annonce aujourd’hui et ce n’est pas fini, 1100 morts palestiniennes pour 53 israéliennes, soit un facteur 20 par calcul cynique car il s’agit de vies humaines, n’est-ce pas (« Tu ne tueras pas »). Quant à la conquête par colonies de peuplement, combien de fois Israël n’a-t’ il pas mangé sa parole pour gagner du temps sans changer de politique ?
Anouar el-Sadate s’est fait assassiné parce qu’il voulait la paix. Itzhak Rabin aussi, pour la même raison. Et il n’y aurait pas d’agenda caché ? Pour les faucons au pouvoir, il ne peut y avoir de paix que quand tout le territoire du « Grand Israël » sera reconquis ! Et nous restons les bras croisés, nous laissons faire ce carnage !
Cette calamité nous en sommes tous responsables, que nous le voulions ou non. Quand après la Shoah, Israël s’est cherché légitimement une terre, il n’y a pas eu, ni de la part des leaders israéliens, ni de celle de la communauté internationale surtout, de véritable négociation avec les habitants de la Palestine, nettement plus pauvres, moins développés, aux moyens très limités. On s’y est mal pris. On a cru pouvoir faire faire n’importe quoi impunément. On les a spoliés de leurs terres, privés de leurs propriétés, enfermés dans des camps, etc. Quelle est alors la réaction à fleur de peau de ce genre de population si ce n’est la vengeance, le courage de reconquérir et de jeter l’envahisseur dehors au péril de sa vie. Cela a été notre réaction en 1914 et en 1940 et nous allons en célébrer fièrement l’anniversaire un de ces jours !
Sous prétexte de sécurité et de légitime défense (53 contre 1100), le puissant Israël appuyé par les puissants États-Unis d’Amérique, n’ont jamais réussi en 66 ans à désamorcer la bombe qu’ils ont eux-mêmes créée. Ils n’ont jamais initié de véritables négociations de paix menant à la création de deux états indépendants selon les recommandations de l’ONU, vivant côte à côte, ayant des niveaux de vie semblables et respectant les convictions des uns et des autres. Il ne peut dès lors n’y avoir qu’un agenda caché soutenu par les lobbies israéliens aux États-Unis !
C’est pourquoi, en Europe, bien qu’infiniment reconnaissants aux États-Unis, nous devrions avoir la volonté politique de prendre nos distances en nous détachant de cette politique américaine de défense d’Israël à tout prix. Car nous nous rendons complices d’une énorme injustice.