
Le président américain Joe Biden s’adresse aux médias après la Convention nationale du parti démocrate (DNC) à Chicago, Illinois, États-Unis, mardi. Credit : Craig Hudson/Reuters

Gideon Levy
21 août 2024
Quelques heures seulement ont séparé la rencontre entre Antony Blinken et Benjamin Netanyahou à Jérusalem du discours émouvant et impressionnant du président américain lors de la convention nationale du Parti démocrate à Chicago. Mais la distance entre les propos sublimes de Joe Biden et la capitulation de son secrétaire d’État est inconcevable.
À Chicago, le président a frappé du poing sur le pupitre, avec acharnement et conviction : « Nous travaillons 24 heures sur 24 pour […] acheminer une aide humanitaire, sanitaire et alimentaire à Gaza […] et enfin, enfin, enfin, obtenir un cessez-le-feu et mettre fin à cette guerre », a-t-il déclaré avec un pathos inhabituel. Pourtant, quelques heures auparavant, M. Blinken avait fait exactement le contraire : il s’était aligné sur Netanyahou, agissant comme un courtier parfaitement malhonnête, garantissant la poursuite de la guerre et des atrocités, tout en refusant un cessez-le-feu et le retour des otages.
Duped again: The U.S. somehow heard Netanyahu say ‘yes’ to a Gaza deal. He didn’t
In Netanyahu’s war on democracy, international gatekeepers now hold all the cards
Jews who vote for Trump should have their heads examined
La capitulation américaine face à Netanyahou en est la cause. La distance entre la rhétorique de Biden et la diplomatie de Blinken ne pourrait être plus grande ni plus douloureuse.
Ce n’est pas que le secrétaire d’État ne partage pas les nobles objectifs mis en avant par le président. Mais ce qui s’est passé lors de sa visite ici est pour le moins étonnant : Israël a dicté ce qu’il pensait être les grandes lignes à suivre, et les États-Unis ont repris cette ligne, prétendant qu’Israël était d’accord, afin de pouvoir blâmer le Hamas et gagner du temps jusqu’à l’élection de novembre.
Moins de deux jours se sont écoulés, et l’optimisme que les États-Unis avaient semé comme des confettis a été remplacé par des informations selon lesquelles les négociations étaient dans l’impasse. L’Amérique souhaitait peut-être un accord, mais elle a fait tout ce qu’il fallait pour le contrecarrer. Elle a loué un accord, mais n’a même pas envisagé d’exercer une véritable pression sur Israël, par des actes et non par des paroles.
Ainsi se pose la question quasi éternelle, qui reste sans réponse : Que se passe-t-il ici ? Qu’est-ce qui se cache derrière le comportement déroutant des États-Unis ? Qui est la superpuissance et qui est l’État client ?
Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken à son arrivée à Tel Aviv dimanche.

Soit l’Amérique ne veut pas de la guerre à Gaza et est horrifiée par sa destruction – auquel cas elle sait exactement ce qu’elle doit faire et comment exercer une pression efficace sur Israël – soit elle veut cette guerre. À en juger par son comportement, l’Amérique désire la guerre et le génocide. Ses mains sont déjà trempées dans le sang de Gaza. Ces mains sont celles d’Israël, mais les armes sont fabriquées aux États-Unis, tout comme le soutien diplomatique, lui aussi inconditionnel.
M. Biden approche de la fin de son mandat de manière presque spectaculaire, et on se souviendra de lui comme d’un président bienveillant. Il peut également se targuer de nombreuses réalisations, mais la guerre à Gaza n’en fait pas partie. Cela lui sera toujours reproché. Il aurait pu l’arrêter il y a longtemps, mais il ne l’a pas fait. Et même aujourd’hui, alors que tout semble déjà désespéré, il laisse Blinken céder aux exigences de Netanyahou.
Destructions dans la bande de Gaza, ce mois-ci.

Quelqu’un qui s’oppose à une guerre n’arme pas l’une des parties jusqu’aux dents. Celui qui veut mettre fin à une guerre dangereuse et injuste cesse de fournir des armes ou, du moins, conditionne leur livraison à des mesures qui mèneront à la fin du conflit. Celui qui veut arrêter une guerre n’utilise pas non plus son droit de veto pour protéger ceux qui cherchent à la poursuivre indéfiniment. Celui qui arme et protège veut que la guerre continue. Les paroles émouvantes de Biden, bien que sûrement sincères, n’ont aucun sens face à la politique de fourniture d’armes et d’assistance de son administration.
Blinken aurait dû s’en tenir obstinément à la proposition initiale. La proposition actuelle, selon les rapports, permet à Israël de reprendre la guerre après une brève accalmie, de ne pas libérer des dizaines de prisonniers et, surtout, de maintenir les forces de défense israéliennes dans la bande de Gaza. Il n’y a pas d’accord sans tous ces éléments, et il est impossible d’exiger du Hamas qu’il les accepte. Ce n’est pas ainsi que l’on met fin à une guerre, c’est ainsi qu’on l’attise, Monsieur le Président. Vous avez trahi les valeurs exaltées auxquelles vous continuez certainement de croire.
Traduction Deepl/ChatGPT
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