Il y a des moments où les mots manquent pour exprimer la consternation. Les événements de Gaza, depuis plus de trois semaines, appartiennent à cette catégorie. Les images qui nous parviennent de là parlent d’elles-mêmes. Elles soulèvent le cœur. Le malheur absolu qui s’abat sur cette population palestinienne nous est conté en direct dans toute son indicible cruauté.
Pour Israël, l’équation se résume à une accusation : tout ce qui arrive est la faute du Hamas. « Cette organisation terroriste prend sa population en otage, la réduit à une condition de bouclier humain », etc.
Rien de nouveau sous le dur soleil proche-oriental : au début des années 1970, on a prêté au Premier ministre israélien Golda Meir cette déclaration : « Je ne pardonne pas aux Palestiniens d’obliger Israël à tuer leurs enfants. »
Il y a beaucoup à dire sur les responsabilités respectives du Hamas et d’Israël dans le funeste développement des tueries actuelles. On en a déjà parlé dans nos colonnes. Mais, au-delà de cette importante polémique, écoutons plutôt un Dominique de Villepin, ancien Premier ministre français et ex-ministre des Affaires étrangères, qui a eu des mots justes ce 31 juillet dans une tribune libre diffusée par Le Figaro et intitulée « Lever la voix face au massacre perpétré à Gaza ».
« Ayons le courage, écrit-il notamment, de dire une première vérité : il n’y a pas en droit international de droit à la sécurité qui implique en retour un droit à l’occupation et encore moins un droit au massacre. Il y a un droit à la paix qui est le même pour tous les peuples. La sécurité telle que la recherche aujourd’hui Israël se fait contre la paix et contre le peuple palestinien. »
Il ajoute plus loin : « Il ne saurait y avoir de responsabilité collective d’un peuple pour les agissements de certains. Comment oublier le profond déséquilibre de la situation, qui oppose non deux Etats, mais un peuple sans terre et sans espoir à un Etat poussé par la peur ? On ne peut se prévaloir du fait que le Hamas instrumentalise les civils pour faire oublier qu’on assassine ces derniers. »
Ajoutons que le texte propose aussi des sanctions contre Israël et l’application de la justice pénale internationale…
Les enfants de Gaza n’ont jamais eu de perspectives de vie réjouissantes. C’est « no future ». Pourtant, les choses ne cessent d’empirer. Que peut-on en effet attendre d’une jeunesse palestinienne dans la bande de Gaza qui a subi dans sa chair les milliers de morts des opérations israéliennes de 2006, 2008-2009, 2012 et maintenant 2014, et les destructions massives de maisons et d’infrastructures qu’elles ont entraînées ? Plus de haine encore ? Impossible, hélas ! d’en douter.
Si encore Israël avait choisi d’avancer par ailleurs vers la paix avec le modéré d’entre les modérés, Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne à Ramallah. Mais non, ce dernier n’a rien obtenu malgré ses efforts tenaces depuis 2005. Ce qui nourrit aussi l’argumentaire des radicaux du Hamas.