L’incompréhensible sanction contre un journaliste marocain


Baudouin Loos

Omar Brouksy se souviendra du reportage effectué à Tanger lors des élections partielles du 4 octobre pour le compte de l’Agence France Presse. Dès le lendemain, en effet, le gouvernement marocain a annoncé sa décision de retirer à notre collègue son accréditation. Sa faute ? « Une dépêche anti-professionnelle, comportant des allégations mêlant l’institution monarchique à cette compétition électorale », dixit Mustapha al-Khalfi, le ministre de la Communication.

Ah ! le roi… En l’espèce, la phrase incriminée évoquait la participation au scrutin de candidats « proches du palais royal ». Etait-ce donc, comme l’a dit le ministre, « des allégations infondées, irresponsables et en opposition avec les traditions d’un prestigieux établissement de presse » ? Que nenni ! Les candidats en question font partie du Parti authenticité et modernité, fondé par Fouad Ali El Himma, dont tout le monde au Maroc sait l’amitié que lui porte le roi Mohammed VI. Tout le Maroc avait d’ailleurs interprété la création du PAM en 2007 comme procédant d’une volonté royale…
« J’ai été très surpris par la décision de me retirer mon accréditation, nous confie Omar Brouksy. Mon papier n’avait pas du tout pour objectif de porter atteinte à quiconque. Cette sanction, non justifiée par une faute professionnelle, est injuste. J’espère que les autorités reviendront sur leur décision. »
Omar Brouksy connaît la musique : en entrant à l’AFP en 2009, il avait dû attendre un an et demi pour être accrédité. Il est vrai qu’il venait du Journal hebdomadaire, dont il était rédacteur en chef, poussé à la fermeture en 2009 pour son indépendance qui confinait à l’impertinence.
LE SOIR, Bruxelles

Laisser un commentaire

Créez un site Web ou un blog gratuitement sur WordPress.com.

Retour en haut ↑