Syrie : mettre fin à trois ans d’abjections


Baudouin Loos
Mis en ligne samedi 15 mars 2014, 9h24

Nous en avons vu la semaine dernière dans le camp de réfugiés de Zaatari, à la frontière jordanienne. Des dizaines de milliers de Syriens qui ont fui et continuent à fuir les zones de combats, développant une catastrophe humanitaire sans précédent au XXIe siècle. Combats ? En fait de combats, ce sont souvent des sièges et des bombardements cruels. «  Plus de 250.000 personnes, dénonce une commission de l’ONU ce 5 mars, sont soumises à un siège en Syrie, régulièrement bombardées par l’artillerie et l’aviation. Elles sont privées d’aide humanitaire, de nourriture, de soins médicaux et doivent choisir entre la famine et la reddition. » Des gens meurent de faim en Syrie ! La faim comme arme de guerre. A Yarmouk, un camp palestinien de Damas assiégé, un habitant cité par l’AFP témoigne : «  Des gens meurent chez eux et les rats s’en nourrissent avant même que les voisins ne les découvrent.  » Abjecte méthode.

Les rapports s’accumulent aussi sur la torture généralisée utilisée par le régime, la torture à mort puisque c’est ainsi que, souvent, elle se termine. Le voile se lève aussi peu à peu sur le recours systématique au viol des femmes, qui brise tout un tissu social. Et que dire de la méthode barbare du largage par hélicoptère de barils remplis d’explosifs et de pièces de métal ? Maisons soufflées, corps déchiquetés… Abjectes méthodes.

Et il y a des gens, chez nous et ailleurs, qui défendent peu ou prou ce régime. Par idéologie. Ou par crainte « du pire ». Car l’Occident observe tout cela tétanisé par une angoisse insurmontable : les djihadistes prolifèrent dans le camp des rebelles, dit-on, ils ont même pris l’avantage parmi eux ; un jour, s’ils gagnent, ces partisans du califat se retourneront contre nous, rappelez-vous le 11-Septembre ! En somme, entre deux maux, et puisqu’il n’y en a pas de moindre, on choisit le camp qui se proclame défenseur des laïques, des minorités dont les chrétiens. Et tant pis si ce « laïque » est l’allié sinon l’obligé des très islamistes iraniens et du Hezbollah libanais…

Oui, les djihadistes sont là. Les mafieux aussi d’ailleurs. Certes, l’opposition (mal) armée est hétéroclite et déchirée. Elle recourt parfois à des méthodes atroces. Mais c’est bien la barbarie du régime qui nourrit l’extrémisme islamiste en Syrie. Pas l’inverse.

Que faire, alors ? Développer notre assistance aux déplacés et aux exilés. L’Union européenne fait déjà beaucoup dans la région (mais elle en accueille très peu), et de nombreuses ONG comme Handicap International aussi. Il faut plus de moyens encore. Puis, peut-on laisser les rebelles perdre la guerre ? Risquer l’exode de 15 millions d’êtres humains ? Ou doit-on les aider, comme dans le sud de la Syrie, où ils seraient proches d’une grande offensive sans le concours des brigades d’Al-Qaïda, qui n’est pas partout ?

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