Une famille palestinienne brûlée vive, un commentaire:
Baudouin Loos – Le Soir du 1er août 2015
Le tragique épisode de Douma ne peut surprendre personne. Depuis de longues années, le comportement des colons juifs extrémistes qui vivent au sein d’implantations ancrées profondément dans les territoires palestiniens occupés est devenu synonyme des pires exactions. Incursions dans les villages palestiniens, jets de pierres ou de cocktails Molotov, mosquées incendiées, abattage d’oliviers centenaires : ces gens-là se savent au-dessus des lois, leur impunité semble quasi totale et ils se plaisent à faire régner la terreur.
«Ces gens-là»? On parle ici d’une catégorie d’Israéliens jeunes qui n’ont, pour la plupart, jamais habité le territoire israélien. Ils naissent et grandissent sur les collines de «Judée et Samarie», l’appellation israélienne lorsqu’il s’agit d’évoquer la Cisjordanie occupée. Ce sont des durs, des «salafistes» juifs, comme dirait le journaliste franco-israélien Charles Enderlin.
Ils affirment coloniser « la Terre d’Israël que Dieu nous a donnée ». Quant aux «Arabes» présents depuis des siècles, ils n’ont qu’un choix, à leurs yeux: se soumettre à leur joug ou s’exiler. La violence quotidienne – des crimes, pour dire les choses – qu’ils utilisent contre la population locale indique leur préférence.
Ce mouvement juif extrémiste a gagné la partie. Il n’est certes pas majoritaire en Israël mais ces extrémistes religieux en ont infiltré l’Etat et l’armée. Le nombre de colons a plus que triplé depuis 24 ans que leur Etat prétend négocier la paix. Aucun gouvernement, de droite comme de gauche, n’a tenté de les affronter, au contraire.
Alors certes, hier, Binyamin Netanyahou a dit le mot «terrorisme» pour qualifier le drame de Douma. C’est bien le moins. L’image d’Israël n’a jamais été plus flétrie que ces dernières années et la famille palestinienne brûlée vive dans la nuit de jeudi à vendredi ajoute un peu d’opprobre supplémentaire.
Depuis longtemps, la communauté internationale unanime réclame la fin de l’occupation et la levée du siège de Gaza. Les condamnations verbales ont cependant fait la preuve de leur inanité. Il faudra bien plus. Mais qui mettra Israël au pied du mur?