Les Syriens méritent qu’on ne les oublie pas


Edito du Monde | LEMONDE | 23.07.11 | 14h06   •  Mis à jour le 23.07.11 | 14h06

Est-ce une manière de lassitude ? Ou bien l’habitude déjà ? Ou encore la résignation ? Une certaine forme d’impuissance peut-être ? La révolte du peuple syrien contre la dictature de Bachar Al-Assad est entrée dans son cinquième mois. Presque dans l’indifférence.

L’admirable leçon de courage souvent donnée par ces femmes et ces hommes manque de soutien international – politique, médiatique et autre.

Ce n’est plus seulement le vendredi que les Syriens manifestent au péril de leur vie : ce 22 juillet, ils étaient encore des centaines de milliers à être descendus dans la rue. Tous les jours de la semaine connaissent des protestations. Et tout aussi régulièrement, s’allonge le bilan des morts – sûrement pas loin de 2 000 ; celui des emprisonnés et autres « disparus » dépasse la dizaine de milliers.

Armée, chars, milices, bandes de nervis au service du régime sont déployés dans toutes les villes. Les rares témoignages qui nous parviennent décrivent un pays, une population sous occupation militaire.

On sait la difficulté d’exercer des pressions sur ce régime-là. Une ingérence militaire extérieure est exclue – à juste titre. La Syrie n’est pas la Libye. Elle est soutenue à l’ONU par la Russie et la Chine ; elle dispose d’une armée bien équipée par Moscou.

Le régime n’est pas aussi isolé que celui de Mouammar Al-Kadhafi. L’Iran lui accorde une aide économique massive, sans laquelle il aurait bien du mal à survivre. La région est plus stratégique que le Maghreb ; la guerre y ajouterait un élément de déstabilisation supplémentaire, dont le Machrek n’a pas besoin.

Et, pourtant, la chute de la maison Assad est sans doute l’une des clés d’une vraie démocratisation du Proche-Orient.

Que faire, alors ? Les Etats-Unis et l’Europe ont pris des sanctions économiques. Mais, longtemps, ils ont donné le sentiment de craindre – non sans quelque raison – le chaos et la guerre civile si le régime devait s’effondrer. Ils ont espéré que Bachar Al-Assad serait sincère dans ses appels à un dialogue avec les diverses forces qui s’opposent à lui. Ils ont cru que le parti Baas, qui monopolise le pouvoir depuis plus de quarante ans, pouvait se réformer.

Ce temps n’est plus. Les Etats-Unis ont été déçus. Ils ont vu comment le régime faisait tirer sur les rassemblements de l’opposition, y compris les plus pacifiques, ceux au cours desquels les opposants entendaient examiner les offres de dialogue du pouvoir.

A la mi-juillet, la secrétaire d’Etat est sortie de la réserve observée jusqu’alors par Washington. « De notre point de vue, a dit Hillary Clinton, (Bachar Al-Assad) a perdu toute légitimité (…) il n’est pas indispensable. » Le président Barack Obama dit sensiblement la même chose.

Encore faut-il tirer les conséquences de ce discours nouveau. Les Etats-Unis et l’Europe devraient aider une opposition syrienne disparate et divisée à s’organiser. Ils devraient lui assurer un soutien politique et économique.

Les Syriens le méritent plus que jamais.

2 commentaires sur “Les Syriens méritent qu’on ne les oublie pas

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  1. Franchement je ne sais qu’elles sont les réactions des lecteurs à cet article du monde de son rédacteur en chef et dont on remarque qu’il reprend certains termes déjà utilisés par BHl et son SOS Syrie comme je ne sais pourquoi de cette mise en relief de cet article sur ce blog .
    Mais pour moi, à la lecture de l’édito je trouve
    1- Etrange déjà le regret navré exprimé par l’auteur de ne pas voir-et par la seule faute inconvenante des Russes ou des autres – une intervention militaire US et européenne à l’irakienne ou à la libyenne (cher à BHLet au Monde en général)) régler le problème du régime syrien (!) au grand soulagement de toute cette « société syrienne courageuse et unie « comme un seul « mono-syrien » qu’il voit participer tout entière à une révolte parfaite, sans dissension interne et sans particularisme divers et varié (!) .
    Après une telle « ingérence en force  » , qui ne ferait pas du tout « le vide » bien au contraire il n’y aurait plus, il est vrai, pour la faction émergente plus docile (?) qu’à reconstruire un pays dévasté économiquement, matériellement, explosé socialement et religieusement mais avec l’aide incontournable des USA (pourtant déjà incapables de régler leur dette et de réparer les dommages collatéraux partout où ils sont à l’oeuvre)
    2- Ce qui me choque encore c’est cette expression de « syrien méritant  » que l’on ne doit pas « oublier « ‘ . Elle a des relents paternalistes pour pas dire plus . Pourquoi devraient -t-ils être « méritants  » à nos yeux occidentaux , ces Syriens et qu’ils aient des qualités requises pour notre estime et récompense et être dignes d’être rappelés à notre bon souvenir ?
    Ce n’est pas à nous Occidentaux de dire s’ils méritent ou pas quelque chose Là n’est pas la question du tout… et encore moins de le décider aux journalistes du monde ou à Monsieur E. Izraelewicz dont je suppose qu’il ne se bat pas depuis des lustres pour que la région sorte des influences multiples visant à la « découpailler  » et à mettre sous contrôle comme il se fait en Irak ou en Palestine et depuis la sinistre époque des mandats et enfin à faire s’imposer en final une théocratie à l’iranienne – ce qui pour cette société multiple serait mortelle…
    – On sait regrette ‘auteur qu’il est difficile » de faire pression sur ce régime  »
    Il veut faire accroire son public que le régime syrien ‘(comme les autres dans le monde arabe ) et de quelque nature qu’il soit, fait ce qu’il veut et quand il veut.. Depuis quand la situation en Syrie est-elle neutre ? il n’y a pas de politique en Syrie quelle qu’elle soit ou quelle qu’ elle fut qui ne soit manipulée par les grandes puissances et qui ai pu répondre au seul intérêt des « Syriens méritants » . Que notre auteur nous explique par exemple ce que la Syrie actuelle y compris sous dictature alaouite,) peut faire plaisir à ses Golanais syriens méritants par exemple ! Peuvent-ils retrouver leurs terres devenues israéliennes , ont-ils le choix désormais de leur nationalité ; et les ex syriens de la région frontalière turque qui perdirent leurs terres (beaucoup ont encore leurs titres de propriété) dans la bande du Hatay donnée à la Turquie (1939) grâce à la sollicitude des Français du mandat , peuvent-ils devenir turcs avec l’assentiment des deux pays ou admettre qu’ils ont bien perdu leurs propriétés en s’affirmant syriens ? Et comment satisfaire les Kurdes qui sont loin en Syrie d’ être une minorité négligeable etc etc… La France cultiva en son temps syrien les divisions et les particularismes locaux, aima ces Alaouites qu’elle favorisa et à qui elle tenta d’offrir un Etat indépendant comme aux chrétiens, elle donna le Liban ! ce qui est toujours une cause de la complexité régionale et une des explications aux localisations des -et non du-soulèvements
    3- es questions de l’auteur sont ou naïves ou cyniques et machiavélique! je penche bien entendu pour la 2e réponse car personne n’ignore y compris Mr Izraelewicz l’extrême complexité et diversité de la société syrienne…
    4- » Indifférence, résignation ou impuissance « ? de qui ? du peuple français ou de nos dirigeants internationaux « nous » : c’est à dire dirigeants des anciennes puissances mandataires et de l’actuelle puissance dans le région mis en accusation en fin d’article:USA dont cette dame Clinton dont on connaît l ‘adresse à manier le deux poids deux mesures et l’habilité à faire avancer mine de rien l’idée d’un grand Moyen Orient acquis à nos intérêts (voir Washington Post article dans lequel s’exprime à l’occasion d’une analyse visant à déterminer l’action d’Israël face à la Turquie et L’Iran, le souhait d’une Syrie « fédérale ». idée contenue dans l’article et sous entendue : aider les différentes composantes dont les Kurdes ‘(sic) à émerger en entité indépendantes comme les chrétiens syriens dont cette dame Clinton croit qu’ils sont si peu Syriens qu’ils peuvent choisir de se réfugier aux Liban ou émigrer dans nos pays très « catholiques » où ils obtiennent très facilement des papiers…Une Syrie explosée arrangerait effectivement tout le monde..
    Enfin mais parce que l’article demanderait une réponse au mot à mot, je me contenterais de m’étonner encore sur le manque supposé » de soutien de la communauté internationale »..Cette communauté depuis des années d’ailleurs met les Syriens y compris les plus méritants sous embargo – ce sont bien sûr les derniers qui souffrent le plus – multiplie les sanctions économiques et les obstacles pour que les jeunes dont les étudiants et hommes d’affaires pourtant très actifs puissent voyager – (ils leur fait d’ailleurs compter avec un change de monnaie décourageant) et etc
    5- Etonnant aussi le fait que seule la dictature syrienne dérange le directeur du Monde quand le monde s’en accommode depuis des années comme des autres aussi dans ce monde arabe et que les résolutions des Nations unes ne sont « votables « et applicables que quand cela ne dérange pas nos amis parmi lesquels on peut aussi compter le détestable dictature saoudienne…
    6- Mensongère et humiliante pour ce peuple syrien actif et éduqué que cette assertion que la Syrie ne survit que grâce à l’aide de l’Iran ! La Syrie elle n’a pas de dette envers le monde entier Le pays se tient debout et ne reçoit que peu de l’aide internationale qui enfonça l’Egypte et servit surtout les intérêts de l’agriculture américaine…Il faut n’avoir jamais mis les pieds en Syrie et ne pas connaître du tout ce pays ne même pas se donner la peine de lire ni études ni statistiques…
    Et enfin il ne faut surtout plus que ni les USA ni l’Europe s’occupent des affaires du monde…c’est trop catastrophique pour les pays « méritants « . et le grand Bilad Sham et le petite Syrie qui subsiste grâce à l’action « éclairée de ces puissances ont déjà assez souffert de leurs interventions. leur histoire toute entière en porte témoignage …

  2. C’est vous qui employez l’expression méritants; un peu différente de les Syriens méritent…

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