La violence contre les «frères»ne passe pas


Baudouin Loos
Mis en ligne il y a 3 heures

Depuis que l’armée égyptienne, avec l’appui d’une grande partie de la population, a déposé le 3 juillet le Frère musulman Mohamed Morsi qui avait été élu président démocratiquement un an plus tôt, deux carnages ont déjà eu lieu. Si le premier – 53 partisans de Morsi abattus le 8 juillet – avait été le fait de l’armée, celui de la nuit de vendredi à samedi – au moins 72 tués, peut-être beaucoup plus – a été perpétré par la police et des hommes en civil, toujours contre le clan des supporters du « raïs » islamiste déchu. Dans les deux cas, les victimes sont tombées sous les balles des armes à feu de leurs assassins.

Le malaise est grand. Criant. Les principales chancelleries dans le monde ont émis des communiqués faisant état de leurs inquiétudes, recommandant la retenue, etc.

Si l’on en juge par les mobilisations populaires des 30 juin et 26 juillet, Mohamed Morsi ne disposait certainement plus de l’appui de la population. Des millions de gens sont descendus deux fois dans les rues pour clamer d’abord leur exigence de voir le « raïs » se retirer, ensuite, ce vendredi, pour donner à l’armée le « mandat » que son chef, le général Al-Sissi, lui demandait pour « en finir avec le terrorisme et la violence ».

Les Egyptiens qui manifestent contre Morsi et son clan se disent mus par un élan démocratique. Rien ne permet d’en douter. Sauf qu’on n’impose pas la démocratie en tirant à balles réelles sur ses ennemis, fussent-ils considérés comme nuisibles et intolérants.

Il n’est en effet guère contestable que le comportement hégémonique, sectaire et parfois violent du président Morsi et des siens avait engendré un immense sentiment populaire de rejet. Mais la méthode ne passe pas.

Il y a une très douteuse surenchère de la violence de la part de l’armée qui détient à nouveau le pouvoir. Qui connaît d’ailleurs le nom du président par intérim, Adli Mansour, ex-président de la Cour constitutionnelle ? Qu’exerce-t-il comme pouvoir ? Poser la question c’est y répondre. Celui qui tire les ficelles s’appelle donc Abdel Fattah al-Sissi. Ce général est l’homme fort de l’armée, de l’Egypte désormais. Nombre d’Egyptiens qui se sont levés en masse contre Mohamed Morsi et les Frères musulmans lui accordent une confiance aveugle. Les deux carnages qui ont déjà eu lieu depuis le « coup » contre Mohamed Morsi montrent qu’ils auraient sans doute intérêt à chercher une « troisième voie », entre l’intolérance des Frères et la violence de l’armée.

Égypte : Mohamed Morsi, ou la revanche des Frères


mercredi 25 janvier 2012, par La Rédaction

Le jour où Mohamed Morsi, jeune étudiant en génie civil, a décidé d’adhérer au mouvement des Frères musulmans, il était loin d’imaginer qu’il deviendrait en 2011 le président du plus puissant parti politique d’Égypte. Cette perspective était d’autant plus lointaine que la confrérie était à l’époque un « mouvement interdit, mais toléré ». Ce qui la mettait à la merci du régime et de sa police politique.
Pieux musulman, le futur homme politique est attiré par la doctrine de la confrérie autant que par ses activités sociales. Sa vie professionnelle ne l’empêche pas de militer au sein des Ikhwane (Frères), où il occupe divers postes, dont celui de responsable des affaires avec le Soudan, puis de directeur de la section des Affaires étrangères, avant de devenir membre du Conseil de guidance, la plus haute autorité du mouvement.
En 2005, les Frères musulmans font une entrée spectaculaire à l’Assemblée du peuple (parlement égyptien), où ils occupent 20 % des sièges. Un résultat qu’ils n’attendaient pas. Leurs membres avaient fait campagne sous l’étiquette de « candidats indépendants ». Une fois élus, ils retrouvent leur identité, qui n’était d’ailleurs un secret pour personne, et deviennent la principale force d’opposition parlementaire.
Aux législatives de novembre 2010, Mohamed Morsi, qui dirige la campagne électorale, espère dépasser le score de 20 %. Mais l’État égyptien ne l’entend pas de cette oreille, d’autant que le futur parlement doit soutenir la candidature de Gamal Moubarak, le fils du raïs, à la présidence de la République en septembre 2011. Bien avant le vote, les arrestations de Frères prennent l’allure d’une chasse aux sorcières. « Depuis l’annonce de notre participation aux législatives, plus de 1 200 Frères ont été arrêtés ou interpellés. Cinq cents sont encore détenus », tonne Mohamed Morsi. Dès cette époque, son nom commence à être familier aux journalistes. Il le sera bien davantage lors des résultats du premier tour de scrutin. Un seul Frère a été élu, et 22 sont en ballottage. Ce sont peut-être les législatives les plus truquées de l’histoire d’Égypte.
La confrérie décide de boycotter le second tour. Ils n’en auront pas besoin.
Le 25 janvier 2011 commence la révolution. Place Tahrir, 15 000 personnes environ ont répondu à l’appel du Mouvement du 6 avril. Ce groupe de jeunes activistes, qui milite contre le régime sur Facebook, décide de réunir un million de personnes le 28 janvier pour réclamer le départ de Hosni Moubarak. Les Frères musulmans prennent le train en marche. Ils viennent par centaines de milliers sur la place Tahrir. Et ne la quitteront plus.
Le 6 février, le général Omar Souleimane, nommé vice-président de la République, invite les principaux partis politiques pour trouver une « solution pacifique ». Les Frères musulmans sont de la partie. Dès lors, la confrérie n’est plus un mouvement interdit, mais un « parti politique puissant ». Mohamed Morsi est l’un des interlocuteurs de Souleimane. Dix jours après la démission de Moubarak, la confrérie annonce son intention de fonder un parti politique.
Ce sera le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), un nom débarrassé de toute connotation confessionnelle. À sa tête, Mohamed Morsi. Sa première déclaration se veut apaisante : « Le PLJ sera un parti civil aux fondements musulmans. Les partis théocratiques appartiennent au Moyen Âge et sont désormais interdits. » Son objectif : rassurer les coptes, ces chrétiens d’Égypte qui ont parfois le sentiment d’être victimes de discrimination. Du reste, par la suite, il souligne souvent que l’adhésion au PLJ est ouverte à tous les Égyptiens, qu’il compte déjà une centaine de coptes, que son deuxième vice-président, Rafic Habib, est copte…
Aux législatives de novembre 2011, le PLJ se taille, comme on s’y attendait, la part du lion. Mais le score des salafistes (24 % des voix) étonne, et inquiète les coptes, traités d’ »infidèles » par certains cheikhs de ce mouvement. Invité par la chaîne Dream TV, qui compte des millions de téléspectateurs, Mohamed Morsi répond d’une voix forte : « Les coptes font partie du tissu égyptien, ils ont autant de droits que j’en ai… Par le Dieu tout-puissant, nous avons le devoir de respecter la foi des autres. »
Le 11 janvier 2012, Morsi reçoit William Burns, sous-secrétaire d’État américain. C’est la première fois qu’une personnalité américaine de ce rang rencontre les dirigeants de la confrérie. Il affirme que son parti s’engage en faveur des droits de l’homme, de la tolérance religieuse, et qu’il respectera les obligations internationales de l’Égypte. Il dit aussi « croire en l’importance des relations égypto-américaines », mais estime qu’elles « doivent être équilibrées ».
Autant d’assurances qui donnent à penser que l’Égypte nouvelle a pris le train de la modération et de l’ouverture.

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Egypte/élections: au moins une centaine de Frères musulmans arrêtés


19.11.10 – 22:25Au moins une centaine de membres des Frères musulmans ont été arrêtés vendredi à travers l’Egypte, à dix jours des législatives du 28 novembre, ont annoncé des responsables de la confrérie islamiste et un responsable des services de sécurité.

De 100 à 120 islamistes ont été arrêtés dans plusieurs villes d’Egypte, dont 20 dans le gouvernorat de Charquiya et 30 à Qalioubiya, a affirmé le responsable sécuritaire sous le couvert de l’anonymat.

Mohammed Mursi, un haut responsable des Frères musulmans, a lui indiqué à l’AFP qu’ils étaient environ 300, dont au moins 130 à Alexandrie, la grande ville du nord du pays, et 150 à Charquiya.

D’après lui, ces arrestations se sont produites au cours de heurts avec les forces de l’ordre, alors que ces dernières dispersaient des rassemblements de partisans de candidats des Frères musulmans.

« Le régime cherche à terroriser les citoyens afin qu’ils n’aillent pas voter« , a accusé M. Mursi, en faisant état de plusieurs blessés, dont deux graves, dont l’un a pu être hospitalisé.

M. Mursi a également affirmé que la police avait fait usage de gaz lacrymogène, ce que le responsable des services de sécurité n’a pas confirmé.

Ce responsable a en revanche affirmé qu’un policier avait été blessé à Charquiya, un gouvernorat au nord du Caire.

Depuis qu’ils ont annoncé le 9 octobre leur participation au scrutin législatif, les Frères musulmans, principal groupe d’opposition en Egypte, affirment être la cible d’une campagne d’arrestations.

M. Mursi avait récemment indiqué à l’AFP que près de 250 membres de la confrérie, sur 600 interpellés en tout dans le cadre de la campagne pour les législatives du 28 novembre, se trouvaient toujours en détention.

Le mouvement, qui présente ses candidats sous l’étiquette indépendants pour contourner l’interdiction de former des partis religieux en Egypte, avait remporté un cinquième des sièges au précédent scrutin en 2005.

Les Frères musulmans présentent 135 candidats, mais ce chiffre n’est pas définitif, certains ayant été retoqués par la commission électorale et ayant fait appel de cette décision, avait récemment indiqué M. Mursi.

Le Parti national démocrate (PND, au pouvoir) présente près de 800 candidats, et le parti d’opposition libéral Wafd 250, pour 508 sièges à pourvoir. Sur près de 5.700 aspirants candidats en tout, environ 5.200 ont été retenus par la commission électorale.

AFP