CONTRE JOHN LENNON…


Le jeudi 19 mai à 21 heures 30,

à l’Arenberg

le cinéma d’Attac présente

LES USA

CONTRE JOHN LENNON…

Un reportage sensationnel de David LEAF et John SCHEINFELD

basé sur des archives inédites et les dossiers,

récemment déclassifiés,

des services de renseignement US

Dès 20 heures 30 précises,

LE GRAND DÉBAT:

«A QUOI SERVENT LES ÉTATS-UNIS…?»

avec

Jean BRICMONT

auteur de «L’Impérialisme humanitaire»

(Editions ADEN)

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DE LENINE A LENNON,

ET RETOUR…

«Désormais, les Beatles sont plus célèbres que le Christ», déclare John Lennon le 4 mars 1966, déclenchant une vague d’autodafés dans tout le sud des Etats-Unis.

Mieux que quiconque, l’ancien élève de l’Art College de Liverpool a compris que l’hystérie causée par la beatlemania n’est rien d’autre que la libération physique et morale, principielle et mystique, d’une jeunesse engoncée dans l’ignorance sexuelle, les préjugés raciaux et sociaux, la répression des idées, des sens, des femmes et des minorités –petits Blancs à la rythmique minimaliste, ridiculisés par le football brésilien, le cricket antillais, les sprinters et la musique afro-américaine, culpabilisés par les luttes d’indépendance des colonies et les Marches pour l’obtention des droits civiques aux USA…

Nourri de rock’n’roll américain, d’existentialisme parisien, de philosophie beatnik et de surréalisme à la Lewis Caroll; consommateur d’amphétamines (puis d’herbe et de LSD), John Lennon donne une vision aux quatre prolos de Liverpool –dont les progressions harmoniques stupéfiantes et l’esprit frondeur sont en train de conduire le monde post-religieux d’après-guerre à travers ce qu’il convient de considérer comme une crise spirituelle de massse: les fameuses années 60…

Première popstar culturelle –qui se demandait, enfant, s’il était «fou ou génie» tant sa perspective différait de la frime officielle–, John publie dès 1964 deux recueils de poèmes, dessins et aphorismes; devient un parolier considérable à l’écoute de Bob Dylan; et prend rang de leader le plus médiatique de l’underground après sa rencontre avec Yoko Ono (en compagnie de qui il va poser nu et tourner des courts métrages d’avant-garde vraiment crash et crus)…

Après la censure par la BBC de Lucy in the Sky with Diamonds et de A Day in the Life (lorsque la violence, l’héroïne et les extrémismes politiques s’en mêlent), Lennon hésite –à propos du recours à la violence de masse– entre deux versions du poème chanté Revolution, mais dans Working Class Hero, il écrit:

«Dès que tu nais ils te rabaissent

En ne t’accordant pas le moindre temps du tout

Jusqu’à ce que la douleur soit si grande

que tu ne sentes plus rien du tout

C’est quelque chose d’être un héros de la classe ouvrière…

Ils te font souffrir chez toi et te battent à l’école

Ils te détestent intelligent et te méprisent idiot

Jusqu’à ce que tu sois si cinglé

que tu ne ne puisses plus suivre les règles

C’est quelque chose d’être un héros de la classe ouvrière…

Quand ils t’ont torturé et effrayé pendant vingt bonnes années

Ils s’attendent à ce que tu embrasses une carrière

Quand tu ne peux pas tu es empli d’une grande crainte

C’est quelque chose d’être un héros de la classe ouvrière…

Ils te gardent drogué avec la religion, le sexe et la télévision

Et tu te crois alors si intelligent, hors-classe et libre

Mais tu es toujours un putain de paysan à ce que je vois

C’est quelque chose d’être un héros de la classe ouvrière…

Ils ne cessent de te dire qu’il y a de la place en haut

Mais tu dois d’abord apprendre à sourire en tuant

Si tu veux ressembler aux gens sur la colline

C’est quelque chose d’être un héros de la classe ouvrière…

Oui, c’est quelque chose d’être un héros de la classe ouvrière

Et si tu veux être un héros tu n’as qu’à me suivre

Si tu veux être un héros tu n’as qu’à me suivre»…

MAOÏSTE

C’est aussi l’époque où Lennon d’abord se méfie des maoïstes avant de les suivre, par solidarité de classe… Dans le même temps, il tutoye la militance pacifiste avec Give Peace a Chance ou Come Together (composé pour soutenir la candidature de Timothy Leary contre Ronald Reagan en Californie), puis –fréquentant, à New York, les White Panthers, John Sinclair et Jerry Rubin–, il signe Power to the People, Happy X’sMas, War is Over et finalement Imagine, version euphémisée du Manifeste communiste de Karl Marx et Friedrich Engels…

En 1972, Lennon publie d’aileurs son album le plus politique, Some Time in New York City, dans lequel les chansons parlent de l’impérialisme britannique en Irlande (The Luck of the Irish), de la révolte des prisonniers à New York (Attica State) et de la lutte du mouvement pour les droits des femmes (Woman is the Nigger of the World). Cette dernière chanson est un pamphlet féministe parfait, tant il reste incroyablement contemporain :

«On la fait se peindre le visage et on la fait danser.

Si elle ne veut pas devenir esclave, on dit qu’elle n’aime pas.

On lui dit que sa maison est l’unique endroit où elle doit être.

Après, on se plaint qu’elle soit trop indigne pour être notre amie.

On l’insulte tous les jours à la télé et on se demande pourquoi elle n’a ni cran ni confiance en soi.

Quand elle est jeune, on tue sa volonté, pour ne pas avoir à lui dire de ne pas être aussi intelligente.

On la dénigre en la traitant de conne».

SECURITE NATIONALE

Paul McCartney, à une certaine époque, le détesta («C’était un pourceau paranoïaque, un coquelet égocentrique jaloux de mes chansons», avait-il révélé au magazine britannique Woman avant de rapidement se rétracter). Les habitants de Liverpool l’avaient répudié par avance, jugeant mal qu’il décide de s’installer à New York. Les services d’immigration américains lui refusèrent le visa et le ministère de la Justice exigea son expulsion. Même le dégommé Elvis Presley manifesta contre sa demande d’obtenir la nationalité américaine… L’ensemble de l’administration US voulait sa peau lorsqu’il décida d’entamer une vaste tournée des States pour manifester contre la guerre du Vietnam. Bref, une bonne partie de la planète semblait lui en vouloir à mort…

Etait-ce suffisant pour le faire éliminer purement et simplement ? De par son activisme et son influence sur le public, John Lennon restera en tous cas l’une des bêtes noires du gouvernement Nixon et des services du FBI, dirigé alors par Edgar J. Hoover, qui continuèrent à le surveiller tout au long des années 1970. Harcelé par la CIA (Lord, they’re gonna crucify me), menacé d’expulsion, parano et adepte de la thérapie du cri primal…, Lennon sera finalement assassiné devant chez lui par un fan parfaitement dérangé.

Assassiné sur ordre? La théorie, rendue plausible par la publication partielle des archives du service de renseignement américain, veut qu’il ait été supprimé à la manière des Kennedy et à la demande du lobby militaro-nucléaire –de peur qu’il ne reforme les Beatles pour lutter en faveur du désarmement…

Lennon était à peine âgé de 39 ans.

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Jean FLINKER

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