Une ignominieuse guerre des médias ?


Gilles Jacquier

Un confrère de plus est décédé en faisant son métier. C’était en Syrie hier. A Homs, épicentre de la contestation, une ville dont des quartiers entiers sont en révolte ouverte avec le régime. Gilles Jacquier était de ceux qui honorent notre profession.

Pourquoi est-il mort ? On s’attend à des accusations croisées du régime et des révoltés. Si l’on en juge par la question de savoir à qui profite le crime, on devrait tourner un regard inquisiteur vers le régime : Damas pourra exciper de cet acte pour montrer au monde « les méthodes ignobles des barbares qui s’attaquent à d’innocents journalistes ». Au demeurant, les rares collègues qui parviennent à se rendre en Syrie risquent de se poser des questions avant d’y retourner. En Syrie, on n’aime pas les témoins…

Mais sans preuves, point d’accusation. Même si l’on peut se demander pourquoi la nonne proche du régime qui supervisait l’invitation des journalistes avait renoncé à les accompagner à Homs ce mercredi.

On restera donc dans l’expectative. Avec des relents nauséeux, car ce conflit devient de plus en plus atroce. En atteste la démission spectaculaire d’un des observateurs envoyés par la Ligue arabe. Cet Algérien n’en pouvait plus. « Le régime ne commet pas un seul crime de guerre, mais une série de crimes contre son peuple, déclarait-il ce mercredi. J‘avais l’impression de donner à ce régime une plus grande chance de continuer à tuer et que je ne pouvais rien faire pour l’en empêcher. »
BAUDOUIN LOOS

Laisser un commentaire

Créez un site Web ou un blog gratuitement sur WordPress.com.

Retour en haut ↑