Peut-on raisonnablement attendre de la conférence internationale sur la Syrie qui s’ouvre ce 22 janvier en Suisse sous l’appellation de « Genève 2 » qu’elle inaugure une ère nouvelle qui verrait les protagonistes de cet âpre conflit se diriger vers une issue pacifique ? Il serait bien malaisé de trouver un seul observateur sérieux prêt à parier quelques malheureux centimes sur cette perspective.
Tout se passe comme si l’échec de Genève 2 était déjà écrit, validé par la réalité d’une sanglante confrontation où les camps sont multiples et leurs raisons d’être variées. Face au féroce régime mafieux syrien qui tuerait la moitié de son peuple pour rester au pouvoir, l’opposition militaire paraît en effet bien morcelée, entre des rebelles nationalistes et/ou islamistes plus ou moins radicaux, des Kurdes en session sécessionniste et des djihadistes extrémistes hantés par le retour du califat…
Le régime et une partie de l’opposition exilée se retrouvent donc néanmoins à Montreux ce mercredi, avant de poursuivre en tête-à-tête à partir de vendredi à Genève. Le premier veut voir consacrer sa « lutte contre le terrorisme » qu’il dit mener depuis mars 2011 même si les premiers djihadistes firent leur apparition près d’un an plus tard. Les seconds n’imaginent pas de « gouvernement de transition », le but officiel des négociations, sans le départ irrévocable du « boucher de Damas ». On voit mal où gisent les termes d’un possible compromis entre de tels ennemis. Même leurs puissants parrains respectifs n’arriveraient pas à les convaincre…
De manière habile autant que perverse, le régime a réussi l’impossible : faire accroire à une bonne partie de la communauté internationale que ce conflit met aux prises un Etat laïque civilisé et des fous d’Allah coupeurs de tête. Alors que c’est lui, par ses méthodes qui consistent à terrifier par des bombardements massifs les populations rebellées, qui porte la plus lourde des responsabilités. Sauf que les atermoiements de l’Occident, tétanisé par le danger djihadiste, ont aussi rendu ce danger possible et maintenant concret.
Alors, pour que Genève 2 ne soit pas une occasion totalement gâchée, il conviendrait que des mesures d’aides humanitaires y soient adoptées d’urgence. Car ce sont les civils qui souffrent et dans d’effrayantes proportions. Ouverture de couloirs humanitaires, libération des prisonniers, fin de la torture, levée des sièges de villes ou quartiers qui affament : la liste, longue et non exhaustive, doit servir à sauver des vies, là où elles s’éteignent par centaines chaque jour dans d’indicibles souffrances.