La sale « guerre » des mots


Publié le 23-01-2009

« Les mots ne tuent pas, mais les mots peuvent faciliter nettement le travail du tueur. Depuis l’aube de l’occupation israélienne —et peut-être en fait depuis la création de l’Etat-– la langue a été recrutée comme réserviste en service actif et n’a jamais retiré son uniforme », écrivait et démontrait le journaliste israélien Gideon Levy, le 16 janvier dernier.

Ils ont pris position face à face : armés et prêts à avancer. Tendus vers la confrontation armée et prêts à donner leur vie pour leurs valeurs et leur foi. Deux peuples, deux nations, deux armées dans une rencontre inévitable : la guerre. Pardon, vous avez dit « deux armées » ? Vous avez dit « guerre » ? Alors ce n’est pas vrai. Dans notre histoire, la langue forge des faits à la place de la réalité.

C’est vrai : les mots ne tuent pas, mais les mots peuvent faciliter nettement le travail du tueur. Depuis l’aube de l’occupation israélienne dans les territoires, et cela remonte à longtemps – et peut-être en fait depuis la création de l’Etat, ou peut-être en fait depuis renouvellement de l’hébreu – la langue a été recrutée comme réserviste en service actif et n’a jamais retiré son uniforme. Guerre après guerre, lessivage après lessivage – les mots envoyés au front. Ils ne font pas couler le sang, il est vrai, mais ils rendent sa vision quelque peu plus légère, parfois même plus plaisante. Ils justifient, autorisent, purifient, nettoient, polissent ; bien souvent aussi, ils renforcent, excitent, enflamment, poussent, aiguillonnent, incitent, encouragent – le tout dans une langue standard.
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