Le programme du festival Daarkom qui se déroulera les 11 et 12 avril au Bozar est désormais fixé. L’excitation se fait impatiente. C’est un riche assortiment de musique, films, art, littérature, débat et j’en passe. Mais comment fait-on pour mettre sur pied un festival qui s’adresse aussi bien à un public culturellement affranchi qu’à la population de ceux pour qui la salle de concert et la scène de théâtre ne sont guère des espaces familiers ? Et cela à l’échelle de la Flandre, de Bruxelles, communautés marocaine et autres incluses. Le responsable de la programmation
Mohamed Ikoubaân lève un coin du voile.
Mohamed Ikoubaân: ”Nous avons opté pour une programmation très diversifiée, conformément à la vision générale de Daarkom. Daarkom, la très prochaine Maison des Cultures maroco-flamande se veut un foyer accessible à tous, où les communautés bruxelloise, flamande, marocaine puissent se sentir chez elles. Le programme du festival n’en devait pas moins se justifier d’un point de vue artistique tout en demeurant accessible au grand nombre. Pas question de faire du nombrilisme culturel. C’est pourquoi nous avons composé une affiché où les célébrités côtoient des noms moins fameux. Les programmations à Bozar et au Beursschouwburg sont distinctes, mais reposent sur une philosophie commune. Dans l’espace du Beursschouwburg par exemple, l’axe directeur de notre panachage culturel qui comprend musique, cinéma, débats, art, conférences, etc. est la participation. Nous voulons que le public puisse contribuer activement aux workshops, aux débats, que ce soit un laboratoire d’où puissent même émerger de nouveaux projets susceptibles – pourquoi pas – d’intéresser Daarkom.
Le nom Daarkom, somme toute, signifie « votre maison ». L’édifice (l’ancienne Gaîté dans le Fossé aux loups bruxellois) est encore dans les échafaudages (rires), mais au Beursschouwburg nous voulons précisément créer l’atmosphère qui sera ultérieurement celle de Daarkom intra-muros. Ce festival est tout à la fois cuisine et dégustation. Nos priorités sont le dialogue et une sorte de pollinisation hybride, certainement pas la soi-disant « identité marocaine », pour autant que cette expression signifie quelque chose.”
Concrètement, que peut-on attendre de cette ‘pollinisation culturelle’ lors du festival Daarkom ?
“Nous avons obtenu la participation de duos hybrides sensationnels, entre autres les artistes plasticiens Hassan Darsi et Els Dietvoort. Ils donnent vie – lui depuis Casablanca, elle depuis Bruxelles – à la notion de melting pot, le hochepot des cultures. Leur art vidéo, plastique ou littéraire ouvre des perspectives surprenantes et roboratives qui transcendent les identités culturelles sans toutefois les perdre de vue et en y ramenant mais selon d’autres modes plus inventifs.
Il y a aussi les jumeaux Yassin et Taha Adnan. Le premier vit à Marrakech, le second à Bruxelles. Poètes l’un et l’autre, ils animent de surcroît tous deux des émissions littéraires à la télévision. Il est remarquable que le premier n’ait jamais songé à quitter le Maroc, tandis que son frère est complètement intégré à la vie bruxelloise. Aucun des deux ne parle flamand, mais ce n’est pas un sujet de fixation pour Daarkom. Les récits migratoires sont universels et reposent sur la notion de choix. Dans le cas des frères Adnan, c’est l’amour de la poésie qui constitue leur véritable gémellité. Le pourquoi de leurs histoires divergentes est passionnant à entendre.”
Le Beursschouwburg accueillera aussi des écrivains, des metteurs en scène, des musiciens, sans compter les films et les animations pour enfants.
“Sur le plan littéraire également, nous avons la chance d’accueillir une véritable paire d’as. Au Maroc, Mohamed Berrada est une personnalité de premier plan. Son sujet de prédilection est la problématique urbaine. Son vis à vis est l’écrivain Tom Naegels, qui présentera son nouveau livre au cours du festival. Entre les deux auteurs, certainement depuis ‘Los’ de Naegels, les affinités thématiques sont flagrantes..
Nous aurons également un débat public sur « identité et origine », auquel participeront la sociologue Nadia Fadil et la linguiste Mina Lafkaoui. L’une et l’autre étant des filles d’immigrants de la première génération, leur approche théorique de la question se trouve en quelque sorte étoffée par l’expérience personnelle. Que signifie d’être tout à la fois Flamand, Marocain, Berbère et Bruxellois ?
Dans quel ordre déclineriez-vous la série et pourquoi ? Le volet musical n’est pas en reste au Beursschouwburg, où se produiront le groupe fusion Sahara Blues, les Berbères hollandais Imetlaâ, le raï populaire de Douzi et DJ Saif avec son très dansant Maghreb style. Mais nous n’avons pas oublié les enfants : une journée entière, le Beursschouwburg se transformera en un passionnant parcours d’initiation culturelle.”
Ensuite il y a le très festif programme des concerts à Bozar.
“Là, on est dans l’exceptionnel. Ca va être une vraie fête populaire pour toutes les communautés, car le public cible de Daarkom, c’est au fond tout le monde. Nous avons tracé une ligne chronologique, en vue de présenter les différentes phases dans l’évolution de la musique marocaine. Cherifa ouvre le bal avec ses chants berbères traditionnels envoûtants ; l’Amazigh – qui connaît actuellement un retour en force lié à la démocratisation du Maroc – était en effet la langue première des pays du Maghreb avant que la langue arabe et les Arabes eux-mêmes viennent s’y établir.
Le style Melhoun aussi bat son plein au Maroc. Avec ses chansons coulées dans la variante typiquement maghrébine de l’arabe, la chanteuse Sanaa Marahati rencontre au Maroc un succès triomphal. En guise de contrepartie ‘flamande’, les dames de Laïs propageront les ondes de leur inimitable son fusion. Enfin, prestation très attendue que celle de Abdelhadi Belkhayat, qui avec sa ‘chanson nationale’ passerait pour le pendant marocain d’un Will Tura goes classic.
Au Maroc, le genre est une véritable institution, riche de ses emprunts à la vénérable tradition de la chanson égyptienne, notamment Umm Khaltoum. Belkhayat est une star à part entière, nous attendons beaucoup et plus encore de sa tournée en Belgique. Ainsi que de tous nos invités, artistes ou autres. Ainsi bien sûr que de nos indispensables festivaliers (rires). (rires). http://www.daarkom.be/blog/fr/?page_id=90
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Avec le soutien de la Communauté Française et de la COCOF
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