Nous sommes dimanche 15 novembre, je dois rentrer mon article pour Points critiques, le mensuel de l’UPJB,. Mais comment écrire sur quelque sujet que ce soit aujourd’hui sans être hanté par les victimes (129 morts et plus de 300 blessés dont certains pourraient ne pas survivre) de l’atroce massacre perpétré à Paris deux jours plutôt par des fous d’on ne sait quel Dieu ? Hanté et aussi effrayé par les conséquences que ce massacre pourrait avoir sur nos sociétés.
Première conséquence : la découverte sur les lieux d’un passeport syrien enregistré en Grèce au nom d’un candidat à l’asile. Voilà qui va apporter de l’eau au moulin de l’extrême droite qui avait «prédit» l’arrivée de «dizaines de milliers» de djihadistes» sur le territoire français, une extrême droite qui sera suivie par tous ceux qui sont opposés à l’accueil des demandeurs d’asile. Dorénavant, tout candidat à l’asile sera soupçonné d’être un terroriste en puissance. En France, mais aussi chez nous et dans toute l’Europe. Voilà qui va sensiblement compliquer la tâche des mouvements de solidarité.
Seconde conséquence : Molenbeek à nouveau dans l’œil du cyclone. On y a en effet procédé à l’interpellation de plusieurs personnes qui pourraient être liées au massacre de Paris. Et, pas rassurant pour un sou, notre ministre de l’Intérieur, Jan Jambon, s’est empressé de déclarer qu’il allait s’«occuper personnellement de Molenbeek» ! Généralement, lorsque quelqu’un dit qu’il va s’occuper personnellement de telle ou telle question, ça annonce la castagne. Désormais, tout Molenbeekois un tant soit peu basané sera considéré comme étant susceptible de fomenter un attentat. Pas de quoi favoriser le vivre ensemble. Comme le disait une femme interviewée par la RTBF, «nous sommes les victimes collatérales» des événements de Paris.
Et de fait, Le samedi 14, nous étions en compagnie d’Éléonore et d’Eitan Bronstein, deux militants invités par l’UPJB qui venaient faire entendre une autre voix israélienne au Centre culturel maritime de Molenbeek. Il devait y avoir du monde, mais il n’y en avait que fort peu parce que la radio annonçait déjà des interpellations et des perquisitions dans la commune et il y avait très peu de monde aussi dans les rues pour un samedi. Après un moment d’accalmie, les Molenbeekois ont à nouveau peur.
Toutes nos condoléances aux familles des victimes de Paris et toute notre solidarité avec la population d’origine immigrée de Molenbeek.